Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch
–
28 mai 2008 1321
tant une évaluation de l’épaisseur du myocarde ainsi que
la présence d’une éventuelle obstruction dynamique sous-
aortique.
L’IRM cardiaque possède une meilleure sensibilité pour
la détection des formes apicales ainsi que des hypertro-
phies affectant la paroi latérale. Elle devrait de ce fait être
réalisée au moindre doute diagnostique lors de dépistage
familial. Cette méthode permet également la détection de
zones cicatricielles au sein des segments hypertrophiés en
recourant à l’analyse du rehaussement tardif après injec-
tion de gadolinium. Ces lésions sont fréquentes, retrouvées
chez plus de 80% des patients.8Leur localisation ainsi que
leur degré d’extension auraient une valeur pronostique.
Les lésions affectant la jonction entre le ventricule droit et
le septum interventriculaire (rehaussement jonctionnel),
présentes dans la moitié des cas, auraient un caractère
bénin. En revanche, les lésions diffuses ou transseptales
exposeraient le patient à un risque de mort subite ou d’évo-
lution vers une forme dilatée.9L’IRM permettrait ainsi de
mieux définir les individus à plus haut risque mais cette
indication n’est pas encore unanimement reconnue.
Cardiomyopathie/dysplasie arythmogène
du ventricule droit
La dysplasie arythmogène du ventricule droit (
Arhyth-
mogenic right ventricular cardiomyopathy/dysplasia
–ARVC/D)
est caractérisée macroscopiquement par une anomalie de
la cinétique segmentaire ou globale du ventricule droit –
associée ou non à une dilatation –, et microscopiquement
par une infiltration graisseuse et inflammatoiredu myo-
carde. Elle est une cause de mort subite sur tachyarythmie
ventriculaire.
L’IRM cardiaque est actuellement l’imagerie de choix
pour le dépistage d’une ARVC/D chez un patient souffrant
de tachyarythmie ventriculaire ou de syncope. Elle per-
met une meilleure visualisation de la chambre de chasse
et de la paroi libre du ventricule droit par rapport à l’écho-
cardiographie et se révèle donc plus performante pour la
détection des anomalies de la cinétique segmentaire (aki-
nésie/dyskinésie, dilatation ou anévrisme localisé). Ces ano-
malies comptent parmi les critères diagnostiques majeurs
de la Task Force de la Société européenne de cardiologie.10
Certains travaux ont laissé pensé qu’il était également
possible de visualiser les infiltrats graisseux. En pratique,
Il est cependant difficile de distinguer entregraisse épi-
cardique et endomyocardique, en particulier si le patient
est arythmique. Il est actuellement reconnu que la présence
d’infiltrat graisseux est un paramètre moins spécifique et
moins reproductible que les anomalies de la cinétique seg-
mentaire. L’injection de gadolinium pourrait augmenter
dans le futur les performances de la méthode en mettant
en évidence des zones de rehaussement tardif du ventri-
cule droit.
L’IRM a néanmoins ses limites et comporte un risque de
faux positifs et de faux négatifs. Un examen IRM normal ne
peut ainsi formellement exclureune forme très localisée
en début d’évolution. Il est donc important d’intégrer les
données de l’imagerie avec les données cliniques et élec-
trocardiographiques en respectant les critères établis pour
le diagnostic de l'ARVC/D.10
Myocardite (figure 2)
Le diagnostic de myocardite est difficile car il repose sur
des éléments cliniques, électrocardiographiques, échocar-
diographiques et biologiques qui ont une faible sensibili-
té. La biopsie myocardique, qui est l’examen de référence,
est rarement effectuée en raison d’une sensibilité diagnos-
tique insuffisante, liée à une fréquente erreur d’échantil-
lonnage et à une grande variabilité interobservateur dans
l’interprétation de l’histologie. La réalisation d’une IRM
cardiaque en urgence pourrait apporter une contribution
diagnostique importante en ce domaine.
L’IRM peut aider à préciser le diagnostic en fournissant
des informations précises sur la morphologie et la fonction
des ventricules d’une part, mais surtout en permettant de
détecter les zones affectées par le processus inflammatoi-
re. Durant la phase aiguë, l’IRM montre les régions œdé-
mateuses par un signal de haute intensité en pondération
T2 ainsi qu’une prise de contraste lors d’injection de gado-
linium. En phase chronique, l’étude du rehaussement tardif
après injection de gadolinium localise les zones de fibro-
se. Ainsi que l’ont démontré de nombreux travaux, les lé-
sions de myocardite affectent essentiellement les régions
sous-épicardiques (distribution non ischémique) et tout
particulièrement la paroi latérale du ventricule gauche et le
septum interventriculaire. L’atteinte peut également s’éten-
dre au reste de la paroi et devenir transmurale. La sensi-
bilité diagnostique de l’IRM est de 70 à 100% pour une
spécificité de 90 à 100%.
La localisation des lésions par l’IRM s’est par ailleurs
révélée utile pour guider la biopsie myocardique augmen-
tant ainsi ses performances diagnostiques avec une sensi-
bilité pouvant atteindre 90%.11,12
Sarcoïdose cardiaque (figure 3)
La sarcoïdose cardiaque est une forme de myocardite
rarement reconnue. Bien que présente à l’autopsie chez
20-30% des patients souffrant de sarcoïdose systémique,
une atteinte cardiaque clinique n’est reconnue que chez
5% d’entre eux.13 L’évolution de la sarcoïdose cardiaque
0Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch
–
28 mai 2008
Figure 2. Myocardite
Incidence petit axe par IRM. Image de rehaussement tardif typique sous
épicardique de la paroi latérale chez un patient souffrant de myocardite
aiguë.
VG
33244_1318_1324.qxp 22.5.2008 8:51 Page 3