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ensuite, qu’il ne se limite pas à une discipline particulière ; enfin, qu’il est un de ces noms com-
muns les plus utilisés dans le langage de tous les jours par des millions de personnes. Ainsi,
comme bien d’autres mots, la polysémie du mot intérêt s’est accentuée au fil des âges et au gré
de son utilisation successive dans des domaines aussi différents que le droit, la finance, la
pédagogie, l’orientation scolaire et l’économie politique. Retrouver dès lors son sens primitif,
bien en-deçà de son apparition au 13esiècle dans la langue française, s’apparente à un travail
fascinant, « sorte d’archéologie linguistique » (Picoche, 1983, p. I). Et ce recours au sens littéral
du terme originel latin
inter
-
est
a permis à des auteurs, comme Claparède et Dewey, d’en décou-
vrir les significations qui leur semblaient les plus pertinentes pour la psychologie.
CONSIDÉRA
CONSIDÉRATIONS ÉTYMOLOGIQUES GÉNÉRALES
TIONS ÉTYMOLOGIQUES GÉNÉRALES
L’étymologie, pour les Grecs, était la science du vrai (etumos), « une sorte de connaissance du
vrai sens du mot » (Brucker, 1988, p.3) ; d’ailleurs Cicéron a traduit le grec
etumologia
par
veriloquium,
c’est-à-dire « le parler véritable » ou, si l’on veut « le sens véritable d’un mot »
(Picoche, 1987, p. I). En fait, il s’agissait de se défendre contre l’arbitraire d’un mot. Pour cela
on s’évertuait « à éclaircir le rapport entre le nom et la chose » (Brucker, 1988, p.3), en le rat-
tachant à un autre mot « plus familier » et considéré comme plus ancien (Picoche, 1987, p.I).
Aujourd’hui, l’étymologie est devenue une « histoire des mots » (Brucker, 1988, p.3) : on suit
leur évolution depuis le terme originel (ou étymon) jusqu’à nos jours. Une conception un peu
naïve voudrait que l’évolution du mot soit une détérioration et que le sens le plus ancien soit le
vrai. Mais cette conception néglige le fait qu’un mot peut s’enrichir, au fil des âges, de réso-
nances nouvelles, affectives et intellectuelles, au gré des différentes utilisations. Cependant, il
faut reconnaître aussi qu’un mot peut se déformer et s’altérer à l’usage et que c’est le recours
à l’étymologie qui peut lui rendre son sens premier (Brucker, 1988, p.62-63).
L’étymologie diachronique
L’étymologie diachronique s’efforce donc d’établir un rapport entre un mot contemporain et une
expression antérieure. Par exemple, la
démarche diachronique
constate un rapport entre le latin
pes
,
pedis
(pied) et le français
péage.
En effet, le mot
péage
, attesté dès le 12eou 13esiècle,
dérive du latin administratif
pedaticum
de l’époque carolingienne et signifie « droit de mettre le
pied » (Picoche, 1987, p.515 ; Bloch-Von Wartburg, 1986, p.471).
L’étymologie synchronique
L’étymologie synchronique cherche « à établir un rapport de parenté entre des mots contempo-
rains les uns des autres » (Brucker, 1988, p. 53). Par exemple, elle va constater l’existence
d’une relation entre le mot
péage
et le mot
piéton
, tous deux aujourd’hui courants (Brucker,
1988, p.53).
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APPROCHE ÉTYMOLOGIQUE ET SÉMANTIQUE...
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