
3
3 000
4 000
5 000
6 000
7 000
8 000
9 000
Immatriculations de voitures particulières neuves
(en nombre)
Le regard de la longue période révèle que l’économie
calédonienne s’est développée historiquement en adoptant un
schéma de croissance extensive mobilisant toujours plus de
capital (public et privé) et toujours plus de travail. Entre 1995 et
2010, l’emploi salarié dans le secteur privé a crû ainsi en
moyenne de 3,6% par an (graphique 4), soit exactement au
même rythme que l’activité sur la même période. Dans ces
conditions, les gains de productivité ont été globalement nuls
(graphique 5 et encadré page suivante).
Graphique 4 :
Une croissance extensive qui mobilise toujours plus de
travail
Source : ISEE
Graphique 5 :
Une croissance sans gains de productivité
Source : S. REY (CATT, Université de Pau & Pays de l’Adour) et C. RIS
(LARJE, Université de Nouvelle-Calédonie)
Une absence de relais endogènes de croissance
Ce modèle extensif –qui a eu des conséquences très positives-
s’essouffle dès lors que ses moteurs exogènes cessent d’exercer
toute leur puissance. Et cela sera le cas à partir de 2012 (cf.
graphique 10) avec l’achèvement des travaux de construction
des nouvelles usines métallurgiques, l’arrêt progressif des grands
chantiers publics (aéroport, infrastructures routières, jeux du
Pacifique) et la stabilisation (voire la baisse
) des transferts
publics métropolitains.
Olivier Sudrie – DME – a ainsi mis en exergue les fragilités
intrinsèques (et structurelles) du modèle de croissance
historique calédonien :
1. Le faible auto-dynamisme de l’économie. Les décisions
d’investissement privé semblent plus poussées par la
conjoncture qu’elles ne la tirent. Les effets d’accélération
sont d’autant plus limités que, d’une part, la faiblesse de
la demande ne justifie pas de nouveaux investissements
et que, d’autre part, les incertitudes institutionnelles
raccourcissent l’horizon des acteurs et favorisent leur
attentisme. De plus, la concentration des richesses (le
rapport inter décile est de 7,9 en Nouvelle-Calédonie
contre 3,6 en métropole) freine la consommation en
favorisant l’épargne qui est souvent placée en dehors du
pays ;
2. La faible compétitivité de l’appareil productif calédonien.
La rentabilité intrinsèque de nombreux investissements
était probablement insuffisante. Ceux-ci n’ont pu se
réaliser sans une réduction massive du coût du capital
(double défiscalisation) et sans une protection de marché
parfois élevée
. Ces politiques commerciales
protectionnistes, conjuguées à l’étroitesse des marchés et
à d’autres caractéristiques de l’
ultrapériphéricité
, ont
favorisé une concurrence de nature oligopolistique. Cette
faible concurrence a pu favoriser une hausse des marges
–et donc des prix élevés (« la vie chère »
) se traduisant
par des distorsions dans la répartition primaire de la
valeur ajoutée et, partant, dans celle de la consommation
des ménages
. Tous ces phénomènes ont concouru à
réduire la taille réelle du marché solvable et donc les
effets multiplicateurs de la consommation
.
Au total, faible auto-dynamisme et faible compétitivité se
conjuguent pour limiter l’émergence de relais de croissance
endogènes. La consommation montre des premiers signes
d’essoufflement (graphiques 6 et 7), tandis que l’investissement,
en particulier celui des entreprises, marque le pas depuis
plusieurs années (graphiques 8 et 9).
Graphique 6:
Un tassement récent des importations de biens de
consommation
Graphique 7:
Un repli du marché de l’automobile
0
2 000
4 000
6 000
8 000
10 000
12 000
Importation de biens de consommation courante
(en millions de F CFP)
Ameublement Habillement
Productivité moyenne du travail (100 en 2000)