Dossier de presse L’ACTUALITÉ DE LA RECHERCHE ET DE L’ENSEIGNEMENT AU MUSÉE DU QUAI BRANLY-JACQUES CHIRAC Mars 2017 1 SOMMAIRE * La recherche au cœur du musée du quai Branly – Jacques Chirac L’ethnologie va vous surprendre ! Deux jours pour explorer le 21e siècle Les colloques Les mondialisations africaines dans l’Histoire Dans le cercle des rois (raja-mandala) : cour et royauté comme modèle de civilisation en Inde Les journées d’études Des insectes au musée Bornéo, la dernière terra incognita Les bourses de recherche et prix de thèse Introduction générale Les bourses du département de la Recherche et de l’Enseignement Les bourses de la Fondation Martine Aublet Prix de thèse 2016 Les éditions GRADHIVA, revue d’anthropologie et d’histoire des arts La collection Aesthetica L’Enseignement au musée du quai Branly – Jacques Chirac Informations pratiques et contacts presse 2 LA RECHERCHE AU CŒUR DU MUSÉE DU QUAI BRANLY – JACQUES CHIRAC Placé sous la double tutelle du ministère de la Culture et de la Communication et du ministère de l’Éducation nationale, de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, le musée du quai Branly – Jacques Chirac s’est imposé depuis son ouverture en 2006 comme un centre de recherche scientifique et d’enseignement désormais reconnu à l’échelle internationale. Depuis 11 ans, le département de la Recherche et de l’Enseignement associé au département du Patrimoine et des Collections est chargé de concevoir et de mettre en œuvre une politique novatrice tant par sa visée scientifique que par les modalités d’organisation de la recherche. À ce titre, il s’attache à faire travailler ensemble anthropologues, archéologues et historiens de l’art pour interroger les modalités de création, de circulation et de patrimonialisation des artefacts extra-européens. La diversité des collections du musée du quai Branly – Jacques Chirac (statues anthropomorphes, outils techniques, restes humains ornés, photographies, livres…) et de leurs matériaux (bois, pierre, papier, peaux, plantes…) fournit un support ample pour une réflexion interdisciplinaire sur les modalités de conservation, de compréhension et de mise en valeur de ces artefacts. Le département de la Recherche et de l’Enseignement du musée du quai Branly – Jacques Chirac a été moteur, entre 2006 et 2014, du Groupe de Recherche International (GDRI) « Anthropologie et histoire des arts » auquel a pris part une quinzaine d’universités françaises et internationales. Grâce à ces réseaux durables d’échanges et de partenariats, le musée accueille chaque année des cours et des séminaires qui attirent près de mille étudiants. Il invite des scientifiques du monde entier à présenter leurs travaux de recherche à l’occasion des nombreux colloques internationaux, journées d’étude ou conférences organisés par le musée. Pour soutenir les doctorants et les jeunes docteurs dans leurs projets de recherche, le musée du quai Branly – Jacques Chirac attribue chaque année un ensemble de bourses (bourses doctorales et postdoctorales, bourses des collections) et décerne chaque année deux prix de thèse couronnant des travaux d’importance majeure. L’actualité du département de la Recherche et de l’Enseignement est marquée ce semestre par le week-end « L’ethnologie va vous surprendre ! Deux jours pour explorer les 21e siècle ». Du samedi 11 mars au dimanche 12 mars 2017, chercheurs de renoms, jeunes ethnologues et anthropologues présentent des conférences interactives, projections de films ethnographiques, enquêtes de terrain, commentaires d’œuvres… Les 20 et 21 avril, le musée organise le colloque « Les mondialisations africaines dans l’Histoire ». Conçu en regard de l’exposition « L’Afrique des routes », ce colloque a pour objectif d’affirmer le continent dans sa profondeur historique, de préciser les diverses circulations d’hommes, d’idées et d’objets et, partant, de discuter et déconstruire des stéréotypes comme celui de « primitif » ou de continent « fermé ». Enfin le nouveau numéro de GRADHIVA, la revue d’anthropologie et d’histoires des arts édité par le musée, paraîtra le 31 mai 2017 et sera consacrée au grand architecte allemand Gottfried Semper. 3 LES DIRECTEURS DE LA RECHERCHE ET DE L’ENSEIGNEMENT DU MUSEE DU QUAI BRANLY – JACQUES CHIRAC Maurice Godelier (Directeur d’études à l’EHESS), de 1997 à 2000 Emmanuel Désvaux (Directeur d’études à l’EHESS), de 2001 à 2007 Anne-Christine Taylor (Directeur de recherche émérite au CNRS), de 2008 à 2013 Frédéric Keck (Laboratoire d’anthropologie sociale, Collège de France) depuis janvier 2014. Colloque Arts et archéologie du Vietnam, nouvelles approches, le 06/11/2014 La médiathèque d'étude et de recherche 4 L’ETHNOLOGIE VA VOUS SURPRENDRE ! DEUX JOURS POUR EXPLORER LE 21e SIÈCLE Samedi 11/03 et Dimanche 12/03/2017 Musée et activités en accès libre et gratuit, dans la limite des places disponibles Placé sous la double tutelle du ministère de la Culture et de la Communication et du ministère de l’Education nationale, de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, le musée du quai Branly – Jacques Chirac s’est imposé depuis son ouverture en 2006 comme un centre de recherche scientifique et d’enseignement désormais reconnu à l’échelle internationale. Depuis 2013, le musée du quai Branly – Jacques Chirac met à l’honneur jeunes ethnologues et chercheurs de renom lors d’un week-end gratuit entièrement consacré à l’ethnologie. Après le succès des deux précédentes éditions (plus de 20 500 visiteurs en 2015), « L’ethnologie va vous surprendre ! » donne rendez-vous pour sa 3e édition, les samedi 11 et dimanche 12 mars 2017. Le musée du quai Branly – Jacques Chirac propose de nombreux ateliers, rencontres, conférences et spectacles pour tout public, afin de présenter cette discipline scientifique contemporaine sous une autre facette. Science fondée sur des enquêtes de terrain, des archives historiques et des fouilles archéologiques, l’ethnologie permet de mieux appréhender la complexité et la variété de nos sociétés et de nos formes culturelles. Cette 3e édition de « l’ethnologie va vous surprendre ! » s’articule autour de rendez-vous qui ont fait son succès, avec pour fil rouge la rencontre entre les chercheurs et le public. De nombreuses personnalités de la discipline (Marc Abélès, Roberte Hamayon, Frédéric Keck, Vinciane Despret …) ainsi que des jeunes chercheurs proposent des grandes conférences, des enquêtes de terrain, des mises en scène de récits anthropologiques, des commentaires d’œuvres… En parallèle de ces rendez-vous, l’édition 2017 offre des nouveautés dont des miniconcerts proposés par des ethnomusicologues au sein du Plateau des Collections. Autre temps fort du week-end, au théâtre Claude Lévi-Strauss, une création théâtrale de Macha Makeïeff présente les terrains et les écrits de l’ethnologue Philippe Geslin d’une manière inédite. Autant de rendez-vous pour aborder les enjeux de l’altérité et de vie collective dans notre monde contemporain. Week-end L'ethnologie va vous surprendre ! Du 29 au 30 juin 2013 © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Cyril Zannettacci 5 LES COLLOQUES * LES MONDIALISATIONS AFRICAINES DANS L’HISTOIRE JEUDI 20/04 ET VENDREDI 21/04 2017 Salle de cinéma Gratuit et dans la limite des places disponibles Le musée du quai Branly – Jacques Chirac organise un colloque international en regard de l’exposition « L’AFRIQUE DES ROUTES ». L’objectif est d’affirmer le continent dans sa profondeur historique, de préciser les diverses circulations d’hommes, d’idées et d’objets et, ainsi, de discuter et déconstruire des stéréotypes comme celui de « primitif » ou de continent « fermé ». Chacune des contributions s’attache à appuyer son propos sur des exemples concrets, en impliquant un ou des territoires africains rayonnant à l’échelle régionale, interrégionale et internationale dans la durée choisie. La recherche englobe la totalité des temps de l’histoire. Elle s’attache plus particulièrement aux processus de réception et de diffusion de l’Afrique subsaharienne, sans exclure le rôle et la place parfois essentiels de l’Afrique du nord. Les grands axes de réflexion concernent, dans leur évolution, la nature des relations de l’Afrique aussi bien avec elle-même qu’avec le reste du monde, au-delà des frontières ou des zones supposées l’enfermer – Sahara, océan Atlantique, océans Indien et Pacifique, mer Rouge, mer Méditerranée – ainsi que les centres urbains et leurs réseaux, le commerce, les matières premières, les plantes, la circulation des arts et des savoirs, ou encore les routes religieuses et intellectuelles. Comité d’organisation Gaëlle Beaujean (musée du quai Branly – Jacques Chirac), Catherine Coquery- Vidrovitch (Paris VII), Pierre Boilley (IMAF, Paris I), Jean-Paul Colleyn (IMAF, EHESS), Frédéric Keck (musée du quai Branly – Jacques Chirac), Anna Gianotti Laban (musée du quai Branly – Jacques Chirac) 6 * DANS LE CERCLE DES ROIS (RAJA-MANDALA) : COUR ET ROYAUTÉ COMME MODÈLE DE CIVILISATION EN INDE VENDREDI 09/06/2017 Salle de cinéma Gratuit et dans la limite des places disponibles À l’occasion de l’invitation du Professeur Daud Ali à l’EHESS – et avec l’aide du musée du quai Branly - Jacques Chirac –, Emmanuel Francis, philologue / épigraphiste, spécialiste de la royauté́ d’Inde du sud, et Raphaël Rousseleau, anthropologue, spécialiste des « tribus » d’Inde centrale, ce colloque a pour objet la royauté́ comme paradigme des relations socio-politiques en Inde, et modèle du processus de « civilisation ». Durbar du Rajah, Tirage sur papier aristotype, 17,9 x 28,5 cm © musée du quai L’Inde et sa civilisation ont le plus Branly - Jacques Chirac, photo Johnston et Hoffman souvent été́ appréhendées à travers l’institution des castes et le cadre conceptuel de l’hindouisme. Dans cette perspective d’inspiration structurale, la royauté́ même pouvait apparaître comme une enclave politique, sécularisée (L. Dumont). Les publications des années 1980 - 90 ont cependant remis la royauté́ au centre des sociétés indiennes régionales (A. Appadurai, R. Inden, N.B. Dirks, J.-C. Galey, J. Pouchepadass & H. Stern, etc.). Plus récemment, Daud Ali a renouvelé́ encore davantage les perspectives en acclimatant à l’Inde la notion de société́ de cour de Norbert Elias en lui adjoignant les apports de Foucault quant aux dispositifs étatiques. Relisant ainsi les données épigraphiques et littéraires médiévales (environ 4e - 12e siècles) comprenant la période cruciale de l’empire Gupta, il a retracé une histoire socio-culturelle plus complexe des conceptions du roi, en les inscrivant dans le cadre des relations de cour. Celles-ci constituèrent « une arène d’activités et de savoirs » ainsi qu’une matrice éthicocomportementale de longue durée, dépassant largement le rôle étroitement politique du roi. Dans la ligne de ces travaux, il s’agit de décliner plusieurs implications d’une anthropologie politique remettant la royauté́ – comme expérience particulière des relations socio-politiques – au centre des institutions comme des cosmologies indiennes. On se propose de relire notamment les notions antérieures de hiérarchie, d’hindouisation, de sanskritisation (M. N. Srinivas) ou encore de kshatriyaisation (H. Kulke) de groupes jugés marginaux, en recentrant ces processus sur les rois et leur cour. Enfin, plusieurs intervenants interrogent la question de l’évolution de ce modèle royal, sous l’influence arabo-persane (sultanats, empire moghol), pendant la période coloniale, voire depuis l’abolition des royaumes dans l’Inde indépendante. Comité scientifique : Raphaël Rousseleau (université́ de Lausanne, CEIAS) et Emmanuel Francis (CNRS, CEIAS). Ce colloque est réalisé grâce au soutien du Centre d’Étude de l’Inde & Asie du Sud (CEIAS, EHESS-CNRS) 7 LES JOURNÉES D’ÉTUDES * DES INSECTES AU MUSÉE VENDREDI 28/04/2017 Salle de cinéma Gratuit et dans la limite des places disponibles Le projet de cette journée est de partir d’une œuvre conservée au musée du quai Branly - Jacques Chirac pour initier un dialogue entre artistes et chercheurs travaillant sur une question soulevée par cette œuvre. Essay on Urban Planning, 2013, 12 tirages numérique sur papier baryté Ultra Smooth Gloss gr/m2, 80 x 120 cm (chaque) L’installation de Sammy Baloji « Essay on Urban Planning » (2013) montre la façon dont s’entremêlent l’entomologie coloniale et l’urbanisation de la ville de Lumbumbashi (République Démocratique du Congo). L’œuvre se déploie en un échiquier de douze tirages photographiques couleur montant alternativement des vues aériennes actuelles de la ville de Lubumbashi et des images réalisées dans la collection entomologique du musée de la ville. A proximité́ de ce montage est reproduit un extrait de texte de 1931 « L’Urbanisme au Katanga », qui détaille l’urbanisme ségrégationniste et évoque la conception d’un cordon sanitaire qui sépare les zones d’habitation blanches et noires selon le calcul du vol des moustiques. L’objectif est de faire dialoguer ce travail photographique avec l’œuvre Sector IX B Matthieu Abonnenc (2015) qui construit un récit fictionnel où interviennent des insectes au sein de collections ethnographiques, dans un musée de l’Homme en rénovation. Ces travaux pourraient être confrontés avec celui mené́ par Hugh Raffles sur la présence des insectes dans les appartements à New York. Après une matinée de discussion entre et avec ces deux artistes, la parole sera donnée à des anthropologues et des conservateurs qui travaillent sur la gestion des insectes dans les musées et les villes aujourd’hui. Cette discussion portera sur les modalités de confinement et de cohabitation des hommes avec les insectes dans ces deux écologies. 8 * BORNÉO, LA DERNIÈRE TERRA INCOGNITA ? VENDREDI 08/09/2017 Salle de cinéma Gratuit et dans la limite des places disponibles Co-organisée par le musée du quai Branly - Jacques Chirac et le MUSEC (Museo delle Culture de Lugano), cette journée d’étude s’articule autour de sept interventions qui visent à présenter au public une connaissance de Bornéo, par l’analyse de dynamiques qui sont au centre de l’évolution et de la « réappropriation » de son identité. L’île de Bornéo a de tout temps été un carrefour humain dynamique malgré l’apparent isolement de ses cultures. Sa taille et sa situation géographique furent stratégiques pour le processus de peuplement pré-austronésien, austronésien et moderne. On retrouve sur ce vaste territoire forestier tout d’abord des traces de civilisations indienne, chinoise, puis malaise, mêlées à l’expansion austronésienne. Après l’arrivée des Européens au 18e siècle, s’ensuit une longue tradition d’explorateurs et de collecte d’objets appartenant aux « dayak » – les « habitants de l’intérieur » – dont la présence dans les collections occidentales remonte pour certains au 18e siècle. Avec les artistes d’avant-garde et l’intérêt porté aux arts dits “primitifs” au 20e siècle, des collections privées se constituent. Les grandes capitales européennes comme Amsterdam, Paris ou Berlin favorisent alors la naissance d’un vaste marché international. Au cours du 20e siècle, l’île, intégrée politiquement au sein des états malais et indonésien, est marginalisée à l’intérieur de ses frontières. De carrefour des cultures, Bornéo devient une région périphérique d’un monde globalisé. De nos jours, cette marginalisation tend à devenir un atout, car elle peut permettre aux habitants de valoriser une identité forte grâce à la réappropriation de ses spécificités culturelles et historiques. Sculpture originaire du peuple Bentian ou Tunjung de l’aire orientale de Bornéo. Elle représente une divinité accroupie, assise sur un gong comme il est caractéristique des leader Bentian. La divinité émerge d’une fleur de lotus dont les pétales sont une mention à la vie, ou bien à la croissance et à la renaissance à travers la mort. Il s’agit probablement de notions assimilées entre le XII et le XV siècle sous l’influence du royaume de Majapahit qui eut de nombreux contact avec les régions côtières du Bornéo méridional et oriental. Les mains jointes de la divinité terminent par trois doigts en spirale, selon un trait diffusé chez les voisins Bahau et les Modang de la rivière Mahakam. Au centre des mains on distingue une autre fleur de lotus à quatre pétales. MUSEC - Collection Brignoni. Avant 1939. 92x33x34 cm Sculpture originaire du peuple Bentian ou Tunjung de l'aire orientale de Bornéo, Avant 1939, Museo delle Culture de Lugano - Collection Brignoni Comité́ scientifique : Frédéric Keck (directeur du département de la Recherche et de l’Enseignement, musée du quai Branly – Jacques Chirac) Junita Arneld (Museo delle Culture, Lugano), Ruth Barnes (Yale University Art Gallery, New Heaven), Francesco Paolo Campione (Museo delle Culture, Lugano), Antonio Guerreiro (IrASIA, Marseille), Paolo Maiullari (Museo delle Culture, Lugano), Constance de Monbrison (musée du quai Branly - Jacques Chirac), Bernard Sellato (Centre Asie du Sud-Est, CNRS-EHESS-INaLCO Paris) 9 LES BOURSES DE RECHERCHE ET PRIX DE THÈSE Depuis son ouverture en juin 2006, le musée du quai Branly-Jacques Chirac a engagé une politique dynamique en faveur de la recherche en attribuant chaque année huit bourses doctorales et post-doctorales à des étudiants de tous pays. 8 bourses de recherche d’une année sont attribuées tous les ans, auxquelles s’ajoutent, depuis 2012, cinq bourses d’étude des collections. L’attribution s’effectue à l’issue d’un appel d’offre international qui génère plus de 1000 candidatures chaque année, sur des thèmes ayant trait à l’anthropologie, l’ethnomusicologie, l’histoire de l’art, l’histoire, l’archéologie (à partir du néolithique), la sociologie, les arts du spectacle. Les boursiers, sélectionnés par un comité d’évaluation scientifique pour la pertinence du thème de recherche, bénéficient d’un poste de travail au sein du musée, et ont la possibilité de travailler avec les conservateurs et d’intervenir auprès des publics du musée, dans le cadre des manifestations organisées au salon de lecture Jacques Kerchache. De 2006 à 2016, le musée a ainsi accueilli près de 100 boursiers, dont la majorité ont ensuite poursuivi leur carrière dans des musées ou des institutions de recherche en France et à l’étranger. De manière complémentaire à ces bourses, la Fondation Martine Aublet – créée en 2011 sous l’égide de la Fondation de France – a souhaité soutenir l’action du musée du quai Branly - Jacques Chirac avec des bourses d’étude et de recherche destinées à aider des étudiants et des jeunes chercheurs dans les domaines de l’ethnologie, de l’histoire extra-européenne et de l’histoire des arts. Le musée du quai Branly – Jacques Chirac attribue également 2 prix de thèse par an, orientés vers des travaux de nature historique ou anthropologique, sur les arts et techniques de figuration. En 2014 par exemple, les prix ont été attribués à Samir Boumediene pour sa thèse Avoir et savoir. L’appropriation des plantes médicinales américaines par les Européens (1570-1750) et à Jean-Baptiste Eczet pour sa thèse Humains et bovins en pays Mursi (Ethiopie). Registres sensibles et processus de socialité. Ces prix visent à soutenir un travail réalisé dans une université européenne (en français ou en anglais) et aident à sa publication. Les prochains prix de thèse seront remis à l’issue des délibérations du comité en novembre 2017. De 2006 à 2017, le musée du quai Branly a accueilli 85 chercheurs doctorants et postdoctorants; remis 15 prix de thèse (depuis 2008) ; attribué 19 bourses pour l¹étude de ses collections (depuis 2010) et également 62 bourses de recherche doctorale avec la Fondation Martine Aublet (depuis 2012). Grâce aux bourses décernées par le musée du quai Branly - Jacques Chirac et la Fondation Martine Aublet de nombreux étudiants français et étrangers (près de 40 nationalités différentes) ont ainsi pu bénéficier d¹un soutien financier important pour poursuivre leurs recherches de terrain ou en archives en France ou hors d¹Europe 10 * Comité d’évaluation scientifique du musée du quai Branly en 2017 Gaëlle Beaujean, responsable des collections Afrique au musée du quai Branly – Jacques Chirac, docteur en anthropologie sociale Romain Bertrand, Sciences Po, CERI, historien, spécialiste de l’Indonésie, histoire coloniale Gaetano Ciarcia, Université Paul-Valéry-Montpellier, CERCE, anthropologue, spécialiste de l’Afrique occidentale Julien Clément, musée du quai Branly – Jacques Chirac, LESC, anthropologue, spécialiste de Samoa Michèle Cros, Université Lyon 2, CREA, anthropologue, spécialiste de l'Afrique de l’ouest Jessica De Largy Healy, musée du quai Branly – Jacques Chirac, CREDO, anthropologue, spécialiste de l’Australie Thierry Dufrêne, Université Paris Ouest-La Défense, CHAHR, historien d’art, spécialiste de l’art contemporain Philippe Erikson, Université Paris Ouest-La Défense, LESC, anthropologue, spécialiste de l'Amazonie Benoit Fliche, CNRS, IDEMEC, anthropologue, spécialiste de la Turquie Sophie Houdart, CNRS, LESC, anthropologue, spécialiste du Japon Frédéric Keck, musée du quai Branly – Jacques Chirac , LAS, anthropologue, spécialiste de l’Asie orientale Benoît de L'Estoile, CNRS, IRIS, anthropologue, spécialiste du Brésil Dominique Poulot, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, HICSA, historien, spécialiste de l’Europe 18e-20e siècles, histoire culturelle du patrimoine et des musées Sandra Revolon, Aix-Marseille Université, CREDO, anthropologue, spécialiste des Iles Salomon Nathan Schlanger, Ecole Nationale des Chartes, archéologue, technologie et culture matérielle Michèle Therrien, INALCO, CERLOM, anthropologue, spécialiste de l'Amérique du Nord Jean Trinquier, Ecole Normale Supérieure, CEA, latiniste, relations hommes/animaux Denis Vidal, Institut de Recherches sur le Développement, URMIS, anthropologue spécialiste de l'Inde * Les bourses du département de la Recherche et de l’Enseignement Lauréats des bourses doctorales désignés par le comité d’évaluation scientifique du musée du quai Branly – Jacques Chirac pour l’année 2016-2017 : Saumya AGARWAL, études transculturelles, Université de Heidelberg (Allemagne) « Mimesis, altérité et representations de la modernité coloniale sur les peintures murals de Shekhawati ». Anaïs MAUUARIN, histoire de l’art, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (France) « L’Afrique dans l’objectif : photographie et ethnologie en France, 1930-1960 ». Rémi HADAD, anthropologie et archéologie, Université Paris Ouest Nanterre La Défense (France) « Les bâtisseurs de ruines. Pouvoir et architecture à l’aube de la révolution néolithique » 11 Lauréats des bourses post-doctorales désignés par le comité d’évaluation scientifique du musée du quai Branly – Jacques Chirac pour l’année 2016-2017 : Felicity BODENSTEIN, histoire de l'art, Institut Max Planck (Italie) « La mise en scène d’un butin de guerre : une étude comparée des muséographies des objets royaux de Benin City pris en 1897 ». Marie DURAND, anthropologie, Centre de Recherche et de Documentation sur l’Océanie (France) « Espace et possessions domestiques à Mere Lava, Vanuatu : matières, techniques et construction des valeurs sociales ». Ksenia PIMENOVA, anthropologie, École Pratique des Hautes Études (France) « Objets du patrimoine, ancêtres protecteurs, corps dangereux. Découvertes archéologiques sud-sibériennes entre science et interprétations religieuses ». Samuel WILLIAMS, anthropologie, University of London (Angleterre) « As good as gold: investigating the value of "pillow gold" in Turkey ». Laure CARBONEL, anthropologie, Université Paris Nanterre (France) « Des manières bouffonnes d’exposer la matérialité pour infléchir les valeurs attribuées : les parures et conduits des kóródugaw du Mali ». 12 * Les bourses de la Fondation Martine Aublet La Fondation Martine Aublet Outre l’Atelier Martine Aublet, dont la fondation mécène toutes les expositions et installations, plusieurs axes, en lien avec les actions du musée, ont été́ choisis par la Fondation Martine Aublet pour orienter son engagement : - l’attribution de bourses destinées à aider de jeunes chercheurs à se former sur le terrain et à mener à bien une recherche dans les domaines de l’ethnologie, de l’histoire des arts extra-européens et de l’histoire des arts. Depuis 2013, la Fondation Martine Aublet, sous l’égide de la Fondation de France, propose chaque année universitaire 12 bourses de recherche doctorale à des étudiants inscrits en première année de thèse dans un établissement d’enseignement supérieur français ou en co-tutelle avec une université étrangère. Il s’agit de bourses d’un montant de 15.000 euros destinées à financer des recherches de terrain d’au moins six mois en Afrique, en Asie, en Océanie, au MoyenOrient, dans l’Océan Indien et les Amériques amérindienne, latine et caribéenne. Ces bourses ont bénéficié́ à 38 jeunes chercheurs du monde entier depuis leur création. - le prix Martine Aublet est décerné par la Fondation Martine Aublet - en collaboration avec le musée du quai Branly – Jacques Chirac à une personnalité́ scientifique reconnue, soucieuse de transmettre son savoir à un large public, dans les domaines de l’ethnologie, de l’histoire extra-européenne et de l’histoire des arts, et dont l’œuvre est publiée en France. Doté de 20.000 euros, le premier prix a été́ remis le 1er octobre 2012 à l’anthropologue Françoise Héritier, Professeur honoraire au Collège de France, saluant ainsi l’ensemble de son œuvre et de sa carrière ; le deuxième prix a été́ attribué, le 03 mars 2014, à Maurice Godelier pour son ouvrage « Lévi-Strauss » (2013, Le Seuil) ; le troisième prix a été́ remis à Emmanuelle Loyer le 16 novembre 2015 ; et le quatrième prix a été́ attribué le 10 octobre 2016 à Philippe Paquet. A partir de 2017, la Fondation Martine Aublet proposera également 10 bourses de Master d’un montant de 1.500 euros. Ces bourses destinées à financer des terrains d’environ un mois soutiendront des projets de recherche qui contribueront à enrichir la connaissance des collections extra-européennes des musées français en les éclairant par des terrains, des archives ou des chantiers de fouilles innovants. Le prochain appel à candidatures sera ouvert du 24 mars jusqu’au 12 juin 2017. Fondation Martine Aublet : www.fondationmartineaublet.com - [email protected] Liste des lauréats 2016-2017 Marie ABERDAM, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne « Thiounn (1864-1946), le « Ministre du Palais », biographie, étude du milieu social et contribution à une prosopographie des élites administratives khmères du début du règne de Norodom (1860) à l’indépendance du Cambodge (1953) » Mehdi AYACHI, Laboratoire d’anthropologie Sociale, EHESS, Paris « Un réformisme ibadite au Sultanat d’Oman : une éthique de la connaissance pour une nouvelle subjectivation politique » 13 Jacopo BARON, EHESS, Paris Au-delà de l'éphémère. Une étude des processus mnémoniques à l'œuvre dans le sandroing au Vanuatu Arthur CESSOU, CEIAS, EHESS, Paris Emergence d'un nouveau compromis social parmi les travailleurs informels en Inde : travailleurs, syndicats, et l'Etat Laurent CHIRCOP-REYES, IrAsia, Aix-Marseille Université Compagnies d’escorte, biaoju et marchands du Shanxi, Jinshang. Les relations des maîtres-escortes et de leurs écoles avec le monde du négoce, XIXe siècle, Chine du Nord Lauriane DOS SANTOS, CMH-ERIS, CRBC, EHESS Paris Autres justices. Une socio-ethnographie comparée entre la « justice itinérante » chez les « ribeirinhos » de l’Amapa (Brésil) et la « justice interculturelle » chez les « Uros » du Lac Titicaca (Pérou) Léa FEYFANT, TESC, Université Toulouse Jean Jaurès, Équipe Pôle Afrique, University of the Witwatersrand, Johannesburg Stratégies de subsistance des populations de chasseurs-cueilleurs du Later Stone Age (LSA) à la fin du Pléistocène et au début de l’Holocène en Afrique australe : approche archéozoologique Mathilde HESLON, EHESS, Paris Les désordres mentaux à Mayotte : quand populations, psychiatres et esprits négocient l’ordre de l’ordinaire Kamnoush KHOSROVANI, EPHE-GSRL, Paris Sur le chemin d’une spiritualité exubérante (jahrî) à Téhéran : À propos de la participation féminine au rituel du zekr qâdéri Elie PINTA, ArchAm, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne Archéologie des Amériques -Technique et culture du bois dans la société norroise du Groenland, Xe – XVe siècle Agnès SAUVANE, Université Paris IV-Sorbonne Morphosyntaxe du verbe dans les langues algonquiennes centrales: étude comparative et analyse des paradigmes Ana Karina TAVARES MOREIRA, LLACAN, INALCO/CNRS, Villejuif Documentation et description grammaticale et lexicale du créole afro-portugais de l'île de Fogo (République du Cap-Vert, Afrique de l'Ouest) 14 * Prix de thèse 2016 du département de la Recherche et de l’Enseignement Emilie GUITARD : Thèse d'anthropologie, université Paris Ouest Nanterre la Défense, sous la direction de Michael Houseman (EPHE IMAF) et la co-direction de Christian Seignobas (IRD) « Le grand chef doit être comme le grand tas d'ordures ». Çestion des déchets et relations de pouvoir dans les villes de Çaroua et Maroua (Cameroun) Dans les villes moyennes de Cjaroua et Maroua, au Nord et à l'Extrême Nord du Cameroun, on dit des « chefs », soit des détenteurs de l'autorité à l'échelle d'une famille, d'un quartier, de la cité ou autrefois d'un royaume, qu'ils doivent être « comme des grands tas d'ordures ». Ce proverbe situe ainsi les relations de pouvoir et l'exercice de l'autorité dans un rapport particulier avec la gestion des déchets : le chef doit se montrer patient et hiératique comme un grand dépotoir, lorsqu'il reçoit toutes les insultes et les plaintes de ses sujets comme autant d'immondices ; mais, selon un registre ésotérique développé par les religions locales puis repris dans le cadre musulman, on attend aussi qu'il fasse preuve de la même puissance, magique notamment, que celle dégagée par une grande et ancienne accumulation de déchets. Les conceptions locales des excrétions corporelles, des objets déchus et des restes des activités du quotidien font en effet du contrôle et de la manipulation des déchets un élément majeur d'un processus de« subjectivation » (Foucault) particulier. Celui- cl s'opère via des « techniques du corps » et des « techniques de soi » spécifiques autour du détachement entre soi, ses déchets corporels et ses possessions matérielles. L'analyse généalogique des discours et des pratiques de gestion individuelles et institutionnelles des déchets depuis la fondation des deux villes au 18e siècle jusqu'au début du 21e siècle, marqué par la privatisation de ce service public, permet alors de saisir comment les tas d'ordures dans ce contexte peuvent être considérés comme de véritables « dispositifs de pouvoir » et le contrôle des immondices comme un instrument puissant de gouvernement de soi et des autres. Docteure en anthropologie de l'Université Paris Ouest Nanterre la Défense et chargée de mission Recherche à l'Institut Français de Recherche en Afrique (IFRA) Nigeria, Emilie Cjuitard étudie les rapports des sociétés africaines urbaines à leur environnement. Ses recherches de doctorat, réalisées dans deux villes moyennes au Nord du Cameroun, Cjaroua et Maroua, ont porté sur les représentations et les modes de traitement institutionnels et populaires des déchets et leurs liens avec les relations de pouvoir locales. Dans la continuité de ces premiers travaux, elle poursuit actuellement sa réflexion sur les interactions entre les politiques municipales de gestion des déchets et des espaces naturels urbains et les représentations et pratiques citadines en la matière dans les villes du Sud-Ouest Nigeria, du Nord Cameroun et de l'Ouest Zimbabwe. Dans le cadre de I'ANR Jeunes Chercheur(e)s interdisciplinaire PIAF, elle documente les perceptions des changements environnementaux des habitants et des gestionnaires des ressources naturelles de la petite ville minière de Hwange (Zimbabwe), en bordure d'une aire protégée, à travers leur connaissance de la biodiversité animale et végétale locales. Elle travaille également sur deux projets de recherche au Nigeria, l'un sur les représentations et les modes de gestion municipaux et citadins des espaces publics de nature et de dépôt d'ordures à Lagos, et l'autre sur un inventaire des arbres remarquables, d'un point de vue botanique, historique et anthropologique, dans la ville d'Ibadan. Parallèlement à ses activités de recherche, Emilie Cjuitard a pu enseigner de 2007 à 2014 au sein du département d'Anthropologie de l'Université Paris Ouest Nanterre la Défense, du L1 au Master, depuis les fondamentaux de sa discipline, jusqu'à l'anthropologie politique de l'Afrique ou encore les relations des sociétés humaines à leur environnement. 15 Maho SEBIANE : Thèse d'ethnologie, spécialité ethnomusicologie, à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense, sous la direction de Susanne Fürniss « L'invisible : Esclavage, sawâhili et possession dans le complexe rituelleiwah d'Arabie orientale (Sultanat d'Oman - Émirats Arabes Unis) » La thèse de Maho Sébiane porte sur le leiwah d'Arabie orientale, un rite de possession pratiqué par les Zunûj, une population de descendants d'esclaves originaires des côtes est-africaines. Durant les quatre dernières décennies, les institutions culturelles des Étatsnations d'Arabie orientale ont présenté la musique et la danse de ce rite comme une pratique festive sans lien avec la possession, participant ainsi à dissocier ce rite de l'histoire régionale et de la population qui le pratique. La thèse, qui combine l'étude de sources écrites et orales avec l'analyse du discours et une ethnographie fondée sur l'observation participante, montre que le leiwah ne peut se comprendre que par rapport à l'histoire et au statut initial d'esclaves des Zunûj. Dans un premier temps, cette étude révèle la profondeur historique du leiwah et explore les différents processus ayant participé à l'invisibilité de sa pratique rituelle. Dans un deuxième temps, elle montre en quoi les notions d'esprit de possession en vigueur dans cette population diffèrent de celles connues en Islam ainsi que dans la pratique du zâr, un autre rite de possession décrit dans la région depuis le 19• siècle (mais aussi dans la corne de l'Afrique, en Égypte et en Iran). Enfin, l'analyse de la mise en œuvre de la possession et de la musique dans le rite leiwah (interactions, protocole, structure) montre l'existence d'un complexe rituel qui interagit, depuis près d'un siècle, avec la norme culturelle et religieuse arabo-musulmane qui l'environne. La thèse de Maho Sébiane s'inscrit au croisement des approches théoriques et des méthodes de l'histoire, de la pragmatique, de l'ethnomusicologie et de l'anthropologie sociale. Cette dernière impliquant classiquement la prise en compte d'autres variables comme la politique, l'économie et les relations entre des groupes différenciés sur le plan hiérarchique et culturel. Maho Sébiane est anthropologue et ethnomusicologue. Depuis 2002, il poursuit ses travaux de recherche sur différentes pratiques musicales et rituelles dans la région du Cjolfe arabe-persique et l'Afrique de l'Est. Il a présenté ses recherches depuis 2008 en France, au Royaume-Uni, au Portugal, aux États-Unis, au Canada et dans les pays du Conseil de Coopération du Cjolfe. Il soutient sa thèse de doctorat en 2015. Ses travaux s'inscrivent dans l'objectif de mieux comprendre les processus en jeux dans la reconfiguration de ces pratiques musicales et rituelles en croisant les perspectives de l'ethnomusicologie, de l'anthropologie, de l'ethnolinguistique et de l'Histoire. Actuellement, ils impliquent une réflexion sur l'ajustement des processus de catégorisations mis en œuvre dans cette région et leur incidence sur la compréhension et la représentativité des pratiques musicales à l'échelle du monde arabe-islamique. * Prix de thèse 2016 de la fondation Martine Aublet En 2016, la Fondation Martine Aublet a créé deux prix de thèse de 5.000 euros chacun, destinés à récompenser les meilleures thèses soutenues par les boursiers de la Fondation. Les deux premiers prix de thèse ont été attribués à Jennifer Kerner (Université Paris X Nanterre la Défense) et Charlotte Courreye (INALCO). 16 LES ÉDITIONS * GRADHIVA, revue d’anthropologie et d’histoire des arts GRADHIVA Numéro 25 : « GOTTFRIED SEMPER, HABITER LA COULEUR » Prix de vente 20 € / 270 pages / 90 illustrations EAN 978-2-3574 4-095-1 En librairie le 31 mai 2017 Coordonnée par Isabelle Kalinowski (CNRS / ENS) L’architecte allemand Gottfried Semper (1803-1879), qui construisit l’opéra de Dresde, le Polytechnikum de Zurich et le Burgtheater de Vienne découvrit à partir de 1826 à Paris les collections naturalistes du Jardin des Plantes. Il s’intéressa alors au rapport entre formes végétales et minérales et ornements architecturaux, devenant un fervent défenseur de la « thèse de la polychromie ». Il se rendit en Italie puis en Grèce, où il examina trois ans durant (1830-1833) les temples et édifices antiques à la recherche de vestiges de couleur. Dès ses premiers écrits, il bouscula les hiérarchies admises entre architecture et décor, support et revêtement, forme et ornement, et promut une pensée du matériau qui n’était pas l’antithèse mais le corrélat paradoxal d’une pensée de l’immatérialité́ de la couleur. Pour Semper, l’existence d’une polychromie de l’architecture et la sculpture antiques fondait une réinterprétation profondément neuve des fonctions de l’architecture, qui engageait une anthropologie des constructions humaines, de leurs formes et de leurs techniques. En 1834, Semper retourna en Allemagne où il devint directeur de l’Ecole d’architecture et mena une carrière brillante, brutalement interrompue par la révolution de 1849, à laquelle il prit une part active aux cotés de son ami Richard Wagner ; il conçut à cette occasion un modèle de barricades demeuré fameux. Ses convictions républicaines l’entrainèrent sur la voie de l’exil. Il se refugia à Paris puis s’installa à Londres. Ce séjour en Angleterre marqua un tournant dans sa théorie : en approfondissant sa connaissance des « arts industriels », il en vint à déceler en eux la matrice des arts monumentaux et des « beaux-arts ». Sa réflexion sur la polychromie entra alors dans une nouvelle phase : le primat historique des textiles suspendus, notamment des tapis utilisés comme cloisons temporaires dans les habitats mobiles des nomades devint la clé́ de la polychromie architecturale ; les peintures murales et autres décors de revêtement en couleur portaient dans leurs formes et leur agencement la mémoire de cette origine textile. Cette découverte décisive est exposée dans les deux volumes du Style (Der Stil), le texte majeur de Semper (1860 et 1863). Le premier, L’Art textile, étudie les rapports entre décor ornemental et structure du bâti dans différentes cultures et plusieurs époques : « Nouvelle Zélande et Polynésie ; Chine ; Inde ; Mésopotamie ; Phénicie et Judée ; Egypte. Ancien et Nouvel Empire ; Asie Mineure ; Grèce ; Rome ; Epoque chrétienne en Occident, en Orient ; Renaissance ». Cette expansion de l’espace de référence de l’histoire de l’architecture a fait dire de Semper qu’il fut un des premiers hérauts des « arts primitifs ». Ce numéro de Gradhiva entend cerner les apports de Semper à une anthropologie de l’architecture et de l’habitat, et amorcer une lecture nouvelle de Der Stil, dont il livre des extraits inédits de la première traduction française, actuellement en préparation. 17 Sommaire du numéro DOSSIER : GOTTFRIED SEMPER, HABITER LA COULEUR Introduction par Isabelle Kalinowski Habiller et masquer : la représentation architecturale des actes fondateurs de la société́ comme base d’une anthropologie de l’art par Caroline van Eck Semper et l’anthropologie de l’art : science de la nature, science du langage, science des artefacts par Céline Trautmann-Waller L’ornement à la conquête de soi : tectonique, métaphysique et anthropologie chez Karl Bötticher et Gottfried Semper par Rémi Labrusse Fragments d’histoire congolaise. Les archives coloniales réactivées du Mémorial Savorgnan de Brazza et de la Fresque de l’Afrique par Nora Greani Semper et la morphologie : transformation, symbole, culture par Muriel van Vliet Qu’est-ce qu’un mur ? Semper anthropologue de l’habitat coloré par Isabelle Kalinowski Gottfried Semper et le métabolisme des arts industriels : le « revêtement » par Michaël Gnehm Traductions inédites de textes extraits de Der Stil - Chaîne et bandeau - Peau, fourrure, cuir - Le caoutchouc, factotum de l’industrie - Le principe du revêtement dans l’architecture - Le revêtement en Nouvelle-Zélande et en Polynésie - L’architecture chinoise - L’usage des teintures - Le costume, le masque et le jeu 18 GRADHIVA La revue d’anthropologie et d’histoire des arts du musée du quai Branly Fondée en 1986 par Michel Leiris et Jean Jamin, GRADHIVA se veut un lieu de débats sur l’histoire et les développements actuels de l’anthropologie. Chaque numéro comporte un dossier thématique abordant un sujet original, comme la musique et les droits d’auteur, les figurations populaires des grands hommes ou encore l’ambiguïté visuelle dans les arts occidentaux et extra-occidentaux. Les essais de la collection Aesthetica, coédités avec les éditions Rue d’Ulm (Presses de l’École normale supérieure) offrent des points de vue variés sur la pratique et les productions artistiques. Comité de direction Frédéric Keck, Yves Le Fur, Anne-Christine Taylor Comité de rédaction Emma Aubin-Boltanski, Christine Barthe, David Berliner, Julien Bondaz, Julien Bonhomme, Antonio Casilli, Giordana Charuty, Michèle Coquet, Jean-Charles Depaule, Emmanuel Grimaud, Christine Guillebaud, Monique Jeudy-Ballini, Denis Laborde Les précédents numéros de Gradhiva N°1 : Haïti et l’anthropologie N°2 : Autour de Lucien Sebag N°3 : Du Far West au Louvre, le musée indien de George Catlin N°4 : Le commerce des cultures N°5 : Sismographie des terreurs N°6 : Voir et reconnaître, l’objet du malentendu N°7 : Le possédé spectaculaire N°8 : Mémoire de l’esclavage au Bénin N°9 : Arts de l’enfance, enfances de l’art N°10 : Présence Africaine N°11 : Grands hommes vus d’en bas N°12 : La musique n’a pas d’auteur N°13 : Pièges à voir, pièges à penser N°14 : Carl Einstein et les primitivismes N°15 : Robots étrangement humains N°16 : Chines. L’État au musée N°17 : L’esthétique du geste technique N°18 : Le monde selon l'Unesco N°19 : « L’atlantique noir » de Nancy Cunard. Negro Anthology, 1931-1934 N°20 : Création fiction N°21 : Création plastique d’Haïti N°22 : Cosmos N°23 : Collections mixtes N°24 : « ARTchives » 19 * LA COLLECTION AESTHETICA Le musée du quai Branly-Jacques Chirac s’est associé avec les éditions de la rue d’Ulm pour publier une collection d’essais sur la pratique et les productions artistiques, collection intitulée Aesthetica. Y ont été publiés des ouvrages tels que celui de Carlo Severi, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Le Principe de la chimère, un ouvrage de Pierre Déléage, chargé de recherche au CNRS, Laboratoire d'anthropologie sociale, La Croix et les Hiéroglyphes ou une édition commentée du De Statua et de la Vie du grand humaniste de la Renaissance, Léon Battista Alberti. Contribuer à une réécriture de l’histoire et de l’anthropologie du fait esthétique, et participer à la réflexion contemporaine sur les arts du passé et du présent, d’occident et d’ailleurs : tels sont les deux objectifs de cette collection. 20 L’ENSEIGNEMENT JACQUES CHIRAC AU MUSÉE DU QUAI BRANLY – Le musée du quai Branly - Jacques Chirac accueille des enseignements en lien avec ses collections ou correspondant aux thèmes scientifiques définis par le département de la Recherche et de l’Enseignement : les arts occidentaux et extra-occidentaux, les patrimoines matériels et immatériels, les institutions muséales et leurs collections, les rapports entre technologie et culture matérielle. Ces enseignements prennent la forme de séminaires spécialisés, de journées d’étude ou de conférences dans les domaines de l’anthropologie, de l’ethnomusicologie, de l’histoire de l’art, de l’histoire, de l’archéologie, de la sociologie, de la littérature orale et du droit du patrimoine. Destinés aux étudiants de 3e année de licence, de master et de doctorat, ces enseignements sont encadrés par une convention signée entre le musée du quai Branly - Jacques Chirac et les établissements partenaires. Le partenariat entre le musée du quai Branly - Jacques Chirac et les établissements d’enseignement supérieur porte sur : l’élaboration et l’organisation d’enseignements au musée, l’accueil de stagiaires, l’organisation de conférences et / ou de colloques, la participation et l’animation d’ateliers, d’interventions culturelles ou scientifiques, ainsi que sur la participation à des travaux de recherche communs. Le musée du quai Branly - Jacques Chirac n’est pas habilité à délivrer des diplômes nationaux et ne se substitue pas aux universités ou aux écoles spécialisées. La politique du musée du quai Branly - Jacques Chirac est d’accueillir des enseignements délivrés par les établissements partenaires, mais aussi de favoriser les échanges transversaux entre les établissements et les disciplines à travers une mutualisation des enseignements. Les étudiants venus de diverses institutions sont donc encouragés à chercher une offre d’enseignement auprès des autres institutions partenaires du musée, et au-delà de leur niveau de formation. Le musée propose également des enseignements concernant ses collections et dispensés par les conservateurs. Les enseignements sont généralement ouverts aux auditeurs libres, sous réserve de l’accord de l’enseignant. Établissements d’enseignement supérieurs partenaires • École des hautes études en sciences sociales • École du Louvre • Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne • Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 • Université Paris - Sorbonne • Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis • Université Paris Ouest Nanterre La Défense • Université Paris-Sud faculté Jean-Monnet (Université Paris Saclay) • Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines • Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) 21 PROFESSEURS INVITÉS En 2016 le département de la Recherche et de l’Enseignement du musée du quai Branly – Jacques Chirac poursuit son programme de chercheurs invités. Des chercheurs étrangers de premier plan sont accueillis au musée pour des résidences d’un mois en octobre et décembre afin d’y donner un cycle de conférences, de participer aux activités du département, et de conseiller les boursiers pour leur recherche. * Professeurs invités en 2016 : En Octobre : Joël ROBBINS Professeur d’anthropologie sociale au Trinity College de l’Université de Cambridge. Joël Robbins a étudié l’expansion du christianisme en Nouvelle-Guinée à partir d’une enquête de terrain chez les Urapmin. Il est devenu l’une des figures majeures dans le débat anthropologique sur la valeur aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Son cours aux chercheurs postdoctorants a porté sur le thème des « valeurs et matérialités ». Il est également intervenu dans le séminaire organisé le 1e octobre par Carlo Severi et Giovanni da Col sur l’anthropologie de l’imagination. En décembre : Thomas CSORDAS Professeur d’anthropologie à l’Université de Californie à San Diego et fondateur du Laboratoire sur la santé globale, Thomas Csordas a apporté des contributions importantes à l’anthropologie de la religion, du corps et de la globalisation, à partir d’une étude des rites pentecôtistes aux États-Unis, d’une part, et de la médecine Navajo, d’autre part. Ses conférences ont été données dans les institutions partenaires du musée. Il a accompagné les chercheurs doctorants et post-doctorants dans leurs projets de publication et d’implication dans un organisme de recherche aux États-Unis. 22 INFORMATIONS PRATIQUES ET CONTACTS PRESSE musée du quai Branly – Jacques Chirac 37 quai Branly 75343 Paris cedex 07 01 56 61 70 00 CONTACTS Agence Alambret Communication 01 48 87 70 77 [email protected] www.alambret.com musée du quai Branly-Jacques Chirac [email protected] www.quaibranly.fr Nathalie MERCIER Directrice de la communication [email protected] Lucie CAZASSUS Responsable des relations médias [email protected] Caroline CADINOT Chargée des relations médias [email protected] 23