Agir pour l’innovation sociale
3
Éléments clés 2010
La Fondation Macif en chires :
157 représentants de sociétaires
et collaborateurs salariés du groupe Macif impliqués
1 874 258 de montant total
de subventions
134 projets soutenus
Depuis
1993 Plus de 2 700 projets aidés
Plus de 22 millions d’euros de subventions accordées
Regards croisés
sur l’innovation
sociale
Alain Philippe
et Serge Bonnet,
président et secrétaire
général de la Fondation
Macif
p.4
Énergies
et mobilité
alternatives
p.28
Solidarité
et lien social
p.50
Programmes
Revue des programmes
soutenus et
accompags
en 2010
3.
p.26
Écologie
sociale
p.40
Organisation
et gouvernance
2.
p.16
Le parti pris
de l’innovation
sociale
1.
p.6
Index des
programmes
p.62
La Fondation Macif s’engage pour l’innovation sociale
Depuis 2010, la Fondation Macif crée, développe, soutient et accompagne des initiatives
relevant de l’innovation sociale, avec une attention particulière portée aux problématiques
environnementales. Elle entend ainsi apporter des réponses originales et novatrices aux
grands enjeux sociétaux actuels et contribuer au mieux-vivre des personnes.
4 5
Alain Philippe, président de la Fondation Macif, et Serge Bonnet, secrétaire
néral, reviennent sur 2010, une année de transition pour la fondation.
REGARDS CROISÉS
SUR L’INNOVATION SOCIALE
En 2010, la Fondation Macif a décidé d’orienter
son action en faveur de l’innovation sociale.
Pour quelles raisons ?
Alain Philippe Pendant 17 années, nous avons défendu, sou-
tenu et promu l’économie sociale. Notre volonté était de pro-
poser un modèle autre que celui de l’économie ultralibérale. La
Fondation Macif finançait des initiatives et des structures rele-
vant de l’économie sociale. En 2010, nous avons considéré qu’il
fallait non plus seulement prendre en compte les innovations
sociétales en cours et nous attacher à l’inscription durable d’un
unique concept, aussi vertueux soit-il, mais tenter d’apporter
des réponses crédibles et nouvelles aux besoins sociaux non
satisfaits.
Est-ce une rupture avec les précédentes orientations
de la Fondation ?
Serge Bonnet C’est à la fois une nouvelle étape et une conti-
nuité. Grâce à l’innovation sociale, la Fondation Macif cherche à
apporter des solutions nouvelles qui permettent de faire chan-
ger la manière dont fonctionne la société. C’est bien l’ambi-
tion de la Fondation depuis sa création que de contribuer à la
transformation sociale et au mieux-être des personnes. Il s’agit,
cependant, d’une nouvelle étape, car nous nous situons doré-
navant dans l’accompagnement de ces solutions émergentes.
Dans ce cadre, vous avez décidé de porter
une attention particulière aux questions
environnementales.
Alain Philippe C’est une problématique tellement majeure
pour le devenir de notre société. La Fondation, en assurant sa
vocation solidaire, au service de l‘intérêt général, devait se pen-
cher sur ce champ-là, car les solutions environnementales et
écologiques ont un impact sur la qualité de vie des gens. La
démarche d’Unis-Cité et des Médiaterre, que nous avons sou-
tenue, l’illustre bien. Ces jeunes en service civique qui sensibi-
lisent des familles, souvent modestes, aux écogestes, leur per-
mettent de réaliser à la fois des économies sur leur budget, mais
également de contribuer à la préservation de l’environnement.
En quoi ces nouvelles orientations ont-elles modifié
l’organisation et le fonctionnement de la Fondation
Macif ?
Alain Philippe • Nous ne sommes plus dans le soutien à la créa-
tion d’entreprises qui incarnent un modèle, celui de l’écono-
mie sociale, mais dans la co-construction de programmes pour
apporter des réponses précises à chaque problématique dié-
rente. Notre finalité est de mieux prendre en compte les besoins
sociaux des bénéficiaires de ces initiatives.
Serge Bonnet Cela signifie que nous passons d’un rôle de
simple financeur à celui de véritable partenaire, impliqué dans
la vie du projet, son pilotage et, évidemment, son financement.
Cela s’incarne au travers des chargés de missions, mais aussi,
suivant les délégations, par l’implication des délégués de so-
ciétaires du groupe Macif, qui composent les commissions. Ils
peuvent ainsi être amenés à suivre les programmes, notamment
dans le cadre de leurs comités de pilotages.
Les salariés et les délégués du groupe Macif
s’impliquent donc de manière croissante ?
Alain Philippe Par leur militantisme associatif, syndical, mu-
tualiste… les délégués et les 9 000 salariés du groupe Macif sont
des observateurs et acteurs pertinents des mutations sociétales
en cours.
Serge Bonnet Les chargés de mission Fondation sont au pre-
mier plan dans cette veille. Pour beaucoup, ils occupent leurs
fonctions depuis plusieurs années et bénéficient d’une connais-
sance de l’ensemble du réseau du groupe Macif et de l’écono-
mie sociale. Ils sont ainsi en mesure d’apporter une dimension
essentielle à la vie d’un projet : la mise en relation. Qu’elle soit
avec d’autres financeurs, des partenaires opérationnels, ou les
collectivités territoriales, elle contribue fortement à implanter
l’initiative sur son territoire.
La dimension multipartenariale des projets
accompagnés, et notamment la collaboration avec
les collectivités publiques, est-elle une nouveauté ?
Alain Philippe La relation partenariale est au cœur de la Fon-
dation depuis 1993. Ce qui est nouveau, c’est que nous enten-
dons développer nos programmes en nous appuyant sur une
vraie pluralité partenariale. Cela se traduit aussi par un accrois-
sement de nos relations avec les collectivités publiques.
Serge Bonnet En eet, les projets, qu’ils soient pilotés ou
suivis au national, au régional ou par les filiales, ont des liens
étroits avec les collectivités territoriales. Ce sont des parte-
naires essentiels et ils peuvent, désormais, bénéficier de nos
soutiens financiers. Bien entendu, nous n’avons pas vocation à
nous substituer à elles, mais à les aider à s’approprier de nou-
veaux enjeux comme, par exemple, sur le projet de l’Accorderie,
un système déchanges de services entre habitants d’un même
quartier que nous avons « importé » du Québec, et dans lequel
la mairie de Paris a pris place.
La création d’une Commission veille et prospective
a marqué la fin de l’année 2010. Quels en sont
les enjeux ?
Alain Philippe Il s’agit de nous demander dans quelle société
nous voulons vivre demain. Quels leviers doit-on actionner ?
Pour cela nous voulons nous appuyer sur des universitaires, des
sociologues, des philosophes, afin de déterminer ce que peut
apporter l’innovation sociale et ce qu’elle doit explorer. C’est
le parti pris de la Fondation Macif si elle souhaite rester le la-
boratoire qu’elle a toujours essayé d’être et s’inscrire dans une
approche prospectiviste sur le plan sociétal. Mais c’est aussi un
devoir si l’on veut contribuer à un mieux-vivre des gens.
Quel bilan faites-vous de cette année 2010 ?
Serge Bonnet Ces changements opérationnels ont constitué
un défi interne, d’adaptation et d’apprentissage collectif d’une
nouvelle manière de travailler. Lévolution des actions soutenues
en 2010 l’illustre bien : dans les filiales, les régions et le siège,
les projets ont été appréhendés collectivement et il y a eu une
véritable implication. 2010 a été une année de transition dont
nous sortons en nous disant que nous sommes sur le bon chemin.
Serge Bonnet
Secrétaire général de la Fondation Macif
© Mourad Chefaï / Macif
Alain Philippe
Président de la Fondation Macif
1 • Le parti pris de l’innovation sociale
6 7
Le parti pris
de l’innovation
sociale
1.
1 • Le parti pris de l’innovation sociale
8 9
UNE JOURNÉEDÉBAT
CONSACRÉE À L’INNOVATION SOCIALE
Le 5 octobre 2010, acteurs de terrain,
penseurs, chercheurs et partenaires se sont
réunis, à Paris, pour échanger et débattre
de l’innovation sociale à l’initiative
de la Fondation Macif.
« À une époque où la nécessité de chan-
ger n’est plus discutable, il faut garantir
le foisonnement des initiatives.» C’est une
exhortation à agir qu’adresse Philippe
Durance à l’intention des personnes pré-
sentes, ce 5 octobre, dans l’auditorium
parisien de la Macif. À l’instar de Pierre
Rabhi ou encore de Jean-Baptiste de Fou-
cauld, Philippe Durance a lui aussi répon-
du à l’invitation de la Fondation Macif.
Au programme : questionner et débattre
de ce qu’est l’innovation sociale, de ce
qu’elle apporte à notre société et des
moyens mis en œuvre pour transformer
un projet visionnaire en réalité concrète.
Innover par la mobilisation
et la coopération de tous
Pourquoi une « performance collective
médiocre en France » alors que notre
pays dispose d’une floraison d’initia-
tives riches et innovantes ? C’est l’inter-
rogation soulevée par Jean-Baptiste de
Foucauld, le fondateur de Solidarités
nouvelles contre le chômage. « La rétrac-
tation sur soi, l’individualisme compor-
temental dans notre société, sont une
résistance des plus féroces », poursuit-il.
Stéphane Durand, responsable du service
environnement d’Échirolles, a son idée
sur la question. Conscients de la diculté
à concrétiser des projets, parfois consi-
dérés comme utopiques, son équipe et
lui-même ont fait « se mettre autour de
la table agents communaux, responsables
d’entreprises et associatifs et les citoyens,
premiers concernés ». La ville est ainsi
devenue une des pionnières dans la mise
en œuvre de l’agenda 21* et s’est enga-
gée dans une authentique politique de
développement durable.
Solution locale pour désordre
global ?
Épiceries sociales et solidaires, exploi-
tations biologiques gérées par des per-
sonnes en réinsertion… les témoignages
successifs des participants à la jour-
née-débat démontrent que l’innovation
sociale est une alternative qui prospère.
Pourtant, « des expériences initiées lors
des décennies précédentes doivent encore
faire leurs preuves aujourd’hui » relève
un élu de la Macif. Quand et comment
une innovation sociale peut-elle se dupli-
quer pour atteindre le statut de nouvelle
norme collective ? « Il n’y a pas les mêmes
besoins suivant les territoires », avance
François Marty, responsable d’une entre-
prise d’insertion. Un point de vue déve-
loppé par Stéphane Durand : « On ne
peut pas reproduire des expériences, en
raisonnant sur un schéma descendant. Ça
ne fonctionne pas. Les initiatives doivent
démarrer d’en bas. » Réfléchir, agir en-
semble pour assurer la réussite d’un pro-
jet, c’est une approche que partage Serge
Moëlo, maire de Silfiac. Les initiatives
dans sa commune ont pris racine grâce
à ses habitants pleinement investis dans
les projets. Une réussite néanmoins sou-
mise au respect de certains principes élé-
mentaires : « Pour reproduire, il ne faut
pas faire du copier-coller, mais s’inspirer
de ce qu’ont fait les autres pour élaborer
ses propres modèles. »
L’humain au cœur du changement
Une manière de replacer l’être humain au
centre, philosophie de vie qui est celle de
Pierre Rabhi, pionnier de l’agroécologie
et intervenant de laprès-midi : « Nous
sommes dans une phase de transition,
nous devons mettre l’humain et la nature
au cœur de nos préoccupations. » Cette
vision est amplement partagée par Gaë-
tan Du Bus de Warnae, animateur du
Réseau pour les Alternatives forestières,
qui clôturera la journée : « Il devient vi-
tal de respecter ce que l’on sent comme
juste profondément. C’est le courage
d’être soi. »
* L’agenda 21 est un plan d'action dans une perspective de
développement durable pour le e siècle. Il formule des
recommandations aux collectivités territoriales dans des
domaines aussi variés que : la pauvreté, la santé, le logement,
la pollution de l'air, la gestion des mers, des forêts et des
montagnes, la désertification, la gestion des ressources en eau
et de l’assainissement, la gestion de l’agriculture et la gestion
des déchets.
Philippe Durance est professeur as-
socié au Conservatoire national des
arts & métiers (CNAM) de Paris et
coauteur d’un rapport sur « la créa-
tivité et l’innovation dans les terri-
toires » remis au Conseil d’analyse
économique (CAE), à la Délégation
interministérielle à l’aménagement
du territoire et à l’attractivité régio-
nale (Datar) et à l’Académie des
technologies.
François Marty est le créateur de
l’entreprise d’insertion Scierie et
palettes du littoral (SPL) qui en 20
ans est devenue leader de la filière
bois de la région Nord-Pas de Calais.
Elle emploie 60 % de personnes en
insertion et développe un parc de
logements sociaux écologiques.
Stéphane Durand dirige le service
environnement et développement du-
rable de la ville d’Échirolles. Il y pilote
la mise en œuvre de l’agenda 21 qui
est lun des rares en France à s’être
tourné vers les habitants dans une
vraie démarche participative.
Jean-Baptiste de Foucauld est pré-
sident fondateur de Solidarités nou-
velles face au chômage (SNC) qui
fut créée en 1985 pour combattre
l’exclusion et le chômage. Ses fonda-
teurs ont inventé une forme d’en-
gagement concret qui construit du
lien social et suscite une citoyenneté
active.
Pierre Rabhi est un agriculteur, écri-
vain et penseur. Il est un des pion-
niers de l’agroécologie. Reconnu
expert international pour la sécurité
alimentaire, Pierre Rabhi a participé
à l’élaboration de la convention des
Nations unies pour la lutte contre la
désertification. Il est également l’ini-
tiateur du Mouvement pour la terre
et l’humanisme.
Serge Moëlo est maire de Silfiac
(Morbihan). Il a fait face à l’exode ru-
ral en mettant en œuvre un certain
nombre d’actions innovantes : le
maintien de l’école communale, la
restauration du patrimoine rural, un
écolotissement, un parc éolien et
bientôt un « pôle d’accueil de proxi-
mité intergénérationnel ».
Gaëtan du Bus de Warnae est
ingénieur forestier et docteur en
sciences. Il anime le « Réseau pour
les Alternatives forestières » qui
soutient les pratiques de gestion
forestière alternative et sensibilise
la société civile à l’existence de ces
pratiques.
Les intervenants
De gauche à droite : Ruth Stegassy, journaliste
à France Culture et animatrice de la journée,
François Marty, Stéphane Durand, Jean-Baptiste
de Foucauld et Philippe Durance
François Marty et Stéphane Durand
© Mourad Chefaï / Macif
© Mourad Chefaï / Macif
© Mourad Chefaï / Macif
Pierre Rabhi
1 / 33 100%