Texte reproduit in extenso avec l'autorisation de l'auteur, que nous remercions
vivement de sa participation ( relecture et amendement de l’exposé et de la discussion).
Patrick Pharo préfère situer le contexte dans lequel l’article de référence, étudié en séminaire,
a été écrit, plutôt que se contenter d’un résumé. Pour en saisir le sens, il faut savoir que cet
article fait écho à une 1ère publication sur « Les problèmes empiriques de la sociologie
compréhensive », paru dans la RFS en 1985. Il a en outre fallu une quinzaine d’années de
maturation pour que ce second article voir le jour en 2000.
Après ce préambule, l’auteur souhaite introduire la discussion de son texte au moyen de 5
remarques liminaires :
1°) La question se pose du « problème ontologique » en sociologie. On connaît l’opposition
entre individualisme méthodologique et holisme, opposition qui serait aussi celle de
Durkheim contre Weber. Mais en philosophie, il s’agit là du problème du monde des pensées
sans l’existence d’un monde matériel. C’est le problème du « mind body ».
En effet, dans les deux cas (IM vs Holisme) se pose la question du sens des pratiques, des
courants, des institutions, des actions et des pensées, et de leur statut dans la « vie sociale »-
Quel est-il ? Cette question importante se situe au cœur de la philosophie anglo-américaine
depuis 50 ans.
Elle se combine aussi avec la question du « naturalisme »-porteur de quel sens en science
sociale ?
2°) Dans l’article de 2000, étudié dans ce séminaire, il y a le projet, la tentative d’une
reformulation sémantique de la sociologie compréhensive.
Weber fait l’objet d’interprétations diverses quant à sa sociologie, avec tous les aléas et les
malentendus que cela induit. Mais que peut-on dire de plus précis possible quant au sens à
donner à l’action sociale, pour progresser dans sa compréhension ?
En 1er lieu, on peut penser qu’il existe des structures conceptuelles communes aux êtres et aux
sociétés, qui peuvent être pensées à la manière des modèles ayant un contenu mathématiques.
Par exemple, lorsque j’affirme que 2+2= 4 ! Nous le savons sans avoir besoin de l’accord
psychologique d’autrui ; c’est une compréhension logique et non psychologique. Or, ce savoir
commun s’appliquerait à la compréhension des faits sociaux ; il s’agit, répétons-le, d’une
structure commune aux acteurs, permettant la compréhension de s’opérer.
C’est le postulat de la compréhension, analogie du principe de la traduction linguistique,
développé par Alfred Schütz. Certains, comme Frege, imaginent un arrière-monde platonicien
« d’êtres existants », indépendant, ce à quoi je ne crois pas un instant.
On peut regrouper trois types d’arguments favorables à l’affirmation de l’existence de
contraintes conceptuelles communes aux acteurs :
1- On est « pris » par la logique. Même s'il existe des logiques qui se passent de la loi de
non contradiction. Nous avons tous, nous humains, un ensemble d’ informations
communes issues du monde terrestre ; ce monde qui est, en termes de contraintes