supplément spécial
Napoléon Bonaparte : un
fascinant destin dont le
document « Sur les traces de
Napoléon », diusé le vendredi
12 septembre à la RTBF, raconte
le parcours en Belgique jusqu’à
la tragique défaite à Waterloo.
napoléon
en BelGiQue
UNE GRANDE
AVENTURE
HISTORIQUE
parismatch.com3
une épopée historique. Un décor grandiose. Un patrimoine
exceptionnel. Avec l’émission «Sur les traces de Napoléon»
diusée le vendredi 12 septembre, la RTBF marque la rentrée
télé de son empreinte. Réalisé par LDV Production en copro-
duction avec Wallonie-Bruxelles Tourisme et la RTBF, le document ima-
giné par Jean-Louis Lahaye et Patrick Vanderheyde s’inscrit parfaite-
ment dans la mission d’une chaîne de service public: informer et divertir
par des outils de qualité. Et l’ancrage belge renforce l’intérêt pour ce type
de programme. Tout le monde sait que Napoléon a chuté à Waterloo.
Mais sait-on vraiment ce que l’Empereur a fait sur le sol belge?
Il y a passé quatre jours. La bataille du 18 juin 1815 n’est, en réalité, que
l’aboutissement de ces journées-là. Son tragique destin, sa défaite cruelle,
les incohérences du mythe s’expliquent en Belgique, sur le tracé de la
route Napoléon. Un chemin parti de Golfe-Juan, dans le sud de la France,
mais qui se termine par une traversée du Hainaut, de la province de Namur,
avant une issue en Brabant wallon. Tout, aujourd’hui, dans ces régions,
rappelle le passage de l’Empereur et de son armée.
Cette épopée devait se raconter sur un ton neuf et captivant.
C’est ce que réussit «Sur les traces de Napoléon», par le biais
d’images fortes et l’intervention d’historiens et spécialistes. Le cane-
vas lance une vraie série de documents télé. Les sujets ne manquent
pas, eectivement, quand histoire et patrimoine se rejoignent sur le
territoire belge. Une alchimie prolongée par un ouvrage paru aux
Editions Renaissance du Livre, développée par Wallonie-Bruxelles
Tourisme et illustrée, cette semaine, par ce supplément spécial. Un
partenariat RTBF/Paris Match Belgique qui, après ceux avec «C’est
du Belge», «Ma Terre», «Ce jour-là» et d’autres dans le domaine de
l’information, s’inscrit à nouveau dans une lignée de qualité. Le poids
des mots et le choc des photos au service d’un pan d’histoire n’est
pas qu’une recette: c’est une volonté journalistique quand on cherche
à valoriser le capital méconnu de son pays. Voilà pourquoi «I Like
Belgium», l’opération de mise en exergue des valeurs belges lancée
par Paris Match, est associée au projet. Bonne lecture. Marc Deriez
le patrimoine BelGe et ses trésors
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Nous sommes en 1815 et Napoléon rentre
d’exil. Son séjour sur l’île d’Elbe n’a pas calmé
sa soif de revanche. L’Empereur débarque à
Golfe-Juan et entame sa remontée vers Paris
d’abord, mais surtout vers la Belgique, où ses
ennemis sont regroupés. Les Prussiens et les
Anglo-alliés l’attendent de pied ferme. A la
mi-juin, Napoléon entre en Belgique. Il y
passe quatre jours. Une marche historique
dont l’issue, le 18 juin, change la face de l’Eu-
rope. La route Napoléon est aujourd’hui le
vestige de cette campagne militaire éclair.
Waterloo est célèbre dans le monde entier.
Mais qui connaît les vraies raisons de l’échec
français? Les jours qui ont précédé l’ultime
bataille en sont les prémices. Elles sont ins-
crites sur les chemins du Hainaut et de la pro-
vince de Namur. Ce sont ces quatre jours
que le document «Sur les traces de Napo-
léon» retrace et explique. Les points d’intérêt
sont multiples: historiques, politiques, touris-
tiques. Un programme neuf pour décortiquer
le passé de l’Europe en plein bouleversement.
LA ROUTE NAPOLÉON,
VESTIGE DE FAITS
HISTORIQUES
« Sur les traces de
Napoléon » montre
l’importance du
passage de l’Empereur
en Belgique : c’est sur
les terres belges que
l’histoire a basculé.
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WATERLOO,
LES ERREURS FATALES
Le 18 juin 1815, la bataille de Waterloo est le
point d’orgue de l’avancée de Napoléon en
Belgique. Elle met face à face les 130000
hommes de la «Grande Armée» française
et les 210000 soldats des «Alliés»: les Bri-
tanniques de Wellington, les Prussiens de
Blücher, sans compter des mercenaires alle-
mands et une armée néerlandaise comman-
dée par le prince d’Orange-Nassau. Cent
mille hommes au total seront tués ou bles-
sés. Une bataille décisive à plus d’un titre,
qui signifiera la fin du règne de Napoléon:
celui-ci devra abdiquer quatre jours après
son retour à Paris. L’Empereur aura payé
très cher une suite d’erreurs: un mauvais
choix d’état-Major, une mauvaise apprécia-
tion des intentions de l’ennemi, du temps
perdu, des hésitations, un excès de confiance
et des détails et des petites malchances qui
s’accumulent pour produire de grandes
fautes. Malgré tout, à Waterloo, les concep-
tions stratégiques de Napoléon demeurent
supérieures à celles de ses adversaires.
La célèbre bataille du 18 juin
1815 reconstituée. A l’issue
de celle-ci, une nouvelle ère
va commencer.
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Paris Match. Porter le nom de Bonaparte,
qu’est-ce que ça représente en 2014 ?
Charles Bonaparte. C’est un héri-
tage culturel que les hasards de la nais-
sance ont mis entre mes mains. Je
m’efforce de le mettre en valeur de la
manière la plus intelligente possible, en
rapport avec la société de notre temps,
qui interroge l’histoire et la culture au
départ de questionnements fatalement
différents de ceux du passé. Tout le dé
est d’arriver à partager avec les gens de
notre époque ce qui constitue une page
importante de leur histoire. Je suis
convaincu, avec l’ensemble des femmes
et des hommes de culture, que l’histoire
doit tenir un rôle dans notre société, non
pas pour la rejouer, mais pour permettre
à nos contemporains d’aller de l’avant
en y trouvant des réponses aux questions
actuelles. Il ne s’agit pas de prendre mo-
dèle sur ce qui s’est passé, mais de tirer
les leçons d’expériences vécues par nos
prédécesseurs qui, confrontés à des situa-
tions problématiques et
radicalement nouvelles
dans le domaine poli-
tique, social, économique,
parfaitement respectable du reste, je
suis frappé de voir que pour plusieurs
pays où les batailles napoléoniennes
sont reconstituées – je pense notam-
ment à l’Autriche avec Austerlitz ou à
l’Allemagne avec Iéna –, celles-ci sont
synonymes de défaites. Néanmoins, on
les célèbre là-bas. Qu’est-ce qui fait
qu’un pays célèbre une défaite ? C’est
curieux, tout de même. Ça signie, selon
moi, qu’en dépit de l’échec militaire au-
quel elles renvoient, ces batailles sont
perçues comme faisant intégralement
partie de l’histoire de ces pays, ayant
contribué à les fonder d’une certaine
manière. De nouveau, on en revient à
la culture et à l’histoire. D’autre part,
ce qui peut expliquer en partie la fasci-
nation dont vous parlez, c’est le fait que
Napoléon Bonaparte est celui qui dif-
fuse en Europe les grands principes de
la Révolution française. Il répand en
particulier l’idée de nation en tant
qu’afrmation des libertés individuelles.
Un peuple se représente en nation de
citoyens libres. Il n’y a pas de nation
sous la monarchie, en tout cas pas sous
la monarchie absolue. Or, les cam-
pagnes napoléoniennes inscrites dans
l’après-révolution de 1789, menées dans
ces pays de vieille tradition monar-
chique, marquent le début de leur trans-
formation en nations modernes. C’est
sans doute l’une des raisons pour laquelle
le public s’y reconnaît, participe volon-
tiers à leurs commémorations et entre-
tient la légende napoléonienne. Ceci
étant dit, le concept de nation présente
un versant négatif, dès lors qu’il corres-
pond à l’afrmation et même à la suraf-
rmation identitaire qui a aussi conduit
aux guerres de l’Empire et, plus tard, à
celles du XIXe et du XXe siècles.
Vous parlez de la légende napoléonienne.
Justement, le personnage a longtemps
été conspué par les uns, adulé par les
autres. De nos jours, s’il ne rassemble pas
encore, en tout état de cause, Napoléon
divise moins. Et vous, comment vous
positionnez-vous dans ce débat ?
Encore une fois, je pense qu’on a
raison de revenir à l’histoire sans préju-
gés. L’histoire, c’est au fond une manière
de comprendre les relations de cause à
effet. Lorsqu’on la relit, on observe, chez
un personnage de l’importance de Na-
poléon, à la fois des aspects prophé-
tiques résolument modernes et des
aspects régressifs qui portent la marque
de temps révolus et se manifestent au
travers de la guerre, de la violence et
culturel ou environnemental, que sais-je
encore, ont cherché à y répondre et y
sont parvenus de temps à autre, en met-
tant en œuvre des idées ou des concepts
nouveaux. Nous, les hommes et les
femmes du XXIe siècle, devons être
conscients que nos racines plongent dans
l’histoire, singulièrement dans l’histoire
du pays où nous vivons. C’est encore plus
vrai à l’heure de l’Europe, où il s’agit
de trouver une nouvelle citoyenneté
européenne qui dépasse les identités na-
tionales et ne peut s’ancrer que dans
l’histoire de notre continent. De ce point
de vue-là, Napoléon Bonaparte est un
du despotisme. La critique historique
actuelle permet de mieux comprendre
le personnage de Napoléon dans sa to-
talité et de faire la part des choses plus
sereinement. Autrefois, la lecture de
l’histoire était davantage politisée, il
faut bien le dire. En gros, la droite auto-
ritaire se reconnaissait en Napoléon Ier,
tandis que la gauche dénonçait le tyran
liberticide. On est heureusement sorti
de ce clivage, ce qui explique du reste
l’intérêt que lui porte un public très
large. Sans cela, vous n’auriez que des
gens de droite parmi ses admirateurs et
d’autres, exclusivement de gauche,
parmi ses détracteurs. Or, c’est loin
d’être le cas. Napoléon n’est ni de droite
ni de gauche, il appartient à l’histoire.
Vous qui êtes familier du milieu politique,
diriez-vous que l’absence d’un leader
ayant l’énergie et, plus encore, la capacité
à porter et même à incarner un projet et
une vision d’avenir, aujourd’hui en France,
en Belgique ou ailleurs en Europe,
explique en partie l’attrait que suscite
Napoléon ?
Il ne faut pas perdre de vue que
Napoléon s’est retrouvé aux prises avec
des circonstances très particulières qui
l’ont conduit à prendre le pouvoir en
1799, à la faveur d’un coup d’Etat, dans
une France qui sortait de dix ans de Ré-
volution et de désordre, mais dans la-
quelle les idéaux révolutionnaires
étaient très profondément ancrés. De
plus, la guerre menaçait le pays et lui
était en quelque sorte le sabre au ser-
vice du triumvirat consulaire. Fort heu-
reusement, nous n’en sommes pas là
exemple. Non qu’il faille refaire l’Eu-
rope de Napoléon, ce serait risible, déri-
soire et déplaisant. Mais, comme d’autres
avant lui – je songe par exemple à
Charles Quint ou à Charlemagne –, il a
tenté de construire un projet européen
dont les difficultés, les errements, les
échecs peuvent servir d’enseignements
précieux pour les citoyens de l’Europe
d’aujourd’hui.
La littérature, le cinéma, la télévision ou
encore la bande dessinée font leur manne
de la mythologie napoléonienne, dont le
succès populaire ne se dément pas. Les
reconstitutions de ses grandes batailles
attirent le public en masse, notamment
celle de Waterloo, dont le prochain
bicentenaire annonce un succès de foule
considérable. Quel regard portez-vous
sur la fascination que votre illustre aïeul
continue d’exercer ?
La foule des curieux qui se pressent
dans les grandes commémorations s’y
rend avant tout pour se distraire et
s’émerveiller. Le côté spectaculaire de
ces manifestations est indéniable : c’est
grandiose, mouvementé, bruyant, coloré.
Mais au-delà de cette motivation ludique,
aujourd’hui dans nos pays. Ceci étant,
l’énergie de l’homme, elle, est effecti-
vement tout à fait extraordinaire et il
l’exprime de multiples manières, ne se-
rait-ce qu’à travers sa correspondance :
pas moins de 45 000 lettres, tout de
même ! Puis, il y a sa détermination, sa
volonté, son abnégation, son courage
qui séduisent certainement aujourd’hui.
En ce qui concerne le projet politique,
s’il est vrai que la France ou la Belgique
manquent d’une vision à long terme,
elle ne peut guère s’inscrire que dans
une perspective européenne, peut-être
même mondiale, en dehors de laquelle
cela n’aurait pas beaucoup de sens
compte tenu de l’évolution de notre
monde. Et puis aussi dans un contexte
culturel tout différent, parce qu’il ne
faut pas oublier qu’à l’époque, les gens
allaient peu à l’école, lisaient peu,
étaient peu informés, etc. A présent, les
opinions publiques modernes sont au-
trement plus difciles à convaincre.
Serez-vous présent pour le bicentenaire
de la bataille de Waterloo ?
Très certainement, oui, j’y suis invité.
A ce propos, je suis à l’initiative d’une
fédération européenne qui regroupe les
cités napoléoniennes (*). Nous partici-
pons à un programme du Conseil de l’Eu-
rope qui associe ces villes et vise la mise
en valeur de leur patrimoine historique,
culturel et touristique. Pour ce qui
concerne la Belgique, trois villes adhèrent
à la fédération : Waterloo, Anvers et Som-
breffe. Par ailleurs, toujours dans le cadre
du Conseil de l’Europe, nous allons ins-
crire la « Route Napoléon en Wallonie »
dans un vaste programme d’itinéraires
culturels européens qui traversent une di-
zaine de pays, depuis le sud de l’Espagne
jusqu’en Russie, et qui s’accompagnent
d’animations permanentes. n
(*) www.napoleoncities.eu
charles (Napoléon) Bonaparte (63 ans) est l’aîné de l’unique branche
survivante des descendants en ligne de Charles Bonaparte, via le
rameau issu de Jérôme Bonaparte, le frère de l’Empereur Napoléon Ier.
Il est également apparenté à la famille royale de Belgique, puisque sa
grand-mère paternelle n’était autre que Clémentine de Belgique, fille du roi Léopold II. Docteur en sciences écono-
miques, Charles Bonaparte a mené une carrière d’ingénieur dans l’administration publique en France et à l’étranger
avant de se tourner vers la finance, puis l’immobilier. Engagé en politique sous les couleurs du Mouvement
démocrate et du Parti socialiste, il a été maire adjoint d’Accacio (Corse) et conseiller municipal à Nemours (Seine-
et-Marne). Il est marié et père de trois enfants. Entre autres ouvrages, il est l’auteur de «Napoléon par Napoléon»
aux Editions du Cherche-Midi et de «Napoléon, mon aïeul, cet inconnu» chez XO Editions.
«La critique
historique actuelle
permet de mieux
comprendre le
personnage dans
sa totalité»
« Napoléon n’est
ni de droite, ni de
gauche »
LE GRAND TÉMOIN: CHARLES BONAPARTE
« la traJectoire De napoléon
est un enseiGnement précieuX pour les
citoYens De l’europe DauJourD’Hui »
UN ENTRETIEN AVEC FréDéric loore
« Napoléon Bonaparte est
celui qui diuse en Europe les
grands principes de la
Révolution française. Il répand
en particulier l’idée de nation
en tant qu’armation des
libertés individuelles. »
Charles
Bonaparte.
NAPOLÉON
PAR NAPOLÉON
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