Le Petit Daudet - N°10 2
ENTRETIEN DE M. JACQUES BOMPARD
RELATIF À SA PROPOSITION
DE LOI SUR LES VIOLENCES
FAITES AUX FEMMES
Quelles sont les différentes formes de violence à
l’égard de femmes que vous souhaitez mettre en
avant à travers ce travail ?
Il m’est apparu essentiel de proposer cette loi car
j’observe incessamment que les femmes sont les
premières victimes de l’ensauvagement de notre so-
ciété. Celles que je considère être à la base de notre
civilisation ne sont plus protégées. Il y a, certes, les
violences physiques. Celles-ci sont très médiatisées
parce qu’elles choquent, et à raison. Elles choquent
d’autant plus que les femmes sont souvent désar-
mées face à cette situation.
Mais plus encore peut-être, je veux dénoncer par
ma proposition de loi cette hypocrisie d’une vio-
lence psychologique qui est le lieu commun de très
nombreuses femmes. Ne laissant pas de traces phy-
siques, cette sourde violence cause pourtant des
drames personnels. J’en ai eu récemment l’exemple
en rencontrant une femme absolument désempa-
rée face au drame personnel qu’est l’avortement.
Cette détresse humaine m’a touchée ; elle va dans
le sens de mes positions résolument en faveur de
la vie. En effet, nombre de femmes à l’image de
cette personne sont confrontées à un phénomène
très peu médiatisé mais tout à fait connu par les
psychologues : le syndrome post-avortement. J’ai
voulu proposer cette loi pour que les femmes aient
une alternative à la perte de leur enfant, pour que
soient mises en avant les solutions alternatives qui
existent. Je pense qu’il en va de la responsabilité
d’un élu.
J’insiste aussi sur la nécessité de redonner aux
femmes la fierté légitime qu’elles doivent avoir de
leur propre féminité. Non la « Fierté » de la marche
homonyme ; mais la redécouverte d’une authen-
tique richesse personnelle fondée sur le respect
mutuel. C’est en ce sens que je m’oppose à la mar-
chandisation du corps féminin via la pornographie
ou la publicité. La femme est un joyau qu’il nous
faut préserver dans toute sa différence.
Que permettrait le dispositif législatif proposé
dans cette proposition de loi ?
Comme je le soulignai, il existe des alternatives à
l’avortement. Nombre d’associations se proposent
de venir en aide à la détresse de mères souvent
jeunes. Je veux d’une part mettre en avant le tra-
vail qu’elles effectuent, d’autre part leur donner
les moyens de leur belle mission par le biais des
aides et subventions. Je souhaite que les solutions
de soutien financier, d’accueil et d’aide matérielle
qu’elles proposent soient clairement valorisées
comme alternative à ce crime. Il ne s’agit pas de
stigmatiser des détresses personnelles, mais d’es-
sayer d’y remédier pour éviter d’autres drames
humains. Des associations comme SOS Futures
Mères, SOS Tout-Petits -j’en oublie!- le permettent.
J’avais d’ailleurs déjà porté devant la représenta-
tion populaire une proposition de loi n° 2785 al-
lant dans ce sens.
Quels sont les échos prêtés à votre proposition ?
J’ai reçu beaucoup de témoignage de soutien pour
mon action en faveur de la vie. Cela montre qu’il
existe une part importante des Français que cette
question préoccupe, qu’ils y aient ou non été
confrontée. J’y suis sensible ; cela m’encourage
à poursuivre le combat en faveur de l’enfant à
naître, et donc en faveur de l’avenir de notre pays.
J’ai aussi reçu un hommage indirect, bien que
nauséabond, de la part de mes détracteurs. Se fai-
sant l’apôtre d’un « jeunisme » hors d’âge, ceux-ci
s’offusquent d’une fermeture des sites pornogra-
phiques, seule mesure débattue semble-t-il. La re-
mise en cause de mes idées par des adversaires
préoccupés par de tels intérêts me paraît aller
dans le bon sens. Pas un mot en particulier sur
la publicité qui fait vendre en galvaudant l’image
de la « femme-objet ». Cette marchandisation de
la femme semble en effet difficile à remettre en
cause. Aussi je ne m’alarme que modérément de-
vant de telles attaques : la jouissance à outrance
et le consumérisme ne peuvent être des réponses
crédibles aux problèmes de notre temps. Qu’im-
porte ; il existera toujours des bonnes consciences
dont l’émoi justifie la peine que l’on se donne à
s’opposer à elles.
Vous avez présenté une proposition de loi relative
à la lutte contre toutes les violences faites
aux femmes à l’Assemblée Nationale.