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DEFIS A RELEVER PAR LES VILLES EUROPEENNES
Quelque 80 % de la population européenne vivent dans des villes, ce qui fait de l’Europe le continent le plus
urbanisé du monde. Bien que pouvant être très variées, les zones urbaines sont confrontées à des problèmes
identiques, expliqués succinctement dans le présent chapitre.
1.1 Les villes dans un contexte en pleine évolution
Environ 20 % des Européens vivent dans de grandes agglomérations comptant plus de 250 000 habitants,
20 % dans des villes de taille moyenne et 40 % dans des villes de 10 à 50 000 habitants. Londres et Paris
sont les deux seules villes d’Europe qui comptent environ 10 millions d’habitants.
Les données démographiques confirment que l’urbanisation de la société européenne se poursuit, bien qu’à
un rythme moins élevé qu’au cours des décennies précédentes.
La croissance de la population dans les villes résulte d’un accroissement naturel, d’un afflux d’habitants de
zones rurales ou moins prospères et de l’arrivée d’immigrés provenant principalement de pays tiers. À
l’échelle internationale, l’Union européenne est devenue une destination importante pour les immigrants, ce
qui a contribué à compenser la tendance au déclin de la population. En 1990, par exemple, on estime que
2,1 millions de personnes sont arrivées dans les États membres en provenance de l’étranger, alors
qu’environ 1 million de personnes ont quitté l’Union. Exception faite de l’Irlande, tous les États membres
connaissent actuellement une immigration nette. Les estimations concernant la période 1987-1991 montrent
que deux tiers des immigrants se sont installés dans les grands centres industriels et dans les capitales.
D’autres villes ont, en revanche, vu leur population diminuer durant les années 80. Ce déclin s’explique
principalement par la disparition ou le transfert de fournisseurs traditionnels d’emplois, ainsi que par le
développement des banlieues. Les villes de Bruxelles, Londres, Paris, Lille, Porto, Hanovre, Turin,
Barcelone et Randstad (Pays-Bas) ont toutes vu leur centre se dépeupler au profit de leur périphérie. Cette
dispersion du logement, du travail et des infrastructures de loisirs implique, entre autres, un besoin croissant
de mobilité.
Sur le plan économique, les grandes villes demeurent la principale source de prospérité et contribuent au
PIB régional ou national de façon disproportionnée par rapport à leur population, témoignant ainsi de leur
productivité plus élevée. Cependant, la croissance du PIB n’a pas souvent été créatrice d’emploi. À titre
d’exemple, la région urbaine de Bruxelles, le bassin du Rhin et de la Ruhr et la région de Londres ont connu
une croissance annuelle du PIB de 5 à 6 %, alors que, parallèlement, la création annuelle d’emplois a atteint
l’indice +0,2 dans le premier cas, +0,1 dans le deuxième, et -0,2 dans le troisième. De même, quelques
villes de taille moyenne comme Parme, Rennes, Cambridge, Braga et Volos ont continué à prospérer sur la
base de leur réussite économique.
Dans la plupart des villes, l’emploi total a progressé durant la période allant jusqu’au milieu des années 80,
grâce à l’expansion considérable du secteur des services, qui procure actuellement de 60 à 80 % de tous les
postes dans les villes et qui, dans la plupart des cas, a compensé les pertes d’emploi dans l’industrie.
Environ un tiers des emplois dans le domaine des services concerne le secteur non marchand, qui englobe
l’administration publique, l’enseignement, la santé et les services collectifs et sociaux. Ceci vaut notamment
pour des villes comme Bruxelles, Rome, Helsinki, Stockholm et Copenhague. Dans de nombreuses villes,
cependant, la croissance du secteur non marchand est limitée par les restrictions appliquées aux dépenses
publiques. Les deux autres tiers des emplois sont principalement concentrés dans les services financiers, les
assurances, les transports et les communications, le commerce de détail, l’hôtellerie et la restauration.