supplément spécial Napoléon Bonaparte : un fascinant destin dont le document « Sur les traces de Napoléon », diffusé le vendredi 12 septembre à la RTBF, raconte le parcours en Belgique jusqu’à la tragique défaite à Waterloo. napoléon EN BELGIQUE UNE GRANDE AVENTURE HISTORIQUE Le patrimoine belge et ses trésors U ne épopée historique. Un décor grandiose. Un patrimoine exceptionnel. Avec l’émission « Sur les traces de Napoléon » diffusée le vendredi 12 septembre, la RTBF marque la rentrée télé de son empreinte. Réalisé par Ldv Production en coproduction avec Wallonie-Bruxelles Tourisme et la RTBF, le document imaginé par Jean-Louis Lahaye et Patrick Vanderheyde s’inscrit parfaitement dans la mission d’une chaîne de service public : informer et divertir par des outils de qualité. Et l’ancrage belge renforce l’intérêt pour ce type de programme. Tout le monde sait que Napoléon a chuté à Waterloo. Mais sait-on vraiment ce que l’Empereur a fait sur le sol belge ? Il y a passé quatre jours. La bataille du 18 juin 1815 n’est, en réalité, que l’aboutissement de ces journées-là. Son tragique destin, sa défaite cruelle, les incohérences du mythe s’expliquent en Belgique, sur le tracé de la route Napoléon. Un chemin parti de Golfe-Juan, dans le sud de la France, mais qui se termine par une traversée du Hainaut, de la province de Namur, avant une issue en Brabant wallon. Tout, aujourd’hui, dans ces régions, rappelle le passage de l’Empereur et de son armée. Cette épopée devait se raconter sur un ton neuf et captivant. C’est ce que réussit « Sur les traces de Napoléon », par le biais d’images fortes et l’intervention d’historiens et spécialistes. Le canevas lance une vraie série de documents télé. Les sujets ne manquent pas, effectivement, quand histoire et patrimoine se rejoignent sur le territoire belge. Une alchimie prolongée par un ouvrage paru aux Editions Renaissance du Livre, développée par Wallonie-Bruxelles Tourisme et illustrée, cette semaine, par ce supplément spécial. Un partenariat RTBF/Paris Match Belgique qui, après ceux avec « C’est du Belge », « Ma Terre », « Ce jour-là » et d’autres dans le domaine de l’information, s’inscrit à nouveau dans une lignée de qualité. Le poids des mots et le choc des photos au service d’un pan d’histoire n’est pas qu’une recette : c’est une volonté journalistique quand on cherche à valoriser le capital méconnu de son pays. Voilà pourquoi « I Like Belgium », l’opération de mise en exergue des valeurs belges lancée par Paris Match, est associée au projet. Bonne lecture. Marc Deriez pa r i s ma t ch .co m 3 « Sur les traces de Napoléon » montre l’importance du passage de l’Empereur en Belgique : c’est sur les terres belges que l’histoire a basculé. Nous sommes en 1815 et Napoléon rentre d’exil. Son séjour sur l’île d’Elbe n’a pas calmé sa soif de revanche. L’Empereur débarque à Golfe-Juan et entame sa remontée vers Paris d’abord, mais surtout vers la Belgique, où ses ennemis sont regroupés. Les Prussiens et les Anglo-alliés l’attendent de pied ferme. A la mi-juin, Napoléon entre en Belgique. Il y passe quatre jours. Une marche historique dont l’issue, le 18 juin, change la face de l’Europe. La route Napoléon est aujourd’hui le vestige de cette campagne militaire éclair. Waterloo est célèbre dans le monde entier. Mais qui connaît les vraies raisons de l’échec français ? Les jours qui ont précédé l’ultime bataille en sont les prémices. Elles sont inscrites sur les chemins du Hainaut et de la province de Namur. Ce sont ces quatre jours que le document « Sur les traces de Napoléon » retrace et explique. Les points d’intérêt sont multiples : historiques, politiques, touristiques. Un programme neuf pour décortiquer le passé de l’Europe en plein bouleversement. LA ROUTE NAPOLéON, VESTIGE DE FAITS HISTORIQUES pa r i s ma t ch .co m 5 La célèbre bataille du 18 juin 1815 reconstituée. A l’issue de celle-ci, une nouvelle ère va commencer. WATERLOO, LES ERREURS FATALES Le 18 juin 1815, la bataille de Waterloo est le point d’orgue de l’avancée de Napoléon en Belgique. Elle met face à face les 130 000 hommes de la « Grande Armée » française et les 210 000 soldats des « Alliés » : les Britanniques de Wellington, les Prussiens de Blücher, sans compter des mercenaires allemands et une armée néerlandaise commandée par le prince d’Orange-Nassau. Cent mille hommes au total seront tués ou blessés. Une bataille décisive à plus d’un titre, qui signifiera la fin du règne de Napoléon : celui-ci devra abdiquer quatre jours après son retour à Paris. L’Empereur aura payé très cher une suite d’erreurs : un mauvais choix d’état-Major, une mauvaise appréciation des intentions de l’ennemi, du temps perdu, des hésitations, un excès de confiance et des détails et des petites malchances qui s’accumulent pour produire de grandes fautes. Malgré tout, à Waterloo, les conceptions stratégiques de Napoléon demeurent supérieures à celles de ses adversaires. pa r i s ma t ch .co m 7 LE GRAND TéMOIN : CHARLES BONAPARTE « LA TRAJECTOIRE DE NAPOLéON EST UN ENSEIGNEMENT PRéCIEUX POUR LES CITOYENS DE L’EUROPE D’AUJOURD’HUI » U N E N T R E T I E N A V E C F R é D é RIC LOORE Paris Match. Porter le nom de Bonaparte, qu’est-ce que ça représente en 2014 ? Charles Bonaparte. C’est un héri- tage culturel que les hasards de la naissance ont mis entre mes mains. Je m’efforce de le mettre en valeur de la manière la plus intelligente possible, en rapport avec la société de notre temps, qui interroge l’histoire et la culture au départ de questionnements fatalement différents de ceux du passé. Tout le défi est d’arriver à partager avec les gens de notre époque ce qui constitue une page importante de leur histoire. Je suis convaincu, avec l’ensemble des femmes et des hommes de culture, que l’histoire doit tenir un rôle dans notre société, non pas pour la rejouer, mais pour permettre à nos contemporains d’aller de l’avant en y trouvant des réponses aux questions actuelles. Il ne s’agit pas de prendre modèle sur ce qui s’est passé, mais de tirer les leçons d’expériences vécues par nos prédécesseurs qui, confrontés à des situations problématiques et « Napoléon Bonaparte est radicalement nouvelles celui qui diffuse en Europe les dans le domaine poligrands principes de la tique, social, économique, Révolution française. Il répand en particulier l’idée de nation en tant qu’affirmation des libertés individuelles. » culturel ou environnemental, que sais-je encore, ont cherché à y répondre et y sont parvenus de temps à autre, en mettant en œuvre des idées ou des concepts nouveaux. Nous, les hommes et les femmes du XXIe siècle, devons être « La critique historique actuelle permet de mieux comprendre le personnage dans sa totalité » conscients que nos racines plongent dans l’histoire, singulièrement dans l’histoire du pays où nous vivons. C’est encore plus vrai à l’heure de l’Europe, où il s’agit de trouver une nouvelle citoyenneté européenne qui dépasse les identités nationales et ne peut s’ancrer que dans l’histoire de notre continent. De ce point de vue-là, Napoléon Bonaparte est un exemple. Non qu’il faille refaire l’Europe de Napoléon, ce serait risible, dérisoire et déplaisant. Mais, comme d’autres avant lui – je songe par exemple à Charles Quint ou à Charlemagne –, il a tenté de construire un projet européen dont les difficultés, les errements, les échecs peuvent servir d’enseignements précieux pour les citoyens de l’Europe d’aujourd’hui. La littérature, le cinéma, la télévision ou encore la bande dessinée font leur manne de la mythologie napoléonienne, dont le succès populaire ne se dément pas. Les reconstitutions de ses grandes batailles attirent le public en masse, notamment celle de Waterloo, dont le prochain bicentenaire annonce un succès de foule considérable. Quel regard portez-vous sur la fascination que votre illustre aïeul continue d’exercer ? La foule des curieux qui se pressent dans les grandes commémorations s’y rend avant tout pour se distraire et s’émerveiller. Le côté spectaculaire de ces manifestations est indéniable : c’est grandiose, mouvementé, bruyant, coloré. Mais au-delà de cette motivation ludique, parfaitement respectable du reste, je suis frappé de voir que pour plusieurs pays où les batailles napoléoniennes sont reconstituées – je pense notamment à l’Autriche avec Austerlitz ou à l’Allemagne avec Iéna –, celles-ci sont synonymes de défaites. Néanmoins, on les célèbre là-bas. Qu’est-ce qui fait qu’un pays célèbre une défaite ? C’est curieux, tout de même. Ça signifie, selon moi, qu’en dépit de l’échec militaire auquel elles renvoient, ces batailles sont perçues comme faisant intégralement partie de l’histoire de ces pays, ayant contribué à les fonder d’une certaine manière. De nouveau, on en revient à la culture et à l’histoire. D’autre part, ce qui peut expliquer en partie la fascination dont vous parlez, c’est le fait que Napoléon Bonaparte est celui qui diffuse en Europe les grands principes de la Révolution française. Il répand en particulier l’idée de nation en tant qu’affirmation des libertés individuelles. Un peuple se représente en nation de citoyens libres. Il n’y a pas de nation sous la monarchie, en tout cas pas sous la monarchie absolue. Or, les campagnes napoléoniennes inscrites dans l’après-révolution de 1789, menées dans ces pays de vieille tradition monarchique, marquent le début de leur transformation en nations modernes. C’est sans doute l’une des raisons pour laquelle le public s’y reconnaît, participe volontiers à leurs commémorations et entretient la légende napoléonienne. Ceci étant dit, le concept de nation présente un versant négatif, dès lors qu’il correspond à l’affirmation et même à la suraffirmation identitaire qui a aussi conduit aux guerres de l’Empire et, plus tard, à celles du XIXe et du XXe siècles. Vous parlez de la légende napoléonienne. Justement, le personnage a longtemps été conspué par les uns, adulé par les autres. De nos jours, s’il ne rassemble pas encore, en tout état de cause, Napoléon divise moins. Et vous, comment vous positionnez-vous dans ce débat ? Encore une fois, je pense qu’on a raison de revenir à l’histoire sans préjugés. L’histoire, c’est au fond une manière de comprendre les relations de cause à effet. Lorsqu’on la relit, on observe, chez un personnage de l’importance de Napoléon, à la fois des aspects prophétiques résolument modernes et des aspects régressifs qui portent la marque de temps révolus et se manifestent au travers de la guerre, de la violence et NAPOLéON PAR NAPOLéON Charles (Napoléon) Bonaparte (63 ans) est l’aîné de l’unique branche survivante des descendants en ligne de Charles Bonaparte, via le rameau issu de Jérôme Bonaparte, le frère de l’Empereur Napoléon Ier. Il est également apparenté à la famille royale de Belgique, puisque sa grand-mère paternelle n’était autre que Clémentine de Belgique, fille du roi Léopold II. Docteur en sciences économiques, Charles Bonaparte a mené une carrière d’ingénieur dans l’administration publique en France et à l’étranger avant de se tourner vers la finance, puis l’immobilier. Engagé en politique sous les couleurs du Mouvement démocrate et du Parti socialiste, il a été maire adjoint d’Accacio (Corse) et conseiller municipal à Nemours (Seineet-Marne). Il est marié et père de trois enfants. Entre autres ouvrages, il est l’auteur de « Napoléon par Napoléon » aux Editions du Cherche-Midi et de « Napoléon, mon aïeul, cet inconnu » chez XO Editions. Charles Bonaparte. du despotisme. La critique historique actuelle permet de mieux comprendre le personnage de Napoléon dans sa totalité et de faire la part des choses plus sereinement. Autrefois, la lecture de l’histoire était davantage politisée, il faut bien le dire. En gros, la droite autoritaire se reconnaissait en Napoléon Ier, tandis que la gauche dénonçait le tyran liberticide. On est heureusement sorti de ce clivage, ce qui explique du reste « Napoléon n’est ni de droite, ni de gauche » l’intérêt que lui porte un public très large. Sans cela, vous n’auriez que des gens de droite parmi ses admirateurs et d’autres, exclusivement de gauche, parmi ses détracteurs. Or, c’est loin d’être le cas. Napoléon n’est ni de droite ni de gauche, il appartient à l’histoire. Vous qui êtes familier du milieu politique, diriez-vous que l’absence d’un leader ayant l’énergie et, plus encore, la capacité à porter et même à incarner un projet et une vision d’avenir, aujourd’hui en France, en Belgique ou ailleurs en Europe, explique en partie l’attrait que suscite Napoléon ? Il ne faut pas perdre de vue que Napoléon s’est retrouvé aux prises avec des circonstances très particulières qui l’ont conduit à prendre le pouvoir en 1799, à la faveur d’un coup d’Etat, dans une France qui sortait de dix ans de Révolution et de désordre, mais dans laquelle les idéaux révolutionnaires étaient très profondément ancrés. De plus, la guerre menaçait le pays et lui était en quelque sorte le sabre au service du triumvirat consulaire. Fort heureusement, nous n’en sommes pas là aujourd’hui dans nos pays. Ceci étant, l’énergie de l’homme, elle, est effectivement tout à fait extraordinaire et il l’exprime de multiples manières, ne serait-ce qu’à travers sa correspondance : pas moins de 45 000 lettres, tout de même ! Puis, il y a sa détermination, sa volonté, son abnégation, son courage qui séduisent certainement aujourd’hui. En ce qui concerne le projet politique, s’il est vrai que la France ou la Belgique manquent d’une vision à long terme, elle ne peut guère s’inscrire que dans une perspective européenne, peut-être même mondiale, en dehors de laquelle cela n’aurait pas beaucoup de sens compte tenu de l’évolution de notre monde. Et puis aussi dans un contexte culturel tout différent, parce qu’il ne faut pas oublier qu’à l’époque, les gens allaient peu à l’école, lisaient peu, étaient peu informés, etc. A présent, les opinions publiques modernes sont autrement plus difficiles à convaincre. Serez-vous présent pour le bicentenaire de la bataille de Waterloo ? Très certainement, oui, j’y suis invité. A ce propos, je suis à l’initiative d’une fédération européenne qui regroupe les cités napoléoniennes (*). Nous participons à un programme du Conseil de l’Europe qui associe ces villes et vise la mise en valeur de leur patrimoine historique, culturel et touristique. Pour ce qui concerne la Belgique, trois villes adhèrent à la fédération : Waterloo, Anvers et Sombreffe. Par ailleurs, toujours dans le cadre du Conseil de l’Europe, nous allons inscrire la « Route Napoléon en Wallonie » dans un vaste programme d’itinéraires culturels européens qui traversent une dizaine de pays, depuis le sud de l’Espagne jusqu’en Russie, et qui s’accompagnent d’animations permanentes. n (*) www.napoleoncities.eu pa r i s ma t ch .co m 9 L’HISTORIEN : PHILIPPE RAXHON « Napoléon est un fils de la Révolution », explique Philippe Raxhon (petite photo), « en ce sens qu’elle a permis à des hommes comme lui de s’élever dans la société et de s’inscrire dans la mobilité sociale ». « DEUX SIèCLES PLUS TARD, NOUS VIVONS TOUJOURS SOUS L’HéRITAGE DE NAPOLéON » Le personnage de Napoléon et la légende qui l’entoure continuent de fasciner. Car, au-delà des guerres qui rappellent des jours sombres, et du temps qui pourrait effacer les aspects positifs d’un destin d’exception, son héritage reste important. Philippe Raxhon est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Liège (ULg). Comme spécialiste des relations entre l’histoire et la mémoire, il travaille sur les commémorations, notamment celle de la bataille de Waterloo. A ce titre, il est membre du comité scientifique international qui accompagne le futur Mémorial de Waterloo et co-auteur du récent guide Michelin sur la « Route Napoléon en Wallonie ». Vous le verrez dans le document « Sur les traces de Napoléon » diffusé par la RTBF. Pour Paris Match, en avant-première, il décrypte l’histoire de l’Empereur et ses retombées. pa r i s ma t ch .co m 11 « NAPOLéON CUMULE TOUS LES STéRéOTYPES SéDUISANTS ET DéTESTABLES DE L’HOMME D’ACTION » U N E N T R E T I E N A V E C F R é D é RIC LOORE Paris Match. En Belgique, le souvenir de Napoléon se rattache fatalement à Waterloo. Quelle est la portée historique de cette célèbre bataille ? Philippe Raxhon. Elle marque à la fois le point final de l’expansion de la Révolution française et de l’épopée napoléonienne. C’est la clôture d’un quart de siècle d’histoire européenne, avec le surgissement d’un monde nouveau, dont la genèse remonte au Congrès de Vienne de 1814-1815. A ce moment, on note une césure dans l’histoire du continent européen et même du monde. Parce que le XIXe siècle tel qu’on le conçoit s’amorce alors : la suprématie anglaise peut s’exprimer au travers de l’Empire britannique et la réduction des frontières de la France permet à l’Allemagne de commencer à ensemencer le terreau de sa future unification. Bref, c’est chez nous, à quelques kilomètres de Bruxelles, que s’est joué le sort de l’Europe. « La bataille de Waterloo est la clôture d’un quart de siècle d’histoire européenne, avec le surgissement d’un monde nouveau » Peut-on dire que Waterloo a servi de caisse de résonance à la légende napoléonienne ? Absolument. Waterloo s’est rapidement retrouvé au cœur des différents discours nationaux, ceux des vainqueurs bien sûr, mais également celui du vaincu, et son souvenir a accompagné irrésistiblement le développement de la légende napoléonienne. Elle s’est amplifiée dès le XIX e siècle et même encore au XXe siècle, au point de laisser de nombreuses traces tangibles au travers des monuments et des commémorations qui entourent le champ de bataille et, plus largement, la campagne de Belgique. Le tourisme mémoriel s’est également développé très tôt puisque, dès 1816, on voit apparaître des règlements de police communaux destinés à canaliser l’afflux de visiteurs aux abords du lieu de la bataille. Waterloo a donc toujours été un pôle d’attraction. On sait peu que Waterloo s’inscrit dans une campagne de quatre jours, lesquels n’ont pas simplement consisté en l’acheminement des troupes sur le lieu de l’empoignade finale… Effectivement, Waterloo n’a de sens que si on l’intègre dans la campagne de Belgique, qui se déroule du 15 au 18 juin 1815. Ce ne sont que quelques journées, mais elles sont cruciales. Lorsque débute la campagne, Napoléon, qui a repris le pouvoir à Paris, ne se trouve pas en position de force, d’autant que ses adversaires européens ont mobilisé près d’un million d’hommes et marchent vers la France. L’Empereur, n’ayant pas les moyens militaires de les affronter tous en même temps, recourt à la vieille stratégie qui lui a souvent souri lorsqu’il s’est trouvé confronté à de vastes coalitions et qui consiste à les battre séparément. L’opportunité de le faire se dessine en raison de la présence, en Belgique, des troupes de l’Anglais Wellington et du Prussien Blücher. En l’occurrence à Bruxelles et dans le Brabant pour les Britanniques et leurs alliés, à Namur et Liège pour les Prussiens. Napoléon prend donc l’initiative d’attaquer le premier et de lancer une offensive éclair à la tête de son armée relativement modeste de 130 000 hommes environ, dans l’intention de vaincre isolément ces deux adversaires qui sont les fers de lance de la coalition. Toute la logique de la campagne de Belgique est là. S’il y parvient, il espère ensuite pouvoir négocier une paix séparée. Au fil des 100 kilomètres qui la séparent de Waterloo, l’armée napoléonienne livre des batailles un peu oubliées aujourd’hui. Quelles sont-elles et en quoi ont-elles été déterminantes ? Le 15 juin 1815, Napoléon franchit ce qui deviendra quinze ans plus tard la frontière belge à proximité de Beaumont, dans la botte du Hainaut actuel. Son objectif prioritaire, c’est Bruxelles, qu’il souhaite gagner le plus vite possible. Le 16 juin, son armée livre simultanément deux batailles principales, à la fois la fameuse bataille de Ligny, en province de Namur, contre les Prussiens, considérée comme sa dernière victoire ; et celle des Quatre-Bras, non loin de Genappe en Brabant, contre les Anglais et où va s’illustrer le maréchal Ney, l’un des fidèles de Napoléon. Les choses vacillent ce jour-là car, en réalité, ces deux affrontements ne se soldent pas par des victoires totales. Si les Prussiens enregistrent de très lourdes pertes à Ligny, ils parviennent néanmoins à se retirer en bon ordre. Pareillement aux QuatreBras, où les Anglais effectuent un repli stratégique. La ligne de retraite naturelle de Wellington, c’est vers Bruxelles et plus loin Ostende pour réembarquer au besoin, tandis que celle des Prussiens, c’est vers Liège et puis l’Allemagne. Or, au lieu de battre en retraite dans cette direction, les Prussiens bifurquent vers Bruxelles via Wavre afin d’opérer une jonction avec les Anglais et couper ainsi la route de la capitale à Napoléon. Cette manœuvre est cruciale en ce sens qu’elle va peser très lourd dans l’issue de la campagne de Belgique. Il a fallu pour ça que Wellington et Blücher se fassent mutuellement confiance, ce qui n’était pas toujours le cas au sein des grandes coalitions. Si jamais Wellington n’avait pas tenu sa parole et pris l’option de se retirer au-delà de Bruxelles, l’armée prussienne se serait alors retrouvée à la merci des Français, n’ayant plus aucune solution de repli. Ce scénario-là, Napoléon l’a très mal anticipé. Il a mal jaugé, d’une part, l’état des forces encore opérationnelles des deux belligérants, et d’autre part l’éventualité du succès de leur jonction. Dès lors, lorsque la bataille de Waterloo s’engage le 18 juin, elle survient au terme d’une série de combats déjà très durs. D’ailleurs, les hommes qui s’affrontent ce jour-là n’ont pas cessé de marcher et de se battre depuis quatre jours. Les troupes sont épuisées. Elles sont dans un état qui n’a rien à voir avec la représentation rutilante qu’on en donne parfois. Les hommes sont dépenaillés et couverts de boue, à tel point qu’on ne sait parfois pas distinguer à quel camp ils appartiennent. Justement, qui trouve-t-on dans les armées de l’époque ? Y avait-il des Belges, à la fois dans les rangs napoléoniens et ceux des coalisés ? Oui, des Belges sont engagés sous les différents drapeaux. Dans l’armée napoléonienne, ils sont là par adhésion, tandis que c’est a priori dans l’armée des Pays-Bas (auxquels la Belgique appartient alors) que servent les soldats belges. Pour sa part, l’armée de Wellington est très bigarrée. On y trouve bien sûr des Britanniques, mais aussi beaucoup d’autres ressortissants, des Hollandais, des Hanovriens, etc. C’est pour ça qu’on l’appelle l’armée anglo-alliée. Les troupes prussiennes se composent essentiellement de nationaux. La bataille de Waterloo a-t-elle été hors normes au regard des précédentes batailles napoléoniennes ? Oui, dans la mesure où 100 000 hommes y ont été tués ou blessés si l’on prend en compte les quatre jours de campagne de Belgique ! Compte tenu des moyens militaires de l’époque, c’est absolument considérable. Ce qui signifie que l’on s’est battu avec acharnement de part et d’autre. Cet acharnement s’explique pour plusieurs raisons : d’abord, « Son épopée avait atteint son crépuscule, quand bien même il aurait gagné » chez les Prussiens, le sentiment national, exacerbé par l’occupation française de la Prusse, est très fort et s’accompagne de surcroît d’un farouche désir de venger la prise de Berlin. Ensuite, les Britanniques disposent d’une armée de métier très robuste et donc très efficace. Enfin, dans le camp français, l’élan pour Napoléon demeure très présent chez ses sol- dats qui, au surplus, voient dans l’éventuel retour victorieux de leur Empereur le moyen de recouvrer leur solde d’antan, amputée sous la première Restauration. Est-il permis de penser que si Napoléon avait gagné à Waterloo, la Belgique serait française aujourd’hui ? Ce qui est certain, c’est que Napoléon aurait dormi à Bruxelles au soir ou au lendemain de la bataille et que les Anglais se seraient repliés. Mais de là à ce que Napoléon trouve un terrain d’entente avec les vaincus, qui aurait mené à une paix européenne entérinant le maintien de la Belgique dans le giron français, il y a de la marge. L’Angleterre n’aurait par exemple jamais accepté que le port d’Anvers soit français. A ce propos, Napoléon disait que le port d’Anvers était un pistolet braqué sur le cœur de l’Angleterre… C’est exact. Par ailleurs, je ne crois pas que d’autres nations comme la Russie ou l’Autriche auraient baissé les bras. Je pense que le cycle de la guerre aurait de toute façon repris ultérieurement en raison de l’impossibilité, pour les souverains européens légitimistes de l’époque, d’envisager l’installation « Napoléon prend l’initiative durable d’une dynastie d’attaquer le premier et de napoléonienne à la tête lancer une offensive éclair dans d’une France puissante, l’intention de vaincre isolément ces deux adversaires qui sont les fers de lance de la coalition. » pa r i s ma t ch .co m 13 débordant de ses frontières. Et ceci, audelà des questions de rivalités économiques et géopolitiques, parce qu’une dynastie provenant d’une lignée non aristocratique – il ne faut pas oublier que sans la Révolution française, Napoléon serait resté un lieutenant d’artillerie – n’est pas concevable à leurs yeux. Quoi qu’il en soit, la guerre aurait continué après Waterloo, aux dépens de Napoléon, la France n’étant pas non plus un réservoir inépuisable d’hommes. Son épopée avait atteint son crépuscule, quand bien même il aurait gagné la bataille de Waterloo. Mais nous sommes dans le registre des suppositions. Vous l’avez dit, au Congrès de Vienne, les pays vainqueurs de Napoléon Ier vont changer le destin de l’Europe, et notamment celui de la Belgique. Que s’y est-il passé ? Le Congrès de Vienne, qui débute en 1814 et s’achève en 1815 avant Waterloo, est le plus grand rassemblement diplomatique de l’Histoire, puisque jamais auparavant on n’avait réuni autant de chefs d’Etat et délégations. Les vainqueurs de Napoléon vont remodeler l’Europe au nom d’un principe dit d’équilibre européen. Constatant que toutes les guerres survenues sur le Vieux Continent se sont invariablement terminées par l’épuisement de toutes les par- « Napoléon a décidé d’harmoniser le fouillis de lois révolutionnaires : il marquera le monde pour longtemps en donnant naissance aux différents codes civil, pénal, du commerce » ties, les grandes puissances cherchent à instaurer une sorte d’équilibre entre elles, comme garantie de la paix en Europe. Les grandes puissances, ce sont alors l’Angleterre, la Russie, la Prusse, l’Autriche et, dans une moindre mesure, la France de la Restauration, dont les autres se méfient beaucoup. Mais en fait d’équilibre, il s’agit avant tout de permettre à chacune d’elles de concrétiser ses ambitions géopolitiques sans entrer en conflit avec ses rivales, quitte à faire fi des intérêts des petites nations et du désir des peuples. C’est dans cette perspective que les Belges sont devenus Hollandais sans même qu’on les consulte et avec pour unique raison de créer un tampon entre la France et les puissances voisines. Le Congrès de Vienne accouche donc d’une paix continentale, mais c’est une paix biaisée, étant donné qu’elle implique l’oppression des minorités et ne tient pas compte des aspirations des peuples. Pendant la période qui va suivre, la pratique des congrès se répand, de façon à régler les situations conflictuelles avant qu’elles ne dégénèrent. En réalité, dès les années 1820, ces congrès visent surtout à identifier les insurrections libérales, nationales, et à les mater. C’est l’Autriche, gendarme de l’Europe sous l’ère Metternich jusqu’en 1848, qui s’en charge en particulier. Les foyers de révolution qui apparaissent à cette période, comme en Belgique en 1830, cristallisent l’affrontement entre les derniers partisans de l’Ancien Régime et la nouvelle Europe des nationalités en marche. Le fait de postuler que la paix repose sur l’expansion légitime des grandes puissances va considérablement nourrir le XIXe siècle. Partant, lorsque ces puissances se retrouvent en compétition aiguë dans la dernière partie du XIXe siècle, à la fois sur le terrain mondial au travers de la colonisation, et sur le terrain économique via la révolution industrielle, les temps sont mûrs pour que des conflits internationaux éclatent. C’est dans ce contexte que se produit la Première Guerre mondiale. Revenons à Napoléon. Peut-on de nos jours faire la part des choses entre sa légende dorée et sa légende noire ? Entre l’héritier et le gardien des principes de la Révolution et le despote mégalomane, comment faire le tri des préjugés ? On n’a pas fini d’épuiser le sujet. Ceci étant, on peut dire qu’incontestablement Napoléon est un fils de la Révolution, en ce sens qu’elle a permis à des hommes comme lui de s’élever dans la société et de s’inscrire dans la mobilité sociale. Danton disait : « Si mon fils en a le courage et les capacités, il peut devenir maréchal de France, c’est ça notre victoire. » Napoléon en est la parfaite illustration. Vivant sous l’ancien régime, je le disais, il serait demeuré un petit officier d’artillerie, faute de posséder suffisamment de quartiers de noblesse pour aspirer à des fonctions militaires importantes. Or, grâce à la Révolution, il s’est fait tout seul et c’est pareil pour ses maréchaux et ses généraux, ce qui explique en partie le dynamisme de son armée. Par ailleurs, il se voit comme celui qui doit ramener l’ordre en France où, après la mise à bas de l’Ancien Régime et la distance prise avec l’Eglise, qu’il approuve, règne un certain chaos. Son message aux préfets lorsqu’il devient Premier Consul, c’est précisément qu’il faut remettre de l’ordre dans le pays et cesser de faire la révolution. S’impose-t-il à la manière des dictateurs de salut public dans la Rome antique ? Il y a de ça, oui. Il se pose en unique alternative au chaos. Il joue là-dessus. Plus concrètement, il décide d’harmoniser le fouillis de lois révolutionnaires au travers d’un effort considérable de codification du droit qui marquera le monde pour longtemps en donnant naissance aux différents codes civil, pénal, du commerce. Il faut songer que nous vivons toujours sous cet héritage napoléonien deux siècles plus tard. Il a aussi une vision de l’administration de l’Etat extrêmement moderne, fondée sur l’idée que les fonctionnaires doivent être choisis selon leurs compétences. C’est d’une telle efficacité que, par la suite, les régimes hollandais et belge vont conserver les structures administratives mises en place par Napoléon, les provinces chez nous étant le décalque des départements français. Il négocie avec le pape Pie VII le fameux concordat de 1801 qui pacifie les tensions nées de la Révolution, ramène les catholiques dans le giron français et, plus largement, organise les rapports entre les différentes religions et l’Etat. Par contre, là où il trahit l’idéal démocratique révolutionnaire, c’est lorsqu’au nom de la stabilité du pays il conserve un système électoral qui donne le pouvoir à la bourgeoisie. Il a en outre une sainte horreur de la liberté de la presse, qu’il étouffe. Sans doute parce qu’il a compris mieux que quiconque la puissance des mots, lui qui maîtrise parfaitement l’art de la rhétorique et en particulier de la rhétorique révolutionnaire. Mais s’il bride la presse, il ne lui applique toutefois pas une censure aussi radicale que celle en vigueur sous l’Ancien Régime. Tout simplement parce qu’il sait très bien où sont les limites et comment ne pas les franchir. Napoléon croit aussi en l’égalité des hommes en ce sens que l’origine sociale d’un homme, sa couleur de peau, sa religion, etc., lui importent peu. Ce qu’il cherche avant tout, ce sont les compétences et les mérites. Il a certes rétabli l’esclavage dans les colonies, mais uniquement par opportunisme, pour raisons économiques et pour régler certaines difficultés politiques. On a cependant des témoignages de ses gardiens anglais lors de son exil à Sainte-Hélène qui attestent de sa proximité dans son quotidien avec les esclaves de l’île. Il avait déjà manifesté cette même proximité avec ses soldats, partageant volontiers leurs bivouacs. A l’époque, il était impensable que le tsar de Russie ou l’empereur d’Autriche fassent une chose pareille. C’est aussi en cela que, chez lui, la figure de l’autocrate n’est en rien comparable avec ce qu’elle pouvait être chez les dynastes de son temps, peu impliqués dans « Pour la Belgique, économiquement, la période napoléonienne a été remarquable » la vie de leurs peuples. Ce pragmatisme le rend assez moderne. Maintenant, il est clair qu’il était d’esprit bourgeois et cultivait les schémas mentaux du début du XIXe siècle, à ce point de vue très inégalitaires sur le plan socio-économique. Il reste alors le grand reproche, celui d’avoir entraîné dans la mort des centaines de milliers d’hommes au fil de ses campagnes. Lui se défendait pourtant de vouloir la guerre, il prétendait défendre la France. Ce n’est pas complètement faux, mais il s’agissait aussi d’un argumentaire de conquête. Or, c’était un conquérant par nature. Il aimait d’ailleurs être en campagne militaire, personnellement, physiquement. Il adorait organiser ses campagnes jusque dans les moindres détails. Sa mémoire phénoménale lui permettait de tout connaître de son armée, dont il avait une connaissance encyclopédique, liée à un phénomène passionnel. C’est aussi un homme de pari. Quitter l’île d’Elbe, par exemple, était un pari complètement insensé. Quelqu’un de raisonnable ne s’y serait pas risqué. Lui, si, c’est un joueur. Ce qui le rend à la fois sympathique et antipathique. Napoléon, on n’aura jamais fini d’en faire le tour, parce qu’il cumule tous les stéréotypes séduisants et détestables de l’homme d’action. Ses contradictions, c’est ce qui fait toute la richesse de ce personnage inclassable. Mais ne donne-t-il pas dans la caricature du régime aristocratique auquel la Révolution qu’il prétend défendre a justement mis fin ? Si, parfois. Il se fait sacrer empereur, mais parce qu’il est obnubilé par l’idée de fonder une dynastie. Raison pour laquelle il se sépare de Joséphine, qu’il aime mais qui ne peut lui donner un héritier. Il est vrai cependant qu’il caricature l’ancien régime lorsqu’il dote ses frères et ses sœurs ou quand il crée la Légion d’honneur, quand il nomme dixhuit maréchaux en un jour, quand il crée la noblesse d’Empire, etc. Mais jusqu’où n’est-il pas conscient lui-même qu’il est dans la caricature ? Parce qu’il y a chez lui une lucidité politique remarquable. En agissant de la sorte, il souhaite récompenser les hommes qui lui sont fidèles – ce qu’il sait faire et n’oublie jamais de faire – mais il veut aussi jouer de leurs défauts et de leurs faiblesses. Napoléon, c’est quelqu’un qui connaît l’âme humaine. Un mot sur ce que représentait la Belgique aux yeux de Napoléon ? « La Belgique n’était pas un territoire négligeable pour lui, elle représentait au contraire un espace très important aux plans économique, politique et stratégique. » La Belgique n’était pas un territoire négligeable pour lui, elle représentait au contraire un espace très important aux plans économique, politique et stratégique. Ses venues nombreuses chez nous en témoignent. Or, c’était un homme qui se déplaçait peu en dehors de ses campagnes. Il s’est rendu notamment à Liège à deux reprises, ce qui n’est pas anodin quand on sait qu’il n’a, par exemple, jamais mis les pieds à Rome, qui l’a pourtant attendu très longtemps et où son fils était roi. Pour la Belgique, la période napoléonienne a-t-elle été faste ? D’un point de vue spécifiquement économique, c’est une période remarquable. Parce que la Belgique, la Wallonie singulièrement, est en pleine révolution industrielle et que, grâce au blocus continental qui met hors jeu le grand concurrent anglais, notre industrie profite pleinement du vaste marché qu’offre l’Europe napoléonienne en termes de débouchés pour la métallurgie, le charbon, l’armement, etc. Cette période florissante donnera d’ailleurs bien du regret à certains industriels après la chute de Napoléon et encouragera localement un courant réunioniste pro-français. n pa r i s ma t ch .co m 15 Les merveilles de la Route Napoléon « La butte du Lion : terminée en 1826, cette levée artificielle de terre est en fait constituée d’une colonne de pierre retenue sur toutes ses faces par un cône de terre montant jusqu’au sommet. La colonne est surmontée par un lion de bronze de 28 tonnes, le regard tourné vers la France. La butte fut érigée par le roi des Pays-Bas en l’honneur de son fils, blessé durant la bataille. Le point de vue depuis le sommet est époustouflant. » Telle est la présentation du plus célèbre symbole du passage de Napoléon en Belgique dans l’ouvrage de la Renaissance du Livre (*) qui complète parfaitement l’émission de la RTBF : non seulement celui-ci dit tout, avec moult détails, sur le destin de l’Empereur sur les terres belges, mais il permet à chacun de marcher sur ses pas et de découvrir, au cours d’un fascinant voyage patrimonial, de très nombreux coins de Wallonie. Suivez le guide ! Installé sur le territoire de Braine-l’Alleud, au sommet d’une butte de 41 m de haut accessible par un escalier de 226 marches, le lion de Waterloo symbolise la victoire et le nouveau Royaume-Uni des Pays-Bas : sa gueule ouverte est tournée vers la France, vaincue ; sa patte posée sur un boulet de canon représente la paix que l’Europe a conquise à l’issue de la bataille. (*) Jean-Louis Lahaye présente : « Sur les traces de Napoléon en Belgique », Editions Renaissance du Livre, rédaction Laurent Fauville, 160 pages, 17,90 €. UN SUPERBE OUVRAGE DE LA RENAISSANCE DU LIVRE COMPLèTE LE DOCUMENT DE LA RTBF ET PRéCISE LES ENDROITS à NE PAS MANQUER pa r i s ma t ch .co m 17 UN PARCOURS HISTORIQUE MAIS AUSSI TOURISTIQUE C ’est Olivier Daloze, directeur Presse & NTIC de WallonieBruxelles Tourisme asbl, qui l’explique dans l’ouvrage de la Renaissance du Livre : sur les traces de l’Empereur, la célèbre route Napoléon en Wallonie est un parcours historique mais aussi touristique de premier ordre. « En seulement quatre jours, le passage de Napoléon a laissé de très nombreuses traces en Wallonie, entre Beaumont et Waterloo », explique-t-il. « Plaques sur les bâtiments où l’Empereur a logé (palais des Princes de Caraman à Beaumont, château de la Paix à Fleurus…), monuments (dont ceux autour du carrefour de Quatre-Bras de Baisy-Thy) et lieux à visiter (tour Salamandre à Beaumont, château du Fosteau à Leers-et-Fosteau, centre Général Gérard à Ligny, dernier quartier général de Napoléon à Vieux-Genappe, musée Wellington à Waterloo, Panorama, butte du Lion, nouveau mémorial à Brainel’Alleud…). Mais suivre cette route historique, c’est également l’occasion de découvrir de nombreux lieux touristiques qui sont situés le long du parcours. Ainsi, la ville de Thuin et ses jardins suspendus, la distillerie de Biercée à Ragnies, le site du Bois du Cazier à Marcinelle, la ville de Charleroi et son patrimoine Art nouveau, l’abbaye cistercienne de Villers-la-Ville ou encore la collégiale Sainte-Gertrude à Nivelles (deux étoiles au guide Michelin). Et, pour ceux qui voudraient prolonger leur séjour, les lacs de l’Eau d’Heure et leurs nombreuses activités sportives dans un cadre naturel d’exception. » Voici donc les lieux emblématiques à voir où Napoléon a transité. La stèle de Napoléon au lieu-dit « l’abreuvoir de l’Empereur ». Située à 200 mètres du musée de la Douane et des Frontières. Selon la légende, un jeune garçon du village aurait mis en garde Napoléon sur le fait d’entrer en Belgique : « N’allez pas par là, Monsieur. » Il existe autour de ce récit différentes variantes. À ne pas manquer dans les environs : les villes fortifiées de Maubeuge, Avesnes-sur-Helpe et Le Quesnoy. GRANDRIEU (BELGIQUE) La ferme de Bellevue. Cette ferme accueillit Jérôme Bonaparte durant la nuit qui précéda le départ de l’armée impériale (14-15 juin 1815). La chapelle Notre-Dame du Bonsecours, construite en 1741. La légende locale raconte que les mères de soldats enrôlés dans les troupes de Napoléon pour la campagne de Russie firent réaliser un ex-voto avec les noms des leurs et le cachèrent à l’entrée de la chapelle. BEAUMONT L’Institut Paridaens. Situé sur la grand-place de Beaumont, à droite de l’hôtel de ville. La façade comporte une plaque commémorant le passage de Napoléon. L’Empereur y logea dans une chambre donnant sur la place, la seule avec balcon. Selon la légende, il se montra à plusieurs reprises sur ce balcon dans l’espoir d’éveiller l’enthousiasme de la population. N’y parvenant pas, il s’en trouva particulièrement contrarié. rapporte que le trésor impérial fut caché en ce lieu. Les nombreuses recherches menées depuis plus de deux siècles sont restées infructueuses. Visites possibles sur rendez-vous. LA HOUZÉE Hugo, ainsi que des objets d’artisanat. Plus de 650 objets y sont exposés. Après avoir gravi les 136 marches de la tour, on peut admirer un joli panorama de la région. STRÉE Ancienne chaussée romaine de Bavay à Trèves. Le nom du village proviendrait du latin « strala ». Cette chaussée sera utilisée sur plusieurs tronçons au cours des déplacements de l’armée impériale. Elle joua notamment un rôle important lors des combats de Fleurus. DONSTIENNES Le moulin de Donstiennes. Connu dès le XIIe siècle, ce moulin a bénéficié La chapelle de Haut. Petite potale devant laquelle passa Napoléon. MARBAIX-LA-TOUR Les Trois Arbres. Napoléon marqua un arrêt dans sa progression sur le vieux chemin de Beaumont à Charleroi en ce lieu précis pour regarder passer ses troupes. Autrefois dédiée à saint Roch, la chapelle prend le nom de NotreDame de la Victoire. Le lieu-dit, quant à lui, tire son nom des trois arbres qui offraient autrefois leur couvert à la chapelle. Il n’en reste aujourd’hui qu’un tilleul solitaire. LOBBES Le 16 juin 1815, des combats d’avantgarde se déroulèrent à Lobbes : des troupes françaises ambitionnaient en effet de prendre le contrôle du pont sur la Sambre afin d’envoyer ensuite des éclaireurs en direction de Nivelles. On y découvre également une abbaye bénédictine du VIIe siècle, dont ne reste la collégiale Saint-Ursmer depuis le passage des révolutionnaires français en 1794. Il s’agit de la plus ancienne église de Belgique. THUIN de sérieux travaux de remise en état au cours des dernières décennies. Selon l’histoire locale, Napoléon aurait été obligé de faire un détour par ce moulin, les autres chemins étant impraticables. Ne manquez pas la ville de Thuin et notamment son beffroi, aujourd’hui clocher de la collégiale Saint-Théodard (1639), le « Spantole » (l’épouvantable), canon abandonné en 1466, et les jardins suspendus. En juin 1815, le prince Jérôme repoussa les Prussiens qui occupaient la ville. « SUR LES TRACES DE NAPOLEON » : LE LIVRE Un outil précieux et indispensable Premier titre d’une nouvelle collection éditée par la Renaissance du Livre et développée en collaboration avec la RTBF, Wallonie-Bruxelles Tourisme et LDV Production, « Sur les traces de... » suit le parcours de femmes et d’hommes d’exception qui ont laissé à jamais leurs empreintes sur le sol belge. Ce premier tome est consacré à Napoléon. Nous suivons l’Empereur d’Hestrud à Waterloo, près de 200 ans après son passage. Jean-Louis Lahaye s’entoure d’experts pour cerner au mieux la personnalité de l’Empereur. Vous découvrirez les aspects les plus intimes de Napoléon. Vous serez aux côtés de ses troupes lors des quatre derniers jours de sa campagne sur notre sol... Décrites heure par heure, quatre journées riches en rebondissements et en faits historiques incroyables qui vont dessiner les contours de la Belgique et de l’Europe. Lobbes. Le site vaut le détour pour son caractère intemporel, à la fois paisible et émouvant. LEERS-ET-FOSTEAU C’est à proximité de ce village que le 2e corps de Reille installa son bivouac la veille du début de la campagne de 1815. Le château du Fosteau est un impressionnant témoin du passé. La maison forte date du XIV e siècle et est entourée d’une ferme-château sans trahir une apparence médiévale générale. Aujourd’hui, les bâtiments abritent des expositions, des concerts et une exposition-vente de mobilier régional belge et français des XVIIIe et XIXe siècles. THUILLIES HESTRUD (FRANCE) La maison Tchiquette. La légende La Tour Salamandre, du XIe siècle, transformée en musée. On y trouve des souvenirs des princes de CaramanChimay, Napoléon, Charles Quint, Victor L’abbaye d’Aulne. Située dans la vallée de la paix, cette abbaye se trouvait sur le chemin des troupes françaises en 1794 comme en 1815. Détruite en 1794 à l’instar de nombreux édifices religieux, elle est contemporaine de l’abbaye de Abritant aujourd’hui l’administration communale, ses fondations remonteraient au Xe siècle. JAMIOULX C’est dans le jardin du presbytère de l’église Saint-André qu’eut lieu la rencontre légendaire entre l’Empereur et l’abbé Jénicot, prêtre du village. Au terme de leur conversation, Napoléon aurait promis à l’abbé de le faire évêque. Il attend encore… HAM-SUR-HEURE Le château de Ham-sur-Heure est incontestablement la trace la plus marquante du passé dans cette commune. pa r i s ma t ch .co m 19 CHARLEROI LE GRAND CHARLEROI Au cours de la journée du 15 juin 1815, les troupes de Napoléon arrivent aux portes de Charleroi et se concentrent progressivement dans toute la région actuelle du grand Charleroi. Cette zone inclut plusieurs communes importantes. MARCINELLE C’est par ce village que Napoléon arrive à proximité de Charleroi. Selon la tradition locale, après quelques violents combats de retardement avec les troupes prussiennes, les Français prennent le contrôle du lieu et Napoléon fait son entrée dans le village. Après s’être informé de la géographie des environs, Napoléon boit une bière. La pinte dans laquelle Napoléon a bu est toujours conservée par la famille qui offrit à boire à l’Empereur. partir de Fleurus, on découvre une quantité impressionnante de lieux et de monuments d’époque. FLEURUS L’abbaye de Soleilmont. C’est sur les pentes situées à l’est de cette abbaye cistercienne qu’eurent lieu les combats du 15 juin 1815. Pour l’essentiel, les bâtiments ont été érigés entre le XVe et le XVIIe siècles. Epargnée en 1794, elle fut ravagée par un incendie le 24 décembre 1963. Ce qui survécut à ce dramatique incident fut divisé entre plusieurs propriétaires. Le domaine se trouve à cheval sur les communes de Fleurus et de Charleroi/Gilly. L’abbaye est visitable. CHARLEROI Napoléon pénètre dans Charleroi par l’ancien bastion de la ville basse. À cette époque, la Sambre divise encore la ville, selon le tracé de l’actuel boulevard Tirou. On la franchit par un pont qui se révélera être un véritable piège lors du reflux de l’armée française, après la débâcle de Waterloo. Bloquée dans le flot des véhicules qui encombrent la rue de la Montagne à cette triste occasion, la berline spéciale transportant le trésor impérial répandra une partie de son précieux chargement sur la chaussée. Les soldats en fuite ramasseront cette solde inespérée, particulièrement utile en ces circonstances. Lors de son arrivée, Napoléon passe devant le château Puissant, qui sera sa résidence le soir du 15. Sans le savoir, il dépasse également, le long de la rivière, la maison dans laquelle le général Letort expirera le lendemain, des suites de ses blessures lors du combat de Gilly. Une plaque commémore aujourd’hui l’événement sur le bâtiment. L’Empereur emprunte ensuite la rue de la Montagne et traverse la forteresse. Sortant par la porte de Bruxelles, il rejoint le cabaret « La Belle Vue », situé juste à l’extérieur. Hormis la maison où décéda le général Letort, tous ces bâtiments ont disparu. DE CHARLEROI À FLEURUS Les traces du passage de Napoléon entre Charleroi et Fleurus sont pour ainsi dire inexistantes. En revanche, à L’ancienne école Sainte-Marie (dite « maison du docteur Tournay ») En 1815, six religieuses occupaient ce bâtiment, transformé en hôpital de fortune. Suite à la débâcle de Waterloo, des soldats firent irruption et volèrent ce qu’ils purent trouver. Terrorisées, les sœurs se réfugièrent à l’étage, derrière une grande statue de la Vierge. La lumière des cierges éclairant la Madone subjugua les soldats, si bien qu’ils repartirent sans avoir découvert les religieuses. La statue de la Vierge se trouve aujourd’hui à l’Institut Notre-Dame à Fleurus (l’ancien château Zualart). Le moulin Naveau. L’existence de ce moulin est attestée dès 1793. Quant à la route Charleroi-Gembloux, elle date de 1788. L’appellation « Naveau » n’apparaît qu’en 1805. En juin 1815, le meunier Benoît Sandrat se présenta à l’Empereur afin de lui faire l’honneur de son moulin, mais également pour que celui-ci veille sur son bien. Cet ancien soldat des armées françaises en Espagne savait que tout bâtiment laissé à l’aban- don était menacé de destruction ou de pillage à la première occasion. Le Monument aux trois victoires françaises. Ce monument a été érigé en 1936, en pleine montée du nazisme en Europe. Il est symbolique des préoccupations de l’époque. L’un des objectifs des promoteurs était de souligner le rôle de la France comme meilleur garant de l’indépendance belge. Le château de la Paix. Construite tout au plus deux décennies avant l’arrivée de Napoléon, cette gentilhommière campagnarde est entourée d’un parc dont le fond, ouvert en 1815, donnait directement sur le champ de bataille. Le nom de ce château vient d’une ancienne chapelle dédiée à Notre-Dame de la Paix qui, jadis, occupait l’emplacement de la grange de la ferme de la Paix. C’est dans ce château que l’Empereur établit son quartier général le 16 juin 1815 et passa la nuit. Le bâtiment accueille à présent l’administration communale de Fleurus et la chambre de Napoléon a été transformée en bureau. Dans la pelouse d’honneur, on découvre une stèle en briques rouges munie d’une plaque commémorative rappelant les événements historiques dont le château fut témoin. Le château de Zualart. Situé de l’autre côté du chemin desservant le château de la Paix, cette ancienne demeure servit de quartier général à l’état-major de l’armée impériale le soir du 16 juin. Pour l’essentiel, le parc du château, orné de nombreux tilleuls, a été préservé. Malgré les modifications, on peut toujours y découvrir la butte qui aurait servi d’observatoire à l’état-major français. Au pied de ce monticule, deux dalles sont abandonnées. Sur l’une d’elles, on peut lire : « 1815 Trouvé ici en 1846 ». Le boulet de canon qui avait été trouvé à cet endroit et soudé à la dalle en 1846 a aujourd’hui disparu, sans doute volé par un collectionneur de souvenirs. La ferme de La Haye (SaintAmand). La ferme de La Haye se situe à la limite du village. En 1815, elle jouxtait les ruines d’un château dont il ne reste qu’un mur intégré à la ferme. Sa forme en quadrilatère en faisait un point fortifié pour la défense prussienne. C’est en attaquant ce point fort que le général Girard fut tué. Une plaque apposée sur le côté de la ferme commémore l’événement. La ferme de Chassart. Cette ferme, située en bordure de la chaussée romaine Bavay-Tongres, fut témoin des batailles de Fleurus de 1622, 1690, 1794 et 1815. Son double porche ouvre sur deux cours parallèles et laisse entrevoir, sur une des deux granges, la date de 1764. Venant de la chaussée romaine, c’est au pied de cette ferme que les troupes de d’Erlon se déployèrent face au village de Wagnelée. Le moulin de Brye. Le bâtiment de briques et pierres de Ligny qui se dresse aujourd’hui est postérieur de quelques années à la bataille de juin 1815. Le vivier, creusé au pied du moulin de bois, existe en revanche toujours, ainsi que les pierres de soubassement, encore visibles près de leur emplacement originel. Le moulin servit d’observatoire au prince von Blücher et c’est là qu’eut lieu le conseil de guerre réunissant von Blücher, Wellington et le duc de Brunswick le matin de la bataille. L’église Saint-Victor. L’église de Fleurus, consacrée à saint Victor, est le plus ancien bâtiment de l’entité. Sa tour est un donjon, inclus dans le lieu de culte lorsqu’il perdit son intérêt militaire. La base de la tour est d’époque romane. La flèche du clocher, la plus haute de la région, fut abattue durant la Révolution et remplacée par un moignon de forme étrange surnommé « le pigeonnier » par les Fleurusiens. Lors de chacun des nombreux affrontements qui eurent lieu sur le territoire de Fleurus, l’église servit d’hôpital. LIGNY Le centre Général Gérard. Baptisé en l’honneur du général qui mena l’attaque sur ce village, le centre abrite, outre un restaurant, le musée dédié à la bataille du 16 juin 1815. Une large collection d’objets d’époque et de résultats de fouilles y est présentée. La ferme d’En-Haut et la ferme d’En-Bas. Ces deux imposantes fermes constituèrent deux des points fortifiés qui opposèrent une résistance acharnée aux attaques françaises. Situées toutes deux sur le chemin traversant le village du nord au sud, elles devaient être prises pour accéder au plateau de Brye. Des SUR LES TRACES DU PATRIMOINE UNESCO La Wallonie compte 14 sites classés au patrimoine matériel de l’humanité par l’Unesco. Trois d’entre eux sont situés sur le parcours de Napoléon Ier : les beffrois de Thuin et de Charleroi et le site du Bois du Cazier, vibrant hommage aux 262 mineurs qui y perdirent la vie en 1956. Un site qui fut exploité à partir de 1822, sept ans après la bataille de Waterloo, mais sur base d’un décret de Napoléon… Et comment ne pas mentionner les marches de l’Entre-Sambre et-Meuse, dont 15 sont classées par l’Unesco « patrimoine immatériel », comme le carnaval de Binche, le Doudou de Mons et la ducasse d’Ath, ces cortèges folkloriques, au départ religieux, dont les participants portent aujourd’hui encore des uniformes napoléoniens. Certains racontent que des soldats français auraient abandonné leur tenue pendant la fuite après la défaite. Une trace visible et vivante supplémentaire du passage marquant de Napoléon sur les terres wallonnes. Organisés chaque année de mai à septembre, ils font retentir dans les campagnes fifres et tambours, un peu comme en 1815… (Olivier Daloze, directeur presse & NTIC, Wallonie-Bruxelles Tourisme ASBL) plaques rappellent ces événements et précisent les circonstances propres aux combats en ces lieux. SOMBREFFE Le presbytère. Le maréchal Blücher passa la nuit du 15 au 16 juin dans ce bâtiment. Il reste ici des combats de 1815 deux traces étonnantes. La première est un boulet de canon venu se loger dans un mur extérieur. L’autre, une porte intérieure présentant des traces de coups de sabre dus, dit-on, à l’irascible maréchal. LES QUATRE-BRAS GENAPPE Le monument du duc de Brunswick. Construit en 1890, ce monument rappelle le combat héroïque des troupes brunswickoises et particulièrement la mort du duc de Brunswick lors de ces combats. Le monument des Belges aux Quatre-Bras. Construit en 1926, le monument fait le récit, tout en allusions, du fait que les troupes dites « belges » engagées lors du combat des Quatre-Bras combattirent souvent contre d’anciens camarades et pour un pays et une cause en laquelle nombre d’entre eux ne croyaient pas. Le monument à la cavalerie néerlandaise. Construit en 1990, ce monument fut érigé sur un mode symbolique tranchant avec les réalisations antérieures. Une flèche pointant vers le ciel symbolise l’attaque française, une barre transversale représente le coup d’arrêt des Quatre-Bras. Le monument aux troupes britanniques et hanovriennes honore la mémoire des soldats britanniques et hanovriens qui ont combattu en ce lieu. Le monument a été inauguré le 7 juin 2002 par le duc de Wellington, prince de Waterloo, huitième descendant du vainqueur de Napoléon. La présence de Hanovriens aux côtés des Anglais s’explique par le fait qu’après l’invasion de la principauté de Hanovre par l’armée française, un certain nombre d’hommes ont émigré au Royaume-Uni. La principauté de Hanovre, la Grande-Bretagne pa r i s ma t ch .co m 21 et l’Irlande avaient en réalité le même souverain, le roi d’Angleterre, depuis un siècle. Le monument au 5e régiment de dragons légers. Placé en 2014 à côté du monument précédent, ce petit édifice rappelle l’engagement d’une unité hollando-belge lors de cette bataille. Troupe qui fut scindée, lors de l’indépendance belge, en deux régiments qui existent toujours, l’un hollandais et l’autre belge. La ferme de Gémioncourt. Cette ferme fut l’une des places fortes les plus disputées des Quatre-Bras. Une plaque commémore les combats qui s’y sont déroulés. La ferme des Quatre-Bras. Dernier témoin de l’époque encore présent sur le carrefour lui-même, ses bâtiments sont en triste état. La ferme servit également d’hôpital de campagne après la bataille de Waterloo. GENAPPE « Le Caillou », dernier quartier général de Napoléon à la veille de la bataille. Le site est aujourd’hui transformé en musée. Une chambre de Napoléon y a été reconstituée. Le pont de Genappe. Ce pont, très étroit en 1815, retarda les déplacements tant des Alliés que des Français. Il fut par ailleurs témoin de scènes de panique lors du reflux des troupes françaises après Waterloo. C’est l’étroitesse du pont qui empêcha Napoléon de le franchir en berline et le força à poursuivre la retraite à cheval. L’ancienne auberge du Roi d’Espagne. L’établissement a accueilli des visiteurs célèbres. Le futur roi Louis XVIII y fit halte en 1792. Les 16, 17 et 18 juin 1815, Wellington, Jérôme Bonaparte et Blücher s’y succédèrent. Le 20 juin 1815, le général Duhesme, commandant de la Jeune Garde, y mourut des suites de ses blessures en présence du général Lobau, dont le 6 e corps avait combattu à Plancenoit, où il avait été capturé. Une plaque sur la façade commémore ce dernier événement. WATERLOO Le site de la bataille dite de Waterloo couvre plus ou moins six cents hectares répartis sur plusieurs communes. PLANCENOIT L’église de Plancenoit. Le centre du village, l’église et le cimetière l’entourant furent le centre des combats opposant Français et Prussiens. Ces derniers avaient pour objectif de couper la route de retraite de l’armée française. Une plaque commémorative est apposée sur l’église. Le Monument prussien. Érigé en 1818, ce monument célèbre les morts prussiens de la bataille. En 1832, les troupes françaises, commandées par Gérard – qui se battait à Wavre pendant les combats de Waterloo –, venues aider la toute nouvelle Belgique envahie par la Hollande, abattirent la croix de fer qui surmontait le monument. Le général fit arrêter cet acte de vandalisme et replacer la croix. piège dans lequel les troupes françaises se sont engluées durant la bataille. Plusieurs plaques rappellent les combats menés tant par les Français que les Anglais dans et autour du site. La ferme de la Haie Sainte. Cette fermette fut l’un des points de concentration des combats durant la journée du 18 juin. Les tentatives françaises pour accéder au plateau de Mont-Saint-Jean tourneront autour de ce bâtiment, tant par sa droite que sa gauche. Le panorama de la bataille de Waterloo. Construit en 1911, ce panorama est l’un des derniers exemples européens à avoir conservé à la fois son immense toile peinte (mesurant 110 mètres de circonférence sur 14 mètres de hauteur) et le bâtiment original permettant de la découvrir. La toile, due au peintre Louis-Jules Dumoulin, représente la situation des combats au début des charges de cavalerie conduites par le maréchal Ney contre les carrés anglais. La butte du lion. Terminée en 1826, cette levée artificielle de terre est en fait constituée d’une colonne de pierre retenue sur toutes ses faces par un cône de terre montant jusqu’au sommet. La LASNE Le Monument de l’aigle blessé. Construit en 1904, ce monument fut le premier dédié aux troupes françaises. Il est placé au lieu où, d’après la légende, le dernier carré de la Garde fut massacré. Détail moins célèbre, dans le même enclos, une stèle rend hommage aux Polonais tués lors de cette bataille. La Belle-Alliance. Cet établissement fait partie des survivants de juin 1815 sur la route vers Waterloo. A l’issue des combats, Wellington et Blücher se seraient rencontrés dans ce lieu. Le monument Gordon. Situé à cent mètres de la ferme de la Haie Sainte sur la droite, en direction du carrefour. Ce monument, érigé en 1817, célèbre la mémoire d’Alexander Gordon, aide de camp de Wellington, tué durant les combats. BRAINE-L’ALLEUD Le château-ferme d’Hougoumont. Ce site peut être considéré comme un colonne est surmontée par un lion de bronze de 28 tonnes, le regard tourné vers la France. La butte fut érigée par le roi des Pays-Bas en l’honneur de son fils, blessé durant la bataille. Le point de vue depuis le sommet est époustouflant. WATERLOO Le musée Wellington. Auberge en 1815, ce lieu est aujourd’hui un musée dédié à la bataille. Wellington résida en ce lieu à la veille des combats et c’est également là qu’il signa la déclaration de victoire qui fut transmise au Times à Londres. La ferme de Mont-Saint-Jean. Cette ferme est le dernier souvenir de l’époque dans le hameau de Mont-Saint-Jean. Elle servit d’hôpital de campagne durant la bataille. Extraits de « Sur les traces de Napoléon en Belgique » (Editions Renaissance du Livre), rédaction Laurent Fauville. pa r i s ma t ch .co m 23