Investissez l`Avenir

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Investissez l’Avenir Texte réalisé par Dylann Sacco et Guillaume Rougny Aujourd’hui, demandez à un quidam ce que lui inspire l’avenir, vous avez plus de 80% de chances qu’il vous réponde la crainte, la p eur du lendemain… il faut bien avouer que d epuis la grande crise d e 2008, et même p lus largement depuis les « 20 p iteuses », la population n’a plus confiance en l’avenir. Il lui apparait sombre, difficile et incertain. Ainsi, selon le Baromètre de l'économie BVA pour Axys Consultants publié le jeudi 3 avril 2014, 73 % des personnes interrogées durant l'entre-­‐deux-­‐tours des élections municipales se disent plutôt moins confiantes concernant l'avenir de la situation économique en F rance, contre 24 % qui s e disent plutôt confiantes. » Nous a tteignons cependant d es records, au sens où c’est la première fois dans l’histoire que la majorité d e la p opulation estime que les générations à venir vivront moins b ien que celles précédentes. Nous sommes à l’évidence dans une p ériode d e transition économique et p olitique majeure, la crise a yant posé d e nombreuses q uestions, sans toutefois apporter les réponses. C’est donc à nous de tenter d’y répondre. Il convient de chercher des alternatives intéressantes aux disfonctionnements de notre système, mais comment faire, et que faire, quand l’information, les medias nous assaillent de mauvaises nouvelles, de plans de redressements, de licenciements, de déficits, d e délocalisations… Comment ne pas p erdre courage et confiance en l’avenir ? Comment n e pas se s entir impuissant face à un rouleau compresseur qui n ous d épasse ? Une chose est sûre : nous ne pourrons valablement avancer et construire une économie stable et viable q u’en investissant l’avenir ! Mais qu’entendre par investir l’avenir ? Si investir c’est, b ien entendu, engager des capitaux, du temps et des efforts cela reste avant tout et surtout s’approprier notre futur, en prendre pleinement possession comme un propriétaire qui investit, qui entre en maitre dans son nouveau bien. Car le futur est un bien qui s’offre à nous, avec de multiples opportunités. Encore faut-­‐il les saisir et savoir les mettre en valeur, comme celui qui va exploiter les richesses d’une terre vierge ! Notre avenir n’attend que nous ! Sachons s’en saisir et y laisser notre empreinte, le façonner à notre image et pour notre bien ! N’ayons plus peur, soyons acteurs de notre destin ! Et si comme l’écrivit Sartre, nous ne fûmes jamais aussi libres que sous l’occupation allemande, alors comment douter d e nos possibilités dans ce monde libre et d émocratique qui est le nôtre ! Aussi, le débat ne doit pas porter sur le fait de savoir s’il faut ou non investir l’avenir mais plutôt sur comment mettre en œuvre cette prise de p ossession d e notre futur. Si Churchill, en 1940, avait promis à son peuple « du sang de la sueur et des larmes », comment ne pas réclamer aujourd’hui de la volonté, d e la sueur et des idées ? Cette requête, ces actes de volonté doivent être adressés à tous par tous ! Et si cette démarche est en priorité individuelle, elle doit nécessairement être accompagnée d’une évolution systémique qui s eule p ermettra à toutes les initiatives de s ’épanouir. I. Un engagement personnel et collectif, un acte de volonté, en faveur de l’avenir A. de la nécessité de reprendre confiance en l’avenir Comme nous l’avons déjà évoqué ci-­‐dessus, la p eur domine aujourd’hui le climat des affaires. Il convient cependant de relativiser la situation présente. Certes elle est des plus préoccupantes : chômage, fuite des capitaux vers les pays émergeants, baisse de la consommation etc. Toutefois n’est-­‐il pas permis de reprendre espoir en l’avenir ? La France et le monde Occidental possède toujours d e n ombreux a touts et n ’attendent que l’intervention d e quelques un qui sauront les mettre en valeur. Mais à qui va incomber cette tâche ? Aux entrepreneurs ? Bien entendu, ils possèdent l’outil productif mais le climat psychologique des affaires ne les pousse pas à investir. Aussi rien ne prouve que ce soit d’eux que viendra notre salut, ils en seront l’instrument, les bras mais pas la tête. Il faudra un regard neuf, une vision large et surtout beaucoup de courage et de confiance en soi. Faisons fi des prévisions alarmistes, et reprenons confiance en l’avenir. L’optimisme devrait devenir la norme, lui seul p ourra créer un climat favorable à l’investissement et à l’innovation. B. Investir pour préparer l’avenir En effet, s i l’investissement d épend d e d ifférents facteurs d éterminants tels que la d emande anticipée, la rentabilité, l’endettement et le coût du travail, ces éléments sont majoritairement prévisionnels et restent victimes du climat de morosité ambiante. Or seul l’investissement pourra ouvrir d e nouveaux horizons à l’économie. Comme l’explique très bien Jean-­‐Hervé Lorenzi, président du Cercle d es économistes « Le vrai sujet, outre le coût du travail, c’est d’abord l’investissement ». Et d’ajouter « Contrairement à l’Allemagne, la France n’a pas assez investi dans son appareil productif ces quinze dernières années ». Néanmoins, l’optimisme ne relève pas de l’inconscience et investir pour préparer l’avenir n’est pas investir sans préparation conséquente. Pour bien appréhender notre futur il convient d’établir un diagnostic précis de nos forces et faiblesses, des atouts que nous avons en mains, de ceux que nous pourrons avoir à la prochaine donne mais également de nos limites. Ce bilan actuel doit nous conduire à établir un bilan prévisionnel, c'est-­‐à-­‐dire, une projection sur le plan économique de ce que nous voulons et pourrons être dans dix, vingt ou trente ans. L’investissement d’avenir doit être un investissement ciblé sur des marchés porteurs à long terme. Ces secteurs seront mis en évidence par nos études et investigations. Cet investissement du futur devra comporter outre les garanties classiques de rentabilité, et de sécurité financière des gages de pérennité non seulement de l’entreprise mais du tissu économique général. Concerté, il permettra d’accroître les liens entre les acteurs économiques locaux, nationaux et internationaux. Mais ces a vancées n e pourront s e r éaliser que si l’on a rrête d e réagir pour a gir. C. Agir ou réagir ? Actuellement, l’économie est ankylosées par un s ystème d ’effet d’annonce et d e réaction en chaîne, on anticipe plus les problèmes, on y répond dans la précipitation et l’émotion. Or comment prendre d e bonnes décisions s i l’on n’a pas la tête froide ? La réaction à un problème est immédiate et impulsive et par conséquent à court terme. On ne peut valablement envisager de solution à long terme dans l’urgence. A l’avenir il faudra parvenir à traiter les problèmes à la source, en amont de tout incident pratique. Ceci constitue le rôle essentiel des grands théoriciens de l’économie : c’est à eux qu’incombe la charge de cette clairvoyance. On peut nonobstant imaginer d’améliorer les liens entre théoriciens et praticiens par la mise en place et le renforcement d’organes de dialogue permettant une réflexion collégiale. On pourrait ainsi mettre à profit les connaissances des économistes a vec la réalité pragmatique d es entrepreneurs. Bien entendu la transition s era difficile p endant cette période il s era nécessaire d e continuer à réagir tout en prenant le temps d’agir à long terme et si les effets de cette actions ne se font pas immédiatement sentir nul ne d evra désespérer. Le chemin est long, s emé d’embuche mais la réussite est au bout. Examinons maintenant comment s eront formés les cerveaux qui nous conduiront vers ce changement. D. Le rôle de la formation La formation, l’enseignement supérieur et la recherche sont les leviers de la compétitivité future. Jeunes et salariés doivent être mieux formés aux métiers de demain. Au XXème siècle, il est possible de dire que la formation a joué un rôle crucial. Aujourd’hui nous avons un s ocle commun d e connaissance non-­‐négligeable, permettant l’adaptabilité et l’autonomie au travail. Néanmoins, il persiste parfois une inadéquation entre le diplômé arrivant sur le marché du travail et les entreprises à la recherche d e compétences. La formation, qui mobilise pourtant d’énormes ressources, s e trouve face à un nouvel enjeu : elle ne doit plus se contenter de transmettre des connaissances théoriques et techniques mais doit s’investir pour donner l’esprit d’entreprise aux étudiants. Ce sont eux qui forment le futur de notre nation, de notre économie. C’est d’eux que doit venir le souffle nouveau, c’est à eux d’investir l’avenir. Il faut d évelopper un esprit d ’innovation, les pousser à a gir, il faut leur inculquer une envie d’efficience et d’action. De statique, la formation doit devenir dynamique. Sans cela, les générations futures risquent elles aussi de se murer dans l’attentisme et la frayeur de l’avenir. Faire de la formation et de l’enseignement supérieur les leviers, les vecteurs de l’évolution économique s era un des grands d éfis du XXIème siècle. II. La nécessaire transition vers de nouveaux modèles de développement A. De mondialisation actuelle vers un nouvel ordre économique mondial L’économie est actuellement dans une situation de mondialisation binaire : certains pays sont meneurs, ils investissent et créent tandis que d’autres ne sont que suiveurs, ils copient et produisent à bas coût. Ce système n’est pas viable. Les pays développés qui ont perdu de leur tissu industriel, voient leurs capitaux fuir vers les pays émergents dans un déficit de plus en plus important de la balance commerciale. A long terme, sans tissu économique solide, la consommation risque d e subir une forte érosion qui paralyserait l’économie mondiale du fait de l’insuffisance de marchés internes dans les pays émergents. Pourquoi continuer avec cette organisation qui ne donne pas à tous les mêmes possibilités d’avenir ? Comment parvenir à un certain équilibre économique mondial ? Il faut, pour cela instaurer une nouvelle d ivision internationale du travail, exploitant au mieux les ressources d e chaque région du monde. On n e d evrait plus, à terme, a voir d e pays émergents ou développés, mais simplement des pôles de production en fonction des richesses humaines et matérielles, naturelles dont dispose tout espace géographique. Il ne sera bientôt plus rentable de faire produire à l’autre bout d e la planète des produits de grande consommation si nous n’avons pas de denrées semblables à proposer pour compenser le surcout de plus en plus important du transport, d e la main d ’œuvre de plus en p lus exigeante sur le p lan social… Alors, est-­‐il incontournable de relocaliser toutes les productions ? Certainement pas ! À quoi servirait de relocaliser une production industrielle si les matières premières se trouvent à l’autre bout du monde ? La solution réside sans doute dans une division des unités de production en fonction, non pas du niveau de qualité attendu, mais d’une logique de réduction des couts et d’exploitation optimale des ressources. Ainsi chacun p ourrait innover dans des domaines qui lui sont propres et gagner en productivité, en rentabilité et en technicité. Les oubliés du développement pourront alors reprendre une place qui leur est due, tant pour leurs ressources mises en valeur que pour profiter d’un mode d e p ensée et de réflexion alternatif. B. Développement durable : croissance ou décroissance Si l’on parle de l’exploitation de ressources, il convient de poser le problème du développement durable. Les denrées ne sont en effet pas inépuisables et l’on doit obligatoirement prendre en compte cet élément p our réussir à organiser une croissance à long terme. Il s’agira d e parvenir à concilier la croissance présente avec la sauvegarde de l’environnement pour les générations futures. En d’autres termes le développement doit répondre aux attentes des générations actuelles sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs besoins. Les décroissants ont les premiers mis en avant le dilemme qui découle de cet état de fait : productivisme destructeur ou décroissance qui, signifierait arrêt de l’innovation et de l’industrie, perte d e confort… La décroissance est donc un concept tant économique, que politique et social, situé à l’opposé du consensus économique actuel. Mais n e serait-­‐il pas possible d’allier l’un et l’autre dans le concept de d éveloppement durable ? Non ! La décroissance n’est pas inéluctable ! Elle ne se réalisera que par un défaut d’innovation ! Si le constat posé par les d écroissants est des plus justes, les solutions qu’ils apportent ne p euvent satisfaire une large partie de la population qui ne souhaite renoncer à son confort. Aussi, rien ne sert de décroitre si l’on a les moyens technologiques et humains d’innover et d’investir dans des technologies dites « propres ». De nombreuses possibilités restent encore inusitées et peuvent offrir de nombreuses perspectives pour continuer à croitre sans ruiner l’avenir. Le développement durable n’est rien d’autre que la nécessité de retrouver des axes d’investissement novateurs et raisonnés, un p eu d e b on s ens et des ambitions à long terme. C. vers un renouveau institutionnel ? Toutes ces ambitions, toutes ces démarches individuelles qui seront le socle de l’avenir, devront nécessairement être appuyées par un renouveau institutionnel. De nos jours, l’Etat, l’Union Européenne et les institutions économiques internationales sont des organes normatifs et de contrôle très efficaces. Néanmoins, ils devront sortir de ce rôle contraignant pour faciliter la réalisation d’investissements audacieux et la mise en place du système économique nouveau sus décrit. Cela passera par une harmonisation et un allégement de la masse normative, afin que celle-­‐ci constitue une base d e travail fiable et homogène. Elle ne doit p lus constituer une source d’avantages comparatifs entre les états, au profit d es p lus laxistes d’entre eux. A cette condition seulement, ces institutions ne seront plus un frein à la croissance économique mais apporteront leur pierre à l’édifice autrement que par le biais de subventions et autres appuis financiers. Ceux-­‐ci servent uniquement à maintenir sous perfusion des domaines stratégiques affaiblis par la concurrence internationale. Comme nous l’avons ci-­‐dessus développé, investir l’avenir est d’abord une question de psychologie, d’état d’esprit et de volonté. Nous devons faire un pas vers l’avenir, qui s’ouvrira, non sans difficultés il faut l’avouer, vers des horizons insoupçonnés. Mais pour accomplir ce pas, il nous faut regarder le futur avec confiance, et non avec angoisse, sans toutefois faire preuve d’inconscience mais au contraire d’un raisonnement serein à long terme. Nous pourrons alors préparer l’avenir, par des investissements financiers et humains réfléchis, dans le cadre d’un développement durable et d’un nouvel ordre économique mondial. Cet effort que chacun, à son échelle, accomplira, sera appuyé par un renouveau des institutions nationales et supranationales qui devront avoir à cœur de faciliter l’innovation et l’audace qui seront, encore plus demain qu’aujourd’hui n os moteurs et notre salut ! 
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