
3
Hiver 2017
Édito
Antoine Malenfant
antoine.malenfant@le-verbe.com
La petite Émilie voit le jour à Montréal en 1800. L’enfant
perd sa mère à l’âge de quatre ans. Puis, dix ans plus tard,
son père décède aussi.
À 23 ans, elle épouse Jean-Baptiste. Les deux premiers
fils du couple ne vivent qu’une saison avant de mourir.
Le troisième enfant nait en octobre 1826. Un an plus tard,
l’époux d’Émilie rend son dernier souffle. L’automne sui-
vant, son dernier fils, âgé de 21mois, décède à son tour.
Job
Si le livre biblique de Job est un récit qui n’a rien d’histo-
rique, l’histoire d’Émilie Tavernier-Gamelin, elle, est bel
et bien arrivée. Mais elle ne s’arrête pas ici.
Complètement atterrée par ces deuils à répétition,
elle reçoit de son directeur spirituel une image de Notre
Dame des Sept Douleurs au pied de la croix.
Veuve et mère éprouvée, Émilie communie aux souf-
frances de la Vierge et aux souffrances de son Fils.
Elle commence rapidement à accueillir dans sa maison les
veuves, les orphelins et les pauvres de Montréal.
Son œuvre, connue aujourd’hui sous le nom des Sœurs de
la Providence, croît rapidement et, en quelques années,
se répand partout dans le monde.
Bienheureuse
En 2001, le pape saint Jean-PaulII a reconnu la vertu et
l’intercession de mère Gamelin. Elle est désormais présen-
tée au peuple des fidèles comme bienheureuse.
À une époque où les marchands de bonheur vendent
leur recette miracle et leur combiné fitness-yoga-oméga-3,
la béatitude d’Émilie Gamelin est un véritable contrepoids
à la culture ambiante. La félicité ne consiste pas en une
absence de malheurs ni en une négation de ceux-ci en
s’enfonçant dans le divertissement.
La vie d’Émilie, l’œuvre immense qui a pu jaillir de ses
mains pleines de larmes seraient impossibles sans cette
croix – lieu de souffrance incompréhensible –, où son
Seigneur l’attendait pour l’épouser.
Heureux ceux qui pleurent…
n
Dans ce numéro de la revue Le Verbe, outre le dossier
fascinant sur les Premières Nations (p. 12 à 41), vous
trouverez un très beau témoignage de Sarah-Christine
Bourihane. Elle y raconte comment son voyage de noces,
à priori désastreux, lui a permis de gouter à l’amour de
Dieu d’une manière inattendue.
Je porte aussi à votre attention le texte du frère
Simon-Pierre Lessard, qui poursuit sa série d’exploration
des apparitions mariales. Il nous présente, cette fois-ci,
l’Immaculée Conception apparue à Lourdes. J’en retiens
cette phrase toute simple, mais ô combien convain-
cante : « Les miracles […] sont pour nous une preuve
supplémentaire que Dieu n’est pas indifférent au sort
des hommes » (p.62). n
DIEU
N’EST PAS INDIFFÉRENT