Tr a v a i l hi s t o i r e TE S s e m a i n e du 1 6 a u 20 no v e m b r e Pour éviter les pertes de temps que nous ne pourrons compenser par la suite, je vous transmets le cours que nous aurions dû faire cette semaine. Travaillez-le et si vous avez la moindre question ou le moindre doute joignez-moi par mail: [email protected], ou par téléphone au 0625890916. La semaine prochaine en classe, je me contenterai de reprendre les grandes lignes du cours, d'apporter quelques explications uniquement. Donc, il est important que vous fassiez ce travail sérieusement. Vos devoirs sont bien sûr corrigés. Je vous prépare un corrigé que je vous enverrai par le même moyen dans la semaine. Je peux également communiquer les notes à ceux qui le souhaitent et qui me le demanderont. Bon courage et bon travail à tous dans cette situation inattendue et exceptionnelle. N'hésitez pas à me contacter si vous avez le moindre souci. A bientôt. 1 B: Mai s d e s ra p p o r t s d e for c e p e r s i s t e n t c e p e n d a n t : * la construction du mur de Berlin (1961): A partir de novembre 1958, la tension en Europe est ravivée quand Khrouchtchev veut mettre fin à la fuite vers l’Ouest des hbts de RDA. En 15 ans, 3 millions d’Allemands ont émigré de l’Est vers l’Ouest. En novembre, il déclare que Berlin-Ouest doit être rattachée à la RDA et internationalisé sous le contrôle de l’ONU. Après 3 ans de négociations sans résultat, les autorités est-allemandes font construire dans la nuit du 12 au 13 août 1961, un mur qui encercle la partie occidentale de Berlin et sépare la ville en 2. La libre circulation est désormais impossible entre les 2 parties de la ville et entre les 2 Allemagne. L’hémorragie de réfugiés de l’Est cherchant à l’Ouest une vie meilleure cesse. Le “mur de la honte” matérialise la coupure de l’Europe en 2. * la crise des fusées de Cuba (1962): La crise qui éclate à Cuba en 1962 met le monde au bord du conflit nucléaire. En janvier 1959, les guérilleros de Fidel Castro ont chassé le dictateur proaméricain Batista et pris le pouvoir. En mai, Castro annonce une vaste réforme agraire, nationalise les terres ainsi que des raffineries de pétrole, ce qui porte atteinte aux intérêts de plusieurs grandes compagnies américaines. En juillet 1960, l’annonce par Che Guevara que Cuba fait partie du camp socialiste est ressentie par les EU comme une atteinte inadmissible à la doctrine Monroe (du nom du président républicain des EU de 1817 à 1825, qui condamne toute intervention européenne dans les affaires du continent américain comme des EU dans les affaires européennes). En octobre 1960, les EU mettent l’embargo sur les importations de sucre cubain dans le but d’asphyxier l’économie cubaine. Le 15 avril 1961, ils soutiennent un débarquement d’exilés anticastristes dans la baie des Cochons, au S-O de Cuba, débarquement qui échoue en 3 jours. Fidel Castro se rapproche alors de l’URSS. Celle-ci installe à Cuba des rampes de lancement de missiles susceptibles d’atteindre le territoire américain et envoie des missiles nucléaires par navires. La découverte de ces installations déclenche en octobre 1962 la crise la plus grave de la guerre froide. 2 Résolu à une politique de fermeté, le président Kennedy annonce le 22 octobre 1962, que la marine américaine établit un blocus autour de l’île pour intercepter les navires soviétiques qui transportent les fusées et adresse un ultimatum à l’URSS pour qu’elle retire ses rampes de lancement du territoire cubain. Après quelques jours d’extrême tension, Khrouchtchev cède et accepte de retirer ses fusées, contre la promesse que les EU renonceront à envahir Cuba et contre la promesse du démantèlement des fusées qu’ils ont placées en Turquie, compromis pour que la crise se termine sans que l'un ou l'autre ait perdu la face. Chacun renonce à ses prétentions. Paradoxalement, cette crise ouvre une ère nouvelle de rapprochement entre les 2 Grands et met un terme à la guerre froide, par réaction. Tout le monde a vu venir la 3° guerre mondiale, qui n'aurait pu être que nucléaire. Devant tant de danger, il est important que les 2 Grands se rapprochent et évitent ainsi tout dérapage. 3 IV/ LA DETEN T E 1 9 6 2 - 1 9 7 5 : A: La Dé t e n t e , un b e s o i n pa r t a g é : La crise de Cuba a provoqué une prise de conscience des dangers que fait courir à la planète la course aux armements. Dès 1963, une liaison directe (téléscripteur), le “téléphone rouge”, est installée entre la Maison blanche et le Kremlin, symbole le plus spectaculaire de la nouvelle politique de détente. Il faut éviter tout malentendu entre les 2 Grands et tout risque de dérapage. Mais la détente des relations internationales est aussi liée à la fissuration des 2 blocs que les 2 Grands contrôlent de plus en plus difficilement. Dès le milieu des années 1960, l’URSS doit tenir compte de ses difficultés économiques en important de l’Ouest des produits agricoles et industriels. Le régime se durcit lorsque Brejnev, qui remplace Khrouchtchev (1964), fait poursuivre ceux qui critiquent le pouvoir. A l’extérieur, les Soviétiques font intervenir à Prague, en août 1968, les troupes du Pacte de Varsovie et mettent fin à la politique de libéralisation. Les Soviétiques sont également contestés par les Chinois, qui disposent à partir de 1964 de la bombe A et rejettent le modèle soviétique. De leur côté, les EU s’enlisent de 1964 à 1973 dans la guerre du Vietnam que rejette une grande part de la jeunesse américaine. Ils sont critiqués par la Frce qui se retire du commandement intégré de l’OTAN en 1966. Le déficit budgétaire américain amène la dévaluation du dollar en 1971. Au même moment, le groupe des pays non alignés s’affirme, pays récemment décolonisés mais qui ne veulent pas rentrer dans la logique bipolaire du monde. Ils veulent rester à l'écart des 2 blocs. Pour les 2 blocs, la course aux armements exige un effort coûteux et menace la paix mondiale, d’où la nécessité de ce rapprochement qui se manifeste de différentes façons. 4 B: L’a p o g é e d e la Dé t e n t e : * la limitation des armements: Le 5 août 1963, les EU, l’URSS et le RU signent le traité de Moscou interdisant les expériences nucléaires dans l’atmosphère. La Frce et la Chine qui sont alors en pleine expérimentation, refusent de signer ce traité. En juillet 1968, un nouveau traité, toujours refusé par la Frce et la Chine, engage les mêmes signataires à ne pas diffuser la technologie nucléaire pour éviter la prolifération des armes atomiques. Mais surtout, le 26 mai 1972, Moscou et Washington (Brejnev et Nixon) signent après 3 ans de négociations, l’accord SALT (Strategic Arms Limitation Talks), qui vise à limiter la prolifération des armes nucléaires offensives et défensives. * la “diplomatie du sourire”: Les rencontres entre dirigeants américains et soviétiques se multiplient: entre Johnson et Kossyguine en 1967, entre Nixon et Brejnev en 1972,1973,1974, entre Ford et Brejnev en 1974. A l’occasion de la visite de Nixon à Moscou en 1972, qui est la 1° visite officielle d’un président américain en URSS, une déclaration commune définit les bases du code de “bonne conduite” entre les 2 Grands. En juin 1973, Leonid Brejnev se rend à son tour aux EU. La visite du président Nixon à Pékin en février 1972 profite des dissensions entre l’URSS et la Chine communiste et conduit à l’admission de celle-ci à l’ONU. Le développement des échanges commerciaux entre l’Est et l’Ouest est spectaculaire. L’URSS a besoin des céréales américaines et des technologies occidentales. Les EU, concurrencés par la CEE et le Japon, y trouvent un nouveau marché. * l’Ostpolitik: C’est en Europe que cette volonté de détente est la plus manifeste. En 1969, le nouveau chancelier de RFA, le social-démocrate Willy Brandt entame une politique d’ouverture à l’Est, l’Ostpolitik. Le traité de Moscou, signé le 10 août 1970, reconnaît la frontière Oder-Neisse, séparant Allemagne et Pologne. Le 21 décembre 1972, le “traité fondamental” consacre la reconnaissance mutuelle des 2 Allemagne qui présentent une équipe commune aux jeux 5 Olympiques de Munich de 1972. L’année suivante, elles sont admises à l’ONU. * les guerres du Proche-Orient: A la fin de la 2°GM, le génocide paraît justifier auprès de l’opinion internationale la création d’un Etat juif que les sionistes réclament (sionisme: mouvement nationaliste, constitué à la fin du XIX° siècle, qui affirme le droit du peuple juif à former un Etat indépendant). Les Britanniques qui exercent depuis 1919 un mandat sur la Palestine, ont promis d’y installer un “foyer national juif” (déclaration Balfour). Mais ils sont partagés entre cette promesse et les pressions du monde arabe qui réclame l’arrêt de l’immigration juive. En 1945, la Palestine compte 1 200 000 Arabes et 560 000 Juifs. Un climat de guérilla se développe contre les Britanniques impatients de se débarrasser du fardeau. Après avoir proposé en vain 2 plans, Londres s’en remet à l’ONU, qui, le 19 novembre 1947 propose un plan de partage de la Palestine en 2 Etats: un Etat juif et un Etat arabe. La ville de Jérusalem serait internationalisée et placée sous le contrôle de l’ONU. Sans attendre la réalisation de ce plan, le RU décide de mettre fin à son mandat le 15 mai 1948. Le 14, Ben Gourion fait proclamer l’Etat d’Israël, immédiatement reconnu par les EU et l’URSS. Aussitôt les armées arabes pénètrent en Palestine, mais les opérations militaires qui s’achèvent en 1949 tournent à l’avantage des Israéliens. Des accords de cessez-le-feu définissent un Etat israélien dont la surface est de 40% supérieure à celle que prévoyait le plan de l’ONU. Surgit alors le problème des Palestiniens qui quittent en nombre leur pays pour les pays arabes environnants où ils sont cantonnés dans des camps administrés par l’ONU. Tandis que l’URSS soutient l’Egypte de Nasser et la Syrie, les EU soutiennent Israël. En juin 1967, à la suite de la guerre des 6 Jours qui permet à Israël d’occuper le Sinaï, la Cisjordanie, le plateau du Golan et la partie Est de Jérusalem, l’ONU vote la résolution 242 qui réclame l’évacuation de ces territoires. Israël refuse, posant en préalable à tout retrait de ses forces la reconnaissance de son existence par ses adversaires. Le 6 octobre 1973, la guerre du Kippour est déclenchée par l’Egypte contre Israël. Mais là encore, la contre-offensive israélienne est 6 foudroyante. Le 24 octobre, les 2 Grands imposent à leurs alliés respectifs un cessez-le-feu qui met fin à la crise et tend à confirmer la Détente. * les accords d’Helsinki: En 1975, 35 pays européens signent les accords d’Helsinki qui consacrent certains grands principes: non-ingérence dans les affaires intérieures d’un autre Etat, autodétermination des peuples, inviolabilité des frontières européennes et renonciation à la force pour régler les conflits. L’acte final prévoit également le développement de la coopération économique, scientifique et technique. Il garantit la défense des droits de l’homme et en particulier la notion de libre circulation des personnes et des idées. Malgré cette Détente, les 2 Grands n’abandonnent pas leur affrontement idéologique, d’où des affrontements périphériques qui subsistent. 7 C: De s gu e r r e s p é r i p h é r i q u e s : * la guerre du Vietnam(1965-1973: Le conflit le plus sanglant oppose le Nord-Vietnam communiste, soutenu par l’URSS et la Chine, au Sud-Vietnam appuyé par les EU, à partir de 1965. Malgré des bombardements massifs, qui représentent 2,5 fois le tonnage des bombardements alliés de la 2°GM, et le recours au napalm pour défolier les forêts où se réfugient les Viêt-congs, la guérilla l’emporte. Les soldats américains s’enlisent dans une “sale guerre”. La désapprobation d’une partie de l’opinion américaine et internationale amène le président Nixon à entamer des négociations à partir de 1968. Les accords de Paris de janvier 1973 consacrent le retrait américain, mais la guerre se poursuit, aboutissant en 1975 au triomphe des communistes dans toute la péninsule indochinoise. Les EU sortent traumatisés de ce conflit qui a terni leur prestige. * en Amérique latine: L’Amérique latine est aussi le terrain de la lutte d’influence idéologique entre les 2 modèles. Face à une situation sociale qui laisse dans la misère un grand nombre d’habts, des guérillas se développent dans cette partie du monde soumise à l’influence économique, financière et politique des EU. Soucieux de ne pas voir apparaître à leurs portes de nouveaux Cuba, les EU soutiennent les dictatures. Ils interviennent ainsi en République dominicaine en avril 1965 pour sauver le régime de la menace révolutionnaire. Au Chili, la CIA participe en 1973 au coup d’Etat du général Pinochet contre le socialiste Salvador Allende, élu démocratiquement 3 ans plus tôt. 8 CONCLU S I O N : En 1947, le monde est coupé en 2 selon 2 modèles. Cette situation débouche très vite sur 2 blocs face à face. S’instaure alors un ordre bipolaire du monde. Dès 1945, l’expansion du modèle soviétique est spectaculaire. Il s’étend en Europe de l’Est et en Chine. Pour contenir son expansion, les EU lancent le plan Marshall, afin d’aider les “peuples libres” à se reconstruire. Les 2 blocs s’opposent en Allemagne et en Corée. Ces conflits conduisent au renforcement des alliances au sein des 2 blocs. A l’OTAN, qui rassemble les pays du “monde libre”, s’opposent le Pacte de Varsovie et le Comecon rassemblant les pays “amis” de l’URSS. La mort de Staline en 1953 ouvre une période de “coexistence pacifique”. L’équilibre des armements nucléaires rend “la paix impossible”, mais, “la guerre improbable”. En octobre 1962, la “crise des fusées” à Cuba met le monde au bord de la guerre. Paradoxalement, elle ouvre une ère de rapprochement entre les 2 Grands: la Détente. Une série d’accords vise à limiter la croissance des armes nucléaires, à établir un code de bonne conduite entre les 2 Grands. Ils essayent de régler conjointement certains conflits (Proche-Orient), la Détente se traduit également par une réconciliation entre les 2 Allemagne et par les accords d’Helsinki. Mais la confrontation se poursuit cependant dans des guerres périphériques (Vietnam). La Détente provoque cependant une remise en cause de la bipolarisation: des fissures apparaissent à l’intérieur de chaque camp, les pays du TiersMonde revendiquent de plus en plus le droit d’être “non-alignés”. 9 A LA RECHERCHE D’UN NOUVEL ORDRE MONDIAL DEPUIS LES ANNEES 1970 La coexistence pacifique et la détente ont fait croire à un apaisement voire à la fin de l’affrontement Est/Ouest. Cette illusion est entretenue au début des années 1970 par la signature des accords SALT1, la coopération spatiale américano-soviétique et surtout la signature des accords d’Helsinki en 1975. Mais le retournement de la conjoncture économique et la fragilisation des 2 superpuissances en proie à des difficultés internes suscitent une nouvelle escalade dans la guerre froide. Cet ultime affrontement a été fatal à l’URSS qui, minée par ses faiblesses, n’a pas pu résister à l’usure de son système. A partir des années 1970, l’ordre mondial bipolaire issu de la guerre froide évolue vers un système multipolaire. L’effondrement du communisme au début des années 1990 consacre le triomphe des EU, devenus puissance dominante d’un “nouvel ordre mondial”. Mais ce nouvel état du monde reste marqué par de nombreux conflits réactivés par les rivalités nationales ou ethniques et les fondamentalismes religieux, en particulier celui issu de l’islamisme. Pour les résoudre, les EU s’érigent en gendarmes planétaires au nom des libertés démocratiques et du libéralisme économique alors que d’autres prônent le recours à l’ONU. Quel est ce nouvel ordre mondial qui se met en place à partir des années 1970? 10 I: LA FIN DU MONDE BIPOLAIRE 1975-1991: A: Le tournant des années 1970: Les années 1970 sont une charnière dans l’histoire des relations internationales et de la guerre froide. Les équilibres mis en place après la guerre sont compromis par la fragilisation des 2 puissances et par l’évolution économique. * Le déclin de la puissance américaine: Le syndrome “vietnamien”: la prise de Saigon en avril 1975 par le Vietnam du N communiste interpelle le monde et la société américaine. C’est la 1° défaite des EU depuis la 2°GM, face à un petit pays du Tiers-Monde, ce qui relance dans le monde un fort courant antiaméricain et déstabilise la société américaine qui s’interroge sur ses valeurs et le rôle de guide du monde libre que le pays s’est assigné. Le scandale du Watergate aggrave les doutes des EU. Mis en cause dans une affaire d’écoute illégale au sein des locaux du parti démocrate, le président républicain Nixon est contraint de démissionner en août 1974. L’image présidentielle est entachée. Ses successeurs, Gerald Ford (vice-président de Nixon) et la démocrate Jimmy Carter, élu en 1976 sur un programme d’honnêteté morale, peinent à s’imposer devant le Congrès et sur la scène internationale. En Iran, en novembre 1979, le personnel de l’ambassade des EU à Téhéran est pris en otage par des étudiants islamistes soutenus par l’imam Khomeiny. La tentative de libération en avril 1989 est un piteux échec. L’économie américaine est également ébranlée par le coût de la guerre du Vietnam et le 1° choc pétrolier, d’où les dévaluations successives du dollar en 1971 et 1973 qui dérèglent l’ensemble du système monétaire mondial. Les Américains découvrent l’inflation, la chute du dollar face au yen et au mark. Les régions du NE connaissent une forte désindustrialisation et la part des EU dans le PNB mondial passe de 25 à 20%. Symbole de la puissance américaine, l’industrie automobile a des difficultés, tandis que des étrangers, surtout les Japonais pénètrent en force le marché américain. * la contestation du modèle soviétique: L’URSS y a accepté le principe du “respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales” en signant les accords d’Helsinki en 1975. Cependant, Leonid Brejnev, au pouvoir depuis 1964, impose une conception “néostalinienne”. Le pouvoir renforce son contrôle sur la population, les dissidents sont réprimés, toute contestation est inconcevable. Un mouvement de dissidence se développe chez les intellectuels et s’exprime par des publications clandestines: les samizdat. Mais son impact reste limité. Le rôle dirigeant du parti est réaffirmé, alors que la nouvelle constitution de 1977 proclame que “tout le pouvoir appartient au peuple”. Le décalage entre principes idéologiques et réalité est grand. 11 A cela, s’ajoute un retard économique. Les besoins primaires ne sont pas toujours couverts, l’URSS importe des céréales depuis 1971. Les biens de consommation restent essentiellement réservés aux classes privilégiées de la nomenklatura, tandis que la majorité du peuple souffre d’une économie de pénurie. De nouvelles contestations émergent dans les démocraties populaires. En Pologne, l’Eglise catholique cristallise les résistances, surtout après l’élection en 1978 du pape Jean-Paul II, cardinal polonais de Cracovie. Menées par Lech Walesa, ancien électricien, les revendications de la classe ouvrière éclatent au grand jour en 1980 avec la grève des chantiers navals de Gdansk. Pour la 1° fois, le rôle dirigeant du PC est remis en cause. Les ouvriers réclament la reconnaissance du droit de grève et un syndicat “indépendant et autogéré” (Solidarnosc). Réprimé en 1981, le mouvement reste vivace dans la population. Le système soviétique paraît de plus en plus empêtré dans ses contradictions. * la remise en cause de la bipolarité: La logique bipolaire de la guerre froide est remise en cause par l’émergence de certaines puissances du 1/3 Monde et l’affirmation de la CEE et du Japon. Les EU et l’URSS partagent désormais la maîtrise de la force nucléaire avec la Frce, le RU et la Chine. La République populaire de Chine est devenue une véritable puissance régionale, entrée à l’ONU en 1971. Le successeur de Mao Zedong (mort en 1976), Deng Xiaoping, autorise une relative démocratisation (“printemps de Pékin”) et lance un développement économique ouvert sur l’Occident. La Chine n’est plus seulement une puissance démographique, elle est aussi une puissance politique et économique. En Iran, la révolution islamique instaure une nouvelle logique. En 1979, le chah Reza Pahlavi, considéré par les EU (qui l’avaient placé sur le trône en 1953) comme “leur gendarme” dans la région, est chassé du pouvoir par une vague révolutionnaire. Rentré d’exil, l’ayatollah Khomeiny prend alors la tête d’une République islamiste, à la fois antiaméricaine et antisoviétique, qui bouleverse la géopolitique de la région, provoque le 2° choc pétrolier et inaugure une nouvelle donne dans les relations internationales. Se présentant comme le défenseur des valeurs traditionnelles de l’islam, menacées par la modernité, il dénonce l’émancipation des femmes, le triomphe de l’argent et le “Grand Satan” occidental qui incarne tous ces “vices”. C’est le début d’une vague d’expansion de l’islam radical dans tout le monde musulman, menaçant les régimes en place et les intérêts occidentaux. B: La guerre fraîche 1975-1985: Ces nouvelles donnes, l’aggravation des difficultés économiques du 1/3 Monde et la crise internationale déstabilisent une partie de la planète que les 2 Grands, surtout les EU ont de plus en plus de mal à contrôler. Profitant de l’affaiblissement américain, l’URSS renforce ses 12 positions dans le 1/3 Monde. La guerre froide est relancée à partir de 1975: on parle de “guerre fraîche”. * le redéploiement de la puissance soviétique: L’Afrique, où la décolonisation génère guerres civiles et instabilités politiques, constitue un terrain privilégié. Des régimes socialistes armés par Moscou s’installent en Angola et au Mozambique (1975), en Ethiopie en 1977. L’URSS signe également des accords de coopération avec le Congo, le Mali, la Guinée, le Bénin et la Libye qui passent dans sa zone d’influence. En Amérique latine, au Nicaragua, Cuba et l’URSS soutiennent la révolution sandiniste qui renverse la dictature du président Somoza en 1979 et arment les guérilleros au Salvador et au Guatemala. En Asie, la péninsule indochinoise bascule dans le camp communiste. La République populaire du Laos est proclamée en 1975. Le Vietnam, membre du CAEM, envahit le Cambodge en 1979. Soutenu par l’URSS, il combat le nouveau pouvoir en place, le régime prochinois des Khmers rouges, qui a fait plus de 2 millions de victimes entre 1975 et 1979. En 1979, afin de venir au secours du régime communiste de Kaboul, installé l’année précédente et menacé par les moudjahidin musulmans, l’Armée rouge pénètre en Afghanistan, ce qui déclenche une grave crise internationale. A la volonté de soutenir un régime ami, s’ajoute la crainte de voir la rébellion islamique gagner les républiques musulmanes soviétiques. Mais face à l’hostilité de la population, les Soviétiques s’enlisent dans un affrontement qui rappelle celui des EU au Vietnam: combats de guérilla, démoralisation des soldats souvent adonnés à la drogue, résistance afghane mue par un fort sentiment de fierté nationale et par les convictions religieuses musulmanes, condamnation de l’opinion internationale. Les EU dénoncent un “arc de crise” qui, du Mozambique à l’Afghanistan, en passant par l’Ethiopie et le Yémen du S, viserait à couper l’Occident de ses approvisionnements pétroliers du Golfe Persique. * les EU, du repli à l’offensive: Au milieu des années 1970, l’idée que les systèmes américain et soviétique sont en train de se rapprocher est courante aux EU. Pour Henry Kissinger, conseiller à la Maison Blanche, l’URSS changera d’elle-même si on développe avec elle des liens commerciaux. De plus, le démocrate Jimmy Carter, qui accède à la présidence en 1976, entend redonner aux EU la légitimité morale qu’ils semblent avoir perdue avec la guerre du Vietnam et la crise du Watergate. Se faisant le défenseur du respect des droits de l’homme, il réduit les aides aux dictatures anticommunistes d’Amérique latine, les affaiblissant face aux guérillas marxistes. 13 L’invasion de l’Afghanistan modifie l’attitude de Carter. Sa réaction est ferme: embargo sur les exportations de céréales et de hautes technologies en URSS, aide aux résistants afghans via le Pakistan et boycott des Jeux Olympiques de Moscou de 1980, mesure suivie par l’ensemble des pays occidentaux. En 1980, son successeur, Ronald Reagan, lance contre l’URSS qu’il désigne comme “l’empire du mal”, une véritable croisade. L’idéologie de la guerre froide est réactivée. C’est la guerre fraîche. Reagan veut aussi rétablir le rayonnement américain à travers son modèle et sa puissance économique. Il réaffirme les valeurs traditionnelles du pays qui “doit se remettre au travail”. Il se pose en champion de l’idéologie ultralibérale et prône une moindre intervention de l’Etat, notamment au niveau du Welfare State. Les résultats de sa politique sont contrastés: le chômage recule, de nombreuses entreprises sont créées, mais les inégalités sociales s’accentuent et le déficit commercial et budgétaire s’accroît. L’Afrique du S qui pratique le système de l’apartheid, mais soutient la résistance antisoviétique en Angola, redevient un allié privilégié. Au Nicaragua, les contras antisandinistes reçoivent armes et subsides. En 1983, les Américains occupent l’île de la Grenade, aux Antilles, dont le régime est jugé menaçant. * la reprise de la course aux armements: Dans les années 1970, l’URSS a dépassé les EU dans le domaine des armes conventionnelles (chars, avions...) et des armes stratégiques (missiles intercontinentaux). Après l’invasion de l’Afghanistan, les EU décident de rattraper leur retard. Ils ne ratifient pas le traité SALT II signé en 1979. A partir de 1983, l’URSS refusant de retirer les missiles SS 20 qu’elle a installés en Europe de l’E, l’OTAN déploie à l’O (au RU et en Allemagne) des fusées Pershing II. La même année, Reagan lance le programme IDS (Initiative de Défense Stratégique ou “guerre des étoiles”), projet qui vise à abattre les missiles par le biais de rayons lasers diffusés par satellites. Il affirme ainsi la puissance américaine et oblige les Soviétiques à se lancer dans de ruineux investissements militaires. 14