Caractéristiques Le Jardin d’hiver Cette serre construite en 1911 est la plus ancienne du Jardin botanique. C’est un des derniers témoins d’une architecture aux lignes particulièrement raffinées. Sa coupole centrale offre un espace libre de piliers, constituant le volume idéal pour la croissance des palmiers. Depuis sa restauration en 1998, le caractère tropical de ses plantations d’ornement a été enrichi de toute une série de plantes utiles, qui, dans le cas des plantes à épices de zone équatoriale, nécessitent un climat régulièrement saturé de chaleur et d’humidité (80% d’humidité et 20° minimum en hiver). Dès l’entrée, un petit salon d’accueil vous permet de vous installer, afin de mieux vous habituer au contraste que la température et l’humidité peuvent vous procurer. En outre, un portfolio à disposition pour la consultation vous offre de plus amples informations au sujet des plantes utiles que vous allez voir. Cet endroit, ainsi que la petite terrasse au milieu de la serre, vous proposent un lieu de repos privilégié, spécialement au cœur de l’hiver, lorsqu’à la léthargie du jardin aux étangs gelés succède l’exubérance de la jungle. Quelques espèces utiles du Jardin d’hiver Plantes à épices C’est tout d’abord la Vanille (Vanilla planifolia), qui vous étonnera par la longueur de ses tiges. Cette liane de la famille des orchidées pousse en suivant les vitres jusqu’au sommet de la courbure de l’aile sud, offrant généreusement ses fleurs durant la première partie de l’année. La fécondation artificielle, effectuée à la main, est indispensable pour obtenir la fructification. Apparaîtront alors les bâtonnets de vanille, charnus et de couleur verte, qui nécessitent en réalité toute une préparation, avant d’obtenir cette apparence de couleur foncée et ridée au parfum fortement prononcé que vous connaissez bien en les achetant. Le Poivre (Piper nigrum) est lui aussi une liane, cultivée sur de légers tuteurs en bambou. Si, par chance, vous le voyez au moment de la fructification, vous constaterez que les graines qui sont vertes deviennent peu à peu rouges au cours de leur maturation. La cueillette des grains verts devient simplement ce qu’on appelle le poivre vert, alors que les grains rouges et bien mûrs, une fois séchés, deviennent le poivre noir. Le poivre blanc n’est que le poivre noir décortiqué. De jeunes arbustes comme le Muscadier (Myristica fragrans) et le Giroflier (Syzigium aromaticum), doivent encore croître avant de parvenir à maturité et vous montrer leurs noix de muscade et leurs clous de girofle. Par contre, le Quatre-Epices, ou Poivre de la Jamaïque (Pimenta dioica) offre déjà de belles fragrances si l’on froisse ses feuilles, et les Cannelliers (Cannelle de Ceylan, Cinnamomum zeylanicum, ou de Sumatra, C.burmanii) sont déjà fournis en tiges suffisamment ligneuses pour en décoller leur écorce très odorante, qu’il suffit de laisser sécher pour qu’elle s’enroule sur elle-même. La famille des Zingibéracées, beaucoup utilisée dans la cuisine orientale, est bien représentée avec le Gingembre (Zingiber officinale), dont les rhizomes utilisés en cuisine sont apparents à la surface de la terre, avec le Galanga (Kaempferia galanga) et le Safran des Indes, ou Faux Safran (Curcuma longa), au rhizome fortement coloré de jaune, servant aussi bien en teinture qu’il rentre dans la composition du curry. Tout comme le Krachai (Boesenbergia pandurata), dont les racines rentrent dans la composition de soupes thailandaises, ces plantes perdent leur feuillage durant une partie de l’année et repoussent à partir de leurs racines dès le printemps. Ce n’est pas le cas de la Cardamome (Elettaria cardamomum), qui conserve son feuillage toute l’année. Le Kaffir (Citrus hystrix) est un petit citronnier donnant de fruits bosselés que les Mauritiens utilisent dans de délicieux ragoûts. Vous reconnaîtrez facilement son feuillage au parfum incomparable, si vous commandez une soupe épicée aux crevettes « Tom Yam Kun » dans un restaurant thailandais. Plantes à boissons Le Caféier (Coffea arabica) se cultive parfois assez bien en appartement, mais il aura peu souvent une fructification aux nombreuses cerises rouges, contenant deux noyaux aplatis, les grains de café, qui arrivent ici à parfaite maturité. Vous aurez peut-être la chance de remarquer les grosses cabosses directement appliquées au tronc du Cacaoyer (Theobroma cacao), dans lesquelles se trouvent plus de soixante fèves de cacao. Ces graines sont torréfiées pour donner la poudre de cacao, mais malgré leur grosseur, leur durée germinative est extrêmement limitée dans le temps. Le Théier (Camellia sinensis) préfère un climat montagnard et plus frais, c’est pourquoi vous le retrouverez aussi dans la Serre Tempérée. Pour obtenir la meilleure qualité possible, sa cueillette implique de ne récolter que l’extrême bourgeon avec une seule feuille. Le Maté (Ilex paraguariensis), ou Thé du Paraguay, est un cousin proche de notre houx. Les Argentins et Paraguayens en tirent une boisson stimulante extrêmement prisée. Associée aux plantes à boissons et à la confection des desserts, la Canne à Sucre (Saccharum officinarum) ne ressemble après tout qu’à une herbe de grandes dimensions. On en tire le sucre avec lequel on édulcore thé, café et cacao, mais on en presse le jus à divers usages (frais, rhum par distillation, etc.) Fruits tropicaux Vous verrez trois sortes de bananes qui mûrissent au Jardin d’hiver. Le Bananier Nain (Musa acuminata) mesure environ trois mètres et donne de délicieuses petites bananes parfumées. Il est actuellement beaucoup cultivé aux Iles Canaries. Le Musa balbisiana , qui est beaucoup plus grand, pourrait vous surprendre, car l’intérieur de ses fruits est entièrement rempli de graines noires. Il s’agit d’une espèce botanique qui a donné un croisement avec Musa acuminata, et après de nombreux siècles de sélection continue et de voyages, une énorme quantité de formes cultivées de bananes de toutes les tailles et saveurs sont cultivées sous les tropiques de plusieurs continents, regroupées sous le nom de Musa X paradisiaca. Les Ananas (Ananas comosus) mûrissent bien ici, particulièrement la variété Victoria au fruit de petite taille. Après la floraison, les bractées de l’inflorescence deviennent très charnues autour de leur axe, et c’est cette masse ovoïde à la saveur acidulée si attrayante que l’on considère à tort comme un véritable fruit. Le Fruit de la Passion (Passiflora edulis) est une liane dont les fruits donne un des meilleurs jus. Il en va de même pour la Cerise des Barbades (Malpighia glabra) ), un petit arbuste aux fruits pendants de couleur rouge. Notre Manguier (Mangifera indica) est encore petit et il faudra attendre encore quelques années avant que vous en voyiez les fruits. Vous serez probablement étonnés par la manière dont les nombreux fruits du Papayer (Carica papaya) sont directement attachés contre la tige , qui est semiligneuse. Ils peuvent être mangés en salade lorsqu’ils sont verts, mais ils viennent aussi bien à maturité en serre. Le Longanier (Dimocarpus longan) est un arbre apparenté au Litchi et au Ramboutan, dont la saveur des fruits sphériques leur est comparable. Racines comestibles Un certain nombre de plantes, dont certaines vous sont assez connues, comportent des tubercules ou autres parties souterraines comestibles, mais leur végétation est relativement peu connue. C’est pourquoi nous avons choisi de vous les montrer : La particularité de l’Arachide (Arachis hypogaea) est d’avoir de petites fleurs jaunes qui se forment très près de la surface du sol. Après fécondation, le support de la fleur s’allonge et se recourbe vers le sol pour y enfoncer le jeune fruit qui va ainsi se développer sous terre. Il exige une terre légère et chaude avec une saison sèche accentuée pour favoriser la maturation des fruits. La racine du Manioc (Manihot esculenta) est vénéneuse, et malgré cela, elle constitue un des aliments les plus répandus des régions tropicales humides. Il suffit en effet de peler et de cuire ces tubercules pour en éliminer le poison. Si la Patate Douce (Ipomea batatas) cuite à la vapeur est un régal dans de nombreux plats très différents (salés ou sucrés), le Taro (Colocasia esculenta) constitue plutôt un substitut de la pomme de terre sous les tropiques. L’Arrow-Root des Antilles (Maranta arundinacea), quant à lui, fait partie d’une famille de plantes bien connues pour l’aspect très décoratif de leur feuillage, mais ses rhizomes n’en sont pas moins consommés, et surtout beaucoup transformés en une farine d’un blanc nacré connue pour la facilité de sa digestion. Plantes masticatoires Nous ne possédons pour l’instant que les principaux constituants de la chique du Bétel, le Poivre Bétel (Piper betle), qui est un poivrier grimpant aux feuilles relativement tendres, servant à envelopper des noix d’arec émincées, provenant de l’Aréquier (Areca catechu), pour former une chique dans laquelle est associée la chaux et parfois d’autres ingrédients aromatiques, afin que les alcaloïdes concernés procurent leur effet stimulant. Cette pratique extrêmement répandue de la Polynésie, dans toute l’Asie du Sud jusqu’à l’Est de l’Afrique, remonte aux plus hautes époques du Néolithique. Elle n’est pas sans comporter des effets dommageables sur la dentition lors d’une pratique régulière. Plantes à fibres Un évocation des plantes à fibres est aussi exposée en face de l’aile Sud, comportant le Cotonnier (Gossypium herbaceum, etc.) sur lequel vous pourrez apercevoir les graines enveloppées de fibres blanches, et le Carludovica palmata, dont les fibres servent à fabriquer les célèbres chapeaux de Panama. Plantes ornementales des Tropiques Que vous soyez à Singapour, à l’Ile Maurice, au Sri Lanka ou à Rio de Janeiro, vous constaterez que les plantes qui décorent un parc public ou le jardin de votre hôtel seront plus ou moins les mêmes qu’à Bangkok, à Bombay, à Kinshasa ou à Caracas. Pourtant, l’Heliconia est originaire d’Amérique du Sud et on le voit partout. Il en est de même pour le Pandanus veitchii de Polynésie, le Dracaena fragrans d’Afrique tropicale ou l’Arbre du Voyageur de Madagascar. La multiplication des relations commerciales et des transports intercontinentaux ont peu à peu diffusé toutes ces espèces ornementales dans toutes les pépinières des tropiques et c’est également ce que vous propose de voir notre Jardin d’hiver. Au centre de la serre, les Palmiers Royaux (Roystonea regia) s’épanouissent sous la coupole et vont à la rencontre des fines structures curvilinéaires de la toiture, avec lesquelles ils démontrent une certaine convergence morphologique. Il en va ainsi de beaucoup de palmiers aux feuilles pennées, comme le Dypsis lutescens, de Madagascar, dont le feuillage très élégant en fait une plante ornementale très présente sur le marché. Au détour du petit étang aux eaux sombres, se mire le Palmier du Laos (Phoenix roebelinii), dont la silhouette du tronc sinueux et la taille exceptionnelle en soulignent la rareté. Les parfums entêtants du Stephanotis floribunda et du Jasmin pour le Thé (Jasminum sambac), peuvent, à l’occasion, envahir toute la serre, plus encore que le Gardénia (Gardenia jasminoides), faisant bien sentir au visiteur tout l’exotisme que constitue cette promenade dans un lieu à la végétation si exubérante. Parmi tout l’éventail des plantes exposées, une grande partie est en effet représentée à un moment donné ou l’autre sur le marché des plantes vertes, et vous serez probablement surpris de constater la dimension exceptionnelle que peut prendre ici, par exemple , le Medinilla magnifica à l’extraordinaire floraison rose. De même, le Philodendron melanochrysum se présente à l’extrémité de l’aile Nord en une colonne végétale imposante atteignant le faîte de la serre, dont la cascade de ses feuilles sombres et scintillantes en font un exemplaire tout à fait hors du commun. Les coloris chatoyants des Calathea et des Maranta concurrencent les couleurs vives des Crotons (Codiaeum variegatum var.pictum) et les Anthurium andreanum offrent l’étrangeté symbolique de leurs fleurs, accentuant encore l’aspect débridé de cette profusion des plantes de sous-bois qui enrichissent le couvert végétal.