Histoire CRPE LE MOUVEMENT DES LUMIERES, LA REVOLUTION FRANÇAISE ET LE P REMIER EMPIRE Le règne de Louis XIV laisse la France dans une situation délicate. Les guerres à répétition, le train de vie fastueux de la Cour, ont laissé les finances royales dans un état déplorable, d’autant que l’économie florissante des années Colbert n’a plus d’effet, le plupart des compagnies de commerce ayant périclité à l’aube du siècle. La succession du Roi-Soleil s’ouvre en outre sur une période de Régence (1715-1723), durant laquelle Philippe d’Orléans mène une sorte de réaction au règne qui s’achève. Le régent tente de relever la situation économique de la France (système de Law) et développe le « régi me des conseils », lesquels remplacent les ministres et secrétaires d’Etat de Louis XIV ; la Cour déserte Versailles et revient à Paris. Jusqu’à la Révolution, les rois et gouvernants successifs n’auront de cesse de lutter contre le dérèglement des institutions ; la situation économique du pays ne sera jamais relevée. L’agitation religieuse (jansénistes et protestants) ne cesse de s’amplifier ; la contestation parlementaire gronde. A l’extérieur, l’opposition franco-anglaise s’internationalise à propos des possessions coloniales. Dans le dernier quart du siècle, le règne de Louis XVI ne modifie en rien situation qui devient chaque jour plus préoccupante, la cont estation s’accroît toujours plus, sur la question des privilèges notamment, jusqu’à la convocation des EtatsGénéraux en 1789, ouvrant la Révolution Française. I. Le siècle des Lumières et la contestation de l’absolutisme a. Les progrès scientifiques Le XVIII ème siècle est une période très féconde pour les progr ès scientifiques et la curiosité intellectuelle. Forts d’un intérêt accru des puissants (mécènes) comme du public, les scientifiques portent leur art à un niveau jamais atteint : dès 1665, Colbert avait fondé l’Académie des Sciences puis l’Observatoire de Paris. L’époque peut ainsi se targuer d’un engouement pour les sciences. A la suite d’un Descartes au siècle précédent, le royaume connaît de brillants mathématiciens (Pascal, d’Alembert, Monge), d’éminents astronomes (Bouger, Maupertuis, Laplace) ; Lavoisier diffuse ses travaux sur l’air et l’eau et invente la chi mie moderne, Buffon publie son Histoire naturelle. Ce mouvement scientifique dépasse très largement les frontières du royaume : citons l’anglais Newton (physique et astronomie), l’allemand Leibniz (mathématiques et philosophie), le suédois Linné (naturaliste), le hollandais Huygens (physique et astronomie). Et si la France et ses scientifiques ont une Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 1 Histoire CRPE place importante dans le processus qui s’amorce, il reste que le progrès technique, soit l’application quotidienne des travaux et expériences scientifiques, est davantage marqué outre-Manche. En témoignent les mises au point de la fonte du minerai de fer au coke, de diverses machines textiles, et de la machine à vapeur par James Watt (1780). Les progr ès de l’agronomie entraînent également le développement des cultures fourragères per mettant la suppression des jachères. b. La philosophie des Lumières Le progrès scientifique per met également, à l’image des travaux de Descartes au siècle pr écédent, de croire dans le progr ès, alors que la religion le tenait jusque-là pour suspect. Le XVIII ème siècle est celui de la raison, les philosophes des Lumières désirant substituer aux « ténèbr es » du fanatisme et de la superstition, les « lumières de raison ». La critique s’adresse certes à l’Eglise catholique, mais également à la division de la société en trois ordr es ainsi qu’à la monarchie absolue. Ils font une critique systématique de la société de leur temps, r éclamant les libertés de culte, d’opinion, de pr esse ou encore de r éunion ; ils désirent l’adoption d’un système judiciaire moins ar bitraire, sur le modèle anglais de l’Habeas Cor pus de 1679. Par suite, l’égalité naturelle des hommes est une évidence et c’est à ce titre qu’ils se font les pourfendeurs des privilèges, en demandant leur abolition. Surtout les philosophes des Lumièr es s’attaquent à la monarchie absolue, avec bien évidemment Mont esquieu qui dénonce la concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul homme et demandent qu’exécutif, législatif et judiciaire soient désor mais séparés (Esprit des lois, 1748). A part Rousseau qui est contre l’idée monarchique 1 , ils se montrent favorables à une monarchie « limitée » où le roi respecterait la séparation des pouvoirs et les libertés fondamentales de ses sujets. Diderot, par exemple, fait du roi un homme comme les autres qui, pour gouverner, doit être en accor d avec la nation. Et lorsqu’en 1734, Voltaire fait l’éloge des institutions anglaises dans les Lettres philosophiques , il prône l’instauration d’une monarchie « éclairée » dans laquelle le roi gouverne pour le bonheur de son peuple. Sur le plan religieux, la critique des Lumières n’est pas aussi radicale que le veut la « tradition ». Tous ou presque admettent l’existence de Dieu (sauf Diderot) mais ils n’accordent aucune valeur aux Eglises ainsi qu’aux dogmes, qui n’ont servi qu’à enfer mer le peuple dans un obscurantisme et une servitude desquels il faut sortir à présent. Ils s’attaquent tout particulièrement aux Jésuites, jugés intolérants, fanatiques, ralentissant le progrès intellectuel, moral et politique de leurs adeptes comme des autres. Il faut souligner que les principaux philosophes des Lumières ne sont pas d’accor d sur certains des concepts-clés de la 1 En 1762, dans le Contrat social, Rousseau développe l’idée d’une cité idéale où les droits naturels de l’individu seraient garantis, où le pouvoir appartiendrait au peuple souverain. Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 2 Histoire CRPE Révolution, comme l’égalité et la propriété : si Rousseau pr êche l’égalité contre la propriété, Voltaire, tout en dénonçant les inégalités, défend le droit de propriété et les intérêts de la bourgeoisie aux dépens de ceux du peuple ; tous, dans le domaine économique sont des libéraux. Enfin, ces idées philosophiques n’auraient pas connu un tel succès sans des moyens de diffusion à la hauteur de l’entreprise. Malgré l’opposition des autorités civiles et religieuse, la publication de ces i dées s’accélère à partir de 1750 ; des brochur es sont éditées, vendues par des colporteurs, les cafés et les salons voient fleurir les débats. Surtout, Diderot et d’Alembert commencent, à partir de 1751, la publication de l’ Encyclopédie (dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers) : au total, il s’agit de 17 volumes de text es auxquels s’ajoutent 11 volumes de planches ; 130 auteurs ont participé à l’aventure. Plutôt que d’affirmer pér emptoirement leurs idéaux et risquer ainsi la censure, les auteurs ont pr éfér é abor der de manière détournée l’ensemble des i dées des Lumièr es. On y trouve donc une critique habile des i dées politiques et religieuses ainsi qu’une apologie prudent e de t hèmes comme la raison, la foi dans le progrès, l’égalité civile, la liberté ou encore le r espect de la propriété. Il reste enfin que si les idées des Lumières connaissent un grand succès aupr ès de la bourgeoisie des grandes villes, la majorité du peuple n’y a pas accès. A l’étranger cependant, les idées des Lumières sont largement répandues ; les philosophes voyagent et trouvent parfois asile auprès des grandes cours européennes. Il faut dire que le siècle consacre le français langue « européenne », laquelle est parlée dans les grandes cours du continent. La diffusion des i dées fut ainsi facilitée. L’« école française » profita également de ces r éseaux pour étendre sa sphère d’influence qu’il s’agisse de littérature (hors Lumières) avec Marivaux, Lesage, Saint-Simon, ou encore d’architecture classique et de décoration rococo (Palais de Schönbrunn). Pour autant, de la même façon qu’il ne faut pas croire que les idées des Lumières sont partout diffusées dans le royaume et de manièr e uniforme, il convient de souligner le rejet qu’elle suscitent parfois. Il naît en effet au tournant du siècle une réaction contre les excès du rationalisme sous l’influence d’une école littéraire anglaise, faite de poèt es et de romanciers adeptes de la rêverie et de l’irrationnel (Daniel Defoe, Alexander Pope)…, préfigurant pour une part le romantisme d’un Rousseau. De manière générale, à l’aube de la Révolution, le rayonnement de la culture française en Europe est en net recul face au développement de l’influence anglaise. A l’intérieur du royaume, les Lumières n’ont pas modifié l’essentiel, à savoir que ce sont toujours les classes dirigeantes qui imposent au peuple leur doctrine, quelle qu’elle soit, maintenant ainsi la distance entre une culture savante et une culture populaire. Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 3 Histoire CRPE c. Un triple contexte de crise Si elles sont largement présentes auprès des cours européennes, les idées des Lumièr es, conçues pour une part comme une dénonciation de l’absolutisme à la française, n’ont que peu d’écho au sommet de l’Etat. Au contraire, Louis XV, après l’épisode de la Régence, ne fait que r éaffir mer la doctrine absolutiste : de 1723 à 1743, il s’adjoint les services du car dinal Fleury (1 er ministre) et de Philibert Orry (contrôleur général des finances) ; à la mort de Fleury (1743), il décide de gouverner seul, sans premier ministre. En même temps, la cour devient le centre de tout es les intrigues, incarnées par la Pompadour, maîtresse du Roi, faisant et défaisant les carrières et les réputations, soutenant la publication de l’Encyclopédie. Surtout, Louis XV s’enferme dans une politique sourde et aveugle aux aspirations de son siècle : non content de refuser audience aux « idées nouvelles », il refuse à la noblesse des parlements l’exercice du droit de r emontrance et promulgue un nouvel impôt auquel seul le clergé n’est pas soumis. A l’aide de ses conseillers, il tente d’atténuer le poids de la noblesse au profit de l’absolutisme royal. En 1771, le divorce est consommé, Maupeou renvoie le Parlement de Paris, puis le remplace par des Conseils supérieurs où les magistrats ne sont plus propriétaires de leurs charges et sont nommés par le Roi. A sa mort en 1774, le royaume que Louis XV laisse à son petit-fils est en proie à de nombreuses agitations : le roi est impopulaire, il augmente les impôts et dispute à la noblesse le pouvoir absolu. Même s’il rappelle les Parlements, Louis XVI se heurte à la même crise politique, économique et sociale qui ne cesse de hant er le royaume depuis des décennies. Son caractèr e « faible et irrésolu », l’obstination de son entourage à ne rien céder sur les privilèges et à saboter le travail de ses ministres successifs, ne lui per mettent de prévenir le déclin du système qu’il incarne. Par le recouvrement du droit de remontrance, les parlementaires entrent à nouveaux en opposition avec la monarchie à propos de l’impôt. Mais ce n’est pas tout : le budget de l’Etat est au plus bas et si les ministres successifs de Louis XV avaient réussi à stabiliser les déficits, l’aventure américaine achève de ruiner la couronne. Partout dans le royaume mont e l’exaspération face à un système en faillite à tous les points de vue. L es tensions sociales sont de plus en plus marquées entre une noblesse, parfois désar gent ée, mais voulant gar der ses privilèges et une bourgeoisie, riche, et séduite par les idées libérales des Lumières ; il faut enfin retenir le mécont entement de la paysannerie qui supporte l’essentiel de la fiscalité et doit subir de mauvaises récoltes à partir de 1786, ce qui entraîne disette et hausse des prix. Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 4 Histoire CRPE II. La Révolution Française, le peuple et l’Histoire En 1787, Loménie de Brienne succède à Calonne à la tête des finances de l’Etat. La situation ne s’est guère améliorée. Comme ses pr édécesseurs, Brienne envisage d’abolir quelques privilèges et de soumettre la noblesse à l’impôt (subvention territoriale sur les domaines) : il propose notamment de r éduire le train de vie de la cour, de r emplacer les intendants de province ; il prévoit surtout de donner un état-civil aux protestants et de suppri mer la question (torture). Certaines des idées ayant triomphé avec la Révolution sont donc dans l’air du temps. Une fois encore, le Parlement de Paris s’oppose à la volonté réfor matrice ; l’édit du 8 mai 1788 le dépouille de ses attributions. Partout en France cependant, la grogne monte, le peuple s’agite pour réclamer le rétablissement des Parlements, seule alternative à l’absolutisme royal. Devant cette « révolution de notables », Louis XVI finit par capituler : il rétablit les parlements dans leurs pr érogatives et décide surtout, avec Brienne, de convoquer les Etats-généraux pour le 1er mai 1789. A ce stade, on peut dire que la noblesse a porté un premier coup au pouvoir versaillais mais dès à présent se pose la question de la composition des futurs Etats-Généraux, car les parlementaires n’entendent pas associer l’ensemble du ressentiment populaire à leur opposition à l’absolutisme. Ainsi ne veulent-ils pas d’une représentation proportionnelle des trois ordres, ce qui signifierait qu’ils seraient largement minoritaires face au Tiers-Etat. C’est au Roi qu’il revient de trancher , il décide du doublement du nombre des représentants du Tiers-Etat, sans pour autant déter miner si les votes se feront par or dre ou par tête. a. Les Etats-généraux et l’homme-citoyen Dans les premières années de 1789, l’époque est électrique, des émeutes éclatent çà et là. L’abbé Sieyès diffuse avec succès ses pamphlets Essai sur les privilèges et Qu’est ce que le Tiers-Etat. Dans les cafés parisiens, les loges maçonniques, les clubs, on se réunit pour débattre. Le royaume tout entier se consacre à la rédaction de quelques 60 000 cahiers de doléances, lesquels doivent porter à la connaissance du Roi, l’ampleur de la contestation populaire. Il ressort cependant que ces « cahiers » montrent un peuple majoritairement attaché à la personne du Roi, mais désireux de limiter son pouvoir absolu, un peuple avide de liberté individuelle et d’expression ; l’autorité morale de l’Eglise n’est pas remise en cause. Dès l’ouverture des Etats-généraux, le 5 mai 1789 à Versailles, les députés du Tiers se montrent très unis et davantage prépar és sur les questions constitutionnelles. Paralysant les débats, ils font passer au second plan les motions financières du roi et de ses ministres. Le 10 juin, Sieyès déci de qu’il faut quitter le terrain de la légalité et le 17, le Tiers se déclare Assembl ée Nationale, déniant aux autres ordr es le droit de légiférer. Et le 20 juin, lorsque le Roi fait fer mer Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 5 Histoire CRPE la salle des Menus plaisirs où ils se réunissent, les repr ésentants du Tiers s’installent dans la salle du jeu de Paume en faisant le Ser ment de rester r éunis jusqu’à ce qu’une constitution soit établie pour le royaume. En menaçant de dissolution les députés du Tiers le 23, le Roi signe l’acte de décès de la monarchie : le lendemain, la majorité du Clergé rejoint le Tiers, le 25, 47 déput és nobles font de même (dont le duc d’Orléans, cousin du Roi et futur Philippe-Egalité). Le 27 juin, c’est la mort dans l’âme que Louis XVI demande aux déput és du clergé et de la noblesse de rejoindre ceux du Tiers dans l’Assemblée nationale. Le 9 juillet, l’Assemblée nationale se déclare constituante, signant ainsi la fin de la monarchie absolue, et affirmant la volonté politique de la Nation. Rapi dement, l’esprit de révolution gagne le peuple. Paris s’enflamme peu à peu ; Camille Desmoulins démarre sa carrière de tribun au Palais Royal. Tous s’inquiètent de la réaction royale, d’autant que Louis XVI a fait rassembler ses troupes autour de Paris et de Versailles, sous le prétexte d’une aggravation de la disette. Les Parisiens constituent une municipalité dotée d’une milice, la Gar de nationale. Le peuple s’arme ; la nuit du 13 au 14 juillet ne connaît pas l’obscurité. Et le 14, les Patriotes marchent sur la Bastille, symbole de l’arbitraire et dépôt d’armes. Les combats font une centaine de morts avant que les occupants ne se rendent ; les 7 prisonniers sont libérés, et les 6 gardes restant sont exécutés, leurs têtes coupées promenées au bout de piques. Devant une telle démonstration, Louis XVI cède, et accept e de se rendr e à l’Assemblée le 15 où il consacr e les nouvelles autorités nées de l’insurrection. L’écho des événements parisiens se répand rapidement en province et les Patriotes s’organisent, prenant les ar mes en même t emps que les charges de police, de justice et d’approvisionnement en nourriture. Mais dès le 20 juillet, la peur gagne les campagnes après que la rumeur ait exacer bé la haine des paysans envers les aristocrates. La propriété est alors menacée, ceci ne concernant par uniquement la noblesse. Le jeune pouvoir se trouve alors dans une impasse car intervenir pour défendre les propriétaires revient à agir comme l’aurait fait la monarchie. Au contraire, il est décider de sépar er la propriété féodale de la propriété simple, et la nuit du 4 août 1789 sonne l’abolition des privilèges ; politique jusque-là, la Révolution devient sociale en mettant fin à la société des trois ordres. L’Ancien-régi me est mort, il faut maintenant jeter les bases d’une sociét é nouvelle fondée sur des principes d’égalité et de liberté. Le 26 août, les déput és votent la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen par laquelle sont proclamées les libertés d’opinion, de croyance, d’expression et de presse, l’égalité civile, fiscale et judiciaire (présomption d’innocence). Sont en outre garanties la propriété privée, la souveraineté de la nation et la séparation des pouvoirs. La Déclaration a beau être « révolutionnaire », elle n’en demeure pas moins de circonstance : les efforts de Robespierre ne suffisent pas à faire abolir l’esclavage Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 6 Histoire CRPE dans les colonies, de même que sont oubliées la liberté économique, le suffrage universel ou l’égalité des sexes. Le Roi conserve d’ailleurs un droit de veto t héorique sur tout cela. Le 5 octobre, à l’initiative d’un groupe de femmes réclamant du pain, une foule de Parisiens exaspérés se rend à Versailles, encadr ée par les gardes nationaux de La Fayette. Le 6 au matin, le château est le t héâtre d’un véritable massacre. Les réserves de blé du palais sont pillées et ramenées à Paris en même temps que Louis XVI, Marie-Antoinette et le dauphin. b. La fin de la monarchie Quelques mois plus tard, le 14 juillet 1790, La Fayette organise à Paris la première fête de la Fédération. La Révolution est-elle terminée pour autant ? Sans doute un pr emier volet s’achève-t-il entre 1789 et la proclamation de la première constitution française le 3 septembr e 1791 ; d’absolue, la monarchie est en passe de devenir constitutionnelle. Le pays est réorganisé, divisé en 83 départements. Pour contribuer à la réduction des problèmes financiers, l’Etat sécularise et vend les biens de l’Eglise tout en instaurant la constitution civile du clergé, lequel devient un adversaire de la Révolution après avoir contribué à son déclenchement. La fuite du Roi dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 compromet définitivement l’espoir de voir s’instaurer une véritable monarchie constitutionnelle. Sur la question du Roi, les Patriotes sont divisés, mais à côté des Cor deliers, républicains (Danton, Marat), des Jacobins, favorables à la régence de Philippe d’Orléans, la majorité des parlementaires, les « constitutionnels », restent fidèles au Roi et le rétablissent dans ses fonctions dès le 15 juillet. Le lendemain, les Cordeliers lancent une pétition pour demander la destitution de Louis XVI et la garde nationale reçoit ordr e de tirer sur la foule massée sur le Champ de Mars à cette occasion ; ceci constituant une rupture i mportante par les Patriotes. Les clivages se durcissent plus encore et Louis XVI en joue pour empêcher le fonctionnement de cette monarchie constitutionnelle à laquelle il ne croit pas. Durant cet été 1791, la menace va également venir de l’extérieur, après que le roi de Prusse et l’empereur d’Autriche (frère de Marie-Antoinette) aient proposé leurs services afin de réinstaller Louis XVI dans ses prérogatives. L’idée d’une guerre mûrit rapidement par mi les Patriotes, certains la pensant même salutaire face aux despotes européens. Paradoxalement, le Roi se montre favorable à ce conflit, il croît surtout retrouver la confiance du peuple après l’échec des armées de la Révolution. L’assemblée déclare donc la guerr e à l’Autriche le 20 avril 1792 ; Robespierre s’y est opposé, en vain. Comme prévu par Louis XVI, l’armée française subit de nombr eux r evers et les généraux français, tous nobles, sont accusés de trahison. A Paris, le peuple s’ar me à nouveau, contre le « complot aristocratique », contre le « comité autrichien » de la Cour. Pour Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 7 Histoire CRPE l’anniversaire du Ser ment du jeu de Paume, le 20 juin, le peuple envahit les Tuileries et oblige le Roi à coiffer le bonnet phrygien. Les Parisiens se sentent en danger , surtout après l’entrée en guerre de la Prusse ; si les ennemis de la Rév olution parvenaient jusqu’à la capitale, il ne fait guèr e de doute que la ville serait livrée au massacre. Dans la nuit du 9 au 10 août, la commune insurrectionnelle oblige le Roi à quitter les Tuileries pour se réfugier à l’Assemblée, laquelle pressée par la volonté populaire suspend le Roi et le fait enfer mer à la prison du Temple avec sa famille. En même temps, elle déci de de l’élection au suffrage universel d’une Convention nationale chargée de r édiger une nouvelle constitution, sans roi. c. La Convention Le 21 septembr e 1792, au lendemain de la victoire des sans-culottes sur les Prussiens à Val my, la Convention abolit la royauté à l’unanimité de ses 749 membr es, le lendemain démarre l’An I de la 1ère République déclarée « une et indivisible » le 25. Comme pour la Constituante, la Convention est animée de nombreux clivages : citons les Girondins, environ 160 déput és, adeptes de la décentralisation (Brissot) ; les Montagnar ds, environ 260 déput és, autoritaires et centralisateurs (Robespierre, Marat, Danton, Desmoulins…) ; la Plaine ou encore le Marais, majoritaires et modér és (Sieyès). L es conventuels vont notamment s’invectiver à propos du sort du Roi. A l’ouverture de son procès le 11 décembr e 1792, St Just et Robespierre réclament l’exécution i mmédiate tandis que la majorité tient à préserver la légalité des débats. La mort est finalement votée, et si les Girondins demandent un sursis, la Plaine et la Montagne se retrouvent pour le rejeter ; Louis XVI est décapité le 21 janvier 1793. Dès le printemps cependant, le soulèvement de Vendée marque une nouvelle étape, celle de la Terreur. La Convention vote des mesur es extraor dinaires auxquelles les Girondins s’opposent ; 29 d’entre eux sont arrêtés le 2 juin. Des villes de Province commencent à se soulever contre les Montagnar ds ; le symbole en est Charlotte Cor day venue de Nor mandie pour assassiner Marat le 13 juillet. La « contre-Révolution » menace. Le 17 septembre, la Convention vote la loi des suspects, instaurant des mesures d’exception destinées à mater les opposants. Le Tribunal Révolutionnaire rend alors des jugements exécutés dans les 24 heures. A Paris, Fouquier-Tinville est l’accusateur public : d’avril 1793 à mai 1795, 5343 suspects sont arrêtés, 2747 sont condamnés à mort dont plus de la moitié entre juin et juillet 1794 (grande Terreur ). La province connaît une situation identique, les clubs de Jacobins de montrant particulièrement zélés dans cette tâche épuratoire : on parle de 500 000 arrestations, 16 600 morts ; les guerres de Vendée auraient fait entre 120 et 150 000 morts. Le vœu de fonder une République idéale, débarrassée des « comploteurs », s’éloigne à mesure que la violence s’exaspèr e. Robespierre en vient à assi miler l’opposition politique, le désacLe Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 8 Histoire CRPE cord à un complot contre la Révolution du peuple : dans sa logique, il élimine au printemps 1794 deux i mportants courants de la Convention, les « indulgents » désireux de mettre un ter me aux effusions de sang (D esmoulins, Danton) ainsi que les exagér és qui lui disputent le monopole de la violence (Hebert, Chaumette). La loi du 22 prairial accentue la répression et per met l’exécution de 1500 personnes en 7 semaines. Pendant ce temps la menace aux frontières disparaît. Peu à peu cependant, Robespierre et ses quelques amis sont esseulés. Et le 9 ther midor (27 juillet 1794), la Convention fait arrêter Robespierre et St Just qui sont exécutés avec une vingtaine de partisans dès le lendemain, ce, malgré la mobilisation de la Commune de Paris. d. Le Directoire Un an plus tard, le 22 août 1795, la constitution de l’An III est votée ; elle se veut confor me aux idéaux de 1789 et fidèle à l’esprit des Lumières. Les thermi doriens constituent un nouveau type de gouvernement, le Directoire : le corps exécutif est composé de cinq membres direct eurs, tandis que le corps législatif se décline en un Conseil des Cinq Cents et un Conseil des Anciens, élus au suffrage censitaire. Mais les nouvelles institutions ne peuvent empêcher une fois encor e le déchaînement de violence face à la révolte royaliste de la Terreur blanche. En même t emps, l’Etat est ruiné par les guerres à l’intérieur comme à l’extérieur. Le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795) 25 000 insurgés sont dispersés par les canons de Bonaparte ; l’armée sauve le régime une pr emière fois. Deux ans plus tard (17-18 Fructidor an V/3-4 septembr e 1797), l’armée répri me l’opposition royaliste qui vient pourtant de gagner les élections. Les institutions de l’An III sont mortes. III. B ONAPARTE ET LE PREMIER E MPIRE En tant que militaire, le général Bonaparte s’est tout d’abor d illustré dans les guerres de la Révolution, notamment lors de la reprise de Toulon aux Anglais (1793) ; c’est à ce titre qu’il est remarqué par le frèr e de Robespierre. Compr omis avec les amis de ce dernier, il est dégradé par Cambacér ès au mois de septembre 1795, avant d’être rappelé par le tombeur de l’« incorruptible », Paul Barras. Lequel est alors l’un des hommes fort du Directoire (général en chef de l’armée de l’intérieur puis directeur) et il compte sur Bonaparte, nouvellement nommé général, pour mater l’insurrection royaliste. Avant de se voir confier le commandement en chef de l’armée d’Italie, Bonaparte remplace Barras à la têt e de l’armée de l’intérieur et épouse la maîtresse de ce dernier, Joséphine de Beauharnais. Il va de victoire en victoire et vante largement ses mérites via une stratégie de communication très poussée pour l’époque (Arcole, Rivoli). Bonaparte devient peu à peu gênant pour le Directoire qui décide de l’envoyer en Egypt e avec pour mission de barrer la route de l’Inde aux Anglais. Loin de vivre cette Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 9 Histoire CRPE situation comme un exil déguisé, Bonaparte profite de l’occasion qui s’offre à lui pour concevoir une véritable expédition scientifique en s’entourant de naturalistes et de scientifiques dont Champollion (1798-1799). a. Le coup d’Etat du 18 brumaire et le Consulat Lorsqu’au début du mois d’octobre 1799, Bonaparte revient en France, il trouve son pays dans un piteux état. Partout, le peuple souffre, hanté par la violence passée et présente, celle des royalistes, des chouans et des nombr eux brigands. Ironie de l’Histoire, le Directeur d’alors n’être autre que l’abbé Sieyès qui, élu depuis mai, cherche à i mposer un exécutif fort ; son vœu le plus cher est de terminer enfin cette Révolution qu’il a largement contribué à déclencher. Avec Bonaparte, il prépare le coup d’Etat des 18 et 19 brumaire (9 et 10 novembr e 1799) ; il est nommé consul provisoire au côté de Bonaparte et de Ducos. La constitution de l’An VIII est rapidement adopt ée, grâce au trucage des vot es des Conseils orchestré par Lucien Bonaparte, frèr e de Napoléon. Le consulat est organisé autour d’un triumvirat : le Premier consul reçoit l’essentiel des pouv oirs (initiative des lois, politique étrangèr e, désignation des juges et des hauts fonctionnaires) tandis que les deux autres représentent un moyen commode de réunir le moderne et l’ancien avec Cambacérès le régicide, et Lebrun, l’ancien secrétaire de Maupéou, ministre de Louis XVI. Sieyès est trahi par Napoléon mais reste un personnage très important du Consulat, en sa qualité de président du Sénat. Assuré de la stabilité de son pouvoir par les plébiscites de 1799 et de 1802 (consul à vie), Napoléon Bonaparte s’attache à clore la Révolution. Il recompose tout d’abor d une administration, en nommant à la tête de chaque département des pr éfets par mi d’anciens Montagnar ds comme d’ancien royalistes. Cette centralisation s’accompagne de la for mation d’un personnel compétent et tout dévoué au service de la Nation dans les premiers lycées d’Etat. Son œuvre de « réconciliation nationale » se poursuit par la signature du Concor dat avec le Pape (1801), réhabilitant ainsi un catholicisme qu’il estime garant de l’ordre social. Il maintient enfin les principaux acquis de la Révolution de 1789, l’abolition des privilèges et la vente des biens du clergé notamment. Il autorise également le retour des émigrés. En 1803 et 1804, il créé le franc ger minal et fait rédiger un Code civil garantissant les libertés individuelles, l’égalité devant la loi ainsi que le droit à la propriété. Il lance le pays sur la voie de la reconstruction, car pour la première fois depuis 1792, la France est en paix avec ses voisins, après la conquête de l’Italie (1801), et la paix avec l’Autriche et l’Angleterre (1801-1802). En février 1804, il déjoue un complot qu’il croit destiné à faire revenir les Bourbons sur le trône. Il fait alors enlever le duc d’Enghien exilé en Bade et le fait exécuter. Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 10 Histoire CRPE b. L’Empire Apr ès un nouveau plébiscite, Bonaparte s’autoproclame « Empereur hér éditaire des Français ». Il organise fastueusement son sacre à Notre-Dame de Paris en présence du Pape. Dès lors, il n’est plus le même homme. D’autoritaire, il devient tyran, refusant le partage du pouvoir, suppri mant les références révolutionnaires du calendrier et de la monnaie. Surtout, si l’essentiel de son œuvr e administrative est accompli durant le Consulat, il s’attache dorénavant à concevoir un état policier : disparition des libertés de pr esse et d’opinion. Peu à Peu également, une cour i mpériale se constitue autour de lui, aux Tuileries, à Fontainebleau, faite d’ancien nobles et d’altesses sérénissimes nouvellement promus, soutenant un catéchisme i mpérial qui fait de Napoléon un envoyé de Dieu. Pour sceller enfin son arrivée dans le concert des grandes familles d’Europe et fonder sa dynastie, l’Empereur répudie Joséphine et se r emarie avec Marie-Louise, fille de l’empereur d’Autriche et nièce de Marie-Antoinette (1810). Cependant, l’Empire, c’est surtout la guerre. A partir de 1803, la France doit à nouveau affronter l’Europe entière. Après la défaite de la flotte française à Trafalgar, Napoléon décide de se concentrer sur les batailles terrestres. Il remporte ainsi une victoire éclair contre l’Autriche à Austerlitz le 2 novembr e 1805, le 15 il est aux portes de Vienne. L’année suivante, il bat les Prussiens à Iéna et marche sur Berlin. L’Empire se fonde pour une part sur ces victoires. Et c’est ainsi qu’il parvient à intégrer une grande partie de l’Europe occidentale (Belgique, Rhénanie, Hollande, une partie de l’Italie) à l’Empire, for mant 130 départements. Napoléon et ses victoires flattent alors l’orgueil national, apportant la preuve de la supériorité de la Révolution. A l’intérieur, les conquêtes per mettent aux soldats de gravir les échelons de la reconnaissance, tandis que les richesses et impôts soutirés aux vaincus remplissent les caisses de l’Etat. Pourtant l’agitation vient encore de l’intérieur, le peuple aspirant à la liberté qu’il espère depuis 1789. En même temps, les guerres épuisent le pays ce qui n’arrange pas la situation économique ; moins de bras pour travailler, moins de fonds pour entrer dans l’ère industrielle. A l’extérieur cependant, l’armée de Napoléon, la Grande Ar mée, est toujours plus puissante, r ecrutant des soldats dans tous les pays vaincus. Peu à peu cependant, elle va tout perdr e : son commandement est vieillissant et épuisé, les soldats sont de plus en plus jeunes et inexpéri ment és. Ainsi lorsque Napoléon décide, presque en même temps, de fer mer les frontières continentales aux Anglais (blocus de 1811) et de se lancer dans la campagne de Russie (juin-novembr e 1812), sa puissance a atteint ses limites. Dès lors, la désastreuse retraite de Russie apparaît comme un prélude à la chut e de l’Emper eur, qui essuie une lour de défait à Leipzig en octobr e 1813 contre une coalition prusse, russe et autrichienne. L’année suivante, les coalisés entrent dans Paris ; les populations des beaux quartiers leur font un accueil chaleureux. Le 2 avril 1814, le Sénat annonce Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 11 Histoire CRPE la déchéance des Bonaparte et appelle le frère cadet de Louis XVI au pouvoir. Napoléon abdique, s’exile sur l’île d’Elbe ; Louis XVIII entre triomphalement à Paris. c. Les Cents-jours et la fin de l’Empire Avec le nouveau roi, c’est surtout l’espoir d’un rapide retour à la paix qui s’installe. Le pouvoir conçoit une nouvelle constitution respectant les principes fondamentaux de Liberté et d’Egalité. Une cour est reconstituée aux Tuileries. Mais ces royalistes sont maladroits : ils laissent notamment le clergé multiplier les cérémonies de pénitence collective en faveur des victimes de la Révolution ; le 21 janvier 1815, les cendres de Louis XVI et de Marie-Antoinette sont conduites à Saint-Denis (jusque-là le couple avait été inhumé au ci metière de la Madeleine, revendu entre temps). Tout e cette repentance énerve à nouveau le peuple et Napoléon sut une dernièr e fois se servir de cet opinion. Il débarque à GolfeJuan le 1er avril 1815 et fait une r emontée triomphale vers Paris. Le 20, il entre aux Tuileries désertées par Louis XVIII. A nouveau, il incarne l’esprit jacobin. Cependant, durant ces Cent jours, il ménage davantage les notables qu’il a contribué à hisser au sommet de l’Etat, qu’il ne communie avec les sans-culottes. Surtout, il veut sa revanche face aux puissances européennes. Il part donc en Belgique affronter une coalition d’Anglais et de Prussiens : le 18 juin, il est défait à Waterloo. Le 22, il abdique en faveur de l’Aiglon, son fils d’alors 4 ans né de son mariage avec Marie-Louise. Mais Louis XVIII revient escorté par l’armée de Wellington et entre à nouveau dans Paris le 8 juillet. C’est la fin des Cents jours et le terme définitif de l’Empire. Napoléon est déporté à Ste-Hélène où il meurt en 1821. Là, il achève de forger sa légende, publiée dans le Mémorial de Sainte-Hélène du comte de Las Cases ; il s’y fait le champion du libéralisme, le chantre du principe des nationalités, alors qu’il les annihilées. Il fait de lui un martyr, sacrifié sur l’autel de la liberté. L’autre versant de la légende de l’Emper eur retient plutôt les aspects autoritaires, et le dévor eur des enfants de la nation. Force est de constater que l’œuvre de Napoléon lui survivra largement. Il a porté au sommet de l’Etat une classe de notables bourgeois, for mée dans les lycées, et pr ésent e dans l’administration et l’armée, en remplacement de l’ancienne aristocratie. C’est ainsi qu’il put organiser administrativement le pays, encadrer la population dans chaque département. CONCLUSION : Depuis 1789, plus d’un quart de siècle ont passé lorsque l’Empire s’éteint. Entre temps, le pays a subi de nombr euses transfor mations, même si on est passé de la monarchie… à la monarchie. La Restauration des Bour bons n’a cependant rien à voir avec l’absolutisme défendu en vain par Louis XVI : la société d’Ancien Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 12 Histoire CRPE Régi me a disparu, par l’abolition des privilèges et donc des or dres, les grands domaines, y compris ceux du Clergé, ont ét é divisés et vendus. La propriété échoit désor mais à la bourgeoisie laquelle connaît une ascension fulgurant e par mi les postes à responsabilité de l’administration et de l’armée. Surtout, un véritable senti ment national s’est forgé durant ces épr euves. Les Français sont devenus acteurs de leur Histoire en même que de celle de l’Europe en intégrant l’armée. La volonté centralisatrice des Jacobins puis des Montagnar ds exploite largement ce senti ment, après l’avoir initié. Bonaparte n’eut plus qu’à parfaire cette unification en marche dès 1790. Avant toute chose, il fallut découper le t erritoire national, de manière à l’administrer plus simplement et plus efficacement : départements, arrondissements, cantons et communes furent créés. Ainsi peut notamment s’organiser la fiscalité du pays si difficile à établir sous l’Ancien Régime. Ensuite, la centralisation a permis l’unification du territoire par la suppression des droits de douanes entre région, la réaffirmation de la langue, l’uniformisation du système métrique, l’égalité devant l’impôt. La période associe enfin les couleurs de Paris (bleu et rouge) à celle de la monarchie (blanc) pour for mer le drapeau français. C’est également à cette époque qu’un chant de l’armée du Rhin, la Marseillaise, devient l’hymne national. Malgré tout, l’économie française est loin d’être brillante. L’esprit d’initiative n’a pas gagné nos frontières, en matière industrielle ainsi que dans le domaine agricole. La faute à la violence des temps, à l’intérieur comme à l’extérieur ; ce qui prive la France de bras et fer me des routes commerciales dominées par les Anglais. L’industrie peine à progr esser d’autant que la demande intérieure est énor me du fait de l’isolement international des années de l’Empire. Le Mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier Empire Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 13