Histoire CRPE
Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire
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place importante dans le processus qui s’amorce, il reste que le progrès techni-
que, soit l’application quotidienne des travaux et expériences scientifiques, est
davantage marqué outre-Manche. En témoignent les mises au point de la fonte du
minerai de fer au coke, de diverses machines textiles, et de la machine à vapeur
par James Watt (1780). Les progrès de l’agronomie entraînent également le dé-
veloppement des cultures fourragères permettant la suppression des jachères.
b. La philosophie des Lumières
Le progrès scientifique permet également, à l’image des travaux de Des-
cartes au siècle précédent, de croire dans le progrès, alors que la religion le te-
nait jusque-là pour suspect. Le XVIIIème siècle est celui de la raison, les philoso-
phes des Lumières désirant substituer aux « ténèbres » du fanatisme et de la
superstition, les « lumières de raison ». La critique s’adresse certes à l’Eglise
catholique, mais également à la division de la société en trois ordres ainsi qu’à la
monarchie absolue. Ils font une critique systématique de la société de leur
temps, réclamant les libertés de culte, d’opinion, de presse ou encore de ré-
union ; ils désirent l’adoption d’un système judiciaire moins arbitraire, sur le mo-
dèle anglais de l’Habeas Corpus de 1679. Par suite, l’égalité naturelle des hommes
est une évidence et c’est à ce titre qu’ils se font les pourfendeurs des privilèges,
en demandant leur abolition.
Surtout les philosophes des Lumières s’attaquent à la monarchie absolue,
avec bien évidemment Montesquieu qui dénonce la concentration des pouvoirs
dans les mains d’un seul homme et demandent qu’exécutif, législatif et judiciaire
soient désormais séparés (
Esprit des lois
, 1748). A part Rousseau qui est contre
l’idée monarchique1, ils se montrent favorables à une monarchie « limitée » où le
roi respecterait la séparation des pouvoirs et les libertés fondamentales de ses
sujets. Diderot, par exemple, fait du roi un homme comme les autres qui, pour
gouverner, doit être en accord avec la nation. Et lorsqu’en 1734, Voltaire fait
l’éloge des institutions anglaises dans les
Lettres philosophiques
, il prône
l’instauration d’une monarchie « éclairée » dans laquelle le roi gouverne pour le
bonheur de son peuple.
Sur le plan religieux, la critique des Lumières n’est pas aussi radicale que
le veut la « tradition ». Tous ou presque admettent l’existence de Dieu (sauf Di-
derot) mais ils n’accordent aucune valeur aux Eglises ainsi qu’aux dogmes, qui
n’ont servi qu’à enfermer le peuple dans un obscurantisme et une servitude des-
quels il faut sortir à présent. Ils s’attaquent tout particulièrement aux Jésuites,
jugés intolérants, fanatiques, ralentissant le progrès intellectuel, moral et politi-
que de leurs adeptes comme des autres. Il faut souligner que les principaux phi-
losophes des Lumières ne sont pas d’accord sur certains des concepts-clés de la
1En 1762, dans leContrat social, Rousseau développe l’idée d’une cité idéale où les droits naturels de l’individu
seraient garantis, où le pouvoir appartiendrait au peuple souverain.