Bibliothèque de philosophie sociale et politique
Andrea Cavazzini
Le printemps des intelligences
La Nouvelle Gauche en Italie
Introduction historique et thématique
EuroPhilosophie
Le printemps des intelligences
La
Nouvelle
Gauche
en Italie
Introduction historique et thématique
Andrea Cavazzini
Le présent texte est édité par EuroPhilosophie et la
BIBLIOTHÈQUE DE PHILOSOPHIE SOCIALE ET POLITIQUE
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Andrea Cavazzini, Le printemps des intelligences
EuroPhilosophie 2010, Bibliothèque de Philosophie Sociale et Politique
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Dépôt légal : Août 2009
© EuroPhilosophie / BPSP
Site : www.europhilosophie-editions.eu
Illustration de couverture : Installation de Yannis Gaïtis
© Loretta Gaïtis
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Protégez nos vérités
Franco Fortini,
« Composita Solvantur »
Ce qui importe est moins
l’attente d’un nouvel
événement que la fidélité
à ceux qui ont déjà eu lieu
Alain Badiou,
entretien télévisé
avec F. Taddéi
Cette Introduction est consacrée aux théories et aux pratiques
politiques (donc aux deux formes d’existence de la pensée politique
en tant que telle) de la Nouvelle Gauche italienne (dorénavant Nuova
Sinistra), en entendant par ce nom l’archipel plus ou moins informel
de groupes, « partis », revues et cercles qui chercha, dans l’Italie de
l’après-guerre, d’élaborer une stratégie politique de dépassement à la
fois des rapports sociaux propres au capitalisme des pays
« développés », et des impasses de l’URSS post-stalinienne, tout
comme du mouvement ouvrier toujours dominé par les schèmes
tiers-internationalistes et kominternistes un archipel politique et
culturel d’une très grande richesse et vivacité, dont les dates
conventionnelles de naissance et de mort sont respectivement 1956 et
« un certain moment au cours des années 1980 », et dont la
dissolution aura coïncidé avec, voire aura déclenché, la décadence
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apparemment irréversible de l’espace italien, cet espace étant en
revanche, entre les années soixante et soixante-dix, un site
d’expérimentation politique et culturelle d’avant-garde, dont les
créations furent étudiées et discutées à peu près dans le monde entier.
La Nuova Sinistra s’est constituée au cours de plusieurs
étapes, dont la première que les protagonistes faisaient eux-mêmes
commencer en 1956 prolonge en effet des tendances déjà actives à
partir de l’immédiat après-guerre, voire des années 1930 et 1940, lors
de la réorganisation clandestine des partis socialiste (PSI) et
communiste (PCI). 1956 est une date symbolique pour la formation
de la Nuova Sinistra à cause des deux événements qui marquent cette
année- : le « Rapport Khrouchtchev », qui, en légitimant la critique
à l’égard de Staline et de l’URSS, avait sapé les fondements mêmes
du monolithisme des PC et de leurs pratiques d’intimidation et
chantage, et l’invasion de la Hongrie, qui avait par contre montré
dans sa brutalila réalité de la politique de grande puissance menée
par l’URSS. L’Union Soviétique avait donc perdu son charisme : non
seulement elle n’était plus guère présentable comme « modèle »,
indépassable et soustrait à toute critique, de socialisme réalisé, mais,
de façon plus décisive, ce qui retrouvait une plausibilité face aux
événements historiques et aux aveux demi-involontaires des
dirigeants soviétiques eux-mêmes, c’était la thèse selon laquelle
l’expérience soviétique dans son ensemble avait échoué à amorcer un
processus de construction du socialisme, et cela justement à cause
des pratiques staliniennes dénoncées avec encore trop de réticences
par la formule mystificatrice du « culte de la personnalité »
symptôme, elle, d’un « clochement » bien autrement décisif dans la
structure sociale et politique de l’URSS, dont l’invasion de la
Hongrie témoignait avec éloquence.
La Guerre Froide commençait à laisser la place à une
situation nouvelle, et les voix critiques purent refaire surface, ce qui
présupposait leur existence préalable. En effet, sur la scène italienne,
en particulier, l’existence de courants représentant une critique de
gauche de l’orthodoxie soviétique et tiers-internationaliste était un
facteur politique de longue durée. L’historien Diego Giachetti
rappelle que les années soixante et la fin des années cinquante
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