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La peinture de Rosmorduc n’a jamais été une peinture « abstraite», se
résumant à une interrogation sur la forme stricte. L’objet ou la forme
«primitive » a toujours été un prétexte pour amorcer une mise en forme
de la peinture elle-même, dans le cheminement difficile d’un combat
avec le geste qui doit faire advenir une «peinture » qui apporte une
vision autre, une image nouvelle, sans volonté spécifique de révolu-
tionner une manière de voir, mais avec l’idée d’un corps-à-corps avec
cette discipline, son histoire, pour renouveler un tâtonnement ancestral
visant à percer la lumière, la couleur, la forme dans sa représentation.
Les formes solides, fermes, fermées, semblent correspondre à des
entités secrètes, à des mystères bien gardés, desquelles de temps
entemps s’échappent des bribes, comme si un trop plein s’y manifestait
soudain. La matière même de ces peintures semble être une protection
d’une vie interne bouillonnante contenue pour on ne sait quelle raison.
Cette nouvelle série que nous présente Rosmorduc nous oriente vers
une pensée du primitivisme, de manière allégorique évidemment. Nous
pourrions y voir des trilobites plongés dans une soupe primitive ou
primordiale pour reprendre l’expression des biologistes.
Untitled, mixed media, 100x200 cm, 2014