asie orientale

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L’ASIE ORIENTALE : UNE AIRE DE PUISSANCE EN EXPANSION
On appelle Asie orientale les régions situées sur les rives occidentales du Pacifique, une
Asie du sud-est élargie englobant la façade orientale de l’Eurasie, c’est-à-dire un espace éclaté
en zones littorales et en archipels :
1°/le Japon, archipel de plus de 4000 îles.
2°/les ex NPIA (ou NPI de 1ère génération) soit la Corée du sud, Singapour, Taïwan, mais plus
Hong Kong rattaché à la Chine depuis 1997
3°/la Chine méridionale et littorale
4°/éventuellement les NPI de deuxième génération dits bébés tigres : Thaïlande, Philippines,
Malaisie, voire de 3° génération (Vietnam).
Difficile de définir cette aire désunie : Asie orientale ? Extrême Orient ?
1°/RECLUS en 1882 définit l’Asie orientale centrée sur la Chine, puis en 1991 le politologue
ROZMAN y ajoute Singapour. C’est cette définition qui est retenue dans le programme de
terminale.
2°/L’idée d’un « extrême Orient » postule l’idée d’une unité culturelle allant de l’Inde au Japon ;
globalement cette aire correspond à l’Asie des moussons et à la civilisation du riz. Le géographe
P.GOUROU dans les années 1950 limite l’extrême orient à la façade anciennement sinisée.
Donc un espace multipolaire qui s’est développé depuis la seconde guerre mondiale dans
l’orbite japonaise et que symbolise à la fois une aire de dynamisme économique spectaculaire dans
le cadre de modèles « extravertis » de développement et une intégration de plus en plus poussée
au processus de mondialisation.
Au sein de cette aire on assiste à un glissement de la frontière N/S. La première
génération des NPI, les ex NPIA, appartiennent dorénavant au nord (Taïwan, Singapour, Corée du
sud) du moins d’un point de vue économique. Bientôt la seconde génération des NPI et la Chine
littorale fera partie des « nords ».
Un espace mosaïque donc :
-diversité des territoires : des cités Etats, des Etats, des provinces maritimes.
1
-diversité géopolitique : régimes à parti unique, démocraties populaires, monarchies
constitutionnelles.
-diversité des niveaux de développement ( économies très diverses, IDH variables…)
Mais un dénominateur commun : des taux de croissance exponentiels depuis 15 ans,
malgré l’essoufflement du Japon depuis la fin des années 1990 contrebalancé par le rôle moteur
de la Chine aujourd’hui ; grâce aussi à l’essor des flux et des courants d’échanges internationaux,
à des réseaux d’entreprises performants, à une division du travail rationalisée (investissements à
l’étranger, produits manufacturés). Tout cela en fait une zone de développement maritime
ouverte sur le monde : elle concentre 25% de la population mondiale et produit 25% des
richesses et 25% des échanges mondiaux.
A la différence de l’Europe (UE) ou de l’Amérique du nord (ALENA), cet espace n’est pas
réellement unifié ou intégré, malgré l’existence de l’ASEAN ( association des nations du SE
asiatique) créé en 1967 (déclaration de Bangkok) comprenant la Thaïlande, la Malaisie, Singapour,
les Philippines, l’Indonésie, Bruneï depuis 1984, la Birmanie, le Laos, le Cambodge et le Vietnam
depuis 1999, Australie et NZ depuis 2000 ⇒ marché commun pour les 6 pays les plus puissants).
Problématique : l’Asie orientale devientdevient-elle le nouveau centre du monde ? S’organiseS’organise-t-elle toujours
autour de la mégalopole japonaise ?
2
I-COMMENT S’ORGANISE CETTE AIRE DE PUISSANCE MULTIPOLAIRE ?
La diversité des espaces asiatiques :
L’Asie orientale n’est pas un ensemble homogène : des tensions internes nombreuses existent, héritées de
décolonisations violentes, de nationalismes exacerbés : Chine – Japon et Japon – Corée du sud, tensions internes
entre la Chine et Taiwan, tensions internationales entre la Corée du nord et les Etats-Unis.
Cette diversité s’exprime d’abord sur le plan politique : ils ont en commun leur passé d’autoritarisme, de
centralisation, de bureaucratie, d’interventionnisme économique et social, une idéologie volontariste prônant la
recherche de la réussite et la volonté de puissance. Pourtant orientation progressive de nombreux pays vers des
régimes démocratiques : démocratie parlementaire au Japon, démocraties « en construction » à Taiwan et en Corée
du sud, 2 régimes partiellement démocratiques néanmoins ; le régime très autoritaire de Singapour et le système
partiellement démocratique de Hong Kong, très contrôlé par la Chine et dont la liberté s’amenuise d’année en année.
A Singapour par exemple, a été voté l’Internal Security Act, inspiré des lois anticommunistes de 1948, et qui
permet l’emprisonnement arbitraire et la détention sans procès. Même s’il existe 3 partis d’opposition et plus de 30
partis dormants, ils sont soumis à des mesures discriminatoires et ne pèsent pas réellement dans le paysage
politique.
Elle s’exprime aussi sur le plan du développement : le Japon est très en avance en terme d’IDH, les 4
dragons ont une économie essentiellement fondée sur des services et des technologies très avancées, la Chine
littorale compte pour les 2/3 du PNB chinois. C’est un espace de développement qui s’oppose aux régions
intérieures. Cependant, elle ne possède pas de centre de commandement de niveau mondial. Elle dépend beaucoup
des capitaux étrangers. En dehors de Hong Kong et de Macao, le niveau de vie y est inférieur à celui des autres
Etats d’Asie orientale et les contrastes de niveau de vie très marqués.
1-Comment s’exprime la prédominance de la mégalopole japonaise autour de Tokyo ?
Mise en activité : entraînement à la composition à partir d’une étude de docs et du diaporama
LA MEGALOPOLE JAPONAISE
INTRODUCTION
•Définition des termes du sujet :
Qu’est-ce que le Japon ? Quelles sont les caractéristiques du territoire ? (2 page 241)
Qu’est-ce qu’une mégalopole ? Quelles sont ses spécificités ? (2 page 243)
3
• Problématique :
I-COMMENT EXPLIQUER L’ORGANISATION ORIGINALE DE LA MEGALOPOLE JAPONAISE ?
1-QUELLES SONT LES SPECIFICITES DE CETTE REGION URBAINE ?
Documents pages 240-241 : situez les principales métropoles et les axes essentiels de communication.
•
•
>>> un espace différencié :le tissu urbain n’est pas, comme le note P.PELLETIER, continu, mais c’est « une succession
de centres urbains denses hérités de vieilles cités, de vastes espaces périurbains, composés de lotissements
pavillonnaires et de grands ensembles, entrecoupés de lambeaux agricoles (souvent horticoles) et jalonnés par des
espaces verts résiduels souvent reconvertis en zones de loisirs ». (in le Japon, 1997).
2-QUELS FACTEURS EXPLIQUENT CETTE STRUCTURE PARTICULIERE DE L’ESPACE ? (3 page 243)
•
•
•
3-LE POIDS DE TOKYO (1, 2 page 252, 3 page 251, 2 page 250)
•
•
II-LA VITRINE ET LA COLONNE VERTEBRALE DE LA PUISSANCE JAPONAISE :
Une accumulation exceptionnelle d’activités industrielles et tertiaires (dossier page 252-253)
Croquis de synthèse : la mégalopole, cœur du Japon et centre du monde
4
JAPON DE L’ENVERS OU DU « SURELOIGNEMENT »
JAPON DE L’ENDROIT OU DE LA « CONGESION »
Titre :……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
5
Consigne : à l’aide de la légende ci-dessous, et en utilisant les documents indiqués de votre manuel, complétez le croquis ci-dessus et trouvez un sous-titre
chaque fois qu’il est nécessaire dans les différents axes de la légende.
6
I-UN ESPACE METROPOLISE, MAITRISE ET DIFFERENCIE
1)………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
orange
mégalopole : forte densité de population, de flux et d’activités (2 page 245)
axe actuel d’extension de l’espace mégalopolitain (3 p 241 ou 1 p 260)
Métropoles importantes à l’échelle du Japon (moins de 8M d’hab) (1 p 240)
Ville mondiale et capitale au profil presque complet (plus de 30M hab) ( 1 p 240)
Autres mégapoles d’influence régionale (de 8 à 20M d’hab) (1 p 240)
2)……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Shinkansen et axes autoroutiers majeurs (3 p 241)
Pont ou tunnel (3 p 241)
Terre-pleins industriels (polders) et îles artificielles (3 p 241)
II-UN TERRITOIRE AU SERVICE DE LA PUISSANCE ET OUVERT SUR LE MONDE
1)……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
grande région industrielle et portuaire (3 p 241)
technopôles et cités scientifiques ( 3 p 241)
2)……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
importations de matières premières (pétrole, gaz, charbon)
exportations de produits finis (électronique grand public)
délocalisation et diffusion du modèle en Asie orientale
aéroport international
interface maritime
III-MAIS UN TERRITOIRE SOUMIS A DES RISQUES MAJEURS ET FRAGILISE ( 2 PAGE 249)
1)………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
S
séismes importants au XXè siècle
volcans (2 p 240)
tsunamis
côte à typhons
2)………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
pollution industrielle
7
risque nucléaire
8
III-QUELS SONT LES LIMITES ET LES PROBLEMES DE CETTE MEGALOPOLE ?
1-Les effets négatifs de la concentration des hommes et des activités. (2 page 249)
2-La nécessité de promouvoir le développement durable ( 3 et 4 page 249)
3-Les échecs des politiques d’aménagement du territoire. D’après le Nihon Keizei Shimbun,
dans Courrier international, n°646, 26 mars 2003
« Plusieurs procès ont été engagés contre des promoteurs immobiliers accusés d’enlaidir Tokyo, notamment
en construisant des immeubles trop élevés. En septembre 2002, une décision de justice a reconnu pour la
première fois le « droit au paysage » (ou « keikan ») et a ordonné la démolition de 7 des 13 étages d’un
immeuble (le maximum toléré étant 20 mètres). Or au début de 2004 on comptait à Tokyo quelques 70
projets de plus de 60 mètres de haut, en liaison avec l’augmentation des disponibilités en terrains
constructibles (vente de terrains détenus par les banques ou autres entreprises pour liquider les
« créances douteuses », effets des restructurations industrielles; joue également la révision libérale de la
réglementation au motif de la relance de la construction immobilière.
Aux promoteurs immobiliers est de plus en plus opposé le concept « d’urbanisme de quartier »: l’objectif
est de donner aux habitants le droit de décider de la réglementation de la construction dans le quartier.
De fait, dans l’année budgétaire qui courait d’avril 2002 à mars 2003 122 quartiers de Tokyo ont adopté
leur code d’urbanisme contre 59 l’année antérieure. « L’arrondissement de Shibuya a ainsi établi ses règles
en avril 2002, en fixant à 30 mètres la hauteur maximale des immeubles pouvant être construits sur
l’avenue d’Omotesando, réputée pour la beauté de ses ormes ». Les habitants des quartiers sont convaincus
que « le paysage contribue à accroître la valeur du quartier ».
4-LES PROBLEMES ECONOMIQUES ET POLITIQUES HERITES DU PASSE.
L’histoire complexe d’une réussite originale mais aujourd’hui remise en question.
Dès 1963, R.GUILLAIN publie le Japon, le troisième grand. Aujourd’hui n°2. Situation
paradoxale pour un pays vaincu et ruiné par la seconde guerre mondiale, confronté au problème
de l’exiguïté de son territoire et au retour de 6M de réfugiés dans les années 1945-50.
C’est une jeune puissance qui se développe au moment de l’ère Meiji ( 1868-1911 sous Mutsu Hito).
L’Etat met alors en place des grands groupes industriels, les zaïbatsui (Mitsui, Mitsubishi,
Sumimoto). Mais c’est un pays profondément impérialiste.
9
Après 1945, le territoire est occupé par les Américains jusqu’en 1953. On appelle
parfois cette période le « shogunat » de Mac Arthur, ère de réformes décisives où se met en
place un régime parlementaire en 1947 et des réformes de structure (réforme agraire,
décartellisation, développement syndical, réforme scolaire). Mais libéralisation à relativiser (lois
eugéniques de 1948). En 1957 ils signent une paix avec le Japon par le traité de San Francisco.
1955-73 voit une période de « haute croissance » en deux phases. Dans les années
1955-65, on parle de Jimmu Boom. C’est le démarrage industriel et le début des exportations. Le
symbole en est les jeux de Tokyo en 1964. Entre 1965 et 1973 c’est le second boom, son PNB est
alors supérieur à celui de l’Allemagne, de la GB et de la France. Il investit massivement à
l’étranger, le symbole de cette période est l’exposition universelle d’Osaka en 1970. Sa puissance
repose alors essentiellement sur son industrie lourde. Ses 13% de croissance annuelle lui valent
l’appellation de « miracle japonais ».
1973 est un premier coup d’arrêt lié au premier choc pétrolier, qui entraîne un
ralentissement de la croissance du fait de la dépendance par rapport aux imports pétroliers du
Moyen Orient. La croissance repart ensuite mais elle est plus lente, 3 à 4% par an, et l’économie
est réorientée : diversification des structures de production (rôle des PME), délocalisations
industrielles, choix d’industries à forte valeur ajoutée ( recherche développement qui culmine
lors de l’exposition de Tsukuba en 1985), développement des activités de service, politique
d’investissement interne et d’aménagement du territoire, développement de cités scientifiques
(Nagaoka au sud de Niigata, Kumamoto au sud de Fukuoka, Miyitzaki à Kyushu, Tsukuba, cité des
sciences au nord de Tokyo).
1985 est un second coup d’arrêt avec la remontée des cours du yen, l’endaka
(réévaluation encouragée par les Américains, théorisée par l’ancien directeur de la banque du
Japon Maekawa). De plus, le protectionnisme nippon entraîne des réactions hostiles de ses
partenaires étrangers. Cette période voit l’internationalisation de l’économie, et l’essor des
industries de matière grise lié à l’essor de la recherche. Les conséquences ne se font pas
attendre : chute de la bourse de Tokyo (moins 30% en 1990), chômage, remise en cause du
modèle et seconde crise monétaire en 1995.
Depuis 1990, en situation de crise boursière et financière, à cause de la spéculation, du
cours élevé du yen, des surcapacités de production : d’où une multiplication de faillites bancaires
retentissantes, un chômage à 14%, des entreprises en difficultés (Nissan rachetée par Renault)
Aujourd’hui, après la crise bancaire des années 1980, un IDH de 0,953.
10
Les aspects de la puissance :
Le Japon possède une gamme complète d’industries : lourdes (sidérurgie, 2° rang
mondial, chantiers navals), de consommation (automobile, 2° rang mondial, avec Toyota, Nissan,
Honda, moto avec Honda et Kawasaki), haute technologie avec l’électronique et l’informatique.
Cette industrie est concentrée sur le territoire : la mégalopole concentre 70% du tissu
industriel. L’industrie est organisée de façon très originale : les zaïbatsui du 19ème siècle sont
devenus 12 zaïkais s’appuyant sur les sogos shoshas. Les zaïkais sont des conglomérats liés à une
banque et affiliés à une société de commerce qu’on appelle le sogo shosha (société
multifonctionnelle au service d’une entreprise, outre la fonction de négoce elle s’occupe de la
fonction d’organisation, de coordination et de finance pour les entreprises se lançant dans des
activités et sur des marchés nouveaux) ; ces zaïkais signifient des avantages pour le personnel
(emploi à vie, salaires élevés, système du bonus, formation professionnelle). Ils sont liés au MITI
(ministère du commerce et de l’industrie, devenu le METI en 2001) et à une organisation
patronale similaire au MEDEF, le Keidanren. En parallèle existe un réseau dense de PME
(entreprises de moins de 500 salariés, 99% emploient 80% de la main d’œuvre ouvrière)
spécialisée dans la sous-traitance. Leur économie est de plus en plus tertiarisée, avec un rôle de
premier plan en Asie, même si la concurrence est accrue dans la zone.
La puissance financière est en recul (faillites bancaires, crise boursière durable). Un des aspects
de cette puissance est aussi son agressivité commerciale.
2 page 220- 5 page 221 : redéploiement actuel du commerce extérieur pour réduire la
dépendance aux Etats-Unis. Echanges croissants (imports – exports) avec l’UE, recul aussi des
imports venant du Moyen Orient. Le dynamisme actuel repose surtout sur les hautes technologies
(essor précoce du 3G, fibres optiques et très haut débit, n°1 des télécoms japonais = DoCoMo)
Mais des limites importantes :
-sur le plan politique, corruption et népotisme, multiples scandales financiers
-sur le plan social, racisme et xénophobie vis-à-vis des Coréens et des Burakumins.
Egalement développement d’un chômage structurel de 6% et précarisation de l’emploi qui touche
25% de la population. Développement de phénomènes rares avant : sans logis, délinquants
juvéniles. Dans un autre domaine, modèle familial remis en cause par enfant unique, vieillissement
de la population.
-sur le plan économique : depuis l’éclatement de la bulle spéculative au début des années
1990, le Japon est dans une spirale de crise. Cette crise correspond à la mutation du modèle
toyotiste (mode d’organisation du travail et de la production caractérisé par la polyvalence des
11
tâches et du savoir-faire des employés, ainsi que par l’absence de stocks. Modèle opposé au
fordisme) et à l’ouverture des marchés japonais (cf Nissan et Renault). Mais attention le Japon
reste un carrefour d’investissements, grâce à une plus forte implication de l’Etat. La crise a
impliqué un recul de plus de 5% du PIB et une montée du chômage avoué de plus de 5%,
nécessitant un plan de relance de 126MM d’euros. Toyota, le 1er groupe automobile mondial, a été
frappé par une succession de graves dysfonctionnements depuis 2006 : dans le même temps,
entre 2000 et 2007 les ventes sont passées de 5,8 à 9,4M d’unités, et le nombre d’usines de
production est passé de 58 à 75. Pourtant elle a dû rappeler ces 4 dernières années 9M de
véhicules pour un problème de freinage, notamment sur son modèle phare, la Prius (véhicule
propre). Akio Toyoda son PDG a été contraint de faire profil bas et tancé et par le Premier
Ministre japonais, et par le Président américain B. Obama.
2-La Chine est-elle le futur pôle de développement de l’Asie orientale ?
Un nouveau dragon.
Beaucoup d’observateurs font de la Chine un nouveau dragon : forte de son immensité
territoriale et de sa masse démographique, la Chine s’est transformée en atelier du monde. La
politique d’ouverture orchestrée par l’Etat a permis à la Chine de devenir la locomotive de l’Asie.
Au deuxième trimestre 2010 la Chine est devenue le 2ème PIB de la planète. En plus elle reste la
réserve de change des Etats-Unis même si le yuan est fortement sous-évalué pour doper ses
exportations. C’est une puissance extravertie, les exports représentent 1/3 de son PIB.
Quelques chiffres. C’est aujourd’hui la première destination pour les capitaux
internationaux ( 60MM$ en 2004, 92% des IDE destinés à l’Asie orientale dont la moitié
proviennent de Hong Kong qui joue le rôle de redistributeur des capitaux de la diaspora chinoise),
elle produit désormais 20% du textile mondial, 15% de l’électronique grand public, elle est
devenue le 5° exportateur mondial et la 4° économie du monde avec un RNB de 1200MM $ en
2002. Elle reste largement administrée par l’Etat qui détient près de 43000 sociétés. Toutefois,
les entrepreneurs privés (2M d’entreprises) représentent une part croissante dans la création de
richesses, en accord avec le principe « un pays, deux systèmes » de l’économie socialiste de
marché. A titre d’exemple, elle produit 70% de la production mondiale de photocopieurs, 50%
des ordinateurs, 60% des bicyclettes, 50% des chaussures. Elle exporte 60% des jouets et 14%
des téléviseurs du monde entier.
12
Parmi les 10 premières entreprises de la planète, 4 sont désormais chinoises, deux
banques, ainsi que Petrochina (qui a dépassé Exxon Mobile en 2010 pour la capitalisation
boursière). Petrochina multiplie les implantations pour soutenir la demande énergétique de la
Chine. Avic dans l’aéronautique concurrence aujourd’hui Boeing et Airbus et veut lancer d’ici à
2016 un concurrent de l’A320. Haier a détrôné Whirlpool pour l’électronique grand public, Cosco
est la seconde flotte mondiale… BYD pour l’automobile, Suntech pour le photovoltaïque
commencent également à compter à l’échelle mondiale. 45 des 500 premiers groupes mondiaux
sont dorénavant chinois. Shangaï s’affiche comme la troisième place boursière mondiale derrière
NY et Tokyo.
Les multinationales occidentales et japonaises cherchent également à séduire les
consommateurs d’un pays qui compte 200M de personnes appartenant aux classes moyennes.
Le marché immobilier est florissant dans les principales métropoles et les Chinois sont attirés
par le mode de vie occidental ; la Chine n’est plus seulement l’atelier du monde mais un marché
émergent. Elle compte 4 banques sur les 12 premiers groupes mondiaux. La progression est
fulgurante : de 1% du PIB mondial dans les années 1970 à 6,5% aujourd’hui.
Son modèle de développement repose sur l’ISI puis IPE mais avec un volet particulier :
elle accepte l’arrivée de groupes étrangers dans ses zones franches et ses mégapoles, attirées
par la main d’œuvre peu chère et les très faibles taxes, mais elle signe avec ces entreprises des
contrats qui insistent sur un transfert partiel de technologie (par exemple Airbus pour étoffer
son emprise en Chine a dû accepter des contrats de coentreprise avec des acteurs locaux).
Une puissance économique bien réelle.
Membre de l’OMC depuis 2001, la Chine réalise un développement économique stable et
durable avec un taux de croissance compris entre 7% et 10% chaque année ( plus de 10% de 2003
à 2008). Sa stabilité politique, la hausse de sa demande intérieure, son urbanisation, sa
modernisation commerciale et la libération (libéralisation) de son activité économique sont les
moteurs de ce dynamisme. La preuve de sa libéralisation
tient à la baisse de la part des
entreprises d’Etat dans l’emploi total (on est passé de 52% à 12% entre 1998 et aujourd’hui.
Inversement les entreprises étrangères emploient aujourd’hui 1 Chinois sur 4 environ, contre 1
sur 12 en 1998.
Son commerce extérieur est centré en priorité sur l’Asie (1/3 des exports) mais la
structure de ce commerce est assez équilibrée : 20% vers les Etats-Unis, 20% vers l’Europe, 15%
vers le Japon. L’excédent commercial de la Chine était évalué à 253MM de dollars en 2007.
13
Elle est aujourd’hui face à 3 grands défis : la réforme des entreprises d’Etat, l’ouverture
complète du marché chinois aux entreprises étrangères, l’impératif de développement
harmonieux. Un grand problème demeure pour les campagnes, difficile à décrire et à évaluer :
celui du transfert des populations et de la main d’oeuvre vers les activités industrielles et les
villes.
Des éléments de fragilité : docs 1 page 210.
1°/Le premier est le chômage, alimenté par les licenciements massifs dans les entreprises
publiques, qui est « officiellement » de 5%, mais sans doute 3 fois plus important. L’économie
chinoise ne crée « que » 8 ou 9M d’emplois supplémentaires chaque année, là où il en faudrait
50% en plus. La crise a aggravé la donne (20M d’emplois détruits en 2009)
2°/150M de Chinois sont, par ailleurs, essentiellement dans les campagnes, dans une
situation de grande pauvreté. Difficultés à gérer l’exode rural de 300M de Chinois sur le
dernier demi-siècle. Crainte d’une « bipolarisation urbaine » ( doc 5 page 235) Pour la freiner les
Chinois ont instauré un passeport intérieur, le huku. Les dépenses sociales en Chine ne pèsent que
4% de son PIB, contre plus de 20% en France. En 2009, le gouvernement a décidé d’étendre et
de généraliser un système de retraites rurale d’ici à 2020.
3°/Troisièmement, la dépendance de son commerce par rapport aux entreprises
étrangères. La Chine ne bénéficie pas des transferts de technologies, ces entreprises exportant
52% de leur production.
4°/ le brain drain international : sur 580 000 Chinois partis faire leurs études
supérieures à l’étranger depuis 1978, 150 000 seulement sont rentrés ensuite aux pays.
5°/ de profondes et dramatiques inégalités régionales : la richesse et le dynamisme sont
aujourd’hui concentrés sur le littoral ; en encourageant les investissements massifs dans l’ouest
du pays, le gouvernement amorce un rééquilibrage vital pour l’avenir. De nouveaux pôles
d’attraction se développent rapidement et doivent constituer une « nouvelle frontière »
intérieure capable d’absorber les masses rurales. Sur fond de racisme cela peut donner ce qui
s’est passé au Xingiang en juillet 2009, avec plus de 200 morts à Urumqi dans les affrontements
sanglants entre Han et Ouïgours. Le conflit a montré les limites de la sinisation de l’ouest du
pays, et les limites aussi concernant la question des droits de l’homme.
6°/ Qui rejoignent de dramatiques inégalités sociales : en 2007, le revenu des 20% les
plus riches était 17 fois plus important que le revenu des 20% les plus pauvres. Le problème de la
santé reste préoccupant : l’OMS l’a classé parmi les plus inéquitables du monde même si le pays
14
essaie de se doter d’une couverture maladie et d’imposer des mutuels aux salariés (objectif 90%
de taux de couverture en 2011). On ne compte que 1,5 médecin pour 1000 habitants, contre 3,1
dans les pays de l’OCDE ; depuis 2001, la consommation des ménages est en baisse constante.
7°/ la fragilisation de l’environnement et la menace pour le développement durable
dans une nation où plus d’un milliard de personnes découvrent les joies de la consommation de
masse ; d’où de multiples problèmes : déforestation, méfaits de l’agriculture irriguée, remodelage
des littoraux, rejets industriels… La Chine est la puissance la plus polluante de la planète : la
Chine produit 20% des émissions mondiales de CO². La Chine souffre de désertification et
pratique de manière excessive la déforestation. Elle a projeté pour réduire le déficit hydrique
des régions du NE (Tianjin) de construire le barrage des 3 Gorges vers Chongqing, ce qui a
entraîné l’exode forcé de plusieurs millions de personnes et l’enfouissement de vestiges
archéologiques majeurs.
8°/vieillissement et accroissement des dépenses publiques : d’ici à 2030, les dépenses
sociales liées à ce vieillissement représenteront le double des recettes ( doc 4b page 211). 1
Chinois sur 5 bénéficie d’une retraite (les fonctionnaires), les autres doivent compter sur la piété
filiale). Le système de retraites progresse dans les campagnes, ce qui est nécessaire puisqu’on va
passer de 1 senior sur 10 en 2000 à 1 sur 4 en 2030. La crise notamment a amené l’Etat à
accepter un méga-plan de relance de 400MM d’euros sur deux ans pour soutenir la consommation
notamment au niveau des voitures et de l’électro-ménager. On note aussi un boom dans la
construction des infrastructures de transport… Et le surplus d’épargne chinoise (détenue non par
les particuliers mais surtout par les grosses entreprises), freine l’investissement et la refonte du
système… D’où depuis le début de la crise la destruction de 20M d’emplois et la remise en cause
de la loi récente sur l’obligation faite aux entreprises de créer des contrats de travail qui
protègent les salariés. De fait les exportations ont tout de même reculé de 20%. Ce plan de
relance, enfin, ne profite pas aux PME mais aux SOE, aux grands groupes d’Etat souvent liés au
PCC. Le poids du vieillissement est à long terme plus inquiétant que celui de la crise : à Shangaï on
compte 21% de plus de 60 ans ; ils seront 34% en 2020. Les autorités de plus en plus tentent de
mettre fin par des mesures fiscales incitatives à la politique de l’enfant unique qui jusqu’à
présent a « permis » d’éviter 400M de naissances depuis 1979.
9/ les offensives contre les droits de l’homme : de peur de révélations au moment du
20ème anniversaire de la place Tien An Men, Pékin a fermé l’ONG Gongmeng et boycotter tous
ceux qui voulaient revivifier le débat. Depuis juillet la région du Xinjiang est privée d’internet
(les autorités sont conscientes du danger des réseaux sociaux comme twitter ou équivalents).
15
Sur la question des droits de l’homme la question du Tibet aussi reste bouillante, comme le
montre la brouille récente entre Chine et Etats-Unis suite à la rencontre entre Obama et le dalaï
lama, et ce malgré les rapprochements commerciaux et la visite d’Obama en Chine en novembre
2009.
10°/L’inflation énorme : elle est ponctuelle, cyclique, et dépasse parfois les 20%.
>>> AU FINAL UN IDH de SEULEMENT 0,777
Une résistance certaine à la crise malgré des limites.
Une croissance de 8,5% en 2009, un accroissement de la mainmise sur les ressources
énergétiques des bois et métaux rares notamment : ces métaux présents dans des mines
essentiellement en Chine et en Australie permettent des alliages très complexes qui s’insèrent
dans la production des écrans plats, des batteries et des moteurs de voitures hybrides, des
turbines de moteurs d’avions… La Chine baisse ses exportations de métaux rares et inversement
augmente ses importations en provenance de l’Australie pour creuser l’écart sur ses produits
avec ses concurrents. Cette vitalité est perceptible dans l’industrie du luxe également : ce sont
les acheteurs de luxe chinois qui ont permis à LVMH de limiter ses pertes (augmentation de 10%
des achats chinois dans le secteur du luxe en 2009).
Elle a aussi mis le cap sur l’Afrique, surtout depuis 2006. Depuis cette date, 2 forums s’y
sont tenus sur la coopération entre la Chine et le continent africain, avec en 2009 l’édiction de
« 8 mesures » dont l’annulation partielle de dettes et la construction d’infrastructures en
contrepartie de relations commerciales approfondies, notamment dans le secteur pétrolier et
l’exploitation du bois ; il faut relativiser la place de la Chine en Afrique néanmoins, puisque les
échanges entre les deux espaces sont chiffrés à 74MM d’euros en 2009 ; l’UE échange 5X plus
avec l’Afrique, les Etats-Unis et le Japon 2X plus.
L’organisation de l’espace littoral chinois :
Shanghai est la vitrine de l’ouverture de la Chine, la « perle de l’Orient » avec ses 14M
d’habitants (18M si l’on compte toute la zone métropolitaine), sa situation privilégiée au débouché
du Yangzi. C’est la métropole chinoise la plus moderne, la plus dynamique, la plus internationalisée,
grâce aux investissements étrangers. Ce qui constitue une révolution : infestée de négociants et
de truands dans les années 1930, assoupie sous Mao, en plein boom aujourd’hui. Le produit urbain
par habitant (rapport entre la richesse produite au sein d’une aire urbaine et son nb d’habitants =
16
3500 dollars). Son port se situe au 1° rang mondial ; il concentre 25% du trafic portuaire de la
Chine en fret, 25% du trafic conteneurs. L’ensemble de son économie vaut pour 6% du PIB de la
Chine. Ce port est devenu le premier grâce à l’aménagement du port du Yang Shan relié au
continent par un pont de 32 kms. Le paysage urbain s’est profondément transformé et la
modernité apparaît à travers le quartier d’affaires de Lujiazui, dans la zone de Pudong, mais aussi
dans les nb zones franches ainsi que le nouveau civic center de la place du Peuple. C’est donc une
de métropoles phares de l’Asie orientale au 21° siècle et un grand centre touristique qui
accueillera l’Exposition universelle de 2010. Pékin compte accueillir 400 000 personnes / jours,
70M de visiteurs au total soit plus que le record détenu par Osaka depuis 1970. Ce renouveau est
perceptible au Bund, la fameuse promenade le long du fleuve Huangpu, le quai ancestral avec ses
façades néoclassiques qui voisinent à présent avec les gratte-ciel de la ville nouvelle de Pudong. P.
PELLETIER y voit l’avènement d’une « ville verticale » où 4000 buildings ont été construits en 10
ans. Sur l’île de Chongming, elle veut construire une ville durable qui serve de modèle au monde
entier, avec une agriculture plus respectueuse de l’écologie, des transports à vélo, des bateaux à
hydrogène…
Cette
ville
s’appellera
Dongtan.
4 page 237
Le « delta de la rivière des Perles » est une aire
économique ouverte multipolarisée et hiérarchisée,
regroupant près de 25M d’habitants pour 12% du PNB
chinois.
Son développement s’est appuyé sur le dynamisme
de la région autonome spéciale de Hong Kong où
transitent les investissements de la communauté
chinoise d’outre-mer. Cette accumulation du capital a
favorisé l’émergence d’une économie florissante de
petites et moyennes entreprises manufacturières
dont Shenzen est la vitrine. Depuis la fin des années
1990, la croissance n’est plus centrée sur Hong Kong
mais sur Canton et Shenzen. Hong Kong connaît une
grave crise tout en demeurant une grande puissance
17
(24° PIB mondial, 11° PIB par habitant) et reste une
Hong Kong est parvenue à sortir de la crise grâce à
importante plaque tournante portuaire (2° port de
un plan de relance de 7,5MM d’euros, qui a permis de
conteneurs et 2° armateur mondial), et la capitale de
contenir le chômage à moins de 5,5% et de limiter le
la finance asiatique (2° place financière derrière
recul du PIB à 3,3% en 2009. Les services financiers
Tokyo, 4ème place mondiale en 2006). Macao a un
ont redémarré ainsi que le tourisme et l’immobilier
statut privilégié de passerelle entre la Chine et
grâce
à
l’afflux
des
Taiwan : 70% du trafic passagers et 60% du fret de
son aéroport national sont générés par Taiwan.
Pékin-Tianjin : l’agglomération- capitale : après avoir favorisé le renouveau des villes
littorales, le gouvernement central chinois a lancé un vaste programme de modernisation de Pékin
(Beijing) et de son aire d’influence au cœur des plaines du nord. Pékin est à la tête d’une
gigantesque région fortement peuplée (25M hab) et urbanisée (> 50%) dont les villes relais sont
Tianjin, principal débouché maritime de la capitale, et Tangshan, ville née du charbon et en proie
à une crise de reconversion. Cette région représente 12% du PIB. Pékin compte 7,5M hab et c’est
un enjeu majeur pour les autorités qui veulent en faire un pôle d’excellence et la vitrine d’une
Chine nouvelle ; l’organisation des JO en 2008 est le prétexte à de vastes chantiers d’urbanisme
qui bouleversent le patrimoine, les activités et la société (départ forcé de populations du centreville).
3-Comment comprendre les évolutions affectant les ex NPIA devenus des économies postindustrielles ?
Ex dragons, ex tigres sont des pays ateliers qui réunissent 1% de la population mondiale
mais pèsent 8,3% du commerce mondial en 2006. Chaque ex NPIA a un IDM de 0,92 ou
0,93. Ce sont des pays aujourd’hui développés et tournés vers les hautes technologies et qui
développent des firmes de mieux en mieux classées.
Si les dragons et les tigres ont pris leur envol grâce à l’industrie japonaise, aujourd’hui ce
sont les taux de croissance chinois qui dopent leur économie : la Chine offre un formidable
marché pour déverser toute la gamme des produits de haute technologie, des écrans plats
aux réacteurs nucléaires.
La Corée du sud et Taiwan.
-des points communs : les deux pays ont connu une réforme agraire, bénéficient d’une
main d’œuvre bon marché, connaissent un fort interventionnisme étatique. Situés à proximité du
Japon, ils ont rapidement bénéficié des délocalisations de celui-ci, ou de l’installation d’ateliers
18
IDE.²
en liaisons. Aujourd’hui on assiste dans les deux cas à une remontée des filières : leurs économies
s’orientent vers des activités à forte valeur ajoutée, ils sont très performants dans les hautes
technologies, l’informatique, l’électronique, l’automobile, l’aéronautique, les biotechnologies. Une
évolution indispensable du fait de la concurrence des bébés tigres sur les secteurs dans lesquels
les dragons s’étaient d’abord développés. On assiste également à une forte tertiarisation de leur
économie (70-75% des emplois tertiaires). Ces deux Etats sont très dépendants en matières
premières, en énergie, pour les investissements, ce qui les rend extrêmement fragile. Ces
évolutions s’accompagnent de tensions sociales : la population veut voir son niveau de vie
augmenter.
-des spécificités :
La Corée du sud s’est inspirée du Japon pour l’édification de grands conglomérats
industriels, les « chaebols » (Hyunday, Samsung, Daewoo), 10 groupes d’importance mondiale
(Samsung, Daewoo, Hyunday) . La stratégie de développement du pays s’est organisée en 3
phases : dans les années 1960-70, mise en place des infrastructures et développement des
branches pour satisfaire les besoins essentiels (textile, agro-alimentaire, ciment, industries de
main d’œuvre à faible valeur ajoutée). Dans les années 1970-80, essor des industries lourdes
(sidérurgie, chimie, constructions navales). Depuis les années 1980, évolution vers la haute
technologie (semi-conducteurs, informatique, nucléaire). Ils sont leader dans la construction
navale, leur industrie économique est complètement indépendante, l’électronique est un secteur
où ils performent. La Corée du sud développe aussi les zones franches pour devenir une plaque
tournante commerciale en Asie (Incheon, Busan, Gwangyang). Le pays a développé de 30% ces
polders pour développer ces zones franches.
Taiwan est le second investisseur de la zone aujourd’hui. La maîtrise de l’électronique lui
a permis de se hisser au rang de n°1 mondial de la fabrication de PC avec Acer (doc 3 page 222).
C’est aussi un leader en matière de composants électroniques et de semi-conducteurs. Des
problèmes néanmoins : fort endettement, double dépendance (financière et technologique vis-àvis du Japon, commerciale vis-à-vis des Etats-Unis, insuffisance de la recherche développement,
problème sociaux nombreux (dès la fin des années 1980, importantes vagues de grèves, pb du
statut de la femme, encore soumise : âge au mariage = 16 ans environ, elles abandonnent leur
profession une fois mariée bien souvent…). Le « modèle » coréen est remis en cause, notamment
du fait de la concurrence des tigres et des NPI de 3° génération. Sur l’organisation de l’espace,
voir carte du manuel, 9 page 219.
-l’impact de la crise :
19
La Corée du sud a été très touchée par la crise mais a rapidement renoué avec la
croissance, limitant le recul du PIB à 1% en 2009. Elle table sur une croissance retrouvée de
3,7% en 2010, et une baisse du chômage à 3% (moins de 8% pour les jeunes). Elle a décidé de
baisser le salaire des fonctionnaires pour pouvoir embaucher des jeunes. En décembre 2010,
Capital dans son numéro bilan titre « un dragon qui crache toujours du feu » comme l’a montré la
récente réunion du G20 à Séoul : taux de croissance à nouveau à 6%, investissement dans les
infrastructures, la recherche, l’énergie renouvelable, dettes à 1/3 du PIB, déficit à moins de 4%
du PIB. Le salut passera par la Chine, LG dont les écrans plats inondent le monde vient de signer
un contrat avec Yangzhou, les téléphones Samsung concurrencent l’I Phone d’Apple. Areva vient
de se faire souffler par Kepco la construction de 4 réacteurs nucléaires à Abu Dhabi. Le PIB /
hab dépassera celui du Japon d’ici à 2030.
Taiwan n’a pas rebondi si rapidement : la croissance a reculé de 4,9% en 2009, mais a
augmenté de 9% en 2010. Le chômage avait grimpé à 6% environ, et elle essaie de faire face en
consolidant ses relations commerciales avec la Chine. Elle a prévu la signature d’un accord de
libre-échange avec Pékin (ECFA) pour faciliter les conditions d’implantation d’usines sur le littoral
chinois
(construction
de
composants
électroniques
et
informatiques
essentiellement).
L’augmentation du nombre de lignes aériennes entre la Chine et Taïwan provoque un afflux de
touristes chinois également. Mais son nouveau départ a été plombé par le cyclone Morakot qui a
fait plus de 654 morts. La Chine absorbe maintenant 40% des exports de Taiwan, ce qui permet à
l’île d’afficher un PIB/hab équivalent à celui du Japon.
Le modèle original de développement de Singapour : 2 page 209, 4 page 223 ; le
champion du monde 2010 de la croissance (+15% en 2010 ).
-l’économie de Singapour est internationalisée ; l’Etat a été fondé en 1819 et a tiré
avantage très tôt de sa position de détroit (Malacca). C’est un îlot de 600 km² , qui compte 4,5M
d’habitants. Elle devient indépendante en 1965 et à cette date se hisse au rang de « dragon ».
Son modèle de développement se fonde sur son profil d’Etat atelier, et lui offre une économie
prospère. C’est un modèle hybride caractérisé par un fort interventionnisme étatique et une
ouverture très libérale aux capitaux étrangers (surtout chinois, les Chinois constituant 75% de la
population de l’île, les descendants de Malais représentent 14% de la population, d’Indiens 9%...
Donc une population multiculturelle).
Singapour reste un régime autoritaire dominé avec la même famille régnante, la dynastie
ouverte par Lee Kwan Yew, fondateur du PAP en 1954 (avocat formé à Cambridge).
20
Mais surtout Singapour est le 4ème marché des changes dans le monde. La finance offre
75% des emplois et 80% de la production : 42 banques étrangères sont présentes sur son sol en
2009, 2X plus qu’en 2000, avec un CA total de 300 milliards de dollars selon Citygroupe en 2009.
Enfin, pour toutes ces raisons, Singapour apparaît comme un carrefour du commerce
mondial : son port a été à l’origine de son développement, mais maintenant il est concurrencé par
Rotterdam et surtout Shangaï (il a tout de même vu transiter plus de 22M de conteneurs en
2006). La ville-Etat est devenue une plate forme régionale (40% des exportations, puis
réexportations en direction des ports des pays voisins). Les exports concernent essentiellement
des produits électroniques et des hautes technologies (65% des exports correspondent à des
produits manufacturés). D’où une dépendance par rapport à la demande internationale.
Aujourd’hui développement d’activités de haute technologie (sciences du vivant à Biopolis,
ingénierie et physique à Fusionopolis, développement de la chimie et de la pharmacie). Le pays est
devenu le 1er producteur mondial de disques durs, le 3ème centre de raffinerie de pétrole au
monde.
Sa réussite est le reflet de son système scolaire : 99% d’obtention du bac sur les élèves
du secondaire, 98% de personnes alphabétisées pour seulement un budget de 3% du PNB ! 25%
seulement ont un diplôme d’études supérieures donc le système reste élitiste. 2 universités parmi
les 30 premières au classement de Shangaï avec un vivier de chercheurs (exemple du Sciences
Park de 150 ha qui accueille 20 000 chercheurs).
Le tout lui offre une croissance de 7,4% / an jusqu’à la crise et son PIB/hab ne cesse
d’augmenter, il est à 35 000$ / an aujourd’hui. Elle mise beaucoup sur la Chine avec laquelle elle a
signé un accord de libre échange en 2008, le commerce entre les deux pays pèse déjà plus de
49MM de dollars / an… Le Japon pèse également pour 25% des IDE totaux investis sur l’île. Donc
les relations sont essentiellement intra-régionales. 75% des flux commerciaux se font intraASEAN.
-limites principales : énorme concurrence de la Chine (le « speak mandarin », équivalent
du « globish » pour l’anglais, concurrence déjà l’anglais là bas) et concurrence croissante de la
Malaisie, du port de Kelang. Par ailleurs, le dynamisme du détroit de Malacca est pénalisé par le
fait que c’est une aire de piraterie. Un Etat particulièrement dépendant sur la question de l’eau,
puisque 50% de ses ressources en eau à l’heure actuelle viennent d’Indonésie et de Malaisie.
L’agriculture est quasiment inexistante avec une SAU qui représente 1,47% de la superficie
totale.
21
Celles liées à la crise : elle a été l’un des premiers pays touchés du fait de la prégnance de
la finance, avec un recul de la croissance de 3,3% en 2009 et un chômage de 3,2% environ. Mais
elle est sortie de la récession grâce à un ambitieux plan de relance de 10MM d’euros
d’investissements … Toujours de grands projets volontaristes comme l’aménagement de Marina
Bay Sands ouverte partiellement en 2008 (coût de 4MM d’euros).
⇒ La ville est en mutation permanente…
4)Et les autres NPI de la zone Asie-orientale ?
Parmi les autres pays ateliers, on distingue les NPI de 2ème et 3ème génération : ex du
Vietnam. Ces espaces produisent aussi des cadres de haut niveau et des services rares ( article
de l’Express sur le Vietnam) mais souffrent de profonds déséquilibres internes et de la rigidité
des structures communistes. Les écarts villes / campagnes et littoraux / intérieurs restent
forts.
« Toutes ont moins de 25 ans et un diplôme de management en poche. Ai, qui enseigne la finance
internationale, est décidée à créer, un jour , sa propre entreprise; en attendant, elle rêve de
décrocher une bourse pour l’étranger. Peut-être l’Irlande… Nhu, elle, est acceptée dans une
université américaine à partir de la rentrée prochaine. Khuê est plus hésitante. Elle a aussi envie
de partir, de préférence pour la Grande Bretagne ou l’Australie. Mais elle craint d’avoir ensuite
du mal à trouver un mari. « Ici, dit-elle, les garçons n’aiment pas les filles qui ont mené des
études trop brillantes. » Toutes les trois adorent se retrouver au Highland Coffee, un
établissement branché en face de la cathédrale, devant un milk shake et un jus de fruit. Sur le
marché du travail vietnamien, elles « pèsent » déjà bien plus que leurs parents. Avec un diplôme
obtenu à l’étranger, elles savent que leur salaire sera multiplié par trois ou quatre. (…) A Ho Chi
minh Ville comme à Hanoï, une nouvelle jeunesse urbaine se sent pousser des ailes. Le Vietnam,
qui a rejoint l’OMC le 11 janvier dernier, a enregistré depuis deux ans des taux de croissance
supérieurs à 8%, le plus fort de l’Asie derrière la Chine. Comme dans l’empire du Milieu, le Parti
communiste au pouvoir a sacrifié l’idéologie sur l’autel de l’efficacité. Et les investisseurs
débarquent en force (…). Dans le sillage de ces nouveaux riches émerge désormais, dans les villes,
une classe moyenne aisée (58% des Vietnamiens ont moins de 30 ans) avide de consommation et
curieuse de découvrir le monde. Certains de ces nouveaux cols blancs ont créé leur propre
société –le nombre d’entreprises privées a été multiplié par dix en six ans, avec un investissement
moyen de 123000 euros. Mais la plupart travaillent pour des firmes étrangères. Celles-ci ont
besoin de cadres qualifiés. Et elles rémunèrent de mieux en mieux. D.LAGARDE, « Vietnam - la
révolution des cols blancs », l’Express, 8 mars 2007, p72 sq ».
Le Vietnam reste l’un des espaces qui a le mieux traversé la crise avec une croissance de
5,2% malgré une chute de 14% des exportations sur les 8 premiers mois de l’année dernière. Et
ce grâce à un plan de relance fructueux de plus de 5,3MM d’euros. Son taux de chômage n’excède
pas 5% dans les zones urbaines mais les déficits budgétaires se sont creusés. Il doit temporiser
22
sur les réformes structurelles prévues de longue date par l’OMC : ouverture à la concurrence du
marché des télécommunications, grande distribution, lutte contre la corruption…
Si l’on fait une typologie du moins au plus développé, elle se présenterait ainsi :
Le Vietnam ad adopté un modèle communiste à la chinoise tout en cherchant à éviter de
devenir un satellite de la Chine, avec une croissance de près de 7%, mais un PIB/ hab qui ne
dépasse pas 3000 dollars. Le PC vietnamien a encouragé la libération de l’économie, ses atouts
restent agricoles et miniers cependant : riz, café, thé, pétrole, textile, produits de la mer ; ils
disposent d’une main d’œuvre nombreuse et peu chère, de mieux en mieux qualifiée, et le pays
prétend devenir une alternative à la Chine.
L’Indonésie est le quatrième Etat le plus peuplé de la planète, 17% des hommes y vivent
misérablement avec moins de 1,25 dollar par jour, principalement dans les campagnes agricoles.
Elle tire des rentes de ses formidables ressources agricoles (huile de palme, cacao, café, riz,
maïs) et minières (pétrole, gaz, charbon, bauxite, nickel, cuivre). C’est l’un des pays les plus
vulnérables car ses 17 000 îles se trouvent sur la ceinture de feu du Pacifique avec ses vvolcans
très actifs (Mérapi). Sa croissance forte représente probablement un fardeau qui grève son
développement, mais fournit une main d’œuvre à bas coût pour des industries chinoises ou
japonaises (ou coréennes) désireuses de se délocaliser. Sa croissance dépasse de ce fait les 6%
/an et son principal pb demeure l’héritage de Suharto.
La Thaïlande a la plus forte croissance de la zone pour les pays du sud, plus de 8%. Les
pbs sont surtout politiques (coups d’Etat) car les finances sont saines : le tourisme et les
finances sont les deux piliers de cette croissance.
La Malaisie a elle une main d’œuvre mieux formée, et un PIB / hab 3X supérieur , un réel
potentiel centré sur le bois et l’électronique (composants, disques durs, ordinateurs,
climatiseurs…). Un plan de près de 70MM de dollars a été décidé après la crise pour renforcer la
compétitivité du pays en RD et améliorer ses infrastructures (autoroutes, centrales électriques,
complexes universitaires). Les habitants d’origine malaise conservent des privilèges sur la forte
minorité chinoise, plus productive pourtant (quotas d’emplois notamment). Le modèle suivi est
encore le modèle occidental.
II-POURQUOI
PEUT-ON
EFFECTIVEMENT
PUISSANCE ASIATIQUE ?
23
PARLER
D’UNE
AIRE
DE
1-Quelles sont les spécificités de l’espace de l’Asie orientale ?
L’aire asiatique s’étend entre le 45° parallèle nord et l’équateur (Indonésie). C’est la
façade occidentale du Pacifique, un ensemble d’îles et d’archipels au niveau des îles bordières du
Pacifique : mer du Japon autour de la Chine et du Japon, mer de Chine (est et sud de la Chine),
mer jaune entre Corée et Chine, … Des civilisations de la mer donc, la mer étant à la fois un
espace nourricier et un espace d’échanges.
Un espace de subduction (plaque pacifique sous plaque asiatique) qui explique la
formation de guirlandes insulaires, mais aussi l’étroitesse des plaines littorales et l’importance
des chaînes de montagne. Cette subduction est également à l’origine d’un double danger : séismes
(700 000 morts dans le Tongshan en 1976) et volcanisme (Japon, Indonésie, Philippines). Tout
cela explique l’extrême littoralisation et la maritimisation du peuplement.
Un espace climatique varié avec les différences de latitude mais marqué par le climat
général de mousson. Les plaines littorales sont arrosées mais avec néanmoins des variantes
importantes : on va du tempéré froid (Chine, Corée) au climat tropical indochinois, en passant par
le tempéré humide (nord du Japon), le subtropical (sud du Japon)… ces différences expliquent la
variété des cultures de céréales : riz, blé, thé… Mais surtout ces disparités entraînent une
véritable violence climatique (inondations, cyclones tropicaux ou typhons…)
⇒ un espace fragile, une fragilité constamment aggravée par l’anthropisation.
2-Quelles sont les caractéristiques du peuplement de l’Asie orientale ?
Le rôle des influences culturelles :
Cet espace asiatique est fortement marqué par l’influence chinoise. Constitué dès le 3°
siècle avant notre ère, l’empire chinois a pu diffuser certains traits de sa civilisation en Corée et
au Japon par la conquête et les échanges (usage des baguettes, écriture idéographique, culture
du riz, plan des villes princières ou impériales, confucianisme et bouddhisme)
Rôle de Confucius : philosophe chinois des 6-5° siècle, idéal d’amitié et d’équité fondé sur
le patriarcat, la soumission aux anciens, aux supérieurs et à l’Etat dans le respect des
hiérarchies, culte des ancêtres, du passé et de la tradition. Cette pensée aboutit à un ordre
24
moral que le philosophe souhaite calquer sur l’ordre naturel, d’où un goût pour l’équilibre, la
modération, la conciliation, le respect des bonnes mœurs, la hiérarchie familiale et sociale. Ce
système repose sur le partage, la distribution à l’intérieur de la famille ou du groupe. Entre tous
les espaces partageant la philosophie se nouent des liens de solidarité et d’entraides forts, qui
préfigurent les réseaux commerciaux d’aujourd’hui (flux d’infos, de biens, de personnes). Les
conséquences sont aussi sociales donc : abnégation, sacrifice pour le groupe, … le confucianisme a
aussi largement influencé le Japon et la Corée.
Importance du bouddhisme : il se développe à la même période (6° avant JC) autour de
Mahayana, lui-même adapté de l’héritage indien (Siddharta Gautama) et plus ancien que le
confucianisme. Il pousse au dépassement des contingences matérielles et de la souffrance, à
l’oubli de soi comme condition de la connaissance de soi, à l’acceptation résignée de la mort et à
l’anéantissement dans le nirvana.
25
Docs 2 et 3 page 203 : Ces idées sont véhiculées par les migrants, et la diaspora
chinoise a joué un rôle absolument déterminant hier comme aujourd’hui : 35 M de Chinois
dispersés dans le monde dont 25M dans le SE asiatique ou dans les pays pacifique (Singapour,
Malaisie, Thaïlande, Indonésie, Vietnam, Cambodge). Les Chinois représentent 30% de la
population malaise, 77% de la population de Singapour. Ils sont originaires de la Chine du sud pour
la plupart, et se caractérisent par un fort attachement à leur patrie et à leur famille restée au
pays, ils connaissent généralement une belle réussite économique dans leur pays d’adoption. Ils
ont souvent un rôle économique de premier plan : les Chinois d’outre-mer seraient à l’origine de
70% des entreprises à capitaux étrangers en Chine.
Mais la création précoce d’Etats-nations a favorisé l’émergence d’identités nationales
et culturelles fortes ; le Japon est constitué en Etats dès le 7ème siècle et a alterné des phases
de retrait et d’ouverture. La Corée est un Etat unifié depuis le 7ème siècle jusqu’à son annexion
par le Japon en 1910. Si les Etats d’Asie orientale ont bénéficié d’apports de migrants chinois,
26
puis de ceux des Occidentaux après le 16ème siècle, les sociétés ont pu préserver leurs
spécificités culturelles.
Au 19ème siècle, les Japonais réclament leur part du gâteau chinois que veulent se partager les
puissances coloniales européennes. Les Chinois doivent concéder aux Japonais le protectorat sur
la Corée : la lutte contre l’occupant japonais a d’ailleurs été une des clefs de voûte du
nationalisme chinois.
Doc 1 page 205 : les tensions géopolitiques restent importantes à cause de ce passé : Corée du
nord, junte birmane, question tibétaine, faiblesse de la tradition démocratique à Singapour.
Le rôle des fortes concentrations humaines.
L’Asie orientale est le principal foyer de peuplement de la terre. La Chine littorale, la
Corée du sud, le Japon, Taïwan et Singapour rassemblent environ 740M d’habitants en 2003, soit
12% de la population mondiale. Leur fin de transition démographique fut plus tardive mais plus
rapide qu’en Europe, grâce à de vigoureuses politiques de limitation des naissances. Le lien entre
démographie et dynamisme économique est très complexe pour ces pays.
Néanmoins, la répartition de la population est très inégale : le peuplement est
majoritairement urbain au Japon (80%), en Corée du sud (80%), à Taïwan (80%), à Singapour
(100%) et dans 6 des 14 unités administratives de la Chine littorale (moyenne nationale 31%). On
relève la présence d’immenses concentrations urbaines comme Tokyo ( 30M hab), Séoul (22M), la
conurbation Osaka-Kobé-Kyoto, ou Shanghai, et une cinquantaine d’aires urbaines concentrant
plus de 1M hab.
Attention car les densités rurales sont également très fortes : les hommes se sont
concentrés dans les plaines littorales dans le cadre du développement de l’agriculture irriguée.
Les facteurs des fortes densités :
Le poids de l’agriculture, ou plutôt surtout de la riziculture irriguée dans la
concentration de la population est primordial. Souvent ces sociétés se sont organisées en Etats
ou en communautés villageoises qui se sont imposées de fortes contraintes collectives (voir les
héritages culturels ci-dessus). C’était une exigence pour la sécurité alimentaire et il a fallu pour
cela maîtriser la distribution et l’approvisionnement en eau. D’où le développement précoce d’une
agriculture intensive grâce à l’irrigation, pour obtenir des rendements élevés et nourrir une
population croissance. Le travail sur l’eau a également permis l’élimination de maladies parasites.
27
Un espace en voie d’assagissement démographique par rapport au reste du Tiers
Monde:
Le Japon a volontairement stabilisé sa croissance (lois eugéniques de 1948) d’où un
vieillissement démographique. La Chine, la Corée du sud et Taiwan ont achevé leur transition
démographique par des politiques contraceptives extrémistes qui les poussent aujourd’hui à une
« inertie » démographique.
Par contre, l’Indonésie, les Philippines, la Malaisie, le Vietnam
maintiennent une forte fécondité, la population est majoritairement jeune.
3-Dans quelle mesure l’unité de cette aire repose sur la réussite économique des différents
espaces ?
Les aspects du dynamisme économique :
manière décalée dans le temps et dans
l’espace. L’Asie orientale est la troisième
aire de puissance de la planète, derrière
l’Amérique du nord et l’UE, grâce à une
croissance
économique
récente
et
spectaculaire : 21% du revenu mondial, 25%
des exportations de marchandises, 20% des
exportations de services, et cette région
reçoit une part croissante des IDE, ce qui
contribue à en faire un des grands ateliers
manufacturiers
parfaitement
La croissance est spectaculaire depuis la fin
du
monde.
intégrée
à
Elle
la
est
division
internationale du travail. Aujourd’hui, le PNB
des années 1960 et ce jusqu’à la fin des
total de cette aire compte pour 7000 MM
années 1980, avec des taux de croissance
$!
impressionnants dans cette région mais de
Ce dynamisme progresse par étapes : il fut tel qu’on a parlé d’un modèle de
développement : à propos des dragons et des tigres on a pu parler de « miracle économique »,
face à un modèle de croissance extravertie, partie du Japon dans les années 1950 et qui s’est
diffusée progressivement : vers les dragons dans les années 1970, vers les bébés tigres après
1975, vers la Chine après 1985.
28
1°/d’abord une phase de modernisation politique et sociale, puis une phase de boom
économique au Japon à la fin du 19ème siècle, sous le règne de Mitsuhito (ère Meiji 1868-1911). Le
pays reçoit l’aide des Etats-Unis pendant la guerre froide et connaît une phase de « haute
croissance » de 1955 à 1975 (plus de 10% d’augmentation annuelle du PIB). Elle devient la
seconde puissance économique du monde, et ses habitants bénéficient d’un haut niveau de
développement.
2°/La Corée du sud, Hong Kong, Singapour et Taiwan entrent en scène à partir des années
1960, on parle alors des « quatre dragons » : leur industrialisation est rapide. Ce sont alors
essentiellement des pays ateliers pour des entreprises nationales renommées et pour tout ce qui
concerne les productions de biens et de services.
3°/ l’essor de la Chine est plus tardif, conditionné par la fin de la politique de Bond en
avant voulue par Mao (modernisation des campagnes) et le choix d’une économie mixte sous Deng
Xiaping. Depuis le début des années 1980, son PIB augmente de 8 à 10% tous les ans, si bien que
le pays accède au rang de 4ème puissance économique mondiale en 2004.
Les facteurs du dynamisme : les échanges commerciaux et les IDE
Le dynamisme de ces régions a longtemps reposé sur la stratégie du « vol d’oies
sauvages » en 4 étapes (défini pour le Japon par le professeur Hakamastu) : on importe un
produit. On industrialise en produisant soi-même l’ancien produit importé (substitution
d’importation). On exporte le produit ( moins cher), puis on délocalise soi-même sa production en
diminuant en parallèle sa production nationale.
29
Le développement de ces espaces tient au passage d’une industrialisation par
substitution d’importations à une industrialisation par promotion d’exportation. Dans le
premier cas, les bénéfices dégagés dans les cultures de rente (ex café et cacao en Amérique
latine) sont réinvestis dans des secteurs industriels légers produisant des biens de consommation
non durables (produits textiles à base de coton local) pour les consommateurs nationaux.
L’activité
démarre
modestement.
Une
fois
enclenché,
et
accompagné
de
mesures
protectionnistes, le processus doit permettre de remonter la filière industrielle : on ne produit
plus du textile de base mais des biens d’équipement (métiers à tisser, machines agricoles,
industries lourdes…). Mais après un décollage facile se pose le problème d’un essoufflement
rapide lié au protectionnisme et à l’absence de concurrence. Globalement ce modèle atteint très
vite ses limites. A partir de la fin des années 1960, ces NPI veulent remplacer les exportations
de produits primaires (agricoles, miniers…) par des exportations de produits manufacturés ou
primaires élaborés. Dans ces pays dépourvus d’expérience industrielle, le processus s’amorce
dans les industries textiles et la confection, car ces branches ne requièrent ni une main d’œuvre
qualifiée, ni une technologie avancée. Dans tous les pays ensuite se produit une évolution vers les
industries mécaniques, la construction électrique, l’électronique de loisirs. Les effets positifs
sont nombreux : diversification des exportations qui permet de s’affranchir de l’effet des
fluctuations de cours des produits bruts. Les entreprises commencent à réaliser des économies
d’échelle. L’ISE substitue à l’ancienne division internationale du travail (produits bruts / produits
manufacturés ) une nouvelle (produits innovants / autres produits manufacturés).
30
Les échanges commerciaux jouent de fait un rôle capital : les IDE ont explosé ;
aujourd’hui le modèle des oies sauvages n’est plus pertinent pour rendre compte de la diffusion
de la croissance. Les activités et les échanges ont connu des glissements successifs. Un nouveau
modèle est apparu dans les années 1990, dite du « circuit intégré » : on a raccourci les cycles
technologiques si bien que l’évolution par génération de produits a cédé le pas à un découpage des
produits selon la nature des opérations : on dissocie recherche-développement, production des
composants sophistiqués, production des composants simples / assemblages ; la nouvelle division
internationale du travail a bouleversé la donne. Cette évolution a été conditionnée par la chute
des coûts de transport et de télécommunication, par la globalisation qui provoque la recherche de
sources de main d’œuvre peu rémunérées mais de plus en plus qualifiées, et de nouveaux marchés
de consommation.
La localisation des activités fait écho à une nouvelle organisation régionale : des pôles
qui de plus en plus souvent correspondent aux villes mondiales polarisant les flux, et reliés à des
périphéries diverses. La mise en réseaux des pays d’Asie orientale a provoqué l’explosion des
échanges dits de composants alors que l’Asie de l’est se transforme en un ensemble d’ateliers
très spécialisés avec un double avantage compétitif :
1°/un effet de proximité entre des zones de développement inégale et donc complémentaires (ex
Hong Kong + Chine du sud)
2°/ un effet de concentration dans des bassins industriels très dynamiques comme les zones très
dynamiques créées récemment à Taiwan.
3°/ Doc 3 page 225 : Naissance et organisation de coopérations transfrontalières (Mindanao
entre les Philippines et l’Indonésie, Medan entre la Thaïlande et la Malaisie)
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4-Quelle est l’importance des façades maritimes ?
Les évolutions des activités portuaires :
Aujourd’hui cette aire compte 20 des 30 premiers ports mondiaux : Shangaï, Singapour
(2ème), Guangzhou (4ème), Tianjin (5ème ), Hong Kong, nb ports japonais bien classés. En 2006, en
cumulant ses trois ports, Tokyo était premier.
La mise en valeur des littoraux et le développement des façades maritimes est lié à
l’essor des flux internationaux et intra-régionaux, à l’extraversion des économies de la région. Le
bateau est le mode de transport le moins coûteux, il est particulièrement adapté dans une région
où la mer est omniprésente. La révolution de la conteneurisation (Mac Lean, années 50) a permis
un gain de temps et d’argent considérable.
Les quais ont été aménagés : ils sont plus longs en eau profonde, équipés de grues et de
portiques spécialisés pour la manutention à très grande vitesse ( 1 minute par boîte). Le mode de
transport est lié à la nature des marchandises transportées, particulièrement intéressant pour
les produits manufacturés de grande consommation. Les pays d’Asie orientale concentrent 43%
du trafic conteneurisé dans le monde. Hong Kong, Singapour et Kaohsiung (Taiwan) sont les 3
premiers ports à conteneur dans le monde.
Le commerce n’est pas la seule activité dynamique dans ces ports : il faut aussi armer les
navires qui rendent possibles ce commerce : Corée, Chine et Japon représentent 90% des
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constructions navales au monde, et L’Asie orientale dispose de très grandes firmes d’armateurs
de bateau : le taïwanais Evergreen, le Chinois Cosco, le coréen Hyundai par exemple.
Les ports qui se développent le plus sont ceux qui sont situés à proximité des détroits
(Singapour). Ils sont souvent l’objet d’une politique volontariste de développement (Pusan,
Shanghai). Ceux qui sont privilégiés sont ceux qui permettent de faire tourner l’économie à
moindre coût : les ports japonais ont tendance à stagner alors que les ports chinois et coréens se
développent en raison de faibles coûts de manutention.
Les traductions spatiales de la littoralisation
Les ports maritimes sont des points de rupture de charge et d’énormes zones
industrielles : baie de Tokyo, Kobé, Singapour… Ce sont des lieux privilégiés de transformation de
produits importés par voie maritime, et des lieux privilégiés d’implantation pour toutes les
industries tournées vers l’exportation.
Ces ports ont vu émerger des zones franches et sont devenus de véritables zones
industrialo-portuaires. Cette stratégie de franchisation est constante : défiscalisation qui attire
des capitaux étrangers avec des entreprises de type joint-venture (association d’une entreprise
locale et d’une entreprise étrangère en vue d’un projet de recherche ou de production en
commun) qui permettent à chaque partenaire d’y trouver son compte. La société étrangère
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apporte ses capitaux et sa technologie au pays hôte le pays hôte offre des coûts de production
remarquables (défiscalisation, bas coût de la main d’œuvre) et ouverture sur son marché
intérieur à ses partenaires. Ce fut une orientation décisive pour la Chine littorale. En Chine, à la
fin des années 1970 se sont multipliées les zones économiques spéciales (ouverture planifiée
voulue et décidée par l’Etat avec des avantages fiscaux considérables pour les investisseurs
étrangers). Les IDE sont souvent concentrés dans les régions côtières et proviennent souvent de
Chinois d’outre mer ; ils concernent des secteurs à technologie avancée (ex Schenzen ).
De véritables métropoles portuaires sont nées : les villes littorales sont parmi les plus
importantes du monde et les mieux intégrées aux réseaux internationaux (Shanghai, Tokyo,
Osaka, Kobé). L’urbanisation est sortie renforcée des activités portuaires et industrielles, les
métropoles littorales jouent aujourd’hui un rôle d’interface vers le monde. Les ports maritimes
sont de vastes plates-formes multimodales. Les grands aéroports se confondent souvent, enfin,
avec les grands ports maritimes : Tokyo est le second aéroport mondial, suivi de Séoul, Hong
Kong, Singapour.
Limites et déséquilibres liés à cette littoralisation
Un développement littoral souvent mal maîtrisé : problème de saturation, de congestion,
milieux très artificialisés (terres pleins conquis par la mer), risques environnementaux élevés
(fortes pollution de l’air, de la mer, des eaux fluviales, de la fragilité face à certains cataclysmes
naturels).
Des déséquilibres régionaux accentués entre les territoires :
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-les littoraux sont privilégiés :
Régions industrielles de la Corée, à Pusan et Ulsan
Mégalopole japonaise qui concentre 63% de l’industrie nationale et produit plus de 30% de
richesses en plus que le reste du pays.
La Chine littorale cumule 41% de la population et tout le potentiel industriel et commercial de la
Chine.
-intérieur défavorisé : flux de main d’œuvre de l’intérieur vers les zones littorales,
surtout en Chine (population flottante de plusieurs millions de personnes, les Mingong), les
capitaux se concentrent sur le littoral et délaissent l’intérieur qui évolue peu, ou à des rythmes
beaucoup plus élevés.
-recentrage récent vers les périphéries : le développement littoral profite forcément à
l’intérieur.
La zone de Shenzen embauche des salariés venus de l’intérieur, alimente des flux de capitaux
vers l’hinterland, délocalise certaines productions à l’intérieur des terres) .
Shanghai veut étendre sa puissance le long de Yangzi (la queue du dragon). Des efforts ponctuels
de rééquilibrage au profit de l’intérieur.
La Chine a vu le développement du Sichuan et du Hénan le long du Yangzi avec le barrage des
Trois Gorges. Mais les activités crapuleuses aussi se sont développées autour de la grande ville
de Chongqing : elle est devenue la ville des triades, qui a étendu son emprise sur le secteur
immobilier et les cosmétiques par exemple, contraignant les autorités à mener des campagnes
anti-corruption. Volonté de développer les périphéries lointaines pour contrôler les minorités
notamment au Tibet et éviter les risques d’éclatement du pays.
Au Japon, développement du nord de l’archipel et du Japon de l’envers pour réduire les
déséquilibres.
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