MOLIÈRE, L’AVENTURE SECRÈTE
Scène 1
Dieu et Madeleine jouent aux dames, Dieu triche.
Dieu : Madeleine, allez voir ce que c’est.
Madeleine revient alarmée
Madeleine : C’est terrible ! c’est terrible !
Dieu : Allons, parles ! Qu’y-a-t-il de si terrible ?
Madeleine : Molière va mourir…
Dieu : Molière ?!? mais quand ?
Madeleine : Ce soir ! …..Je vais avertir Lucifer qu’il arrive.
Dieu : Ah mais c’est embêtant ça, Molière en Enfer cela porte à réflexion.
Madeleine : Allons, allons, vous savez bien qu’un comédien ne peut entrer au
Paradis chargé de toutes les âmes qu’il a incarné….et connaissant bien le loustic je
doute qu’il aille à confesse d’ici son jugement divin.
Dieu : Donc il suffirait qu’il montre un peu de rédemption avant son jugement, qu’il
redevienne Jean-Baptiste Poquelin à la place de Molière et le tour est joué !
Madeleine : Dîtes donc, je vous trouve bien clément avec Molière ; comment ça se
fait ?
Dieu : Mais non, je…trouve que tout homme, qui a fait rire le roi et euh… moi-même,
mérite un petit avertissement.
Madeleine : C’est-à-dire ?
Dieu : Il faut le prévenir !
Madeleine : Et comment ?
Dieu : Venez, je vais vous expliquer mon plan.
Scène 2 : rue de Richelieu
La jalousie du Barbouillé scène X et XII
Molière : Armande, ça suffit, ouvre !
Armande : N’insiste pas, je n’ouvrirai jamais !
Molière : On ne pourrait pas faire une trêve le soir de Noël ? il fait froid, je me gèle.
Armande : Noel, Noel ! Qu’est-ce qu’un athée comme toi en a à faire de Noel ? tiens
prends ça pour aller te réchauffer avec ton saoulard de Chapelle.
Molière seul dans sa rue
Molière : Elle ne m’aime pas……Étouffe toi avec les bijoux que Baron t’a offert !
Mis à la porte de chez toi, cocufié et délaissé de tous, tu t’en es bien sorti mon
cher Molière, compliments !
(S’adressant au public)
Vanité des vanités tout n’est que vanité !
Oui, mes amis, regardez bien autour de vous et dîtes moi ce que vous voyez ? …Rien
de bon !!!
La science, la littérature, l’art, tout cela n’est que vanité vide et creuse !
Et l’amour ? Un leurre !
Notre vie n’est que chagrin, injustices et malheurs de tous côtés !
(S’adressant à Dieu)
Et toi, tu es content de ton travail ? C’est à ça qu’on droit les Hommes ? Tous des
lâches, des hypocrites, des tartuffes, des fourbes ! et tu nous a créé à ton image ? Et
bien tiens, j’ai un message pour toi qui j’espère s’imprimera à jamais dans les cieux !
(il montre son cul au ciel) ne t’inquiète pas je n’attends pas de réponse….
(il commence à se pochtronner)
Voix off : Molière ! Jean-Baptiste ! Molière !
Molière : Qui va là ?
Voix off : Molière ! Jean-Baptiste ! Molière
Molière : Je vous préviens, j’ai une épée et une armée de cinq cents hommes avec
moi !
Voix off : (Rires)
Molière : Montrez-vous, bandes de lâches !
(Apparition de Dieu)
Molière : Qu’est-ce que…
Dieu : Bonjour Molière- tu as un message pour moi ?
Molière : Qui êtes-vous ?
Dieu : Je suis l’entité et la puissance suprême. Je suis la perfection absolue, l’éternel,
le tout puissant. Je suis ….
Molière : Mais oui bien sûr…très drôle Monsieur. Mes compliments, vous êtes un
excellent acteur et vous feriez un magnifique Jupiter dans mon Amphitryon. Passez
me voir demain, je vous engage.
Dieu : Tu ne me crois pas ?
Molière : Allons, un peu de sérieux.
Dieu : Quel étourdi, j’ai oublié de répondre à ton message.
Molière : Hein ?
(Dieu déclenche une volée de coups de pieds dans le cul de Molière)
Molière :Ah, ah ! Arrêtez ! ça suffit ! ah, ah ! ça fait mal !!!!!!!
Dieu : Tu ne me crois toujours pas ?
Molière : Je ne sais pas…Aie !...comment vous faites…Aie ! mais c’est
impossible...Aie !...à moins que…Je sois……. mort ???
Dieu : ….
Molière (il tâte son pouls) : Mais non je suis en pleine forme, regardez ! et puis si je
suis mort, elles sont où mes ailes ?
Voix off : Rassures-toi, tu n’es pas mort
Molière : Cette voix…
Voix off : Du moins, pas encore.
Molière : Madeleine !
(il se précipite sur elle mais Dieu le freine, d’un geste)
Madeleine : Molière si nous sommes là c’est pour te mettre en garde
Molière : En garde de quoi ?
Madeleine : Ce soir, tu vas mourir. Tu t’écrouleras sur scène. Et quand ton âme sera
jugée, tu seras condamné à errer pour l’éternité parmi les âmes égarées.
Molière : Mais pourquoi ?
Dieu : Comme te l’a dit Madeleine, tu as trop d’âmes qui t’habitent ; tu n’es plus un
homme avec quelques défauts ou quelques vices, mais tu possèdes en toi tous les
maux les plus terribles que tu as su si bien incarner.
Madeleine : Tu t’es désincarné. Tu ne peux pas mourir en repos dans l’état où est
ton âme.
Molière : Qu’est-ce qu’il faut que je fasse ?
Dieu : Fais la paix avec Jean-Baptiste.
Molière : Ridicule ! Je devrais renier ce que je suis, ce que j’ai créé ?
Madeleine : Tu as une chance de ne pas aller en Enfer, saisis-là.
Molière : L’enfer ? il est vrai que tu as su l’éviter, toi. Madame a su se retirer du
théâtre et du monde à temps pour devenir un exemple de piété et gagner sa place au
Paradis. Désolé, je ne crains pas l’Enfer, ni la mort, moi.
Le misanthrope Acte V scène 1
Dieu : Très bien, comme tu voudras. Allons-y. Si une éternité aux cotés des
comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, de Montfleury et de Racine ne l’effraie pas, à
quoi bon ?
Molière : Racine ? Montfleury ? et ces ersatz de comédiens de l’Hôtel de
Bourgogne ? Quel Enfer !!!! ……..Attendez ! C’est bon, vous m’avez convaincu. Que
dois-je faire pour sauver mon âme ?
Dieu : Dire adieu à ces personnages que tu as incarné.
Molière : Comment faire ?
Madeleine: En les jouant une dernière fois.
Molière : Oui mais que deviendront-ils ?
Dieu : Ils s’en iront dans les coulisses des siècles à venir et personne ne les oubliera.
Ils vivront mais sans toi.
Madeleine : Tu dois les quitter.
Dieu : Allons, commençons !
Molière : Un instant ! J’ai besoin de mes acteurs.
Dieu : C’est pas faux ! prends qui tu veux.
Molière : Je cours chercher Du Parc, La Thorillière, Madame Pernelle, Madame de
Brie…..
Dieu : Nous avons commencé, et je ne peux pas rester indéfiniment.
Molière : Mais sans acteurs je ne peux pas jouer.
Dieu : Peut-être que Madeleine serait ravie de te donner la réplique.
Madeleine : Comment ? Il n’en est pas question, j’ai juré de ne plus jamais faire
l’actrice. Et puis je ne sais pas si je serai capable de me souvenir des rôles…
Molière : S’il te plait, en souvenir du bon vieux temps.
Dieu : Vous n’en serez pas blâmée.
Molière : C’est entendu ! Mais juste Madeleine ce n’est pas suffisant il me faudrait
encore une actrice.
Dieu : Dépêche-toi….
Molière : Je n’ai pas le choix, il ne me reste que…Armande.
(Molière se dirige à la fenêtre)
Molière : Armande ! Armande !
Armande : je t’ai déjà dit que je n’ouvrirai pas !
Molière : C’est important, je t’en prie, j’ai besoin de toi.
Armande : Encore une de tes ruses, ça ne marche pas !
Molière : Non, non, je t’assure, écoute moi. Je t’en supplie. Je suis à genoux,
Armande.
Armande : Oulla, ça rigole pas. Parles, je t’écoute.
Molière : Je vais mourir, Armande.
Armande : Comme tout le monde !
Molière : Ce soir.
Armande : C’est la vie !…ce soir ?
Molière : Oui.
Armande : Mais d’où tiens-tu une idée pareille ?
Molière : De Madeleine et de .. ( il montre le ciel)
1 / 14 100%