J. Kita / L’APD japonaise en Afrique
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paix avec les pays asiatiques victimes de l’agression japonaise vont
principalement porter sur la question des réparations de guerre et
vont aboutir à une série de traités prévoyant des réparations sous
forme de prêts et de fournitures de biens et services japonais. Bien
que l’adhésion du pays au Plan de Colombo en 1954 marque
officiellement la naissance de l’APD japonaise en permettant au
Japon de mettre en place ses premières missions de coopération
technique, c’est surtout dans le cadre de ces réparations que vont se
mettre en place les mécanismes de l’aide japonaise.
Ainsi, après le paiement des réparations prévues par les
accords signés avec la Birmanie en 1955, les Philippines en 1956 ou
encore l’Indonésie en 1958, pour ne citer qu’eux, le Japon maintient
sa présence. Il lance une véritable politique de coopération
économique basée sur la coopération technique et l’attribution
d’aides financières sous forme de subventions ou de prêts en yens,
c’est-à-dire sous une forme comparable à celle des réparations
payées précédemment. Cette politique d’APD naissante est conçue
comme un moyen de développer un environnement propice au
développement économique du Japon lui-même. Elle est destinée à
assurer au Japon un accès aux matières premières dont il ne dispose
pas ainsi qu’à lui ouvrir de nouveaux marchés2.
La mise en place d’une politique d’APD au sortir de la guerre
permet donc le retour pacifique du Japon en Asie. Son approche
ouvertement mercantile lui permet de poser les bases de sa
renaissance économique à un moment où sa situation intérieure est
encore fragile.
Une longue période de croissance
appuyée sur l’expansion économique du Japon
Grâce à l’expansion continue de son économie jusqu’à
l’explosion de la bulle financière en 1990, le Japon consent à des
efforts de plus en plus importants pour l’aide au développement. Ainsi
le montant global de l’aide japonaise explose véritablement passant
de 243 millions de dollars en 1965 à 14,489 milliards de dollars en
1995. L’augmentation est telle qu’elle permet au Japon de devenir le
premier bailleur d’APD au monde devant les Etats-Unis en 1989 avec
8,964 milliards de dollars3. Pour supporter cet accroissement finan-
cier, la création d’un véritable système d’APD est nécessaire, aussi
l’institutionnalisation de l’APD s’accélère à travers la création de
grands organes publics.
2 D’après le Livre Blanc du MITI “Keizai kyoryoku no genjo to mondaiten”, 1958
3 D’après les statistiques de l’OCDE