Compagnie Sans Soucis
Les enfants pâles
d’après le roman graphique de Philippe Dupuy et Loo Hui Phang
Les enfants pâles
d’après le roman graphique de Philippe Dupuy et Loo Hui Phang
création 2015
durée envisagée : 1h environ
à partir de 15 ans
équipe de création
Frédéric Hocké, mise en scène
Loo Hui Phang, dramaturgie
Léopold Frey, musique
Max Legoubé marionnettes et jeu
Fanny Catel, marionnettes, jeu et chant
Philippe Dupuy, dessinateur
Violaine Decazenove, scénographie et costumes
Benoît Leblond, violoncelle et arrangements
Cédric Enjoubault, lumière et vidéo
partenaires envisagés
Centre Régional des Arts de la Marionnette, Dives sur mer
L’hectare, scène conventionnée de Vendôme
Comédie de Caen, CDN de Basse-Normandie
Scène Nationale 61, Alençon
Espace Jean Vilar, Ifs
Le trident, Scène Nationale de Cherbourg-Octeville, Cherbourg
Le Préau, Vire
La compagnie Sans Soucis est soutenue par le Conseil Régional de Basse-Normandie ,
la DRAC Basse-Normandie, le Conseil Général du Calvados (ODACC), la Ville de Caen et l’ODIA Normandie
LE RÉSUMÉ
Dans une ville ravagée par la famine, les parents tuent les plus jeunes pour ne pas les voir agoniser. Un adolescent
prénommé Jonas, violoniste et aventurier, donne l’alerte et entraine une bande d’enfants dans une longue marche
censée les conduire vers un ailleurs bienheureux. Ils traverseront une plaine aride, souffriront de la faim, de la soif
et des luttes de pouvoir qui les opposeront. Certains n’y survivront pas. Quelques uns atteindront la forêt, un seul
rejoindra l’île et ses sortilèges.
On se dit alors que c’est un conte que l’on a lu, mais un conte cruel et onirique.
Les dessins de Phillippe Dupuy retranscrivent parfaitement l’atmosphère poétique et cruelle de ce périple d’enfants
plongés dans une situation d’adultes. Au fil des pages, les visages se creusent, les tensions augmentent, les lignes
s’étirent.
NOTES DE MISE EN SCÈNE
Du livre à la scène
Porter l’oeuvre à la scène, c’est lui offrir une troisième dimension sans la dénaturer. C’est faire entrer le spectateur
dans la plaine aride ou la forêt humide, le confronter de plein fouet à cette enfance qui se débat pour survivre.
« Les enfants pâles » met en jeu, avec une poésie pouvant aller jusqu’au surréalisme, quelques-uns des
dérèglements comportementaux que pourrait engendrer une société au bord de la faillite, tentant de refouler
l’angoisse de la mort. Le monde dans lequel nos personnages évoluent est un monde séparé de la réalité. Il est
ailleurs.
Nous imaginons une sorte de fiction onirique dont la trame permettra d’évoquer le rituel de passage forcé que vont
vivre ces enfants, poussés à devenir adultes malgré eux, au cours d’une longue marche initiatique. La marionnette
peut, selon moi, nous emmener dans ce monde imaginaire, en se métamorphosant, se transformant, disparaissant,
comme les images d’un rêve ou d’un cauchemar. La marionnette, objet manipulé, formant un tout avec son
manipulateur, fait écho à ces enfants du livre qui, livrés à eux-mêmes vont emprunter les codes des adultes, sans
les comprendre, manipulés eux aussi par des liens invisibles.
Le travail de la compagnie s’efforce de donner forme à un théâtre sensoriel et suggestif. Il s’agit pour nous
d’élaborer une composition où l’imaginaire des interprètes entre en interaction avec l’émotion qu’offrent la
création sonore, les inventions scénographiques, les illusions et distorsions que permettent les projections de
la vidéo et de la lumière. Nos répétitions ressemblent à un vaste atelier. Pour nous, tout est matériau, les objets,
la lumière, l’image, les corps, les matières, le texte. Chaque élément sera confronté à l’expérience du plateau et
deviendra partie discrète d’un tout poétique et sensible.
Lier le spectateur au récit
Le livre retrace l’exil et l’espoir porté par un groupe d’enfants abandonnés de trouver un endroit meilleur pour
leur condition. Je souhaite lier ce voyage au parcours des spectateurs et nous tenterons de les plonger au coeur
de l’histoire en questionnant notre rapport au plateau et l’adresse au public. Les spectateurs présents seront les
représentants silencieux du monde des adultes et des décisions qui ont poussé les enfants, dans le livre, a fuir. Ils
assisteront, impuissants, à leur lutte. Ce drame initial est l’objet de la première partie, à la fois scène d’exposition
et véritable exposition.
Première partie : le musée de la ville
Ce premier espace est envisagé comme une transition douce, une mise en condition, un sas vers l’histoire. Du livre,
nous extrayons les dessins et les destins de quelques individus sur lesquels nous focaliserons notre attention. Ils
constitueront le groupe de fuyards de la seconde partie. A ce moment de la pièce, nous ne sommes pas encore sur
le plateau mais nous ne sommes plus dans le hall du théâtre. Nous nous inscrivons dans cet espace intermédiaire,
aménagé comme un musée ou le spectateur déambule dans une relative liberté. Ici sont présentés par des
dessins, textes, vidéos et enregistrements sonores ce qui constitue le point de départ du livre : une société urbaine
confrontée à une crise, provoquant famine et désespoir dans laquelle les parents, face à leurs enfants ne trouvent
d’autre solution que de les tuer pour leur éviter la souffrance. Des enfants se rebellent et se rassemblent. C’est eux
que nous présenterons au travers de leur histoire individuelle. Enfin, nous éditerons un livre, en collaboration avec
les auteurs du roman graphique, Philippe Dupuy et Loo Huiphang que nous donnerons à l’entrée aux spectateurs,
un carnet qui les accompagnera durant le voyage et que nous convoquerons à des moments précis pour un moment
de lecture. Dans cette première partie le livre permettra au spectateur de repérer quelques endroits dissimulés,
visibles à travers un trou dans la paroi servant de support à l’exposition, et présentants, sous forme d’installations
miniatures et films d’animation, les raisons qui ont poussé ces enfants à fuir.
Deuxième partie, la plaine ou la fuite vers un paradis
La fin du musée emmène les spectateurs dans la salle. Sur le plateau, nous retrouvons un monde en modèle réduit,
avec ses collines, son marais, sa cabane, quelques arbres morts. Tout est présent. Le groupe d’enfants entame
sa traversée depuis un bord et très vite on comprend qu’il en sera sorti en atteignant l’autre bord. Le spectateur
peut donc envisager les obstacles avant même qu’ils ne se présentent aux enfants. Cette traversée de la plaine
suit un rythme invariable au gré des jours : une marche diurne, ponctuée par la musique de Jonas, cet adolescent
charismatique qui fait office de guide et les bivouacs nocturnes. Je suivrai ce rythme en alternant les échelles de
représentation. La journée, nous verrons le groupe déambuler sur ce grand plateau, pâles silhouettes lointaines
dans la tourmente de leur fuite et la nuit, une caméra posée à l’endroit du bivouac retranscrira en gros plan sur
un écran placé derrière les visages et les enjeux des discussions qui ont lieu autour du feu. Ainsi, technique
marionnettique et vidéo se rejoignent pour la réalisation d’un film d’animation réalisé et doublé en direct.
Dans cette partie se jouent plusieurs évènements essentiels sur le plan dramatique. Tout d’abord le renforcement
du pouvoir de Jonas, le guide violoniste. Ce pouvoir, petit à petit, s’accompagne d’excès qui vont l’effriter. Un
groupe de contestataires voit alors le jour et la scission du groupe réduit alors leur chance de survie. Petit à petit
les enfants meurent, les plus faibles en premier. Seul Thomas, le premier à résister à Jonas, survivra et sortira de
la plaine, à bout de forces.
Troisième partie, la forêt
Thomas parvient donc à s’extraire de la plaine, rejoignant enfin la forêt tant désirée. Plutôt qu’une réalité concrète,
la forêt semble représenter, comme dans la littérature médiévale, un au-delà mystérieux et menaçant. La forêt
exprime un aspect visuel, un état moral, une expérience vécue, lieu de folie et symbole de la nature animale de
l’homme.
Nous interprétons cette épreuve qui s’impose à Thomas comme un nécessaire rituel de passage. Il se retrouve
confronté à une sorte de double animal, un cerf, lui aussi un des topoï de la littérature médiévale manifestant la
présence du merveilleux, agissant comme garde bienveillant et guide.
Cette forêt est donc une épreuve. Les spectateurs la subiront également. Il s’agit d’une partie brève et
exclusivement sensorielle. Le toucher, la vue seront des repères incertains. Une courte performance. Un passage
obligé vers l’ailleurs.
Quatrième partie, ailleurs ou nulle part
La forêt laisse place à un espace parsemé de corps d’enfants pétrifiés. Nous aurons définitivement quitté la réalité
de la plaine pour un monde subjectif déssiné par l’expérience de Thomas. Une femme étrange, flottant entre deux
airs, telle un fantôme de gorgone vient à la rencontre de Thomas. Sa robe démesurément longue recouvre petit
à petit tout le plateau et l’engloutit. C’est une dernière épreuve qui advient. Résister à cette femme, qui tente
de l’étouffer par sa douceur pour le sauver de ce monde inhospitalier. Un jeu de cache-cache entre l’extérieur et
l’intérieur de sa robe, tour à tour représenté par une marionnette et de la vidéo. Nous comprenons que Thomas
résiste. Nous nous accrochons, avec lui. Et nous remarquons, surgit de nulle part, le cerf, bienveillant et immobile,
en arrière plan. Petit à petit la femme et son monde disparait. Le cerf reste seul. Il entre dans la salle et rejoint les
spectateurs, bousculant les codes de la représentation.
NOTES SUR LA MUSIQUE
La musique de Peer Gynt opposait matières sonores synthétiques (synthétiseurs et boites à rythmes) et prises de
son concrète (pierre, bois, eau...) pour suivre le parcours onirique du personnage dans des paysages réalistes (bord
de mer, montagne, forêt, désert...).
Pour Les Enfants Pâles, je poursuivrai cette recherche de la frontière en musique et bruit, en essayant cette fois de
n’utiliser que des matériaux instrumentaux. Ils serviront à créer à la fois l’univers sonore des différentes parties de la
pièce (bruitage, bruitisme) mais également les différents thèmes qui accompagneront ces enfants dans leur quête.
Il est difficile d’imaginer transposer ce roman graphique à la scène sans travailler avec des enfants. Une partie de
notre travail d’écriture et de résidence se fera donc en parallèle d’ateliers proposés aux différents partenaires et
structures qui accompagneront notre projet.
Concernant la musique, j’aimerai travailler avec deux groupes distincts :
Le premier groupe serait un chœur, si possible hétérogène en terme d’âge à l’image du groupe d’enfants du livre.
Dans la deuxième partie du spectacle, Jonas, le violoniste, propose un chant pour motiver ses troupes dans leur
marche à travers la plaine. Le livre propose déjà une multitude de variation de ce chant : de l’excitation du début de
la quête à l’épuisement des fins de journée, dans la colère des clans qui se forment ou le bonheur d’un événement
rompant la monotonie du parcours... A partir d’un même thème musical, je travaillerai avec les jeunes choristes
le cri d’un chant militaire, le murmure d’un secret partagé par quelques-uns, le susurrement d’une berceuse... Cet
atelier sera enregistré et pourrait donner lieu à un concert.
Le second groupe serait composé de jeunes instrumentistes, leur niveau importe peu. Nous travaillerons également
sur le bruit instrumental et le rapport entre musique et bruit. Chaque musicien étudiera les possibilités sonores
non mélodiques de son instrument, en le détournant de son utilisation traditionnelle. Nous travaillerons l’accident,
l’imprévu, l’inaudible... Cet atelier sera également l’occasion de découvrir les possibilités de déformation proposées
par l’enregistrement : comment un son, même ténu, peut, par multiplication, amplification, devenir monstrueux.
Ces enregistrements serviront de base pour la musique de la troisième partie (la forêt), mais également pour un
des thèmes de la seconde partie (la plaine). Il pourrait donner lieu à un concert.
Le reste de la musique sera écrit en collaboration avec différents interprètes de manière à créer un petit ensemble
instrumental virtuel (cordes, cor, basson, clarinette, vibraphone) enregistré et remixé. Il est pour l’instant difficile
de prévoir la durée de chaque partie et cette durée doit rester flexible, c’est pourquoi je travaillerai par motifs que
j’assemblerai par la suite en répétition pour m’adapter au mieux à la mise en scène.
Le roman graphique d’origine alterne des parties purement narratives dans un style assez direct et des parties
dessinées et dialoguées. Après un nécessaire travail d’adaptation avec les auteurs du roman, nous confierons
cette narration et ces dialogues à Fanny Catel, récitante qui accompagnera, en direct, à mi-chemin entre parole et
chant, la manipulation des marionnettes et le jeu.
Léopold Frey
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