1Baromètre Pays émergents Février 2014
Cette année qui débute est l’occasion
de porter un regard nouveau sur les
opportunités, et donne l’énergie
d’aborder les dés sous un angle
différent. En examinant ce que l’avenir
réserve aux pays émergents, ce
baromètre révèle autant d’opportunités
que d’incertitudes, reétant la réalité
actuelle de l’économie mondiale.
Les marchés émergents restent au
centre de toutes les attentions, pour le
potentiel qu’ils offrent autant que pour
les dés qu’ils représentent. Entreprises
et gouvernements examinent sous
un jour nouveau les opportunités qui
pourraient façonner l’avenir de leurs
marchés et de leurs populations. Une
nouvelle impulsion est donnée à la
gouvernance et à la création d’emplois.
Après le léger ralentissement de 2013,
nous prévoyons que la croissance globale
de nos 25 pays émergents (Rapid-
growth Markets ou RGM) remonte à
4,7% cette année, et atteigne les 5% d’ici
à 2015. Mais si les marchés réagissent
mal au durcissement des politiques
monétaires que promet 2014, la fuite
des capitaux et l’affaiblissement des
devises pourraient limiter la croissance
à 3,7% cette année et à 2,8% en 2015.
A la vision encore sommaire des scénarios
de croissance pour 2014 s’ajoute la
divergence accrue des perspectives d’un
pays à l’autre. La liquidité qui a soutenu
une forte croissance dans certains RGM
au cours des dernières années pourrait
se tarir, dans un contexte où les grandes
économies matures commencent à
relever les taux d’intérêt. Toutefois,
avant que ces taux n’augmentent, il
y a une fenêtre d’opportunité que les
RGM doivent saisir pour poursuivre les
principales réformes économiques.
Ces réformes peuvent être nancées par
des capitaux moins chers et la perspective
d’une création de valeur signicative. Alors
que les pays s’efforcent d’équilibrer les
attentes entre les régions développées et
en développement, et entre les marchés
urbains et ruraux, prédire qui seront
les gagnants devient très difcile.
Dans ce contexte, comment s’en sortent
les différentes régions ? Les RGM du
continent américain ont du mal à prendre
de l’ampleur, avec le resserrement de
la politique monétaire qui pèse sur la
croissance au Brésil. Cependant, les
réformes de l’énergie au Mexique vont
encourager l’investissement privé dans
le secteur et pourraient accélérer la
croissance cette année. Les progrès
constants de la Chine entraînent les autres
RGM asiatiques. Pourtant, les tensions
politiques en Thaïlande présentent un
risque grave pour la croissance – et
l’incertitude plane sur l’issue des élections
en Inde qui devraient se tenir en avril
ou mai. Pendant ce temps, alors que
l’Allemagne tire la zone euro hors de la
récession, la production industrielle se
renforce en Pologne et en République
tchèque. Pour proter pleinement de la
reprise en Europe, les entreprises devront
avoir davantage accès au nancement.
Mais les banques des économies
émergentes d’Europe étant pour la plupart
détenues par des intérêts étrangers, il y
a un risque que la croissance soit freinée
par un manque d’accès au nancement.
Pour les entreprises qui cherchent à
établir, développer ou maintenir des
activités dans les pays émergents, peu
de choses semblent certaines en 2014.
Mais face à ces incertitudes à court terme,
ces entreprises devraient se projeter
à plus long terme, vers la perspective
sérieuse que leur position sur la scène
mondiale sera déterminée par ces
marchés. Le risque en vaut bien la peine.
Nous estimons que, dans moins de
dix ans, les pays émergents compteront
200 millions de foyers dont les revenus
annuels dépasseront les 35 000 $US.
Rien qu’en Chine, le nombre de ménages
disposant de tels revenus va tripler pour
s’élever à 80 millions en 2022. Le Brésil et
la Russie compteront chacun 15 millions
de foyers à ce même niveau, tandis que le
Mexique, la Turquie et l’Inde en compteront
plus de 10 millions chacun. Dans son
ensemble, la classe moyenne des marchés
à forte croissance sera plus vaste que
celle des États-Unis. Les RGM pourront de
plus en plus compter sur leurs marchés
domestiques pour stimuler la demande, la
classe moyenne consommant un éventail
toujours plus large de biens et de services.
L’enjeu pour les entreprises aujourd’hui est
d’anticiper quels biens ces gens voudront
acheter demain, et de les produire à des
prix qu’ils sont prêts à payer. Ce tout
nouveau paradigme entraîne l’émergence
de nouveaux leaders et l’échec de
nombreux acteurs bien implantés.
Les entreprises doivent rééchir dès
maintenant à la façon de développer des
produits adaptés à ces marchés, où les
fabriquer et comment les distribuer. Et
le potentiel ne se limite pas aux biens
de consommation. De plus en plus
afrmées, les classes moyennes des
RGM vont exiger des améliorations dans
les infrastructures, les services publics,
la santé et l’éducation – et de nouvelles
compétences pour être compétitifs sur le
marché du travail. Les dépenses dédiées
aux communications, à la culture et aux
loisirs vont exploser. L’urbanisation, les
besoins des entreprises et l’augmentation
des dépenses de loisirs vont exercer une
pression énorme sur les infrastructures.
Les opportunités d’investissement dans
les infrastructures et les technologies
vertes devraient être abondantes.
Comme le reste de l’économie mondiale,
nos RGM attendent avec nervosité de
voir comment les marchés vont réagir
à la perspective d’un resserrement
monétaire aux Etats-Unis et ailleurs
en 2014. Ils attendent également
l’issue d’événements politiques dans
certains pays qui façonneront ces
marchés dans les deux trimestres à
venir. Mais, comme nous l’avons vu, ils
ne restent pas impuissants face à ces
turbulences. En prenant des mesures
pour améliorer le climat des affaires et
attirer les investissements, ils peuvent
encore façonner leur propre destin.
L’incertitude à court terme au sein
des RGM ne peut justier l’inertie des
entreprises. Les opportunités créées par
les changements démographiques et
économiques à long terme sont vouées
à perdurer : il suft juste de regarder
au-delà des douze prochains mois.
Pour en savoir plus sur les RGM, le
climat des affaires dans ces pays
et les contacts locaux d’EY, visitez
le site ey.com/rapidgrowth.
Mohamed Mabrouk
Associé EY, Lyon
Editorial
1Baromètre Pays émergents Février 2014