Dossier Respiratoire Un monde sans tabac : utopie ou nécessité ? Cinq millions de personnes en meurent chaque année dans le monde. Pour éviter le doublement des décès dus au tabac dans les vingt prochaines années, la planète s’organise. L DR ’interdiction, depuis janvier dernier, de fumer dans les lieux de convivialité est un réel progrès de santé publique en France. Elle permettra d’éviter les complications du tabagisme passif (infarctus du myocarde, cancer du poumon et cancer du sein). La santé publique s’en portera également mieux, grâce à une diminution rapide du nombre d’hospitalisations pour infarctus du myocarde. Pour le Pr. Gérard Dubois, président d’honneur de l’Alliance contre le tabac, « il est nécessaire de veiller à ce que la loi soit réellement appliquée et de réprimer ceux qui y dérogent »1. Les premières enquêtes chifrées montrent que cette loi est respectée à 97 %, cependant un tiers des cafés, bars et restaurants n’a pas encore apposé le panneau d’interdiction obligatoire. Depuis les premières restrictions de la loi Evin en 1991 en France, les marchands de tabac ont perdu du terrain. Le nombre de fumeurs a diminué. En 2000, 33 % d’hommes et 30 % de femmes fumaient contre respectivement 30 % et 27 % en 2005. En 2000, 42 % des jeunes de 17 ans fumaient, 34 % cinq ans après. C’est chez les 1213 ans, que les campagnes antitabac ont eu le plus d’efet : fumer est aujourd’hui devenu « ringard ». POUR LE PRÉSIDENT D’HONNEUR DE L’ALLIANCE CONTRE LE TABAC (GÉRARD DUBOIS), IL EST POSSIBLE DE DIMINUER ENCORE LE NOMBRE DE FUMEURS. Diminuer le nombre de fumeurs Il est possible de diminuer encore le nombre de fumeurs. Pour le Pr. Dubois, les moyens d’y arriver sont connus. Augmenter le prix des cigarettes de façon répétée et dissuasive (10 % chaque année) est un moyen eicace. Une hausse de 10 % du prix entraîne une baisse des ventes de 4 %, par arrêt ou diminution de la consommation. Le remboursement des traitements pharmacologiques de la dépendance tabagique est un autre moyen d’y parvenir. Les fumeurs, qui veulent arrêter mais n’y parviennent pas seuls, ont besoin d’une aide pharmacologique. Le remboursement s’avère d’autant plus utile que les substituts nicotiniques et le Zyban® (GSK) doublent les chances d’arrêt. Le Champix® (Pizer) les triple. Il est aussi possible d’utiliser des « images choc » sur les paquets, comme en Belgique, et bientôt en Grande Bretagne. 24 PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2008 Plus de tabac dans les pays pauvres Face aux lois antitabac des pays industrialisés, les cigarettiers ont massivement reporté leurs eforts vers l’Afrique2, l’Asie et les pays de l’Europe Centrale et de l’Est. La Hongrie détient ainsi le triste record du nombre de cancers du poumon. Face au léau, l’OMS a établi une convention cadre internationale antitabac, ratiiée par 152, pays en faveur de l’interdiction de la publicité sur le tabac, d’une augmentation du prix par des taxes, d’une protection complète des non fumeurs, de l’interdiction des mentions trompeuses du type “light”, de la vente aux mineurs ou encore de la lutte contre la contrebande. Cette convention commence à porter ses fruits en Pologne, en haïlande, en Afrique du Sud. La lutte contre le tabac a encore du pain sur la planche : le Japon, l’Afrique et la Russie sont à la traîne et la consommation mondiale ne diminue pas. n Emmanuel Cuzin (1) La loi prévoit 700 € d’amende pour ceux qui incitent à la non application du texte. (2) En 2030, le tabagisme devrait faire sept millions de victimes dans les pays en voie de développement, soit 70 % du nombre total de victimes à l’échelle mondiale. Le tabac en vrac France : - Décès dus au tabac en France : 60 000/an, - 900 000 BPCO à bout de soule - Recettes iscales du tabac : 11 milliards d’euros (2003) Monde : - 10 % de tous les décès dans le monde, 650 000/an en UE - 6 à 15 % des coûts des soins dans le monde - Proits des trois premiers cigarettiers : 121 milliards de dollars (en 2002, source OMS) Europe : - Nombre de fumeurs dans l’UE : environ 128 millions de personnes - Coûts dûs aux conséquences du tabagisme : de 1,04 à 1,39 % du PIB de l’UE (en 2000)