napoléon en BelGiQue

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supplément spécial
Napoléon Bonaparte : un
fascinant destin dont le
document « Sur les traces de
Napoléon », diffusé le vendredi
12 septembre à la RTBF, raconte
le parcours en Belgique jusqu’à
la tragique défaite à Waterloo.
napoléon
EN BELGIQUE
UNE GRANDE
AVENTURE
HISTORIQUE
Le patrimoine belge et ses trésors
U
ne épopée historique. Un décor grandiose. Un patrimoine
exceptionnel. Avec l’émission « Sur les traces de Napoléon »
diffusée le vendredi 12 septembre, la RTBF marque la rentrée
télé de son empreinte. Réalisé par Ldv Production en coproduction avec Wallonie-Bruxelles Tourisme et la RTBF, le document imaginé par Jean-Louis Lahaye et Patrick Vanderheyde s’inscrit parfaitement dans la mission d’une chaîne de service public : informer et divertir
par des outils de qualité. Et l’ancrage belge renforce l’intérêt pour ce type
de programme. Tout le monde sait que Napoléon a chuté à Waterloo.
Mais sait-on vraiment ce que l’Empereur a fait sur le sol belge ?
Il y a passé quatre jours. La bataille du 18 juin 1815 n’est, en réalité, que
l’aboutissement de ces journées-là. Son tragique destin, sa défaite cruelle,
les incohérences du mythe s’expliquent en Belgique, sur le tracé de la
route Napoléon. Un chemin parti de Golfe-Juan, dans le sud de la France,
mais qui se termine par une traversée du Hainaut, de la province de Namur,
avant une issue en Brabant wallon. Tout, aujourd’hui, dans ces régions,
rappelle le passage de l’Empereur et de son armée.
Cette épopée devait se raconter sur un ton neuf et captivant.
C’est ce que réussit « Sur les traces de Napoléon », par le biais
d’images fortes et l’intervention d’historiens et spécialistes. Le canevas lance une vraie série de documents télé. Les sujets ne manquent
pas, effectivement, quand histoire et patrimoine se rejoignent sur le
territoire belge. Une alchimie prolongée par un ouvrage paru aux
Editions Renaissance du Livre, développée par Wallonie-Bruxelles
Tourisme et illustrée, cette semaine, par ce supplément spécial. Un
partenariat RTBF/Paris Match Belgique qui, après ceux avec « C’est
du Belge », « Ma Terre », « Ce jour-là » et d’autres dans le domaine de
l’information, s’inscrit à nouveau dans une lignée de qualité. Le poids
des mots et le choc des photos au service d’un pan d’histoire n’est
pas qu’une recette : c’est une volonté journalistique quand on cherche
à valoriser le capital méconnu de son pays. Voilà pourquoi « I Like
Belgium », l’opération de mise en exergue des valeurs belges lancée
par Paris Match, est associée au projet. Bonne lecture.
Marc Deriez
pa r i s ma t ch .co m 3
« Sur les traces de
Napoléon » montre
l’importance du
passage de l’Empereur
en Belgique : c’est sur
les terres belges que
l’histoire a basculé.
Nous sommes en 1815 et Napoléon rentre
d’exil. Son séjour sur l’île d’Elbe n’a pas calmé
sa soif de revanche. L’Empereur débarque à
Golfe-Juan et entame sa remontée vers Paris
d’abord, mais surtout vers la Belgique, où ses
ennemis sont regroupés. Les Prussiens et les
Anglo-alliés l’attendent de pied ferme. A la
mi-juin, Napoléon entre en Belgique. Il y
passe quatre jours. Une marche historique
dont l’issue, le 18 juin, change la face de l’Europe. La route Napoléon est aujourd’hui le
vestige de cette campagne militaire éclair.
Waterloo est célèbre dans le monde entier.
Mais qui connaît les vraies raisons de l’échec
français ? Les jours qui ont précédé l’ultime
bataille en sont les prémices. Elles sont inscrites sur les chemins du Hainaut et de la province de Namur. Ce sont ces quatre jours
que le document « Sur les traces de Napoléon » retrace et explique. Les points d’intérêt
sont multiples : historiques, politiques, touristiques. Un programme neuf pour décortiquer
le passé de l’Europe en plein bouleversement.
LA ROUTE NAPOLéON,
VESTIGE DE FAITS
HISTORIQUES
pa r i s ma t ch .co m 5
La célèbre bataille du 18 juin
1815 reconstituée. A l’issue
de celle-ci, une nouvelle ère
va commencer.
WATERLOO,
LES ERREURS FATALES
Le 18 juin 1815, la bataille de Waterloo est le
point d’orgue de l’avancée de Napoléon en
Belgique. Elle met face à face les 130 000
hommes de la « Grande Armée » française
et les 210 000 soldats des « Alliés » : les Britanniques de Wellington, les Prussiens de
Blücher, sans compter des mercenaires allemands et une armée néerlandaise commandée par le prince d’Orange-Nassau. Cent
mille hommes au total seront tués ou blessés. Une bataille décisive à plus d’un titre,
qui signifiera la fin du règne de Napoléon :
celui-ci devra abdiquer quatre jours après
son retour à Paris. L’Empereur aura payé
très cher une suite d’erreurs : un mauvais
choix d’état-Major, une mauvaise appréciation des intentions de l’ennemi, du temps
perdu, des hésitations, un excès de confiance
et des détails et des petites malchances qui
s’accumulent pour produire de grandes
fautes. Malgré tout, à Waterloo, les conceptions stratégiques de Napoléon demeurent
supérieures à celles de ses adversaires.
pa r i s ma t ch .co m 7
LE GRAND TéMOIN : CHARLES BONAPARTE
« LA TRAJECTOIRE DE NAPOLéON
EST UN ENSEIGNEMENT PRéCIEUX POUR LES
CITOYENS DE L’EUROPE D’AUJOURD’HUI »
U N E N T R E T I E N A V E C F R é D é RIC LOORE
Paris Match. Porter le nom de Bonaparte,
qu’est-ce que ça représente en 2014 ?
Charles Bonaparte. C’est un héri-
tage culturel que les hasards de la naissance ont mis entre mes mains. Je
m’efforce de le mettre en valeur de la
manière la plus intelligente possible, en
rapport avec la société de notre temps,
qui interroge l’histoire et la culture au
départ de questionnements fatalement
différents de ceux du passé. Tout le défi
est d’arriver à partager avec les gens de
notre époque ce qui constitue une page
importante de leur histoire. Je suis
convaincu, avec l’ensemble des femmes
et des hommes de culture, que l’histoire
doit tenir un rôle dans notre société, non
pas pour la rejouer, mais pour permettre
à nos contemporains d’aller de l’avant
en y trouvant des réponses aux questions
actuelles. Il ne s’agit pas de prendre modèle sur ce qui s’est passé, mais de tirer
les leçons d’expériences vécues par nos
prédécesseurs qui, confrontés à des situations problématiques et
« Napoléon Bonaparte est
radicalement nouvelles
celui qui diffuse en Europe les
dans le domaine poligrands principes de la
tique, social, économique,
Révolution française. Il répand
en particulier l’idée de nation
en tant qu’affirmation des
libertés individuelles. »
culturel ou environnemental, que sais-je
encore, ont cherché à y répondre et y
sont parvenus de temps à autre, en mettant en œuvre des idées ou des concepts
nouveaux. Nous, les hommes et les
femmes du XXIe siècle, devons être
« La critique
historique actuelle
permet de mieux
comprendre le
personnage dans
sa totalité »
conscients que nos racines plongent dans
l’histoire, singulièrement dans l’histoire
du pays où nous vivons. C’est encore plus
vrai à l’heure de l’Europe, où il s’agit
de trouver une nouvelle citoyenneté
européenne qui dépasse les identités nationales et ne peut s’ancrer que dans
l’histoire de notre continent. De ce point
de vue-là, Napoléon Bonaparte est un
exemple. Non qu’il faille refaire l’Europe de Napoléon, ce serait risible, dérisoire et déplaisant. Mais, comme d’autres
avant lui – je songe par exemple à
Charles Quint ou à Charlemagne –, il a
tenté de construire un projet européen
dont les difficultés, les errements, les
échecs peuvent servir d’enseignements
précieux pour les citoyens de l’Europe
d’aujourd’hui.
La littérature, le cinéma, la télévision ou
encore la bande dessinée font leur manne
de la mythologie napoléonienne, dont le
succès populaire ne se dément pas. Les
reconstitutions de ses grandes batailles
attirent le public en masse, notamment
celle de Waterloo, dont le prochain
bicentenaire annonce un succès de foule
considérable. Quel regard portez-vous
sur la fascination que votre illustre aïeul
continue d’exercer ?
La foule des curieux qui se pressent
dans les grandes commémorations s’y
rend avant tout pour se distraire et
s’émerveiller. Le côté spectaculaire de
ces manifestations est indéniable : c’est
grandiose, mouvementé, bruyant, coloré.
Mais au-delà de cette motivation ludique,
parfaitement respectable du reste, je
suis frappé de voir que pour plusieurs
pays où les batailles napoléoniennes
sont reconstituées – je pense notamment à l’Autriche avec Austerlitz ou à
l’Allemagne avec Iéna –, celles-ci sont
synonymes de défaites. Néanmoins, on
les célèbre là-bas. Qu’est-ce qui fait
qu’un pays célèbre une défaite ? C’est
curieux, tout de même. Ça signifie, selon
moi, qu’en dépit de l’échec militaire auquel elles renvoient, ces batailles sont
perçues comme faisant intégralement
partie de l’histoire de ces pays, ayant
contribué à les fonder d’une certaine
manière. De nouveau, on en revient à
la culture et à l’histoire. D’autre part,
ce qui peut expliquer en partie la fascination dont vous parlez, c’est le fait que
Napoléon Bonaparte est celui qui diffuse en Europe les grands principes de
la Révolution française. Il répand en
particulier l’idée de nation en tant
qu’affirmation des libertés individuelles.
Un peuple se représente en nation de
citoyens libres. Il n’y a pas de nation
sous la monarchie, en tout cas pas sous
la monarchie absolue. Or, les campagnes napoléoniennes inscrites dans
l’après-révolution de 1789, menées dans
ces pays de vieille tradition monarchique, marquent le début de leur transformation en nations modernes. C’est
sans doute l’une des raisons pour laquelle
le public s’y reconnaît, participe volontiers à leurs commémorations et entretient la légende napoléonienne. Ceci
étant dit, le concept de nation présente
un versant négatif, dès lors qu’il correspond à l’affirmation et même à la suraffirmation identitaire qui a aussi conduit
aux guerres de l’Empire et, plus tard, à
celles du XIXe et du XXe siècles.
Vous parlez de la légende napoléonienne.
Justement, le personnage a longtemps
été conspué par les uns, adulé par les
autres. De nos jours, s’il ne rassemble pas
encore, en tout état de cause, Napoléon
divise moins. Et vous, comment vous
positionnez-vous dans ce débat ?
Encore une fois, je pense qu’on a
raison de revenir à l’histoire sans préjugés. L’histoire, c’est au fond une manière
de comprendre les relations de cause à
effet. Lorsqu’on la relit, on observe, chez
un personnage de l’importance de Napoléon, à la fois des aspects prophétiques résolument modernes et des
aspects régressifs qui portent la marque
de temps révolus et se manifestent au
travers de la guerre, de la violence et
NAPOLéON
PAR NAPOLéON
Charles (Napoléon) Bonaparte (63 ans) est l’aîné de l’unique branche
survivante des descendants en ligne de Charles Bonaparte, via le
rameau issu de Jérôme Bonaparte, le frère de l’Empereur Napoléon Ier.
Il est également apparenté à la famille royale de Belgique, puisque sa
grand-mère paternelle n’était autre que Clémentine de Belgique, fille du roi Léopold II. Docteur en sciences économiques, Charles Bonaparte a mené une carrière d’ingénieur dans l’administration publique en France et à l’étranger
avant de se tourner vers la finance, puis l’immobilier. Engagé en politique sous les couleurs du Mouvement
démocrate et du Parti socialiste, il a été maire adjoint d’Accacio (Corse) et conseiller municipal à Nemours (Seineet-Marne). Il est marié et père de trois enfants. Entre autres ouvrages, il est l’auteur de « Napoléon par Napoléon »
aux Editions du Cherche-Midi et de « Napoléon, mon aïeul, cet inconnu » chez XO Editions.
Charles
Bonaparte.
du despotisme. La critique historique
actuelle permet de mieux comprendre
le personnage de Napoléon dans sa totalité et de faire la part des choses plus
sereinement. Autrefois, la lecture de
l’histoire était davantage politisée, il
faut bien le dire. En gros, la droite autoritaire se reconnaissait en Napoléon Ier,
tandis que la gauche dénonçait le tyran
liberticide. On est heureusement sorti
de ce clivage, ce qui explique du reste
« Napoléon n’est
ni de droite, ni de
gauche »
l’intérêt que lui porte un public très
large. Sans cela, vous n’auriez que des
gens de droite parmi ses admirateurs et
d’autres, exclusivement de gauche,
parmi ses détracteurs. Or, c’est loin
d’être le cas. Napoléon n’est ni de droite
ni de gauche, il appartient à l’histoire.
Vous qui êtes familier du milieu politique,
diriez-vous que l’absence d’un leader
ayant l’énergie et, plus encore, la capacité
à porter et même à incarner un projet et
une vision d’avenir, aujourd’hui en France,
en Belgique ou ailleurs en Europe,
explique en partie l’attrait que suscite
Napoléon ?
Il ne faut pas perdre de vue que
Napoléon s’est retrouvé aux prises avec
des circonstances très particulières qui
l’ont conduit à prendre le pouvoir en
1799, à la faveur d’un coup d’Etat, dans
une France qui sortait de dix ans de Révolution et de désordre, mais dans laquelle les idéaux révolutionnaires
étaient très profondément ancrés. De
plus, la guerre menaçait le pays et lui
était en quelque sorte le sabre au service du triumvirat consulaire. Fort heureusement, nous n’en sommes pas là
aujourd’hui dans nos pays. Ceci étant,
l’énergie de l’homme, elle, est effectivement tout à fait extraordinaire et il
l’exprime de multiples manières, ne serait-ce qu’à travers sa correspondance :
pas moins de 45 000 lettres, tout de
même ! Puis, il y a sa détermination, sa
volonté, son abnégation, son courage
qui séduisent certainement aujourd’hui.
En ce qui concerne le projet politique,
s’il est vrai que la France ou la Belgique
manquent d’une vision à long terme,
elle ne peut guère s’inscrire que dans
une perspective européenne, peut-être
même mondiale, en dehors de laquelle
cela n’aurait pas beaucoup de sens
compte tenu de l’évolution de notre
monde. Et puis aussi dans un contexte
culturel tout différent, parce qu’il ne
faut pas oublier qu’à l’époque, les gens
allaient peu à l’école, lisaient peu,
étaient peu informés, etc. A présent, les
opinions publiques modernes sont autrement plus difficiles à convaincre.
Serez-vous présent pour le bicentenaire
de la bataille de Waterloo ?
Très certainement, oui, j’y suis invité.
A ce propos, je suis à l’initiative d’une
fédération européenne qui regroupe les
cités napoléoniennes (*). Nous participons à un programme du Conseil de l’Europe qui associe ces villes et vise la mise
en valeur de leur patrimoine historique,
culturel et touristique. Pour ce qui
concerne la Belgique, trois villes adhèrent
à la fédération : Waterloo, Anvers et Sombreffe. Par ailleurs, toujours dans le cadre
du Conseil de l’Europe, nous allons inscrire la « Route Napoléon en Wallonie »
dans un vaste programme d’itinéraires
culturels européens qui traversent une dizaine de pays, depuis le sud de l’Espagne
jusqu’en Russie, et qui s’accompagnent
d’animations permanentes. n
(*) www.napoleoncities.eu
pa r i s ma t ch .co m 9
L’HISTORIEN : PHILIPPE RAXHON
« Napoléon est un fils de la
Révolution », explique Philippe
Raxhon (petite photo), « en ce
sens qu’elle a permis à des
hommes comme lui de s’élever
dans la société et de s’inscrire
dans la mobilité sociale ».
« DEUX SIèCLES
PLUS TARD, NOUS VIVONS
TOUJOURS SOUS
L’HéRITAGE
DE NAPOLéON »
Le personnage de Napoléon et la légende
qui l’entoure continuent de fasciner. Car,
au-delà des guerres qui rappellent des
jours sombres, et du temps qui pourrait
effacer les aspects positifs d’un destin
d’exception, son héritage reste important. Philippe Raxhon est professeur
d’histoire contemporaine à l’Université
de Liège (ULg). Comme spécialiste des
relations entre l’histoire et la mémoire, il
travaille sur les commémorations, notamment celle de la bataille de Waterloo. A ce
titre, il est membre du comité scientifique
international qui accompagne le futur
Mémorial de Waterloo et co-auteur du
récent guide Michelin sur la « Route Napoléon en Wallonie ». Vous le verrez dans
le document « Sur les traces de Napoléon » diffusé par la RTBF. Pour Paris
Match, en avant-première, il décrypte
l’histoire de l’Empereur et ses retombées.
pa r i s ma t ch .co m 11
« NAPOLéON CUMULE TOUS LES
STéRéOTYPES SéDUISANTS ET DéTESTABLES
DE L’HOMME D’ACTION »
U N E N T R E T I E N A V E C F R é D é RIC LOORE
Paris Match. En Belgique, le souvenir de
Napoléon se rattache fatalement à
Waterloo. Quelle est la portée historique
de cette célèbre bataille ?
Philippe Raxhon. Elle marque à la
fois le point final de l’expansion de la
Révolution française et de l’épopée
napoléonienne. C’est la clôture d’un
quart de siècle d’histoire européenne,
avec le surgissement d’un monde nouveau, dont la genèse remonte au Congrès
de Vienne de 1814-1815. A ce moment, on
note une césure dans l’histoire du continent européen et même du monde. Parce
que le XIXe siècle tel qu’on le conçoit
s’amorce alors : la suprématie anglaise
peut s’exprimer au travers de l’Empire
britannique et la réduction des frontières
de la France permet à l’Allemagne de
commencer à ensemencer le terreau de
sa future unification. Bref, c’est chez nous,
à quelques kilomètres de Bruxelles, que
s’est joué le sort de l’Europe.
« La bataille de
Waterloo est la clôture
d’un quart de siècle
d’histoire européenne,
avec le surgissement d’un
monde nouveau »
Peut-on dire que Waterloo a servi de caisse
de résonance à la légende napoléonienne ?
Absolument. Waterloo s’est rapidement retrouvé au cœur des différents
discours nationaux, ceux des vainqueurs
bien sûr, mais également celui du vaincu,
et son souvenir a accompagné irrésistiblement le développement de la légende
napoléonienne. Elle s’est amplifiée dès
le XIX e siècle et même encore au
XXe siècle, au point de laisser de nombreuses traces tangibles au travers des
monuments et des commémorations qui
entourent le champ de bataille et, plus
largement, la campagne de Belgique.
Le tourisme mémoriel s’est également
développé très tôt puisque, dès 1816, on
voit apparaître des règlements de police
communaux destinés à canaliser l’afflux de visiteurs aux abords du lieu de
la bataille. Waterloo a donc toujours été
un pôle d’attraction.
On sait peu que Waterloo s’inscrit dans
une campagne de quatre jours, lesquels
n’ont pas simplement consisté en
l’acheminement des troupes sur le lieu de
l’empoignade finale…
Effectivement, Waterloo n’a de sens
que si on l’intègre dans la campagne de
Belgique, qui se déroule du 15 au 18 juin
1815. Ce ne sont que quelques journées,
mais elles sont cruciales. Lorsque débute
la campagne, Napoléon, qui a repris le
pouvoir à Paris, ne se trouve pas en position de force, d’autant que ses adversaires européens ont mobilisé près d’un
million d’hommes et marchent vers la
France. L’Empereur, n’ayant pas les
moyens militaires de les affronter tous
en même temps, recourt à la vieille stratégie qui lui a souvent souri lorsqu’il
s’est trouvé confronté à de vastes coalitions et qui consiste à les battre séparément. L’opportunité de le faire se dessine
en raison de la présence, en Belgique, des
troupes de l’Anglais Wellington et du
Prussien Blücher. En l’occurrence à
Bruxelles et dans le Brabant pour les Britanniques et leurs alliés, à Namur et Liège
pour les Prussiens. Napoléon prend donc
l’initiative d’attaquer le premier et de lancer une offensive éclair à la tête de son
armée relativement modeste de 130 000
hommes environ, dans l’intention de
vaincre isolément ces deux adversaires qui
sont les fers de lance de la coalition. Toute
la logique de la campagne de Belgique est
là. S’il y parvient, il espère ensuite pouvoir
négocier une paix séparée.
Au fil des 100 kilomètres qui la séparent
de Waterloo, l’armée napoléonienne livre
des batailles un peu oubliées aujourd’hui.
Quelles sont-elles et en quoi ont-elles été
déterminantes ?
Le 15 juin 1815, Napoléon franchit
ce qui deviendra quinze ans plus tard la
frontière belge à proximité de Beaumont, dans la botte du Hainaut actuel.
Son objectif prioritaire, c’est Bruxelles,
qu’il souhaite gagner le plus vite possible. Le 16 juin, son armée livre simultanément deux batailles principales, à la
fois la fameuse bataille de Ligny, en province de Namur, contre les Prussiens,
considérée comme sa dernière victoire ;
et celle des Quatre-Bras, non loin de
Genappe en Brabant, contre les Anglais
et où va s’illustrer le maréchal Ney, l’un
des fidèles de Napoléon. Les choses vacillent ce jour-là car, en réalité, ces deux
affrontements ne se soldent pas par des
victoires totales. Si les Prussiens enregistrent de très lourdes pertes à Ligny,
ils parviennent néanmoins à se retirer
en bon ordre. Pareillement aux QuatreBras, où les Anglais effectuent un repli
stratégique. La ligne de retraite naturelle de Wellington, c’est vers Bruxelles
et plus loin Ostende pour réembarquer
au besoin, tandis que celle des Prussiens,
c’est vers Liège et puis l’Allemagne. Or,
au lieu de battre en retraite dans cette
direction, les Prussiens bifurquent vers
Bruxelles via Wavre afin d’opérer une
jonction avec les Anglais et couper ainsi
la route de la capitale à Napoléon. Cette
manœuvre est cruciale en ce sens qu’elle
va peser très lourd dans l’issue de la
campagne de Belgique. Il a fallu pour ça
que Wellington et Blücher se fassent
mutuellement confiance, ce qui n’était
pas toujours le cas au sein des grandes
coalitions. Si jamais Wellington n’avait
pas tenu sa parole et pris l’option de se
retirer au-delà de Bruxelles, l’armée
prussienne se serait alors retrouvée à la
merci des Français, n’ayant plus aucune
solution de repli. Ce scénario-là, Napoléon l’a très mal anticipé. Il a mal jaugé,
d’une part, l’état des forces encore opérationnelles des deux belligérants, et
d’autre part l’éventualité du succès de
leur jonction. Dès lors, lorsque la bataille
de Waterloo s’engage le 18 juin, elle survient au terme d’une série de combats
déjà très durs. D’ailleurs, les hommes qui
s’affrontent ce jour-là n’ont pas cessé de
marcher et de se battre depuis quatre
jours. Les troupes sont épuisées. Elles
sont dans un état qui n’a rien à voir avec
la représentation rutilante qu’on en
donne parfois. Les hommes sont dépenaillés et couverts de boue, à tel point
qu’on ne sait parfois pas distinguer à
quel camp ils appartiennent.
Justement, qui trouve-t-on dans les
armées de l’époque ? Y avait-il des Belges,
à la fois dans les rangs napoléoniens et
ceux des coalisés ?
Oui, des Belges sont engagés sous
les différents drapeaux. Dans l’armée
napoléonienne, ils sont là par adhésion,
tandis que c’est a priori dans l’armée des
Pays-Bas (auxquels la Belgique appartient alors) que servent les soldats
belges. Pour sa part, l’armée de Wellington est très bigarrée. On y trouve bien
sûr des Britanniques, mais aussi beaucoup d’autres ressortissants, des Hollandais, des Hanovriens, etc. C’est pour
ça qu’on l’appelle l’armée anglo-alliée.
Les troupes prussiennes se composent
essentiellement de nationaux.
La bataille de Waterloo a-t-elle été hors
normes au regard des précédentes batailles
napoléoniennes ?
Oui, dans la mesure où 100 000
hommes y ont été tués ou blessés si l’on
prend en compte les quatre jours de
campagne de Belgique ! Compte tenu
des moyens militaires de l’époque, c’est
absolument considérable. Ce qui signifie
que l’on s’est battu avec acharnement de
part et d’autre. Cet acharnement s’explique pour plusieurs raisons : d’abord,
« Son épopée
avait atteint son
crépuscule, quand
bien même
il aurait gagné »
chez les Prussiens, le sentiment national,
exacerbé par l’occupation française de la
Prusse, est très fort et s’accompagne de
surcroît d’un farouche désir de venger
la prise de Berlin. Ensuite, les Britanniques disposent d’une armée de métier
très robuste et donc très efficace. Enfin,
dans le camp français, l’élan pour Napoléon demeure très présent chez ses sol-
dats qui, au surplus, voient dans l’éventuel
retour victorieux de leur Empereur le
moyen de recouvrer leur solde d’antan,
amputée sous la première Restauration.
Est-il permis de penser que si Napoléon
avait gagné à Waterloo, la Belgique serait
française aujourd’hui ?
Ce qui est certain, c’est que Napoléon aurait dormi à Bruxelles au soir ou
au lendemain de la bataille et que les
Anglais se seraient repliés. Mais de là à
ce que Napoléon trouve un terrain d’entente avec les vaincus, qui aurait mené
à une paix européenne entérinant le
maintien de la Belgique dans le giron
français, il y a de la marge. L’Angleterre
n’aurait par exemple jamais accepté que
le port d’Anvers soit français.
A ce propos, Napoléon disait que le port
d’Anvers était un pistolet braqué sur le
cœur de l’Angleterre…
C’est exact. Par ailleurs, je ne crois
pas que d’autres nations comme la Russie ou l’Autriche auraient baissé les bras.
Je pense que le cycle de la guerre aurait
de toute façon repris ultérieurement en
raison de l’impossibilité, pour les souverains européens légitimistes de l’époque,
d’envisager l’installation
« Napoléon prend l’initiative
durable d’une dynastie
d’attaquer le premier et de
napoléonienne à la tête
lancer une offensive éclair dans
d’une France puissante,
l’intention de vaincre isolément
ces deux adversaires qui sont les
fers de lance de la coalition. »
pa r i s ma t ch .co m 13
débordant de ses frontières. Et ceci, audelà des questions de rivalités économiques et géopolitiques, parce qu’une
dynastie provenant d’une lignée non
aristocratique – il ne faut pas oublier
que sans la Révolution française, Napoléon serait resté un lieutenant d’artillerie – n’est pas concevable à leurs yeux.
Quoi qu’il en soit, la guerre aurait
continué après Waterloo, aux dépens de
Napoléon, la France n’étant pas non plus
un réservoir inépuisable d’hommes. Son
épopée avait atteint son crépuscule, quand
bien même il aurait gagné la bataille de
Waterloo. Mais nous sommes dans le
registre des suppositions.
Vous l’avez dit, au Congrès de Vienne,
les pays vainqueurs de Napoléon Ier vont
changer le destin de l’Europe, et
notamment celui de la Belgique. Que
s’y est-il passé ?
Le Congrès de Vienne, qui débute
en 1814 et s’achève en 1815 avant Waterloo, est le plus grand rassemblement
diplomatique de l’Histoire, puisque jamais auparavant on n’avait réuni autant
de chefs d’Etat et délégations. Les vainqueurs de Napoléon vont remodeler
l’Europe au nom d’un principe dit
d’équilibre européen. Constatant que
toutes les guerres survenues sur le Vieux
Continent se sont invariablement terminées par l’épuisement de toutes les par-
« Napoléon a décidé d’harmoniser le fouillis de lois
révolutionnaires : il marquera
le monde pour longtemps
en donnant naissance aux
différents codes civil, pénal,
du commerce »
ties, les grandes puissances cherchent à
instaurer une sorte d’équilibre entre elles,
comme garantie de la paix en Europe. Les
grandes puissances, ce sont alors l’Angleterre, la Russie, la Prusse, l’Autriche et,
dans une moindre mesure, la France de
la Restauration, dont les autres se méfient beaucoup. Mais en fait d’équilibre,
il s’agit avant tout de permettre à chacune d’elles de concrétiser ses ambitions
géopolitiques sans entrer en conflit avec
ses rivales, quitte à faire fi des intérêts
des petites nations et du désir des
peuples. C’est dans cette perspective
que les Belges sont devenus Hollandais
sans même qu’on les consulte et avec
pour unique raison de créer un tampon
entre la France et les puissances voisines.
Le Congrès de Vienne accouche donc
d’une paix continentale, mais c’est une
paix biaisée, étant donné qu’elle implique l’oppression des minorités et ne
tient pas compte des aspirations des
peuples. Pendant la période qui va
suivre, la pratique des congrès se répand,
de façon à régler les situations conflictuelles avant qu’elles ne dégénèrent. En
réalité, dès les années 1820, ces congrès
visent surtout à identifier les insurrections libérales, nationales, et à les mater.
C’est l’Autriche, gendarme de l’Europe
sous l’ère Metternich jusqu’en 1848, qui
s’en charge en particulier. Les foyers de
révolution qui apparaissent à cette période, comme en Belgique en 1830, cristallisent l’affrontement entre les derniers
partisans de l’Ancien Régime et la nouvelle Europe des nationalités en marche.
Le fait de postuler que la paix repose
sur l’expansion légitime des grandes
puissances va considérablement nourrir
le XIXe siècle. Partant, lorsque ces puissances se retrouvent en compétition aiguë
dans la dernière partie du XIXe siècle, à
la fois sur le terrain mondial au travers
de la colonisation, et sur le terrain économique via la révolution industrielle,
les temps sont mûrs pour que des conflits
internationaux éclatent. C’est dans ce
contexte que se produit la Première
Guerre mondiale.
Revenons à Napoléon. Peut-on de nos
jours faire la part des choses entre sa
légende dorée et sa légende noire ? Entre
l’héritier et le gardien des principes de la
Révolution et le despote mégalomane,
comment faire le tri des préjugés ?
On n’a pas fini d’épuiser le sujet. Ceci
étant, on peut dire qu’incontestablement
Napoléon est un fils de la Révolution, en
ce sens qu’elle a permis à des hommes
comme lui de s’élever dans la société et
de s’inscrire dans la mobilité sociale.
Danton disait : « Si mon fils en a le courage et les capacités, il peut devenir maréchal de France, c’est ça notre victoire. »
Napoléon en est la parfaite illustration.
Vivant sous l’ancien régime, je le disais,
il serait demeuré un petit officier d’artillerie, faute de posséder suffisamment de
quartiers de noblesse pour aspirer à des
fonctions militaires importantes. Or,
grâce à la Révolution, il s’est fait tout
seul et c’est pareil pour ses maréchaux
et ses généraux, ce qui explique en partie
le dynamisme de son armée. Par ailleurs,
il se voit comme celui qui doit ramener
l’ordre en France où, après la mise à bas
de l’Ancien Régime et la distance prise
avec l’Eglise, qu’il approuve, règne un certain chaos. Son message aux préfets
lorsqu’il devient Premier Consul, c’est précisément qu’il faut remettre de l’ordre
dans le pays et cesser de faire la révolution.
S’impose-t-il à la manière des dictateurs
de salut public dans la Rome antique ?
Il y a de ça, oui. Il se pose en unique
alternative au chaos. Il joue là-dessus.
Plus concrètement, il décide d’harmoniser le fouillis de lois révolutionnaires au
travers d’un effort considérable de codification du droit qui marquera le monde
pour longtemps en donnant naissance
aux différents codes civil, pénal, du commerce. Il faut songer que nous vivons toujours sous cet héritage napoléonien deux
siècles plus tard. Il a aussi une vision de
l’administration de l’Etat extrêmement
moderne, fondée sur l’idée que les fonctionnaires doivent être choisis selon leurs
compétences. C’est d’une telle efficacité
que, par la suite, les régimes hollandais et
belge vont conserver les structures administratives mises en place par Napoléon,
les provinces chez nous étant le décalque
des départements français. Il négocie
avec le pape Pie VII le fameux concordat
de 1801 qui pacifie les tensions nées de
la Révolution, ramène les catholiques
dans le giron français et, plus largement,
organise les rapports entre les différentes
religions et l’Etat. Par contre, là où il trahit l’idéal démocratique révolutionnaire,
c’est lorsqu’au nom de la stabilité du pays
il conserve un système électoral qui
donne le pouvoir à la bourgeoisie. Il a en
outre une sainte horreur de la liberté de
la presse, qu’il étouffe. Sans doute parce
qu’il a compris mieux que quiconque la
puissance des mots, lui qui maîtrise parfaitement l’art de la rhétorique et en particulier de la rhétorique révolutionnaire.
Mais s’il bride la presse, il ne lui applique
toutefois pas une censure aussi radicale
que celle en vigueur sous l’Ancien Régime.
Tout simplement parce qu’il sait très
bien où sont les limites et comment ne
pas les franchir. Napoléon croit aussi en
l’égalité des hommes en ce sens que
l’origine sociale d’un homme, sa couleur
de peau, sa religion, etc., lui importent
peu. Ce qu’il cherche avant tout, ce sont
les compétences et les mérites. Il a certes
rétabli l’esclavage dans les colonies, mais
uniquement par opportunisme, pour
raisons économiques et pour régler
certaines difficultés politiques. On a cependant des témoignages de ses gardiens
anglais lors de son exil à Sainte-Hélène
qui attestent de sa proximité dans son
quotidien avec les esclaves de l’île. Il avait
déjà manifesté cette même proximité
avec ses soldats, partageant volontiers
leurs bivouacs. A l’époque, il était impensable que le tsar de Russie ou l’empereur
d’Autriche fassent une chose pareille.
C’est aussi en cela que, chez lui, la figure
de l’autocrate n’est en rien comparable
avec ce qu’elle pouvait être chez les dynastes de son temps, peu impliqués dans
« Pour la Belgique,
économiquement,
la période napoléonienne a été
remarquable »
la vie de leurs peuples. Ce pragmatisme
le rend assez moderne. Maintenant, il est
clair qu’il était d’esprit bourgeois et cultivait les schémas mentaux du début du
XIXe siècle, à ce point de vue très inégalitaires sur le plan socio-économique. Il
reste alors le grand reproche, celui d’avoir
entraîné dans la mort des centaines de
milliers d’hommes au fil de ses campagnes. Lui se défendait pourtant de vouloir la guerre, il prétendait défendre la
France. Ce n’est pas complètement faux,
mais il s’agissait aussi d’un argumentaire
de conquête. Or, c’était un conquérant
par nature. Il aimait d’ailleurs être en
campagne militaire, personnellement,
physiquement. Il adorait organiser ses
campagnes jusque dans les moindres détails. Sa mémoire phénoménale lui permettait de tout connaître de son armée,
dont il avait une connaissance encyclopédique, liée à un phénomène passionnel.
C’est aussi un homme de pari. Quitter l’île
d’Elbe, par exemple, était un pari complètement insensé. Quelqu’un de raisonnable
ne s’y serait pas risqué. Lui, si, c’est un
joueur. Ce qui le rend à la fois sympathique et antipathique. Napoléon, on
n’aura jamais fini d’en faire le tour, parce
qu’il cumule tous les stéréotypes séduisants et détestables de l’homme d’action.
Ses contradictions, c’est ce qui fait toute
la richesse de ce personnage inclassable.
Mais ne donne-t-il pas dans la caricature
du régime aristocratique auquel la
Révolution qu’il prétend défendre a
justement mis fin ?
Si, parfois. Il se fait sacrer empereur,
mais parce qu’il est obnubilé par l’idée
de fonder une dynastie. Raison pour laquelle il se sépare de Joséphine, qu’il
aime mais qui ne peut lui donner un
héritier. Il est vrai cependant qu’il caricature l’ancien régime lorsqu’il dote ses
frères et ses sœurs ou quand il crée la
Légion d’honneur, quand il nomme dixhuit maréchaux en un jour, quand il crée
la noblesse d’Empire, etc. Mais jusqu’où
n’est-il pas conscient lui-même qu’il est
dans la caricature ? Parce qu’il y a chez
lui une lucidité politique remarquable.
En agissant de la sorte, il souhaite récompenser les hommes qui lui sont fidèles
– ce qu’il sait faire et n’oublie jamais de
faire – mais il veut aussi
jouer de leurs défauts et
de leurs faiblesses. Napoléon, c’est quelqu’un qui
connaît l’âme humaine.
Un mot sur ce que
représentait la Belgique
aux yeux de Napoléon ?
« La Belgique n’était pas un
territoire négligeable pour lui,
elle représentait au contraire
un espace très important aux
plans économique, politique et
stratégique. »
La Belgique n’était pas un territoire négligeable pour lui, elle représentait au contraire un espace très
important aux plans économique, politique et stratégique. Ses venues nombreuses chez nous en témoignent. Or,
c’était un homme qui se déplaçait peu
en dehors de ses campagnes. Il s’est
rendu notamment à Liège à deux reprises, ce qui n’est pas anodin quand
on sait qu’il n’a, par exemple, jamais
mis les pieds à Rome, qui l’a pourtant
attendu très longtemps et où son fils
était roi.
Pour la Belgique, la période napoléonienne
a-t-elle été faste ?
D’un point de vue spécifiquement
économique, c’est une période remarquable. Parce que la Belgique, la Wallonie
singulièrement, est en pleine révolution
industrielle et que, grâce au blocus continental qui met hors jeu le grand concurrent anglais, notre industrie profite
pleinement du vaste marché qu’offre
l’Europe napoléonienne en termes de
débouchés pour la métallurgie, le charbon, l’armement, etc. Cette période florissante donnera d’ailleurs bien du regret
à certains industriels après la chute de
Napoléon et encouragera localement un
courant réunioniste pro-français. n
pa r i s ma t ch .co m 15
Les merveilles
de la Route Napoléon
« La butte du Lion : terminée en 1826, cette levée artificielle de
terre est en fait constituée d’une colonne de pierre retenue sur
toutes ses faces par un cône de terre montant jusqu’au sommet. La colonne est surmontée par un lion de bronze de
28 tonnes, le regard tourné vers la France. La butte fut érigée
par le roi des Pays-Bas en l’honneur de son fils, blessé durant la
bataille. Le point de vue depuis le sommet est époustouflant. »
Telle est la présentation du plus célèbre symbole du passage de
Napoléon en Belgique dans l’ouvrage de la Renaissance du
Livre (*) qui complète parfaitement l’émission de la RTBF : non
seulement celui-ci dit tout, avec moult détails, sur le destin de
l’Empereur sur les terres belges, mais il permet à chacun de marcher sur ses pas et de découvrir, au cours d’un fascinant voyage
patrimonial, de très nombreux coins de Wallonie. Suivez le guide !
Installé sur le territoire de
Braine-l’Alleud, au sommet
d’une butte de 41 m de haut
accessible par un escalier de
226 marches, le lion de
Waterloo symbolise la victoire
et le nouveau Royaume-Uni
des Pays-Bas : sa gueule
ouverte est tournée vers la
France, vaincue ; sa patte
posée sur un boulet de canon
représente la paix que
l’Europe a conquise à l’issue
de la bataille.
(*) Jean-Louis Lahaye présente : « Sur les traces de Napoléon en Belgique »,
Editions Renaissance du Livre, rédaction Laurent Fauville, 160 pages, 17,90 €.
UN SUPERBE OUVRAGE DE LA
RENAISSANCE DU LIVRE COMPLèTE
LE DOCUMENT DE LA RTBF
ET PRéCISE LES ENDROITS
à NE PAS MANQUER
pa r i s ma t ch .co m 17
UN PARCOURS HISTORIQUE
MAIS AUSSI TOURISTIQUE
C
’est Olivier Daloze, directeur
Presse & NTIC de WallonieBruxelles Tourisme asbl, qui
l’explique dans l’ouvrage de la
Renaissance du Livre : sur les
traces de l’Empereur, la célèbre route
Napoléon en Wallonie est un parcours
historique mais aussi touristique de premier ordre. « En seulement quatre jours,
le passage de Napoléon a laissé de très
nombreuses traces en Wallonie, entre
Beaumont et Waterloo », explique-t-il.
« Plaques sur les bâtiments où l’Empereur a logé (palais des Princes de Caraman à Beaumont, château de la Paix à
Fleurus…), monuments (dont ceux autour du carrefour de Quatre-Bras de
Baisy-Thy) et lieux à visiter (tour Salamandre à Beaumont, château du Fosteau à Leers-et-Fosteau, centre Général
Gérard à Ligny, dernier quartier général
de Napoléon à Vieux-Genappe, musée
Wellington à Waterloo, Panorama, butte
du Lion, nouveau mémorial à Brainel’Alleud…). Mais suivre cette route historique, c’est également l’occasion de
découvrir de nombreux lieux touristiques qui sont situés le long du parcours. Ainsi, la ville de Thuin et ses
jardins suspendus, la distillerie de Biercée à Ragnies, le site du Bois du Cazier
à Marcinelle, la ville de Charleroi et son
patrimoine Art nouveau, l’abbaye cistercienne de Villers-la-Ville ou encore
la collégiale Sainte-Gertrude à Nivelles
(deux étoiles au guide Michelin). Et,
pour ceux qui voudraient prolonger leur
séjour, les lacs de l’Eau d’Heure et leurs
nombreuses activités sportives dans un
cadre naturel d’exception. »
Voici donc les lieux emblématiques
à voir où Napoléon a transité.
La stèle de Napoléon au lieu-dit
« l’abreuvoir de l’Empereur ». Située à
200 mètres du musée de la Douane et
des Frontières. Selon la légende, un
jeune garçon du village aurait mis en
garde Napoléon sur le fait d’entrer en
Belgique : « N’allez pas par là, Monsieur. » Il existe autour de ce récit différentes variantes. À ne pas manquer
dans les environs : les villes fortifiées de
Maubeuge, Avesnes-sur-Helpe et Le
Quesnoy.
GRANDRIEU (BELGIQUE)
La ferme de Bellevue. Cette ferme
accueillit Jérôme Bonaparte durant la
nuit qui précéda le départ de l’armée
impériale (14-15 juin 1815).
La chapelle Notre-Dame du Bonsecours, construite en 1741. La légende locale raconte que les mères de soldats
enrôlés dans les troupes de Napoléon
pour la campagne de Russie firent réaliser un ex-voto avec les noms des leurs
et le cachèrent à l’entrée de la chapelle.
BEAUMONT
L’Institut Paridaens. Situé sur la
grand-place de Beaumont, à droite de
l’hôtel de ville. La façade comporte
une plaque commémorant le passage
de Napoléon. L’Empereur y logea
dans une chambre donnant sur la
place, la seule avec balcon. Selon la légende, il se montra à plusieurs reprises
sur ce balcon dans l’espoir d’éveiller
l’enthousiasme de la population. N’y
parvenant pas, il s’en trouva particulièrement contrarié.
rapporte que le trésor impérial fut caché
en ce lieu. Les nombreuses recherches
menées depuis plus de deux siècles sont
restées infructueuses. Visites possibles
sur rendez-vous.
LA HOUZÉE
Hugo, ainsi que des objets d’artisanat. Plus
de 650 objets y sont exposés. Après avoir
gravi les 136 marches de la tour, on peut
admirer un joli panorama de la région.
STRÉE
Ancienne chaussée romaine de
Bavay à Trèves. Le nom du village proviendrait du latin « strala ». Cette chaussée sera utilisée sur plusieurs tronçons
au cours des déplacements de l’armée
impériale. Elle joua notamment un rôle
important lors des combats de Fleurus.
DONSTIENNES
Le moulin de Donstiennes. Connu
dès le XIIe siècle, ce moulin a bénéficié
La chapelle de Haut. Petite potale
devant laquelle passa Napoléon.
MARBAIX-LA-TOUR
Les Trois Arbres. Napoléon marqua
un arrêt dans sa progression sur le vieux
chemin de Beaumont à Charleroi en ce
lieu précis pour regarder passer ses
troupes. Autrefois dédiée à saint Roch,
la chapelle prend le nom de NotreDame de la Victoire. Le lieu-dit, quant
à lui, tire son nom des trois arbres qui
offraient autrefois leur couvert à la chapelle. Il n’en reste aujourd’hui qu’un tilleul solitaire.
LOBBES
Le 16 juin 1815, des combats d’avantgarde se déroulèrent à Lobbes : des
troupes françaises ambitionnaient en
effet de prendre le contrôle du pont sur
la Sambre afin d’envoyer ensuite des
éclaireurs en direction de Nivelles. On y
découvre également une abbaye bénédictine du VIIe siècle, dont ne reste la collégiale Saint-Ursmer depuis le passage des
révolutionnaires français en 1794. Il s’agit
de la plus ancienne église de Belgique.
THUIN
de sérieux travaux de remise en état au
cours des dernières décennies. Selon
l’histoire locale, Napoléon aurait été
obligé de faire un détour par ce moulin,
les autres chemins étant impraticables.
Ne manquez pas la ville de Thuin et
notamment son beffroi, aujourd’hui clocher de la collégiale Saint-Théodard
(1639), le « Spantole » (l’épouvantable),
canon abandonné en 1466, et les jardins
suspendus. En juin 1815, le prince Jérôme
repoussa les Prussiens qui occupaient
la ville.
« SUR LES
TRACES DE
NAPOLEON » :
LE LIVRE
Un outil précieux
et indispensable
Premier titre d’une nouvelle collection éditée
par la Renaissance du Livre et développée en
collaboration avec la RTBF, Wallonie-Bruxelles
Tourisme et LDV Production, « Sur les traces
de... » suit le parcours de femmes et d’hommes
d’exception qui ont laissé à jamais leurs
empreintes sur le sol belge. Ce premier tome
est consacré à Napoléon. Nous suivons l’Empereur d’Hestrud à Waterloo, près de 200 ans
après son passage. Jean-Louis Lahaye s’entoure
d’experts pour cerner au mieux la personnalité
de l’Empereur. Vous découvrirez les aspects les
plus intimes de Napoléon. Vous serez aux côtés
de ses troupes lors des quatre derniers jours de
sa campagne sur notre sol... Décrites heure par
heure, quatre journées riches en rebondissements
et en faits historiques incroyables qui vont dessiner
les contours de la Belgique et de l’Europe.
Lobbes. Le site vaut le détour pour son
caractère intemporel, à la fois paisible
et émouvant.
LEERS-ET-FOSTEAU
C’est à proximité de ce village que
le 2e corps de Reille installa son bivouac
la veille du début de la campagne de
1815. Le château du Fosteau est un impressionnant témoin du passé. La maison forte date du XIV e siècle et est
entourée d’une ferme-château sans
trahir une apparence médiévale générale. Aujourd’hui, les bâtiments
abritent des expositions, des concerts
et une exposition-vente de mobilier
régional belge et français des XVIIIe
et XIXe siècles.
THUILLIES
HESTRUD (FRANCE)
La maison Tchiquette. La légende
La Tour Salamandre, du XIe siècle,
transformée en musée. On y trouve des
souvenirs des princes de CaramanChimay, Napoléon, Charles Quint, Victor
L’abbaye d’Aulne. Située dans la
vallée de la paix, cette abbaye se trouvait
sur le chemin des troupes françaises en
1794 comme en 1815. Détruite en 1794
à l’instar de nombreux édifices religieux,
elle est contemporaine de l’abbaye de
Abritant aujourd’hui l’administration
communale, ses fondations remonteraient au Xe siècle.
JAMIOULX
C’est dans le jardin du presbytère
de l’église Saint-André qu’eut lieu la
rencontre légendaire entre l’Empereur
et l’abbé Jénicot, prêtre du village. Au
terme de leur conversation, Napoléon
aurait promis à l’abbé de le faire évêque.
Il attend encore…
HAM-SUR-HEURE
Le château de Ham-sur-Heure est
incontestablement la trace la plus marquante du passé dans cette commune.
pa r i s ma t ch .co m 19
CHARLEROI
LE GRAND CHARLEROI
Au cours de la journée du 15 juin
1815, les troupes de Napoléon arrivent
aux portes de Charleroi et se concentrent
progressivement dans toute la région
actuelle du grand Charleroi. Cette zone
inclut plusieurs communes importantes.
MARCINELLE
C’est par ce village que Napoléon
arrive à proximité de Charleroi. Selon
la tradition locale, après quelques violents combats de retardement avec les
troupes prussiennes, les Français
prennent le contrôle du lieu et Napoléon
fait son entrée dans le village. Après
s’être informé de la géographie des environs, Napoléon boit une bière. La
pinte dans laquelle Napoléon a bu est
toujours conservée par la famille qui
offrit à boire à l’Empereur.
partir de Fleurus, on découvre une
quantité impressionnante de lieux et de
monuments d’époque.
FLEURUS
L’abbaye de Soleilmont. C’est sur
les pentes situées à l’est de cette abbaye
cistercienne qu’eurent lieu les combats
du 15 juin 1815. Pour l’essentiel, les bâtiments ont été érigés entre le XVe et le
XVIIe siècles. Epargnée en 1794, elle fut
ravagée par un incendie le 24 décembre
1963. Ce qui survécut à ce dramatique
incident fut divisé entre plusieurs propriétaires. Le domaine se trouve à cheval sur les communes de Fleurus et de
Charleroi/Gilly. L’abbaye est visitable.
CHARLEROI
Napoléon pénètre dans Charleroi
par l’ancien bastion de la ville basse. À
cette époque, la Sambre divise encore
la ville, selon le tracé de l’actuel boulevard Tirou. On la franchit par un pont
qui se révélera être un véritable piège
lors du reflux de l’armée française,
après la débâcle de Waterloo. Bloquée
dans le flot des véhicules qui encombrent la rue de la Montagne à cette
triste occasion, la berline spéciale transportant le trésor impérial répandra une
partie de son précieux chargement sur
la chaussée. Les soldats en fuite ramasseront cette solde inespérée, particulièrement utile en ces circonstances. Lors
de son arrivée, Napoléon passe devant
le château Puissant, qui sera sa résidence le soir du 15. Sans le savoir, il
dépasse également, le long de la rivière,
la maison dans laquelle le général Letort expirera le lendemain, des suites
de ses blessures lors du combat de Gilly.
Une plaque commémore aujourd’hui
l’événement sur le bâtiment. L’Empereur emprunte ensuite la rue de la
Montagne et traverse la forteresse. Sortant par la porte de Bruxelles, il rejoint
le cabaret « La Belle Vue », situé juste
à l’extérieur. Hormis la maison où décéda le général Letort, tous ces bâtiments ont disparu.
DE CHARLEROI À FLEURUS
Les traces du passage de Napoléon
entre Charleroi et Fleurus sont pour
ainsi dire inexistantes. En revanche, à
L’ancienne école Sainte-Marie (dite
« maison du docteur Tournay ») En 1815,
six religieuses occupaient ce bâtiment,
transformé en hôpital de fortune. Suite
à la débâcle de Waterloo, des soldats
firent irruption et volèrent ce qu’ils
purent trouver. Terrorisées, les sœurs se
réfugièrent à l’étage, derrière une
grande statue de la Vierge. La lumière
des cierges éclairant la Madone subjugua les soldats, si bien qu’ils repartirent
sans avoir découvert les religieuses. La
statue de la Vierge se trouve aujourd’hui
à l’Institut Notre-Dame à Fleurus (l’ancien château Zualart).
Le moulin Naveau. L’existence de
ce moulin est attestée dès 1793. Quant à
la route Charleroi-Gembloux, elle date
de 1788. L’appellation « Naveau » n’apparaît qu’en 1805. En juin 1815, le meunier Benoît Sandrat se présenta à
l’Empereur afin de lui faire l’honneur
de son moulin, mais également pour que
celui-ci veille sur son bien. Cet ancien
soldat des armées françaises en Espagne
savait que tout bâtiment laissé à l’aban-
don était menacé de destruction ou de
pillage à la première occasion.
Le Monument aux trois victoires
françaises. Ce monument a été érigé en
1936, en pleine montée du nazisme en
Europe. Il est symbolique des préoccupations de l’époque. L’un des objectifs
des promoteurs était de souligner le rôle
de la France comme meilleur garant de
l’indépendance belge.
Le château de la Paix. Construite
tout au plus deux décennies avant l’arrivée de Napoléon, cette gentilhommière
campagnarde est entourée d’un parc
dont le fond, ouvert en 1815, donnait
directement sur le champ de bataille. Le
nom de ce château vient d’une ancienne
chapelle dédiée à Notre-Dame de la Paix
qui, jadis, occupait l’emplacement de la
grange de la ferme de la Paix. C’est dans
ce château que l’Empereur établit son
quartier général le 16 juin 1815 et passa
la nuit. Le bâtiment accueille à présent
l’administration communale de Fleurus et la chambre de Napoléon a été
transformée en bureau. Dans la pelouse d’honneur, on découvre une
stèle en briques rouges munie d’une
plaque commémorative rappelant les
événements historiques dont le château fut témoin.
Le château de Zualart. Situé de
l’autre côté du chemin desservant le château de la Paix, cette ancienne demeure
servit de quartier général à l’état-major
de l’armée impériale le soir du 16 juin.
Pour l’essentiel, le parc du château, orné
de nombreux tilleuls, a été préservé.
Malgré les modifications, on peut toujours y découvrir la butte qui aurait servi
d’observatoire à l’état-major français.
Au pied de ce monticule, deux dalles
sont abandonnées. Sur l’une d’elles, on
peut lire : « 1815 Trouvé ici en 1846 ». Le
boulet de canon qui avait été trouvé à cet
endroit et soudé à la dalle en 1846 a aujourd’hui disparu, sans doute volé par un
collectionneur de souvenirs.
La ferme de La Haye (SaintAmand). La ferme de La Haye se situe à
la limite du village. En 1815, elle jouxtait
les ruines d’un château dont il ne reste
qu’un mur intégré à la ferme. Sa forme
en quadrilatère en faisait un point fortifié
pour la défense prussienne. C’est en attaquant ce point fort que le général Girard
fut tué. Une plaque apposée sur le côté
de la ferme commémore l’événement.
La ferme de Chassart. Cette ferme,
située en bordure de la chaussée romaine Bavay-Tongres, fut témoin des
batailles de Fleurus de 1622, 1690, 1794
et 1815. Son double porche ouvre sur
deux cours parallèles et laisse entrevoir,
sur une des deux granges, la date de
1764. Venant de la chaussée romaine,
c’est au pied de cette ferme que les
troupes de d’Erlon se déployèrent face
au village de Wagnelée.
Le moulin de Brye. Le bâtiment de
briques et pierres de Ligny qui se dresse
aujourd’hui est postérieur de quelques
années à la bataille de juin 1815. Le vivier,
creusé au pied du moulin de bois, existe
en revanche toujours, ainsi que les
pierres de soubassement, encore visibles
près de leur emplacement originel. Le
moulin servit d’observatoire au prince
von Blücher et c’est là qu’eut lieu le
conseil de guerre réunissant von Blücher, Wellington et le duc de Brunswick
le matin de la bataille.
L’église Saint-Victor. L’église de
Fleurus, consacrée à saint Victor, est le
plus ancien bâtiment de l’entité. Sa tour
est un donjon, inclus dans le lieu de culte
lorsqu’il perdit son intérêt militaire. La
base de la tour est d’époque romane.
La flèche du clocher, la plus haute de la
région, fut abattue durant la Révolution
et remplacée par un moignon de forme
étrange surnommé « le pigeonnier » par
les Fleurusiens. Lors de chacun des nombreux affrontements qui eurent lieu sur
le territoire de Fleurus, l’église servit
d’hôpital.
LIGNY
Le centre Général Gérard. Baptisé
en l’honneur du général qui mena l’attaque sur ce village, le centre abrite,
outre un restaurant, le musée dédié à la
bataille du 16 juin 1815. Une large collection d’objets d’époque et de résultats
de fouilles y est présentée.
La ferme d’En-Haut et la ferme
d’En-Bas. Ces deux imposantes fermes
constituèrent deux des points fortifiés
qui opposèrent une résistance acharnée
aux attaques françaises. Situées toutes
deux sur le chemin traversant le village
du nord au sud, elles devaient être prises
pour accéder au plateau de Brye. Des
SUR LES TRACES DU PATRIMOINE UNESCO
La Wallonie compte 14 sites classés au patrimoine matériel de l’humanité par l’Unesco. Trois d’entre eux sont situés sur le parcours
de Napoléon Ier : les beffrois de Thuin et de Charleroi et le site du Bois du Cazier, vibrant hommage aux 262 mineurs qui y perdirent
la vie en 1956. Un site qui fut exploité à partir de 1822, sept ans après la bataille de Waterloo, mais sur base d’un décret de Napoléon… Et comment ne pas mentionner les marches de l’Entre-Sambre et-Meuse, dont 15 sont classées par l’Unesco « patrimoine
immatériel », comme le carnaval de Binche, le Doudou de Mons et la ducasse d’Ath, ces cortèges folkloriques, au départ religieux,
dont les participants portent aujourd’hui encore des uniformes napoléoniens. Certains racontent que des soldats français auraient
abandonné leur tenue pendant la fuite après la défaite. Une trace visible et vivante supplémentaire du passage marquant de Napoléon sur les terres wallonnes. Organisés chaque année de mai à septembre, ils font retentir dans les campagnes fifres et tambours,
un peu comme en 1815… (Olivier Daloze, directeur presse & NTIC, Wallonie-Bruxelles Tourisme ASBL)
plaques rappellent ces événements et
précisent les circonstances propres aux
combats en ces lieux.
SOMBREFFE
Le presbytère. Le maréchal Blücher
passa la nuit du 15 au 16 juin dans ce bâtiment. Il reste ici des combats de 1815
deux traces étonnantes. La première est
un boulet de canon venu se loger dans un
mur extérieur. L’autre, une porte intérieure présentant des traces de coups de
sabre dus, dit-on, à l’irascible maréchal.
LES QUATRE-BRAS
GENAPPE
Le monument du duc de Brunswick.
Construit en 1890, ce monument rappelle le combat héroïque des troupes
brunswickoises et particulièrement la
mort du duc de Brunswick lors de ces
combats.
Le monument des Belges aux
Quatre-Bras. Construit en 1926, le monument fait le récit, tout en allusions, du
fait que les troupes dites « belges » engagées lors du combat des Quatre-Bras
combattirent souvent contre d’anciens
camarades et pour un pays et une cause
en laquelle nombre d’entre eux ne
croyaient pas.
Le monument à la cavalerie néerlandaise. Construit en 1990, ce monument fut érigé sur un mode symbolique
tranchant avec les réalisations antérieures. Une flèche pointant vers le ciel
symbolise l’attaque française, une barre
transversale représente le coup d’arrêt
des Quatre-Bras.
Le monument aux troupes britanniques et hanovriennes honore la mémoire des soldats britanniques et
hanovriens qui ont combattu en ce lieu.
Le monument a été inauguré le 7 juin
2002 par le duc de Wellington, prince de
Waterloo, huitième descendant du
vainqueur de Napoléon. La présence de
Hanovriens aux côtés des Anglais s’explique par le fait qu’après l’invasion de
la principauté de Hanovre par l’armée
française, un certain nombre d’hommes
ont émigré au Royaume-Uni. La principauté de Hanovre, la Grande-Bretagne
pa r i s ma t ch .co m 21
et l’Irlande avaient en réalité le même
souverain, le roi d’Angleterre, depuis
un siècle.
Le monument au 5e régiment de
dragons légers. Placé en 2014 à côté du
monument précédent, ce petit édifice
rappelle l’engagement d’une unité hollando-belge lors de cette bataille. Troupe
qui fut scindée, lors de l’indépendance
belge, en deux régiments qui existent
toujours, l’un hollandais et l’autre belge.
La ferme de Gémioncourt. Cette
ferme fut l’une des places fortes les plus
disputées des Quatre-Bras. Une plaque
commémore les combats qui s’y sont
déroulés.
La ferme des Quatre-Bras. Dernier
témoin de l’époque encore présent sur
le carrefour lui-même, ses bâtiments
sont en triste état. La ferme servit également d’hôpital de campagne après la
bataille de Waterloo.
GENAPPE
« Le Caillou », dernier quartier général de Napoléon à la veille de la bataille. Le site est aujourd’hui transformé
en musée. Une chambre de Napoléon y
a été reconstituée.
Le pont de Genappe. Ce pont, très
étroit en 1815, retarda les déplacements
tant des Alliés que des Français. Il fut
par ailleurs témoin de scènes de panique
lors du reflux des troupes françaises
après Waterloo. C’est l’étroitesse du
pont qui empêcha Napoléon de le franchir en berline et le força à poursuivre
la retraite à cheval.
L’ancienne auberge du Roi d’Espagne. L’établissement a accueilli des
visiteurs célèbres. Le futur roi Louis
XVIII y fit halte en 1792. Les 16, 17 et
18 juin 1815, Wellington, Jérôme Bonaparte et Blücher s’y succédèrent. Le
20 juin 1815, le général Duhesme, commandant de la Jeune Garde, y mourut
des suites de ses blessures en présence
du général Lobau, dont le 6 e corps
avait combattu à Plancenoit, où il avait
été capturé. Une plaque sur la façade
commémore ce dernier événement.
WATERLOO
Le site de la bataille dite de Waterloo couvre plus ou moins six cents hectares répartis sur plusieurs communes.
PLANCENOIT
L’église de Plancenoit. Le centre
du village, l’église et le cimetière l’entourant furent le centre des combats
opposant Français et Prussiens. Ces
derniers avaient pour objectif de couper la route de retraite de l’armée française. Une plaque commémorative est
apposée sur l’église.
Le Monument prussien. Érigé en
1818, ce monument célèbre les morts
prussiens de la bataille. En 1832, les
troupes françaises, commandées par Gérard – qui se battait à Wavre pendant les
combats de Waterloo –, venues aider la
toute nouvelle Belgique envahie par la
Hollande, abattirent la croix de fer qui
surmontait le monument. Le général fit
arrêter cet acte de vandalisme et replacer la croix.
piège dans lequel les troupes françaises se sont engluées durant la bataille. Plusieurs plaques rappellent les
combats menés tant par les Français
que les Anglais dans et autour du site.
La ferme de la Haie Sainte. Cette
fermette fut l’un des points de concentration des combats durant la journée
du 18 juin. Les tentatives françaises pour
accéder au plateau de Mont-Saint-Jean
tourneront autour de ce bâtiment, tant
par sa droite que sa gauche.
Le panorama de la bataille de Waterloo. Construit en 1911, ce panorama est
l’un des derniers exemples européens à
avoir conservé à la fois son immense toile
peinte (mesurant 110 mètres de circonférence sur 14 mètres de hauteur) et le bâtiment original permettant de la découvrir.
La toile, due au peintre Louis-Jules Dumoulin, représente la situation des combats au début des charges de cavalerie
conduites par le maréchal Ney contre
les carrés anglais.
La butte du lion. Terminée en 1826,
cette levée artificielle de terre est en
fait constituée d’une colonne de pierre
retenue sur toutes ses faces par un cône
de terre montant jusqu’au sommet. La
LASNE
Le Monument de l’aigle blessé.
Construit en 1904, ce monument fut le
premier dédié aux troupes françaises. Il
est placé au lieu où, d’après la légende,
le dernier carré de la Garde fut massacré. Détail moins célèbre, dans le
même enclos, une stèle rend hommage
aux Polonais tués lors de cette bataille.
La Belle-Alliance. Cet établissement fait partie des survivants de juin
1815 sur la route vers Waterloo. A l’issue
des combats, Wellington et Blücher se
seraient rencontrés dans ce lieu.
Le monument Gordon. Situé à cent
mètres de la ferme de la Haie Sainte
sur la droite, en direction du carrefour.
Ce monument, érigé en 1817, célèbre la
mémoire d’Alexander Gordon, aide de
camp de Wellington, tué durant les
combats.
BRAINE-L’ALLEUD
Le château-ferme d’Hougoumont.
Ce site peut être considéré comme un
colonne est surmontée par un lion de
bronze de 28 tonnes, le regard tourné
vers la France. La butte fut érigée par le
roi des Pays-Bas en l’honneur de son fils,
blessé durant la bataille. Le point de vue
depuis le sommet est époustouflant.
WATERLOO
Le musée Wellington. Auberge en
1815, ce lieu est aujourd’hui un musée
dédié à la bataille. Wellington résida en ce
lieu à la veille des combats et c’est également là qu’il signa la déclaration de victoire qui fut transmise au Times à Londres.
La ferme de Mont-Saint-Jean. Cette
ferme est le dernier souvenir de l’époque
dans le hameau de Mont-Saint-Jean. Elle
servit d’hôpital de campagne durant
la bataille.
Extraits de « Sur les traces de Napoléon en
Belgique » (Editions Renaissance du Livre),
rédaction Laurent Fauville.
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