
La contribution du sec-
teur santé à la réduc-
tion des dépenses publiques,
voulue par le gouvernement
(50 milliards d’euros sur trois
ans) au nom des critères de
Maastricht (3 % de déficits
publics), portera sur 10 mil-
liards, que devra trouver l’as-
surance-maladie d’ici 2017.
Le détail est pour ainsi dire
déjà connu : le médicament
contribuera au plan pour 3,5
milliards, via des baisses de
prix et un encouragement à
délivrer davantage de géné-
rique ; l’hôpital est prié de
développer la chirurgie am-
bulatoire (1 milliard d’écono-
mies attendue sur les 2 milliards que devra
trouver le secteur hospitalier en gérant
mieux ses achats). L’accent sera égale-
ment mis sur une « « meilleure coopéra-
tion entre la ville et l’hôpital » pour soigner
les Français « davantage en proximité ».
Il faudra par ailleurs mieux soigner « en
évitant les actes inutiles ou redondants ».
Des listes de médicaments recommandés
établies par les médecins seront diffusées,
pour chaque spécialité, « afin de faciliter la
qualité de la prescription ». Enfin, « pour
parvenir à 10 milliards, le gouvernement
prendra des mesures de lutte contre la
fraude », a déclaré Marisol Touraine le 24
avril dernier.
Ce catalogue de mesures suffira-t-il à faire
reculer les dépenses de santé portées au
remboursement des caisses maladie ?
Rien n’est moins sûr si l’on sait que les dé-
penses de santé augmentent chaque an-
née selon une « pente naturelle » de 4 %.
Le gouvernement a, par avance, fait sa-
voir qu’il présentera au parlement, à l’au-
tomne, un projet de loi de financement de
la Sécu pour 2015 qui inscrira un objectif
national d’évolution des dépenses rem-
boursées de 2 %. Autant dire que face au
vieillissement de la population et aux mala-
dies chroniques, qui ne ralentissent pas,
il faudra d’autres mesures pour atteindre
ces 10 milliards d’économies dans la san-
té. Le Collectif interassociatif sur la santé
(CISS) a, de son côté, exprimé son scep-
ticisme face à ce nouveau plan, estimant
que « des économies d’un tel montant et à
un tel rythme reposent inévitablement sur
des innovations organisationnelles et des
modifications de pratiques ». Modifications
qui prendront inévitablement du temps !
Aussi le Collectif souhaite-t-il que les as-
sociations de patients soient associées
aux choix opérationnels qui seront opérés
dans la santé.
Télé-surveiller ou mieux
accompagner ?
La téléobservance des malades apnéiques
du sommeil était jeudi 24 avril au centre
d’un colloque organisé par « l’Alliance
des acteurs de la pression positive conti-
nue » - soit des fabricants de matériel et
certaines associations de prestataires
(1).
La manifestation donna lieu à quelques
passes d’armes entre partisans de l’arrê-
té du 22 octobre sur la télé-surveillance
des malades apnéiques
(2) et opposants
au texte suspendu par le Conseil
d’Etat en février dernier, auxquels
appartient la FFAAIR. Claude
Rambaud, présidente du CISS,
a souligné la « double injustice »
introduite par ce texte, « qui trans-
fère la responsabilité de l’obser-
vance sur le patient, qui a plutôt
besoin d’être aidé et accompa-
gné » et qui laisse de côté la né-
cessaire éducation des malades
à leur appareillage. « La pression
n’a pas été mise sur le patient,
mais sur les prestataires, dont
certains ne s’occupent pas cor-
rectement de leurs patients », lui
a répondu André Tanti, président
du Comité économique des pro-
duits de santé (CEPS). « L’objectif
comptable n’a pas été de « débrancher
» les patients, mais de réduire le prix du
patient observant », a ajouté ce dernier,
en soulignant que la prise en charge des
600 000 malades apnéiques du sommeil
coûte annuellement 550 millions d’euros
à la Sécu et aux Mutuelles. Le président
de la FFAAIR a rappelé que la fédération
se bat depuis 1998 pour que les malades
soient observants – elle l’a même inscrit
dans sa Charte du malade pris en charge
à domicile par un prestataire. Convaincu
qu’il faudra poursuivre les débats sur le
sujet, Alain Murez a demandé à ce que
l’on révise dans le futur texte la durée
d’utilisation des appareils, que l’on réduise
le délai de suspension de la PPC en cas
d’usage insuffisant de la machine, que
l’on réintroduise fortement le médecin
dans la boucle et enfin que davantage
d’éducation thérapeutique soit délivrée
aux malades à l’avenir. Affaire à suivre.
Jean-Jacques Cristofari
(1) « Téléobservance et parcours de santé : quels
enjeux », colloque qui s’est réuni à la Maison de
la Chimie, à Paris.
(2) Cf. le numéro spécial de la Voix des Air (n° 35)
consacré au sujet.
Sécu :
Quel plan santé pour les patients
en 2014 ?
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•ACTUALITÉ SANTÉ
Le gouvernement a annoncé un plan drastique d’économies sur l’assurance-maladie de 2014 à 2017.
La FFAAIR attend de son côté la décision du Conseil d’Etat relative à la téléobservance.
Alain Murez (au centre) et le Dr Yves Grillet (à d.) de la FFP.