Dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire
Il est demandé au candidat :
de répondre à la question posée par le sujet ;
de construire une argumentation à partir d'une problématique qu'il devra élaborer ;
de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment celles figurant dans le
dossier ;
de rédiger en utilisant le vocabulaire économique et social spécifique et approprà la question, en organisant le
développement sous la forme d'un plan cohérent qui ménage l'équilibre des parties
Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.
SUJET
Ce sujet comporte quatre documents
Qu’est-ce qui fait la valeur de la monnaie ?
Document 1
Lecture : 72% des crédits demandés par les petites et moyennes entreprises (moins de 500 salariés)en
Belgique ont été accordés par les banques en totalité.
Note : IE = Irlande
Source : BCE, Enquête sur l’accès au financement des entreprises, 2014
Document 2
La confiance dans l’argent reflète la confiance dans l’ordre social. Un individu accepte d’être
payé en argent car il pense que la société marchande va se perpétuer et que ses membres
continueront à accepter d’être payés ainsi. Un paiement en monnaie ne met pas seulement en
relation deux individus, mais lie un individu à l’ensemble du corps social, ce qui permet
d’analyser l’échange monétaire comme un phénomène de socialisation. La possession de l’argent
traduit ainsi « la confiance dans l’organisation et l’ordre étatico-social ». Cette confiance en une
monnaie qui socialise les individus dans la société marchande est en effet renforcée par la
garantie que l’Etat, symbole de la cohésion et de l’unité de la communauté, lui apporte.
Gilles Jacoud, La monnaie dans l’économie, Nathan, 1996
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Belgique# Allemagne# IE# Grèce# Espagne# France# Italie# PaysDBas# Zone#euro#
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Document 3
Source : Du franc à l'euro : changements et continuité de la monnaie, C. Aubin, Université de Poitiers.
Document 4
La crise de la zone euro a poussé la BCE à passer du rôle de prêteur en dernier ressort pour les
banques, qui est le rôle normal des Banques Centrales (depuis Bagehot en 1873), rôle que la BCE a joué
très clairement dans la crise (graphique 1) au rôle de prêteur en dernier ressort pour les Etats, c’est-à-
dire de prêteur pour les Etats dans une crise de liquidité lorsque les autres prêteurs ont disparu, rôle que la
BCE a joué mais de manière limitée (graphique 2).
Note : « repos » fait référence aux opérations de refinancement des banques de second rang auprès de la
BCE (titres mis en pension auprès de la BCE en échange de liquidités crées par la banque centrale pour
cette occasion)
Source : Le prêteur en dernier ressort, l’ambiguïté constructive et la crise de l’euro. Natixis Special
Report, Patrick Artus, 2012.
Proposition)de)correction)
Introduction)
Accroche)
Les épisodes d’hyperinflation comme ceux de l’Allemagne de l’entre deux guerres montrent que la
monnaie peut perdre totalement ou presque sa valeur.
Définition)des)termes)du)sujet)
On peut mesurer la valeur de la monnaie par son pouvoir d’achat (qui dépend de l’inflation) ou par ce
qu’il coûte de se procurer de la monnaie (le taux d’intérêt). Plus l’inflation est faible et plus les taux
d’intérêts sont élevés, plus la monnaie a de la valeur.
Problématique)
La monnaie, dans les sociétés modernes, s’est progressivement dématérialisée (monnaie métallique, puis
fiduciaire, enfin scripturale) et sa valeur est purement conventionnelle. Si la valeur de la monnaie est
conventionnelle et repose sur la confiance que lui accordent les agents économiques, qu’est-ce qui
soutient cette confiance ?
Annonce)de)plan)
Nous verrons dans un premier temps que la valeur de la monnaie repose tout d’abord sur son utilité et
dans ses contreparties réelles. Puis nous étudierons les constructions institutionnelles qui confortent la
confiance en la monnaie.
1.)La)monnaie)a)la)valeur)de)ce)qu’elle)permet)de)réaliser)
a.)La)monnaie)a)de)la)valeur)parce)qu’elle)est)utile)
Les fonctions économiques de la monnaie (connaissances de cours)
- moyen de transaction
- unité de compte
- réserve de valeur
La valeur de la monnaie dépend de l’offre et de la demande de monnaie. A offre inchangée, plus la
demande de monnaie est élevée, et plus la valeur de la monnaie sera forte. Or la demande de monnaie est
motivée par les services qu’elle rend.
b.)La)monnaie)a)de)la)valeur)parce)que)sa)création)entraîne)des)contrepartie)réelles)
La création monétaire, que ce soit par le crédit bancaire ou la monétisation de créance est un pari sur
l’avenir : le pari que les prêts soient remboursés. Les économistes ont coutume de dire que la monnaie est
« une créance sur l’économie». En effet, la monnaie représente un engagement implicite, de la part de la
société, à échanger cette monnaie contre des choses. Si l’économie crée plus de monnaie que de choses, il
est peu probable que la monnaie puisse garder la totalité de sa valeur. Ainsi, ce qui fait la valeur de la
monnaie, c’est les choses (bien set services) que la monnaie permet de créer.
Ce qui fait la valeur de la monnaie crée par le crédit bancaire, c’est l’expertise bancaire. En effet les
banques estiment la solvabilité des emprunteurs (crédit immobilier) et la rentabilité des investissements
(crédit aux entreprises). On peut voir dans le document 1 que seuls 26% des demandes de crédit des PME
aux Pays Bas en 2003 avaient été intégralement acceptée par les banques. Les banques rationnent donc le
crédit en fonction de la rentabilité anticipée des projets, et ce rationnement garantit (en partie) que la
monnaie crée aura bien la valeur de sa contrepartie réelle (les équipement des entreprises et la valeur que
ces équipement vont permettre de créer).
De la même manière, quand une banque centrale crée de la monnaie pour acheter des titres de dette
publique, c’est ce que l’Etat va faire des sommes empruntées qui fait la valeur de la monnaie ainsi créée.
Ainsi, ce sont les services rendus à la population par l’Etat qui fondent la valeur de la monétisation des
dettes publiques.
2.)Des)institutions)soutiennent)la)valeur)de)la)monnaie)
Bien que certaines monnaies soient peu institutionnalisées (par exemple le bitcoin), la plupart des
monnaies sont fortement institutionnalisées, et ces règles soutiennent la confiance
a. Les)monopoles)d’émission)
Dans la plupart des pays, les banques centrales détiennent le monopole de l’émission de la monnaie
fiduciaire ayant cours légal (document 3). Ce monopole confère à la monnaie « la garantie de l’Etat »
(document 2). Ainsi, une partie de la confiance accordée à la monnaie, et donc de sa valeur, est transférée
sur la monnaie depuis le « système étatico-social ».
Par ailleurs, les banques seules peuvent créer de la monnaie scripturale, et ce droit est assorti de règles
prudentielles (ratio crédits / dépôts et ratio crédits / fonds propres). Ces règles permettent de consolider la
confiance dans les banques, et indirectement, la confiance dans la monnaie.
b. La)sécurisation)du)système)bancaire)et)des)dettes)publiques)par)la)banque)centrale)
La confiance dans le système bancaire est assurée par la mise en place d’une banque des banques, au
pouvoir de création monétaire illimité : la banque centrale. Cet organisme peut alors jouer le rôle de
prêteur en dernier ressort lors des crises de liquidité (lorsque les banques et les entreprises menacent de
faire faillite faute de crédit). En 2012, La BCE avait créé et injecté 1200 milliards d’euros de liquidité
pour refinancer les banques dont la trésorerie avait été menacée par la crise des subprimes (document 4).
La réserve fédérale américaine a elle aussi joué le rôle de prêteur en dernier ressort, même si elle a laissé
faire faillite pour l’exemple, la banque Lehman Brothers en 2008. En empêchant l’effondrement du
système financier, les banques centrales sécurisent celui-ci et participent à la confiance que les agents
économiques ont dans les banques et dans la monnaie scripturale
La BCE a aussi racheté plus de 200 milliards de titres de la dette publique cumulés en 2012, jouant ainsi
le rôle de prêteur en dernier ressort vis-à-vis des Etats. Cette intervention permet d’assurer la solvabilité
des Etats, ce qui soutient la confiance que l’on a dans les finances publiques, et, indirectement dans les
monnaies qui dépendent de la puissance publique (cf. 2.a.).
)Conclusion)
La valeur de la monnaie réside dans la confiance qu’on lui accorde. Cette confiance est étayée par
l’existence d’institutions comme les banques centrales. Toutefois la monnaie tire essentiellement sa
valeur du fait que sa création soit le résultat d’un pari bien informé sur l’avenir. En ce sens la valeur de la
monnaie dépend tout autant de la crédibilité de ceux qui s’endettent que de ceux qui font crédit. Dans
système financier où il est facile de faire porter à d’autres le risque de crédit, les banques assurent-elles
toujours leur fonction d’expertise ? Si c’est de moins en moins en moins le cas, comme la crise des
subprimes l’a démontré, peut-on se reposer, pour garantir la confiance et la valeur de la monnaie, sur les
seules banques centrales ?
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