N°3 du 1er semestre 2007
Les normes Bâle II constituent pour les banques un dispositif pru-
dentiel destiné à mieux appréhender les risques de crédit ou de
contrepartie et par conséquent les exigences en fonds propres. Le
ratio Cooke (ratio minimal des fonds propres par rapport aux crédits
accordés dans Bâle I) sera remplacé par le ratio Mc Donough qui
met en exergue la qualité de l’emprunteur, et donc du risque de
crédit qu’il représente réellement. En plus des ratios, les recom-
mandations de Bâle II s’appuient sur la procédure de surveillance,
le degré de respect par les banques des fonds propres et la disci-
pline du marché en matière de transparence et de communication
financière.
L’exigence de fonds propres, premier pilier des normes Bâle II,
cherche à rendre les fonds propres des banques cohérents avec
les risques réellement encourus. En plus du risque de crédit ou
de contrepartie, Bâle II prend en compte les risques opérationnels
(fraude et pannes de système) et les risques de marché. Concer-
nant le deuxième pilier, il faut s’attendre à un rôle plus déterminant
des banques centrales dans la surveillance de la gestion des fonds
propres par les banques. En effet, les banques centrales peuvent
demander aux banques de hausser les exigences de capital
elles le jugeront nécessaires. Enfin, le troisième pilier concerne la
discipline de marché, où des règles de transparence et de sécurité
financière doivent être établies. Ceci conduira à une uniformisation
des bonnes pratiques bancaires, à des bases de données puissan-
tes et à une transparence financière pointue.
Le respect des exigences de Bâle II par les banques tunisiennes
passe inéluctablement par une démarche qui devrait être cohérente
avec la réalité du secteur bancaire national. Pour que la banque
centrale joue pleinement son rôle de régulateur, il faudrait que l’Etat
réduise sa présence dominante dans le secteur. Il faut rappeler que
l’Etat contrôle à ce jour, les trois plus grandes banques du pays, qui
représentent 45% du total actifs des banques. Les deux opérations
de privatisation de la Banque Tuniso Kowetienne et de la Banque
Franco Tunisienne, entamés en 2007, s’inscrivent dans cette orien-
Bâle II
Le grand chantier de demain
Editorial
Sommaire
Editorial
Bâle II
Le grand chantier de demain
Dossier
Le secteur financier dans la
région MENA
Situation, difficultés
et perspectives
Le cas de la Tunisie
Un secteur diversifié à
prédominance bancaire
Etude Sectorielle
Le bancaire en Tunisie
Développé malgré sa fragilité
Le leasing en Tunisie
Fragmenté mais porteur
Actualité
Guide de la bourse de Tunis
tation de désengagement, même s’il s’agit de deux « petites »
banques. Pour que ce processus de désengagement de l’Etat
continue on devrait s’attendre à l’ouverture potentielle du capital
d’autres banques publiques, notamment les plus importantes à
savoir la STB, BNA et BH.
Etant un petit marché, la cohabitation de 20 banques en Tuni-
sie devient une entrave au développement du secteur bancaire.
Outre la vague de privatisation, une vague de concentration et de
fusions entre banques devrait avoir lieu. Ceci est possible car le
système bancaire tunisien actuel, caractérisé par une forte frag-
mentation (20 banques, où la banque leader ne détient que 17%
de part de marché), est appelé à se regrouper. Ce mouvement de
concentration attendu servirait aussi à aider les banques à con-
solider leurs fonds propres et à renforcer leurs capacités à faire
face aux différents risques identifiés par Bâle II.
Cependant, cet effort ne suffirait pas à minimiser le risque en-
couru par les banques vu la prédominance du financement ban-
caire dans le système financier tunisien. Comme les nouveaux
ratios de Bâle II prennent en compte les risques liés au marché ou
l’emprunteur lui-même, nous pensons que nos banques seront
sévèrement pénalisées par toute défaillance d’un secteur ou d’un
acteur économique.
De ce fait, la solution passe obligatoirement par la diversification
du financement des entreprises. Malgré le fait que le financement
par le leasing a pris progressivement une place intéressante (un
encours de 886 millions de dinars en 2006), il reste toujours limité
à cause de certaines contraintes règlementaires et conjonctu-
relles. En l’absence d’autres instruments financiers adéquats et
conformes aux attentes de tissu économique national, la bourse
reste un gisement encore mal exploité. En effet, rapportée au PIB,
la capitalisation boursière en Tunisie ne représente que 13% con-
tre 85% au Maroc ou 109% en Egypte. Ainsi, le financement de
l’économie par le marché des capitaux et notamment la Bourse
reste une solution aussi bien pour les banques que pour l’éco-
nomie en général. Pour les banques, le fait que les sociétés font
appel public à l’épargne est de nature de réduire leur taux d’ex-
position au risque et donc de réduire leurs créances douteuses.
Pour les acteurs économiques, s’adresser à la bourse permettrait
d’améliorer leur situation financière, d’être plus transparentes et
d’attirer des partenaires. Nul ne doute que ces facteurs auront
une retombée sur la compétitivité de l’économie tunisienne et par
conséquent sur la croissance économique nationale.
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Dossier
Le secteur financier dans la région MENA
Situation, difficultés et perspectives
Dans toute économie, le secteur financier est un
facteur du developpement économique. Le lien
entre le développement financier et la croissance
économique est qu’un système financier bien dé-
veloppé procède à plusieurs fonctions pour aug-
menter l’efficacité de l’intermédiation en réduisant
les coûts de l’information, de transaction et de
contrôle.
Un système financier moderne favorise l’inves-
tissement en identifiant et en trouvant de bonnes
opportunités d’affaires, mobilisant l’épargne, sur-
veillant les performances des dirigeants, favorisant
les échanges, la diversification du risque et facili-
tant l’échange des biens et des services. Ces fonc-
tions résultent en une répartition plus efficace des
ressources, en une accumulation plus rapide du
capital humain et physique, et en un progrès tech-
nologique plus rapide qui alimentent à leur tour la
croissance économique.
Pour ce, les pays doivent adopter des politiques
macroéconomiques appropriées, encourager la
concurrence au sein du secteur financier, et déve-
lopper un cadre réglementaire et institutionnel fort
et transparent pour les activités du secteur finan-
cier. En particulier, il devrait y avoir une réglemen-
tation et une supervision prudentielle.
Le développement du secteur financier est sou-
vent entravé par les restrictions imposées par les
gouvernements et les distorsions de prix au sein
du secteur financier qui sont appliquées principale-
ment pour que les gouvernements puissent utiliser
le système financier comme source de finance pu-
blique. Ceci est manifeste principalement dans les
pays en développement dont les pays de la région
MENA (Moyen Orient et Afrique du Nord).
Vue d’ensemble
En général, bien qu’il y ait des différences dans le niveau
de développement du secteur financier des pays de la
région MENA, le rôle du secteur est nettement plus res-
treint que dans d’autres économies à revenu similaire
et les banques y sont dominantes. Dans certains pays
les banques sont publiques, tandis que dans d’autres,
bien que les banques privées occupent une place pré-
dominante sur le marché, elles demeurent petites et
desservant une clientèle limitée. Malgré la libéralisation
économique progressive, l’industrie régionale demeure
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