1
LES FOURMIS
Les fourmis ont plutôt bonne presse. L’apparente perfection de leur vie sociale est
souvent utilisée par les publicitaires pour vanter les mérites d’un réseau bancaire,
d’une firme automobile ou d’une marque d’ordinateur. Le message s’appuie sur des
observations vérifiées, comme la mise en sécurité de la nourriture, la robustesse et la
longévité de la fourmilière, la vitesse et la fiabilité de la circulation de l’information en
son sein. Par contre, il existe aussi des films où grouillent des fourmis robots
dévastatrices menaçant le genre humain.
QU’EST-CE QU’UNE FOURMI ?
C’est un insecte de l’embranchement des arthropodes (du grec « arthron »= articulation et « podos » =
pied) dont la caractéristique est d’être de très loin celui qui possède le plus d’espèces connues et le plus
d’individus de tout le reste du monde animal soit environ un million et demi (80% des espèces).
Les insectes en général forment la classe des hexapodes (6 pattes) qui est incluse dans le sous-
embranchement des mandibulates (qui ont des mandibules). A ce jour on ne connaît pas dinsectes
marins, certaines espèces peuvent vivre en eau douce. On les trouve sous tous les climats, du plus chaud
au plus froid et près d’un million d’espèces ont été décrites.
Les hyménoptères (du grec « hymên »= membrane et
« ptéron »=aile) constituent, après les coléoptères l’ordre le
plus diversifié. On évalue actuellement leur nombre à 120.000
espèces. Cet ordre comprend également les abeilles et les
guêpes.
Les formicidés, la famille des fourmis, sont des insectes
sociaux formant des colonies appelées fourmilières, parfois
extrêmement complexes, contenant de quelques dizaines à
plusieurs millions d’individus. Certaines espèces forment des
colonies de colonies ou super colonies. Cette famille est
subdivisée en 365 genres et comprend 8.800 espèces
connues. On estime cependant qu’il existerait environ 20.000 espèces sur terre soit entre 1 et 2% du
nombre d’insectes connus.
Les premières fourmis seraient apparues à la fin du Crétacé (-135 à -70 millions d’années, l’ère des
dinosaures) et seraient une évolution des guêpes du Jurassique (-180 à -135 millions d’années).
ESTIMATION
Une estimation du nombre de fourmis vivant aujourd’hui sur terre à un instant donné est d’environ 10
millions de milliards d’individus. Chaque individu ne pèse que de 1 à 10 milligrammes, mais leur masse
cumulée est environ 4 fois supérieure à celle de l’ensemble des vertébrés terrestres. Seules 180
espèces sont connues en Europe, alors qu’on peut compter jusqu’à 40 espèces différentes sur un seul
mètre carré de forêt tropicale en Malaisie. 668 espèces ont été trouvées sur 4 hectares à Bornéo et
43 sur un seul arbre de la forêt péruvienne amazonienne, soit presque autant que pour toute la Finlande
ou les Iles Britanniques. Environ 8 milliards d’individus ont été comptés sur un hectare d’Amazonie
Brésilienne, soit 3 à 4 fois la masse cumulée des mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens vivant sur
cette surface.
REPARTITION
On les trouve partout à travers le monde
sauf en Antarctique, sur l’une ou l’autre île
du Pacifique, de l’Atlantique et de l’océan
Indien ainsi qu’au Groenland et en Islande.
Elles se sont adaptées à presque tous les
milieux terrestres et souterrains.
2
DESCRIPTION
Comme pour tous les insectes, on distingue 3
parties : la tête, le thorax et l’abdomen. Leur
corps est recouvert d’une cuticule dure et rigide.
Morphologiquement, les fourmis se distinguent des
autres insectes principalement par des antennes
avec un coude marqué et par un pédoncule en
forme de perle formé des premiers segments
abdominaux appelé pétiole. Ce pétiole donne à
l’abdomen une plus grande mobilité par rapport au
reste du corps (c’est la forme du pétiole qui
permet de déterminer l’esce de la fourmi à coup
sûr). A l’exception d’individus reproducteurs, les
fourmis sont aptères –cad- sans ailes.
• La tête, elle porte :
2 antennes qui sont utilisées pour la commu-
nication. Elles sont composées de plusieurs segments et recouvertes de cils tactiles appelés
sensilles. Grâce à ces sensilles, la fourmi peut percevoir des dizaines d’informations comme
l’odeur, la texture ou le gt d’un objet. Ces organes sensoriels sont constitués de 2 segments. Le
premier est long et est appelé scape, le deuxième forme un coude et est constitué de plusieurs
funiculus.
2 yeux composés ou photorécepteurs. C'est l'assemblage d’une centaine de facettes appelées
ommatidies qui donnent une large vision à 180°. Chaque cellule va "photographier" une partie de
l’image et c’est le cerveau qui va faire une synthèse de toutes ces informations afin de
reconstituer une image complète. La netteté de la vision dépend, entre autres, du nombre
d’ommatidies qui composent l'œil. Certaines fourmis ne voient qu’en noir et blanc alors que
d’autres espèces voient en couleurs.
3 ocelles. Seuls les reines et les mâles ont sur le front
trois petits yeux (ou ocelles) disposés en triangle sur
le vertex. Ces organes sont des capteurs infrarouges
qui permettent de détecter à distance les sources de
chaleur.
Des lobes frontaux constitués de différents
appendices articulés qui sont des organes tactiles,
gustatifs et préhensiles. C’est un système très
complexe.
2 mandibules. Ce sont des pièces dures et cornées qui servent à saisir et broyer la nourriture.
Elles font également office de pinces, d’armes, d’organes de préhension, et d’outils et sont de
taille et forme différentes non seulement selon l’espèce mais également selon la fonction de la
fourmi au sein même de l’espèce. Chez certaines fourmis, elles présentent des cas de dimorphisme
et peuvent atteindre des proportions énormes.
Une mâchoire. Deux palpes maxillaires y sont fixés, ils permettent d’apprécier le goût et la
texture des aliments.
• Le thorax
Il est formé de 3 parties, le protothorax, le mésothorax et le métathorax. Chacune de ces parties
porte une paire de pattes. Le métathorax porte également la paire d’ailes des fourmis sexuées.
Les pattes sont longues et articulées et sont reliées au thorax par le coxa. Elles comportent un
fémur, un tibia et un tarse. A l’extrémité du tibia des 2 paires de pattes antérieures se trouve
l’éperon. C'est un appendice servant à brosser et nettoyer les antennes. A l’extrémité de chaque
3
tarse sont 2 griffes. Entre elles se trouve une sorte de coussinet minuscule couvert de poils qui
sécrète un liquide adhésif permettant à l'insecte de se déplacer sur des surfaces lisses ou très
pentues.
• L’abdomen
L’abdomen de tous les formicidés est très particulier. Le premier segment de l’abdomen, appelé
pétiole, est accolé au dernier segment du thorax. Il est plus ou moins étroit selon les espèces et
permet une plus grande mobilité de l’abdomen. Ce dernier contient le tube digestif, les appareils
génitaux, diverses glandes et peut se terminer, suivant les espèces, par un aiguillon.
Je n’ai presque pas trou d’informations en ce qui concerne le fonctionnement des différents systèmes
de cet animal. Sur le dessin ci-dessus le système nerveux est représenté en bleu, le système digestif en
rose et le sanguin en rouge. En jaune les diverses et multiples glandes. Le système reproducteur n’est,
hélas, pas représenté.
LA HIERARCHIE SOCIALE
Les fourmis sont socialement organisées en castes :
- Ouvrières
- Soldats
- Nourrices
- Individus sexués (reine et mâle)
Chacune d’entre elles présente une morphologie particulière et remplit des fonctions bien précises :
4
En général il n’existe qu’une reine par colonie. Elle vit recluse dans la fourmilière et est plus grosse
que les individus des autres castes. C’est habituellement la seule à pouvoir pondre des œufs. A sa
naissance, la reine a des ailes, qu’elle perdra après le vol nuptial, et trois ocelles. Ces gynes (autre
nom de la reine) vivent entre 10 à 15 ans (il est fait mention d’une reine qui a vécu 25 ans dans une
fourmilière de laboratoire), ce qui est impressionnant quand on sait qu’une seule reine peut générer
une colonie de plusieurs milliers ou millions d’individus.
Les mâles sont inactifs, ailés et possèdent également trois
ocelles. Ils séjournent dans le fond de la fourmilière jusqu'au
jour du vol nuptial, où, là, on les voit hors de la fourmilière. Ils
ont pour unique rôle de féconder les futures reines. Peu après
l’accouplement ils meurent.
La grande majorité de l’effectif est constitué par la caste des
ouvrières, elles sont stériles et sans ailes. Les ouvrières qui se
chargent de la défense sont des soldats, les autres ouvrières
assurent l’entretien de la colonie qui comprend la construction,
les soins apportés aux jeunes et à la reine, la quête de
nourriture. Elles assurent donc le fonctionnement de la colonie.
Au sein de cette caste les individus peuvent être très
différents.
LA COMMUNICATION
Des 5 canaux de communication connus dans le monde vivant, à savoir chimique, acoustique, visuel,
mécanique et électrique, les fourmis sont capables d’utiliser les 4 premiers.
La communication chimique
C’est le canal le plus utilisé et le plus complexe, il est régi dans la quasi-totalité des cas par les
phéromones. Ce sont des substances chimiques odorantes, secrétées par des glandes. Elles sont
détectées par les antennes. Si vous examinez un groupe de fourmis vous constaterez :
- que dès que 2 individus se rencontrent ils s’effleurent mutuellement avec les antennes. Ils
analysent l’odeur qui recouvre leur corps et qui est sécrétée par la glande postpharyngienne.
Ce signal chimique est formé d’hydrocarbures cuticulaires, il porte à la fois l’information sur
l’espèce, la société, la caste et le stade de développement auxquelles appartiennent les
individus rencontrés.
- que très souvent vous les voyez suivre une
même piste. C’est en général celle de la
nourriture. Il s’avère que dès qu’une ouvrière
qui est en maraude autour de la fourmilière
(chez certaines espèces parfois à plus de 500
m. de distance) trouve de la nourriture en
suffisance elle revient directement à son nid.
En cours de route elle abaisse régulièrement
son abdomen sur sol pour permettre soit aux
soies qui entourent l’anus ou, selon l’espèce à
l’aiguillon, de déposer la phéromone de piste
qui est produite par la glande de Dufour. Mais
cette même fourmi peut également
rencontrer un ennemi au cours de sa quête de
nourriture. Elle retourne donc en ligne directe à la fourmilière pour chercher de l’aide. Elle
marquera également son chemin retour mais par une autre phéromone afin de permettre à la
troupe, qui se mettra en route, de retrouver cet ennemi.
La glande mandibulaire peu produire une trentaine de substances, certaines servent de signal de
danger. Comme beaucoup d’animaux, les fourmis marquent leur territoire signalant ainsi aux intrus
qu’ils viennent d’entrer sur un terrain où ils ne sont pas les bienvenus.
5
Certaines substances ne sont pas posées au sol mais projetées en l’air c’est ainsi, par exemple que
les ouvrières
Camponotus
donnent le signal de fuite à toute la fourmilière lorsqu’elles rencontrent
un ennemi que la colonie ne peut vaincre.
La fourmi est une véritable usine chimique, on connaît près d’une centaine de phéromones utilisées
essentiellement au cours de la récolte alimentaire, de la défense de la société et de
l’identification des congénères. En plus, elle possède aussi des glandes particulières jouant un rôle
digestif comme les glandes labiales et pharyngiennes ; d’autres ont un rôle mal connu ; il s’agit donc
d’un équipement glandulaire original et très riche, unique chez les insectes.
La communication sonore
Elle est réalisée par les organes stridulatoires. Le signal sonore est un crissement aigu, dû aux
frottements d’un mince grattoir transversal situé sur ses pattes arrières contre un plateau de
fines crêtes parallèles situé sur la surface adjacente de l’abdomen. Cette stridulation (comme
l’ont défini les scientifiques) peut remplir différentes fonctions selon l’espèce et les
circonstances.
signal de détresse : lorsqu’une ouvrière est en danger (suite à un éboulement des galeries de la
fourmilière par exemple), c’est ce signal de détresse émis par l’ouvrière qui se propage dans le
sol qui va permettre l’aide d’autres fourmis. La réception de ce type de message est perçu par
l’intermédiaire des pattes qui sont de véritables détecteurs ultra sensibles aux vibrations du
sol. On sait d’ailleurs que les fourmis réagissent très peu aux variations transmises par l’air,
celles transmises par le sol sont beaucoup plus efficaces.
qualité de l’alimentation : il faut savoir que les ouvrières sont très difficiles quant aux choix des
nutriments à récolter. Ainsi, dès qu’une fourmi récolteuse repère par exemple un aliment
désirable, elle se met à «chanter» dans le but d’attirer ses sœurs et de les renseigner sur la
qualité de la nourriture. Il est constaté que l’intensité de la vibration émise dépend de la
valeur nutritive de la nourriture.
un signal de renforcement : les fourmis du désert
Aphenogaster
crissent lorsqu’elles ont trouvé
un aliment de grande taille afin d’obtenir l’aide de leurs sœurs.
La communication tactile
Chez la plupart des espèces certains types de messages, simples et directs, sont transmis par
rapport physique comme par attouchement, tapotement ou bien effleurement.
Une grande majorité de ce type de communication est réalisée par l’intermédiaire des antennes qui
sont sensibles au toucher. En effet, les fourmis tisserandes utilisent les larves pour coudre les
feuilles entre elles lors de la construction de la fourmilière. C’est donc en faisant vibrer
l’extrémité de leurs antennes autour de late de la larve une dizaine de fois que la larvecrète
de la soie.
Toutefois, la communication par l’intermédiaire des pattes reste aussi très fréquente et de nature
souvent utile. Ainsi, une ouvrière peut amener une autre fourmi à régurgiter de la nourriture
liquide en étendant une patte antérieure sur le labium (segment céphalique qui correspondrait à la
langue chez l’homme) provoquant de ce fait un réflexe vomitif dont l’autre fourmi peut profiter
cela s’appelle la trophallaxie.
La communication visuelle
Elle était une des formes couramment utilisées au stade primaire de l’évolution. Elle est de moins
en moins utilisée du fait de l’évolution considérable des fourmis qui implique une communication
chimique plus efficace. Cependant certaines espèces s’en servent encore pour des situations bien
particulières.
LA REPRODUCTION
Une fois par an, habituellement en juillet ou en août pour notre région, les reines vierges et les mâles
quittent leur nid pour un vol nuptial. En général l’accouplement se fait en vol et est unique dans la vie de
la reine. Les spermatozoïdes sont conservés dans la spermathèque de l’appareil reproducteur de la reine.
Après l’accouplement le mâle meurt très souvent et la reine retourne au sol et perd ses ailes en les
1 / 13 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !