Quelles recherches
pour de nouveaux
modèles de croissance ?
Mercredi 6 octobre 2010
LANR consulte les entreprises
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Sommaire
Préface ..................................................................................................................................................... 2
1. Introduction du colloque ............................................................................................................. 3
1.1 Synthèse de l’intervention d’Alain Claeys, député de la Vienne ............................................... 3
1.2 Synthèse de l’intervention de Jacqueline Lecourtier, directeur général de l’ANR.................... 3
2. Grand témoin : Daniel Cohen ...................................................................................................... 4
3. Quelles recherches pour de nouveaux modèles de croissance ? ................................................ 8
3.1 Il est nécessaire de démystifier la société post-industrielle ..................................................... 9
3.2 La R&D doit proposer des offres intégrées et répondant aux besoins ciblés des ..................... 9
clients de l’entreprise ...................................................................................................................... 9
3.3 Il faut construire des partenariats intersectoriels, interdisciplinaires et ................................ 11
internationaux ............................................................................................................................... 11
3.4 Les start-up ont besoin de capitaux et de managers expérimentés ....................................... 12
3.5 La recherche doit mieux comprendre son impact sur la fabrication et les emplois ............... 13
3.6 La formation doit permettre le développement de nouvelles compétences ......................... 14
4. Recommandations à l’ANR ........................................................................................................ 15
4.1 Recommandations issues des tables rondes ........................................................................... 15
4.2 Recommandations issues de l’atelier « Les entreprises et les dispositifs de l’ANR » ............. 17
4.3 Recommandations issues de l’atelier « Les entreprises et les programmes de l’ANR » ......... 17
5. Synthèse de l’intervention de Luc Rousseau, directeur général de la compétitivité, de
l’industrie et des services, Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi .......................... 18
6. Synthèse de l’intervention de Ronan Stephan, directeur général de la recherche et de
l’innovation, Ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur ......................................... 19
Rédaction : Marie de Lattre-Gasquet, Mouna Chaari, Stéphanie Fen-Chong et Anne Tixador
ANR - Décembre 2010
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Préface
Le 6 octobre 2010, plus de trois cents personnes - dont deux cents responsables de la recherche dans
des entreprises et associations représentantes d’entreprises ont répondu à l’invitation de l’Agence
Nationale de la Recherche (ANR) à venir réfléchir aux moyens dont la recherche publique et privée
peut contribuer à l’émergence de nouveaux modèles de croissance. Introduit par Alain Claeys,
député de la Vienne, le colloque a émarqué par les réflexions de l’économiste Daniel Cohen qui
ont aidé à mieux comprendre notre économie et notre société.
Pour les participants aux tables rondes, notre économie est mue par la recherche systématique et
continue de l’innovation qui est une source de bénéfices, mais également un centre important de
coûts. Par conséquent, l’amélioration de la performance de la recherche, la diminution de ses coûts
et leur amortissement sont des préoccupations majeures pour les entreprises qui s’efforcent de
rendre le fonctionnement de la recherche plus souple et pertinent. L’approche collective de la
recherche est un atout pour la compétitivité des entreprises et nous remarquons que le montage de
partenariats public privé dans le domaine de la recherche est devenu plus facile depuis quelques
années, même si des difficultés demeurent.
Pour aller vers de nouveaux modèles de croissance, la recherche doit répondre à des questions
technologiques, économiques et sociales. La recherche publique doit à la fois être capable de
produire de nouvelles connaissances et de répondre aux demandes de collaborations avec le secteur
privé pour l‘innovation et la satisfaction des marchés. Les partenariats - interdisciplinaires,
intersectoriels, interinstitutionnels et internationaux - sont indispensables. Pouvoir acquérir une
double compétence au sein du système éducatif et universitaire français serait un atout pour le
développement de ces partenariats.
Les reconfigurations des chaînes de valeur ainsi que des propositions de valeur peuvent conduire à
de nouveaux modèles de croissance. De plus en plus souvent, l’offre des entreprises intègre le
produit, les services, la marque, des promesses et un système de mise sur le marché. De nouvelles
questions de recherche se posent donc en termes de conception de produits, de conception de
services et d’intégration de systèmes.
Mesurer et limiter les déprédations environnementales est l’un des défis du développement durable
rencontré par les entreprises. La modularité du processus de production, avec les délocalisations et
les externalisations, rend difficile cette évaluation. La recherche doit répondre aux demandes de
mesure, d’analyse, de prévention et de limitation des risques.
Enfin, les laboratoires publics de recherche se trouvent de plus en plus souvent à la confluence de la
science et du marché, moyennant des hybridations inédites entre rationalité scientifique et
rationalité économique. Il importe de réfléchir aux conséquences de ces hybridations sur l’ethos de
la recherche publique, sur ses objectifs, ses moyens de mesure des résultats et son impact.
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1. Introduction du colloque
1.1 Synthèse de l’intervention d’Alain Claeys, député de la Vienne
Monsieur Claeys s’est félicité de l’invitation d’un grand nombre d’entreprises par l’ANR car elle
permet de connaître les analyses des décideurs du secteur privé et de partager les décisions. Il a
rappelé que l’Etat dispose de trois grands outils pour financer la recherche privée et la recherche
partenariale : l’ANR, le crédit d’impôt recherche et les universités et organismes de recherche.
Aujourd’hui, comme les capacités de financement public sont de plus en plus restreintes, il est
important de stabiliser les dispositifs et de s’assurer de leur performance et de leur pertinence.
Les programmes de l’ANR, a rappelé Monsieur Claeys, s’appuient sur les priorités définies par le
gouvernement et visent une croissance durable. Il considère que l’ANR a joué son rôle sans ignorer
que son financement et ses modes de financement font l’objet de débats.
Le Crédit d’Impôt Recherche (CIR), qui est le second dispositif de l’Etat pour aider les entreprises,
date de 1983 et a été profondément réformé en 2008. Il doit être rendu plus stable et lisible pour les
entreprises et il est nécessaire de corriger quelques abus. Monsieur Claeys a rappelé que les PME
indépendantes sont la cible du CIR. Le pourcentage de calcul de l’assiette va être modifié et plusieurs
propositions sont à l’étude. L’optimisation fiscale, très élevée, conduit les grands groupes à calculer
le CIR par filiale et non pas au niveau de la holding ; elle sera modifiée.
Le troisième outil, les universités et les organismes de recherche, représentent la force de recherche
publique de la France et ont un rôle essentiel à jouer dans les PRES et les pôles de compétitivité. La
place des docteurs dans l’économie marchande doit être étudiée.
Après l’intervention de Monsieur Claeys, Madame d’Arras, de Suez Environnement s’est réjouie que
le législateur ait changé le traitement comptable du CIR et que celui-ci soit maintenant
obligatoirement fléché vers la recherche. Depuis 2008, à Suez Environnement, le budget CIR est
traité comme une subvention et s’ajoute au budget recherche.
Il a également été souligné que le CIR incite les grands groupes à localiser leur R&D en France alors
qu’ils pourraient mener leurs recherches dans d’autres pays. Pour les très petites entreprises qui se
lancent sur des marchés risqués, le CIR est essentiel. Il a éproposé que le CIR puisse faciliter les
collaborations grands groupes – PME-TPE.
1.2 Synthèse de l’intervention de Jacqueline Lecourtier, directeur général de l’ANR
Madame Lecourtier a rappelé que l’ANR a été créée pour dynamiser la recherche française en lui
apportant davantage de souplesse et en veillant à un équilibre entre recherche fondamentale et
recherche appliquée. L’une de ses missions est de développer les coopérations entre la recherche
publique et la recherche privée grâce aux programmes partenariaux. L’ANR est organisée en cinq
départements scientifiques thématiques et un département transversal - le département
partenariats et compétitivité - dont la fonction est d’être à l’écoute des entreprises et de faire des
propositions pour que l’ANR réponde mieux à leurs besoins.
Depuis sa création, l’ANR a attribué 460 M€ à des entreprises, dont 51 % à des PME au sens
européen du terme. L’équilibre entre les projets développés par les grandes entreprises et par les
PME est assez satisfaisant. En 2009, 1324 projets ont été financés et 322 projets impliquaient au
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moins une entreprise. Plus du tiers de ces projets relevaient de la catégorie « services ». La
répartition par département est la suivante :
Ingénierie /procédés/ sécurité : 85 % partenarial
Énergie durable et environnement : 82 % partenarial
STIC / Nanotechnologies : 74 % partenarial
Biologie / santé : 30 % partenarial
Écosystème et développement durable : 20 % partenarial
Non thématique : 4 % partenarial
Sciences Humaines et Sociales : pas de partenaire entreprise
Le programme non thématique est ouvert aux entreprises mais elles ne représentent que 4 % des
projets. Il n’est pas réservé à la recherche publique et les entreprises peuvent présenter des projets,
a souligné Madame Lecourtier.
Enfin, Madame Lecourtier a rappelé les objectifs du colloque. Il s’agit pour l’ANR de mieux connaître
les besoins des entreprises et de réfléchir aux besoins de recherche associés aux nouveaux modèles
de croissance économique intégrant développement durable et globalisation, et aux nouveaux défis
industriels et ruptures induites « par » et « dans » les activités de service.
2. Grand témoin : Daniel Cohen
Daniel Cohen, est professeur d'économie à l'École normale supérieure à Paris I, et à l'École d'économie
de Paris (directeur du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP). Il est
notamment membre du Conseil d’analyse économique (CAE) auprès du Premier ministre, et conseiller
scientifique auprès du Centre de développement de l’OCDE.
« Trois entrées sont possibles pour comprendre le type d’économie, les mécanismes de croissance et
le monde dans lequel nous vivons.
Notons tout d’abord et c’est la première entrée - que depuis le début des années 80, l’esprit du
capitalisme a changé. On est donc passé d’un capitalisme de type managérial à un capitalisme
actionnarial. C’est ce nouveau capitalisme financier qui, pour l’essentiel, commande aujourd’hui
l’organisation et l’économie de la planète. Les bourses définissent en amont les stratégies des
grandes entreprises et, en aval, les rapports avec les sous-traitants qui dépendent d’elles.
Dans les années 1920, un capitalisme managérial a émergé, faisant suite au capitalisme familial. Ce
capitalisme managérial a perduré jusqu’aux années 1980, mais néanmoins, dès 1939, Schumpeter
prédisait sa fin. Il estimait que le capitalisme était conduit à s’autodétruire en raison de son succès et
des transformations inhérentes à son fonctionnement ; il prédisait une bureaucratisation du
capitalisme. Dans un livre célèbre, « Le Nouvel État Industriel », Galbraith parle également de
bureaucratisation d’ensemble de l’économie, illustrée par l’image pleine d’humour qu’il donne d’un
conseil d’administration : on y voit le PDG entouré de tous ses amis - lui-même d’ailleurs siège dans
des conseils d’administration – tandis qu’au fond de la salle, les représentants des actionnaires n’ont
pas voix au chapitre quant à la marche de l’entreprise, et n’ont d’autre alternative que d’aller investir
ailleurs s’ils sont mécontents.
Le krach boursier de 1929 et la Grande Dépression qui s’ensuit ont discrédité la Bourse, aussi bien
économiquement que moralement. Durant les années d'après guerre, elle ne donnait quasiment plus
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