La France a d’abord changé du fait de la forte expansion démographique due au Baby Boom.
Pays vieillissant jusqu’à la seconde guerre mondiale, la France voit sa population rajeunir jusqu’en 1968
(les jeunes finissent par représenter 1/3 de la population du pays). Ensuite, la France connaît une
déprime démographique qu’elle partage avec les autres pays développés (évolution des mœurs :
développement des moyens contraceptifs avec la loi Neuwirth en 1967 et légalisation de l’avortement
en 1975, modes de vie plus tournés vers les loisirs) ; c’est ce qu’on a appelé le « Papy Boom » ou le
« Baby Krach ». Depuis l’an 2000 cependant, une inversion s’est produite et l’indice de fécondité
dépasse à nouveau le seuil de renouvellement des générations. Sans être exceptionnelle cette reprise
est singulière dans une Europe où la fécondité demeure très faible.
L’évolution des mentalités a joué sur les normes familiales. Le divorce par consentement
mutuel adopté sous Valéry Giscard d’Estaing a facilité la rupture des mariages et conduit à une
multiplication des divorces (un divorce pour trois mariages) et au phénomène des familles
recomposées. L’émancipation des femmes et leur présence croissante sur le marché du travail a
également transformé les structures sociales du pays même si la situation de parité revendiquée et
inscrite dans la loi n’est toujours pas réelle (différence de niveaux de salaires, place aux postes de
responsabilité…).
La population active, en forte croissance avant de stagner, a connu un renversement
spectaculaire depuis la seconde guerre mondiale. Alors que la population du secteur primaire demeurait
très élevée, elle s’est effondrée. Le nombre des ouvriers du secteur secondaire a cessé de croître au
milieu des années 70 et n’a cessé depuis de diminuer. Dans le même temps, le secteur tertiaire a
connu une explosion remarquable faisant entrer la France dans la société post-industrielle dans les
années 70. De plus en plus féminisée, de plus en plus salariée, de mieux en mieux formée avec
l’augmentation de la durée des études, la population active n’en demeure pas moins soumise depuis les
années 70 à la lourde menace du chômage.
La France est devenue depuis les lendemains de la seconde guerre mondiale un pays urbain.
L’industrialisation a continué à drainer les populations des campagnes (exode rural) tandis que les
besoins en main d’œuvre faisaient arriver en France des populations immigrées qu’il fallait loger. Le
problème du logement se posait également du fait de la croissance naturelle de la population. De
grands aménagements ont permis de faire face à cette demande en logements. Alors que la population
s’entassait encore dans les années 50 dans des logements trop petits voire dans de véritables
bidonvilles, la France se hérisse dans les années 60 et 70 de grands ensembles, tours et barres (on
passe de 16 à 21 millions de logements en France entre 1962 et 1975). Ces nouveaux logements font
entrer le confort moderne dans la vie des Français (chambre individuelle, salle de bains et toilettes…).
Ils sont cependant rapidement pointés du doigt pour leur inadaptation à la vie collective (manque
d’équipements) et la déprime qu’ils provoquent chez leurs habitants (« la sarcellite ») soumis au
« métro, boulot, dodo ». Les années 70 voient naître, en liaison avec la possession d’une automobile et
la volonté d’un habitat individuel pavillonnaire, le phénomène de la périurbanisation. Cette évolution va
se traduire par une expansion spatiale des villes avec des banlieues de plus en plus étendues. Les
dernières années montrent une certaine reprise de vitalité des centres-villes en liaison avec le
renchérissement du pétrole et la saturation des axes de transports urbains et périurbains.
2) l’essor de la société de consommation
Dans son film « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » (1972), Jean Yanne
montre la France qui pénètre dans une société où il faut consommer, où la radio n’a de sens que pour
véhiculer des messages publicitaires et amener les gens à acheter. Cette situation est liée à la forte
augmentation du pouvoir d’achat dans les années 50 et 60, grâce à l‘augmentation fréquente des
salaires (rattrapage de l’inflation) et aux mesures gouvernementales (création du SMIG puis du SMIC
qui garantit un salaire minimum, pérennisation des revenus sociaux, mensualisation des salaires…).