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Les rencontres annuelles de la Clinique / Communication des ateliers
JEAN-PAUL MONTEL – Du nouveau dans la répétition à
l'adolescence. A l'épreuve de la clinique adolescente
Comment s'oriente la clinique à l'épreuve des passages à l'acte à
l'adolescence ? Dans l'insistance de la répétition, qu'est-ce qui insiste pour le
sujet au cours de cette période? Quelles en seraient les spécificités et qu'est-
ce qui l'amène à céder sur de telles modalités de satisfaction ? A fortiori pour
des adolescentes, qu'en retenir et comment pourrions-nous déplier cela ?
Nous partirons des mineures incarcérées. Si leur nombre est toute proportion
gardée infime, celles que nous avons rencontrées en milieu carcéral, dans le
cadre principalement d'ordonnances d'investigation, présentaient une
violence extrême qui aboutissait selon la formule d'une jeune à se faire serrer
d'autant que « ça serrait dans la tête ».
Pour l'une d'entre elles, dans ses décharges pulsionnelles récurrentes en
d’autres lieux et suivant d'autres modalités, elle en venait tôt ou tard,
alcoolisée ou pas, à cracher sur les figures détentrices d'autorité, en les
agonisant ensuite d'injures. Ainsi fit-elle à peu près à l'identique lors de sa
rencontre avec le procureur ce qui lui valut d'être incarcérée sur le champ.
Avant sa mise en détention, ses placements successifs tournaient court. Ses
relations aux autres jeunes appelés aussi collègues, tout comme le père
d'ailleurs, se terminaient parfois à coups de barre de fer. Bien que des
éducateurs aux juges chacun s'employait jusque-là à lui éviter de se retrouver
en prison, paradoxalement la période de détention fut pour elle un temps
d'élaboration.
Dans sa trajectoire de vie et les déterminations de sa propre histoire familiale,
dans son aliénation pourrions-nous avancer aux signifiants de l'Autre,
l'enfermement carcéral devient alors un temps pour se penser.
Le temps de l'incarcération rime ainsi avec un temps où le sujet se
« présentifie » à lui-même. Jusqu’alors dans le refus, elle s'engloutissait dans
son passage à l'acte…
La répétition qui l'agissait, l'effaçait de la scène. Dans « une succession
d'instants suspendue entre deux néants », le primat de l'agir venait court-
circuiter tout processus de pensée... Les passages à l'acte relevaient à
chaque fois de cette reprise de jouissance. Le sujet paraissait alors s'absenter
de lui-même et les décharges pulsionnelles successives suggéraient une
dérive en forme d'autorégulation cyclique. Si la question de la structure se
profilait de la sorte, une telle hypothèse fut par la suite infirmée.