Migreurop Revue de presse Ceuta-Melilla 6 octobre-2 novembre 2005
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.Selon vous quelle approche faut il privilégier ?
De simples mesures de police ne peuvent prétendre résoudre l'immensité du
problème .Il faut mettre en oeuvre nécessairement une approche globale et un
véritable partenariat avec les pays d'origine, les pays européens de destination et,
bien
sûr, les pays de transit .Il faut bien sûr faciliter les retours volontaires et surtout
combattre efficacement la traite des êtres humains. Dans un de mes rapports, j'ai
conclu sur le fait que les problèmes posés et les populations concernées aujourd'hui
et dans les années à venir sont tels, qu'il y a besoin d'une conférence euro africaine
pour poser les fondements d'un cadre multilatéral de dialogue et de coopération
entre l'Union européenne et les pays du Maghreb et les principaux pays de départ de
migrants illégaux d'Afrique sub-saharienne .
A la veille du dixième anniversaire de la déclaration de Barcelone , il faut tirer les
conséquences de l'échec de dialogue et de résultat sur des questions comme celles
relatives aux droits de l'homme ou des migrations et faire en sorte que le constat
relevé par le Plan d'action Maroc du groupe Asile et Migration crée en 1998 et
soutenant que la pauvreté, la famine les conflits armés et l'absence de perspectives
d'emploi sont les principales raisons de ces migrations illégales , en provenance du
Nigeria , du Mali et de la République du Congo soit pris suffisamment en
considération pour être traduit rapidement dans des programmes de développement
économiques locaux et régionaux conséquents .
D'où viennent précisément ces candidats à l'émigration, par quels couloirs et
désert passent ils et comment peuvent ils subsister dans des conditions
extrêmement pénibles ?
Les différentes enquêtes sur le terrain que j'ai menées ou auxquelles j'ai pris part en
Algérie, en Mauritanie au Sénégal, aux Îles Canaries et en Espagne continentale (et
évidemment au Maroc) montrent qu'ils traversent un certain nombre de couloirs .En
partant du point le plus éloigné, l'actuelle RDC, ils passent par le Cameroun, le
Nigeria, ensuite le Niger (par un point focal qui est la ville d'Agadez), puis, de là
l'Algérie par Tamanrasset. Un autre couloir longe la côte ouest africaine et
‘'remonte'' vers l'Algérie, puis le Maroc, par le Ghana ou la Côte d'Ivoire, puis le
Burkina Faso et le Mali Burkina, un autre couloir débouche à l'extrême sud-est du
Maroc en parcourant le Mali puis la Mauritanie (c'est par ce couloir-
particulièrement le polisario, et c'est ce couloir qui a vu arriver des migrants
asiatiques, notamment depuis 2003).
Mais les migrants passent principalement par la frontière malo-algérienne ou
nigéro- algérienne à partir d'Agadez. Cette dernière route arrive à Tamanrasset, ce
qui permet aux candidats à l'émigration de travailler dans les champs, les oasis, ou
dans les petits bourgs effectuant des travaux de terrassement, de construction, de
plomberie, et autres services, parfois même au profit de collectivités locales, c'est-à-
dire de l'Etat. L'objectif étant pour eux de ramasser un petit pécule pour entrer au
Maroc, à Oujda, par Maghnia, l'autre ville frontière algérienne.
Il y a ensuite plusieurs voies de passage qui vont vers Nador , Mélilia et/ou Sebta ou
bien Fès puis Sebta à travers Tétouan ou bien de Mahgnia à Oujda puis Fès et Rabat
d'où des migrants vont se diriger vers le sud marocain, entre Tarfaya et Boujdour.
C'est là qu'ils emprunteront les pateras pour aller aux îles Canaries (à Fuerteventura,