conservation de la biodiversite et developpement local : l

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UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT-LOUIS
UFR - LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
SECTION GEOGRAPHIE / LABORATOIRE LEÏDI
OPTION : ECOSYSTEME ET ENVIRONNEMENT
MEMOIRE DE MASTER II
Présenté par : Ousseynou NIANG
Sous la direction de : Serigne Modou FALL
Chargé d‟enseignement
Année académique : 2009-2010
CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE ET
DEVELOPPEMENT LOCAL : L’AIRE MARINE
PROTEGEE DE SAINT-LOUIS
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INTRODUCTION GENERALE
1) CONTEXTE GENERAL
Les impacts de la pêche sur les écosystèmes marins et côtiers sont de nos jours
régulièrement mis en cause, aussi bien dans les médias que dans les revues scientifiques. Les
principaux mots-clés du discours sont surexploitation des stocks, pillage des ressources par la
pêche illégale, dégradation des milieux et altération de la biodiversité, menace sur les espèces-
cibles ou accidentellement capturées comme le „„Thioof’’ (
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) et les tortues marines au Sénégal.
En novembre 2006, la critique a culminé avec l‟annonce faite dans un article publié dans la
fameuse revue américaine Science d‟un possible effondrement des pêcheries mondiales en
2048.
Le constat procède de la reconnaissance de l‟insuffisance des mesures actuelles de
conservation et du contrôle de leur application. Mieux, il est aujourd‟hui reconnu que les
mesures de conservation ne permettent pas de contrecarrer efficacement les logiques
individuelles de concurrence pour l‟accès aux ressources marines et côtières.
Pour rompre le cercle vicieux de la surcapacité et de la surexploitation, la communauté
internationale réunie à Durban en 2003 a recommandé la création d‟aires marines protégées
pour le renforcement des mesures de conservation des ressources halieutiques.
Cependant, la logique qui soutend la mise en place des AMP veut que ces dernières soient
comprises comme étant un dispositif d‟intégration de la conservation des écosystèmes et des
ressources aux dimensions économique et sociale au niveau local et national.
Cette logique remet en scelle la question des rapports entre les aires protégées et leur
périphérie avec l‟introduction de nouveaux paradigmes qui ont pour nom : participation aux
efforts de conservation, gestion concertée ou encore cogestion.
Ainsi, au-delà de la dimension participative à la conservation des ressources naturelles, les
rapports qui lient les aires protégées et leur périphérie constituent une dimension évidente des
réseaux qui structurent et animent les territoires.
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Nom wolof pour désigner le mérou blanc (Epinephlus aeneus), espèce démersale côtière
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L‟Aire Marine Protégée de Saint-Louis constitue un espace d‟observation intéressant à
cet égard. Elle vit de plein fouet une des spécificités sénégalaises les plus marquantes en
matière de gestion des ressources halieutiques, caractérisée d‟une part par une augmentation
de l‟effort de pêche et d‟autre part, par une volonté de l‟Etat de renforcer le régime de gestion
intégrée de son domaine maritime et côtière.
C‟est dans ce cadre, que nous essayons de comprendre la création de l‟AMP de Saint-
Louis dans le cadre d‟une redynamisation du secteur de la pêche, levier principal de
développement au profit des acteurs locaux.
A cet effet, nous nous proposons à travers ce thème, de faire une recherche axée sur
les liens ou rapports entre conservation de la biodiversité et développement local. Ce qui
inscrit naturellement notre thème, dans le cadre général des recherches en cours dans
plusieurs pays, sur comment concilier la conservation de la biodiversité et le développement ?
Dans cette optique, nous partons du consensus qui semble se dégager autour de la nécessité de
lier conservation des ressources naturelles et développement, pour se poser la question du
comment la gestion de l‟aire marine protégée de Saint-Louis intègre la dimension du
développement qui doit, avant tout prendre ses racines au niveau local ?
Dès lors et tenant compte du contexte actuel de l‟AMP de Saint-Louis, notre problème général
de recherche est de savoir, pourquoi cette aire protégée peine à contribuer de façon
effectivement au développement local de sa périphérie ?
Telle est la question majeure à la quelle tente de répondre ce présent travail de
recherche qui se propose de dégager des pistes de réflexion mais aussi de définir des stratégies
de gestion basées sur les réseaux et les formes de solidarité spatiale négligées jusque là par la
politique de conservation.
Dans cette perspective, ce document est structuré en deux phases principales qui
concourent avant tout, à poser de façon explicite la problématique de recherche qui est ensuite
traitée à travers trois hypothèses de départ développées en trois principales parties.
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2) PROBLEMATIQUE
Le littoral nord sénégalais à l‟image du littoral des pays de la sous région ouest africaine, est
le lieu d‟exercice de nombreuses activités humaines d‟intérêt économique. Cependant, force
est de reconnaitre que ces activités reposent sur un espace sensible qui montrent parfois des
signes de dégradation inquiétants : destruction d‟habitats naturels, pollutions, érosion,
salinisation des sols etc.
Les ressources halieutiques quant à elles ont sensiblement diminué au cours des dernières
années, en raison d‟une pression humaine souvent excessive et mal contrôlée. Ce qui installe
la pêche, principale activité des communautés locales, dans une crise profonde. Pourtant, la
pêche présente encore un caractère vital pour les populations du littoral nord sénégalais, non
seulement en termes économiques mais aussi vis à vis de la sécurité alimentaire.
Par ailleurs, le littoral nord, grâce à un effort de conservation relativement bon de ces
écosystèmes, est le lieu de concentration d‟une biodiversité rarissime comparée au reste du
pays : nombreux cétacés (baleine, dauphin, phoque, etc.), colonies de reproduction de tortues
marines, colonies d‟oiseaux d‟eau et les plus grands rassemblements mondiaux de limicoles
en hivernage, soit près de quatre (4) millions d‟individus provenant des lieux de reproduction
européens. Cette faune occupe une place privilégiée dans la culture des sociétés du littoral,
comme c‟est le cas des tortues marines présentes dans la cosmogonie de la plupart des
communautés pêcheurs.
De même, ces espèces contribuent au potentiel touristique du littoral même si ce potentiel est
encore largement sous-exploité.
Cependant, la diversité biologique est menacée pour un ensemble de raisons : augmentation
de l‟effort de pêche avec des engins peu respectueux de la nature, prélèvements directs
(requins, tortues marines), accidentels (dauphins, tortues ou lamantins capturés dans les filets)
ou encore dégradation de l‟environnement (érosion, dégradation des mangroves, barrages,
pollutions provoquées par les activités humaines sur la partie terrestre du littoral)…
L‟évolution rapide de la situation ainsi que les difficultés de planification et de concertation
intersectorielle ont conduit à une dégradation du milieu et des ressources et, consécutivement,
à une aggravation de la pauvreté des populations locales.
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A son tour cette pauvreté, faute d‟alternative, entraîne des modes d‟exploitation non durables
tels que la pêche de juvéniles, la capture de raies et de requins pour leurs ailerons ou encore
l‟usage d‟engins ayant un fort impact négatif sur l‟environnement marin tels que les filets
monofilaments.
L‟Aire Marine Protégée de Saint-Louis (AMP-SL), terrain de cette présente étude, est située
au cœur du littoral nord sénégalais et constitue à bien des égards un cas intéressant en matière
de conservation de la biodiversité marine et côtière dans un contexte marqué par un risque de
péjoration des conditions climatiques et une rareté des ressources halieutiques, qui a fini
d‟instaurer une situation de crise dans le secteur de la pêche qui est le principal levier de
développement des communautés locales.
Créée par décret 2004-1408 du 04 novembre 2004, au même titre que quatre autres AMP
situées dans les localités de Abbéné (Casamance), Bamboung (Delta du Saloum), Joal (Petite
côte), Kayar (grande côte) ; l‟AMP de Saint-Louis a pour vocation de contribuer à la
conservation de la biodiversité marine et côtière dans une perspective de développement local.
Cet option s‟est clairement exprimée dans le rapport de présentation du décret de création des
AMP qui précise que « la promotion des aires marines protégées constitue un avantage
certain pour la conservation de la structure, du fonctionnement et de la diversité des
écosystèmes ; de leur reconstitution en cas de gradation ; l’amélioration du rendement de
la pêche et des retombées sociales et économiques pour les communautés locales.».
Ainsi, pour préserver les capacités de la zone côtière en termes de potentiel de développement
au bénéfice des populations, l‟Etat du Sénégal a entrepris la mise en place des AMP qui visent
à renforcer le régime de gestion intégrée de ses zones marines et côtières.
Dans un tel contexte, l‟AMP de Saint-Louis est appelée à jouer un rôle important dans
le lien nécessaire et presque admis entre conservation de la biodiversité et développement
local. En effet, l‟expérience a montré que me si le statut de protection dont bénéficient ces
espaces protégés s‟est avéré essentiel pour le maintien de leurs valeurs économiques, sociales
et culturelles, les communautés locales vivant à la périphérie de ces aires protégées, par leur
connaissance des milieux et des ressources et par leur présence sur le territoire, peuvent
contribuer directement et de manière durable à la gestion de ces AMP et à leur surveillance.
En retour, l‟existence de ces milieux, diversité naturelle et culturelle se renforcent
mutuellement, doit fournir des opportunités en matière de développement local.
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