Les participants indiqueront le titre de leur communication, la langue de la presta-
tion (français ou anglais) et joindront un résumé de dix lignes.
Date limite : 15 mars 2011.
Les résumés de communication sont à envoyer à Suzie Guth,
Université de Strasbourg, 22, rue René Descartes, 67084 Strasbourg Cedex
Tél. : 33 3 88 64 29 26
Pendant la grande dépression, la sociologie devint une discipline appliquée
pour nombre d’étudiants de l’Université de Chicago : ils ont d’ailleurs quelquefois
contribué à créer les institutions qui allaient les accueillir. Si la sociologie de la dé-
linquance juvénile et de la criminalité est bien connue, celle qui s’appuie sur le
conflit et l’organisation des groupes en conflit l’est beaucoup moins. Pourtant, elle
fit la preuve d’une grande inventivité dans les situations de conflit. Créée par un
homme, Saul Alinsky, cette sociologie des pratiques des mouvements sociaux
s’appuie sur un corpus de connaissances sociologiques ; elle a généré des institu-
tions comme l’Industrial Areas Foundation, toujours en activité dans plusieurs villes
du monde. Elle a sans doute permis au candidat Barack Obama d’acquérir des sa-
voir faire, des outils pour mobiliser des groupes sociaux significatifs. Nous nous
pencherons sur cet acteur mal connu de la sociologie et nous en observerons les dif-
férentes facettes, tant celles de sa biographie que celle de ses actions et de son œuvre
institutionnelle et sociologique.
1. La formation universitaire, les premières expériences professionnelles de Saul
Alinsky.
Etudiant d’Ernest W. Burgess, professeur à l’université de Chicago, Saul Alins-
ky a fait ses premières armes d’organisateur et de chercheur de terrain dans le cadre
du Chicago Area Project (CAP) ; il s’agissait d’un programme diligenté par Clifford
Shaw qui avait pour objectif la prévention de la délinquance juvénile à partir
d’institutions, mais aussi de rôles assumés comme celui de contrôleur judiciaire (pa-
role officer). Il avait été affecté à la prison de Joliet (Illinois) pour travailler sur la
criminalité et la récidive. Dans quelle mesure ces expériences professionnelles et
personnelles vont-elles influer sur sa conception de l’organisation et du travail
communautaire ?Comment voit-il les communautés, quelle est sa méthode pour dé-
crypter le social ?
Sa trajectoire personnelle et professionnelle a été marquée par ses travaux uni-
versitaires et par les expériences acquises dans les institutions chargées de la délin-
quance juvénile. Ce point est peu analysé dans les travaux bibliographiques qui in-
sistent plus sur sa carrière de militant et d’organisateur.
2. L’influence de différentes personnalités sur sa trajectoire d’organisateur
Nous avons déjà évoqué l’influence d’Ernest W. Burgess, il convient bien sûr de
mentionner celle de Robert E. Park, mais aussi l’importance de John L. Lewis, le
syndicaliste organisateur du CIO auquel Alinsky consacrera un ouvrage (1949) : il
fut pour le novice en rébellion de Back of the Yards une source d’inspiration et
d’admiration. Cette rencontre nous permettra également de réfléchir aux rapports
de Saul Alinsky avec le syndicalisme. Jacques et Raïssa Maritain, l’écrivain catholi-
que, universitaire en France, et son épouse, réfugiés aux Etats-Unis, lui ouvriront les
portes et la compréhension du monde catholique ; c’est grâce à lui qu’il rencontrera
le cardinal Manzini, le futur pape Paul VI. Les lettres échangées entre les deux
hommes montrent la profondeur de leur amitié et de leur attachement.
3. L’organisation comme modèle d’action
Comment conçoit-il ce métier nouveau qu’est le métier d’organisateur ? Les
sources de sa vision sont multiples et viennent autant de son expérience syndicale
que de sa compréhension de l’écologie urbaine et de la notion de communauté. Il ob-
serve les forces sociales à l’œuvre dans les communautés, tant religieuses que laï-
ques ; il induit la division des forces communautaires et la mosaïque de communau-
tés en s’adressant aux institutions du monde du travail ainsi qu’à celles des institu-
tions bâtardes. Son instinct, et il le dit aux journalistes qui l’interrogent, le pousse à