Rédaction : Abidjan, Casablanca, Dakar l No 149 : 17 au 23 février 2011
Maroc 12 DH - Afrique CFA 1500 FCFA - Algérie : 80 DA - Belgique 1,9 a - Canada 3,50 $ CAD - France 1,9 a - France OM 2,20 a - Italie 1,90 a - Luxembourg 1,9 a - Suisse CHF 3,80 - Tunisie 2,3 DT
BOURSES
Reprise timide à la Bourse de
Tunis
La Bourse de Tunis a enregis-
tré un gain de 1,07% durant
les deux semaines qui ont sui-
vi la reprise des cotations, le
31 janvier. Le gros de l’orage
qui a emporté le gime de
Ben Ali est passé, mais des
incertitudes politiques et éco-
nomiques persistent.
Page 9
BANQUES ET
ASSURANCES
Réforme du droit OHADA des
sûretés
Quelles conséquences pour
les banques et les établisse-
ments de crédit ?
Page 6
ENTREPRISES
ET MARCHÉS
Energie nucléaire, les projets
africains au cœur de toutes
les convoitises
Nombreux sont les pays
africains qui se tournent
aujourd’hui vers cette sour-
ce énergétique pour satis-
faire leurs besoins.
Page 13
ECONOMIE
L’Afrique, vue par les patrons
français
D’abord l’Afrique de
l’Ouest, puis le Maghreb et
l’Afrique australe, ensuite
l’Afrique de l’Est et centrale.
C’est l’ordre de préférence
des entrepreneurs français.
Page 23
POLITIQUE
Algérie : le cocktail anticrise
de Bouteflika
Bouteflika peut-il éviter à
l’Algérie une contagion, sui-
te à la crise politique qui a
déjà frappé ses voisins ?
Page 19
«
L’Afrique est plus forte
qu’elle ne le croit
»
Selon Raffarin, « l’Afrique a
sa réponse à donner » dans
les mutations qui s’opèrent
dans le XXIème siècle.
Page 20
Donald Kaberuka : « Les acvités des grandes rmes, souvent
étrangères, sont plus opaques que les acvités des pays africains »
Lire en page 2
Egypte : l’avenir d’Israël
en queson
Les banques
marocaines paient une
rançon à la rumeur
Accor Maroc :
« Un changement
de gouvernance, pas
forcément de stratégie »
La révolution égyptienne a libéré le peuple de l’emprise
de Hosni Moubarak, mais pas de la tutelle de l’armée.
Dès l’officialisation du départ de celui qui tenait le pays
en laisse depuis 1981, les militaires ont annoncé que
l’Egypte post-révolution respectera tous les accords
majeurs qu’elle a signés, dans une allusion aux accords
de Camp David de 1979. Du respect de cet accord et
de la maîtrise du mouvement des Frères musulmans
(88 députés) et des panarabistes de tous bords, dépen-
dra l’avenir d’Israël. Cette exception démocratique du
Moyen-Orient, dirigée par une coalition de droite et
d’extrême droite, peut-elle survivre à une démocratisa-
tion totale de la région ?
Lire en page 20
Même si leurs fondamentaux sont
bons, de nombreuses banques sont
en retard par rapport à la communi-
cation. La Banque Populaire a ainsi
perdu 7% sur la semaine du vendredi
4 février, suite aux informations rela-
tives aux difficultés d’un de ses gros
clients dans le secteur immobilier. De
son côté, le CIH a mis trop de temps
avant de communiquer sur les ru-
meurs de plus-value de cession excep-
tionnelle. Dans l’ensemble, l’activité
bancaire étant pourtant meilleure en
2010 qu’en 2009.
Lire en page 7
Nouvellement à la tête d’Ac-
cor Gestion Maroc, Christian
Rousseau confirme la séparation
des métiers et des directions entre
Accor Gestion Maroc et le fonds
Risma. Les délimitations sont
claires, les modes de surveillance
et de reporting bien définis. Ne
manque plus que de poursuivre
une stratégie de diversification des
marques qui, jusque-là, porte ses
fruits. L’année 2011 verra le ren-
forcement d’une enseigne discrète
au Maroc et d’une autre qui y fera
ses grands débuts. Entretien.
Lire en page 18
International
Moubarak a fini par entendre le message
d’Obama.
2 - Les Afriques - N° 149 - 17 au 23 février 2011 ActuAlité
Contrats internaonaux :
l’Afrique se met à niveau
Kaberuka : « LAfrique est moins opaque que ses
partenaires »
Les gouvernements africains signent
des milliers de contrats internationaux
sans avoir l’expertise nécessaire. La
conséquence la plus spectaculaire est ce mil-
liard et demi de dollars englouti dans les fonds
vautours, mais le problème est plus général. La
Banque africaine de Développement, à travers
la Facilité de soutien juridique et l’Union pa-
nafricaine des avocats, a entrepris de mettre le
continent à niveau. Le séminaire consacré au
problème, qui a regroupé à côté des Africains
de grands cabinets d’affaires internationaux, a
été ouvert, le 11 février dernier, par le prési-
dent rwandais Paul Kagamé, en lieu et place du
président tunisien en fuite Ben Ali.
Son régime, après avoir accepté d’abriter la
rencontre prévue alors en novembre 2010, y
avait renoncé pour ne pas « recevoir tous ces
avocats ». Engagé dans une lutte sans merci
contre la corruption, Kagamé a la légitimité
pour s’exprimer devant une telle audience. Il
a notamment demandé que l’amélioration du
climat des affaires concerne aussi les intérêts
des populations africaines et non des seuls
investisseurs.
Dossier réalisé par Chérif Elvalide Sèye
Les Afriques : Monsieur le Président,
la BAD vient de lancer la facilité de
soutien juridique pour aider les pays
membres à mieux négocier leurs contrats in-
ternationaux. Y a-t-il une évaluation quanti-
tative du manque à gagner pour le continent
à cause des contrats mal négociés ?
Donald Kaberuka : Je ne suis pas en mesure de
vous donner des chiffres, parce que c’est très
compliqué à évaluer. Souvent, c’est confiden-
tiel en matière de négociation sur les ressour-
ces naturelles. Mais, tout le monde convient
que beaucoup de pays africains n’ont pas la ca-
pacité de négocier des contrats équilibrés avec
les grandes firmes du monde.
Par exemple, avec les contrats que la RD Congo
a signés avec la Chine, nous nous sommes dit
que nous devions tous aider le gouvernement à
avoir des contrats équilibrés. La RDC n’est pas
seule dans ce cas. Notre objectif est d’amener
les négociateurs africains au point de symétrie
avec les partenaires. C’est ce qui est essentiel
pour nous. Et nous estimons qu’avec les bar-
reaux africains, les juristes africains, nous
pourrons disposer rapidement des capacités
endogènes pour faire ce travail, à condition
qu’ils soient aidés. La BAD et la Facilité s’y en-
gagent, pour qu’ils puissent être aux côtés des
gouvernements qui le souhaitent.
En revanche, s’agissant des activités des fonds
vautours, il est possible de les chiffrer. Le prési-
dent Kagamé du Rwanda (interview recueillie
à Kigali, NDLR) a donné les chiffres. C’est 1 à
1,5 milliard de dollars. Les fonds achètent les
dettes au rabais sur les marchés secondaires et
ensuite attaquent les pays. Je ne dis pas que ce
qu’ils font est illégal, mais il faut aider les pays
à faire face à ce type de problèmes. Nous allons
régler ce problème, qui est important dans le
cadre de toutes les initiatives de réduction de
la dette des pays africains. La Facilité va nous
permettre de jouir de nos ressources naturelles
de façon efficace. Beaucoup de pays négocient
des contrats non équilibrés et ne s’en rendent
compte qu’au bout de deux à trois ans. Ils les
dénoncent alors. Mais la renonciation à un
contrat crée une instabilité juridique. Ce n’est
pas bon pour la confiance, essentielle dans les
affaires.
Avec la Facilité, nous allons régler trois pro-
blèmes à la fois : accroître la capacité de négo-
ciation des pays africains, faire face aux fonds
vautours et créer un climat des affaires qui ne se
caractérise pas par des révisions fréquentes des
contrats parce qu’ils ne sont pas équilibrés.
LA : S’agit-il seulement d’incompétence ? N’y
a-t-il pas un problème de gouvernance, pour
ne pas parler de corruption ? L’opacité dans
les contrats arrange beaucoup de monde.
DK : Cette Facilité est mise à la disposition
des Etats qui le souhaitent. Je dis bien, qui le
souhaitent. Alors, j’imagine que les Etats qui
vont nous approcher ont la volonté d’avoir de
bons contrats. Et je pense que c’est la majorité.
Maintenant, qu’il y ait un cas d’opacité ou de
corruption, comme vous l’appelez, c’est une
question de gouvernance interne. Au demeu-
rant, nous avons un autre mécanisme pour
aider les Etats à combattre la corruption. Mais
je dis que il y a de la volonté politique
de négocier de bons contrats, nous serons
pour aider.
Cela dit, je dois dire, quand vous parlez d’opa-
cité, vous devez vous rendre compte que les
activités des grandes firmes, souvent étran-
gères, sont plus opaques que les activités des
pays africains. Pensez à l’évasion fiscale,
à la structure même de ces firmes ! Nous
voulons, et nous allons, nettoyer chez
nous, mais nous allons aussi demander
qu’ils nettoient chez eux. Il y a beaucoup
de pays qui n’ont pas encore ratifié le
traité du Mexique sur la corruption. Et
ce ne sont pas seulement des pays afri-
cains. Il y a beaucoup de pays européens
qui n’ont pas encore ratifié.
LA : La Tunisie, votre siège temporaire,
vit une révolution. Les nouvelles auto-
rités cherchent à récupérer les sommes
détournées par le régime précédant.
La Facilité peut-elle les y aider ? Par
ailleurs, quelle est la disponibilité de la
BAD à l’égard des nouvelles autorités ?
DK : Nous sommes absolument en fa-
veur des changements qui s’opèrent
aujourd’hui en Tunisie. La Tunisie est un pays
émergent de la Banque. Maintenant, le peuple
tunisien vient d’opérer un changement que je
pense salutaire pour le pays, un changement
qui va dans le sens de l’ouverture démocrati-
que, de la libéralisation de la vie publique, de
l’assainissement de la vie économique. Il est
normal que la BAD soit aux côtés du gouver-
nement de transition et du peuple tunisien. La
semaine prochaine, je rencontre les nouvelles
autorités et nous sommes engagés à œuvrer à
leurs côtés. Pendant toute la crise, la Banque a
continué à travailler, certes en aménageant les
horaires pour respecter le couvre-feu, mais le
président de la Banque, le conseil d’adminis-
tration, les directeurs, les cadres et le person-
nel sont restés sur place. Personne n’est parti.
Nous avons estimé que le peuple tunisien mé-
ritait cet encouragement. Maintenant, l’exer-
cice de la démocratie, après vingt-trois ans de
dictature, ce ne peut être facile. Il y aura des
problèmes, mais nous pouvons le comprendre
facilement.
LA : Est-ce que ce qui vient de se passer en
Tunisie, mais aussi ce qui s’est passé en Côte
d’Ivoire, la BCEAO, institution techni-
que, a opérer un choix politique, n’inter-
pelle pas la BAD pour qu’elle se préoccupe
de bonne gouvernance et de politique d’une
manière générale ?
DK : Les statuts de la Banque sont clairs. Elle
ne fait pas de politique, surtout pas de politi-
que partisane. Nous nous intéressons à la gou-
vernance de nos pays, à l’évolution de nos pays,
parce que si nous dépensons chaque année 9
milliards de dollars dans ces pays, nous som-
mes bien évidemment intéressés à ce que cela
marche et que cela donne des résultats. Donc,
nous nous intéressons à tout ce qui touche à la
stabilité et à la bonne marche de nos pays, mais
depuis la naissance de la BAD, il y aura bientôt
cinquante ans, jamais elle n’a été confrontée à
des choix politiques de ce type. Nous faisons
attention aux mots. Nous respectons les choix
des uns et des autres. Toutefois, quand il y a
une crise comme celle de la Côte d’Ivoire, qui
est notre pays siège, un pays qui était pratique-
ment parvenu à l’émergence il y a quelques
années et qui vient de perdre huit ans et demi
dans la crise, si nous disons que cette crise a
trop duré, qu’il faut que les hommes politiques
ivoiriens y mettent fin, ce n’est pas faire de la
politique. C’est un plaidoyer pour l’Afrique,
un plaidoyer pour la Côte d’Ivoire, pour les
Ivoiriens. Ceci étant, je confirme que nous ne
faisons pas de politique…
LA : En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, avec
quelles autorités la BAD traite-t-elle ?
DK : La BAD traite ave l’Etat ivoirien.
LA : Il y en a deux actuellement.
DK : Non, la BAD traite avec l’Etat ivoirien.
C’est l’Etat ivoirien qui est membre de la BAD.
Nous traitons avec l’Etat ivoirien comme nous
traitons avec l’Etat malgache. Il ne nous ap-
partient pas de choisir les dirigeants de la Côte
d’Ivoire.
Propos recueillis par Chérif Elvalide Sèye.
Le connent perd beaucoup d’argent dans des contrats internaonaux
mal négociés. Il veut arrêter l’hémorragie en systémasant le recours à
des avocats spécialisés pour accompagner les gouvernements.
Le président de la Bad souent que l’opacité n’est pas du côté que l’on
croit. Au demeurant, l’Afrique est décidée à neoyer chez elle, mais exige
que les autres en fassent de même.
« Les acvités des grandes
rmes, souvent étrangères,
sont plus opaques que les
acvités des pays africains.
Pensez à l’évasion scale,
à la structure même de ces
rmes ! Nous voulons, et
nous allons, neoyer chez
nous, mais nous allons aussi
demander qu’ils neoient
chez eux. »
Donald Kaberuka : « Il y a beaucoup de pays qui n’ont pas encore ratifié le traité du Mexique sur la corruption. Et ce
ne sont pas seulement des pays africains. Il y a beaucoup de pays européens qui n’ont pas encore ratifié. »
Les Afriques - N° 149 - 17 au 23 février 2011 - 3
ActuAlité
« Les avocats africains ne sont pas encore
compétents pour les contrats internaonaux »
Cyanzayire Aloysie : pas
de bonne jusce sans
bons barreaux
Les Afriques : Monsieur le Vice-
président, l’Union panafricaine des
avocats (UPA) s’est associée avec la
Banque africaine de Développement pour
l’assistance aux Etats dans les négociations
des contrats internationaux. Quelle est la na-
ture de votre participation à ce projet ?
Me Mame Adama Guèye : La Facilité africaine
de soutien juridique avait pour objectif, à la
base, d’aider les Etats à faire face aux consé-
quences désastreuses des activités des fonds
vautours. Elle nous avait approché dans ce ca-
dre. Nous nous en étions réjouis en constatant
les énormes torts que créaient à nos Etats les
actions et procédures intentées par ces fonds
vautours. Nous avions toutefois fait remarquer
à la BAD que les financements, pour être plus
utiles, devaient aussi être structurants, c’est-à-
dire ne pas se contenter de mettre à la disposi-
tion des gouvernements de grands cabinets in-
ternationaux pour les défendre. Cela coûterait
très cher et serait « perdu » à certains égards
pour le continent, parce que rien n’y restait.
Nous avons proposé en conséquence que les
cabinets africains soient, dans un premier
temps, renforcés dans leurs capacités, pour
pouvoir prendre progressivement la relève des
grands cabinets internationaux. Entendons-
nous bien, il ne s’agit pas de confier ces affaires
à des avocats africains, de leur faire cadeau,
parce qu’ils sont africains. Même si la BAD
est africaine et doit œuvrer pour le dévelop-
pement de l’Afrique, il n’en reste pas moins
qu’il n’y a pas de complaisance à avoir. Les
avocats africains doivent acquérir les capacités
techniques de leurs confrères internationaux.
Pour l’heure, objectivement, dans leur grande
majorité, les avocats africains n’ont pas les ca-
pacités requises. Il leur faut donc se former.
Les conditions financières seront alors aussi
plus intéressantes pour la BAD. Il lui faut donc
nous aider à renforcer nos capacités !
LA : La BAD se doit de mettre à la disposition
des gouvernements les meilleurs cabinets
possibles pour accroitre leurs chances de
gagner leurs procès. Comment recruter des
avocats dont vous reconnaissez qu’ils n’ont
pas encore les capacités requises ?
MAG : La BAD a déjà l’habitude, dans des dos-
siers de financement, d’associer des experts
internationaux et africains. Personnellement,
notre cabinet a déjà été associé à des cabinets
internationaux. Il suffit que la BAD systématise
la démarche en prévoyant dans les cahiers de
charge l’utilisation par les cabinets internatio-
naux de cabinets locaux. Au demeurant, l’as-
sociation des cabinets locaux ne leur permet
pas seulement de renforcer leurs capacités en
contrats internationaux, qui sont effectivement
très complexes, surtout quand il est question
de partenariats public-privé sur les infrastruc-
tures ou les mines. Les cabinets locaux sont
néanmoins utiles, parce que ce sont eux qui
connaissent l’environnement social et culturel
local. Sans compter que, parfois, des clauses
peuvent prévoir la juridiction nationale.
LA : Les cabinets internationaux seront-ils
disposés à renforcer les capacités de futurs
concurrents ?
MAG : Absolument. La pratique existe déjà.
C’est même systématique pour les cabinets
anglo-saxons. Ils s’associent toujours à des ca-
binets locaux. Ils comprennent aussi que c’est
leur intérêt, car cela ne peut que favoriser une
meilleure défense du client.
LA : Comment le renforcement va-t-il se faire
concrètement ? Comment sélectionner entre
les différents barreaux, qui sont très nom-
breux et ne pourraient pas tous être en binô-
mes avec des cabinets internationaux ?
MAG : La sélection se fait sur une base objecti-
ve. Ce sont les cabinets ayant déjà une certaine
expérience dans le domaine qui sont impli-
qués dans un premier temps. Outre la défense
conjointe des gouvernements, le renforcement
passe aussi par des séminaires, dont le premier
vient de s’ouvrir à Kigali.
Il faut aussi que les gouvernements prévoient
désormais systématiquement dans les conven-
tions que les créances ne puissent pas être
transférées. Ceci étant, il faut déplorer que les
gouvernements africains négocient sans assis-
tance d’avocats. Les pays développés ne le font
jamais. Pour toute transaction, ils sont entou-
rés d’avocats. Cela ne fait même pas crédible
pour nos gouvernements de se présenter seuls.
Au Sénégal, le président Wade avait instruit le
Premier ministre de faire une circulaire pour
demander aux ministres de ne plus jamais né-
gocier sans l’assistance d’avocats. Cet arrêté n’a
toujours pas été pris.
LA : Qu’est-ce qui explique que les gouverne-
ments ne se font pas assister ?
MAG : Déjà, ce n’est pas dans leur culture. Aux
Etats-Unis, il n’est pas pensable que le gouver-
nement s’engage seul. Une deuxième raison est
que la présence d’un avocat peut gêner quand
on n’a pas les meilleures intentions. On préfère
alors agir à l’abri des regards.
Propos recueillis par Hance Guèye
Les Afriques : Madame la Présidente,
que pensez-vous de cette initiative
que le président Kagamé a accepté de
lancer ?
Cyanzayire Aloysie : Pour moi, c’est une bon-
ne initiative. Pour beaucoup de barreaux afri-
cains, le renforcement des capacités est bien-
venu. Les barreaux sont un soutien important
pour tout système judiciaire. Si les barreaux ne
fonctionnent pas bien, la justice ne peut pas
bien fonctionner. C’est bien que les barreaux
africains puissent se former.
LA : S’agissant de ces contrats internatio-
naux, avez-vous pu personnellement vous
rendre compte de leur complexité et du man-
que à gagner qui peut en résulter pour nos
Etats ?
CA : Les contrats de commerce international,
le droit international de manière générale, sont
complexes. Surtout que, généralement, dans
nos universités locales, la plupart du temps ils
ne sont pas beaucoup enseignés. C’est plutôt le
droit local qui l’est. Donc, non seulement c’est
complexe, mais en plus la formation adéquate
n’a pas été donnée à l’origine. Donc, il est in-
dispensable de renforcer les capacités des avo-
cats pour entrer dans la logique de cette com-
plexité du droit international et, en particulier,
du commerce international.
Propos recueillis par CES
Mame Adama Guèye : « Pour l’heure, objectivement, dans leur grande majorité, les avocats africains n’ont pas les
capacités requises. »
Vice-président de l’UPA, en charge du partenariat avec la Facilité afri-
caine, Me Mame Adama Guèye reconnaît les besoins de formaon de ses
confrères sur les contrats internaonaux.
Mme Cyanzayire Aloysie, présidente de la Cour suprême et du Conseil su-
périeur de la magistrature du Rwanda, appelle à une meilleure formaon
des avocats africains.
Cyanzayire Aloysie : « Si les barreaux ne fonctionnent
pas bien, la justice ne peut pas bien fonctionner. »
« Ceci étant, il faut déplorer que les
gouvernements africains négocient
sans assistance d’avocats. Les pays
développés ne le font jamais. Pour
toute transacon, ils sont entourés
d’avocats. Cela ne fait même pas
crédible pour nos gouvernements de
se présenter seuls. »
4 - Les Afriques - N° 149 - 17 au 23 février 2011 ActuAlité
Le Rwanda va mettre en
route, à partir de ce mois,
des polices d’assurance
maternité
John Rwangombwa, ministre des Finances et de la Planification
économique, a révélé que le projet de mise en place de polices
d’assurance maternité, longtemps attendues, est susceptible
d’être approuvé avant la fin du mois de février. Il a précisé que
ce projet, actuellement sur son bureau, sera déposé devant le
conseil des ministres pour approbation avant son entrée en vi-
gueur définitive. Des responsables au Ministère du travail ont
soutenu qu’une telle démarche contribuera à réduire la discri-
mination envers les employés de sexe féminin. Pour le ministre,
une telle décision va changer les mentalités des employeurs en-
vers les femmes, vu qu’un certain nombre croient qu’elles sont
moins productives, surtout quand elles tombent enceintes.
Allliance entre PlaNet
finance et responsAbility
La société de gestion d’actifs en microfinance responsable, res-
ponsAbility, et le groupe PlaNet Finance ont conclu, mercredi 3
février, une alliance stratégique. Avec un tel accord, responsA-
bility va prendre des participations dans PlaNIS, et devra abou-
tir sur la création d’une entité nouvelle PlaNIS responsAbility
SAS. Par ce rapprochement, les synergies entre responsAbility
et le Groupe PlaNet Finance seront accrues. Il s’agit en réalité
d’un partenariat entre les deux groupes qui date depuis 2005.
Kolsi nommé à la tête de la
compagnie Astree
Dans un communiqué publié samedi 5 février, le Conseil d’ad-
ministration de la compagnie tunisienne d’assurances et de
réassurances (Astree) a annoncé avoir nommé Abdelmonem
Kolsi aux fonctions de président directeur général. Celui-ci, qui
disposera des pouvoirs les plus étendus selon la compagnie,
remplace Mohamed Habib Ben Saad, qui se retrouve à la tête
de la Banque de Tunisie, dont la compagnie Astree est une des
filiales.
Taoufik Benzakour, nouveau
directeur à Euler Hermès
Acmar
Tawfik Benzakour, qui a rejoint Euler Hermès Acmar le 10 jan-
vier 2011, a été nommé directeur des Risques, information et
sinistres. Cette nomination vise à accompagner la forte crois-
sance des activités du groupe, concomitamment à la gestion
des risques sur l’ensemble du continent africain. Avec le recru-
tement de ce titulaire d’un MBA en finance obtenu à l’Univer-
sité de New York, qui a occupé auparavant plusieurs postes à
responsabilités dans le domaine de la gestion des risques au
sein d’entités de renommée mondiale, telles que KPMG (New
York et Paris) et Ernst & Young (Casablanca), Euler Hermès
Acmar renforce ses compétences humaines.
L’ébauche d’un « Consensus
africain » à Dakar pour un
développement endogène
Dans le cadre de la 11ème édition du Forum social mondial
(FSM), des personnalités de la société civile africaine ont pré-
senté, lundi 7 février à Dakar, l’ébauche d’un « Consensus afri-
cain », dont l’adoption devrait impulser un développement
endogène du continent. Il s’agit d’un système devant aider à
contribuer plus efficacement à la lutte contre la pauvreté, la
protection des cultures autochtones, des ressources en eau et
de l’environnement. Inspiré de celui de l’Himalaya, une appro-
che novatrice du développement dont le premier prototype a
été créé par Laurence Brahm, le « Consensus africain » vise la
mise en place de plateformes économiques et de programmes
d’entreprises autonomes basés sur les réalités locales, à travers
un transfert de compétences qui responsabilise. A en croire
Alioune Tine, l’un des rédacteurs du document et président
de la Rencontre africaine des droits de l’homme (RADDHO),
contrairement au « Consensus de Washington », qui sublime
la libéralisation immédiate des marchés, l’ouverture des mar-
chés de capitaux, la privatisation des entreprises, la suppres-
sion des subventions… le « Consensus africain » part, lui, du
constat que l’Afrique n’est pas pauvre (…), jouit de beaucoup
de richesses et que la mosaïque des cultures et des ethnies, loin
d’être une contrainte, est une richesse.
Le prix de la paix
« Nous préférons la paix à une intervention militaire ». C’est
le tube en vogue depuis le dernier sommet de l’Union afri-
caine ? On veut la paix en Côte d’Ivoire. Certes, mais quelle
paix ? Une paix juste ou injuste ? Une paix imposée par les
urnes ou par le rapport de force ? Une paix des milices ou
une paix civile ? Autant de questions qui s’adressent au paci-
fisme idéaliste de l’Union africaine. La logique de la recher-
che de la paix à tout prix conduit à l’escamotage du droit,
à des compromis fragiles et à des traités de Versailles sans
lendemains. En naîtrons des gouvernements d’unions natio-
nales pléthoriques, sans perspectives et sans portée. Le prix à
payer sera très lourd pour le citoyen ivoirien en otage depuis
dix ans et, au-delà, pour tout démocrate africain. Le « peace
and love » dans lequel ont veut réduire la tradition africaine
de l’arbre à palabre n’existe que dans le mythe des origines
créé par notre romantisme tiers mondiste.
Dans l’absolu, il n’y a pas de paix légitime sans dissuasion
forte. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, les arguments ont été
suffisamment étayés pour aboutir à la question dont per-
sonne ne veut apporter la réponse. Voici cette question :
peut-on faire l’économie d’une intervention militaire ? En
d’autres termes, peut-on, après avoir constaté une tentative
avérée d’usurpation de pouvoir et de confiscation du vote,
fuir devant ses responsabilités au nom des spécificités afri-
caines ? C’est pour ne pas avoir répondu à cette question que
l’Union africaine a nommé une nouvelle troïka, d’ores et
déjà condamnée à l’échec.
Point de vue africain
Adama Wade, Casablanca
Vincent Bolloré fait le siège d’Alpha Condé
Vincent Bolloré est la personnalité française qui a le plus
téléphoné à Alpha Condé ces derniers jours, après un cer-
tain Bernard Kouchner. Le 3 février, le patron de Bolloré
Logistics était à Conakry pour un tête à tête à forte teneur.
Evincé en 2008 dans la course au port de Conakry par
Getma International, le groupe français serait-il de retour ?
A suivre.
Guinée : Aliko Dangote s’intéresse au pays de la
bauxite
Le milliardaire nigérian Aliko Dangote a été reçu, sa-
medi 12 février, par le président guinéen Alpha Condé.
Accompagné de son état-major, dont El Hadjdi Balla, et du
directeur du groupe Dangote, Aliko Dangote s’est engagé
dans l’investissement des projets d’infrastructures. Lors de
l’entrevue, Alpha Condé était entouré de Chérif Lamine
Haidara, chargé des affaires économiques et nancières
du CAR (Cercle d’appui et de réexion), et du jeune en-
trepreneur Ousmane Yara, bien connecté dans le lobbying
des réseaux industriels. Notons que les projets d’implanta-
tion d’infrastructures annoncées par le groupe Dangote au
Sénégal ne sont toujours pas sortis de la terre.
Maroc : les banques dans le capital de la Comarit
La Banque populaire, BMCE Bank et Attijariwafa Bank
seraient sur le point de porter leur participation dans le
capital de Comarit de 20 à 40%. L’opération fait suite à la
reconversion de dettes contractées par l’armateur auprès
de ces banques.
Maroc : Attijariwafa Bank booste son ottant en
bourse
Suite à la fusion ONA-SNI, le ottant de la banque maro-
caine passe à 25%. Cette nouvelle conguration du ot-
tant a commencé depuis la séance boursière du jeudi 10
fèvrier.
La monnaie ivoirienne n’est pas pour demain
« La Côte d’Ivoire sera prête à se retirer de la Zone CFA
lorsque tous les pays membres de l’UEMOA seront égale-
ment prêts à partir avec elle et à rompre totalement avec la
France ». Des déclarations de Justin Katinan Koné, ministre
camp Gbagbo, délégué auprès du ministre de l’Economie
et des Finances, proférées vendredi 11 février à la mairie
de Yopougon, en marge d’une cérémonie en hommage
au président angolais Eduardo Dos Santos. Cet hommage
appuyé au président angolais est concomitant à l’envoi du
ministre du Budget à Luanda, pour négocier un prêt de
200 millions de dollars en devises pour les besoins des
opérations import-export.
Alliance commerciale entre Société Générale Maroc
et la banque italienne Extrabanca
Extrabanca, unique banque européenne entièrement -
diée à la clientèle des immigrés, a scellé une alliance avec
la Société Générale Maroc. Ce rapprochement permet de
renforcer l’offre commerciale destinée aux Marocains -
sidents dans ce pays ayant des intérêts dans l’un des deux
pays, ou désireux d’étendre leurs opportunités d’affaires.
L’accord prévoit, entre autres, un service de transfert d’ar-
gent à la tarication avantageuse.
Maroc : Crédit Agricole obtient le feu vert pour le
rachat du groupe Diac
Le conseil de surveillance du Crédit Agricole Maroc,
tenu la semaine dernière sous la présidence effective du
Premier ministre Abbas El Fassi, a donné le feu vert pour
le rachat de Diac Salaf et Diac Equipement. Le rachat res-
te désormais à l’appréciation de la Direction des établis-
sements publics et de la privatisation. Avec ces acquisi-
tions, la banque, qui prévoyait il y a quelques années une
privatisation avant de freiner des quatre fers, augmente
son attractivité. Prochaine privatisable dans quelques lois
de Finances ?
Maroc : la banque postale se précise
Après un long round d’observation, Al Barid Bank re-
prend sa marche. Ainsi, Wafa Immobilier, liale spéciali-
sée d’Attijariwafa Bank, a été désignée en tant qu’adju-
dicataire de l’appel d’offres relatives à la distribution des
crédits immobiliers de la banque.
Maroc : la CDG pourrait se désengager de Veolia
Environnement Maroc
Détentrice de 9% du capital de Veolia Environnement
Maroc à travers Fipar holding, l’opérateur institutionnel
CDG est en divergences avec cette entité. Rappelons que
Veolia est détenue par Veolia Water à hauteur de 81%
et à hauteur de 10% par l’américain AIG Infrastructure
Fund Holding (AAIF). Un retrait de la CDG n’est pas à
exclure.
Congo : Sassou Nguesso et l’affaire des biens mal
acquis
Reçu le 1er février à l’Elysée, le ministre congolais de la
Justice Emanuel Yoka a eu des entretiens hautement con-
dentiels avec le chef d’Etat français. En rapport avec l’af-
faire des biens mal acquis ? La visite intervient un an jour
pour jour après l’assassinat du journaliste Bruno Jacquet
Ossébi, qui avait succombé aux blessures causées par
l’incendie de sa maison. Peu avant sa mort, le journaliste
avait fait part de son intention de se porter partie civile
dans l’affaire des biens mal acquis.
Sénégal : la société conseil Ecosur est-elle leader en
Afrique ?
Dans son communiqué annonçant sa contribution à l’en-
registrement du premier projet MDP sénégalais avec la
Compagnie sucrière sénégalaise (CSS), la société de
conseil Ecosur s’identie également comme le « leader du
MDP en Afrique ».
Réponse de quelques spécialistes du secteur, en réaction
à l’article publié sur www.lesafriques.com: le projet MDP
avec la CSS est le second et non le premier. Voir à ce propos
la liste ofcielle des projets MDP validés par le CCNUCC
à ce lien (http://cdm.unfccc.int/Statistics/Registration/
NumOfRegisteredProjByHostPartiesPieChart.html). Au-
delà de cette précision, une question se pose : sur les 55
projets MDP aujourd’hui enregistrés en Afrique, quelle
est la part réelle d’Ecosur Afrique ?
«
Acheter la rumeur, vendre l’information
»
Les Afriques - N° 149 - 17 au 23 février 2011 - 5
ActuAlité
Le trésor de guerre de Gbagbo et
les jeux troubles des cartels
Laurent Gbagbo pourrait encore tenir entre trois et six
mois, selon nos informations. Le soutien financier de
l’Angola et de la Reserve Bank sud-africaine (encore
non acquis) peut lui faire passer le printemps et l’été. Mais c’est
d’Abidjan et de San Pedro que proviendra l’essentiel du nerf de
la guerre. Le clan du président sortant compte sur un réseau de
financement opaque qui s’est développé sur les décombres du
système de traçabilité de la filière café cacao en 2008-2009. En
dépit des mises en gardes de la Banque mondiale, de l’Union
européenne, des Ministères ivoiriens des finances et de l’agri-
culture, le pouvoir a exigé et obtenu la révocation du groupe
ACE, Audit Contrôle et Expertise, qui contrôlait les tonnages
au départ du port. Or, depuis 2008, le palais présidentiel, qui
appréhendait sans doute le scénario politique actuel, a repris le
secteur en main à travers la Chambre de commerce, d’entente
avec les acteurs de la filière, générateurs de cash. Qui sont ces
réseaux ?
Mis à contribution
Tout d’abord les sociétés multinationales qui contrôlent le
transport terrestre et maritime, et l’essentiel des transitaires
(Bolloré, SDV SAGA, SIFCA..). Ces sociétés, qui achètent aux
producteurs via les Franco-Libanais, ont effectué des avances
de DUS (droits uniques de sortie) moyennant des décotes subs-
tantielles et une absence totale de contrôle sur les poids expor-
tés. Sont également mis à contribution, volontairement ou non,
les exportateurs (Olam via Outspan, SIFCA, etc.), de même que
les traitants.
Ce schéma est probablement reproduit pour le pétrole, le dia-
mant, l’or, et certaines importations comme le riz. Si on ajoute
des commissions sur tous les emprunts (on parle de 10%) et les
sous-déclarations des arrivées au port, on obtient un finance-
ment conséquent, qui peut permettre au pouvoir de Gbagbo de
tenir encore quelque temps.
Double jeu
Le clan de Jean-Louis Billon, président de la Chambre de com-
merce, est chargé de peser toutes les matières premières stra-
tégiques, dont principalement le cacao, le café, le sucre, le riz,
l’huile de palme et le caoutchouc. L’homme qu’on présente
en délicatesse avec Laurent Gbagbo (bien qu’on lui ait retiré
brièvement son passeport, l’est-il vraiment ?) est aujourd’hui à
Paris. Il reste un allié objectif du système, mais tenterait de se
rapprocher du clan Ouattara.
C’est donc toute une série d’arrangements qui, de la Chambre
de commerce au transitaire, filiale du groupe Bolloré, viennent
gonfler le trésor de guerre de Laurent Gbagbo.
Les ports d’Abidjan et de San Pedro, gérés par deux barons du
système, Marcel Gossio et Désiré Dalo, constituent la clé du dis-
positif. Marcel Gossio a déjà averti que « La Côte d’Ivoire ne sera
pas à genoux ». Pour cela, le « boulanger d’Abidjan » compte
également sur le patron de la Douane, sur l’ancien ministre
du Commerce Youssouf Soumahoro, sur les responsables de la
filière cacao, Gilbert Anoh et Ginette Donwahi, sans compter
Aubert Zohoré, exclu (et non démissionnaire) de la Banque
mondiale, devenu conseiller spécial de Laurent Gbagbo, et
Armand Akobé, un ex-directeur de la BNI ayant quitté cette
institution dans des conditions controversées, aujourd’hui au
cœur du système Billon. Le clan compte aussi sur le « fonds
souverain » de 175 milliards FCFA géré par le secrétaire général
de la présidence, qui était approvisionné par le Ministère des
finances.
Pas des anges, non plus
Derrière le dispositif Billon-Bolloré, il y a le cartel franco-liba-
nais, maître du cash, et certains groupes indiens et asiatiques
comme Olam. Ce dernier, via Outspan, contrôle 75% de la noix
de cajou. Le rôle d’Elias Azzedine, un richissime libanais allié au
français Dreyfus, est également très important. Ce Libanais est,
avec un de ses compatriotes, l’acheteur du cacao qu’il exporte
et de denrées qu’il importe. Une sorte d’échanges cacao contre
riz avec, en prime, un paiement des droits de douanes qui reste
à prouver.
Le cacao, qui transite par le nord vers Bobo Dioulasso avec la
complicité des Libanais, sert, lui, à alimenter le clan Guillaume
Après une série d’enquêtes sur la lière cacao,
nous voici à l’épilogue de ce dossier épineux :
le rôle des Ivoiriens, des Franco-Ivoiriens, des
Franco-Libanais, des Indiens et des mulnao-
nales qui ont aidé Laurent Gbagbo a accumulé
des milliards et des milliards de FCFA, depuis
2009, pour préparer les élecons et l’éventualité
d’une guerre de cent ans…
Marcel Gossio a déjà averti que « La Côte d’Ivoire ne sera pas à genoux ».
Anoh Gilbert, président du Comité de gestion de la filière café-cacao, a
adressé une note aux opérateurs économiques de la filière, les enjoignant
de payer impôts et taxes sous peine de retrait de leur agrément et
d’interdiction d’exercer.
Saisie-arrêt d’Attijari Bank
(Tunisie) sur Princesse
Holding
Le Tribunal de première instance de Tunis, qui s’est prononcé
pour une saisie-arrêt sur les avoirs de Princesse Holding de
Mohamed Sakher El Materi, vers la fin du mois de janvier, a
mis son verdict en exécution. Cette saisine vaut pour un mon-
tant global de 138 millions de dinars (803 millions de dirhams
marocains), en compensation de prêts consentis par Attijari
Bank à la holding. A noter que sur cette somme globale, un
prêt de 120 millions de dinars a été destiné à la seule opération
d’achat d’actions de Tunisiana. M. El Materi, qui siégeait au
conseil d’administration de la banque maroco-tunisienne, était
administrateur au sein d’une autre banque concurrente de la
place tunisienne.
Stanbic Bank CFC (Kenya)
récompensée pour sa
solution mobile banking
Global Finance Magazine a décerné, jeudi 10 février, son prix
annuel distinguant la Banque innovatrice de l’année à la CFC
Stanbic Bank. Cet établissement financier a émergé parmi
plusieurs concurrents de différents marchés du monde, pour
sa solution bancaire mobile au Kenya. Greg Brackenridge, di-
recteur général de CFC Stanbic Bank, a indiqué : « Au Kenya,
les banques ont fait des efforts constants pour utiliser des so-
lutions innovantes et augmenter les niveaux de l’inclusion -
nancière. » Il est vrai que cette solution de paiements mobiles
permet de passer la trésorerie des entreprises par voie électro-
nique, en utilisant une solution simple de téléphonie mobile.
Aussi et surtout, elle diminue les coûts qu’auraient nécessités
des mouvements de trésorerie et des transactions multiples et
permet des gains de temps importants. A noter qu’au Kenya,
près de la moitié des paiements sont maintenant effectués en
utilisant les téléphones, ainsi que 47% de tous les services de
transfert d’argent.
La BAD au symposium de
Kigali
Le Sommet des 8 et 9 février 2011 à Kigali, marquant le 20ème
anniversaire de Fondation pour le renforcement des capacités
en Afrique (FRCA), a reçu en la Banque africaine de déve-
loppement (BAD) un hôte de marque. Ce Symposium était
placé cette année sous le thème « L’avenir de l’Afrique, c’est
maintenant : le rôle capital du renforcement des capacités ». Dr
Donald Kaberuka, président de la BAD, l’a justement précisé,
rappelant que depuis le lancement de la FRCA, les contribu-
tions et engagements de la BAD s’élèvent à 36 millions $, avec
un don récent de 12 millions $. Cette fondation a permis de
réaliser 238 programmes et projets, dans 44 pays africains. Il
a aussi été noté qu’au-delà de sa contribution intrinsèque au
développement par l’octroi de plus de moyens aux popula-
tions cibles, la FRCA a aussi contribué à inverser le sens de la
fuite des cerveaux.
CÔTE D’IVOIRE : CACAO ÉPISODE 6, SUITE ET FIN :
Charles Kof Diby, l’ancien ministre des Finances de Laurent Gbagbo
qui a rallié Alassane Ouattara dès la proclamation des résultats par
la CEI, a-t-il participé sans le savoir à nancer Laurent Gbagbo ?
D’après nos informations, ce cadre BCBG a orchestré une bonne
partie des 150 milliards de rachats de la dette ivoirienne à travers
des sociétés nancières basées à Londres, notamment Iroko Securities
Limited. Comment se sont négociées ces transactions ? Quel rôle joué
par Ecobank ? Contacté par nos soins, François Camdic, qui dirrige
Iroko Securities, écarte tout amalgame : « Nous avons renégocié
la dette ivoirienne pour 34 milliards FCFA en toute transparence. Il
n’y a eu aucune commission versée et notre actionnariat est connu,
partagé entre le fonds néerlandais FMO et notre management ».
Et de rappeler que ce n’est pas Iroko qui a négocié la plus grande
partie de la dette ivoirienne. La française BNP Paribas a traité pour
des montants plus élevés. Aujourd’hui, beaucoup de créanciers qui
avaient acheté de la dette ivoirienne après négociations ne savent
pas quand tombera la prochaine échéance.
Charles Koffi Diby, Iroko et les autres
A ces pressions amicales sur les
amis libanais et français, s’ajoutent
les pressions musclées sur les
opérateurs pour obtenir du cash.
Soro. Ce serait une vue d’esprit que de croire en effet que tous
les résidents de l’hôtel du Golf sont des anges. L’actuel ministre
des Finances de Ouattara, Charles Koffi Diby, a participé au
système, peut-être passivement ? Tous les emprunts du Trésor
passaient par lui et par un réseau de banques « amies ».
Pressions amicales
Quant à Désiré Dalo, ministre actuel des Finances de Laurent
Gbagbo, en fait l’ancien directeur du port de San Pedro, il n’hé-
site pas à descendre sur le terrain pour pousser ses soutiens
libanais et français à continuer à pourvoir du cash, les appelant
à miser sur la « victoire prochaine » de Laurent Gbagbo.
A ces pressions amicales sur les amis libanais et français, s’ajou-
tent les pressions musclées sur les opérateurs pour obtenir du
cash. Ainsi, le 28 janvier 2011, N’guessan Anoh Gilbert, prési-
dent du Comité de gestion de la filière café-cacao, a adressé une
note aux opérateurs économiques de la filière, les enjoignant
d’exécuter leurs engagements vis-à-vis de l’Etat (impôts et
taxes), sous peine de retrait de leur agrément et d’interdiction
d’exercer.
Anoh Gilbert figure dans la liste dressée par l’UE, visant ceux
qui ont participé au financement illégal du régime Gbagbo. La
vice-présidente de ce comité, Ginette Illa Donwahi, participe à
la constitution de ce trésor de guerre. Laurent Gbagbo tient la
Douane et les impôts indirects.
Une question reste donc entière : pourquoi la France, mal-
gré son empressement à reconnaître la victoire d’Alassane
Ouattara, ne fait-elle pas pression sur ses propres multinatio-
nales en Côte d’Ivoire ?
Adama Wade, Casablanca
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