Support de Conférence Février 2009 Thème : ROLE ET FONCTION DU TRESORIER AU SEIN DE L’ENTREPRISE Conférencier : M Kouassi Komenan, Chef du département Trésorerie à la CNCE 22 32 36 67 / 05 73 36 94 SOMMAIRE 1 INTRODUCTION 1. Historique de la finance 2. Approche définitionnelle 3. Quelques domaines de la finance LA FONCTION DE TRESORIER 1. Les fondamentaux - Réduire les coûts Optimiser les produits financiers 2. Le Trésorier d’entreprise - Le choix d’un financement adapté Le budget de Trésorerie 3. Le Trésorier de banque - - Le Trésorier taux • Les placements • Les refinancements Le Trésorier cambiste 4. Qualités et aptitudes d’un bon Trésorier - Qualités techniques Qualités humaines CONCLUSION INTRODUCTION GENERALE 2 I- DEFINITION On situe généralement le début de la finance moderne, en tant que domaine d’étude et de recherche, à l’année 1958. C’est à cette époque que cette discipline est devenue une sous-discipline de l’économie, en lui empruntant ses raisonnements formalisés et ses mécanismes d’optimisation. Le terme générique « finance » désigne en fait, l’étude de la façon dont les individus, les entreprises et les organisations, dans une vision plus globale, obtiennent des ressources monétaires et les investissent. Elle se distingue de la comptabilité par sa vocation prospective car la finance considère à la fois le risque et le rendement. Elle s’intéresse donc aux différents acteurs et à la façon dont ils atteignent leurs objectifs par l’utilisation d’outils financiers dédiés. C’est un secteur d’activité qui prend en compte principalement la banque, l’assurance, la bourse et aussi dans une conception macroéconomique, les budgets publics. II- QUELQUES SPECIALITES DE LA FINANCE • • • • • • Assurance et courtage d’assurance Audit interne Contrôle de Gestion Analyse financière Ingénierie financière Trésorerie 3 LA GESTION DE LA TRESORERIE D’ENTREPRISE 4 Chap 1 - INTRODUCTION La gestion d’une organisation, qu’elle soit à but lucratif ou non, implique d’importants mouvements de nature comptable mais surtout financière. La désorganisation ou la non maîtrise de ces flux financiers donne lieu à une incongruité capable de mettre en mal toute la gestion de cette entité. Ainsi, la nécessité de suivre, ordonner et organiser de manière scientifique les entrées et sorties de flux financiers, a conduit à la gestion de la trésorerie en tant que discipline mais surtout en tant que métier. 1.1.Définition La trésorerie d’une organisation peut être définie d’une manière très simple comme étant l’excédent de la disponibilité (stock initial de liquidité augmenté des entrées de la période) sur les sorties. On pourra également la définir comme la différence entre les ressources et les emplois de liquidité à une période donnée de la vie de cette organisation. De ces deux définitions, il importe de retenir deux éléments fondamentaux qui caractérisent la trésorerie d’une organisation : • la trésorerie est une différence (marge) entre deux valeurs ; ce qui signifie qu’elle peut être positive (excédent) comme négative (déficit). • La trésorerie se définit par rapport à une période précise. De tous ces éléments qui précèdent, on dira que la gestion de la trésorerie se réfère à la gestion des ressources et des emplois aux meilleurs coûts de rentabilité économique et financière. Il s’agit en fait pour le professionnel de veiller à un équilibre raisonnable des Ressources et des emplois. Le concept d’équilibre signifie que théoriquement le solde de la trésorerie doit être nul c’est-à-dire que tout déficit est systématiquement couvert de même qu’un excédent fait immédiatement l’objet d’un placement. Cependant, dans la pratique, les choses se présentent différemment car certaines contraintes liées soit à une situation imprévue soit à une situation prévue mais non certaine, font que le professionnel sera amené à accepter une immobilisation volontaire. Par ailleurs, il importe de relever que le bon trésorier fonctionne généralement au futur grâce aux prévisions qui en réalité ne sont que des indicateurs. 5 1.2.Détermination de la trésorerie par le bilan Le bilan d’une entreprise ou d’une organisation tout court, est expressif de plusieurs informations dont notamment la situation financière de cette organisation. A cet effet, il n’est juste de penser que le solde du compte banque est suffisant pour exprimer le niveau de la trésorerie de l’organisation. En effet, la trésorerie se détermine en prenant en compte plusieurs autres éléments dont les placements à court terme (dépôts à terme, bons de caisse, etc.), les valeurs réalisables à court terme, les valeurs à l’encaissement, etc. Tous ces éléments sont identifiables au bilan dans leur conception très réaliste de la vie de l’organisation. Ainsi, une créance d’exploitation dont le recouvrement est rendu incertain aura une incidence sur la détermination du niveau de trésorerie de même que la partie éventuellement exigible d’une immobilisation financière. 1.2.1. Notions d’analyse financière Le bilan d’une entreprise est la photographie de la situation financière de cette entreprise à la date précise de l’arrêté des comptes. De ce fait, elle ne peut exprimer que cette situation et pas davantage d’informations susceptibles d’aider à la compréhension des postes du bilan dans une dynamique d’évolution. Il faut donc présenter le bilan de manière à mettre en mouvement les différents postes pour se donner une approche plus réaliste de la gestion de l’entreprise et non plus sa situation à un moment précis. Pour ce faire, le bilan comptable grâce aux retraitements qui seront faits à partir des annexes, laissera la place à un bilan financier. Sans toutefois mettre l’accent sur l’analyse financière, citons quelques cas de retraitement du bilan : - la partie exigible à court terme d’une immobilisation financière sera soustraite de ce poste pour être reclassée dans les valeurs réalisables - les immobilisations incorporelles considérée comme des non valeurs (ex ; frais d’établissement) disparaîtront de l’actif du bilan avec le montant équivalent prélevé sur les fonds propres. - Une créance dont la réalisation est devenue douteuse sera classée en immobilisation et non au bas du bilan. - De même, le stock outil sera traité comme une immobilisation - La partie d’une dette à long terme venant à echeance à moins d’un an sera reclassée comme une dette à court terme. Après ces retraitements, le bilan sera reconstitué. Généralement, ces démarche prend en compte les données sur deux voire trois exercices pour permettre de faire apparaître l’évolution des différentes rubriques. Le bilan financier sera alors regroupé en quatre grandes masses 6 • • • • actif immobilisé actif circulant ressources stables dettes à court terme 1.2.2. Détermination de la trésorerie - Le Fonds de roulement Il convient de déterminer d’abord le fonds de roulement (FDR). C’est l’excédent des ressources stables (permanents) sur l’actif immobilisé. Cet excédent représente la partie des ressources stables appelée à restée oisive après le financement total des immobilisations. Cet excédent, compte tenu de sa oisiveté sus indiquée, peut être utiliser pour le financement des emplois à court terme. FDR = RESSOURCES STABLES - ACTIF IMMOBILISE - Le besoin en fonds de roulement (BFR) Le besoin en fonds de roulement exprime le besoin de financement d’exploitation de l’entreprise, la notion d’exploitation elle-même faisant appel au court terme. Il s’agit de l’excédent de l’actif circulant sur les dettes exigibles. C’est aussi, la partie des besoins d’exploitation qui n’est pas couverte par les ressources d’exploitation. BFR = ACTIF CIRCULANT – DETTES EXIGIBLES - La trésorerie A partir des deux valeur déterminées comme ci-dessus, l’on obtient la trésorerie par la différence entre le FDR et le BFR. C’est en d’autres terme ce qui reste lorsque les ressources oisives de long terme ont été utilisée pour couvrir les besoins immédiats. T = FDR - BFR 7 Toute cette démarche scientifique et méthodique a permis au professionnel de connaître le niveau de la trésorerie de son organisation. En tant que management averti, il a maintenant la responsabilité de définir l’attitude ou le comportement que doit avoir l’entreprise selon que cette trésorerie est positive ou négative. On aboutit alors à la problématique d’une gestion efficace de la trésorerie de l’organisation. 1.3.Importance d’une gestion efficace de la trésorerie dans l’organisation L’importance de la trésorerie dans une organisation n’est plus à démontrer dans la mesure ou elle reste le cœur du fonctionnement normal de cette organisation. Il est à noter qu’une entreprise peut être en cessation de paiement sans être forcement en faillite même s’il s’agit là d’une situation très dangereuse qui s’il n’y a pas une solution immédiate peut conduire l’entreprise au dépôt du bilan. Les choix du professionnel et des méthodes de gestion seront alors déterminant de la santé financière et pourront même avoir une incidence considérable sur le résultat global de l’exercice. En effet, nous avons vu plus haut au cours de la définition du concept de gestion de la trésorerie, deux notions essentiels : emplois et ressources. Ces deux notions nous amènent à appréhender l’efficience et l’efficacité qui auront tous les deux une influence sur le résultat de l’organisation. - La notion d’efficience Elle a trait notamment à la pertinence des méthodes usitées dans la conduite et la réalisation des emplois. A ce niveau, il convient de savoir que le professionnel de la gestion de la trésorerie ne doit en aucune manière se contenter d’autoriser des décaissements chaque fois qu’une charges lui est présentée ou encore dès qu’un besoin est exprimé. Mais au contraire, il sera dit efficient lorsqu’il prendra le grand soin de se préoccuper de la notion du moindre coût. Ainsi, une dette fournisseur sera payée à l’échéance ou alors on négociera une réduction en cas de règlement immédiat. Dans tous les cas, il faut analyser au préalable le mode de règlement, la période et le moyen le moins coûteux pour l’organisation. Par exemple, le professionnel qui paie à partir d’un découvert bancaire devra savoir qu’un décaissement immédiat lui reviendrait cher au point où il a tout intérêt à faire plutôt son décaissement à l’échéance. Par contre, lorsque l’entreprise a une liquidité suffisante, la date de décaissement influence peu le résultat (sauf en cas de compte courant rémunéré). Dans ce cas, l’intérêt de l’entreprise réside dans la négociation d’une réduction pour règlement anticipé. 8 - La notion d’efficacité Elle sera mesurée dans les cas d’excédent de trésorerie. En effet, le professionnel contribuera à l’accroissement des produits de l’entreprise par la qualité des placements et des investissements financiers qu’il effectuera avec la partie de la trésorerie qui n’est pas immédiatement affectée aux emplois. A ce niveau, la culture financière et bancaire du professionnel est mise à contribution aussi bien dans le choix de la nature des emplois à donner à ces ressources que dans sa force de négociation des conditions de placement. Par contre, dans la pratique on a recourt le plus souvent à une combinaison des deux notions pour être pertinent. A titre d’illustration, lorsque la recherche de produits financiers amène le professionnel à effectuer des placements, même si les conditions sont jugées très bonnes, et que l’entreprise arrive se retrouve en difficulté un ou des mois après parce que toutes les ressources sont immobilisées, le professionnel n’aura pas fait preuve d’efficience. L’entreprise risque dans ce cas soit un blocage au niveau de son fonctionnement soit subir des pénalités de toute sorte créant des charges supplémentaires. Cela peut être évité si les prévisions sont pertinentes. 9 Chap 2 - MANAGEMENT DE LA TRESORERIE D’ENTREPRISE 1.1.Gestion des relations avec la banque La Trésorerie de l’entreprise se résume aux comptes banque et caisse. Sachant que la caisse n’a d’essence, dans une bonne gestion, que pour conserver une quantité minimale pour les dépenses urgentes et finançables comme tel. Ainsi, la gestion de la trésorerie de l’entreprise se rapporte principalement à la gestion des comptes banque de cette entreprise. A cet effet, il importe d’indiquer que les performances pourront s’appréhender d’une part en terme d’importance de charges financières évitées ou de produits financiers générés du fait d’une parfaite maîtrise des rapports avec la banque. Pour se faire, il est plus que nécessaire, avant même de parler des négociations à amener avec la banque en vue de l’obtention de telle ou telle ligne de financement, de connaître les services et autres avantages offerts par son banquier. 1.1.1. Les conditions de banque Les étudiants devront retenir avant toute chose que la banque a une vocation commerciale malgré la spécificité de ses produits. Ainsi, le banquier adopte la même logique que tout autre commerçant à savoir que les tarifs proposés comportent à la fois le coût du service et la marge de la banque. C’est donc cette marge qui pourra faire l’objet d’une négociation en fonction de l’importance du client et surtout du volume des affaires à traiter avec la banque. 1.1.2. Négociation des lignes de financement Les négociations ne se font pas au hasard. La banque n’accepte de négocier que dans les cas indiqués plus haut c’est-à-dire l’importance du client en raison de son appartenance à un groupe de référence, du volume des transactions à effectuer, de l’importance de son secteur d’activité probablement dans une vision futuriste etc. En tout état de cause, la banque espère toujours obtenir une compensation après la réduction qui interviendra suite à la négociation avec un client. Dans tous les cas, le trésorier retiendra que la négociation pourra porter sur les notions suivantes : - Taux d’intérêt - Date de valeur - Plafond des lignes de financement sollicitées - 10 2.1.2.1. Les crédits d’Exploitation Il s’agit de lignes de crédit utilisées par les entreprises pour le financement de leur exploitation. Ce sont des crédits à court terme c’est-à-dire remboursables à moins d’un an. ♣ Le Découvert Le découvert est une autorisation accordée par la banque à son client afin de lui permettre, en cas de besoin, d’effectuer des décaissements de sommes non disponibles sur son compte selon des conditions négociées et définies dans le dossier octroyant le financement. Ainsi, après l’accord de financement, le compte du client n’est ni crédité ni débité. Cela signifie que seuls les besoins du client détermineront l’utilisation effective de même que les frais, rémunérant les services de la banque. Le dossier de prêt précise le montant (maximum autorisé), le taux d’intérêt qui se définit sous la forme : TBB(taux de base bancaire) + Marge. Etant donné que le taux d’intérêt se définit en pourcentage, la marge de la banque s’exprime également en pourcentage. Dans la pratique, le taux d’intérêt convenu sera appliqué sur le montant de l’utilisation effective et non sur le montant autorisé. De ce fait, un client qui bénéficie d’une autorisation de découvert et qui ne l’utilise pas tout au long de son exploitation, ne supportera aucun frais à cet effet. Cependant, il y a toutes les chances que la banque ne reconduise pas son autorisation car un tel client n’en a pas besoin en réalité. Cette ligne sera donc allouée à un autre client. Précisons que le TBB représente pour la banque le cout des fonds qui seront alloués au client dans le cadre des lignes de financement accordées. En cas de dépassement de la limité autorisée, le client ne se trouvant plus dans les closes du contrat, la banque lui appliquera au cours des arrêtés periodiques, le taux d’intérêt le plus élévé pour la frange d’utilisation supplémentaire. Il est à noter que le découvert est pour l’entreprise le crédit le plus cher. De ce fait, le trésorier doit l’éviter chaque fois que cela est possible. ♣ L’escompte commercial C’est une autorisation que la banque accorde à son client lui permettant de remettre des effets de commerce non échus à la banque contre crédit immédiat. Dans la pratique, on se rend compte que la banque ne fait pas autre chose que de racheter les effets dont son client est bénéficiaire. Cependant, ce rachat est conditionné dans la mesure où s’il y a un rejet de l’effet à l’échéance, la banque récupère la somme avancée à son client par le débit de son compte. 11 Il appartiendra lors au client de régler ses comptes avec son débiteur. Cela permet à l’entreprise de résoudre ses problèmes de trésorerie dans la mesure où elle reçoit maintenant la liquidité pour des effets dont l’échéance est encore plus ou moins lointaine. Comme dans le cas du découvert, les frais supportés par l’entreprise dépendront de l’utilisation effective de la ligne accordée. ♣ Le spot Un crédit spot est un crédit que la banque accorde à son client pour une période infra courte. Sa durée varie de 10 jours à 90 jours. Pour être utilisé, le spot doit faire l’objet d’une ligne préalablement négociée avec la banque (taux d’intérêt, montant, condition de renouvellement etc.). Dans la pratique, la banque définit un seuil plancher en ce qui concerne le montant susceptible d’être accordé à un client. De ce fait, on se rend à l’évidence qu’il est réservé aux grandes entreprises et à quelques PME dont l’activité génère des transactions de montants significatifs. Pour précision, le taux d’intérêt du spot varie généralement entre 6 et 8%. ♣ Le crédit documentaire (CREDOC) Le crédit documentaire est une autorisation assortie d’engagement que la banque donne à son client exportateur ou importateur pour lui permettre de résoudre les problème à la crise de confiance. La crise de confiance entre les deux opérateurs est généralement due à la distance et aussi au fait que dans la plupart des cas, les opérateurs ne se connaissent pas. Ainsi, l’exportateur craint que sa facture ne soit pas payée alors même qu’il a déjà expédié les marchandises. Dans le même temps, le client n’est pas plus à l’aise en avançant son argent avant l’embarquement effectif de la marchandise qu’il convient d’acheter. La s’engagement donc en sa qualité d’intermédiaire, à supporter le risque selon des conditions qu’elle exige à son client. Le CREDOC peut prendre diverses formes selon que la crise de confiance est plus ou moins accentuée. Il peut être irrévocable, notifié ou confirmé souvent avec close rouge, close verte etc. Par ce crédit, l’exportateur qui embarque ses marchandises sur un bateau vers une destination et un bénéficiaire qu’il peut ne même pas connaître, est sur que sa facture lui sera payée selon les conditions du contrat bien entendu sous réserve que les documents présentés soient irréprochables et conformes au contrat entre les parties. Dans le même temps, le client qui engage son argent avant d’avoir vu les marchandises ne fait pas autre chose que de placer sa confiance en sa banque. 12 ♣ L’escompte documentaire C’est également une autorisation que la banque donne à son client lui permettant de vendre à la banque non plus des effets de commerce mais plutôt des remises documentaires. Ainsi, le client, dès la remise du jeu de documents à la banque, pourra bénéficier du crédit de son compte avant que la banque ne procède à l’encaissement de celui-ci en couverture de la somme avancée au client. Comme dans les autres cas, les conditions de date de valeur, taux d’intérêt, montant etc ; seront négociées avec la banque dans le cadre d’une ligne de crédit et non de façon ponctuelle chaque fois que la situation se présente. 2.1.2.2. Les engagements par signature Ce sont les cautions, quelque soit la forme, et les garanties accordées à la clientèle pour favoriser ses transactions avec des tiers. La banque s’engage par ce fait à faire face à une éventuelle défaillance ou tout autre risque faisant l’objet de la caution ou de la garantie. Dans l’immédiat, la banque ne décaisse donc pas d’argent à remettre au client. Son caractère de crédit réside dans le fait qu’en cas de risque la banque par son engagement décaissera la somme indiquée avant de se retourner vers son client ainsi défaillant. C’est donc un crédit qui vaut par la signature que la banque accepte d’apposer sur un document, d’où son nom « engagement par signature ». 2.1.2.3. Les crédits amortissables Ce sont les crédits à moyen terme ou à long terme. Ceux-ci sont assortis d’un tableau d’amortissement faisant ressortir les mensualités ou annuités à payer par le client. Ils sont adaptés pour le financement des investissements. Pour rappel, les immobilisations (investissements) sont financées par des ressources stables. Il n’est donc pas recommandable de financer des investissements avec un crédit d’exploitation. 1.2.Etablissement d’un budget de Trésorerie Le processus d’établissement du budget de trésorerie d’une entreprise commence par la prévision des ventes. Après cette phase, il devient possible de définir les différents budgets. - Budget des ventes et des frais commerciaux - Budget de la production et éventuellement de la soustraitance - Budget des approvisionnements, - Budget de fonctionnement des différents services 13 Il est alors nécessaire de vérifier la cohérence de l’ensemble prévisionnel ainsi obtenu. L’objet du budget de trésorerie est de traduire en termes monétaires (encaissements et décaissements) les charges et les produits générés par les différents départements de l’entreprise. Il convient de noter qu’une bonne gestion de trésorerie est avant tout une gestion prévisionnelle. En effet, gérer la trésorerie de l’entreprise c’est anticiper et prévoir la situation de trésorerie. Globalement l’on peut distinguer trois étapes dans l’élaboration d’un budget de trésorerie. Etape 1 : la collecte des informations (Section 1) Etape 2 : les budgets partiels de trésorerie (Section 2) Etape 3 : le budget récapitulatif de trésorerie (Section 3) Section 1. La collecte des informations Le budget de trésorerie relie des informations budgétaires d’exercices différents. C’est pourquoi la phase de collecte est obligatoire. Les éléments nécessaires pour élaborer le budget de l’année en cours sont : - le bilan de l’année précédente - tous les budgets approuvés de l’année en cours - la connaissance des modes de règlement de l’entreprise - les décaissements et encaissements exceptionnels qui n’entrent pas dans le cadre d’un budget précis Chacune des informations fournies par ces éléments cités a des informations sur les encaissements ou les décaissements quant à leur montant, ou leur échéance. Il est donc impératif de s’assurer de l’exhaustivité de informations collectées et également de leur fiabilité : version définitive des budgets, modes de règlement toujours en vigueur, etc. Il est alors possible d’organiser la phase de préparation des budgets partiels. 14 Section 2. Les budgets partiels de trésorerie Les budgets des différents départements sont établis généralement en montants hors taxes. Les encaissements et les décaissements doivent être exprimés toutes taxes comprises. Par ailleurs, l’application des règles de droit commun en matière de TVA oblige à un calcul particulier pour déterminer le montant de la « TVA à décaisser » du mois qui sera payable le mois suivant. Par conséquent, il est fréquent d’établir trois budgets partiels : 1. Un budget des encaissements 2. Un budget de TVA 3. Un budget des décaissements Maintenant il devient possible d’établir le budget de trésorerie proprement dit. Section 3. Le budget récapitulatif de trésorerie Ce budget récapitulatif est généralement présenté sous deux versions successives. Dans ce cas, le travail budgétaire consiste en : 1. l’établissement d’une version initiale du budget (qu’on pourrait dénommer budget de trésorerie théorique), faisant apparaître les soldes bruts mensuels de trésorerie, 2. la mise au point d’un budget de trésorerie ajusté, compte tenu des desiderata financiers de l’entreprise I. La version initiale du budget Dans cette optique, mois par mois, les encaissements sont comparés avec les décaissements, tels qu’ils sont apparus dans les budgets partiels précédents et en tenant compte des disponibilités qui figurent au bilan de l’exercice antérieur. Cette version d’établit colonne par colonne puisque le solde final de trésorerie d’un mois donné est la trésorerie initiale du mois suivant. Le tableau servant à établir ce budget pourrait se présenter comme suit Mois 1 Solde de trésorerie en début de mois (S) Encaissements (T) Décaissements (U) Solde de trésorerie de fin de mois (S)+(T)- (U) Mois 2 Mois 3 Mois n Tableau du budget de trésorerie théorique 15 II. Le budget de trésorerie ajusté Il présente obligatoirement des soldes de trésorerie nuls ou positifs puisqu’il tient compte des modes de financement retenus par l’entreprise pour équilibrer sa trésorerie. En effet, négocier préventivement des financements à court terme est généralement moins coûteux et plus sûr que le recours éventuel à des crédits à court terme en situation de trésorerie négative. 16 Chap 3 - MANAGEMENT DE LA TRESORERIE DE BANQUE 3.1. Généralités sur le système bancaire 3.1.1. Quelques définitions ► Ordre de paiement C’est une demande que le titulaire d’un compte formule afin que la banque prélève sur ledit compte une certaine somme pour la remettre à une personne qu’il prend soin d’indiquer. Cette demande pour la banque un caractère exécutoire au point d’être considérée comme un ordre, d’où le nom ordre de paiement. Un ordre de paiement peut prendre différentes formes : virement, chèque, mise à disposition, effet de commerce, etc. - Un virement est une opération bancaire qui consiste à prélever un montant sur un compte et à le reverser sur un autre compte dans la même banque ou non. - Un chèque est un moyen par lequel un titulaire de compte ordonne à sa banque de payer une somme donnée à une personne(bénéficiaire) par le débit de son propre compte. - Un chèque barré est un chèque dont l’encaissement a été soumis à restriction par le tireur. Les deux barres sur la face signifient que le bénéficiaire ne peut encaisser le montant indiqué que sur un compte banque au contraire d’un chèque non barré qui lui, peut être encaissé en espèces au guichet. - Un chèque de banque est émis par la banque elle-même sur demande d’un client. Sa particularité est que ce type de chèque ne peut être rejeté pour défaut ou insuffisance de provision parce que la banque détient déjà cette provision qui a fait l’objet d’une reservation sur le compte du client donneur d’ordre. - Un chèque de guichet est un chèque non personnalisé qui sert à effectuer une opération de retrait au guichet. Sa particularité est qu’il ne peut être utilisé que par le titulaire du compte lui-même ou par une personne ayant le droit de signature sur ce compte. - Un effet de commerce est une autorisation que le titulaire d’un compte donne à la banque de payer une somme au bénéficiaire indiqué à une échéance donnée. A la différence du chèque qui est payable à vue quelque soit la date y figurant, l’effet de commerce ne peut être payé qu’à la date de l’échéance. - La notion de place bancable fait référence à l’existence d’une agence de la banque centrale dans une localité permettant l’organisation des séances de compensation des valeurs en établissements bancaires. Ainsi, lorsqu’un chèque est déposé à l’encaissement sur un compte tenu dans la même place que le tireur, on parle d’une remise chèque sur place. Dans le cas contraire, il s’agit d’une remise hors place ou une remise déplacée. Cette notion influence considérablement le delai d’encaissement c’est-à-dire la date de valeur du chèque d’où son importance pour le trésorier. 17 - L’établissement payeur c’est la banque dans laquelle se trouve le compte du tireur. C’est en réalité cette banque qui doit décider de payer le chèque ou de le rejeter en précisant le motif du non paiement. - Le tireur c’est celui qui donne le chèque. C’est le titulaire du compte sur lequel la somme sera prélevée pour effectuer le paiement. - Le lieu de paiement n’est rien d’autre que la localité dans laquelle est géré le compte du tireur. - Le bénéficiaire est la personne au profit de qui le paiement sera fait. 3.1.2. L’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) 3.1.2.1. Les Etats membres Ils sont au nombre de huit : Côte d’Ivoire- Mali- Burkina Faso- Sénégal- Bénin- Niger- Guinée BissauTogo. Dans chacun de ces Etats membres, l’on rencontre des banques commerciales dont les activités sont coordonnées par une banque centrale, institution d’émission de la monnaie, qui n’est autre que la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Son siège est établi à DAKAR au Sénégal et chaque Etat membre abrite une antenne dite Direction Nationale avec des Agences dont le nombre et l’importance varient en fonction du niveau des activités économiques et notamment la diversification géographie. 3.1.2.2. La Monnaie L’UEMOA constitue une zone monétaire avec une monnaie commune à tous les Etats membres. Cette monnaie n’est autre que le franc CFA (XOF). Ainsi, dans chacun de ces pays, le XOF représente la monnaie locale par opposition aux monnaies étrangères ou devises. 3.2. LE METIER DE TRESORIER DE BANQUE L’organigramme général de la trésorerie d’une banque se présente de la manière suivante : Direction de la Trésorerie Front office Trésorerie Change Back office Trésorerie Monnaie locale 18 3.2.1. Le Trésorier monnaie locale ou Trésorier taux C’est le trésorier de la banque qui travaille dans la monnaie nationale. Il réalise ses performances par rapport à sa force de négociation de taux d’intérêts attractifs dans l’ensemble des transactions qu’il effectue au quotidien. C’est d’ailleurs ce qui lui vaut la dénomination de trésorier taux. Les transactions courantes pour un trésorier taux se présentent de la manière suivante : ♦ DEPOTS A TERME (DAT) Un dépôt à terme est un dépôt que l’on effectue dans les livres d’un établissement de dépôt (généralement une banque) pour un montant donné, une durée précise pouvant être reconduite et notamment un taux d’intérêt fixé d’accord partie. Cela signifie bien entendu que ce type de dépôt est rémunéré. C’est d’ailleurs pour cette raison que qu’il intéresse le trésorier qui l’effectuera pour l’emploi de ses excédents de trésorerie. Comme l’indique sa dénomination, un DAT est un compte qui n’est accessible à son titulaire qu’à terme c’est-à-dire à l’échéance convenu dans le contrat ou convention de dépôt à terme. Cependant, il est possible que les parties prévoient une clause d’anticipation pour le cas échéant. Dans une telle situation, en cas de difficulté de trésorerie de la partie déposante avant échéance, les dispositions prévues dans la convention s’appliqueront de plein droit. Les intérêts courus au titre du DAT peuvent être réglés au terme de chaque mois échu ou in fine en même temps que le remboursement du nominal en cours. L’initiative d’un compte à terme peut être prise par chacune des parties. En effet, le trésorier qui dispose d’un excédent de trésorerie, en considération de la trésorerie zéro qui veut que tout excédent soit placé et tout déficit couvert, se mettra en contact avec le trésorier d’une autre banque à l’effet de proposer ses ressources contre rémunération selon des conditions à négocier. A contrario, en cas de déficit à couvrir, le trésorier prendra l’attache des autres banques à la recherche d’un trésorier disposant d’un excédent à placer. Il y a dans ces conditions une coïncidence des besoins pouvant donner lieu à un accord ou une convention de DAT. L’organisation des services de la trésorerie doit permettre de mettre en place un mécanisme de suivi des intérêts en valeur et en recouvrement de sorte que le professionnel ait une bonne connaissance de l’ensemble de ses ressources et surtout les échéances sachant que la notion de bonne date de valeur est fondamentale pour une gestion performante. 19 ♦ Les opérations sur le marché boursier Il est important de noter qu’au sein de l’UEMOA, la réglementation oblige chaque opérateur à solliciter les services d’un intermédiaire en bourse. Pour le cas de la BRVM (bourse régionale des valeurs mobilières) les intermédiaires sont les SGI (société de gestion et d’intermédiation). Chaque Etat membre de l’UEMOA a au moins une SGI en dehors de la Côte d’Ivoire où, tenant compte du niveau de dynamisme de l’économie et notamment des opérations en bourse, la plupart des banques significatives ont chacune une SGI comme filiale. L’on a par exemple : BANQUE BICICI SGBCI SIB BNI BANK OF AFRICA SGI CORRESPONDANTE BICI BOURSE SOGE BOURSE AFRICAINE DE BOURSE BNI FINANCES ACTI BOURSE Cependant, il existe une SGI qui n’est la filiale d’aucune Banque commerciale. Il s’agit de HUDSON & Cie. Ainsi, chaque investisseur, banque ou non, adresse ses ordre d’achat ou de vente de titres à la SGI de son choix qui agit en nom. Le schéma ci-dessous montre le circuit d’intervention en bourse : Investisseur SGI BRVM Dépositaire Central Banque de Règlement ► Les Emprunts obligataires Une obligation est un titre de créance qu’un opérateur, investisseur, détient après son acquisition, sur l’organisme ou la société qui a émis cet emprunt. 20 L’achat d’obligation donne droit à des intérêts appelés coupons. Ces intérêts sont calculés au taux convenu lors de l’émission. Il est donc évident que le détenteur d’obligation n’a pas à s’occuper des performances de l’émetteur car il n’a droit qu’à ses intérêts tels que prévus à la souscription. Au terme de la période prévue, le capital souscrit est remboursé entièrement au souscripteur. ► Les titres de participation Un titre de participation est une fraction du capital d’une entreprise. Ainsi, le détenteur d’un titre, est de ce fait co-propriétaire de l’entreprise dans la mesure où l’action est un titre de propriété. Le titulaire de titre de participation s’intéressera alors à la vie et la gestion de cette entreprise dans la mesure où il ne pourra prétendre qu’aux dividendes éventuels en cas de bénéfice à partager. En dehors de la recherche de dividende, il est à noter qu’un investisseur peut également acquérir des titres pour deux raisons : - la recherche du pouvoir - la recherche de la plus value. ►La politique des taux d’intérêt La politique des taux d’intérêt influence la capacité de mobilisation de l’épargne en vue d’un financement sain de l’économie. Elle contribue également à l’utilisation optimale des ressources financières à l’intérieur des Etats de l’Union. Elle s’articule autour des taux directeurs de la BCEAO applicables aux principaux guichets de refinancement à savoir : i) Le taux d’escompte ii) Le taux de pension iii) Le taux du marché monétaire A. Le taux d’escompte Le réescompte (escompte pratiqué entre banque et établissements financiers) est l’opération par laquelle, un établissement de crédit cède, à son initiative, à la 21 Banque Centrale, de manière définitive et en pleine propriété des effets ou des titres de créance pour une valeur de mobilisation déterminée conformément aux règles d’admissibilité en portefeuille, diminuée des intérêts facturés au taux d’escompte de la Banque Centrale. Le réescompte est utilisé par les établissements de crédit (Banques et établissements financiers) pour couvrir leurs besoins de liquidité sur une longue période (maximum 360 jours). C’est le plus cher des guichets de refinancement de la BCEAO. A cet égard, le taux d’escompte se voit relégué aujourd’hui à un taux de pénalité. Il est également utilisé comme taux d’intérêt applicable aux soldes débiteurs accidentels des banques dans les livres de la BCEAO. Taux d’escompte = 4,5% depuis le 29 mars 2004 Depuis l’institution du taux de pension en octobre 1993, les banques et établissements sollicitent plus rarement ce mode de refinancement. B. Le taux de pension La pension est l’opération par laquelle un établissement cède à la BCEAO, de manière temporaire mais en pleine propriété, des titres de créance ou effets, pour une valeur de mobilisation déterminée conformément aux règles d’admissibilité au portefeuille et par laquelle les deux parties s’engagent l’une à rétrocéder les titres et effets concernés, l’autre à les reprendre pour le prix de cession, augmenté des intérêts calculés au taux de la pension. Le cédant n’est pas tenu de préciser à l’avance la durée de l’emprunt qu’il souhaite contracter au titre de la pension. Le montant brut lui est reversé. La pension est utilisée par les banques et établissements financiers pour couvrir leurs besoins de trésorerie sur une courte période (30 jours au maximum). Taux de pension = 4% depuis le 29 mars 2004 Après le taux d’escompte, le taux de pension est le plus cher des taux de refinancement de la BCEAO. Le Taux Moyen Mensuel du Marché Monétaire (T4M) est le taux le moins cher des guichets de refinancement de la BCEAO. C. Le Taux Moyen Mensuel du Marché Monétaire (T4M) Quand il s’agit d’injecter ou de reprendre de la liquidité dans l’économie, le T4M est le taux de référence aux opérations. 22 . Il est le taux le plus faible et demeure le principal taux opérationnel de la Banque Centrale. ♣ Le marché interbancaire C’est le marché libre qui permet aux banques d’effectuer des opérations entre elles sans avoir recours à la banque centrale. Quand bien même ce marché est libre, il demeure réglementé et fonctionne sous le contrôle de la BCEAO. Ainsi, les transactions seront librement négociées entre les parties avec pour référence le T4M. ♣ La gestion des réserves obligatoires Dans les règles habituelles,la BCEAO oblige les établissements de crédit assujettis à maintenir sur un compte ordinaire ou bien sous forme d’encaisses en billets et monnaies en XOF, un certain niveau de liquidités non rémunérées. Les réserves obligatoires sont constituées par les banques, sur une période mensuelle, allant du 16 de chaque mois au 15 du mois suivant. Leur constitution est appréciée sur une base moyenne sur la période définie. Il n’est donc pas fait obligation aux établissements assujettis de maintenir chaque jour, un solde minimal en compte sur les livres de la BCEAO. Le montant des réserves obligatoires doit être effectif au dernier jour de la période de référence.. En règle générale, la comptabilité de la banque calcule le montant des fonds à bloquer au titre des réserves obligatoires, puis le communique au trésorier taux. Ce dernier mobilise alors la liquidité nécessaire à maintenir sur le compte de la banque à la BCEAO au dernier jour de la période de référence. ♣ La gestion de la liquidité Le ratio de liquidité a pour objectif de préserver l’épargne des déposants placée dans le système bancaire, en s’assurant que les banques sont en mesure de faire face aux demandes de remboursement. Ce coefficient compare au numérateur les actifs liquides de la banque et au dénominateur les passifs ; il doit être au moins égal à 75% dans la zone Taux du marché interbancaire= T4M ± Marge 3.2.2. Le Trésorier change ou Trésorier cambiste C’est le trésorier qui effectue spécialement des transactions dans les devises ou monnaies étrangères. A la différence du trésorier 23 taux, il réalise ses performances non pas par le taux d’intérêt, mais plutôt par sa capacité à prévoir et à anticiper les variations du cours des monnaies étrangères. ♣ Généralités Le commerce international de même que les mouvements de capitaux entre les différents pays, nécessitent des conversions de devises et impliquent donc des opérations de change. Le cambisme est le commerce de devises. Les marchés des changes assurent la confrontation des offres et des demandes de devises et permettent de déterminer le cours de chacune des devises en monnaie nationale. Ils constituent l’environnement et le cadre où se déroulent les opérations de change. Les marchés des changes représentent de loin le plus important marché financier du monde. Ils jouent un rôle essentiel dans le système de paiements internationaux. Aussi doivent-ils être très fiables. On distingue plusieurs marchés des changes. ♣ Les différents marchés des changes On distingue plusieurs marchés des changes : 1. Le marché des changes au comptant 2. Le marché des changes à terme Les marchés des changes au comptant et à terme sont essentiellement des marchés interbancaires 3. Les marchés de futures 4. Les marchés des options 5. Les marchés d’échanges de devises (swaps) Les marchés de futures, d’options et de swaps de devises sont appelés marchés dérivés, car ils sont basés sur des produits cotés sur d’autres marchés. Pour ce cours, nous ne mettrons pas l’accent sur les mécanismes de cotation encore moins le fonctionnement des marchés suscités. Les étudiants devront cependant retenir que le mécanisme de conversion d’une monnaie en une autre est appelé la cotation. Pour mieux saisir ces deux notions, nous mettrons en exergue le concept de devise échangée et devise- prix. Ce concept nous sera utile dans les développements ultérieurs. 24 Notion de devise échangée et devise - prix Dans un marché quel qu’il soit, le prix d’un bien échangé s’exprime dans une monnaie de référence. Dans un marché ordinaire par exemple, une chemise représente le bien échangé et vaut 25 000 XOF. On pourrait néanmoins inverser la monnaie de référence et se demander combien 1 XOF vaut de chemises. De la même manière dans une transaction sur le marché des changes, il convient de définir quelle devise est le « bien échangé » dite la « devise échangée » et quelle devise sera la monnaie de référence appelée aussi la « devise- prix ». Ainsi, on pourrait avoir : 1 USD = 1.4080 CHF 1 dollar vaut 1.4080 francs suisses 1 USD = 112.30 JPY 1 dollar vaut 112.30 yens de la même manière que 1 chemise vaut 25 000 XOF Dans cet exemple, le USD est la devise échangée (exactement comme la chemise), le CHF et le JPY étant les devises- prix. Le cours d’une unité de la devise échangée s’exprime donc en une quantité variable de devise- prix. Quand on exprime un couple de devises, la devise échangée est en première position et la devise- prix en deuxième position. On lira USD/JPY : 112.30 et on comprendra 1 USD vaut 112.30 JPY devise échangée devise prix cours A l’usage, le USD est la devise échangée dans la plupart des transactions, quel que soit le lieu de la cotation sauf par rapport au GBP (livre sterling) et le EUR(eur). A présent rappelons la notion de cotation au certain et à l’incertain Par définition, lorsque la devise dont on cherche à connaître la valeur est la « devise échangée », on parlera de « cotation au certain ». Autrement dit, la cotation est dite au certain lorsqu’une unité de la monnaie nationale est cotée en devise étrangère. 25 Le dollar devise pivot du système monétaire international, est toujours coté au certain contre les autres devises sauf l’Euro et la livre Sterling. On a donc les cotations suivantes : EUR/USD et GBP/USD La livre Sterling elle-même est cotée à l’incertain contre l’Euro. On a donc : EUR/GBP. Chap 4 - TRESORERIE ET MODERNISATION DES SYSTEMES ET MOYENS DE PAIEMENT 4.1. LA REFORME DES SYSTEMES DE PAIEMENT DE L’UMOA 26 4.1.1. Présentation de la reforme Selon la Banque des Règlements Internationaux, un système de paiement se définit comme étant un ensemble de règles, de procédures, instruments et infrastructures(RPII) servant à assurer les transferts de fonds entre parties s’acquittant d’une obligation contractuelle. Il ressort de cette définition que le système de paiement est au cœur de la vie économique et des affaires en ce qu’il permet notamment d’assurer l’exécution des transactions commerciales tant au plan interne qu’international. La reforme des systèmes de paiement des pays de l’UMOA s’inscrit dans un cadre général d’approfondissement et de développement du système financier, de perfectionnement du cadre de la politique monétaire ainsi que l’accélération du processus d’intégration économique régionale. Elle vise la modernisation du système d’échange et de règlement des transactions interbancaires, fondée sur le traitement distinct des petits et gros montants. Elle a également pour objectif la mise en place d’un système de paiement par carte bancaire reposant sur une interbancarité de l’espace UMOA. Cette reforme est d’autant plus importante qu’elle permettra une réduction sensible des coûts et des délais de traitement des transactions dans la sous région accélérant de ce fait les opérations et partant le dynamisme du marché monétaire et financier. Elle permettra notamment d’instituer une plus grande stabilité et une efficacité soutenue du secteur financier au service de tous les acteurs économiques. Cette reforme lancée par la banque centrale s’articule autour de trois axes majeurs. Tout d’abord la modernisation du système d’échange et de règlement des transactions de gros montants avec la mise en place d’un système de règlement brut en temps réel(RTGS) pour les paiements importants, notamment les virements de trésorerie, les transferts, les opérations du marché monétaire, le règlement des opérations de bourse ou de la dette publique. Le second volet de la reforme concerne les petits montants, à savoir les paiements de Masse (virements, chèques, cartes bancaires…)pour le démarrage du système de compensation multilatérale automatisé. Le dernier volet recouvre enfin, le développement d’un système de carte interbancaire sous-régional à mettre en place par le secteur bancaire, avec un projet de vulgarisation du porte-monnaie électronique. LES OBJECTIFS DE LA REFORME Cette reforme, par le renforcement des infrastructures de base du secteur financier, par la réduction des coûts et des délais de traitement des opérations de paiement au sein de la sous-région, par l’amélioration de la sécurité des 27 opérations et la promotion de nouveaux instruments de paiement économiques, vise à accélérer le développement économique, à conforter la stabilité et à améliorer l’efficacité du secteur financier, au service de l’ensemble des acteurs. Les objectifs du projet de modernisation du système de paiement de l’UMOA sont entre autres de : ♦ faciliter les relations économiques et commerciales entre les acteurs économiques de la sous-région en vue de renforcer l’intégration régionale ♦ consolider la pénétration et le rôle du secteur financier dans les économies des pays de l’UEMOA ♦ garantir l’efficacité, l’efficience et la sécurité des systèmes de paiement dans la sous-région limitant les conséquences d’une défaillance d’une institution financière sur l’ensemble du secteur financier (risque systémique) ♦ renforcer l’efficacité des instruments de contrôle et de mise en œuvre de la politique monétaire de la BCEAO dans la sous-région ♦ promouvoir le développement du marché financier régional. (source : www.bceao.int) Pour atteindre ces objectifs de manière efficace, la BCEAO en sa qualité d’institution initiatrice du projet a entrepris d’organiser la reforme en trois soussystèmes : le sous-système de paiement d’importance systémique(RTGS), le sous-système des paiements de masse(compensation automatique) et le soussystème des cartes bancaires. LE SOUS-SYSTEME RTGS C’est un système conçu pour effectuer les transferts interbancaires de gros montants dans lequel chaque transaction est réglée sur une base brute et en temps réel c’est-à-dire que le règlement intervient en même temps ou souvent même avant la transmission effective des instructions au destinataire. On peut également définir le système RTGS comme étant une solution complète, sécurisée et largement paramétrable, destinée essentiellement aux banques centrales (et commerciales ainsi que toute institution financière éligible) leur permettant de mettre en place un système de règlement brut en temps réel qui respecte les normes prudentielles. Il permet le règlement en temps réel des virements de gros montants et le déversement des soldes des systèmes exogènes en l’occurrence les soldes de compensation (cf. www.bfigroup.com). La BCEAO prévoit le fonctionnement du système basé sur les principes fondamentaux suivants : 28 • • • • • • • • • • • un compte de règlement sera ouvert dans les livres de la banque centrale pour chaque participant le système admettra trois types de participant : le participant direct, le participant indirect et le sous-participant. Les comptes courants en agences auxiliaires seront supprimés, suite à la centralisation de la liquidité des participant au niveau national. Les opérations de retrait et de dépôts fiduciaires seront imputées dans le système RTGS. Les règlements au sein de l’UEMOA s’effectueront en continu et en temps réel(date de valeur jour) quelle que soit la destination des ordres. Ils seront irrévocables et se réaliseront dans les livres de la BCEAO après une vérification automatique de la provision au compte du donneur d’ordre. Un système de règlement/livraison permettra d’assurer la concomitance du règlement et de la livraison des titres conservés en banque centrale. Les participants pourront bénéficier d’avances intra journalières accordées par la BCEAO et garanties par des collatéraux. Le système traitera notamment les virements entre les participants, les opérations sur titres, les opérations de politique monétaire ainsi que la couverture en francs CFA des transferts internationaux. Les participants éligibles au système sont : les banques et établissements financiers agréés, les établissements financiers de la poste, les Sociétés de Gestion et d’Intermédiation boursières(SGI), la BRVM, le dépositaire central/Banque de règlement et d’autres institutions financières dont l’éligibilité pourra être étudiée au cas par cas et faire l’objet d’une dérogation. La journée des échanges et le calendrier des jours fériés seront harmonisés au sein de la sous-région, pour tenir notamment compte de la nécessité pour tous les participants d’être actifs durant la même plage horaire, notamment le décalage horaire existant entre certains pays de l’UEMOA. Un mécanisme de rapprochement/dénouement, permettra de faire fonctionner un système de règlement/livraison pour les opérations de la bourse et de régler le problème d’équité qui existe actuellement entre les SGI. Cette liaison entre le système RTGS et la BRVM permettra d’assurer la concomitance de la livraison et du règlement des titres sur le marché boursier. LE SOUS-SYSTEME DE COMPENSATION AUTOMATISE Créé en 1983 en France pour faciliter le traitement interbancaire de l’ensemble des échanges de moyens de paiement, le système de compensation automatisée 29 encore appelé système interbancaire de télé compensation(S.I.T) est un système d’échange fiable et performant qui répond parfaitement aux besoins des établissements bancaires. Plusieurs mutations et changements sont intervenus dans le fonctionnement et l’utilisation du S.I.T dont les derniers en date ont été le passage à l’Euro et parallèlement, la mise en œuvre de l’image chèque, qui a permis de finaliser la rationalisation des conditions d’échange et de traitement des moyens de paiement. Ainsi, calqué sur l’expérience européenne, le système de compensation automatisé de la BCEAO se base sur la présentation numérique des opérations présentées en compensation, qu’elles résultent de l’usage d’un instrument de paiement papier, tel que le chèque, l’effet de commerce ou d’une transaction de paiement électronique telle qu’un retrait d’espèces à un distributeur de billets à l’aide d’une carte bancaire. L’objectif de la dématérialisation des échanges, est d’accélérer les flux financiers et d’éviter les erreurs dues aux manipulations manuelles. A cet effet, la profession bancaire mondiale a entrepris de décrire les opérations de paiement à l’aide de leurs données essentielles, structurées selon un format normalisé pour constituer « l’image numérique »des opérations. L’image numérique d’un chèque, à savoir son numéro, le code banque et le code agence tirée, le numéro de compte tiré et le montant du chèque, a été déjà expérimentée avec succès à travers la technique du post-marquage. Cependant, cette méthode a montré ses limites dans la mesure où elle ne peut permettre de vérifier la validité de l’opération en elle-même. Ainsi, la vérification des données comme la signature, l’endos, la concordance entre les montants en chiffre et en lettre, ne peuvent être effectuée qu’après une vue faciale de l’ordre. Dès lors, pour contourner cette difficulté tout de même réelle, les techniques modernes permettent de digitaliser le chèque afin de transmettre son image à l’établissement payeur pour lui permettre de motiver sa décision. La BCEAO a baptisé son système de compensation automatisée S.I.C.A.(Système Interbancaire de Compensation Automatisé). Ainsi, un guichet est ouvert au sein de l’institution d’émission pour l’échange périodique des instruments physiques. Cela a pour avantage d’accélérer de façon véritable les transactions d’une part et d’éliminer les contraintes de délai liées aux places bancables d’autre part. Ce système a fait ses preuves en Europe notamment en France qui se place au premier rang mondial des chambres de compensation automatisées, pour les échanges de moyens de paiement de détails. Le S.I.T a réalisé à titre d’illustration, 11 milliards d’opérations en 2002 avec 45 millions d’opérations par jour et près de 9 millions d’opérations en une heure, avec un taux de service (disponibilité réelle du réseau S.I.T pour les échanges d’opérations) de 100%. 30 Au sein de l’UMOA, le projet SICA( Système Interbancaire de Compensation Automatisé) a été actualisé en 2001 au niveau conceptuel et l’on procède à l’identification des modalités de son insertion au sein de la BCEAO et des banques commerciales. Il s’agit en fait pour notre espace économique, tout comme dans le cas français développé ci-dessus, d’automatiser la compensation des valeurs nationales déplacées et sous régionales en supprimant les sujétions liées à leur localisation(compensation de remises électroniques véhiculées par télécoms) et en réduisant les délais d’imputation des comptes clientèles. On convient alors de supprimer l’obligation d’une présence physique en chambre de compensation et à une participation obligatoire à tous les points d’accès à la compensation. Ainsi, la dématérialisation des valeurs papiers devra nécessairement accompagner l’automatisation des traitements de compensation pour donner lieu à une véritable réduction des délais de paiement de ces valeurs et effacer les contraintes induites par la localisation des valeurs par rapport aux lieux de compensation. En outre, la création des images scannées des valeurs papier et l’organisation de leur échange constitueront un autre axe d’actions à assumer par la communauté bancaire dans son ensemble. Le projet qui a déjà connu ses différentes phases d’évolution démarrera selon le chronogramme officiel de la banque centrale, dans le courant du dernier trimestre de cette année 2004 par la phase test pour être en application effective en 2005. LE SOUS SYSTEME DE PAIEMENT PAR CARTE BANCAIRE Le système économique de l’union se caractérise par l’utilisation démesurée de la monnaie fiduciaire dans l’ensemble des transactions. Dans le but d’inverser 31 cette tendance, la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest a décidé de mettre en place, en collaboration avec les banques de l’union, un groupement monétique. Ainsi, il a été créé le Groupement Interbancaire Monétique de l’UEMOA(GIMUEMOA). Le GIM est la structure administrative et réglementaire de la monétique régionale. Déjà en septembre 2003, 47 banques avaient signé le protocole d’accord et le contrat constitutif du GIM, selon des informations obtenues auprès de la banque centrale et ce, en préparation du lancement du système de paiement par carte bancaire régionale qui sera acceptée et utilisée sur l’ensemble de l’union En effet, la monétique dans la zone est encore exclusivement une monétique privative, basée sur le principe de l’intrabancarité c’est-à-dire que chaque établissement développe son propre système d’émission et d’acceptation de carte qui n’autorise aux porteurs que des transactions sur leur banque. Dans ces conditions, un porteur d’une banque donnée ne peut effectuer des retraits que sur les automates de sa banque et réaliser des transactions de paiement qu’auprès des opérateurs affiliés à celle-ci. Par conséquent, l’interbancarité n’existe presque pas entre les différents réseaux bancaires de l’UEMOA, les seuls possibilités d’interbancarité étant celles offertes par les grands émetteurs de cartes(Visa, Mastercard, Armex, etc.) avec un coût très élevé. Le nombre de cartes bancaires en circulation dans la zone est estimé à 400 000, dont les 80% en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Moins de 25% des banques de l’union émettent des cartes avec un total de 667 terminaux de paiement électroniques. Ainsi, le rôle principal du groupement est d’harmoniser les positions des banques et établissements financiers pour favoriser la mise en place d’un système interbancaire et gérer les problèmes d’interopérabilité. La mise en place de ce dispositif requiert son articulation avec les systèmes de paiement développés au plan international et passe par conséquent par le respect de certaines exigences qui s’imposent en tant que contraintes structurelles. Ces contraintes sont posées par des instances internationales de régulation comme la BRI(Banque des Règlements Internationaux) et ISO(organisation internationale de normalisation) et permettent de veiller à : • la sécurité et la solidité juridique du système de paiement • la consécration de règles et procédures claires,accessibles et d’interprétation sûre ; • la promotion d’un environnement juridique adapté aux méthodes modernes de paiement ; 32 • la consécration de règles conformes aux normes internationales en matière de délai de paiement et de gestion des risques et des fraudes. L’ensemble de ces dispositifs devrait être opérationnels d’ici la fin de l’année 2004(cf. www.unitar.org). 2.1.2. Création d’activités nouvelles La mise en œuvre de la reforme des systèmes et moyens de paiement de l’UEMOA occasionnera des tâches nouvelles notamment un système de compensation innovant avec le développement de l’interbancarité. Les départements de trésorerie des établissements bancaires de l’union devront se familiariser à la conclusion de transactions à l’échelle régionale ou sousrégionale notamment avec les contraintes liées à la gestion de la trésorerie intra journalière. Notre enquête réalisée auprès de monsieur BLEU FRANCK EMMANUEL, consultant en banque et formateur en système RTGS nous ont permis de découvrir que l’aspect réactivité retrouve tout son sens dans la mesure où la centralisation de la liquidité implique nécessairement une prévision en temps réel. Par ailleurs, une organisation pertinente s’impose à cause du pilotage des flux de messages SWIFT à gérer également en temps réel. En effet, une transaction par le système RTGS occasionne trois niveaux d’intervention : - opération de saisie - contrôle ==> première validation - supervision Web ==> consultation des ordres en fil d’attente et/ou les ordres de la banque à envoyer dans le réseau RTGS. 33