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Les
théories
de
la
mondialisation
culturelle
:
des
théories
de
la
diversité
presque par définition,
génère
une
variété
de
choix
dans
la
consommation des biens et des services » (Giddens,
1991,
p.
199).
L'argument de l'accroissement des
choix
cultu-
rels
en temps de mondialisation est également au
cœur de l'ouvrage du sociologue britannique John
Tomlinson,
Globalization
and
Culture,
paru
en 1999,
qui s'inscrit dans la continuité des thèses d'Anthony
Giddens. Prenant explicitement le contre-pied des
analyses de l'économie politique critique, John
Tomlinson
cerne la façon dont « les médias globaux
et
les technologies de la communication » enrichissent
«
l'expérience culturelle » de leurs consommateurs.
L'ubiquité des médias, avance-t-il, constitue une
«
ressource culturelle » pour les individus qui étend
leur univers expérientiel, nourrissant « une conscience
culturelle qui est, à bien des égards, "globale" »
(Tomlinson,
1999,
p. 2 et
30).
Depuis la plus grande diversité culturelle
qu'engendre le régime d'accumulation
flexible
jusqu'à
la
plus grande variété des
choix
culturels qu'expéri-
mentent les individus grâce aux médias, la croissante
hétérogénéisation culturelle du monde est, on le voit,
l'un des grands éléments fédérant les travaux sur la
mondialisation culturelle.
On mesure
ici
le chemin parcouru par
ces
analyses
sur
les
conséquences culturelles de la mondialisation et
la
distance qui les sépare de
celles
qui sont produites
par l'économie politique critique.
Celle-ci
privilégie
l'étude du système transnational, largement commer-
cial,
des médias, se penchant sur les stratégies de ses
principaux acteurs, documentant les réalités de
l'échange
inégal,
soulignant
les
logiques
hégémoniques,
s'inquiétant de la menace que ces logiques constituent
pour
les
cultures
particulières.
À
cette
optique,
les
écrits
sur la mondialisation culturelle répondent en insistant,
eux,
sur les modes d'appropriation des flux culturels
transnationaux, sur la manière dont ils sont
créolisés
et
sur la manière dont ils alimentent les reconfigurations
identitaires des individus.
Conclusion
L'apport
des
nouvelles
approches impulsées par
les
Cultural
Studies,
l'anthropologie ou la sociologie est
indéniable
:
elles
invitent à appréhender l'hétérogénéité
de la production médiatique au sein du système
transnational
;
elles invitent à utiliser avec plus de
pru-
dence des concepts - tels ceux d'identité ou de culture
nationales - qu'employait, parfois de façon acritique,
l'économie
politique
;
elles invitent à percevoir avec
plus de
finesse
la
façon dont
les
cultures ou
les
individus
s'approprient
les
flux médiatiques transnationaux.
Force
est cependant de constater que ces appro-
ches
recèlent aussi d'importantes zones d'ombre. La
perspective offerte tend, en particulier, à n'étudier les
réalités
de la mondialisation culturelle qu'à partir, pré-
cisément,
des appropriations des flux transnationaux.
Le
cadre global où se déroulent ces complexes appro-
priations est, lui, généralement occulté. Rares sont,
parmi les travaux considérés, ceux qui articulent leur
réflexion
sur ces processus d'appropriation à une ana-
lyse
un tant soit peu précise sur
le
système transnational
des médias, son architecture, ses acteurs, leurs inter-
actions,
les
flux
l'irriguant, les contenus véhiculés.
Mieux,
alors que les médias sont au centre de
l'appareil théorique des auteurs évoqués, aucun ne
scrute de façon approfondie leur nature, leur insertion
dans un mode marchand de production et de consom-
mation, les relations de domination les traversant, les
médiations à l'œuvre.
Le
résultat, c'est, dans nombre de ces travaux, la
«
perte de la raison critique » (Mattelart,
2007,
p.
76).
Faute de
prendre
en compte
le
cadre
global
dans lequel
HERMÈS
51,
2008
21