L’HEURE EN COMMUN!
Création GASPARD MONVOISIN!
NOTE D’INTENTION!
Été 1914, début de la première guerre mondiale.
Hiver 1918, fin de la première guerre mondiale.
Bilan : plus de 18 millions de morts.
Mais qu’y a t il derrière ce chiffre? C’est ce que nous tenterons
d’approcher à travers la création « L’HEURE EN COMMUN ».
Les millions de destins que cette guerre a mis en branle sur les
cinq continents, en fait une histoire commune à toute
l’humanité.
Au delà d’une commémoration historique, nous nous proposons
de plongé à l’intérieur de ce passé commun à fin d’éclairer au
mieux notre présent.
Les guerres, un siècle plus tard, n’ont pas disparues.
Bien que nous soyons nous, épargnés de la souffrance directe de
la guerre, nous n’en sommes pas moins soumis à l’atrocité des
images que nous renvoient les médias. Cette horreur devenue
quotidienne, servie chaque jour à intervalle régulier, ou en
continue sur certaine chaine, atténue notre sensibilité.
C’est au travers de la fiction que nous remettrons en question
notre capacité à nous émouvoir, à nous émerveiller, à ressentir.
Solliciter nos sens, placer le spectateur au centre de l’action, lui
faire retrouver son âme d’enfants ; en faisant appel à ces
émotions primaires.
Dans cet enfer, la beauté de la vie n’en n’est que plus
prégnante, nous vous entrainerons dans un voyage à la
recherche du rêve, de la poésie, de l’idylle.
Quelqu’un tousse. Ensuite, le calme immense au soleil des somptueuses prairies luisent doucement des vaches vernissés,
et les bois noirs, et les champs verts, et les distances bleues, submergent cette vision, éteignent le reflet du feu, dont
s’embrase et se fracasse le vieux monde. Le silence infini efface la rumeur de haine et de souffrance du noir grouillement
universel. Les parleurs rentrent, un à un, en eux-mêmes, préoccupés du mystère de leur poumon ; du salut de leur corps.
Le Feu, Journal d'une escouade, Henri Barbusse, 1916
!
NOTE DE MISE EN SCÈNE
!- On voit, en bas, des choses qui rampent!!!
- Oui… c’est comme des choses vivantes.!
- Des espèces de plantes…!
- Des espèces d’hommes.!
!!
Voilà que dans leurs lueurs sinistres de l’orage, au dessous des nuages noirs échevelés, étirés et déployés sur la terre comme de mauvais anges, il leur semble
voir s’étendre une grande plaine livide. Dans leur vision, des formes sortent de la plaine, qui est faite de boue et d’eau, et se cramponnent à la surface du sol,
aveuglées et écrasées de fange, comme des naufragés monstrueux.!
!Le Feu, Journal d'une escouade, Henri Barbusse, 1916!
!
Ce spectacle prend son inspiration de La lagune des beaux
songes d’Hugo Pratt. Voilà pourquoi l’armature de la pièce est
composée de tableaux, telle une bande dessinée. Chacun de ces
tableaux, ensemble d’images réelles ou fantasmées qui nous
restent de la guerre, crée un onirisme concret, donnant à
ressentir cette beauté horrible, entre dégout et fascination,
développant un lieu d’intimité entre le spectateur et les
comédiens.
Inspirés de peintres, écrivains, poètes et musiciens tels Otto Dix,
Henri Barbusse, André Breton, Ernest Jünger, Antoine de Saint-
Exupéry, Franz Marc, Antonin Artaud, Didier Comès, Arnold
Schönberg, Rainer Maria Rilke, ; ils s’animent, prennent vie,
dégénèrent jusqu’à ce que le tableau suivant fige l’instant à son
paroxysme.
L’enthousiasme poétique du personnage principal se confrontera
sans cesse à la légèreté du quotidien devenu un souvenir et à la
dureté de la guerre devenue ordinaire. In-tranquillité et
dissonance seront notre toile de fond. Une ambiance festive, des
soldats exaltés, une cantatrice entonnant un chant patriotique,
sous cette apparence anodine se construit un monument aux
morts. Une pyramide faite de chair, de sang et de boue, un rite
indigène et c’est déjà l’heure du thé.
Plonger le spectateur dans une atmosphère rendue palpable,
donner à ressentir la présence des corps, entremêler la
sensibilité physique aux mouvements de l’âme, percevoir ; la
lumière se placera comme révélateur.
Au delà des mots, le son. Car nous nous refuserons à parler ici
de musique mais bien de mouvements vibratoires, émanant
aussi bien des comédiens, des objets, des instruments, des
médiums à disposition que du spectateur lui-même. Il
s’évertuera à provenir des quatre coins du lieu, faisant perdre
ses repères au spectateur d’une part, entourant ce dernier, le
plaçant au centre de l’action d’autre part.
Le corps tel une substance, un matériau, partie intégrante de la
définition de l’Homme, d’une armée, d’un crime, d’un Etat,
d’un bâtiment, d’une arme ; sera au centre de notre réflexion.
Son mouvement, son articulation, sa beauté, sa pesanteur, son
équilibre ; sa chair, matière molle et rouge souvent désignée
sous le nom de viande.
Successions de rêveries, de visions, d’apparitions surréalistes
dont le sujet nous donne sans cesse le contre point renforcé par
une parole livrée dans une éloquence intimiste.
!
NOTE DE SCÉNOGRAPHIE!
Les étendues calmes du vallon orné de villages roses comme des roses de pâturages veloutés, les taches magnifiques des
montagnes, la dentelle noire des sapins et la dentelle blanche des neiges éternelles, se peuplent d’un remuement humain.
Des multitudes fourmillent par masses distinctes. Sur des champs, des assauts, vague par vague, se propagent puis
s’immobilisent ; des maisons sont éventrées comme des hommes, et des villes comme des maisons ; des villages apparaissent en
blancheurs émiettées, comme s’ils étaient tombés du ciel sur la terre, des chargements de morts et blessés épouvantables
changent la forme des plaines. On voit chaque nation dont le bord est rongé de massacres, qui s’arrache sans cesse du cœur de
nouveaux soldats pleins de force et pleins de sang ; on suit des yeux ses affluents vivants d’un fleuve de morts.
Le Feu, Journal d'une escouade, Henri Barbusse, 1916
!
Une toile noire est tendue au sol. La terre noire qui s’y ajoute
ainsi que des monticules amènent un aspect légèrement
vallonné.
Des coquelicots d’un rouge vif parsèment ce sol. Divers objets,
faisant appel aussi bien au quotidien qu’à la vie des tranchées,
enfouis dans la terre, se laisseront découvrir au fur et à mesure
des passages sur le plateau.
En fond de scène, légèrement excentré à cour, un arbre.
Le tronc, constitué d’un enchevêtrement d’objets métalliques
de la première guerre mondiale (obus, casques, baïonnettes,
fils barbelés, grenades, gourdes, etc.) rouillés et abimés par le
temps. Les branches en aluminium creux patiné. Le tout
parsemé d’argile et de terre glaise pour lui donner une teinte
oscillant entre marron et vert. Autour de celui-ci des
excroissances constituées aussi d’objets de récupération.
L’ensemble tend le plus possible vers un arbre réel, le chêne.
Devant celui-ci, au sommet d’un monticule, une sorte de mare.
A jardin, à mi profondeur de plateau, se trouve un piano.
Le dispositif scénique est pensé non comme un décor mais
comme un objet d’art, sorte de tableau vivant. Tout comme une
peinture ou une sculpture il nous donne à voir et à ressenti
avec ses différentes entrées de lectures, formelles, esthétiques
et émotionnelles.
Ce tableau se laissera voir de différentes manières au cours de
la pièce; la lumière et d’autres dispositifs techniques (jeux sur
les températures, projections dair et dodeur,
accompagnements sonore…) se plaçant comme révélateurs,
faisant appel au cinq sens.
L’ouverture du spectacle nous plongera dans une atmosphère
idyllique, tel un tableau de Monet. Une légère brise caresse le
visage, transportant un parfum d’été, une odeur de fleur. On
entend le bruit d’un ruisseau.
Des vapeurs de fumé colorées envahiront alors le plateau, nous
plongeant dans un univers onirique. On entend chanter des
oiseaux exotiques.
Ces vapeurs dissipées, le plateau se laissera voir dans sa réalité
nue, une terre brulée, lunaire, sorte de plongée dans un tableau
d’Otto Dix. L’air se fait plus lourd et l’odeur de la terre
provenant du plateau se fait de plus en plus prégnante. L’arbre
se laisse découvrir, assemblement métallique. On aperçoit ici
et des bouts de cadavres humains, une dépouille de cheval.
Une tempête gronde. L’arbre s’embrase puis tombe, avant
qu’une fumée verdâtre, nous renvoyant au gaz de combat
n’envahisse le plateau. Seule une partie de l’arbre à terre
surplombe cette étendue de fumée.
Puis c’est le calme absolu. La neige se met à tomber. L’air se
fait de nouveau plus frais.
!
L’HEURE EN COMMUN!
Gaspard Monvoisin!
conception & mise en scène Gaspard Monvoisin
assistant à la mise en scène Jessica Lajoux
Chorégraphe Vannessa Sola
scénographie Gaspard Monvoisin
lumière Philippe Ulysse
création sonore Romain Crivellari
régisseur plateau et son Thomas Junca et Hugo Colboc
costumes Nathalie Saulnier
accessoires Stéphane Zbylute
avec Nicolas Avinée, Matthieu Tune, Julie Rattez, Fred Ulysse, Makita Samba, Olivier Doté Doevi, Teddy Atlani
Guillaume Maison, Rémy Laquittant, William Chenel, Mireille Monvoisin
rôle à pourvoir jeune garçon (entre 6 et 8 ans)
1 / 12 100%