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début du XXe siècle, le protectorat définitif de la France sur le Maroc et la prise en
mains de la Tripolitaine (Libye) par l’Italie en constituant en 1912 les dernières
manifestations. A cette époque les deux Empires britannique et français constituent
les rassemblements les plus vastes qui peuvent susciter la convoitise de puissances
rivales. Ainsi la prise en mains du Maroc par la France a-t-elle entrainé de vives
tensions avec l’Allemagne.
En ce qui concerne le continent européen proprement dit, sa carte et son
organisation politique restent marquées par le passé, avec en particulier l’existence
dans la partie centrale et orientale de l’Europe de vastes Empires, regroupant sous
la férule d’un souverain traditionnel des conglomérats de peuples inégalement
traités par les pouvoirs en place : Empire ottoman du sultan Abdul Hamid II,
Empire russe du tsar Nicolas II, Empire austro-hongrois de l’empereur François-
Joseph. Plus à l’Ouest, les trois principales puissances politiques, économiques,
culturelles de l’Europe, Angleterre, Allemagne, France, sont plus proches du type
de l’État-nation, même si l’Allemagne a sa question d’Alsace-Lorraine, le
Royaume-Uni sa question d’Irlande.
Les rivalités existent entre toutes les puissances, mais entre 1881 et 1907 il s’est
constitué progressivement un système d’alliances qui a abouti à la bipolarisation de
l’Europe. La Triple Alliance a été conclue dès 1882 entre l’Allemagne, l’Autriche-
Hongrie et l’Italie. La « Triple Entente » plus tardive a en fait deux dimensions :
d’une part une alliance franco-russe en bonne et due forme constituée en 1892, et
d’autre part des conventions bilatérales que le Royaume-Uni a conclues avec la
France en 1904 (c’est « l’Entente cordiale ») et en 1907 avec la Russie. Ces
systèmes d’alliances ne sont pas rigides, ils n’ont rien à voir avec la situation des
blocs du temps de la Guerre froide. Beaucoup de contemporains -même Jaurès-
croient qu’ils peuvent assurer un équilibre en Europe et sont moins sensibles qu’on
ne peut l’être rétrospectivement au risque de généralisation des conflits qu’ils
contenaient en germe.
Par ailleurs, l’Europe de la Belle Epoque est animée d’un dynamisme attesté par
une belle croissance économique et par des inventions qui frappent l’imagination,
comme l’aviation. On entre dans le siècle du moteur et de la vitesse. Mais les foyers
de tension sont importants.
Tensions sociales, tensions nationales
Tensions sociales avec les revendications du prolétariat industriel et le
développement du mouvement ouvrier attesté par le progrès des partis socialistes,
en Allemagne, en France, au Royaume Uni, en Russie etc. Ces partis se réclament
en général des idées révolutionnaires, annoncent la chute du capitalisme et
l’avènement d’une société égalitaire fondée sur la propriété collective des moyens
de production. Si les partis de l’Internationale socialiste espèrent le plus souvent