I. Le siècle des Lumières et la contestation de l`absolutisme

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Histoire
CRPE
LE MOUVEMENT DES LUMIERES,
LA REVOLUTION FRANÇAISE ET LE P REMIER EMPIRE
Le règne de Louis XIV laisse la France dans une situation délicate. Les
guerres à répétition, le train de vie fastueux de la Cour, ont laissé les finances
royales dans un état déplorable, d’autant que l’économie florissante des années
Colbert n’a plus d’effet, le plupart des compagnies de commerce ayant périclité à
l’aube du siècle. La succession du Roi-Soleil s’ouvre en outre sur une période de
Régence (1715-1723), durant laquelle Philippe d’Orléans mène une sorte de réaction au règne qui s’achève. Le régent tente de relever la situation économique de
la France (système de Law) et développe le « régi me des conseils », lesquels
remplacent les ministres et secrétaires d’Etat de Louis XIV ; la Cour déserte
Versailles et revient à Paris.
Jusqu’à la Révolution, les rois et gouvernants successifs n’auront de cesse
de lutter contre le dérèglement des institutions ; la situation économique du pays
ne sera jamais relevée. L’agitation religieuse (jansénistes et protestants) ne
cesse de s’amplifier ; la contestation parlementaire gronde. A l’extérieur,
l’opposition franco-anglaise s’internationalise à propos des possessions coloniales.
Dans le dernier quart du siècle, le règne de Louis XVI ne modifie en rien situation qui devient chaque jour plus préoccupante, la cont estation s’accroît toujours
plus, sur la question des privilèges notamment, jusqu’à la convocation des EtatsGénéraux en 1789, ouvrant la Révolution Française.
I.
Le siècle des Lumières et la contestation de l’absolutisme
a. Les progrès scientifiques
Le XVIII ème siècle est une période très féconde pour les progr ès scientifiques et la curiosité intellectuelle. Forts d’un intérêt accru des puissants (mécènes) comme du public, les scientifiques portent leur art à un niveau jamais atteint : dès 1665, Colbert avait fondé l’Académie des Sciences puis l’Observatoire
de Paris. L’époque peut ainsi se targuer d’un engouement pour les sciences. A la
suite d’un Descartes au siècle précédent, le royaume connaît de brillants mathématiciens (Pascal, d’Alembert, Monge), d’éminents astronomes (Bouger, Maupertuis, Laplace) ; Lavoisier diffuse ses travaux sur l’air et l’eau et invente la chi mie
moderne, Buffon publie son Histoire naturelle.
Ce mouvement scientifique dépasse très largement les frontières du
royaume : citons l’anglais Newton (physique et astronomie), l’allemand Leibniz
(mathématiques et philosophie), le suédois Linné (naturaliste), le hollandais
Huygens (physique et astronomie). Et si la France et ses scientifiques ont une
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place importante dans le processus qui s’amorce, il reste que le progrès technique, soit l’application quotidienne des travaux et expériences scientifiques, est
davantage marqué outre-Manche. En témoignent les mises au point de la fonte du
minerai de fer au coke, de diverses machines textiles, et de la machine à vapeur
par James Watt (1780). Les progr ès de l’agronomie entraînent également le développement des cultures fourragères per mettant la suppression des jachères.
b. La philosophie des Lumières
Le progrès scientifique per met également, à l’image des travaux de Descartes au siècle pr écédent, de croire dans le progr ès, alors que la religion le tenait jusque-là pour suspect. Le XVIII ème siècle est celui de la raison, les philosophes des Lumières désirant substituer aux « ténèbr es » du fanatisme et de la
superstition, les « lumières de raison ». La critique s’adresse certes à l’Eglise
catholique, mais également à la division de la société en trois ordr es ainsi qu’à la
monarchie absolue. Ils font une critique systématique de la société de leur
temps, r éclamant les libertés de culte, d’opinion, de pr esse ou encore de r éunion ; ils désirent l’adoption d’un système judiciaire moins ar bitraire, sur le modèle anglais de l’Habeas Cor pus de 1679. Par suite, l’égalité naturelle des hommes
est une évidence et c’est à ce titre qu’ils se font les pourfendeurs des privilèges,
en demandant leur abolition.
Surtout les philosophes des Lumièr es s’attaquent à la monarchie absolue,
avec bien évidemment Mont esquieu qui dénonce la concentration des pouvoirs
dans les mains d’un seul homme et demandent qu’exécutif, législatif et judiciaire
soient désor mais séparés (Esprit des lois, 1748). A part Rousseau qui est contre
l’idée monarchique 1 , ils se montrent favorables à une monarchie « limitée » où le
roi respecterait la séparation des pouvoirs et les libertés fondamentales de ses
sujets. Diderot, par exemple, fait du roi un homme comme les autres qui, pour
gouverner, doit être en accor d avec la nation. Et lorsqu’en 1734, Voltaire fait
l’éloge des institutions anglaises dans les Lettres philosophiques , il prône
l’instauration d’une monarchie « éclairée » dans laquelle le roi gouverne pour le
bonheur de son peuple.
Sur le plan religieux, la critique des Lumières n’est pas aussi radicale que
le veut la « tradition ». Tous ou presque admettent l’existence de Dieu (sauf Diderot) mais ils n’accordent aucune valeur aux Eglises ainsi qu’aux dogmes, qui
n’ont servi qu’à enfer mer le peuple dans un obscurantisme et une servitude desquels il faut sortir à présent. Ils s’attaquent tout particulièrement aux Jésuites,
jugés intolérants, fanatiques, ralentissant le progrès intellectuel, moral et politique de leurs adeptes comme des autres. Il faut souligner que les principaux philosophes des Lumières ne sont pas d’accor d sur certains des concepts-clés de la
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En 1762, dans le Contrat social, Rousseau développe l’idée d’une cité idéale où les droits naturels de l’individu
seraient garantis, où le pouvoir appartiendrait au peuple souverain.
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Révolution, comme l’égalité et la propriété : si Rousseau pr êche l’égalité contre la
propriété, Voltaire, tout en dénonçant les inégalités, défend le droit de propriété et les intérêts de la bourgeoisie aux dépens de ceux du peuple ; tous, dans le
domaine économique sont des libéraux.
Enfin, ces idées philosophiques n’auraient pas connu un tel succès sans des
moyens de diffusion à la hauteur de l’entreprise. Malgré l’opposition des autorités civiles et religieuse, la publication de ces i dées s’accélère à partir de 1750 ;
des brochur es sont éditées, vendues par des colporteurs, les cafés et les salons
voient fleurir les débats. Surtout, Diderot et d’Alembert commencent, à partir
de 1751, la publication de l’ Encyclopédie (dictionnaire raisonné des sciences, des
arts et des métiers) : au total, il s’agit de 17 volumes de text es auxquels
s’ajoutent 11 volumes de planches ; 130 auteurs ont participé à l’aventure. Plutôt
que d’affirmer pér emptoirement leurs idéaux et risquer ainsi la censure, les auteurs ont pr éfér é abor der de manière détournée l’ensemble des i dées des Lumièr es. On y trouve donc une critique habile des i dées politiques et religieuses
ainsi qu’une apologie prudent e de t hèmes comme la raison, la foi dans le progrès,
l’égalité civile, la liberté ou encore le r espect de la propriété. Il reste enfin que
si les idées des Lumières connaissent un grand succès aupr ès de la bourgeoisie
des grandes villes, la majorité du peuple n’y a pas accès.
A l’étranger cependant, les idées des Lumières sont largement répandues ;
les philosophes voyagent et trouvent parfois asile auprès des grandes cours européennes. Il faut dire que le siècle consacre le français langue « européenne »,
laquelle est parlée dans les grandes cours du continent. La diffusion des i dées
fut ainsi facilitée. L’« école française » profita également de ces r éseaux pour
étendre sa sphère d’influence qu’il s’agisse de littérature (hors Lumières) avec
Marivaux, Lesage, Saint-Simon, ou encore d’architecture classique et de décoration rococo (Palais de Schönbrunn).
Pour autant, de la même façon qu’il ne faut pas croire que les idées des
Lumières sont partout diffusées dans le royaume et de manièr e uniforme, il
convient de souligner le rejet qu’elle suscitent parfois. Il naît en effet au tournant du siècle une réaction contre les excès du rationalisme sous l’influence d’une
école littéraire anglaise, faite de poèt es et de romanciers adeptes de la rêverie
et de l’irrationnel (Daniel Defoe, Alexander Pope)…, préfigurant pour une part le
romantisme d’un Rousseau. De manière générale, à l’aube de la Révolution, le
rayonnement de la culture française en Europe est en net recul face au développement de l’influence anglaise. A l’intérieur du royaume, les Lumières n’ont pas
modifié l’essentiel, à savoir que ce sont toujours les classes dirigeantes qui imposent au peuple leur doctrine, quelle qu’elle soit, maintenant ainsi la distance entre
une culture savante et une culture populaire.
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c. Un triple contexte de crise
Si elles sont largement présentes auprès des cours européennes, les idées
des Lumièr es, conçues pour une part comme une dénonciation de l’absolutisme à
la française, n’ont que peu d’écho au sommet de l’Etat. Au contraire, Louis XV,
après l’épisode de la Régence, ne fait que r éaffir mer la doctrine absolutiste : de
1723 à 1743, il s’adjoint les services du car dinal Fleury (1 er ministre) et de Philibert Orry (contrôleur général des finances) ; à la mort de Fleury (1743), il décide de gouverner seul, sans premier ministre. En même temps, la cour devient le
centre de tout es les intrigues, incarnées par la Pompadour, maîtresse du Roi, faisant et défaisant les carrières et les réputations, soutenant la publication de
l’Encyclopédie. Surtout, Louis XV s’enferme dans une politique sourde et aveugle
aux aspirations de son siècle : non content de refuser audience aux « idées nouvelles », il refuse à la noblesse des parlements l’exercice du droit de r emontrance et promulgue un nouvel impôt auquel seul le clergé n’est pas soumis. A
l’aide de ses conseillers, il tente d’atténuer le poids de la noblesse au profit de
l’absolutisme royal. En 1771, le divorce est consommé, Maupeou renvoie le Parlement de Paris, puis le remplace par des Conseils supérieurs où les magistrats ne
sont plus propriétaires de leurs charges et sont nommés par le Roi.
A sa mort en 1774, le royaume que Louis XV laisse à son petit-fils est en
proie à de nombreuses agitations : le roi est impopulaire, il augmente les impôts
et dispute à la noblesse le pouvoir absolu. Même s’il rappelle les Parlements, Louis
XVI se heurte à la même crise politique, économique et sociale qui ne cesse de
hant er le royaume depuis des décennies. Son caractèr e « faible et irrésolu »,
l’obstination de son entourage à ne rien céder sur les privilèges et à saboter le
travail de ses ministres successifs, ne lui per mettent de prévenir le déclin du
système qu’il incarne. Par le recouvrement du droit de remontrance, les parlementaires entrent à nouveaux en opposition avec la monarchie à propos de
l’impôt. Mais ce n’est pas tout : le budget de l’Etat est au plus bas et si les ministres successifs de Louis XV avaient réussi à stabiliser les déficits, l’aventure
américaine achève de ruiner la couronne. Partout dans le royaume mont e
l’exaspération face à un système en faillite à tous les points de vue. L es tensions
sociales sont de plus en plus marquées entre une noblesse, parfois désar gent ée,
mais voulant gar der ses privilèges et une bourgeoisie, riche, et séduite par les
idées libérales des Lumières ; il faut enfin retenir le mécont entement de la
paysannerie qui supporte l’essentiel de la fiscalité et doit subir de mauvaises récoltes à partir de 1786, ce qui entraîne disette et hausse des prix.
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II. La Révolution Française, le peuple et l’Histoire
En 1787, Loménie de Brienne succède à Calonne à la tête des finances de
l’Etat. La situation ne s’est guère améliorée. Comme ses pr édécesseurs, Brienne
envisage d’abolir quelques privilèges et de soumettre la noblesse à l’impôt (subvention territoriale sur les domaines) : il propose notamment de r éduire le train
de vie de la cour, de r emplacer les intendants de province ; il prévoit surtout de
donner un état-civil aux protestants et de suppri mer la question (torture). Certaines des idées ayant triomphé avec la Révolution sont donc dans l’air du temps.
Une fois encore, le Parlement de Paris s’oppose à la volonté réfor matrice ;
l’édit du 8 mai 1788 le dépouille de ses attributions. Partout en France cependant, la grogne monte, le peuple s’agite pour réclamer le rétablissement des Parlements, seule alternative à l’absolutisme royal. Devant cette « révolution de notables », Louis XVI finit par capituler : il rétablit les parlements dans leurs pr érogatives et décide surtout, avec Brienne, de convoquer les Etats-généraux pour
le 1er mai 1789. A ce stade, on peut dire que la noblesse a porté un premier coup
au pouvoir versaillais mais dès à présent se pose la question de la composition des
futurs Etats-Généraux, car les parlementaires n’entendent pas associer
l’ensemble du ressentiment populaire à leur opposition à l’absolutisme. Ainsi ne
veulent-ils pas d’une représentation proportionnelle des trois ordres, ce qui signifierait qu’ils seraient largement minoritaires face au Tiers-Etat. C’est au Roi
qu’il revient de trancher , il décide du doublement du nombre des représentants
du Tiers-Etat, sans pour autant déter miner si les votes se feront par or dre ou
par tête.
a. Les Etats-généraux et l’homme-citoyen
Dans les premières années de 1789, l’époque est électrique, des émeutes
éclatent çà et là. L’abbé Sieyès diffuse avec succès ses pamphlets Essai sur les
privilèges et Qu’est ce que le Tiers-Etat. Dans les cafés parisiens, les loges maçonniques, les clubs, on se réunit pour débattre. Le royaume tout entier se
consacre à la rédaction de quelques 60 000 cahiers de doléances, lesquels doivent porter à la connaissance du Roi, l’ampleur de la contestation populaire. Il
ressort cependant que ces « cahiers » montrent un peuple majoritairement attaché à la personne du Roi, mais désireux de limiter son pouvoir absolu, un peuple
avide de liberté individuelle et d’expression ; l’autorité morale de l’Eglise n’est
pas remise en cause.
Dès l’ouverture des Etats-généraux, le 5 mai 1789 à Versailles, les députés
du Tiers se montrent très unis et davantage prépar és sur les questions constitutionnelles. Paralysant les débats, ils font passer au second plan les motions financières du roi et de ses ministres. Le 10 juin, Sieyès déci de qu’il faut quitter le
terrain de la légalité et le 17, le Tiers se déclare Assembl ée Nationale, déniant
aux autres ordr es le droit de légiférer. Et le 20 juin, lorsque le Roi fait fer mer
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la salle des Menus plaisirs où ils se réunissent, les repr ésentants du Tiers
s’installent dans la salle du jeu de Paume en faisant le Ser ment de rester r éunis
jusqu’à ce qu’une constitution soit établie pour le royaume. En menaçant de dissolution les députés du Tiers le 23, le Roi signe l’acte de décès de la monarchie : le
lendemain, la majorité du Clergé rejoint le Tiers, le 25, 47 déput és nobles font
de même (dont le duc d’Orléans, cousin du Roi et futur Philippe-Egalité). Le 27
juin, c’est la mort dans l’âme que Louis XVI demande aux déput és du clergé et de
la noblesse de rejoindre ceux du Tiers dans l’Assemblée nationale. Le 9 juillet,
l’Assemblée nationale se déclare constituante, signant ainsi la fin de la monarchie
absolue, et affirmant la volonté politique de la Nation.
Rapi dement, l’esprit de révolution gagne le peuple. Paris s’enflamme peu à
peu ; Camille Desmoulins démarre sa carrière de tribun au Palais Royal. Tous
s’inquiètent de la réaction royale, d’autant que Louis XVI a fait rassembler ses
troupes autour de Paris et de Versailles, sous le prétexte d’une aggravation de la
disette. Les Parisiens constituent une municipalité dotée d’une milice, la Gar de
nationale. Le peuple s’arme ; la nuit du 13 au 14 juillet ne connaît pas l’obscurité.
Et le 14, les Patriotes marchent sur la Bastille, symbole de l’arbitraire et dépôt
d’armes. Les combats font une centaine de morts avant que les occupants ne se
rendent ; les 7 prisonniers sont libérés, et les 6 gardes restant sont exécutés,
leurs têtes coupées promenées au bout de piques. Devant une telle démonstration, Louis XVI cède, et accept e de se rendr e à l’Assemblée le 15 où il consacr e
les nouvelles autorités nées de l’insurrection.
L’écho des événements parisiens se répand rapidement en province et les
Patriotes s’organisent, prenant les ar mes en même t emps que les charges de police, de justice et d’approvisionnement en nourriture. Mais dès le 20 juillet, la
peur gagne les campagnes après que la rumeur ait exacer bé la haine des paysans
envers les aristocrates. La propriété est alors menacée, ceci ne concernant par
uniquement la noblesse. Le jeune pouvoir se trouve alors dans une impasse car
intervenir pour défendre les propriétaires revient à agir comme l’aurait fait la
monarchie. Au contraire, il est décider de sépar er la propriété féodale de la propriété simple, et la nuit du 4 août 1789 sonne l’abolition des privilèges ; politique
jusque-là, la Révolution devient sociale en mettant fin à la société des trois ordres.
L’Ancien-régi me est mort, il faut maintenant jeter les bases d’une sociét é
nouvelle fondée sur des principes d’égalité et de liberté. Le 26 août, les déput és
votent la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen par laquelle sont proclamées les libertés d’opinion, de croyance, d’expression et de presse, l’égalité
civile, fiscale et judiciaire (présomption d’innocence). Sont en outre garanties la
propriété privée, la souveraineté de la nation et la séparation des pouvoirs. La
Déclaration a beau être « révolutionnaire », elle n’en demeure pas moins de circonstance : les efforts de Robespierre ne suffisent pas à faire abolir l’esclavage
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dans les colonies, de même que sont oubliées la liberté économique, le suffrage
universel ou l’égalité des sexes. Le Roi conserve d’ailleurs un droit de veto t héorique sur tout cela.
Le 5 octobre, à l’initiative d’un groupe de femmes réclamant du pain, une
foule de Parisiens exaspérés se rend à Versailles, encadr ée par les gardes nationaux de La Fayette. Le 6 au matin, le château est le t héâtre d’un véritable massacre. Les réserves de blé du palais sont pillées et ramenées à Paris en même
temps que Louis XVI, Marie-Antoinette et le dauphin.
b. La fin de la monarchie
Quelques mois plus tard, le 14 juillet 1790, La Fayette organise à Paris la
première fête de la Fédération. La Révolution est-elle terminée pour autant ?
Sans doute un pr emier volet s’achève-t-il entre 1789 et la proclamation de la
première constitution française le 3 septembr e 1791 ; d’absolue, la monarchie
est en passe de devenir constitutionnelle. Le pays est réorganisé, divisé en 83
départements. Pour contribuer à la réduction des problèmes financiers, l’Etat
sécularise et vend les biens de l’Eglise tout en instaurant la constitution civile du
clergé, lequel devient un adversaire de la Révolution après avoir contribué à son
déclenchement.
La fuite du Roi dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 compromet définitivement l’espoir de voir s’instaurer une véritable monarchie constitutionnelle. Sur la
question du Roi, les Patriotes sont divisés, mais à côté des Cor deliers, républicains (Danton, Marat), des Jacobins, favorables à la régence de Philippe
d’Orléans, la majorité des parlementaires, les « constitutionnels », restent fidèles au Roi et le rétablissent dans ses fonctions dès le 15 juillet. Le lendemain, les
Cordeliers lancent une pétition pour demander la destitution de Louis XVI et la
garde nationale reçoit ordr e de tirer sur la foule massée sur le Champ de Mars à
cette occasion ; ceci constituant une rupture i mportante par les Patriotes. Les
clivages se durcissent plus encore et Louis XVI en joue pour empêcher le fonctionnement de cette monarchie constitutionnelle à laquelle il ne croit pas.
Durant cet été 1791, la menace va également venir de l’extérieur, après
que le roi de Prusse et l’empereur d’Autriche (frère de Marie-Antoinette) aient
proposé leurs services afin de réinstaller Louis XVI dans ses prérogatives. L’idée
d’une guerre mûrit rapidement par mi les Patriotes, certains la pensant même salutaire face aux despotes européens. Paradoxalement, le Roi se montre favorable
à ce conflit, il croît surtout retrouver la confiance du peuple après l’échec des
armées de la Révolution. L’assemblée déclare donc la guerr e à l’Autriche le 20
avril 1792 ; Robespierre s’y est opposé, en vain. Comme prévu par Louis XVI,
l’armée française subit de nombr eux r evers et les généraux français, tous nobles, sont accusés de trahison. A Paris, le peuple s’ar me à nouveau, contre le
« complot aristocratique », contre le « comité autrichien » de la Cour. Pour
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l’anniversaire du Ser ment du jeu de Paume, le 20 juin, le peuple envahit les Tuileries et oblige le Roi à coiffer le bonnet phrygien. Les Parisiens se sentent en
danger , surtout après l’entrée en guerre de la Prusse ; si les ennemis de la Rév olution parvenaient jusqu’à la capitale, il ne fait guèr e de doute que la ville serait
livrée au massacre. Dans la nuit du 9 au 10 août, la commune insurrectionnelle
oblige le Roi à quitter les Tuileries pour se réfugier à l’Assemblée, laquelle pressée par la volonté populaire suspend le Roi et le fait enfer mer à la prison du
Temple avec sa famille. En même temps, elle déci de de l’élection au suffrage universel d’une Convention nationale chargée de r édiger une nouvelle constitution,
sans roi.
c. La Convention
Le 21 septembr e 1792, au lendemain de la victoire des sans-culottes sur
les Prussiens à Val my, la Convention abolit la royauté à l’unanimité de ses 749
membr es, le lendemain démarre l’An I de la 1ère République déclarée « une et indivisible » le 25. Comme pour la Constituante, la Convention est animée de nombreux clivages : citons les Girondins, environ 160 déput és, adeptes de la décentralisation (Brissot) ; les Montagnar ds, environ 260 déput és, autoritaires et centralisateurs (Robespierre, Marat, Danton, Desmoulins…) ; la Plaine ou encore le
Marais, majoritaires et modér és (Sieyès). L es conventuels vont notamment
s’invectiver à propos du sort du Roi. A l’ouverture de son procès le 11 décembr e
1792, St Just et Robespierre réclament l’exécution i mmédiate tandis que la majorité tient à préserver la légalité des débats. La mort est finalement votée, et
si les Girondins demandent un sursis, la Plaine et la Montagne se retrouvent pour
le rejeter ; Louis XVI est décapité le 21 janvier 1793.
Dès le printemps cependant, le soulèvement de Vendée marque une nouvelle étape, celle de la Terreur. La Convention vote des mesur es extraor dinaires
auxquelles les Girondins s’opposent ; 29 d’entre eux sont arrêtés le 2 juin. Des
villes de Province commencent à se soulever contre les Montagnar ds ; le symbole
en est Charlotte Cor day venue de Nor mandie pour assassiner Marat le 13 juillet.
La « contre-Révolution » menace. Le 17 septembre, la Convention vote la loi des
suspects, instaurant des mesures d’exception destinées à mater les opposants.
Le Tribunal Révolutionnaire rend alors des jugements exécutés dans les 24 heures. A Paris, Fouquier-Tinville est l’accusateur public : d’avril 1793 à mai 1795,
5343 suspects sont arrêtés, 2747 sont condamnés à mort dont plus de la moitié
entre juin et juillet 1794 (grande Terreur ). La province connaît une situation
identique, les clubs de Jacobins de montrant particulièrement zélés dans cette
tâche épuratoire : on parle de 500 000 arrestations, 16 600 morts ; les guerres
de Vendée auraient fait entre 120 et 150 000 morts. Le vœu de fonder une République idéale, débarrassée des « comploteurs », s’éloigne à mesure que la violence s’exaspèr e. Robespierre en vient à assi miler l’opposition politique, le désacLe Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire
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cord à un complot contre la Révolution du peuple : dans sa logique, il élimine au
printemps 1794 deux i mportants courants de la Convention, les « indulgents »
désireux de mettre un ter me aux effusions de sang (D esmoulins, Danton) ainsi
que les exagér és qui lui disputent le monopole de la violence (Hebert, Chaumette). La loi du 22 prairial accentue la répression et per met l’exécution de 1500
personnes en 7 semaines. Pendant ce temps la menace aux frontières disparaît.
Peu à peu cependant, Robespierre et ses quelques amis sont esseulés. Et le
9 ther midor (27 juillet 1794), la Convention fait arrêter Robespierre et St Just
qui sont exécutés avec une vingtaine de partisans dès le lendemain, ce, malgré la
mobilisation de la Commune de Paris.
d. Le Directoire
Un an plus tard, le 22 août 1795, la constitution de l’An III est votée ; elle
se veut confor me aux idéaux de 1789 et fidèle à l’esprit des Lumières. Les thermi doriens constituent un nouveau type de gouvernement, le Directoire : le corps
exécutif est composé de cinq membres direct eurs, tandis que le corps législatif
se décline en un Conseil des Cinq Cents et un Conseil des Anciens, élus au suffrage censitaire. Mais les nouvelles institutions ne peuvent empêcher une fois
encor e le déchaînement de violence face à la révolte royaliste de la Terreur
blanche. En même t emps, l’Etat est ruiné par les guerres à l’intérieur comme à
l’extérieur. Le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795) 25 000 insurgés sont dispersés par les canons de Bonaparte ; l’armée sauve le régime une pr emière fois.
Deux ans plus tard (17-18 Fructidor an V/3-4 septembr e 1797), l’armée répri me
l’opposition royaliste qui vient pourtant de gagner les élections. Les institutions
de l’An III sont mortes.
III. B ONAPARTE ET LE PREMIER E MPIRE
En tant que militaire, le général Bonaparte s’est tout d’abor d illustré dans
les guerres de la Révolution, notamment lors de la reprise de Toulon aux Anglais
(1793) ; c’est à ce titre qu’il est remarqué par le frèr e de Robespierre. Compr omis avec les amis de ce dernier, il est dégradé par Cambacér ès au mois de septembre 1795, avant d’être rappelé par le tombeur de l’« incorruptible », Paul
Barras. Lequel est alors l’un des hommes fort du Directoire (général en chef de
l’armée de l’intérieur puis directeur) et il compte sur Bonaparte, nouvellement
nommé général, pour mater l’insurrection royaliste. Avant de se voir confier le
commandement en chef de l’armée d’Italie, Bonaparte remplace Barras à la têt e
de l’armée de l’intérieur et épouse la maîtresse de ce dernier, Joséphine de
Beauharnais. Il va de victoire en victoire et vante largement ses mérites via une
stratégie de communication très poussée pour l’époque (Arcole, Rivoli). Bonaparte
devient peu à peu gênant pour le Directoire qui décide de l’envoyer en Egypt e
avec pour mission de barrer la route de l’Inde aux Anglais. Loin de vivre cette
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situation comme un exil déguisé, Bonaparte profite de l’occasion qui s’offre à lui
pour concevoir une véritable expédition scientifique en s’entourant de naturalistes et de scientifiques dont Champollion (1798-1799).
a. Le coup d’Etat du 18 brumaire et le Consulat
Lorsqu’au début du mois d’octobre 1799, Bonaparte revient en France, il
trouve son pays dans un piteux état. Partout, le peuple souffre, hanté par la violence passée et présente, celle des royalistes, des chouans et des nombr eux brigands. Ironie de l’Histoire, le Directeur d’alors n’être autre que l’abbé Sieyès qui,
élu depuis mai, cherche à i mposer un exécutif fort ; son vœu le plus cher est de
terminer enfin cette Révolution qu’il a largement contribué à déclencher. Avec
Bonaparte, il prépare le coup d’Etat des 18 et 19 brumaire (9 et 10 novembr e
1799) ; il est nommé consul provisoire au côté de Bonaparte et de Ducos. La
constitution de l’An VIII est rapidement adopt ée, grâce au trucage des vot es
des Conseils orchestré par Lucien Bonaparte, frèr e de Napoléon. Le consulat est
organisé autour d’un triumvirat : le Premier consul reçoit l’essentiel des pouv oirs
(initiative des lois, politique étrangèr e, désignation des juges et des hauts fonctionnaires) tandis que les deux autres représentent un moyen commode de réunir
le moderne et l’ancien avec Cambacérès le régicide, et Lebrun, l’ancien secrétaire
de Maupéou, ministre de Louis XVI. Sieyès est trahi par Napoléon mais reste un
personnage très important du Consulat, en sa qualité de président du Sénat.
Assuré de la stabilité de son pouvoir par les plébiscites de 1799 et de
1802 (consul à vie), Napoléon Bonaparte s’attache à clore la Révolution. Il recompose tout d’abor d une administration, en nommant à la tête de chaque département des pr éfets par mi d’anciens Montagnar ds comme d’ancien royalistes. Cette
centralisation s’accompagne de la for mation d’un personnel compétent et tout
dévoué au service de la Nation dans les premiers lycées d’Etat. Son œuvre de
« réconciliation nationale » se poursuit par la signature du Concor dat avec le
Pape (1801), réhabilitant ainsi un catholicisme qu’il estime garant de l’ordre social. Il maintient enfin les principaux acquis de la Révolution de 1789, l’abolition
des privilèges et la vente des biens du clergé notamment. Il autorise également
le retour des émigrés. En 1803 et 1804, il créé le franc ger minal et fait rédiger
un Code civil garantissant les libertés individuelles, l’égalité devant la loi ainsi que
le droit à la propriété. Il lance le pays sur la voie de la reconstruction, car pour la
première fois depuis 1792, la France est en paix avec ses voisins, après la
conquête de l’Italie (1801), et la paix avec l’Autriche et l’Angleterre (1801-1802).
En février 1804, il déjoue un complot qu’il croit destiné à faire revenir les
Bourbons sur le trône. Il fait alors enlever le duc d’Enghien exilé en Bade et le
fait exécuter.
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b. L’Empire
Apr ès un nouveau plébiscite, Bonaparte s’autoproclame « Empereur hér éditaire des Français ». Il organise fastueusement son sacre à Notre-Dame de Paris
en présence du Pape. Dès lors, il n’est plus le même homme. D’autoritaire, il devient tyran, refusant le partage du pouvoir, suppri mant les références révolutionnaires du calendrier et de la monnaie. Surtout, si l’essentiel de son œuvr e
administrative est accompli durant le Consulat, il s’attache dorénavant à concevoir un état policier : disparition des libertés de pr esse et d’opinion. Peu à Peu
également, une cour i mpériale se constitue autour de lui, aux Tuileries, à Fontainebleau, faite d’ancien nobles et d’altesses sérénissimes nouvellement promus,
soutenant un catéchisme i mpérial qui fait de Napoléon un envoyé de Dieu. Pour
sceller enfin son arrivée dans le concert des grandes familles d’Europe et fonder
sa dynastie, l’Empereur répudie Joséphine et se r emarie avec Marie-Louise, fille
de l’empereur d’Autriche et nièce de Marie-Antoinette (1810).
Cependant, l’Empire, c’est surtout la guerre. A partir de 1803, la France
doit à nouveau affronter l’Europe entière. Après la défaite de la flotte française
à Trafalgar, Napoléon décide de se concentrer sur les batailles terrestres. Il
remporte ainsi une victoire éclair contre l’Autriche à Austerlitz le 2 novembr e
1805, le 15 il est aux portes de Vienne. L’année suivante, il bat les Prussiens à
Iéna et marche sur Berlin. L’Empire se fonde pour une part sur ces victoires. Et
c’est ainsi qu’il parvient à intégrer une grande partie de l’Europe occidentale
(Belgique, Rhénanie, Hollande, une partie de l’Italie) à l’Empire, for mant 130 départements. Napoléon et ses victoires flattent alors l’orgueil national, apportant
la preuve de la supériorité de la Révolution. A l’intérieur, les conquêtes per mettent aux soldats de gravir les échelons de la reconnaissance, tandis que les richesses et impôts soutirés aux vaincus remplissent les caisses de l’Etat. Pourtant
l’agitation vient encore de l’intérieur, le peuple aspirant à la liberté qu’il espère
depuis 1789. En même temps, les guerres épuisent le pays ce qui n’arrange pas la
situation économique ; moins de bras pour travailler, moins de fonds pour entrer
dans l’ère industrielle.
A l’extérieur cependant, l’armée de Napoléon, la Grande Ar mée, est toujours plus puissante, r ecrutant des soldats dans tous les pays vaincus. Peu à peu
cependant, elle va tout perdr e : son commandement est vieillissant et épuisé, les
soldats sont de plus en plus jeunes et inexpéri ment és. Ainsi lorsque Napoléon
décide, presque en même temps, de fer mer les frontières continentales aux Anglais (blocus de 1811) et de se lancer dans la campagne de Russie (juin-novembr e
1812), sa puissance a atteint ses limites. Dès lors, la désastreuse retraite de
Russie apparaît comme un prélude à la chut e de l’Emper eur, qui essuie une lour de
défait à Leipzig en octobr e 1813 contre une coalition prusse, russe et autrichienne. L’année suivante, les coalisés entrent dans Paris ; les populations des
beaux quartiers leur font un accueil chaleureux. Le 2 avril 1814, le Sénat annonce
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la déchéance des Bonaparte et appelle le frère cadet de Louis XVI au pouvoir.
Napoléon abdique, s’exile sur l’île d’Elbe ; Louis XVIII entre triomphalement à
Paris.
c. Les Cents-jours et la fin de l’Empire
Avec le nouveau roi, c’est surtout l’espoir d’un rapide retour à la paix qui
s’installe. Le pouvoir conçoit une nouvelle constitution respectant les principes
fondamentaux de Liberté et d’Egalité. Une cour est reconstituée aux Tuileries.
Mais ces royalistes sont maladroits : ils laissent notamment le clergé multiplier
les cérémonies de pénitence collective en faveur des victimes de la Révolution ;
le 21 janvier 1815, les cendres de Louis XVI et de Marie-Antoinette sont conduites à Saint-Denis (jusque-là le couple avait été inhumé au ci metière de la Madeleine, revendu entre temps). Tout e cette repentance énerve à nouveau le peuple
et Napoléon sut une dernièr e fois se servir de cet opinion. Il débarque à GolfeJuan le 1er avril 1815 et fait une r emontée triomphale vers Paris. Le 20, il entre
aux Tuileries désertées par Louis XVIII. A nouveau, il incarne l’esprit jacobin.
Cependant, durant ces Cent jours, il ménage davantage les notables qu’il a contribué à hisser au sommet de l’Etat, qu’il ne communie avec les sans-culottes. Surtout, il veut sa revanche face aux puissances européennes. Il part donc en Belgique affronter une coalition d’Anglais et de Prussiens : le 18 juin, il est défait à
Waterloo. Le 22, il abdique en faveur de l’Aiglon, son fils d’alors 4 ans né de son
mariage avec Marie-Louise. Mais Louis XVIII revient escorté par l’armée de
Wellington et entre à nouveau dans Paris le 8 juillet. C’est la fin des Cents jours
et le terme définitif de l’Empire.
Napoléon est déporté à Ste-Hélène où il meurt en 1821. Là, il achève de
forger sa légende, publiée dans le Mémorial de Sainte-Hélène du comte de Las
Cases ; il s’y fait le champion du libéralisme, le chantre du principe des nationalités, alors qu’il les annihilées. Il fait de lui un martyr, sacrifié sur l’autel de la liberté. L’autre versant de la légende de l’Emper eur retient plutôt les aspects autoritaires, et le dévor eur des enfants de la nation. Force est de constater que
l’œuvre de Napoléon lui survivra largement. Il a porté au sommet de l’Etat une
classe de notables bourgeois, for mée dans les lycées, et pr ésent e dans
l’administration et l’armée, en remplacement de l’ancienne aristocratie. C’est ainsi
qu’il put organiser administrativement le pays, encadrer la population dans chaque département.
CONCLUSION :
Depuis 1789, plus d’un quart de siècle ont passé lorsque l’Empire s’éteint.
Entre temps, le pays a subi de nombr euses transfor mations, même si on est passé de la monarchie… à la monarchie. La Restauration des Bour bons n’a cependant
rien à voir avec l’absolutisme défendu en vain par Louis XVI : la société d’Ancien
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Régi me a disparu, par l’abolition des privilèges et donc des or dres, les grands
domaines, y compris ceux du Clergé, ont ét é divisés et vendus. La propriété
échoit désor mais à la bourgeoisie laquelle connaît une ascension fulgurant e par mi
les postes à responsabilité de l’administration et de l’armée.
Surtout, un véritable senti ment national s’est forgé durant ces épr euves.
Les Français sont devenus acteurs de leur Histoire en même que de celle de
l’Europe en intégrant l’armée. La volonté centralisatrice des Jacobins puis des
Montagnar ds exploite largement ce senti ment, après l’avoir initié. Bonaparte
n’eut plus qu’à parfaire cette unification en marche dès 1790. Avant toute chose,
il fallut découper le t erritoire national, de manière à l’administrer plus simplement et plus efficacement : départements, arrondissements, cantons et communes furent créés. Ainsi peut notamment s’organiser la fiscalité du pays si difficile à établir sous l’Ancien Régime. Ensuite, la centralisation a permis l’unification
du territoire par la suppression des droits de douanes entre région, la réaffirmation de la langue, l’uniformisation du système métrique, l’égalité devant l’impôt.
La période associe enfin les couleurs de Paris (bleu et rouge) à celle de la monarchie (blanc) pour for mer le drapeau français. C’est également à cette époque
qu’un chant de l’armée du Rhin, la Marseillaise, devient l’hymne national.
Malgré tout, l’économie française est loin d’être brillante. L’esprit
d’initiative n’a pas gagné nos frontières, en matière industrielle ainsi que dans le
domaine agricole. La faute à la violence des temps, à l’intérieur comme à
l’extérieur ; ce qui prive la France de bras et fer me des routes commerciales
dominées par les Anglais. L’industrie peine à progr esser d’autant que la demande
intérieure est énor me du fait de l’isolement international des années de l’Empire.
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