M- \)I^}V. OF ^-^^-^ /i 0^ Digitized by the Internet Archive in 2010 witii funding from University of Toronto Iittp://www.arcliive.org/details/moliristerevue04pari LE MOLIÉRISTE QUATRIÈME ANNÉE •"• rni)&' QUATRIÈME ANNÉE LE MOLIÉRISTE %EVUE MENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. Campardon, J. MM Claretie, F. Coppée, V. Fournel, : J. Guillemot A. HoussAYE, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Livet, J. Loiseleur , L. Molakd Ch. , Monselet, E. Noël, Picot L. de la Pijardière, F.- P. Régnier, Ch. de la Rounat, F. Sarcey, Dr H. Schweitzer, Ed. Thierry, E. Thoinan, A. Vitu, etc. Ch. Nuitter , E. , PAR Georges MON VAL ARCHIVISTE DE LA COMÉDIE FRANÇAISE PARIS LIBRAIRIE TRESSE 10, GALERIE DU THEATRE FRANÇAIS, 10 1883 ^b\. ^0 QUATRIÈME ANNÉE NUMÉRO 37 AVRIL 1882 LE MOLIÉRISTE %EVUE MENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. Campardon, A. HoussAYE, J. J. Claretie, F. Coppée, V. Fournel, : J. Guillemot, Paul Lacroix, H. de LAPOhLMERAYE, Ch. LOISELEUR, Ch. MM L. Nuitter , MOLAN'D E. Picot F.- P. Régxier, Ch. Ch. , , L. MoNSELET de la , E. Livet, NoEL Pijardière, de la Rounat, F. Sarcey, Dr H. Schweitzer, Ed. Thierry, E. Thoinan, A. Vitu, etc. par Georges MON VAL ARCHIVISTE DE LA COMEDIE FRANÇAISE PARIS LIBRAIRIE TRESSE 10, GALERIE DU THEATRE FRANÇAIS, 10 1882 SOMMAIRE DU NUMÉRO XXXVII QUATRIÈME ANNÉE LES TOMBEAUX DE MOLIÈRE ET DE LA FONTAINE, présenté au Comité des Inscriptions parisiennes. rapport — G. Monval. CORRESPONDANCE. — Paul Lacroix. MOLIÈRE ET L'ÊDIT DE NANTES. — H. Moulin. UNE QUESTION DE DROIT A PROPOS DE TARTUFFE. — Ch. Livet. PAPILLON PARENT DE MOLIÈRE. — E. PETIT QUESTIONNAIRE Wasili Teploff. BIBLIOGRAPHIE. — Du Monceau. BULLETIN THÉÂTRAL. — Mondorge. : Thoinan. — Claretie. J. LE PRIX D ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN POUR TOUTE LA FRANCE UN NUMÉRO On s'abonne français, 2, place tions, : — ÉTRANGER, I 3 FRANCS. UN FRANC 50 CENT. du Théâtre M. G. Monval, manuscrits, communica- à la librairie Tresse, io, Galerie ou par mandat sur la poste adressé de Vintimille, auquel demandes lettre affranchie. et les à réclamations devront être envoyés par LES TOMBEAUX DE MOLIÈRE ET DE LA FONTAINE Rapport présenté au Comité des Inscriptions Parisiennes (Séance du Mercredi 28 décembre 1881). Messieurs, Chargé par velles les sous-commissions des Inscriptions nou- d'exécution réunies et des tombes de Molière et de La Fontaine, de vous présenter d'abord que de question Le mardi 21 nuit, de restauration projet pensable la au Comité soumettre de quelques observations relatives au le crois indis- je résumé histori- : février 1673, MoHère était au cimetière Saint-Joseph, aide de la inhumé, de paroisse Saint- Eustache. Le 14 avait » 1695, La Fontaine, avril demandé « dans le Molière avait vet, quoique selon Cailhava, que ses reliques fussent déposées dans tombeau où reposaient terré qui, celles de son ami, » cimetière Saint-Joseph, « à l'endroit été mis 22 ans auparavant, l'acte d'inhumation fut le en- même où » dit l'abbé d'Oli- du FabuHste désigne LE MOLIÈRISTE 4 formellement comme de sépulture lieu le Cimetière des Inno- cents. Mais admettons, avec que La Fontaine la tradition, ait été enterré à côté de Molière. Dans quelle nous la terre, du cimetière St-Joseph placerons- partie grande tombe de pierre, élevée d'un pied hors de que veuve de Molière y avait la milieu du cimetière, Titon du » où une croix, » dit adressée à l'abbé lettre assisté porter du Parnasse l'auteur encore en 1732; Tillet, la voyait personne qui avait fait ? « Au français, au pied de « la Boy vin par une aux funérailles de Molière. Mais un autre témoin oculaire, ancien chapelain de St-Joseph, prétendait que tombe, mais ce pas sous cette dans un endroit plus éloigné, attenant à maison du chapelain, la le « et c'est sur cette indication les fouilles furent pratiquées, loin, lors de comme nous le que verrons plus suppression du cimetière St-Joseph. la Autre version l'on en croit Y Essai si : De La Borde de corps n'était (i) sur la Musique on creusa, vers 1750, dans le cimeles deux cercueils, qu'on une fosse où l'on trouva tière, transporta dans l'église « A quoi où ils étaient encore en 1780. » M. Paul Lacroix répond que les cercueils avaient été remis à leur place primitive entre 17806! 1792, ce qui s'accorde peu avec On sés, peut dans lire les le le Magasin encyclopédique de Millin procès-verbaux qui tome VIII du Musée des d'Alexandre Lenoir (p. 161 à 172) (i) (2) 1780, in-4, 3e t. année, an IV, V p. : furent alors Monuments français Molière fut exhumé 252. (1797), tome II, (2), dres- page 548. LE MOLIERISTE le 5 6 juillet 1792, en présence de deux commissaires de la du section et vicaire Fleury pas au pied de mais exhumé que cinq mois fut au pied de et pris « En présence de la croix » cimetière, de ces déplacements successifs, que ou contradicne nous grand hasard c'est exhumées en 1792, des cendres de ces grands après, le 21 ! tant d'indications vagues pas permis de dire dépouilles non ses restes, non pas au milieu du la croix, La Fontaine ne toires, et on chercha d'une petite maison située à l'extrémité. » « près novembre, ; se trouvait il hommes pour vous de vouloir bien écarter tout d'abord prier. Messieurs, les une parcelle et c'est ? est-il dans si, la question d'authenticité qu'il m'a paru nécessaire de vous rappeler qu'ici la tradition était constamment démentie par les textes. Cette question^ d'ailleurs, mémoire, très secondaire ? C'est la grands hommes, partie de l'égHse de Corneille, le ne vous semble-t-elle pas et non la poussière des convient d'honorer. qu'il Dans St-Roch retrouver aujourd'hui marbre placé sur le piHer des remontant pas au-delà de l'année 1821 ? quelle restes les orgues ne De même pour Racine, inhumé à St-Etienne-du-Mont, dans un endroit très éloigné peut-être corps de Shakespeare une église repose de campagne; à Stratford-sur-Avon, dans son véritable tombeau qu'un cénotaphe, mais élevé à Westminster, dans ture des Rois — Le de sa plaque commémorative. la n'est sépul- ! Nous ne pensons donc tarder davantage à cette pas que le Comité doive puérile question s'at- d'authenticité, LE MOLIÈRISTE 6 qui ne saurait rigoureusement résolue que par être la négative. Tout que c'est conservés aujourd'hui au cimetière d^ restes « les permis d'affirmer, strictement ce qu'il est » Père-Lachaise sont bien ceux exhumés en 1792, et que » l'on reconnut à cette » Molière En « effet, et date, à La Fontaine. pendant sept ans, mis en caisses tort ou à restes, les étiquetés, furent » et raison, bord dans un caveau de chapelle la soigneusement abandonnés, d'a- En octobre 1798, il fut question puis St-Joseph, dans un grenier^ au-dessus du corps-de-garde de tion. être » la sec- de transférer les cendres de Molière à l'école centrale de Panthéon, celles de La Fontaine à Técole donna pas centrale des 4 Nations : on ne deux corps continuè- suite à ce projet, et les rent à rester privés de sépulture. Une Lenoir, que notre collègue lettre d'Alex. M. J.-J. Guiffrey a bien voulu nous communiquer, appelait sur ce l'attention fait Neufchâteau, leur du ministre de et, translation date du 22 mars à la à l'Elysée fit din, avec les restes de de François 1799, demandait Musée des Monuments du français, qu'il venait de créer. 16 avril suivant, les l'intérieur, Un arrêté du Directoire, du transporter, le 7 mai, dans ce jar- Turenne, et des monuments leur furent élevés. A fet la de suppression du Musée, en 1817, un arrêté du pré- la Seine, M. Chabrol de Volvic, fit transporter au cimetière de l'Est, les restes le 6 mars, les sarcophages le 2 mai suivant. M. Anatole de Montaiglon vous a rendu compte, Mes- LE MOLIERISTE sieurs, dans la précédente séance du Comité, de que nous avons dernier, par la au Père-Lachaise, faite M. de Montaiglon, M. Mareuse Nous avons constaté, Messieurs, à la vérité, aucunement méritaient pitoyables, (i) 22 novembre et moi, délégués serait porté à leur mémoire; l'état, à notre les deux tombes mais ne les épithètes d' « affreuses monuments, » et de La Fontaine de- nul plus que nous et en accorder d'exceptionnels nos prétentions sont modestes, place et en (jue quelques réparations, Certes, Molière et » vraient avoir d'autres ne la visite le sous-commission des Inscriptions nouvelles. réclamaient, « 7 c'est ; mais si qu'on ne pourrait, sur leur élever des tombes dignes de leur humble monument avis, le de Molière de La Fontaine doit ou dépasser absolument tous ceux et entraînerait, outre l'exhumation et le du voisinage (ce qui déplacement, des travaux et des dépenses considérables), ou demeurer modeste, comme qu'on a longtemps appelés le « il convient assez Bonhomme » et le à « ceux Contem- plateur. » En 1822, française le sculpteur 70,000 fr. Mansion demandait à pour un projet qui ne la Comédie fut pas accepté. faudrait dépenser le double aujourd'hui; et tout l'effort Il de n'atteindrait l'artiste pas peut-être à la simple élo- quence de ces deux noms gravés à côté l'un de D'ailleurs^ avons tout un de nos honorables lieu l'autre. collègues, que nous de croire bien informé (2), ayant déclaré à la sous-commission (1) Lettre et note de (2) M. Castagnary. des Inscriptions M. Hérold, nouvelles que préfet de la Seine. le LE MOLIÈRISTE 8 Panthéon serait bientôt mes, nous avons pensé rendu au culte des grands homqu'il n'y avait pas lieu maintenant de dispositions titre provisoirCy nies auxquels Cinq les ils monuments pierres, placées mieux remplir actuels plus dignes des gé- en arrière des tombeaux, parais- celle nous a semblé qu'on ne il : du milieu, qui sorte de trait d'union entre les et non seulement nous croira y fai- a paru tout à fait topique la meilleure, — on le 50 ou 60 pièces de vers compo- mort de Molière sées après la qu''en Molière par La Fon- de circonstance, mais qui est sans peine, — des en quelque sert deux tombes, sant graver la célèbre épitaphe de taine, qui à sont consacrés. sent attendre des inscriptions saurait de demander mais de rendre, définitives, : Sous ce tombeau gisent Plante etTérence, Et cependant Leurs Dont Ils le seul trois talens Molière y gist. ne formoieut qu'un le bel art réjouissoit la esprit France. sont partis! Et j'ay peu d'espérance De les revoir. Malgré tous nos efforts, Pour un long temps, selon toute apparence, Térence, A droite et à et Plaute, et Molière sont morts I gauche seraient deux plaques, d'une lecture plus facile que les microscopiques inscriptions latinesgravées sur les sarcophages, et qui seraient ainsi disposées Jean -Baptiste Jean DE LA FONTAINE, Né à Château-Thierry, Baptisé à St-Crépin, le 8 juillet 1621, Membre de l'Académie Mort française. à Paris, rue Plâtrière, le 13 : avril 1695. POQ.UELIN MOLIÈRE, Né à Paris, Baptisé à St-Eustache, le 1622, 1 5 janvier Fondateur de la Comédie française. Mort à Paris, rue de Richelieu, le 17 février 1673. LE MOLIERISTE Deux médaillons de bronze, extrêmes, compléteraient monument restauré, déjà consacré scellés dignement 9 dans la les panneaux décoration — d'aspect modeste, à du la vérité, mais par quatre-vingts ans de pèlerinages non interrompus. G. Membre du Comité Secrétaire de la MONVAL, des hiscriptions Parisiennes^ Sous-Commission des Inscriptions Amiennes. CORRESPONDANCE M. Ch. raire de la France un dans Livet a publié, de et article remarquable, h sui' et litté- (n° 7, i8 février 1882), l'étranger de critique Revue politique la intéressant très littéraire, et très Nouvelle collection moliéresque, du biblio- phile Jacob. Cet article ne pouvant être reproduit dans le où Moliériste, il ferait assez bonne figure^ nous nous gar- derons bien d'y chercher des sujets de polémique, relative Mais nous croyons que M. à Molière et à ses ouvrages. Ch. Livet nous saura gré de relever une simple erreur bibUographique et de mettre à néant une espérance nous donnée. avait Voici l'erreur M. « : » apprendra peut-être » faire l'on vient » si D en vers, » Loret. » Rothschild » réimpression » » si Paul Lacroix pense que l'on que Boursault n'avait pas cessé de guerre à l'auteur de Ylmpromptu de Versailles, la » recueil qu'il à découvrir un exemplaire de la qu'il publiait toutes les Cet exemplaire, qui retrouvé, l'a des : a on n'y Ga:(ette façon de donné place dans de Loret, lendemain trouve la baron James regretté et lui Continuateurs paraissait le prématurée le semaines à même pas un ce de sa précieux de sa mort mot contre Molière. » Malheureusement, le savant le baron James de Roths- LE MOLIÈRISTE un exemplaire de child n'a pas découvert vers de Boursault, qui a dû juillet II 1665 jusqu'au mois de juin 1666; une seulement datée du 19 libraire ni Thoisy, à le mois de en a trouvé première, la 1665, 2 feuilles in-folio^ sans juillet d'imprimeur, dans la il peut-être originale, lettre GaxeUe en la depuis paraître Bibliothèque tome VIII le nationale de borné en s'est il ; nom du recueil outre à reproduire, dans son admirable recueil des Conti- fragments de cinq autres nttateurs de Loret, les que lettres, Boursault avait extraits de sa Gaxftte en vers et qui sont de ses Lettres de recueillis à la fin d'amour, imprimées pour réimprimées plusieurs (^Paris Thêod. Girard y première la en fois lééé dans l'édition de fois. C'est que M. in- 12), d'obligation respect^ le et et 1669 baron de Roths- child a pris le texte incomplet et sans doute remanié des six lettres qui nous restent sur 24 environ que Boursault avait distribuées, à la fît à raison de Galette en vers deux et à la lettres par Muse enjouée, paraître depuis, elles sont encore dans vertu 1665 le directes à découvrir, et c'est premier de ces recueils périodiques, d'un privilège du et roi, dans mois. Quant que Boursault le publié, en cours des années 1666, que nous serions sûrs de trouver des attaques ou indirectes contre Molière ; d'autant plus que, quatre ans plus tard, Boursault n'avait pas pardonné à ce redoutable adversaire les épigrammes Versailles, sa petite puisqu'il s'en comédie de la de l'Impromptu de prenait encore au Tartuffe dans Satyre des Satyres, dirigée surtout contre Boileau, P.-L. 27 Février 1882. JACOB, bibUophile. MOLIÈRE ET L'ÉDIT DE NANTES. MM. SCRIBE ET VILLEMAIN A L'ACADÉMIE. Les quelques lignes de M. L..., insérées dans nier numéro du der- le ont réveillé chez moi des sou- Moliériste, venirs d'un demi-siècle, et m'ont reporté par la pensée à la M. réception académique de ma mémoire c'était, si Scribe. en janvier 1836; est fidèle, un plus aujourd'hui de survivant assistais, J'y il et n'y a seul académicien de ce temps-là. Bien que près de cinquante ans se soient écoulés depuis lors_, vois je directeur. discours et L'un un Rappelant encore j'entends très récipiendaire le trouver dans les galeries de Versailles : fort « toutes les illustrations qui m'entourent, dit milieu de toutes les rir à « pompes mes souvenirs ou tonner le plus, c'est à ma littéraires mes yeux, a réussi vent votre nom » savait milieu de M. Scribe, au qui viennent ce qui ici s'of- devrait m'é- répondit spirituellement ici les de vos comédies Toute cette dire, fut ; et applaudissements qui sui- sur tous les théâtres de que de l'Europe. M. Villemain lui comme une vous venez de retrouver étonné de se Au présence. » Votre discours, Monsieur, M. Villemain, le heureux début. mot du doge de Gênes, le et bien inspirés, eurent pour leur et l'autre^ un la France réponse, petit dite et pres- comme chef-d'œuvre de I3 LE MOLIERISTE de délicatesse, M. grâce, et parfois de fine ironie. « Jamais Scribe n'avait été aussi finement critiqué, aussi spiri- tuellement loué. (i). » Au début, mais bientôt parler à M. la main du directeur la griffe se laissa compagna Quand sa phrase d'un « Monsieur pardon, sourire et les bravos de l'auditoire. le Monsieur il de ses guerriers^ de ses lauriers » » vint à fiât dit entendu ni vu Ce , il ac- qui pro- » « pardon^ d'un ton, accentué d'un geste et d'un regard, dont ne sauraient se rendre ni gantée de velours, Scribe « de ses colonels en retraite, de ses vieux et braves soldats, voqua était apercevoir. l'orateur, et compte ceux qui n'ont que seraient impuissants à reproduire ceux qui l'ont applaudi. M. M. Villemain, s'étonne que I et l'histoire littéraire et l'histoire qui « politique, outre une excellente mémoire, ait mention de Nantes. J'ai main, très originale l'édit et j'ai Mais il qui avait en passé sous silence la » peu M. eu l'honneur de connaître quelque historique de cité. de connaissait Ville- de bonnes raisons pour affirmer que l'erreur M. Scribe n'avait point échappé était homme du monde, bon à sa saga- pour tous ses confrères, malgré la tendance de son esprit à l'épigramme, indulgent pour les torts littéraires, scrupule de donner à un confrère, et il se serait fait sur le seuil de l'Aca- démie, une leçon d'histoire devant une assemblée sympathique, qui n'était venue que pour applaudir le nouvel élu. Je m'étonne seulement qu'il ne averti dans le tête-à-tête. Je (i) l'ait m'étonne bien plus encore Revue des Deux-DiCmdes 15 février i8j6. , pas charitablement LE MOLIÈRISTE 14 qu'aucun des membres de commission devant la laquelle le récipiendaire avait lu son discours avant de le prononcer en séance publique, ou ou n'en ait C'était n'ait pas vu grossière la une révélation qui devait apparemment d'un ami, ou peut-être d'un ennemi. Toujours ne « la de sais plus quel critique, et que comédie de Molière nous l'édit de Nantes ? » fut lui venir est-il que semaines après la réception, par l'erreur fut relevée, quelques je erreur, pas prévenu l'auteur. fameuse phrase la si parle-t-elle de la révocation prononcée en pleine Académie, et textuellement imprimée dans les premiers exemplaires du discours, des cartons réparateurs la derniers, où on l'eût firent disparaître des vainement cherchée. Meilleur et plus indulgent en vieillissant, ac melior veniente senectâ, » je pardonne Scribe cette violence à l'histoire, lui faites à la grammaire — « O^ollior volontiers à comme toutes celles par et à la poésie. Je les lui pardonne en faveur des jouissances que son théâtre a données à jeunesse et à mon Le temps présent pas trop oublieux des qualités n'est-il de l'auteur de Bertrand et Raton, littérature, toute célébrité durable est ? trop et siècle dur pour ce Dans tout genre « un grand donné à personne d'amuser impunément pendant vingt ans de C'est M. Villemain titre, le de et il public suite. » qui a dit cela à M. Scribe lui-même, qui pourrait aujourd'hui ne pas être de l'avis du critique, et ma âge mûr. grand amuseur de son n'est M. ne pas partager son appréciation? H. MOULIN. célèbre UNE QUESTION DE DROIT A PROPOS DU TARTUFFE « » Notre collaborateur M. Ch. Livet vient de terminer, pour rie la librai- Paul Dupont, une édition du Tartuffe, précédée d'une notice, accom- pagnée de notes sur tous nombreux exemples dans pris ont paru réclamer des éclair- les points qui cissements, et suivie d'un lexique où les il s'est appliqué à contemporains, justifier, mots les par de et tours de phrase employés par Molière. S'agit-il 1 de donation entière » la « faite par Orgon à Tartuffe : 176. Je ne veux point avoir d'autre héritier que vous, Et de ce pas, en fort bonne manière je vais Vous faire de mon bien donation entière. Un bon et franc ami, que pour gendre je prends. M'est bien plus cher que fils, que femme et que parents. Voici le commentaire de M. Livet sur ces vers lecteurs auxquels il est destiné, il ; suffisant qui trouveront naturellement leur place dans notre Recueil — « et il ne faut voir comédie, une de ces conventions ple, Orgon L'exhérédation de ses enfants par possible en droit, qu'un là comme celle, en vertu de laquelle un mariage décidé tement conclu par la signature pour les comporte quelques développements du contrat. est : n'était pas moven de par exem- immédia- Les exhérédations ï6 LE MOLIÈRISTE que n'étaient pas arbitraires; elles ne pouvaient être faites pour des causes légitimes l'acte et exprimées dans véritables : exhœres Bis septem causis Si patrem feriat filius aut maledicat esto : ei, etc. Aucune des quatorze causes d'exhérédation ne pouvait s'appliquera Damis ou à Marianne. Orgon eût-il eu, d'ailleurs, des motifs légitimes pour les déshériter, révoquer son acte que ; ne l'eût-il il pouvait toujours pas révoqué, il aurait suffi réconciliation entre lui et ses enfants fût la connue par sa conduite à leur égard, pour que l'exhérédation fût nulle de plein droit. » Plus loin « La donation devant les lois En » : entière faite par dans effet, la coutume de devait réserver aux vifs c'est-à-dire moitié la Orgon n'était pas possible du temps. Paris, la donation entre enfants au de la part moins leur légitime, héréditaire de chacun d'eux, part différente pour les cadets et pour l'aîné. Celui- en ci, effet, couronne, outre comme les fiefs relevant duchés, comtés, directement de marquisats, revenaient en récompensant ses cadets, préciput consistant dans du fief, l'aîné avait encore un château ou principal manoir deux enfants, Damis par exemple, de du tiers suite, donc d'un la reste des fiefs, légitime, tiers Marianne au ou demi-part de avait droit tiers restant. l'héritage, était pour Damis, d'un demi-tiers ou d'un sixième pour Marianne ; de vait lui avec cour, basse-cour, jardin; outre son préciput, aux deux Par le la qui plus, Orgon, veuf donner au delà de ce que le et remarié, ne pou- moins-prenant de ses enfants, LE MOLIERISTE I7 Marianne, par conséquent, avait à recevoir dans sa succession : de Marianne étant d'un sixième de or, la légitime fortune d'Orgon, celui-ci ne pouvait disposer de plus la de Tartuffe, déduction d'un sixième en faveur préciput assuré à l'aîné. M. Loyal Plus loin encore, lorsque nouvelle remarque : Ni Orgon, Tartuffe ou temps de vient Signifier l'exploit de certaine Ofdonnance, 1746. « du faite » faire insinuer, le notaire n'avaient eu de c'est-à-dire enregistrer l'acte donation, formalité sans laquelle il n'était pas valable le ; ni Tartuffe n'avait eu le temps de faire rendre une ordon- nance définitive permettant à un huissier de sommer Orgon de « les comédies, vuider il Dans ». d'ic}' ce passage, comme dans toutes de convention que l'auteur supprime est les formalités légales. » par Quant aux le sergent, ils garnissaires, imposés au nombre de dix auraient dû l'être en vertu d'un jugement; mais ce jugement n'a pu être rendu que grâce aux conventions théâtrales. » Enfin : « L'ingratitude la donation : « de Tartuffe venance des enfants révocation pouvait d'ailleurs, la et vifs, nullité pour cause d'ingratitude. offrir à de quoique irrévo- peuvent être révoquées par » la sur- — Cette Mofière un dénouement facile donation entière n'avait été nulle de plein droit, à cause des enfants qui de leur légitime. une cause de Les donations entre cables de leur nature, si, était Si ne pouvaient donc Molière être dépouillés a adopté un autre dé2 LE MOLIÉRISTF. l8 nouement, Roi c'est de dessein bien arrêté du l'intervention : sont donnés assuraient et les éloges qui lui la repré- sentation de la pièce Molière abuse « français Si veut : le ici de la maxime fondamentale du ^Koi, si veut la Loi Quoe vult Rex : consona Legi. sanctae sunt fieri, (Nov. 105, de cette autre et : Le Roi « de Livonière). Le Molière prête au Roi de rompre et Tartuffe terme de droit contrat passé entre le ne peut s'expliquer que de deux façons XIV, qui reconnaissait, avec Louis il ad fin.) cap. 2, est le principe et le toutes les justices. » (Pocqijet tion dans ses Mémoires (Ed. Dreyss, droit I, : que Orgon ou bien a émis cette préten- 209), que « les Rois sont seigneurs absolus, et ont naturellement la disposition pleine et libre de tous les biens, tant des séculiers que des ecclésiastiques, ou bien il fait pour en user ou baron, dont les qui hommage, il comme doit foi et relèvent directement fiefs et qui transmission à Tartuffe. » — dans l'intervention royale, comme même, droit Le M. à soulever, qu'il remarquons dans la donation elle- théâtre, et y ait ici » une contradiction 1783. Qui viendra seulement passer M. Loyal invitant ses non une question de Lo3^al, Avec dix de la quelconque, inattaquable devant Incidemment, mais sans droit ; du Roi, à n'en accepterait pas Parlement ou toute autre cour souveraine. le » plus simple est de voir un moyen de impossible en droit, l'application d'un et économes sages d'Orgon un seigneur, duc, marquis, comte ici la nuit gens, sans scandale et sans bruit, Orgon : entre I9 LE MOLIÉRISTE 1790. On A vuider de céans jusqu'au moindre ustensile. comprend qu'Orgon ne y puisqu'il a donation coucher dans puisse enlever ses meubles, entière, maison dix garnissaires pour la mais alors comment l'oblige-t-on ustensile que M. Loyal et à. vuider les fasse garder ; jusqu'au moindre ? Sans nous arrêter à ce point incident, revenons à question principale de la donation. la — Voici des considé- rations nouvelles et des faits à l'appui des principes posés plus haut 1° La En : donation devait réserver la légitime des enfants 1632, juillet il à la seconde fut jugé : chambre des Enquêtes du Parlement de Toulouse qu'une mère ayant fait donation à son de ses enfants gitime, la légitime la donation des enfants, n'étant pas suffisante aux enfants sur à la charge de payer à chacun frère, somme de six cents somme ladite pour le droit de les biens Combolas, qui rappelle la de que la père la — de d'Orgon mère. cette décision, fait et faite remarquer, par « le père quand que si le le » de Tartuffe. respect de la légitime des enfants était la loi la livres de propos déHbéré au préjudice de ses enfants. C'était le cas Le lé- nature donnait mère, doit être entièrement révoquée la fait cents six d'accord avec Bartole, qu'une donation ou pour leur livres révoquée à concurrence de serait père, pour frauder son fils, tel aux yeux avait vendu tous ses biens, le contrat de vente pouvait être cassé jus- concurrence de qu'à la allait même la légitime ; la coutume de Paris jusqu'à annuler en faveur des enfants l'aHéna- 20 LE MOLIÉRISTE tion des biens (Décisions leurs pères ont reçus de leurs ayeux. que M. de Combolas, Arrêts recueillis par et XXXII). ch. 2° Nécessité de P insinuation ou enregistrement Un ayant père, fait : donation de ses biens à un réserve faite de la légitime de ses enfants, était d'avoir insinuer (enregistrer) fait donation fut cassée le la Grand'Cham- fondait sur ce l'arrêt se ; donation n'était valable qu'à partir du jour de la sinuation, et que En exigée. ont pensé inipeiu qu'une des raisons de l'insinuation est ne qui^ sine- judicio, tanquam prodigus pourquoy, ajoute Combolas devant elle se doit faire le {ouvr. fait la s'informer ou s'il VI, ch. ait donation,, et qu'il puisse forcé, ou donne volon- s'il qu'en donnant son bien et afin III), qu'il afin il ne soit pas » A Paris, où demeurait Orgon, l'insinuation ou enregis- trement se de voir a esté induit Voilà donet. liv. cit., juge ordinaire, connoissance de celuy qui trompé. elle était Guy Pape aliquo, tairement, le Ferrières et les jurisconsultes effets « l'in- de rigueur avant l'insinuation était décès du donateur, à cause du motif pour lequel : 1° faisait que au Châtelet la ; il aurait été facile au juge donation d'Orgon ne réservait pas légitime des enfants, puisqu'elle était entière ; était faite dans le but de dépouiller les enfants; comprenait même, étant entière, 4° tiers, mort avant de donation. La l'acte 1630 en 24 janvier bre du Parlement de Toulouse que — VI, liv. qu'Orgon gus dotiaverat; les biens et, qu'elle 3° qu'elle reçus des ayeux impetu aliquo, sine judicio, — — 2" — la ; tanquam prodi- en somme, que pour tous ces motifs réunis, la donation devait être annulée. LE MOLIERISTE Mais d'un autre côté, l'enregistrement, il était il l'acte 21 n'ayant pu être soumis à n'y avait pas à en réclamer l'annulation Donc, toute l'histoire n'est qu'une convention qui termine de la donation dans dramatique, pièce devait être, la laissé à la libre disposition et le comme un contrat, de la faculté qui restait à révocation de sa donation, du donataire; le — Donation le Tartufe, dénouement tout le de l'auteur^ sans qu'il y s'occuper du droit qu'avait ou n'avait pas la ait reste, même à Roi de rompre Orgon de demander en invoquant l'ingratitude et annulation, sont également des fictions dramatiques. Ce : nul de plein droit. qu'il fallait démontrer. Ch.-L. LIVET. PAPILLON DE LA PERTE PARENT DE MOLIÈRE (Recherches) Dans le n" 32 du Moliériste (i" directeur faisait appel à tous les cher quel pouvait être les le Menus plaisirs moliéristes pour recher- degré de parenté existant entre Papillon et les Poquelin, des novembre 1881) notre du Roi, et cela parce le sieur que l'intendant Denis Papillon de la Ferté, s'était flatté d'appartenir à la famille de Molière. Je ne puis, hélas mais ! élucider la question d'une façon définitive, devoir fournir aujourd'hui quelques rensei- je crois gnements dont par rapport au problème à résou- l'utilité, dre, ne se réalisera toutefois que vient à être reconnue Du consécration, ment dénués juste. si l'hypothèse proposée reste, mes renseignements ne d'intérêt puisque, à défaut de cette seront pas entière- comme on le verra, ils touchent de très près à une parente par alliance du grand comique. Si Papillon était parent de riage de Geneviève Béjart, Jean-Baptiste Aubry, Papillon, taire il fils Molière par le fait du ma- belle-sœur de Molière, avec de Léonard Aubry et d'Anne faut avouer qu'il aurait eu plus de profit à se qu'à revendiquer l'honneur de cette parenté. Celle- . LE MOLIERISTE ci, 23 passablement vague et d'ailleurs en tout état de cause, vait, recherches sur procurer qu'un bénéfice lui d'amour-propre assez mince, tandis qu'au origines de les s'exposait, pouvaient avoir vertes très peu flatteuses. ne de- très éloignée, contraire auxquelles famille, sa les il pour conséquence des décou- on sera forcé de C'est ce dont convenir quand on aura lu ce qui d'un Factum suit^ extrait du temps, plein d'informations sur les Papillon et surtout sur les Aubry-Papillon qui s'allièrent aux Béjart: Pour reprocher valablement Sébastien Aubry, vulgairement appelé, « le petit Aubry^ trois nom n'y auroit qu'à dire son il adjouster aucune autre chose nommer ; mots un amas horrible de tous petit le tout seul, Aubry, et sans c'est faire y en reproches et de toutes les un maistre Paveur, qui a toujours les infamies Son fait assez Aubry) père, (Léonard paroistre d'honneur selon ny de plus grand et qui après tout n'eut déplaisir en vivant veu dans sa nombreuse famille deux de en avoient toujours mort dans sa condition, qui est ceux de sa connoissance, sion estoit beaucoup de probité dans son employ, qui et ses l'estime de tout jamais d'autre confu- en mourant, que d'avoir fils une de et déshonneur, l'opprobre esté le a vescu avec et le ses filles, qui rebut dès les premières années de leur plus tendre jeunesse. La mère du Anne Papillon, roué, mais malheur a le maistre d'escrime nepveu de Aubry, laquelle petit qui et est encore en vie et qu'on appelle honte d'avoir esté la sœur de ce Jameux infâme gladiateur Papillon^ qui ne fut point pendu ny mérita mille fois de cet oncle seulement selon et la mort, la chair et et l'estre : Le Aubry petit est digne peut passer pour son image vivante, nonle sang, mais encore selon les moeurs et l'esprit. Le plus âgé de ses deux frères est maistre paveur, Aubry, dit des Carrières Béjart) qu'il a autant luy-mesme par Le second ; il a espousé la sœur de la déshonorée par son alliance, on le nomme Jean Molière (Geneviève qu'il a esté difi"amé cette prostituée. frère du petit Aubry s'appelloit Nicolas ; c'estoit un dé- bauché, un prodigue, un cruel d'indignation, un breteur, un brigand. LE MOLlÈRISTli 24 un assassin de profession très misérablement dans il ; tué très justement, mais l'ut rencontre du la commirent eux deux ensemble sur vol et il mourut de l'assassinat qu'ils grand chemin de Chaillot au mois le d'Octobre de l'année 1669. Marie Aubry qui soit est la seule connue par de toutes ses désordres. les quatre sœurs du petit Il suffiroit pour la mement, de luy reprocher publiquement, que d'une Aubry reprocher légiti- part elle est de Sébastien Aubry, c'est-à-dire du plus scélérat des hommes qui sont présentement à pendre ou à rouer, et que d'autre part niepce de feu 'Papillon^ c'est-à-dire ayent esté pendu ou roûei teux et les ; du plus infâme de car en effet voilà les coule dans ses veines, pas, il en estoit , si deux reproches parmy resté Presque tout Paris l'esprit âme à corps et son tout le sang les plus hon- une personne corrompu qui une seule goûte qui ne pour luy former quelque pudeur sur nue dans elle est hommes morts qui tous les plus forts qui puissent estre faits en justice contre qui n'auroit eu garde d'y paroistre le visage, ou quelque qu'elle sçait sœur vivans, le fut rete- a prostitué des gens de tous âges, de tout sexe, son de tous pays, de toutes humeurs et de toutes conditions, et cette notoriété publique vaut bien autant qu'une preuve par tre et écrit, etc.... Aubry soit le cadet de ses deux frères et de ses quasœurs, néantmoins on peut soustenir qu'en matière de scélératesses Quoique le petit d'abominations, méchant de sœurs; Car il a pris le préciput et le droit d'ainesse sur le plus deux frères et sur la seule meschante de ses quatre y a très peu de gens en France, qui entendant parler du petit Aubry, ne s'écrient en mesnie tems, c'est un Imposteur, un Calomniateur, un Assassin, un Voleur, un Blasphémateur, un Athée c'est un homme qui^ a toujours eu les mains pleines du sang et du ses enfin, il ; bien d'autruy ; en un mot un personnage couvert de c'est de crimes, et sans aucune exception, ou pour l'excellente satiriques, et toutes sortes cet endroit par admirable expression du plus juste de tous c'est aucune vertu finir les poètes un monstre remply de toutes sortes de vices et sans Sebastien Aubry est convaincu de vingt-trois diflfé- rens vols et assassinats qu'il a commis, tant de jour que de sur les grands chemins qu'ailleurs, tant luy seul qu'avec nuit, tant d'autres gens de sa trempe.... » Cette diatribe très colorée est de Guichard. reux avait afFaij:e à forte partie ; il se Le malheu- défendait contre LE MOLIÈRISTE LuUy dont les accusations mensongères, moins habiles qu'impudentes, avaient toutefois chaîné toute sa fureur. chercher à et n'est Aubry-Papillon, le et dé- heu de la procédure tortueuse seulement de savoir s'agit Il si le malheureusement pour dit est vrai, et il ici dans lesquelles son ad- des machinations embrouillées fonds de ce qu'il pas langage violent et fortement imagé justifier le l'enserrait. sa verve excité Mais ce d'un plaideur révolté et indigné de versaire 2$ nous faut constater, après que Guichard n'a rien inventé. Papillon les vérification, maître d'armes, le Nicolas et Sébastien Aabry-Papillon, ainsi que leur sœur Marie, furent bien Si, a dépeints. tels qu'il les en se faisant gloire d'un avec Molière, Papillon de lien de parenté quelconque Ferté s'appuyait sur ce qu'il la comptait parmi ses ascendants Papillon neveux dignes et sa venir naïvement se brûler à la chandelle l'intendant des Menus, celle phces dans laquelle Espérons, pour ? une autre fa- moins détestables prenait ses amis com- et ! Enfin notons, pour contre les rières, LuUy ses n'était-ce pas qu'il appartenait à mille de Papillon ayant des antécédents que bretteur, le peu vertueuse nièce, finir, qui Aubry ne reproche que sa triste parenté, si Guichard dans sa haine à Jean Aubry, c'est qu'à coup sûr trouva pas autre chose à dire contre lui; et l'une Caril ne le furent de ses quatre sœurs. Er. ne l'époux de Ge- neviève Béjart fut donc plus estimable que son oncle, ses deux frères dit des thoinan. PETIT QUESTIONNAIRE DEMANDES — 28. quiniste, Wasili Teploff. un manuscrit — trouvé, — une J'ai russe, traduction des Fourberies de Scapin. traduction est cette nom les Le véritable titre de Ruses de Scapin. L'auteur a pour Wasili (ou Basile) Teploff. Je une date chez un bou- copie, je crois, d'une sur ce manuscrit lis 1757. : Dans son excellente et savante Bibliographie Moliéresque, M. Paul Lacroix donne la liste des traductions russes de Molière Tartuffe, V Avare, l'Ecole des Maris, ÏEcole des : Femmes, par Ivan Kropotov; le Mariage forcé, TpurD. Lensky; le Misanthrope, par Fedor Kokoskin; Amphitryon, par Pierre Svistunov, etc., etc. Je vois même, une traduction des figurer Mais de Smirnov. Teploff, il Scapin, par Basile il imprimées en Russie? de Scapin ont-elles été soumis peintre, et Fourberies de Scapin, par Ivan cette traduction de n'en est point du tout question. Ces Ruses J'ai dans l'ouvrage du bibliophile Jacob, le mon manuscrit à me répond : « ami B. Vereschagin, La traduction n'est point le du tout mauvaise. » Quelque moliériste russe pourrait-il renseignements sur Wasili Teploff et me donner des sur ses travaux de producteur ou de traducteur? Jules CLARETIE. BIBLIOGRAPHIE MOLIÉRESaUE — La Molière à la Librairie des Bibliophiles. que Bibliophiles, M. dirige librairie des Jouaust, continue la publication de sa belle édition grand in-8° du Théâtre de Molière, avec de Louis les dessins Leloir,, meng. Le tome Vil a gravés à l'eau-forte par Fla- paru récemment; il 'Bourgeois gentilhomme, Tsyché et On devant paraître avant comme annonce, juillet, le tome VIII et Comtesse d'Escarbagnas, contient le Scapin. les Fourberies de mois de le dernier, qui comprendra, avec la Femmes les Malade savantes et le imaginaire, les deux farces attribuées à Molière, la Jalousie du barbouillé et le V^édecin volant. Nous pouvons annoncer très prochainement, pubHé dans de Molière^ de la le comme aussi, devant paraître tome premier d'un le format in-ié, Nouvelle bibliothèque classique, à Cette édition sera précédée de la 3 autre Théâtre et qui fait partie francs le volume. préface de 1682, aug- mentée de notes importantes, par M. G. Monval. La réimpression des T^ièces originales de Molière, faite par de M. Louis Lacour, vient de se terminer par la les soins publication Femmes Savantes; mais des ajouter le Malade imaginaire, rapprochée de la va y dont l'impression a été si mort de Molière. Il se l'éditeur propose même de pubUer aussi individuellement chacune des pièces qui ont paru pour la de 1682, que afin première les fois dans l'édition collective amateurs puissent avoir ainsi le sous la théâtre complet de Molière en pièces séparées. Enfin, la Librairie des Bibhophiles continue, 28 LE MOLIÈRISTE direction de M. Paul collection inoliéresque Veuve à la mode de , Lacroix, publication de la la Nouvelle dans laquelle a paru récemment De la Vizé, et qui s'augmentera prochai- nement de Myrtil et Mélicerte^ précédé d'une notice de M. Edouard Thierry sur ÏKélicerte. — — GÉRARD DU BouLAN. Saint-Remy, de M. Romuald Le administrateur de banques coloniales, officier de la Pelletier l'agence centrale des légion d'honneur, décédé à Paris, le lé mars dernier, à l'âge de 73 ans, était l'au- Y Enigme d'Alceste, qu'il avait publiée en 1879 pseudonyme de Gérard du Boulan. On se souvient que notre collaborateur, M. H. de Lapommeraye, a fait de cette étude sur le Misanthrope et la société du temps le sujet d'une conférence à la salle teur de sous le des Capucines. — RoTROU. — D'intéressantes Notes critiques et biogra- phiques sur ce précurseur de Molière, viennent de paraître en une brochure in-8° de 44 p., 13, rue de Médicis. L'auteur est chez L. Cerf, éditeur, M. Léonce Person, pro- fesseur au lycée Saint-Louis, — M, Auguste Baluffe poursuit, dans V Artiste, ses très curieuses recherches sur MoHère. La livraison du 26 février renferme un article sur les Homonymes de ses personnages comiques, précédé d'une Armandc Bêjart, gravée à l'eau-forte par M. L. Courtois, « d'après un portrait du temps », dont nous ne voudrions pas garantir l'authenticité. — publie La revue Slowinœ (le Slave), qui paraît à Raguse, un certain nombre de traductions inédites de Molière en croate, qui ont été représentées à Raguse au siècle dernier. Comme il arrive le plus souvent, ces tra- LE MOLIERISTE ductions sont adaptées aux — Le Journal mœurs 29 et usages du pays (i). asiatique de janvier intéressante notice de 1882 contient une M. Barbier de Meynard sur ÎSColière que nous ne pouvons transcrire aujour- traduit en turc, d'hui, faute d'espace, mais sur laquelle nous reviendrons certainement. — Une M. le D*^ H. Schweitzer du 4^ cahier du Molière-Muscum, grave indisposition de a retardé la publication que nous avions annoncé pour seulement en — M. le du lecteurs de janvier. Il paraîtra Mahrenholtz, de Halle, bien connu des D"^ Moliériste^ vient Leben und ïMoliére's la fin avril. de publier chez Henninger Werhc vom Standpunste des : heutigen Forschens (Vie et ouvrages de Molière, d'après les recherches les plus récentes). — Le — Le tome III de la nouvelle Molière-Moland. Œuvres complètes de V^ColièrCy collationnées sur originaux et commentées par M. Louis Moland, édition des les textes vient de paraître à la librairie de Garnier frères, daté de 1880. Le plan de notre excellent collaborateur se dessine plus nettement dans ce nouveau volume, qui contient Amoureux en deux Comédie Don Garde la le Dépit actes, conforme aux représentations de française, les Précieuses ridicules, de Navarre, Sganarelle et accompagnés de notices prélimi- naires et escortés, en outre, de Vlnteresse (la Cupidité) de Nicolo Secchi, de la Déroute des Précieuses, mascarade, du Récit en prose et en vers de la farce des Précieuses, Jardins, des Véritables précieuses, par M"* Des comédie de Baudeau de (i) Voir la note sur Bétondic, Jorgo et Tudisi, communiquée à M. Paul Lacroix, par notre collaborateur M. E. Picot {'Bibliographie niolièresqtie, 2'^ édit. , p. 189). 30 L1-; Somaize suivie MOLIERISTE du Dialogue de deux Amours d'Alcippe précieuses sur les affaires de et très rares pour la ou les Doneau, François par Céphise, c'est-à-dire des sources, parodies, suites ments ou enfin de la Cocue Imaginaire de leur communauté, dérivés, docu- plupart et devenus indispensables des œuvres et à leur histoire. à la complète intelligence La distribution originale des Précieuses donnée par M. Moland n'est pas absolument exacte. Le rôle de Madelon fut créé par Madeleine Béjart; celui de Cathos, par Catherine de Brie, de Marotte, par [Marie celui et Ragueneau, qui devint plus tard M"^ La Grange. Le côté faible de ces volumes est l'illustration. Les éditeurs ont utilisé les anciennes compositions de Staal, gravées sur acier. Leur belle publication des Chefs-d'œuvre de la réclamait une inter- littérature française méritait et en un prétation à la fois plus artistique et plus exacte, mot plus conforme au goût du jour. — Viennent de paraître, à la librairie P. tMémoircs de Samson de la dessiné par G. Jacquet, trait — Pour frères, les OUendorff, fort vol. i in-i8, Gombaut de et fr. 3 50. Charavay paraître prochainement, à la librairie Amours les Comédie française, avec un por- de Macée, étude sur une ancienne tapisserie française du musée de Saint-Lô, avec 4 héliogravures et 10 fac-similé d'estampes anciennes, par Jules Guiffrey, avec « plus, et cette une tenture de épigraphe tirée tapisserie des de Y Avare Amours de : Gombaut de Macée. » — Nous recommandons lecteurs la livraison de la tout particulièrement à nos Revue des Deux paraîtra le 15 avril. Elle contiendra des Femmes, G. Coquelin. intitulée Mondes, une étude sur qui l'Ecole VArnolphe de Molière et signée DU MONCEAU. : BULLETIN THÉÂTRAL — Mardi 28 Comédie française. (MM. Les Précieuses Ridicules cadet, Villain, (MM. — Dimanche : M™" J. 5, le Martel, Joliet, Villain, Truffier, Baillet, Davrigny, Leloir, M"^ FayoUe). l'Avare mars matinée: Davrigny, P. Reney, Tronchet; Samary, Bianca, Martin). Mariage forcé février et jeudi 2 Coquelin, Barré, Coquelin (MM. Coquelin — Dimanche 12, matinée Boucher, Martel, cadet, : Joliet, M"" (MM. Richard, Truffier, Le Bargy, Leloir, Tronchet; Rei- chemberg, B. Barretta, Bianca), Thi- ron, Mounet-Suliy, M™" de Féraudy; Mardi 14, le D. et Joliet, Félix, Richard, Davrigny, Samary, J. Dudlay). — Mariage forcé (Coquelin aîné joue Pancrace). — Dimanche Pancrace); La Roche, Amphitryon le 19, matinée soir, les : le Mariage forcé QoXïqx. reprend Fourberies Scapin de (Coquelin cadet). — Mardi 28 amoureux. — Dimanche 5, 27' soirée : V Ecole des Maris. — 28* soirée populaire : Tartuffe (Sicard). — 29^ soirée populaire : Odéon. avec la populaire V matinée acte Course des Apothicaires. populaire : mars, février et jeudi 2 l'Avare (Clerh, M'»'^ : de — le Dépit. M. le Dépit — Lundi Lundi 6, 13, Lundi 20, de Pourceaugnac, Lundi 27, 30^ Raucourt). soirée LE MOLIÈRISTE 32 — DE France. CoLLi-:GE Cours de M. E. Mercredi i" mars, Don Juan depuis mystères; les Misanthrope nages. : Coquelin aîné; Rousseau; suite 22_, Timon de le du acte — scène. la : — Mer- Mercredi 15, du Misanthrope: Plutarque, une conférence de Fabre Philinte le l'hérésie de ex-sociétaire de la 3'' sur Shakspeare; M. Schére^ Salle des Capucines. le Deschanel fantastique au théâtre modèles originaux des principaux person- — Mercredi Lucien, statues les le pour cause d'indisposition. credi 8, relâche le : — Comédie d'Eglantine; de J.-J. (i). Conférences de M. Talbot, française : du Misanthrope; Mercredi 22, Mercredi 8 mars, les 4'' et actes 5'' ^Misanthrope. Association PHiLOTECHNiauE (section du Lycée Fontanes), — Lundi 20 mars, à 8 heures du soir: Don Juan^ dans Molière et M. Talbot, professeur de rhétorique au Lycée Fontanes. dans ïKozart, « causerie de 40 minutes », par MONDORGE. (:) Notre prochaine livraison sera presque entièrement consacrée à article de M. Ed. Schérer, qu'a publié le répondre à l'inqualifiable Temps du 19 mars. Imprimerie de Pons (Charente-Inférieure). — NoëlTexier. QUATRIÈME ANNÉE NUMÉRO 38 MAI 1882 LE MOLIÉRISTE %EVUE MENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. MM : Campardon, J. Claretie, F. Coppée, V. Fournel, J. Guillemot, A. HoussAYE, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Livet, L. Moland, Ch. Monselet, E. Noël, J. Loiseleur, Ch. Nuitter, E. Picot, L. de la Pijardière, F.- P. Régnier, Ch. de la Rounat, F. Sarcey, Dr H. Schweitzer, Ed. Thierry, E. Thoinak, A. Vitu, etc. PAR Georges MONVAL ARCHIVISTE DE LA COMÉDIE FRANÇAISE PARIS LIBRAIRIE TRESSE 10, GALERIE DU THEATRE FRANÇAIS, 10 1882 SOMMAIRE DU NUMÉRO XXXVIII QUATRIÈME ANNÉE L'HÉRÉSIE DE M. SCHERER. — La Rédaction. AIMER MOLIÈRE. — Sainte-Beuve. LE STYLE DE MOLIÈRE. — L A GEORGES MONVAL. — Emile Moreau. UN RÉFORMATEUR LITTÉRAIRE. PETIT QUESTIONNAIRE. Du Monceau. BIBLIOGRAPHIE. Réponse. — Th. Cart. — E. Picot. — BULLETIN THÉÂTRAL. LE PRIX D — Mondorge. ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN POUR TOUTE LA FRANCE UN NUMÉRO On s'abonne : 2, place UN FRANC I 3 FRANCS. 50 CENT. à la librairie Tressk, io, Galerie français, ou par mandat sur tions, — ÉTRANGER, la de Vintimille, auquel demandes lettre affranchie. et du Théâtre M. G. Monval, manuscrits, communica- poste adressé à les réclamations devront être envoyés par L'HÉRÉSIE DE M. SCHERER Il (( n'y a pas que Molière qu'on les du a, moyen de Qst aussi se dérober à reste, les qualités thrope. y titre est l'être- lors- tout. « a des vices profonds dans la conception Le conviction de fond qui dominent tout, dons d'inspiration qui emportent « Il la mauvais écrivain qu'on peut du Misan- faux; le caractère d'Alceste, exagéré et inconséquent, burlesque et rebutant, ambigu, insaisissable, inintelligible. Cet individu est un fou pour lequel il impossible d'éprouver d'autre sentiment que celui de pitié; un maniaque La conception de à enfermer dans l'artiste lui une maison de santé. n'est pas vraisemblable. Molière est un poète extrêmement négligé; continuellement, horriblement; dires inutiles, la a gauchi entre les mains. L'amour d'Alceste pour Célimène » est il il cheville n'a pas seulement des mais des répétitions fatigantes; ses phrases ne constituent pas seulement des redites, suivent par voie de juxtaposition, sans se mais elles se lier, sans se combiner organiquement, ce qui donne au discours une LE MOLlèRISTE 36 allure traînante; la lecture à haute voix des vers grand comique » Molière, pour faire synonymes de notre est tout à fait laborieuse et ingrate. donne constamment des vers^ le oiseux de l'expression qu'il vient d'employer... Ses équivalents et ses paraphrases alanguissent et alourdissent Ce qu'on style... le pourrait appeler le tic de Molière est plutôt encore la négligence d'un écrivain trop pressé de produire. Mais seulement un fecte pas entiers, et combien de pesanteur qui en résulte n'af- la un trait, vers, elle gâte des passages fois la prolixité du style, s'alliant à du langage, ne produit -elle pas l'amphigouri!... l'afféterie Fénelon parle quelque part du galimatias de Molière (i). Le mot est dur l'est-il : Célimène reproche » les pièces de Molière; le moments où langage de Bélise Et les pires défauts Sont ou » c'est le Les défauts reparaissent avec pas vrai qu'il y a des dans l'une des mieux écrites contraire qui est vrai. premiers actes du Tartuffe sont beaucoup moins trois négligés. du passage où à Alceste ses soupçons?... Le Misanthrope passe pour parmi Les trop, en regard le le quatrième. N'est-i] l'on est prêt à s'écrier : de ce puissant génie pléonasme ou la cacophonie. Molière, en signalant ces deux vices du style, aurait-il eu quelque soupçon que c'étaient précisément ceux auxquels sa manière de travailler l'exposait le plus? (i) La citation Lettre à l'Académie simplicité ce n'est pas exacte. : « Térence que Molière ne qui approchent du galimatias. dit dit » Fénelon se borne à en quatre mots avec )) dire, dans sa la plus élégante qu'avec une multitude de métaphores LE MOLliRISTE La pensée, chez « ne lui, 37 développe pas en une se complexité organique, dans laquelle chaque idée et chaque membre d'idée s'ordonne ou se subordonne; Molière ne construit pas de période, parce qu'il ne conçoit pas les parties de ment la naturel. 4éveloppe le phrase ou du morceau dans leur enchaîne- procède par réitération de l'expression; Il sens au moyen il de synonymies, de tautologies de paraphrases. et » J'ai dit est que le style inorganique, partant pouvoir en accuser monotone la nécessité permettait pas de lui de Molière, lorsqu'il écrit en vers, et traînant, et j'ai cru de l'improvisation qui ne concevoir avec plus de maturité ni de rédiger avec plus de soin. Obligé d'écrire en alexandrins et en rimes plates, le poète ne parvient à satisfaire les lois de cette versification qu'à force d'explétifs, de sy- nonymes » et de pléonasmes. Un parallèle entre MoHère et Racine, considérés comme écrivains, prendrait aisément quelque chose de cruel pour premier. Les procédés de l'un sont aussi variés que ceux le de l'autre sont monotones. Les mailles du discours sont aussi serrées chez l'auteur de Phèdre qu'elles sont lâches chez l'auteur du D^isanthrope. » * * Vous croyez, en lisant cela, à petit journal tintamarresque, nir », * quelque « où quelque fumisterie » d'un « poète de l'ave- en quête de réclame, aura voulu s'égayer à vos dépens? Point. Ces étranges révélations sont signées d'un critique éminent, M. Edmond Scherer, et occupent trois 38 MOLlfeRlSTE l'F. colonnes du grave Temps {i), lequel compte parmi ses rédacteurs de nombreux MM. moliéristes, Legouvé, Sarcey, Mézières, P. Régnier, Loiseleur, Claretie, Aderer, Ephraïm, etc. En vérité^ c'est à se demander si vent de le folie qui n'ébranle pas les têtes les souffle par intervalles mieux équilibrées, et ne brouille pas les plus solides jugements! Que répondre à de semblables critiques? Ouvrir son Molière au hasard , et relire à haute voix bien convaincre que première scène venue, pour se la le soleil éclaire toujours. MM. Henry Fouquier dans Valery-Vernier et Janus dans le le Le Moliériste qu'il reçoive va A. Racot, M. Scherer. ne pouvait donc garder le silence. Bien avec beaucoup de philosophie cette excom- munication majeure, et l'on Siècle^ Figaro, Ch. Bigot dans le ont cru devoir répondre à Siècle, XIX^ lire la il a fait appel à ses collaborateurs, réponse de plusieurs d'entre eux. Ce qui chagrine surtout M. Scherer, c'est le culte, l'adoration superstitieuse dont Molière serait Tobjet de notre part, qu'il assimile — ou peu des fakirs du jansénisme. s'en faut — et aux extravagances Nous ne pouvons mieux faire, au début d'un plaidoyer pro domo nostrâ, que d'emprunter à un (i) illustre fervent N" du 19 mars de Molière, à Sainte-Beuve, 1882. la page LE MOLIERISTE 39 toute vibrante d'enthousiasme que notre « saint patron » lui inspira (i). Nous nous loppements interdisons ici, de littéraires, préférant les petits faits parti pris, les purs déve- aux généralités brillantes patiemment découverts et scrupuleusement contrôlés, ce qui n'est pas le propre des fanatiques; mais, en présence d'une attaque aussi sérieuse, nous croyons pouvoir emprunter au plus autorisé, au moins déclamateur des critiques de notre siècle, une page écrite de génie, que nous pourrions appeler notre Credo, d'autre religion qu'une « violente nous paraît être la amour » si nous avions pour celui qui plus complète incarnation du génie français. LA RÉDACTION. (i) Sainte-Beuve appelait: un couplet, cet acte d'amour où vibrent l'enthousiasme et l'admiration sincère, sentiments rares chez Sainte- Beuve, qui jugeait avec un sens parfait de toutes choses, mais qui admirait peu, parce qu'il comprenait trop. m^sm'^m^!m'mm!&AIMER MOLIÈRE! Aimer Molière, son cœur, j'entends l'aimer sincèrement et de tout une garantie en c'est avoir soi contre bien des défauts, bien des travers et des vices d'esprit. C'est aimer d'abord tout ce qui est ne pas incompatible avec Molière,, tout ce qui lui était contraire en son temps, ce qui lui eût été insupportable du nôtre. Aimer Molière, pas de la à jamais, je ne parle basse et infâme hypocrisie, mais du fanatisme, de l'intolérance fait être guéri c'est de et dureté en ce genre, de ce qui la anathématiser et maudire; c'est apporter un correctif à l'admiration même pour Bossuet et pour tous ceux qui, à son image, triomphent, ne fût-ce qu'en paroles, de leur ennemi mort ou mourant; qui usurpent je ne langage sacré et se supposent involontairement, en main, au Heu et sublimes, vous Aimer Molière, et place l'êtes le sais quel tonnerre du Très-Haut. Gens éloquents beaucoup trop pour moi c'est être également à ! l'abri et à mille lieues de cet autre fanatisme politique, froid, sec et cruel, qui ne rit pas, qui sent de puritanisme, trouve tous les les fiels, rancunes et d'unir et les son sectaire, qui, sous prétexte moyen de pétrir et de combiner dans une doctrine amère jacobinismes de tous ne pas être moins éloigné, d'autre les les haines, temps. C'est part, de ces âmes fades LE MCM-IÈRISTE et molles qui, 4Ï en présence du mal, ne savent ni s'indi- gner, ni haïr. Aimer Molière, de ne pas c'est être assuré dans l'admiration béate qui s'idolâtre et qui oublie de quelle étoffe et qu'elle n'est toujours, et chétive nature. C'est cette quoi qu'elle ne pas on se replonge chaque fasse, donner Humanité elle est faite que l'humaine mépriser trop pourtant, la commune humanité dont on laquelle aller et sans limite pour une rit, fois dont on est, et dans avec lui par une hila- rité bienfaisante. Aimer et chérir Molière, c'est être antipathique à toute manière dans le langage et dans l'expression; c'est ne pas s'amuser et s'attarder aux grâces mignardes, aux finesses cherchées, aux coups de pinceau léchés, au marivaudage en aucun au genre,, Aimer Molière, style miroitant et artificiel. c'est n'être disposé à aimer ni le faux bel esprit ni la science pédante; c'est savoir reconnaître à première vue nos Trissotins et nos Vadius jusque sous leurs airs galants et rajeunis; c'est ne pas se laisser prendre aujourd'hui plus qu'autrefois à l'éternelle Philaminte, cette précieuse de change aimer la et tous les dont santé et comme pour le soi. dont temps, plumage le la forme seulement se renouvelle sans cesse; c'est droit sens de Tesprit chez les autres — Je ne que donner fais la note et le motif; on peut continuer et varier sur ce ton. Nous pourrions nous établit, entre Molière et arrêter les plus ici, car ce qui suit dans Sainte-Beuve grands parallèle tout à l'avantage de Molière esprit d'exclusion, estimant que, depuis le vieil Homère ; noms de or, notre littérature^ un nous admirons Molière sans dans l'universelle famille des poètes, jusqu'à Victor Hugo, notre contemporain, on peut trouver matière à plusieurs admirations et les concilier toutes. LE MOLIÈRISTE 42 nommé Mais M. Scherer a Racine, en déclarant qu'il préférait fection de l'auteur d'Àthalie au génie trop inégal de l'auteur thrope. Donc, empruntons encore quelques concluons avec « lui per- Sainte-Beuve, et lignes à : Aimer, au contraire, et préférer sans doute aimer avant tout l'élégance, et la vérité la du Misan- (au moins relativement), Racine, ah la ! c'est grâce, le naturel la sensibilité, une passion touchante et charmante; mais n'est-ce pas cepen- dant aussi, sous ce type unique de perfection, goût troduire dans son et laisser s'in- dans son esprit de certaines beautés convenues et trop adoucies, de certaines mollesses et langueurs trop chères, de certaines délicatesses exces- sives, exclusives? Enfin, tant aimer Racine, d'avoir trop de ce qu'on appelle en France rend si le c'est risquer goût, et qui dégoûtés, (i) SAINTE-BEUVE. (i) 'hiouveaux Lundis, tome V, p. 277-279, LA VERSIFICATION ET LE STYLE DE MOLIÈRE. Je voudrais, dans les lignes qui suivent, discuter briè- vement l'appréciation de de Molière. et le style M. Scherer Il me sur la semble, en versification qu'entre effet, toutes les idées émises dans le factiim intitulé par l'auteur lui-même a une hérésie que Molière mal faisait la les vers et que tique était « inorganique. » ment^ et plus saillante, c'est littéraire, » sa Ce reproche dépasse de beaucoup l'appréciation Fénelon. Les autres n'ont pas été réfutés cent fois, ce qui langue poéti- est le même neuf assuréfameuse de mérite ils ; de les reprendre pour son compte, et de nous les avec un sérieux de théologien, comme un doctrines aussi original et aussi hardi que tions de Luther à la diète de en deux lignes de la Worms. Comédie, nature humaine, » la définition en somme, n'existe point, (i) M. Scherer raillait, les offrir, corps la vis et de proposi- Ainsi, l'exécution « art limité qui laisse côté les choses les plus profondes la ont n'empêche pas M. Scherer les plus élevées d'un mot de de célèbre, qui, comica (i), la reprise, avec beaucoup d'esprit, dans le Temps du 30 décembre 1881, ces amateurs de citations faciles, qui piquent dans LE MOLlèRlSTE 44 médiocrement rajeunie, du réquisitoire de Jean-Jacques contre Misanthrope, le que Molière, affirmation cette auteur, acteur et directeur, composait souvent très vite et que, par suite, il y a dans ses pièces, bien et des faiblesses, etc., toute cette partie Scherer n*apprend rien à personne, et commencer une besogne est vraiment neuf, de « ; » ; » qu'il y regarder, des bouts de naire ni très neufs ni très authentiques. niauvais gré de faire pljserver que ce « cheville Il mais parasites, latin qui ne sont d'ordi- ne peut donc nous savoir fameux vis comica est peut-être, On en trouve épigtamme latine les éléments dans deux vers, que voici, d'une de César sur Térence Lenibus atque utinam Comica « Plût au5 4e moins toutes les citations d'usage courant la plus conventionnelle et la exacte. qui bien plus, que ses che- ne sont pas de simples mots leur prose, sans trop Ce Scherer, mauvais écrivain en extrêmement négligé continuellement, horriblement villes, à lui, serait re- comme M. dire, M. de travail la réfuter déjà faite et bien faite. c'est qu'en règle générale, Molière est vers », « poète du des taches scriptis : adjuncta foret vis, ut cequato virtus polleret honore. dieux, son talent comique que dans ses écrits la force fût brillerait alprs d'un éclat égal unie à (à celui la douceur ; des maîtres grecs). » Voilà longtemps que le savant Meineke, impatienté de voir le de son temps (1841) à tout propos et hors de propos, prouva que, par la construction et le sens de la phrase, comica^ au lieu de se rapporter à vis, devait se joindre à virtus. Il n'est plus vis comica déjà cité aujourd'hui de latiniste qui n'entende ces vers G. t. Guizot, V, p. 337. Ménandre, Notre savant était, hii aussi, i^oqs mune 385, p. et regretté devom {l'Esprit des autres., et comme Sainte-Beuve, Meineke. Voy. Nouveaux lundis.^ collaborateur Edouard Fournier, le recoxiaaître, tombé dans chap. VI, sixième édit., 1881, l'erreur p. 59). com- LE MOLlèRISTE des vers, des tirades entières que traînante, rend tout à « « l'art 45 d'où une allure lâche et ; de l'acteur déguise, mais « à haute laborieuse et ingrate la lecture fait qui voix des vers de notre grand comique. » Il M. Scherer faut rendre cette justice à contente assez d'afilrmer pas ; longue dissertation grammaticale paraît bien concluante ma que « si^ et ; dit-il, celle-ci démonstra- les esprits....» part, que^, sans parti pris aucun, de ce qu'avance M. étonné que le beaucoup de Scherer, même phénomène ses lecteurs. Il attire et effet Or, la la thèse • faire le vers, il M. dit Scherer, qu'il vient trouve en ce que^ d'employer, » A « preuve, : où est bien des endroits Deviendrait ridicule Serait-il De se pour donne constamment des synonymes oi- seux de l'expression Il il exemples invoqués ruinent les au lieu de l'appuyer. Molière cheville, ces vers chez une évidence démonstration terminée, que rien n'est étabU, car pas notre attention sur des points qu'il prétend établir avec irrésistible. serais soit produit se en ne je je taie du Con- trouve après cette lecture fortement convaincu traire lui ma quelque doute dans tion laissait encore J'avoue, pour : ne se qu'il prouver par une essaie de il à propos et d de la bienséance dire à mille gens tout ce J'entre en Qjiand une humeur ma que d'eux on pense part, eux les dans par M. Scherer, au Heu de « ?... un chagrin profond, noire, en je vois vivre entre Je vois, pour pleine franchise la serait peu permise.... hommes comme ils font. les fins de vers soulignées synonymes oiseux, » une . LE MOLlfîRISTE 46 gradation ascendante très marquée. Dans les quatre premiers, c'est Philinte qui parle. du monde, que la discrète, mais peu capable de provoquer des protesta- ridicuky c'est-à-dire matière à raillerie permise, c'est-à-dire des tions, scandales des éclats, non-seulement ; hors de propos, chose fâcheuse, mais serait rait la bienséance, homme estime, ce parfait Il pleine franchise serait non-seulement c'est-à-dire la loi elle elle choque- suprême de l'homme bien élevé, plus respectable à ses yeux, plus sacrée que toutes les considérations morales. Les deux derniers vers sont du rôle d'Alceste; expliquer? meur, Le même nécessaire ceux-là, est-il de les dictionnaire seul nous apprend que Vhu- un sentiment noire^ est plus faible que le chagrin: l'un est douloureux, l'autre n'est que désagréable. M. Scherer parle de l'art de l'acteur, qui sauverait ces faiblesses; j'estime au contraire que des vers comme là inspirent et il pour « portent l'acteur : n'a qu'à les Une répétition M. non moins fréquente chez MoHère, Scherer, est du premier celle second reproduit sans y rien ajouter, le comprendre les bien dire. continue en ceux- délayant et l'affaiblissant. vers, que le et, par conséquent, » Il cite, comme exemple de ces tautologies: Une telle action ne saurait s'excuser homme d'honneur s'en doit scandaliser Je vous vois accabler un homme de caresses Et tout Et témoigner pour Mais, encore une sursauter le lecteur; lui les dernières tendresses... fois, voilà il de ces exemples qui font s'attend à sur les neuf qu'on lui offre, il une preuve décisive, et, n'y en a pas une de pro- LE MOLIÈRISTE 47 bante, pas une qui supporte l'examen. Peut-on admettre que le scandale, c'est-à-dire l'éclat d'indignation bruyante, dise moins que le refus d'excuser? quelqu'un Qu'on tendresse? et aller relise, a-t-il amour comme en férence fort notable, en caresser N'y pour lui dans La Bruyère, style le portrait de verra si, l'on et M. Scherer relève chez Molière encore du amitié, entre gradation est mieux observée^ styliste, la xité, le galimatias l'afféterie, la proli- amoureux. Mais n'est-ce point-là prendre une peine inutile? Qui songe à défendre amoureux du grand flammes, les torches, les cœurs de et le jargon les tourments, siècle, les chaînes, Côté périssable etc., etc.? dif- jusqu'aux limites de la Théognis, l'homme à démonstrations, chez ce maître pas une les tigre, les entrailles de rocher, caduc d'une belle langue, que ce jargon. Du reste, de Molière se retrouve à toutes les époques et dang il ; il n'est point particulier au siècle toutes les langues; partout et toujours l'amour a parlé idiome spécial, souvent exagéré ou cule, passager comme portait comme comme pour tous il rien de l'homme les lui ? Ne un jusqu'au ridi- toutes les modes. Molière le parlait habits de son temps, et, pour lui ses contemporains, cette défroque n'est lui-m.ème. Corneille et de Racine, qui que raffiné Que le dirions-nous en effet de parlent sentez-vous pas trop comme plus lui et souvent à la lecture de Racine cet affadissement du cœur que l'on éprouve à un parfum ranci ? Le reproche le plus sérieux que respirer fasse M . Scherer au style de Molière, l'argument capital de sa démonstration, c'est que ce dit-il, style n'est « pas organique » ; les propositions, y sont juxtaposées et non pas unies; Mohère « ne. LE KBOLIÉRISTE 48 construit pas de période; » c'est là « une particularité dis- manière d'écrire tinctive de sa pour compléter la » ajoutons, avec Horace, ; pensée de M. Scherer : Ut nec pes nec caput uni Reddatur formœ. Eh (i) bien! cette absence de période qualité maîtresse du à est, de Molière, style mon sens, la cause de sa sou- la plesse et de sa variété, de son incomparable portée scéni- que. Ah la ! septième période siècle, ce ! du ce fléau neur et du et monotone du pontife, cette gnent La Rochefoucauld Bruyère et roi, du confident, du raison- forme creuse et Pascal, ce le Cid, l'est il et vide Test moins dans les Sermons que dans sont le dans Agésilas, s' les siècle ; c'est que notre théâtre classique a il Test endort; Bossuet Oraisons funèbres ; Oui, cette pé- moindres défauts en dépit été d'elle et grand et non par fécond ; c'est qui a glacé celui du dix-huitième siècle et qui rend au- elle jourd'hui les les La vide ou la redondance, a souvent gâté la belle lan- gue du dix-septième elle brise Corneille n'est ! Fléchier et Campistron le sont toujours. dont que dédai- moule que toutes les fois qu'il sommeille ou qu'il riode flasque et cotonneuse, ron-ron ce tragédie, la que Voltaire met en pièces point périodique dans dix- mécanisme grammatical, déplorable qui soporifie l'oraison funèbre et majestueux français au style si pénibles^ si languissantes à la représentation comédies de tous ces estimables Destouches, conscien- (i) On nous permettra de préciser : Art poétique, vers 8. LE MOLIÈRISTE cieusement périodiques et majestueusement Qu'est-ce en effet que le comique^ sinon l'image de la la familiarité, le ? théâtre, conversation qui parle ont-elles la logique voulu du discours les interjections tions, rompent être lu et périodi- est-il l'homme l'enchaînement régulière, pour écrite fait l'imprévu, colère de la plainte, la théâtre Le comble de ? langage parlé. Or, celui-ci Le raisonnement, ennuyeux. surtout le d'y reproduire la vérité, la souplesse^ l'art est que 49 Les interrup- ? coupent parole; la la phrase procède non par enchaînement d'incidentes, mais par petites propositions les unes sur les autres. courtes Cette parole, qui arrive aux lèvres, ne saurait ressembler au Comme le qui passe par la plume. style rien de géométrique; elle est geste, elle n'a imprévue, soudaine, coupée; Non qu'elle manque enchérissant vives, et elle jaillit au gré de de logique ou d'harmonie; la passion. elle a cette logique secrète et vivante de tout sentiment sincère et harmonie qui règle cette lieu la cadence du vers comique, au de s'y asservir. Toutefois, qu'on ne se méprenne point sur notre pen- sée; nous haïssons, au théâtre, la période, mais au bon sens du mot, tirade, « le chose toute différente. La tirade, dialogue, une poussée plus vive, Nul besoin de et la force, ou jet plus nerveux de la celle-là, plutôt les autres l'on veut, un moment du la tirade l'élan de tous un si la se sert de la comme couplet, » c'est, à non période pour donner à pensée. la vif, celle-ci mécanismes grammaticaux, dans juste mesure des besoins de la de Molière sont admirables pour sont dans toutes les mémoires pensée. Or, les tirades la plupart, et beaucoup : 4 LE MOLlèRISTE 50 Je VOUS épouse, Agnès, et, cent fois la journée... livres éternels ne me contentent pas... Il semble A trois gredins, dans leur petit cerveau... Vos Ah ! pour Non, être dévot, ce n'est pas, on n'en est pas madame, un bâton moins homme... qu'il faut prendre... Et tant d'autres, modèles achevés de d'ironie, d'éloquence, style, organiques » celles-là, « corps sain et robuste, où tous les membres de pensée, comme un s'accordent dans un ensemble parfait. Encore une imprudence que de reprocher à Molière tie embarrassés. point la tième siècle de cessent avec Le que, répété jusqu'à la fatigue, marque propre du remarquer. la période, n'est-il périodique au dix-hui- style Les grammairiens ? le les et les Pouvait-il commentateurs ne en être autrement ses incidentes, ses replis, ses détours? que en est le lien nécessaire; c'est l'anneau Le de laiton in- dispensable à ces pièces ajustées, à ce squelette grinçant, quel que soit le maître qui l'emploie, Racine ou Corneille, Saint-Simon ou Bossuet. Mais, tenons-nous en à Racine, ce « modèle de M. tion irréprochable, » selon des poètes, dont la perfection Scherer y compte bien MoHère, considérés : « Un comme il se le phrase de « Tout M. écraser Molière, entre de cruel pour M. et Eh bien! retournant Scherer, nous ne craignons pas de dire vue, le Racine prendrait aisément parallèle entre Molière et Racine, point de la dic- chœur premier. » Et ce parallèle garde bien de s'en priver. la le doit parallèle écrivains, quelque chose de cruel pour cruel, Scherer, ce maître du prend second. : quel que soit nécessairement quelque chose » ractère, (soyons généreux), Nous ne qui, parlons pas du ca- pourtant, est la moitié 5I LE MOLIÈRISTE du nous semble, talent, ni de la peinture des passions, qui chez Molière, autrement vraie, naturelle de celle des mœurs, fausse ni et franche, dans par essence Racine, chez qui ce n'est souvent qu'une admirable mascarade, où se mêlent style. casque le et le talon N'y rouge a-t-il chapeau à plumes, et le nous prenons seulement ; dans pas, la la la cothurne langue et le langue de Racine, bien du convenu, un abus fatigant des termes généraux, l'aversion du mot propre, une uniforme de noblesse, de teinte majesté fausse, du faux goût, de dans cet d'artifice monie ! art! Que que de contours la fadeur, de monotonie dans cette har- effacés à force d'être polis de mollesse souvent et de remplissage vous, fait souvent le la Que etc., etc.? Molière, ! second vers parce qu'il a que ! ditesfait le premier, méthode, à tout prendre, assez logique ; mais Racine ne fait-il pas, quement parce plus souvent encore, le premier vers uniqu'il chez a fait le que second ? N'est-ce les constructions pas un du genre de véritable tic celles-ci, qui consistent à remplir, à l'aide d'un participe, lui un premier vers naturellement vide : J'en rends grâces au ciel, qui, m' arrêtant sans cesse, Semblait m'avoir fermé le chemin de la Grèce... Et, l'amour seul alors se jaisant obéir, Vous m'aimeriez, madame, en me voulant La langue de Mohère! Mais ait a jamais écrite en France, perfection de quaUtés mais (i) la » haïr?... (i) c'est la plus originale non la plus « parfaite qu'on »^ (la suppose parfois plus de défauts évités que saillantes, plus de correction que de vigueur), plus expressive et la plus Andromaque^ acte I, scène I; acte II, riche, populaire jusque scène II. LE MOLIÈRISTE 52 dans toujours puisée aux sources vives noblesse, la génie national: c'est la langue de chaque âge, de chaque de chaque condition, de chaque sexe, Son métier. c'est la facilité a dit d'une très si c'est la l'affaiblis- manière définitive n'allons pas surtout refaire contre Racine, mirons même, Mais n'allons pas redire, en que Sainte-Beuve sant, ce ; de chaque art, de toute manière, style, c'est le contraire distinguée qu'on la suppose verve en action du ; que nous ad- sincèrement, en dépit des adorations excessives ou imprudentes, un autre factum, fameux de cet article M. G. de Cassagnac, où il y avait en somme quelques vérités. Résumons-nous. M. Scherer a soutenu par de pauvres arguments une mauvaise cause. Entre qu'il fait à se MoHère, soutiennent pas les uns, ; les un homme Cet usé. fort l'auteur; on Nous article restera, de et un paradoxe déjà vieux malheureusement pour rappellera dans l'occasion^ le regrettons d'un rare talent, d'un esprit vigoureux sain, reprendre, sans le rajeunir, et reproches examinés d'un peu près, autres, tournent au détriment de sa thèse. voir les divers dénués de toute preuve, ne comme exemple d'erreur mémorable, à côté d'un passage analogue de la de Jean-Jacques à d'Alem- Lettre à V^Académie^ de la lettre bert, de Quel la diatribe air est donc de Schlegel. celui de Genève pour que ceux qui respiré s'en ressentent toujours le théâtre fut croirait un le a-t-il, dans la l'ont ville jugement en matière dramatique? en voyant un écrivain critique de grande race, se par exception, Y où longtemps maudit, quelque influence ca- si pable de fausser ? il si On le français à tant d'égards, tromper à ce point, lorsque, en vient à parler théâtre! l A GEORGES MONVAL Vous Mon qui devez aimer à rire, cher ami, très fervent, très Aimant la vivante satire. Honorant le rire vivant ; Gardien du marbre de Molière Où A La use ses dents, la bêtise qui doit être familière liste de tous les pédants, Dites-moi, Monval, dans quel antre, Dans quel refuge souterrain, Quel Vadius au large ventre Gonflé de bière d'Outre-Rhin, (Quittant sa pipe en porcelaine, Prit, au nom La plume, et des sots mécontents, tout d'une haleine, fit, Quatre colonnes dans Pour prouver que Ne sait Et que le ledit Temps, poète pas écrire en Français, la Gloire est Et que deux une bête, de succès siècles N'empêchent pas qu'on ne se blase? — L'art d'écrire tient en trois points. mot, puis Prétend-il : Faite d'un mot ou deux, au moins, le Après quoi vient le la phrase, paragraphe Molière ignorait tout cela. Molière bredouille Au : il hasard son alinéa Il fait agrafe ; sa phrase inorganique ; : LE MOLIÈRISTE 54 Des mots, Il gnore choisis sans art ni goût, la mécanique; Son discours ne debout; tient pas Sa rime, complaisante fille, Accepte tout accouplement; Son vers boîte bas cheville, il ; Cheville épouvantablement. Bref, De si somme l'on veut faire la tous ses défauts sur ses doigts. On voit que le trait Revient dans Tartuffe Que Ou ses héros, dans Le pauvre homme! « : six fois ; la colère l'amour, vont se répétant; Qu'un Vingt mot vieillard dit le fois : galère, de suite en un instant; Qu'au second acte de l'Avare Harpagon rabâche « Sans dotl : A dix reprises, le barbare! Comme s'il n'était d'autre Qju'jl méconnaît la » mot... synecdoche, Brave l'aUitération, Met les chevaux après Qu'il ose, le coche, — abomination — ! un emploi risqué du trope, Abuser des termes égaux Qu'Arnolphe et que le Misanthrope Faire : Ne parlent rien qu'en madrigaux; Que de sa verve mal hardie C'est sans raison que l'on a ri; Que Qu'on De et pleine tire d'amphigouri; un exemple funeste ce style par trop lâché Qu'Amphitryon On comédie finie est sa Creuse va... doit faire très ; que du reste bon marché; Qu'ils sont, eux seuls, des gens artistes; Que Molière, Irait trouver les Moliéristes, s'il revenait. Et leur déclarerait tout net » LE MOLIÈRISTE 55 Qu'il s'en rend bien compte à cette heure Qui trop embrasse mal étreint; forme Car elle Si sa n'est pas meilleure, — est mauvaise, La faute en est Trop de soucis, J'ai trop mis le craint, il ; — à trop de hâte, trop d'embarras; les mains à la pâte Nous sommes comme moi : des tas Qui, pouvant mieux, avons fait pire: Moïse, Dante, Rabelais, Cervantes, Ouvrage Homère hâtif, Shakspeare et : donc mauvais. Brûlez ces imparfaits volumes; A l'école les chevilleurs Aux ! jeunes qui s'arment de plumes Montrez-leur Dramaturges, le modèle hommes Dites-leur bien, — ailleurs de : lettres, c'est là le hic 1 — Qu'il faut étudier les mètres Sans aucun souci du public; Que, dans l'âge d'or où nous sommes, La vie étant un tourbillon, Vouloir étudier les hommes un mauvais sillon; Qu'on connaît tout quand on s'enferme, Et que soi-même on se connaît. Et qu'on écrit beaucoup et ferme, C'est creuser Tranquille dans son cabinet; Que étude le vrai but, la vraie Est de commencer, dès vingt ans, A pondre avec exactitude Qjaatre colonnes dans le Temps. EMaE MOREAU. ^f> UN RÉFORMATEUR LITTÉRAIRE Moliéristcs, tremblez saxon, de la main sur Drapé dans ! En robe du moine la conscience et prenant Dieu a témoin un vérité de ses paroles, la déclarés idolâtres. si la criminels en fouillant puissant critique nous a nous ne nous croyions pas vérité, la vie, le cœur œuvres de et les Molière, en cherchant à comprendre et à analyser le veloppement de cet éclatant génie. Nous pensions même *aire œuvre forçant de en nous patriotique et digne de louanges connaître et grandes gloires de notre de faire dans Molière^ littérature. Si tout, — nous som- également digne d'admiration mes de ses disciples pour ne pas savoir que trop monde, et » — moins, nous paraissait digne d'intérêt. Jamais un semblait-il, n'est ridicule, encore diant les moindres et gestes faits un des pères de n'est-il pas Hélas nous avions tort; ! non pas en combattant l'idole. — et les ef- connaître une des plus n'est pas n'estimer rien qu'estimer tout le dé- « c'est tout, fils, du nous moins criminel, en étud'un père l'intelligence : et Molière moderne M. Scherer nous le ? — prouve, mais en renversant idolâtres, Pauvres innocents que nous étions de nous imaginer qu'une œuvre n'est durable qu'à d'être bien écrite et fortement pensée ! la condition Rien de plus faux Le Misanthrope, un chef-d'œuvre (M. Scherer veut bien : le reconnaître), est une pièce mal conçue et écrite dans une 57 LE MOLIÈRISTE ! — Donc, conception Que peut-il rester, sinon langue, dans quelle langue, bon Dieu également déplorables. et style, des beautés secondaires Oh ça ! ? Monsieur Scherer, vous qui savez Molière est avant tout homme posé plus souvent sur les de travail, bien que si com- et qu'il a planches que dans son cabinet comment ne vous ètes-vous pas dit qu'il fallait, avoir assez de force d'imagination pour pour le sortir de son cabinet juger, de théâtre, et représenter se ses œuvres Et ? pourquoi, vous qui savez sans doute aussi que Molière a vécu au XVn'' siècle, appliquez-vous à sa langue les règles d'une rhétorique qui n'est pas celle du XVII* même celle du XIX^? vous n'auriez pas riez siècle, pas vous aviez songé à ces choses, Si écrit votre article, mieux compris Molière, à peut-être; vous au- coup sûr ! Mais non, cet eâort-là, M. Scherer ne l'a point tenu pour nécessaire; juché au haut de son piédestal moderne, d'un ton de réformateur inspiré que la raison finisse par avoir raison, se faire reconnaître! Cette raison, MoHère est un méchant il et a dit: Il faudra cette évidence, c'est écrivain. Et Examinons-les donc, ces preuves, M. Scherer et, le siècle et que — Et toi^ que prouve. puisque notre héré- tique le veut ainsi, restons autant que possible au chez nous. bien que l'évidence finisse par pauvre Mohère ! XIX^ écoute ce dit le maître. Tout d'abord, le titre de Misanthrope est faux; c'est le bourru qu'il aurait fallu appeler la pièce, ou bien l'atrabilaire amoureux. Pourquoi? Parce qu'Alceste^ qui veut dans un désert l'approche des humains, misanthrope; le » « n'est pas fuir un misanthrope étant, nous apprend M. Sche- LE MOLIÈRISTE 58 rer, celui qui fuit ses semblables En outre, pas un nccessairemciil par une aversion générale moralité d'une être il drait-il nous persuader qu'un bourru l'être, je Molière, avant de changer Après tout, le titre — faite; le titre de importe peu; c'est la pièce qui est jusqu'aujourd'hui, nous avions cru inno- la était un poëme dra- comédie peignait des caractères humains, donc inconséquents, thrope, et que Attends encore, ô ta pièce. cemment qu'un poëme dramatique matique, que plus nécessaire- est — ment moral qu'un misanthrope? mal Du supérieure. pense, et notre réformateur vou- moins, peut ! parce qu'ww misanthrope nest est faux, le titre une femme qui ne le de parfait misan- qu'il n'y avait pas MoUère ne savait que trop qu'on peut aimer La comédie mérite pas. Erreur! de- viendra traité de philosophie; ses caractères seront absAinsi le traits! M. veut Ah! que Scherer. n'es-tu MoHère, pour recommencer sous sa conduite mains ! Scherer, écrivains du devrait au mal que n'ya à notre tour sensible si XVIP : les siennes ! Et s'expliquer m'en beauté du des à cet égard, ne soignait s'il ! Car il autrement (outre du misanthrope après remarqué dans la les M. i" acte du Misanthrope manque le Comment sa candide définition Pour de ! conduites que nous métaphores, mais ce sont ses livres « Je voudrais, là, ferais gauchi entre bon Dieu aux métaphores mal siècle, plus libres pas de doute, « l'artiste lui a quelle langue, moins soigner ses son édition. n'ait pas de « la conception : A » Tu et le puissant critique fie^dirait plus mieux, sans doute, ton œuvre ! la le poète), qu'il scène P' ces mots d'Alceste coûtât-il grand'chose, fait avoir perdu ma cause ! » : LE MOLIERISTE Au misanthrope exprimer le compris qu'il du son indignation eût été moins vive en en- 5® acte, tendant caractère. avait là y — et désir. Il aurait non changement endurcis, ouvrez les yeux, que la raison finisse Mais ce qui agace surtout M. A qu'un point, c'est qu'il parle à ce qui peut être juste grammaire, ne l'est Scherer dans ce propos, dre à Molière ce que c'est que il l'art la tragédie n'est d'écrire. n'oubUe et la la comédie le style de comédie, et ne saurait lui : cheville et la répéti- la que quand deviennent cho- elles quantes pour l'auditeur, parce que, dans et chevillons sans cesse. conversation, la Les pensées n'ont assez de cohésion pour pouvoir se passer de chevilles dans les écrits que point nécessairement d'une comédie. tion ne sont des défauts nous répétons Il un poète comique, d'un ouvrage de philosophie ou de pas celui de comparé. Dans Misan- le bon d'appren- juge L'art d'écrire n'est pas un, mais multiple être par avoir ! thrope, c'est le style. — même le développement O moliéristes et sachez qu'il faudra bien raison 59 mûrement pesés aussi ; lecture la en que est fatigante; cette absence de toute répétition, de tout point de repos serait insupportable dans une M. Scherer ne nous oppose pas pas d'ailleurs une comédie dans S'il cherche bien, il ici le comédie. Et que V Amphitryon, qui n'est sens ordinaire du mot. y trouvera aussi ces répétitions qui l'of- fusquent (i), mais qui, en réalité, reposant et balançant (i) J'ouvre au hasard, acte raison, etc. » III, scène V. Jupiter : « Oui, vous avez LE MOLliRISTE $P agréablement notre sont des qualités du poète co- esprit, mique. Quant à une comparaison entre une tragédie de Racine et une comédie de Molière, qu'une chose : c'est que le style de elle ne prouverait tragédie n'est pas la celui de la comédie, (i) M. Scherer, Molière « comme tapageur en formulant contre ceux qui parlent de il l'a fait, », aurait-il les « pédant il s'exposait le plus faut-là, M. Scherer de Peut-être. ? mérite cependant un reproche encore plus grave d'avoir lu Molière avec » et eu quelque soupçon que c'étaient précisément ceux auxquels Il reproches de une extrême se corrigera sans peine, connaître. Aussi bien, ce n''est point De légèreté. il : celui ce dé- faut le re- en général par trop de légèreté qu'il pèche. Mais qu'il y prenne -garde, un réformateur ne peut triompher qu'à force de solides argu- ments; ce n'est pas par des accusations jamais beaucoup d'hérétiques. y songe aussi : Que en l'air qu'il fera notre puissant critique l'enthousiasme convaincu est une arme qui gagne plus de prosélytes que le froid scepticisme Th. >i) Comparez Iphi^ètiie et les Plaideurs, vous en aurez ! CART. la preuve. PETIT QUESTIONNAIRE RÉPONSE. 28. Wasili Teploff (IV, 26). En attendant que M. Cla- retie puisse recevoir sur tanciés Vasili bibliographiques pour de Russie des renseignements circons- Teplov, sur ce les auteurs français quelques voici qui littérateur, indications paraît avoir eu une prédilection marquée. Le catalogue Smirdin (1828) mentionne quatre cations faites par Teplov, savoir 1° Histoire de Cyrus le jeune publi- : et de la retraite des Dix Mille [par Pagi]; traduite du français, Saint-T^étersbourg, typographie de l'Académie des Sciences, 2° Le Roman comique de Scarron, Le du traduit français. de l'Acad. des Se, 1763, 2 bibliophile russe dit à tort, croyons-nous Saint-Pétersbourg, in-8°. 1762, in-S". typ. part. : tra- duit de l'allemand. 3° Grammaire Restant; traduite française tirée de divers du français, 4* édit. auteurs, par Saint-Tétersbourg, 1787, in-8°. J'ignore sous quelles dates parurent les trois premières éditions. 4° Aventures de Gil Blas ds Santillane, par traduites du typographie de français. Le Sage, Dernière édition. Saint-Pétersbourg, l'Acad. des Se, 1812-1815, 4 E. part, in-12. PICOT. BIBLIOGRAPHIE MOLIÉRESaUE Molière, poème-étude. Dujon, qui a obtenu a été le — Cette poésie, de M. Emile i" prix au concours de Bordeaux, imprimée à Cannes, chez L. Vincent, à 60 exem- plaires seulement. regrettons que la donc quasi Elle est inédite, nous et longueur du morceau (212 vers) ne nous permette pas de lui donner place dans notre petite revue. Molière et Holberg. — Sous ce titre, M. le D' C. Humbert (de Bielefeld) a repris l'excellente thèse de M. Legrelle Holberg considéré comme imitateur de Molière, : publiée par la maison Hachette. Epitre a Molière. — L'Académie des Jeux floraux a terminé l'examen de éoo ouvrages en vers ou prose présentés au concours de 1882. Parmi les treize prix adjugés par le bureau général, une Epitre à Molière a obtenu un œillet. — Heureux début de M. L'Arnolphe de Molière. quelin aîné à la Revue des Deux-Mondes du 15 Co- avril. Excellente étude du rôle; compte-rendu très vivant et très mouvementé de la « première » de VEcole des Femmes. Il n'est pas de spécialiste mieux informé, plus exact, plus spirituel. Le trouvaille. — « Molière Voilà soufflé M. Coquelin par Rabelais » est une classé au premier rang des moliéristes, et nous nous en réjouissons bien sincère- ment. M. Buloz une étude sur aura-t-il la bonne idée de lui demander Tartuffe?... DU MONCEAU. BULLETIN THÉÂTRAL — Dimanche Comédie française. trée de Pâques Y^vare : (MM. 9 avril, pour la ren- Leloir, Truffier, de Féraudy, Boucher, Le Bargy, Martel, Joliet, Richard, Tronchet; ^mes Y)^ Féhx, Barretta, Frémaux). Lundi de Pâques, — 10, le Mariage (MM. Misanthrope JoHet, M''^ (MM. M"^ Amel, Arsinoé), M. Bianca). ei Leloir pour — — la i""^ La Lundi 27 mars, soirée populaire: Tartuffe M"" Dyone matinée populaire : et avril : le (M. Coquelin (MM. le Got, Misan- le 30^ soirée — Lundi populaire avril, 3 : le : 31'= — Misanthrope (M. Albert — Dimanche 16, Malade Imaginaire (M. Clerh), V^Cariage forcé aîné). — Mardi Géronte). Flèche), Marie Samary). Théâtre Royal du Parc. 16 lui ; Célimène, (M. Sicard; M"'^ Raucourt). 10, 32^ soirée populaire Lambert; M""^ Broisat fois Jeudi 20, fois, V Avare (M. Clerh, M"'" Raucourt). Lundi i""^ 18, Baillet, Médecin malgré lui (M"^ P. Oranger joue 25, X Avare (Coquelin cadet joue Odéon. la Médecin malgré et le M"" Thénard Martine, et MasquiUier; Tholer joue pour thrope (d°), et le — Mardi Delaunay, Prud'hon, Boucher, Reney, Tronchet^ P. Gabrielle Barré; Martel, Joliet, Villain, Truf- Davrigny, Leloir; M"* FayoUe). fier, Baillet, le forcé — et Jeudi les 6 et dimanche Précieuses ridicules " LE MOLlèRISTF. 64 Collège de France. — Mercredi 29 mars, M. E. Des- chanel continue sa revue rapide de l'œuvre de Molière par l'histoire du Tartuffe. vacances de Pâques credi • 3 et celles Le — Salle des Capucines. française. — Mercredi M. Talbot, ancien Mercredi 19, là avril, et la — Mardi de Molière, conférence sur V Ecole des quelin aîné, qui retrouve 5 fragments sociétaire de la V Avare, galère » des Fourberies de Scapin. scène Comédie et de « la 18, VArnolphe Femmes, par M. Co- son beau succès de Revue la Deux-Mondes. Signalons quelques modifications ditions, les mer- le mai. de V Avare, par des suspendu par cours, du Sénat, reprendra et ad- notamment un chaleureux éloge de son cama- rade Delaunay-Horace, très vivement applaudi. MONDORGE. Imprimerie de Pons (Charente-Inférieure). — Noël Texier. D QUATRIÈME ANNÉE NUMERO 39 JUIN 1882 LE MOLIÉRISTE %EVUE MENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. MM : Campardok, J. Claretie, F. Coppée, V, Fourxel, J. Guillemot, A. HoussAYE, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Livet, J. Loiseleur Ch. L. , Nuitter , Moland E. Ch. , Picot , Monselet, de la L. E. Noël, Pijardière, F.- P. Régnier, Ch. de la Rounat, F. Sarcey, Dr H. Schweit'zer, Ed. Thierry, E. Thoin'an, A. Vitu, etc. PAR M ON VAL Georges ARCHIVISTE DE LA CO HK I E FRANÇAISE PARIS LIBRAIRIE TRESSE 10, GALERIE DU THEATRE FRANÇAIS, lO 1882 SOMMAIRE DU NUMERO XXXIX QUATRIÈME ANNÉE AUTRE RÉPONSE A M. SCHERER. — Ch. Marie. LE PROCÈS DE MOLIÈRE ET D'UN MÉDECIN. — P. L. Jacob. MOLIÈRE A VIENNE. — C. Brouchoud. DOCUMENTS INÉDITS. — La maison de Meudon. — E. Campardon. L'ÉCUSSON DES POQUELIN DE BEAUVAIS. — Chromo-lithoreprésentant les Armoiries des Poquelin de Beauvais. graphie — Mathon. UNE LETTRE INEDITE DE BÉRANGER. BIBLIOGRAPHIE. — Ernest A... — Du Monceau. BULLETIN THÉÂTRAL. — Mondorge. LE PRIX D ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN POUR TOUTE LA FRANCE UN NUMÉRO On s'abonne français, 2, place tions, : — ÉTRANGER, UN FRANC I3 FRANCS. 50 CENT. à la librairie Tresse, io, Galerie de Vintimille, auquel demandes lettre affranchie. et les du Théâtre M. G. Monval, manuscrits, communica- ou par mandat sur la poste adressé à réclamations devront être envoyés par AUTRE RÉPONSE A Bien que, dans le M. SCHERER et ailleurs, Moliériste pondu d'une façon probante à été ré- ait il M. Scherer, nous allons risquer aussi notre réfutation. Avec une remarquable s'en prend d'abord à la qu'il dirige contre celle de s'appesantit sur Molière n'est cette inégalité. un il de reste, « faire ; Car puis, entendre — il que On au contraire, et l'on s'applaudit de si Molière était le toujours égal à lui- considérer que comme de grand talent, l'inégalité étant en quelque sorte la pierre de touche Au MoUère en France difficulté n'y aurait plus Heu de homme et faire accepter l'attaque pas toujours égal à lui-même. » l'entend parfaitement même^ du Temps renommée de Goethe en Allema- gne, uniquement pour atténuer la le critique habileté, du génie. quoi qu'en dise M. Hté existe aussi bien dans les Scherer, ce défaut d'éga. œuvres de Racine que dans celles de notre auteur. Pour s'en convaincre, on n'a qu'à relire avec attention un acte du tragique, ou simplement l'article pubHé autrefois contre lui dans le journal des 68 Débats M. Granier de Cassagnac, par naguère dans supplément le Avant de passer à littéraire du la critique L'inconséquence, lesque et rebutant représenté comme tradiction plus même style noble et attachant. Mais encore ; amour pour Célimène. » M. Scherer a oublié qu'au de ravoir fait ainsi h ; un grand « : coup de son Rendre le génie est du. » coquette. ? C'est Jean-Jacques Rousseau dans sa sur y a une con- il dernier, siècle n'était rien amoureux d'une Qui s'exprime : avait d'abord veux parler je écrivain a dit, au sujet de l'amour d'Alceste Misanthrope amoureux du Misand'Alceste ne se borne pas à rendre bur- dit-il, un caractère qu'on nous criante reproduit article du Figaro. M. Scherer s'occupe du personnage thrope, « MOLlèRlSTE Li: lettre à d'^Alembert (Amsterdam, 1768, p. 96). on ne peut soutenir que J.-J. Rousseau les spectacles. Certes, pour Molière une bien vive tendresse, ait eu par conséquent, qui est pour nous son témoignage, récuser ni, d'un grand poids. Passant au style du Misanthrope, l'éminent critique du Temps fait coupable d'école l'abri un de !), bel et bon procès répétitions, etc. à Molière et le déclare de tautologies (quel vilain mot Sous ce rapport, le pur Racine n'est pas à du reproche. Prenons un exemple dans « Vous voyez de quel « J'ai reçu de œil, ma mort la et comme le : indifférente, nouvelle sanglante. » (Acte Mettons Iphigénie III, s. VI.) premier vers en présence d'un de ceux du Misanthrope incriminés par M. Scherer, celui-ci : LE MOLIÈRISTE à propos « Serait-il comparons. et De y S'il d'un côté, n'y a-t-il a, de la bienséance » et M, suivant que le impeccable que Toutefois, vers de Racine donc tout à l'avantage de Molière est exemple démontre que Racine seul M. Scherer ? — Non. grammaticalement? La comparaison et ce Scherer, tautologie pas également tautologie de l'autre plus, est-il possible de soutenir soit construit bien 69 ; n'est pas aussi donne à entendre. le rédacteur du Temps veut bien faire grâce le de ses reproches à la comédie à'Amphitryon. Il accorde dégagé des entraves de l'alexandrin, né se qu'ici Molière, répète plus et qu'il « se joue avec grâce de son sujet. » M. Scherer pouvait dire cependant que cette comédie ren- ferme un rare exemple de répétition accumulée, une sorte de tautologie quadruple; ce qui n'empêche pas d'être d'une même. remarquable beauté découlant de C'est ce joli couplet de Sosie le passage la répétition : Mais, de peur d'incongruité. Dites-moi, de grâce, à l'avance, De quel air il vous plait que Parlerais-je, Monsieur, selon Ou comme ceci soit traité. ma auprès des grands on conscience, le voit usité ? Faut-il dire la vérité, Ou bien user de complaisance ? (Acte Voilà la perle tautologiqtie III, s. I.) que nous avions à signaler au sévère Aristarque du Temps. Si, pour Plaideurs la mesure des comme vers, Racine avait M. Scherer les Molière Amphitryon, sa charmante co- médie aurait encore gagné en grâce lure, traité le reconnaîtra. et en légèreté d'al- LE MOLIÈRISTE 70 Somme toute, la critique du savant rédacteur du Temps ne nous apprend rien de nouveau la gloire Nous avons même plume dans l'article ne retranche rien à de Molière, sans ajouter quoi que ce soit à celle de Racine. la et le seul but de la conviction qu'il a pris faire la de M. Granier de Cassagnac dont contre-partie il de a été parlé plus haut. ch. marie. , LE PROCÈS DE MOLIÈRE & D'UN MÉDECIN de trouver dans quelque vieux livre un est bien rare Il fait relatif qui ne soit pas connu et qui n'ait à Molière, En pas été recueilli. voici un, cependant, bien curieux et bien nouveau, que nous ne nous attendions pas à trouver dans le Séjour à Paris ^ c'est-à-dire instructions fidèles pour les voyageurs de condition... durant leur séjour à Paris, par le Nemestz, sieur J.-C. prince de le Waldeck (à Leyde, ouvrage que nous copions une que la Van Abcoude, che^ Jean 1727, 2 vol. in-8°); c'est à la page « A. S. monseigneur conseillier de S. 483 de cet intéressant note suivante : Molière, demeurant, un jour, avec un médecin dans même les maison, fut enfin obligé de femmes de la quitter, à bien s'accorder ensemble. Peu de temps après, la femme du médecin va prendre place dans une des premières à la Comédie; mais ger d'elle, la lui disant tendoit que Madame comme il étoit Molière la juste l'a à : doctoresse en un procès , sortît. elle en- Les parties que Molière perd ce qui l'avoit mis perpétuelle contre les médecins. loges, renvoiée, pour se ven- Qu'étant dans sa maison, : vinrent ensemble en cause l'un et de l'autre ne pouvoient jamais en une haine 3) Voilà un singulier procès, qui n'a jamais été signalé par personne, et dont les les pièces existent peut-être encore dans anciens dossiers des archives judiciaires. Avis au savant archiviste M. Campardon^ découvertes sur la vie qui a déjà fait de si curieuses de Molière, en fouillant avec per- sévérance dans l'immense dépôt de nos Archives nationales. P. L. JACOB, bibliophile. MOLIÈRE A VIENNE On sait que Molière l'acte d'association le jeu de et sa troupe, après la signature du 30 juin 1643, paume du Métayer et aménagé comme fût de en attendant que salle de spectacle, se rendirent à Rouen. On les trouve à Nantes en avril et mai 1648, à Fonte- nay-le-Comte en juin de même la Narbonne en 1650, 1649, à et à année, à Toulouse en Lyon de décembre 1652 à avril 1655. J'ai que indiqué, dans c'est pendant mes Origines du Théâtre de Lyon (i), cette dernière période avec sa troupe, des excursions à Vienne Joua-t-il à cette dit, et c'est très époque à Vienne probablement plainte portée, le 25 septembre de Vienne auxquels on « ? d'elle Sa troupe qu'il s'agit 1654, devant remonstre fit, les s'y ren- dans ville » dresser » mission à l'époque un thé.itre à cest effect sans avoir la Police. n'entendait » pas Mais laisser l'autorité consuls P. 28, note. et demandé per- municipale de enfreindre aussi décida-t-elle qu'il serait « inhibé et la a en ceste qu'il y une troupe de comédiens qui désirent jouer » ,1; que Molière et à Montpellier. ses ordres; défendu auxdits LE MOUERISTE ^ comédiens de jouer dans » théâtre sans au préalable en avoir » la permission de Et comme la la 73 ni faire ville immédiatement après la notification de la veille^ et obtenu police, (i) » préparatifs n'avaient pas les dresser leur demandé la été suspendus délibération de une autre délibération du lendemain 26 septem- bre renouvela les mêmes défenses, et également interdit « à tous charpentiers de » tous habitants et paumiers de leur prêter ni louer leurs » jeux de » 20 paume livres » jusqu'à ce leur et autres lieux d'amende contre que dresser ledit théâtre ladite le pour cet commencé à de paume (2), de » ledit théâtre » tre Tout porte à peyne de permission leur aura été accordée, et enjoint à Guillaume Burlat qui a dans à chacun des contrevenants » par terre sur effet et le petit jeu mesme peyne. dresser le à croire que, grâce à la protection de Ni- choses s'arrangèrent, et qu'après colas Chorier, les compUssement d''une formalité jours l'achèvement de son met- » qui retarda de l'ac- quelques théâtre, Molière put donner quelques représentations. (i) Registres des délibérations consulaires de Vienne. (2) Il y avait à Vienne, au nord de l'hôpital Saint-Paul, qui était si- du débouché de l'ancien pont et à 100 mètres de distance environ, deux jeux de paume, l'un dit le grand, et l'autre h petit. Leur emplacement est indiqué par celui de la place tué sur le quai du actuelle le Rhône, en du Jeu de Paume. face J'ai remarqué que la troupe de Molière s'est plus souvent fixée dans les quartiers placés sous le vocable de St-Paul, et cette j'ai habitude a été si constante que c'est en en tenant compte que pu diriger utilement mes recherches dans paroisses. les archives df s anciennes LE MOLIÉRISTE 74 même Je serais na à l'avantage de Molière ami Chorier grande salle lui que tenté de croire que l'intervention de son et obtenir fit cet incident tour- de jouer dans droit le la de l'hôtcl-de-ville. C'est à cette faveur qu'il serait fait allusion dans la délibération suivante, provoquée sans doute par une troupe de comédiens qui aurait suc- cédé à celle de Molière; car grand comique soit février 1656, à Lyon « Du je ne crois pas que notre revenu de Pézenas, où la même 24 était le il année: 28 aoust 1656, a esté remonstré commédiens qui venu en qu'il est désirent de jouer en » ceste ville des » ceste ville et ont prié et requis lesdits sieurs consuls de » leur » en donner permission la et après sur ce délibéré, Dict a esté qu'il est permis auxd. commédiens de jouer » dans lad. ville et dans la » d'icelle où les » charge » Dieu^ pour les de l'hôtel de pauvres d'icelluy, tous sieur maire a » led. » chever que pour ce » coustumé de les salle donneront au sieur maire dud. qu'ils » joueront trois livres Par grande ville autres commédiens ont cy devant joué et à la bailler fixé sur l'époque et la commencer les pour registres des certainement possible 10 sols tant pour fait autres les et les hostel jours qu'ils que le théâtre qu'il fera para- commédiens avaient ac- pauvres dud. hostel Dieu. de l'Hôtel-Dieu, recettes d'élucider ces il » sera questions et d'être durée des séjours de Molière à Vienne. C. — Ne BROUCHOUD. une carte des péréserait-il pas possible de P. -S. grinations de Molière à travers la province ? Elle serait le résumé de tout ce que l'on sait à ce jour sur ce sujet. Sous le nom de chaque localité où ^lolière aurait séjourné, la date du séjour serait indiquée. Ce serait comme un canevas que chaque moliériste serait invité à garnir par de nouvelles recherches. faire graver DOCUMENTS INÉDITS LA MAISON DE MEUDON M. Emile Campardon les a découvert, aux Archives Nationales, dans cartons des requêtes de l'Hôtel, deux pièces relatives à la maison qu'habitait à Meudon Mademoiselle Molière , récemment M. Dulaurier (i). Remercions notre infatigable collaborateur de ces documents au MoUériste. Du Entre Béjard, damoiselle du Roi, de officier du décret volontaire d'avoir offert la primeur de Izaac-François Guérin, sieur lui autorisée à la qu'elle a fait faire sur elle poursuite en la cour, requête de Jacques Guerry, conseiller du Roi, trésoet payeur de ses gardes du corps d'une maison jardin sise au village de du juin présent main levée par icelle la mois à ce demanderesse qu'en conséquence de la 14 du présent mois et le passée par devant Gouret et Pencher, Voir, dans et Meudon, demanderesse en requête tabellion au bailliage dudit (i) mort Armande-Grésinde- Claire -Elisabeth femme rier est veuve de Jean-Baptiste Pocquelin sieur de Mol- Hère, et à présent la dans laquelle 22 juin 1683. de Trichy, à et Meudon, de notaires et l'opposition afin le 'Bulletin de la Société de l'Histoire de Paris^ de M. Dulaurier sur cette maison. une note LE MOLIÉRISTE 76 de conserver formée aux criées de ladite maison et jardin par Pierre Demarne, lors marguillier en charge de l'œuvre fabrique et laquelle de du qu'elle sera rayée greffier quoi dudit l'église demeurera nulle il 17 mai le 1677, advenue et registre des décrets de la cour, le tenu de délivrer à faire Mcudon comme non la faite et demanderesse son décret, à contestation aux sera contraint et en cas de dépens, comparant par maitre Etienne Maugras, son procureur, d'une part; Louis Duval Cappron, mar- l'ainé, laboureur, François nom chand cordonnier, demeurant audit Meudon, au et comme marguilliers de présent en charge de l'œuvre et fiibrique de ladite église de Meudon, et Pierre Cappron, procureur d'icelle église, deffendeurs comparant par maitre Jean Lepage, leur procureur, d'autre part La Cour, en conséquence de la main-levée donnée par les défendeurs, fin de conserver formée aux criées de dont le est question, : 14 juin présent mois, de l'opposition à ordonne la maison et jardin du qu'icelle sera rayée des décrets de la cour et le décret délivré à la registre demande- resse, à ce faire le greffier contraint. Signé : Maugras; Lepage. (Archives Nationales, V^ 561 Du •) 6 août 1683. Entre Isaac-François Guérin sieur d'Estrichy et damoiseile Armande-Grézinde-Claire-Elisabeth Béjard, demandeurs en requête du que le 5' juillet son épouse, 1683, tendante à ce décret de l'adjudication qui leur a été faite en LE MOLIÉRISTE icelle le sise à 14 janvier dernier d'une maison et dépendances, Meudon, pour saisie et 77 le mise en criée à conseiller du Roi, somme prix et la de 5400 livres, requête de Jacques Guéhéry, trésorier payeur des gardes du corps de sa majesté, sur ladite Béjard, lors veuve de Jean-Baptiste Pocquelin sieur de Molière, comme l'ayant acquise des dame Laborye, leur tenus de consigner ladite somme, directeurs des créanciers des sieur et sans être soit délivrée ni payer aucun droit de ladite adjudication, attendu qu'il n'y a eu autre opposition aux dites criées que celle y for- mée au greffe de la cour par de les marguilliers de Meudon, de laquelle main levée a été faite la fabrique par sentence de ladite cour du 22 juin 1683 et que lesdits demandeurs ont satisfait aux causes desdites saisie et criées par maitre Lepage, leur procureur, d'une part; Et ledit sieur Guéhéry, défendeur, par maitre Etienne Maugras, son procureur, d'autre ; Et maitre Robert Sanson, receveur des consignations de ladite cour par maitre Jacques Lemaire,, son procureur, aussi d'autre. Après satisfait défendeur a déclaré avoir été payé et qu''icelui somme par lesdits demandeurs de la de 1000 livres portée par Tobligation de ladite demanderesse du i" avril 1676 pour laquelle lesdites saisie et criées ensemble des et frais ont été faites, mises ordinaires et extraordinaires desdites criées, et consenti, ensemble ledit Sanson, la déli- vrance dudit décret au prix de la maison Appointé est moyen de la consignation faite du acte de ; que la ladite déclaration et, en cour a donné conséquence et donne d'icelle et de la main LE MOLIERISTE jS levée de ladite opposition, ordonné ;i et ordonne que le décret de ladite maison dont est question sera délivré aux dits demandeurs sans pour ce autre consignation ni faire payer aucun droit de ladite adjudication aux receveur et contrôleur des consignations de ladite cour. Signé: Sanson; Lemire, pour Sanson; Maugras; Lepage. (Archives Nationales, P. S. — archiviste « La note suivante m'a aux Archives Nationales été V"* communiquée par M. Gerbaux, : Ordonnance de décharge de la somme de ^oo Jacques Loire, tapissier de la A pour lieu et Versailles, le i6' sep- » (Arch. Nat. Il est livres Chambre, pourveu au place de Jean Poquelin, dit Molière. tembre 1682. I377)- regrettable que cette pièce ne O* * 26 f" 313). soit pas plus explicite. Em. CAMPARDON. L'ÉCUSSON DES POQUELIN DE BEAUVAIS Les recherches sur Molière que nous de famille la avons publiées en 1877, ont été continuées; nous avons nom réuni d'autres notes sur les familles du qui, pendant plusieurs siècles, se de Poquelin sont perpétuées à Beau- vais. Les Aïeux de Molière à ^eauvaiset à Paris que M. R. du imprimer en 1879, sont venus confirmer Mesnil a fait l'opinion émise par nous que le père de MoHère était bien originaire de Beauvais. Ce généalogiste a mis large- ment à profit notre notice, et la description que nous lui avons donnée d'un vitrail représentant les armoiries d'une famille Pocquelin lui a facilité la représentation factice de ces armoiries, ou plutôt armes parlantes; ces derniè- res possédant toujours quelques figures, bles qui font allusion au Dans l'escalier cette ville et pièces de celui qui ou meu- les porte. d'une ancienne maison de Beauvais (et en possède encore un bon nombre) se trouvait une fenêtre à temps nom petits carreaux verdâtres entremêlés de verres peints. Un dépolis par le de ces derniers, de II centimètres carrés^ représente un vase d'or à anse, du commencement du XVII* siècle, dans lequel on voit 80 LE MOLlÉRlSTt un bouquet de analogues Jin en fleur. Des bourgeois beauvaisines. l'industrie des étoffes, aux Nous avons plusieurs vitraux avec des armes parlantes de plusieurs familles se en livrant cette ville à qui avaient une grande réputation siècles précédents, adaptant sur un s'annoblirent en Nous en voyons ècusson ces sortes d'armes parlantes. encore sur des boiseries, des pierres tombales à l'église de Saint-Etienne de Beauvais, et sur des façades en bois (i). La science héraldique dans rité pour et soumise à une certaine sévé- composition des armoiries, la pour précises est émaux, parfois les aussi les règles pour les les objets figurés. Les armoiries anciennes de Pocquelin de Beauvais qui sont figurées dans les Aïeux de Molière à Beauvais une sanction complète aux donnent-elles ris sont ornements modernes? L'auteur de ce travail a commis une et à Pa- armoiries erreur en insérant dans son livre une gravure en couleur, représen- un pot à tant fleurs en terre, de forme toute moderne, dans lequel est fichée une branche d'arbre à feuilles fine- ment découpées et s'alternant. le lin, car cette plante est du Cet arbuste ne saurait être à feuilles lancéolées, s' élevant sol. Le vitrail certainement Pot dont nous donnons les ici la reproduction offre armes parlantes d'une famille Pocquelin : et lin. (i) Une famille du nom de La Fontaine sculptait sur des lambris une fontaine jaillissante, ayant le mot Sur une pierre tombale d'un écusson tracé au-dessus de de à nommé la tête, gauche Pillon, mot La à droite. et le on voit figurer dans un pilon tenu par une main. un Le Moliériste ARMOIRIES DES POQUELIN DE BEAUVAIS d'après un ancien vitrail. (Collection de M MATHON d-; EeauvaisfOisel. 8l LE MOLIÉRISTE confirmé dans J'ai été la lecture ou plutôt dans l'inter- prétation de ces armes^, qui se rapprochent du rébus, par de M. l'opinion Caron de Troussures qui possède le beaucoup de documents snr Beauvais; nombreuses étaient mes et celles les anciennes qui portaient ce et n'avaient parlantes. Ainsi, un nom de familles de Pocquelin pas toutes adopté ces ar- portrait de Simonne Pocquelin, Agée de 65 ans en 1592, que nous avons décrit (i), offre des armoiries composées plus héraldiquement ches de lauriers entourent un écusson parti zur à la branche d'or, premier au faisceau de en chef à senestre, au dextre la ; monogramme A B au second de gueules à : des bran- au premier d'adards d'or d'or en pointe à l'étoile d'or en chef, à gerbe d'or en pointe. MATHON. Beuavais, avril 1882. (i) Catalogue possédé aux les vitraux de cette du musée de Beauvais, 1865, page 67, n" 49. Beauvais a et XVIIe siècles une école de peintres sur verre, et XVIe d'Engrand-le-Prince sont toujours admirés dans ville. sa facture, ses les églises Le vitrail de la famille Pocquelin est du XVII^ siècle, émaux et le dessin l'indiquent bien, et la comparaison avec les vitraux de cette époque complète cette attribution. 6 wmw$w^mW:Wm!& UNE U'TTRE INÉDITE DE BÉRANGER. On dans lit Moniteur universel du 7 janvier 1844 le « PARTIE NON OFFICIELLE. 6 janvier. » Paris, le » Un nombre certain d'étudiants, qu'on peut évaluer à environ trois cents, se sont rendus aujourd'hui, vers midi, cliez Chambre des députés, rue Richelieu, Molière En du discours l'occasion à féliciter ils (i) En qu'il a à diverses M. Laffitte, pour prononcé récemment à passant devant le ont poussé monument reprises le le la de Molière, de cri Vive : ! sortant de chez M. Laffitte, porter à Passy, au domicile de devant : le ils ont pris la résolution M. Béranger. Arrivés ministère des affaires étrangères, ils ont de se trans- sur le boulevard, crié : A bas Guizot ! Ces clameurs ont immédiatement cessé sur l'injonction du commissaire de police qui veillait sur le rassemblement, dont une partie s'est dispersée. Le rassemblement il s'est rue de Passy, le n'a pas tardé à se reformer dans la rue Royale, et rendu à Passy. le M. Béranger rassemblement, a été insulté voies de fait n'était pas chez lui. Dans la grande commissaire de police, qui n'avait pas cessé de suivre sur les agents ; les perturbateurs se sont portés à des qui l'accompagnaient. Alors une dizaine d'arrestations ont eu lieu, et le rassemblement a été dispersé. » (2) Les journaux du temps nous apprennent que diants, introduits dans la cour de l'Hôtel Laffitte, (i) Dans la détachè- séance du 30 décembre 1843. Le Monileur du 14 janvier annonce que les étudiants individus arrêtés le 6 à Passv ont tous été condamnés. (2) les étu- et autres LE MOLIÉRISTE rent de leurs rangs dans lut les une dizaine d'entr'eux qui montèrent appartements. un discours à la 83 Un étudiant en droit, duquel suite l'illustre M. Henri L..., député se montra à tous les étudiants et les remercia. un des Cette visite rendue à pendant son passage à amers ratif le présidence de la comme doyen Députés chefs de ropposition, qui, gouvernement, le Chambre des discours sans doute aussi admi- que Ubéral de M. Henri L..., les cris l'hôtel des Affaires étrangères contre laire, la d'âge, venait d'attaquer en termes poussés devant un ministre impopu- prouvent suffisamment qu'en se rendant à Passy, au- près de Béranger, la jeunesse des Écoles songeait moins à ren- dre hommage à Tauteur du Tartuffe, qu'à faire une manifestation politique. demander au vieux chanson- Elle allait nier de se mettre à sa tête et d'assister à l'inauguration du monument En apprenant que Béranger était vif. Le poè- de Molière. absent, elle témoigna un mécontentement assez réellement sorti te était-il dans son appartement? main de cette visite, ? se tint-il Nous prudemment renfermé l'ignorons M. Henri ; mais le lende- L... trouvait à son hôtel, rue de Verneuil, 25, une lettre qui a été précieusement conser\'ée dans sa famille, prinieur à ses abonnés dont et le Moîiérigte offre la : Passy, 7 janvier 1S44. Monsieur, Il celui n'est que pas d'honneur qui pût me veut bien Écoles de Droit qu'il nest pas et me flatter davantage que décerner une partie de la jeunesse des de V^Cèdecine ; mais je dois vous confesser d'homme qui convienne moins que nwi au rôh' 4 s MOLIÉRISTE I.E (jiie honneur m'imposerait dans la cérémonie du ij. cet mes caractère^ m'ont toujours tenu ?nes habitudes ^^oûls, où me il sérail impossible de proférer donc^ Monsieur^ Aye:(^ loin embarrassé de figurer dis solennités publiques où je serais fort et Mon une parole. mes excuses la bonté de faire agréer à ceux de vos camarades qui avaient cru devoir me désigner pour marcher à leur convictions à et prouveront, et pas et y fait encore à votre génération, qui a si long tems il s'est sance aux nombreux ne- m'y être que m'a causé la tant. A mon adoucir les pas trouvé triste résultats d'une dites, l'assurance de ma le regret que plus vif encore démarche qui m'honorait fai pu auprès la fois conciliant collision reconnais- pris la peine de otit regret bien et le et de juste, M. le pour que je déplore. xA ceux Monsieur, combien je soufre d'avoir du mal qui en peut Recevez en particulier. ma leur expritner issue d'une homme à qui en sont victimes, été l'occasion et retour, j'ai fait ce que maire de Passy, qui élèves des Ecoles venir rendre visite à Passy j'ai de préoccupé de la gloire de notre Patrie. Foudre:(-vous bien aussi. Monsieur, exprimer me du chansonnier resté fidèle à ses à lui survivre, que jusqu'au dernier moment^ du bonheur noir coin le laisser sympathies. Les rêves qu'il ses l'espère, il n'est ciel vieux philosophe le généreuse jeujiesse de cette qui grâce au coin, misanthrope, jour de l'inauguration de la statue le à Persuade^ de Molière. dans son tête résulter Monsieur, et pour eux. mes remerctments et cordiale considération. Votre dévoué, BÉRANGER. Dans lettre la crainte de ne pas vous rencontrer, j'apporte cette avec moi, pour la remettre à votre portier. LE MOLlÉftlSTE La monument de l'inauguration du veille 85 de Molière, Messager annonçait que les élèves devaient se réunir le lundi 15, sur la place l'Ecole de Médecine, « du. Panthéon et sur pour Cette nouvelle, ajoute produit le aller assister à le la journal dont l'article fut re- lendemain malin par Moniteur, a lieu d'éton- le cérémonie que ou députations désignés sur programme le le Préfet de la Seine et qui a Le lendemain, en effet, suivant l'ordre faisait, de cipal (Préfet de sociétaires été officiel, la par » du Monument devant municipaux), corps les arrêté rendu public. l'inauguration la Seine, conseillers conseillers adjoints, de l'inauguration. ner, puisqu'il n'y aura d'admis à la M. place, le le corps se muni- de préfecture, maires, les Comédie-Française, 5 la Académies, les commission de souscription, les députés de la Seine, les commissions des auteurs dramatiques, de la Société des gens de lettres, des dramatiques, et quelques fonctionnaires ou artistes artistes invités par le Préfet de la Seine. Exclus de cette fête, un certain partirent de la place rendus rue de la nombre de jeunes gens de l'Ecole de Médecine, et, s'étant Tonnellerie, devant la maison où l'on croyait alors qu'était né Molière, saluèrent de nombreuses acclamations ajoute le de ce façade : « buste de l'immortel poète qui décorait bâtiment. Ils se Le Moniteur, qui relate le la fait, sont ensuite rendus au foyer du théâtre de rOdéon, où l'acteur Monrose a lu une pièce de vers analogue à la circonstance. Les jeunes gens l'ont accueillie aux cris de : « vive Molière ! », et se sont dispersèb en quiL- LE MOLIÉRISTE 86 ant théâtre. le seul instant. Ainsi 11 L'ordre pas été public n'a troublé un « démonstration politique devenue simple manifestation avait avorté, et était littéraire en l'honneur de notre grand Comique. Ernest A... 9^ — Nous pouvons annoncer à nos chaine publication d'un Théâtre lecteurs la très pro- choisi de T(plrou, précédé d'une importante étude de M. Louis de Ronchaud. La nouvelle édition, imprimée par collection des Petits classiques, se mes comprenant les M. Jouaust;, dans sa compose de deux volu- pièces suivantes : Hercule mourant, Antigoney Saint-Genest, don Bernard de Cabrère, Venceslas, Cosroès. — Vient de paraître une Etude sur Molière, par M, Alph. Leveaux, in-8 de 29 pp. (Compiègne, impr. H. Lefebvre). L'auteur les examine spécialement Fourberies de Scapin. le Mariage forcé et BIBLIOGRAPHIE MOLIÉRESaUE Editions classiqjues. mes de nos — On. lycées, Molière sait fut que, sur les program- longtemps représenté par Misanthrope et par quelques extraits, plus ou moins le seul étendus, dans les recueils qu'un moins esprit de DvCorceaux choisis. Depuis timide préside à la études universitaires, une place plus large lui a été Plan le d'études supérieures, du 2 août 1880 V Avare, les Femmes savantes^ le Tartuffe. Peut-être n'est-ce pas et le pour prescrit, des direction faite ; classes les ^Misanthrope encore assez ; nous croyons que Ton pourrait mettre aux mains d'élèves de comme rhétorique, sinon tout Molière, moins la mérite tous nos plus courageuse, en somme, et qui, une l'Université mesure assez espérons-le, sera com- publiées pour répondre aux prescriptions du "Plan ment d'études-, sont vraiment remarquables, Moliériste, La Cependant, partie. remercîments pour du Quelques-unes des éditions de Molière, nouvelle- plétée. de grande tout Racine, librairie ces et pour c'est, le un devoir d'en rendre compte. Garnier frères a donné publications, avec les le Femmes premier exemple savantes, M. de Emile Person, professeur au lycée Fontanes; V Avare, de M. F. Marcou, professeur au lycée Louis-le-Grand Miiunlhropc, de M. L. Lcys, professeur au lycée ; le de LE MOLIÉRISTE 88 Montpellier, M. notre collaborateur de Tartuffe y le et Louis Moland. Les Femmes savantes méthode et point de vue au Nous ne louer trop origi- abstention de pièce la philologique et dramatique. historique, saurions éditions approfondie étude admiratives, notes même même ou nales, avec leur orthographe, sobriété de la procèdent de scrupuleuse des reproduction : Y Avare les deux commentateurs d'avoir ainsi compris leur tâche. Bien que l'orthographe de MoUère, dont peu d'attention à accordait trop est si rare et qui l'écriture la publication de ses pièces, n'ait pas la précision et l'importance de celle de Corneille, par ple, elle a du moins l'avantage considérable thographe du dix-septième sa physionomie vraie maire historique objecté (i) router les que et cette élèves et (i) les la gram- exemples. On a orthographe archaïque pourrait dédésapprendre leur ne leur et, si l'on M. Maxime Gaucher, dans dernier, à propos de classique) de tous Torthographe est pas familière à l'excès : deux pièces ne s'adressent qu'aux élèves des classes supérieures, avril Tor- d'être de conserver au texte de fournir à l'étude de les meilleurs usuelle, qui, paraît-il, mais ces siècle, exem- la l'édition ne sait Revue politique pour laquelle notre directeur a annoté » littéraire et de Molière (Jouaust, teur a conservé l'orthographe originale qui traite de « pédantisme l'orthographe pas ; la préface cela « irrite cette façon d'agir. Voilà du 15 ^Bibliothèque de 1682. L'édi- » M. Gaucher, un bien gros mot, arguments de M. que ne justifient guère, nous devons l'avouer, les Gaucher en faveur de l'usage contraire. Nous aurions la partie trop belle si nous voulions parler, à notre tour, du pédantisme » de la v» routine. LE MOLIÈRISTE en seconde, la Au saura-t-on jamais? l'orthographe de Joinville, 89 surplus, rajeunit-on de Marot ou de Montaigne, qu'on met aussi aux mains des élèves de rhétorique et de notes admiratives, elles tombent si fa- seconde ? Pour cilement dans les de s'en abstenir, même de ces éditions, teurs au contraire tout à lorsqu'on a spontanément. elles naissent ments d'histoire théâtrale les poëmes chaleur vivante, la ; où une heureuse innova- c'est là comme des seulement pour être lus des chefs-d'œuvre chaque pièce sont d'une science qui précèdent très sûre, très résumé d'un cours appropriées nous a surtout paru aussi à leur but spécial. Celle de V Avare : et Félicitons les deux éditeurs destinés surtout à être joués. Les notices intéressante sont commentaire élèves sont trop disposés à étudier écrits ; au- les elles donné grande place aux renseigne- tion : comme lettré leur place dans le fait à d'avoir, au contraire, fait, preuves de ses dont rien ne remplace oral, toujours prudent la banalité plate, qu'il est a fait M. Marcou, alors professeur suppléant Lettres, c'est un excellent morceau de la Sorbonne par à la Faculté des critique, original et neuf à bien des égards. Dans son Misanthrope, M. Leys opposée. que « Estimant, suit au contraire de ses deux collègues, l'orthographe est indifférente », original à l'orthographe moderne ; varié. ramène le texte d'autre part, son com- mentaire historique et philologique moins une méthode toute est il moins nourri Pour prendre un exemple, M. Leys et croit-il avoir suffisamment éclairé (p. 21) ses lecteurs sur le sens du refrain « J'aime mieux ma mie au gué, » (qu'il écrit LE MOLIERISTE 90 ô gué! « » ), disant Cil chanson composée temps de Henri II? de plus sur des le >> comme style figuré celle-ci dont on du bon goût, a leau, le réformateur Le Misanthrope faute, même qu'il pourrait mique. )) vaut pas 19), à propos (p. des fait vanité^ etc. Ce en été, du Parnasse. est perdre » Son triomphe son procès, les d'en imaginer de ont épuisé, esthétiques à Boi11) : hommes en et classe, ne Encore une de ce genre que il est bien diffi- après que tant de critiques telles, propos de Molière, Lorsqu'on n'a pas à citer les formules admira- Saint-Beuve Marc-Girardin, pourquoi ne pas laisser orales les toujours la peine d'être imprimé. remarques délicate, anticipé, à l'idée excellent à dire dans une qui est si extrêmement co- est lorsqu'elles sont tout à fait originales, tives. sûre et si même temps que Ou cette autre (p. heureux de prendre à ses dépens. on ne goûte fois, le au Loir, le Nous préférerions quelques détails Gué et ses réunions joyeuses à Molière, qui traçait, d'une main « les règles cile refrain vient d'une du Gué, sur : Ce « Ce vieux « château du explications vers : au chilteau ou Saint- aux explications du professeur ou au sentiment personnel de l'élève soin de signaler ou dégoûter ce qui est beau, spirituel, etc. est .'' Au une contraire^ ce qui touche à l'histoire et à la langue partie de la critique assez nouvelle encore pou^ n'être pas épuisée. Nous n'avons rien Moland. Extrait de à cette dire du Tartuffe de M. Louis grande édition de Molière, que connaissent bien nos lecteurs, il en a toutes lesquaUtés, et si 9I LE MOLIERISTE qu'en réduction la d'après les Person et a mêmes principes Marcou^ On son excellence. M. Moland tirée que n'est pas raison a bien aussi sa elle ne peut que le établie MM. de les éditions d'être et remercier de mettre à portée des élèves de nos lycées les résultats de ses vas- la tes recherches. La librairie des classes, Ch. Delagrave a publié, également à l'usage plusieurs comédies de Molière nous ont aussi paru très dignes d'intérêt, ces éditions ; et nous en par- lerons prochainement. Vente — Rochebilière. vacation, seront vendus, à Vendredi 2 à juin, la salle Silvestre, les n°^ la 3= 315 à 402 du catalogue de ce beau cabinet formé par feu M. A. Rochebilière, conservateur à ancien la bibliothèque S"=- Geneviève. Nous signalerons particulièrement aux moliéristes les éditions originales de VEcole des Femmes, de du la Critique, gré lui y du Sicilien, de homme, de Psyché, des sçavantes et i" édition Maris, ïKisantrope, de YEcole des du D^édecin mal- G. Dandin, du Bourgeois GentilFourberies de Scapin, des du rarissime Remercîment au Roy (1663); originale des Œuvres (i66é); l'édition 1682, précieux exemplaire contenant en double VII les et Femmes VIII SANS les la de tomes AUCUNE SUPPRESSION, c'est-à-dire avant ordonnés par la censure; la tra- cartons de remplacement duction italienne de Castelli (Lipsia, 1740, 4 vol. in-12), exemplaire de 'M"'^ de Pompadour, plats ; enfin de avec ses armes sur les nombreux ouvrages du temps, documents, LE MOLlèRISTE 92 études, mélanges et biographies, toute une bibliothèque moliéresque. Le catalogue, excellemment rédigé par M. A. Claudin, libraire-expert chargé de la vente, est précédé d'un avant- propos de M. Alph. Pauly. — Molière und Seine buhne. Molière-Museum a enfin paru : Le 4' f\iscicule rieuses dans ces 176 pages; et d'abord, signalons la gravure originale en fac-similé, ainsi que l'autographe M. de La découvert à Montpellier par mandes, Pijardière. sur de 'Molière tableau des représentations (1877-79), V Avare a été représenté 18 fois à Berlin, extraits du édité par pu — une longue analyse du française alle- ans Malade Imaet importants il y coûteux volume a six ans. — Enfin, Moliêriste contient des éloges dont traduction nous ferait rougir. Tous nos remercîments D"' le De nombreux se procurer le rare et Comédie la scènes les de Lagrange rendront d'utiles services 'Registre à ceux qui n'ont Dans un nous remarquons qu'en deux ginaire 17 fois à Vienne. la aux rao- texte français de VElomire hypocondre, précédé lièristes le de de ce y a bien des choses cu- il H. Schweitzer, le et tous nos bravos au digne persévérant directeur de cette pré- cieuse publication. L'Epitre a. Molière, à fîoraux a décerné un œillet, Angoulême. vers), ne L'étendue laquelle est bientôt dans un volume de prépare en ce moment. morceau de ce nous permet pas de l'Académie des jeux de M. Depiot, avocat à le pubUer Fables et satirique ici. éptires Il (192 figurera que l'auteur LE MOLIERISTE — M. commence, dans Achille Fouquier de mai), tattnique (livraison Tenorio Je don José 93 Zorilla, la la traduction du drame en deux Revue hri- Don Juan re- parties, présenté pour la première fois à Madrid en mars 1844. —A signaler, les Etudes littéraires sur cine, de Corneille (i vol., Hachette), et les Essais de critique Victor de Laprade, où l'éminent poète, aussi ! la comme un comédie rer Ra- qui idéaliste, par regarde, lui genre inférieur, consacre de bien curieuses pages à Molière. nement théâtre de le Molière, par M. Gustave Merlet de et Nous reviendrons certai- sur ce livre, que les impatients pourront se procu- à la librairie Didier. Lire do.ns\a. Musique populaire, journal hebdomadaire illustré, l'intéressante étude du rédacteur en chef, Pougin : et avril et mai) sur la Molière l'Opéra-Comique M. Arthur 26, 28, (n°' à 33, V Amour peintre, à propos de M. Eug. Sauzay, que nous avons le Sicilien et récente partition de louée en son temps, — La 20 Bibliophilie publiée par le libraire avïil dernier (n° 1 3 de la série) Ad. Labitte, contient article sur Molière et Louis de Mollier. Il y un le intéressant est question des divertissements et ballets attribués au musicien-chorégraphe. Disons, à ce sujet, que le curieux recueil de ces ballets, formé par M. Bancel, vient d'être adjugé à M. E. Sardou, de Bruxelles, pour A la somme quelques jours de comédien du Vaudeville, 750 fr., là, de 850 francs. M. Ad. Dupuis, l'excellent se rendait acquéreur, au prix de d'un portrait de Molière, par J.-B. Santerre. DU MONCEAU. BULLETIN THÉÂTRAL — Comédie française. vantes (MM. chard, Femmes les sa- Got, Delaunay, Barré, Coquelin cadet, Ri- Tronchet Siivain, Samary-Lagarde Barretta, 2 mai, Mardi, M'"" M. Brohan, Jouassain, ; et Fayolle). (même Jeudi 4, les Femmes savantes distribution, sauf M"' Fayolle, remplacée dans Armande par Mlle Lloyd). Vendredi lin, Malade imaginaire 12, le Thiron, Barré, Prud'hon, (MM. Tronchet; M""'* Martel, Aumont) Jouassain, Barretta, Samary-Lagarde et la petite amoureux et le 'Dépit Féraudy; Meiningen M"" Bianca Thomas : le — Jeudi, — Dimanche imaginaire (MM. naglia, Fréville ; le 21, (MM. M"" dis- remplacés dans et Truffier). Amaury, Sicard, Crosnier, Grivot et Une le à Amaury, : le le : iKalade Kéraval, Cor- J. Malvau). Médecin malgré lui fausse distribution La France persuade tre-Manche qu'elle a Porel, Clerh, Raucourt, Chartier, Hen- soirée populaire distribution). journal Coquelin, Coquelin cadet 38' soirée populaire Clerh, M"" Lundi 22, 39^ (même Le duc de Saxe- 18 mai, 37^ soirée populaire à prix Médecin malgré lui Kéraval, Boudier, Fréville ; riot). Reney, de Malade imaginaire (même MM. Got et par MM. sauf Purgon réduits Joliet, P. Frémaux). et et jeudi 18, le tribution, Odéon. Boucher, assiste à la représentation. Mardi 16 et (MM. Coque- Got, donnée par une honnête famille d'ou- bonheur d'applaudir M. Got, LE MOLIERISTE M. Talbot M"* Dinah-Félix dans Sganarelle, Géronte et et Jacqueline Dimanche ! 28, 40' soirée populaire: Tartuffe. 29, 41* soirée populaire Théâtre Rossini, populaire OpÉRA-CoMiauE. le : — — Lundi, les artistes Jeudi 27 M. Poise, Demonbynne. r Amour médecin, de du prix tié du cours de M. E. prise 29 mai, matinée de l'Odéon. mardi 2 mai, avril et qui vient d'obtenir la moi- — Mercredis Collège de France. — Lundi Dépit amoureux. à Passy. Tartuffe, par : 95 10, 17 et Deschanel : 24 mai, re- La question des femmes dans Molière. — Le surlendemain du jour où d'œuvre de son répertoire, non vingt ans. madame précédée, été française ac- un salon des Comédie un des petits chefs- représenté depuis quelque Le Dimanche 14 mai, brillante soirée chez comtesse de Beaumont-Castries. M. Coquehn la une lecture du a fait de M. Comédie avec faveur une comédie de salon, cueillait plus parisiens empruntait à la aîné la entrecoupée et Sicilien suivie ou V,Amour peintre, de l'excellente musique Eug. Sauzay, dont une première audition avait donnée, il y a quatre ans, à l'hôtel de la Présidence. Cette réduction d'orchestre pour instruments à cordes soutenus d'un piano a obtenu le zay conduisait lui-même le petit siciens, à la tête desquels M. Léon, Pagans et J. plus vif succès. orchestre de douze Sauzay Aublet ont chanté M. Hermann-Léon a fait valoir M. Sau- fils. le Tair trio de mu- MM. Hermanndu début, l'esclave et turc. LE MOLIÉRISTE 96 M"' Fonta, en délicieux costume des esclaves et indiqué le ballet oriental, a dansé l'entrée des Maures. M. Coquelin a lu très simplement, avec une amusante bonhomie et une merveilleuse variété d'intonations. Il a comme Hali, jaloux comme don Pèdre, amoureux comme Adraste, touchant comme Isidore, rusé comme Zaïde; enfin, rien de plus comique été tour à tour subtil que la Du petite scène Croisy, le du sénateur indiquée par Coquelin. créateur du rôle, n'a peut-être pas trouvé cette note-là. D'ailleurs, nul commentaire au texte de Molière, de personnel l'habile l'Ecole des : M. Coquelin borné s'est nous savons ce qu'eût pu et dire conférencier du Misa?ithrope et de Femmes. Lecteur, compositeur, maestro et exécutants ont été chaudement applaudis et bissés par un auditoire parmi lesquels nous avons remarqué Détaille, Falguière, duc et MM. duchesse Decazes, de Maroques, M. de Mondel, M"* Fuchs, L. Leloir, d'initiés, Emile Perrin, M. MM. Monval, Baudry, Paul Deschanel, et M'"^ Hébert, marquis Philippe de Massa, Havard, de Lostalot, etc. Mairie du XI^ arrondissement. dans la salle — Dimanche 7 mai, des fêtes, matinée dramatique et lyrique profit d'une école de jeunes M. Ed. Lockroy, député : filles, sous la Conférence sur Molière, par E. Ménorval, suivie du 3' acte de Tartuffe. MONDORGE. Imprimerie de Pons (Charente-Inférieure). au présidence de — Noël Texier. M. , QUATRIÈME ANNÉE JUILLET 1882 NUMÉRO 40 LE MOLIÉRISTE %EFUE MENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. MM : Campardon, J. Claretie, F. Coppée, V. Fourkel, J. Guillemot, A. HoussAYE, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Ln'ET, J. LOISELEUR, L. MOLAND, Ch. MoNSELET , E. NoEL Picot L, de la Pijardière, F.- P. Régnier, Ch. de la Rounat, F. Sarcey, Dr H. Schweitzer, Ed. Thierry, E. Thoinan, A. Vrru, etc. Ch. Nuitter , E. , PAR Georges M ON VAL ARCHIVISTE DE LA COMÉDIE FRANÇAISE PARIS 10, LIBRAIRIE TRESSE GALERIE DU THEATRE FRANÇAIS, 1882 lO SOMMAIRE DU NUMERO XL QUATRIÈME ANNÉE MOLIÈRE ET SA TROUPE AU PALAIS-ROYAL (Suite) L'ALEXANDRE DE RACINE (1665). — Edouard Thierry. COTIN ET TRISSOTIN. - P.-L. Jacob, bibliophile. LA MAISON MORTUAIRE. — Ch. Nuitter. BIBLIOGRAPHIE. — Du BULLETIN THÉÂTRAL. Monceau. — Mondorge. LE PRIX D ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN POUR TOUTE LA FRANCE UN NUMÉRO On s'abonne français, 2, place tions, : — ÉTRANGER, I3 FRANCS. UN FRANC 50 CENT. du Théâtre M. G. Monval, manuscrits, communica- à la librairie Tressk, io, Galerie ou par mandat sur la poste adressé de Vintimille, auquel demandes lettre affranchie. et les à réclamations devront être envoyés par MOLIÈRE ET SA TROUPE AU PALAIS ROYAL (Suite) (i) L'ALEXANDRE DE RACINE (1665) Mais nous ne sommes pas encore au Médecin malgré nous en étions tout à l'heure au Grand Alexandre rus; retournons donc sur nos pas, remontons même lui; To- et au 8 novembre 1665, pour noter rapidement une seconde visite du Tartuffe chez la princesse Palatine, toujours par ordre de Condé, une de ces témérités réservées au Raincy, qui retardaient d'autant l'autorisation de jouer la pièce au Palais-Royal. Nous redescendons au vendredi 4 décembre. jours (29 novembre 1665), Il y a cinq l'abbé Bossuet ouvrait la sta- tion de l'Avent, dans la chapelle du Louvre, devant le et devant son frère; aujourd'hui, pubHc la le jeune Racine donne au première représentation de sa seconde tragédie. L'antagonisme de la troupe du Palais-Royal troupe de l'hôtel de Bourgogne n'était pas avant la fusion des deux théâtres en 1680. fi) Voir Roi U Molièrîste, t. III, p. 96 et 292. La et pour de la cesser querelle des 100 LE MOLIERISTE deux Mères coquettes épisode encore croire, en plus était un curieux ne s'imposait de toute s'il on la force demeure encore, malgré testable, et qui incident. Voici auquel singulier, refuserait d'un fait un de incon- des amis de le dire Boilcau et de Furetièrc, malgré les Lettres en vers de Robi- malgré La Grange lui-même, un fait inexpliqué. Nous venons de voir les deux théâtres, comme deux net, joueurs, jetant avant, l'un la Vizé, l'autre chacun sur le carte sa mettre en tapis, Mère coquette ou les ,Amants brouillés de de la Mère coquette ou les Amants brouillés de Quinault. Bataille de La partie dames ! C'est le jeu. continue. Le Palais-Royal, qui (je le dis peut-être trop tôt car : Le grand Alexandre ou Porus ! répond bataille Seulement, » — de dames, : il « là- carte en disant: Alexandre c'est ici la de bataille Grand ! le » rois. nouveauté du coup, qu'on ne connaissait pas encore reproduite commence encore une autre opinion Bourgogne. l'hôtel de Après y a une seconde dessus), le Palais-Royal jette « il et n'y a pas deux rois, qui ne n'y il la surprise s'est a jamais deux pas Alexandre. Le théâtre de Molière et l'hôtel de Bourgogne n'en ont qu'un, « même le Alexandre, celui de Racine. Alexandre, tragédie de M. Racine, Parfaict, (i) représentée sur le théâtre celui de l'hôtel de ou le Et ;i) Bourgogne, le même quinze du mois de décembre. ils ajoutent Tome : « IX, p. 386. disent les frères du Palais-Royal jour, vers le et sur douze » Voici un exemple unique ; une même 10 1 LE MOLIERISTE pièce jouée dans sa nouveauté sur deux théâtres à Paris. Ce fait, quoique peu connu, se trouve rapporté dans trois différens ouvrages, le Bolœana, le Furctcriana, et les Lettres Pour épargner au en vers de Robinet. lecteur la peine de parcourir ces livres, nous allons transcrire les passages qui regardent la tragédie ôl M. Racine. Alexandre de du bolœana Suit cet extrait » : « Alexandre de Racine fut joué d'abord par la troupe de Molière; mais ses acteurs jouant trop lâchement la pièce, l'auteur se rendit aux avis de ses amis qui lui conseillèrent de la retirer l'hôtel et de la de Bourgogne; donner aux grands comédiens de elle eut en effet chez eux tout succès qu'elle méritait, ce qui déplut fort à Molière que Racine plus la lui avait débauché fameuse de ses actrices vir dans de Molière le rôle et Du la outre Parc (i), qui était qui depuis joua à ra- et d'Andromaque. De de Racine, ; le là vint la brouillerie qui s'étudiaient tous. deux à soutenir leur théâtre avec une pareille émulation. » Le passage analogue du ni rien de moins, si Fureteriana ne dit rien de plus ce n'est en d'autres termes : Quoi, vous ne savez pas ce qui arriva à M. Racine, « au sujet de sa pièce d'Alexandre, qui est un ouvrage achevé ? Ses amis l'avaient tous assuré de la bonté de sa pièce ; ils avaient raison. Lui, sur cette confiance, la (i) Delosme de Monchesnay choses qui ne sont pas du se trompe, même temps. il met sur la met dans même ligne quitter la troupe de Molière avant la clôture de l'année théâtrale 1666, c'est-à-dire le 11 mars 1667 qui fut la 10 novembre 1667. fin avril 1666, et deux M"e Du Parc ne pouvait elle pas 1665- dut y rester jusqu'au 29 de l'année suivante. Androinaque fut jouée le LE MOLIÈRISTE 102 les mains de pièce la belle si troupe de Molière. Qu'arriva-t-il mauvais succès, s'en prend à ses amis qui donné « bonne opinion. si Votre cela la donnez : à jouer à c'est pour mais donnez-la à n'a pas réussi; de Bourgogne, vous verrez quel succès conseil fut suivi, et cette en avaient lui comique; le si amis répondirent les mais vous jouer que sait cela seulement qu'elle Ce A pièce est excellente, une troupe qui ne l'hôtel Cette ? tomba. M. Racine, au désespoir d'un elle aura. » donna une grande pièce lui réputation. » Voilà souvenirs qui restaient dans les amis de Racine. C'était ainsi qu'ils parlaient une génération nouvelle, Mais ces souvenirs, à attentive recueillis pouvaient qu'ils opposaient, comme il leurs entretiens. man- de seconde mémoire, quaient naturellement de précision; parce société des la du passé devant l'être, et était correct ils étaient suspects les frères de Parfaict gnages contemporains notés presque au jour leur deux témoi- le faire, le !jour, cha- cun avec sa date authentique. Il est bien vrai qu'à quinze jours de distance, la Ga:(ette de Robinet avait annoncé l'apparition de deux AlexandreSy à l'étude chez les deux troupes rivales, tions simultanées Royal les de V Alexandre de Racine ainsi qu'à la rue Mauconseil : Le Grand Alexandre, Lequel, après des deux mille ans Qu'il fut fléau des Persans, A et repris nouvelle origine D'une poétique Racine représenta- au Palais- LE MOLIERISTE Qui le même à la produit Sur deux des Théâtres I03 fois françois. (i) C'était de quoi autoriser les frères deux Ana que contre les auteurs des , Parfaict à soutenir la tragédie cine avait été jouée pour la première fois le sur le théâtre de Floridor et sur celui quel était ce au juger, même jour? le — Robinet, dans sa lettre même jour de Molière; mais 12 (2) ou dimanche 14 qu'il est allé, le de Ra- le décembre, 15 du 20 décembre, disant (3), voir V Alexandre du Pa- lais-Royal. Ce qui a manqué aux deux consciencieux Théâtre-Français, c'était raient vu que (i)Aux deux la citations de Robinet, y du au- frères Parfaict auraient on nom (Puisqu'on loue, qu'au Palais-Royal L'ouvrage est rare seul pu : de Bourgogne on joue pièce que fort De même Son les moins connue, de Maïolas de La Gravette l'hôtel Une Ils première représentation du Grand Alexan- ajouter cette apostille, A historiens de La Grange. le livre et jovial vous l'intitule le fait ; (?). comprendre Alexandre) ; Et, sachant celui de l'auteur. Excellent versificateur, Qia'on Où nomme Monsieur de Racine, la science s'enracine. Je crois que vous ne doutez pas Qu'il soit plein de force et d'appas. (2) Lire le 13; le 12 décembre était un samedi et le samedi n'était pas jour de spectacle. (}) Je transcris le chiffre 14 d'après la copie des frères Parfaict 15, qui est la date du dimanche. ; lire ^^ MOLIÈRISTE 104 dre et Sortis au Palais-Royal avait eu lieu 1665, même 4 décembre le Bourgogne première à l'hôtel de et la le du 18 mois, à quatorze jours d'intervalle. Les auteurs du Bolœana et du Fureteriana ont donc Contre Robinet Maïolas de et la raison. Gravette — Contre qui? — Non pas ? ; contre les frères Parfaict. Etablissons bien les dates. dans C'est la Robinet annonce Lettre vers 29 novembre du deux Alexandres les céder aux deux Mères jouait encore en comme coquettes; celle que devant suc- du Palais-Royal se : Mais on attend deux Alexandres Qui leur feront bien faire Flandres, Proverbe Pour et façon de parler dire faire détaler. décembre que Molière donne C'est le 4 première sa représentation de la tragédie, qui n'était qu'une comédie héroïque. C'est le 1 3 décembre que Robinet assiste à la quatrième représentation, et dans sa lettre du 20 qu'il en rend la il compte ; première de l'hôtel de Bourgogne ayant eu lieu pouvait écrire, le sait à la fois sur les duisait pour Quant la 20^ que la dire qu'elle s'y pro- fois. à la question de succès, qu'en faut-il penser Le quatre décembre, 18, pièce de Racine se produi- deux théâtres sans première le la pièce bien annoncée ? par le théâtre et bien lancée par ses prôneurs, le public heureu- sement prévenu par l'enthousiasme des amis du poète, recette s'éleva au gros chiffre de 1294 livres, mière de La Thébaïde n'avait été que de 370 — livres. la la pre- LE MOLlèRISTE .DOS on ne Si Teffet de la représentation fut médiocre, chiôre du second jour aperçoit guère au s'en (6 décembre), qui est encore de 1262 livres. Le cause de la fête de neuve Saint-Honoré de et superbes cérémonies vendredi, la recette A ? 13, le jour quatre chiffres, la mais ; rue la dit ce qui ne s''é- remonte victorieuse- vit dans neuvaine de peut être. Le livres, elle où Robinet comme on cette rigueur, cela la de l'église magnifique procession hono- descend à 943 carte pas encore de mille le A cause de la transla- du Roi qai termina rée de la présence ment, A de Saint-Roch en des reliques ce relâche ? Conception? Mais l'interruption la de coutume ce jour-là. n'était pas tion La Grange. Pourquoi 8, néant, dit aux spectacle, le les théâtres, et mieux encore avec 1165 livres 10 sous de chambrée. C'est à la cinquième représentation que la centue faute comme un désastre currence que Racine se jette, 460 : livres 10 sous; à qui fait à lui-même, du discrédit qu'il de concert avec ses amis, sur troupe du Palais- la Royal, et de l'autre Alexandre annoncé par l'hôtel A tel la de l'étrange con- recette subit le contre-coup si la baisse s'ac- l'affiche de de Bourgogne? la sixième, 378 Hvres; mais de Bourgogne tire montre insolemment à La Grange fut surprise le théâtre tait faite écrit sur que la ses la son moment où Ménechmes de l'ombre chandelle; livre même c'est le : « c'est le Ce même l'hô- et les moment où jour, la troupe pièce d'Alexandre fût jouée sur de l'hôtel de Bourgogne. Comme de complot avec M. Racine, pas devoir les parts d'auteur audit la la chose s'é- troupe ne crut M. Racine, qui en usait I06 LE MOLlèRISTE mal que d'avoir donné si et apprendre fait pièce aux la autres comédiens. Lesdites parts d'auteur furent partagées chacun des douze acteurs eut pour et Va pour conque ait été et donc livres. » 47 quarante-sept livres, c'est une vengeance quel- une consolation surprise Quoi donc sa part ? , ce voilà Aucun des lu l'apostille mais que telle quelle; troupe la ne se comprend qui guères. acteurs du Palais-Royal de Robinet n'avait : Mais on attend deux Alexandres... Car Robinet tre y l'avait bien dit sans avoir l'air de commet- une indiscrétion. La nouvelle méritait pourtant qu'on garde prît les théâtres On On et qu'on allât sur le champ aux Tous écoutes. ont toujours eu une oreille Tun chez l'autre. se serait bientôt mis au courant de ce qui se eût su que Floridor montait réellement ce qui n'était pas autrement irrégulier YtAlexandre de l'hôtel de Bourgogne Royal, par un tour audacieux de , et passait. un Alexandre, mais encore que du celui Palais- concurrence, ne la fai- saient qu'un seul ^Alexandre. On négligea donc le soin le plus élémentaire mais rien ; ne s'explique, à vrai dire (i), dans cette obscure histoire. (i) En 1666, ou du moins de 1665 et pagnie des sous cette date, peut-être donc vers la au mois où nous sommes, parut, publié à Paris par libraires, un petit volume in- 16 avec ce titre « : ^Alexandre ou Torus, rot des Indes ^ tragédie représentée sur royal de l'hôtel de Bourgogne. Pas de nom représentation, titre nouveau et calqué de de Racine qu'on pouvait lecture du premier vers, le on reconnaissait le théâtre d'auteur, pas de date de la si prendre pour ce fin comLe Grand la près sur celui de la titre lui-même ; pièce mais dès la l'auteur, c'était l'abbé Boyer; IO7 LE MOLIÈRISTE Où était Racine, tandis que Robinet annonçait KÂlexandres? pétitions qui est Le voyait-on ou ne du Palais-Royal? le voyait-on plus aux ré- on ne Si l'y des ne prenaient-ils aucun soupçon de De quel il : ? ins- 14 décembre, quatre jours avant le les ? première représentation de l'hôtel de Bourgogne, tesse parmi une explication que chaque tant pouvait rendre inévitable Ajoutons ceci faisait-il S'il une cruelle humiliation préparait air s'exposait-il à camara- et ses son absence? venait toujours au théâtre, quelle figure comédiens auxquels ce voyait plus, comment Molière difficile à croire, deux les d'Armagnac ayant l'honneur de per auquel assistaient Monsieur et traiter le Madame fut com- la Roi, la le sou- précédé d'une représentation du Grand Alexandre. La tragédie de Racine n'avait donc pas la si mal réussi au Palais-Royal et troupe de Molière n'avait pas on reconnaissait en la pièce, c'était disent les frères 1647, Torus ou si mauvaise figure dans la Générosité imprimée Parfaict, d'Alexandre, jouée in-40, chez Toussaint Qjiinet en 1648. Pourquoi toutes ces supercheries? C'était Boyer, on le sait bien, de théâtre, et qu'on que son nom les reconnaîtrait savait pas qu'elles fussent de lui. anonyme Il la prétention du bon abbé seul portait y aurait Il y l'avait a ^ pièces ses si l'on ne peut-être là l'excuse d'un maladroit que tardif; mais où est celle du aussi avec la circonstance aggravante d'un rusé plagiat ou Parus malheur à pour des chefs-d'œuvre : changé titre Le grand Alexandre à côté du Grand Alexandre et Parus? et, il y a au, disent Figaro et le docteur Bartholo, mais Boyer inventé avant Beaumarchais. Est-ce que, par hasard, quelque chose de cqs petites finesses n'aurait manège de Racine pas pu servir à cacher le peut-être même de Bourgogne à Robinet, que V Alexandre était une reprise de l'abbé et laissé croire à Molière, mis à l'étude par l'hôtel Boyer? LE MOLIÈRISTE I08 que voulaient bien rôles ses puisque la du régal de la pièce? Quelle fut l'opinion Dans tous amis de dire les comtesse d'Armagnac donnait Racine ne les cas, l'avait Roi complimenta tume de les On roi ? le l'ignore. pas attendue pour s'en autoriser à passer par-dessus tous les usages si le l'auteur, à Sa Majesté du théâtre, comme comédiens, il et cou- avait quel prétexte avait encore Racine pour le faire, poursuivre son incroyable procédé ? Mais qui l'auteur et ce qui s'était passé, dans le cabinet, entre sait le comédien directeur de sa troupe du Palais-Royal n'avait jamais eu de Racine. Il ne lui avait de l'Hôtel, de c'est avait retiré celle-ci s'il que l'Hôtel ne pouvait pas pour son impatience. Après la Thébaïde, prédilections pas donné sans hésitation et sans regret la tragédie de la Thébaïdcy et assez tôt compagnie? La les la représenter médiocre succès le Palais-Royal n'avait pas dû se relever le comme dans son estime. Toutefois, il le encore en en bons termes délicatesse avec Floridor et qu'il restait avec MoHère, dont était théâtre le retenait d'ailleurs par de secrètes attaches, Molière dut recevoir la première confi- dence de son nouvel ouvrage. Le manuscrit à peine miné passa, je suppose, entre ses mains. de suite une distribution des rôles — Cléophile, Alexandre, M"^ Molière La Grange. : Il était Axiane, M"^ ; la lecture Du ter- tout Parc; ; — Distribution jeune prévenu, Corneille l'avait blessé, et le Après esquissa — Porus, La Thorillière — naturellement indiquée, mais qui ne sans défiance. Il il mot était inquiet. restait d'Alexandre, que avait faite, l'illustre vieillard, loin laissait le dans jeune et brillante, pas Racine Un mot de la blessure homme : lui de deviner dans l'auteur IO9 LE MOLlàRISTE un futur rival, lui avait conseillé de {s'appli- ingénument quer à tout autre genre de poésie où — rappelle des paroles connues, ne excellerait, il — je jugeant pas propre le au tragique. Ce jugement, que Racine ne pardonna jamais vivant, devant il de s'agissait à Corneille en donner un éclatant démenti lui Malheureusement, à l'exception de M"* le public. Du Parc, qui était née reine de théâtre, les autres acteurs ne le MoHère prenaient pas d'un ton aussi haut. gnait qu'il n'y a pas deux principes de leur On du comédien. pour commun modèle vérité est le surfaire en dépit d'elle-même par lisant les louanges Et et pour enfler véhémence de la je le vis aussi lui-même (Alexandre) Mais beaucoup plus beau Quand l'univers D'ailleurs, Que ne G il il qu'il n'étoit conquêtoit. me parut fut l'ancien Mais à dire plus tendre Alexandre ; la vérité. jeune majesté flamme bien pour objet de sa Une la situation En ce qui faisait le cha- comprend Dedans une jeunesse extrême, A comme leur débit. : Ici sa la mêmes que Robinet prodigue aux comé- diens du Palais-Royal, on grin de Racine de l'acteur tragique que ne pouvait donc pas compter sur eux personnages les leur ensei- art, et toute autre aimable dame. justes dieux, qu'elle a d'appas Et qui pourroit ne l'aimer pas Sans rien toucher de sa Ni de sa ? coiffure, belle chevelure, Sans rien toucher de ses habits Semés de perles, de rubis ! 1 10 LE MOLIERISTE Et de toute la pierrerie Dont l'Inde brillante est fleurie, Rien n'est si beau, ni Et je puis dire Qu'ensemble D'elle ont Amour fait si mignon, tout de bon et la Nature une mignature Des appas, des grâces, des ris Qu'on attribuoit à Cypris. Là Porrhus (sic) fait aussi son rôle (i) Et généreusement contrôle Ce grand vainqueur de même Lors l'univers, qu'il le tient aux fers : Ainsi que la grande Axiane (2) Brillante comme une Tant par ses riches Que Qui Diane, vêtements par tous ses attraits charmants font que ce Porrhus soupire Pareillement sous son empire. Enfin j'y vis, sous des habits Qui sont sans doute aussi de prix, Ephestion avec Taxile, Et certes De il (3) est difficile pouvoir rien trouver de tel, Si ce n'est peut-être à l'Hôtel. Je laisse à penser, par parenthèse, et si le « peut-être » galité intacte entre la représentation gogne et celle : Le (3) sieur de la Thorillière. Du une chute même l'é- Parc. Les sieurs du Croisy et Hubert. était plus jeune que l'Alexandre de Macé- doine. L'autre (M"^ Molière) était Mlle laisse de Thôtel de Bour- L'un (La Grange) et plus beau, plus tendre aussi (i) cela sent du Palais-Royal; mais remettons-nous au point de vue de Racine (2) si du dernier vers ne un abrégé des perfec- III LE MOLIERISTE Vénus tions de beau ni si Vénus en miniature. et mignon. Voilà » comédie héroïque; mais Rien « charme, voilà le la tragédie, elle l'idylle et la n'y est pas. Ainsi du Palais-Royal donnaient raison à les acteurs n'est si la terrible jwophétie du grand Corneille. Pour que Racine ne que eût fallu ses Frères emiemis. aussi eût fallu que le poète ne fût pas Il grand maître dans qui était le de l'art la ai Alexandre, retrouva il difficultés qu'il avait déjà Les résistances commençaient sa troupe, pour il même l'esprit : un déclamation oratoire, Dès contraire de l'école de Molière. mières études mêmes redouté d'avance, pas l'eût Palais-Royal n'eût pas déjà représenté le les pre- certainement eues avec les les comédiens. Molière prenait parti pour de son théâtre. C'était un point sur lequel Racine et lui n'avaient jamais pu s'accorder. Admettons maintenant, pour suivre ma supposi- admettons que Racine n'eût jamais tion jusqu'au bout, définitivement abandonné sa pièce à Molière, que les répétitions eussent été moment où Racine commencées voulut retirer son manuscrit, se fût toujours refusé à un peu mieux, raient à titre d'essai, et qu'au le la MoUère rendre; les choses s'explique- prétention de l'auteur et du direc- teur à être chacun maître de l'ouvrage, Racine en querelle avec Molière Royal, ne remettant plus et la surprise même du moins que, tout prévenus Racine, cution. ils Quant à MoUère, de Bourgogne le il pieds au Palais- qu'ils étaient ne croyaient guères que n'est pas douteux, car les dont parle La Grange, en ce sens il de la celui-ci la menace de mît à exé- fut bien m-oins étonné, se tut et cela ne contesta pas à l'hôtel droit de jouer, contre l'usage, une pièce 112 LE MOLléRISTÉ en cours de représentation chez lui et qui n'était pas im- primée. Le coup Racine. tait la était cruel et même entre eux et pour toujours avec brouillait le Quant aux comédiens de l'Hôtel, la situation res- Les deux camps ne pou- lui. vaient pas devenir plus irréconciliables. mais Mauconseil, l'affiche le Œillets, M^''' Alexandre la partie: Floridor, La Thoril- M"^ Du Parc contre M"^ Des MoHère contre d'Ennebault. Jusque-là, M"'= ce n'était pas trop punir le déserteur le reprirent-ils par un autre côté. aussi les ; On comédiens décida que ses parts d'auteur ne lui seraient pas servies. Elles formaient déjà une somme assez honnête, cinq cent soixante-quatre La Compagnie vres. se les partagea, ce qui douze comédiens quarante-sept Aubaine d'assez mauvais dant, surtout tions, elle livres pièce, qui n'avait eu un n'en eut plus que trois dimanche qui fut fixa le une aubaine cepenque six représenta- nombre; mais l'une le 20 décembre, un jour où le prix le livres de recette Roi, séant en son le dimanche 27, où mourut, entourée du respect universel, l'Arthénice de Racan, d'Angennes, l'illustre la fondatrice cieuses, Catherine ; lit des charges des cinq compagnies souveraines; la troisième, Rodanthe de Malherbe, li- à chacun des certain assez heureux, 597 mardi 22, justice, : fit pour son compte. aloi, c'était devait en avoir encore l'autre, le de si la si Palais-Royal à supprimer La Grange contre contre Montfleury, lière le Molière soutint résolument contre Alexandre, triomphait rue triomphe eût été trop complet de l'Hôtel eût obligé la sienne. On mère de la la belle Julie de l'ordre des véritables pré- de Vivonne, marquise de Rambouillet. Edouard THIERRY. COTIN ET TRISSOTIN Nous ne croyons deux passages ait encore mis en regard très curieux et très importants du Mercure pas qu'on Galant de 1672, dans lesquels savantes et question des Femmes est il du personnage épisodique de que Trissotin, Molière avait imaginé pour donner satisfaction à une de ses anciennes colères contre l'abbé Cotin. que Tabbé Cotin ne mons qui attiraient en foule la des gens de cour. Voici la Il société précieuse et ; car il s'était, époque, rapproché de Donneau de Vizé, qui « l'élite à cette un excel- fit compte-rendu des Femmes savantes dans son Galant ser- première note, que Molière pourrait bien avoir rédigée lui-même lent présume est à ménagé dans un des pas l'avait V\Cercnre : Bien des gens font des applications de Savantes, et une querelle de l'auteur, homme lettres de il la comédie des Femmes y a environ huit ans, avec un qu'on prétend être représenté par M. Trissotin donné lieu à ce qui s'en est publié justifié de cela par une harangue ; mais M. de Molière qu'il fit est , a suffisamment au public, deux jours avant la première représentation de sa pièce. Et puis ce prétendu original de cette agréable comédie ne doit pas s'en mettre en peine, aussi habile homme que l'on dit, et cela s'il est aussi sage et ne servira qu'à davantage son mérite, en faisant naître l'envie de ses écrits et d'aller à ses serraons. Aristophane le ne faire éclater connoître, de lire détruisit point la réputation de Socrate dans une de ses farces, et ce grand philosophe ne fut pas moins estimé dans toute La seconde la Grèce. » note, qui n'a pas l'allure fine et malicieuse 8 LE MOLIERISTE 114 de que M. mena, de son journal naissant engageait h l'intérêt compter avec « Donneau de première, ne saurait être attribuée qu'à la Vizé, le crédit et l'influence de l'abbé Cotin : l'archevêque de Paris, directeur de l'Académie française, la ces jours passés, à Versailles, pour remercier le Roi de l'honneur qu'il a fait à cette illustre et spirituelle de Protecteur, qu'avoit feu M. la place de l'Académie, est aussi traita compagnie, d'en vouloir prendre le chancelier. magnifiquement ce .. M. Dangeau, qui prélat avec tous les académiciens ses confrères. M. Cotin n'étoit point de ce nombre, de peur, dit-on, qu'on ne crût qu'il s'étoit servi de cette occasion pour se plaindre au Roi de contre lui comédie qu'on prétend que M. de Molière la mais on ne peut croire qu'un ; premières personnes de les la de son ami, puisse être cru en trait, fait qu'on effet, lui attribue Paraphrases sur dont h que Mademoiselle honore du d'une si nom sanglante satyre. Le por- ne convient point à un a plusieurs éditions; ce sont des jeux qu'il qu'on sait qu'il le fait On fit homme qui a où il s'amusoit, profession qu'il a embrassée avec autant d'austérité la maintenant. » peut rapprocher de ces deux citations, datées de 1672, citation d'une empruntée date bien postérieure, puisqu'elle est à la Réponse, de Bayle, aux Questions d'un Pro- ouvrage de polémique qui ne parut qu'en 1704, vincial, à Rotterdam, en 5 volumes in- 12 : Cotin, qui n'avoit été déjà que trop exposé au mépris public par les Satyres de M. Despréaux, tomba entre acheva de le risée ait faite souvent parmi Cantique des Cantiques. Je ne parle point de ses Œuvres y il avant « et est des ouvrages qui ont eu une approbation aussi générale que ses galantes, une Cour, l'objet homme qui de tout deux ou trois les mains de Molière, qui ruiner de réputation, en l'immolant sur le théâtre à la le monde. Je vous nommerois, si cela étoit nécessaire, personnes de poids qui, à leur retour de Paris, après les premières représentations des Femmes savantes^ racontèrent en province qu'il fut consterné comme de ce coup; qu'il se regarda et qu'on le considéra frappé de la foudre; qu'il n'osoit plus se montrer; que ses amis l'abandonnèrent; qu'ils se firent une honte de convenir qu'ils eussent eu avec lui quelques liaisons et qu'à l'exemple des courtisans qui tournent 115 LE MOLIÈRISTE le dos i un favori disgracié, ils firent semblant de ne pas connoître cet ancien ministre d'Apollon et des neuf sœurs, proclamé indigne de sa charge et livré au bras séculier des satyriques. Je veux croire que c'étoit on n'a pas vu qu'il ait donné, depuis ce temps-lâ, des hyperboles, mais nul signe de vie, et roit inconnu, si il y l'Académie françoise, ne L'abbé Cotin, en représentation des ans, il s'était a toute apparence que le temps de la réception sjl mort se- de M. l'abbé Dangeau, son successeur à l'avoit notifié. effet, Femmes » survécut dix ans à la première savantes; mais pendant ces dix complètement dans retiré probable que ces la solitude et dans allégués par Bayle, l'oubli. Il comme des on-dit de la province en 1672, lui avaient été est communiqués par l'avocat faits, Mathieu Marais, auquel tant de renseignements littéraires intéressants, fait il devait dont usage dans son Dictionnaire. P.-L. JACOB, bibliophile. il a LA MAISON MORTUAIRE dans une de ses des Inscriptions parisiennes s'est occupé, en 1673. Molière par habitée maison la de séances, Le Comité dernières lecteurs des obserdevoir donner connaissance à nos au Comité à ce présentées été ont qui écrites que verbales, Nous croyons vations, tant sujet par notre collaborateur, M. Ch. Nuitter : du lieu de mort 1844, une plaque commémorative la Seine sur la de Molière fut placée par la Préfecture de maison de la rue Richelieu, portant le n° 34. En qu'habitait Molière Cette maison n'était pas celle dans laquelle Depuis on lié, la sait il et avait expiré. publication des Recherches de d'une façon certaine que maison de Molière le M. Eudore Soupropriétaire de la s'appelait Batidelet. contemporain prouD'autre part, un document presque Baudelet était beaucoup plus près de la vait que la maison rue des Petits-Champs que la maison sur laquelle était placée l'inscription. La Bibliothèque Nationale possède d'un précieux manuscrit dont apprécier combien il » Estât et chacun des suffit qu'un pour faire de cette travail : Partition de la Fille sei-e quartiers, titre serait désirable importance pût être publié « le deux exemplaires et fatixbourgs de Paris en ordits quartiers dirigé sous les II7 LE MOLIÈRISTE » dres de Messieurs » un » de sorte que l'on » roisses, Eglises, les Prévost des Marchands quartenier assisté de ses cinquanteniers » et maisons, connoistre et voir y peut chapelles^ Monastères, ensemble nom le Eschevins, par et et di:(ainiers, divisé le nombre des Pa- communautés, hostels propriétaires des habitants^ et du » principaux locataires des » premier jour de janvier mil six cens quatre-vingts quatre. » D'après ce document, let, la occupée par la dites maisons, maison du sieur abbé Baude- de Beauprez, est le sieur rue des Petits-Champs. réduit tout le Il huitième par la arrive souvent, dans les re- cherches de ce genre, que deux maisons ont été réunies par un propriétaire postérieur, ou qu'un vaste immeuble a été dès lors, divisé; on ne se retrouve plus dans compte et l'on court le risque de désigner la maiscii voisin. Une erreur semblable à craindre en n'est pas qui concerne la maison mortuaire de MoUère. ble appartient actuellement à la C'^ voulu donner communication des montant au Il La Foncière, qui a bien appartenait à que la maison n° 40 (malheuest bien celle qui René Baudelet. La preuve se trouve s'agit MoUère, on a trer de propriété, re- titres reusement reconstruite de 1765 à 1768), Quand ce L'immeu- xvii^ siècle. résulte de ces titres il le du ainsi faite. de rendre un cette rare hommage à la mémoire de bonne fortune de ne pas rencon- de contradicteurs. Il était donc inutile d'insister sur l'intérêt qu'il à désigner exactement l'emplacement de la laquelle MoUère a passé les derniers y aurait maison dans mois de sa vie. Il8 LE MOLIÉRISTE paraîtrait Il même en temps convenable que tion placée par erreur sur la Il faut reconnaître dans M. les que maison n° 34 hommages rendus Jla Le 9 mai 1876, Seine, la membre alors avait invité l'administration à dre les mesures nécessaires pour que le mémoratif de fût retirée. n'a pas été heureux à Molière. F. Hérold, depuis préfet de du conseil municipal, on jusqu'ici l'inscrip- pren- monument com- naissance de Molière existant sur la son rue du Pont-Neuf, n" 31, fût transporté à mai- maison la rue St-Honoré, n° 96, et pour que l'inscription en fût rec- conformément tifiée qu'on substituât à comme année de à la la la vérité date de historique, 1620, qui naissance de Molière, c'est-à-dire donnée y est la date réelle de c^^Q naissance, qui est 1622. (i) Ch. (i) La NUITTER. rectification n'a été faite qu'à moitié, et ques mètres de distance, deux maisons natales nous voyons, à quel- (c'est trop tume!), celle de la rue du Pont-Neuf (1620), celle de 1622) ! Que doivent penser singulière mystification? les étrangers, qui la pour la cou- rue St-Honoré visitent Paris, de cette G. M. BIBLIOGRAPHIE MOLIÉRESaUE Editions classiqijes. nier bulletin pièces de Femmes savantes parlions, dans notre der- publiées par fait paraître, de son côté, et Y^Avare, accompagnés d'un com- le Tartuffe, professeur de rhé- au lycée d'Angoulême. torique Chacune de biographique toutes les cheurs La Garnier. la librairie mentaire par M. Maurice Pellisson, fit nouvelles de des éditions bibliographique, Molière, maison Delagrave a les — Nous ; son ces trois comédies est précédée d'une étude et littéraire sur Molière. L'auteur a mis à pro- découvertes récemment étude est écrite surtout est intéressant : avec élégance c'est celui par les cher- faites ; un chapitre où M. Pellisson de nous représenter quelles étaient les essaie idées de Molière sur son art. La notice sur le Tartuffe de l'hypocrisie, dans toutes exactitude. Le commentaire reproduisant pas le — c'est M. Pellisson s'est là une texte est les très complète est des éditions gratuitement privé faible. En En ne son orthographe, Delagrave, d'occasions pour des notes réellement instructives. Chez mentaire philologique est l'histoire surtout littéraire. original avec infériorité : époques, y est traitée avec lui, le revanche, les — utiles comnotes historiques et littéraires sont délicates, justes et piquantes. 120 LE MOLIÈRISTE Quelques réflexions morales nous ont paru un peu har- un commentaire destiné aux dies dans classes. commentaire de critique pourrait s'adresser au La même la première scène des Femmes savantes. Un t-il reproche encore pas variantes les : ? pourquoi M. Pellisson ne donne- Une édition classique contenir toutes. Elles permettent à l'élève transformations par lesquelles arrivée à sa forme quoi qu'en aient cette définitive, et d'une grande netteté, style est forme Fénelon, dit chez de suivre les de l'écrivain est pensée la devrait les les écrivains comme dont le celui de Molière, Rousseau et M. Scherer, est toujours la meilleure. Nous aurions voulu trouver encore dans les éditions de M. Pellisson l'histoire de chaque pièce, première représentation, jours de avec quel succès, et Restauration. dans depuis etc., l'origine jusqu'à nos eût été curieux, par exemple, de savoir combien il ; fois, reprises, Tous les éditions ces de le Tartuffe fut joué sous détails sont MM. Person la donnés, avec mesure, Marcou. M. Pellisson et pourrait peut-être profiter d'une réimpression prochaine pour compléter son — M. G. téraire du 10 travail sur ce point. Guéroult a pubhé, dans juin, Molière librettiste, sement sentir. un la Revue politique article sur le Sicilien dont l'urgence ne se faisait M. Guéroult, qui se porte garant de M. Scherer », éprouvait le rénité de sa « préférence ivlolière a très marquée pour ces déployé, sinon le « et lit- de M. Sauzay : pas impérieu- l'impassible sé- besoin de confier petites plus pur, au moins pièces où le plus ori- tll LE MOLIÈRISTE ginal de son génie. que roult, Molière son temps Ah fait ! dans « était forcé » dix fois les ; » c'est et Femmes œuvres ses de donné ce fois fait déjà du sique de il M. ridicule comme et ! ) des Vadius (J. Janin, lui que M. Car Guéroult a ne suppose pas je inédits le Sicilien et y a six rapprochement du Barbier, fâché — M. il d' M. qu'il vingt les éloges et presse à la niu- M. Guéroult lui chétif (c'est ont récemment éclaté sur franchement, la écrit des vers la récolte mois, par toute Sauzay. Non, qui parle) ne serait pas « » C'est uniquement pour dire son ! blancs qui fourmillent dans V Amour peintre, décernés, de donnerait « pour V Amour médecin. colonnes. prétende donner officielles, littéraires pourquoi M. Guéroult savantes voilà l'enclouure ses cinq lourdes classiques, aux préjugés sacrifier à Tennemi des Trissotins aussi, s'est nous apprend M. Gué- paraît, Il foudres qui « attirer les Scherer. n'y a pas Heu de déranger Eh » ! bien, tonnerre le ! Arthur Pougin vient de réunir en brochure ses articles sur Molière et l' opéra-comique, que nous avions si- gnalés lors de leur pubUcation dans la Cette plaquette, in-8° de éo pages, imprimée en carac- tères elzéviriens sur papier teinté, trouve à J. se Musique populaire. la librairie Baur, 9, rue Mazarine, — La Zeitschrijt fur neufranxpsische Sprache und Literatur, dont l'envoi nous a été supprimé depuis le jour où nous avons eu l'impudeur de trouver mauvais qu'un M. Pons, « éreintât » Victor Hugo dans une mande, a pubHé une intéressante étude helm Mangold sur le critique Misanthrope de Molière, français, revue alle- du D' Wild'après les ' ^^2 LE MOLIÉRISTE travaux de MM. Despois, Mesnard, Lavoix, G. du Bou- lan et Coquelin aîné, (i) — Notre collaborateur V. brairie Laplace et Fournel prépare, pour Sanchez, une édition du la li- Théâtre choisi deBoursault, qui sera précédée d'une étude bio-bibliographique sur ce contemporain de Molière. — tre En préparation, chez l'éditeur Berger-Levrault, le Théâdu Marais aux XVIl^ et XFIIP siècles, ouvrage pos- thume du regretté baron F. de Marescot, précédé d'une notice par notre collaborateur Jules Claretie. — Petite anecdote tirée de l'intéressant ouvrage de Welschinger la Censure sous le premier ; M. H. Empire, qui vient de paraître chez Charavay. (2) Vers 1801, un des employés de Félix Nogaret adressa au Ministre de l'Intérieur un long rapport « où il proposait de retrancher du répertoire du Théâtre français Tartuffe, « parce que cette pièce, alléguait-il, peut déplaire au clergé et que le Concordat, qui vient de le rétablir en France, a pour but principal d'étouffer tous motifs de discorde qui pourraient naître du pouvoir spirituel en contact avec l'autorité civile. » Chaptal communiqua ce rapport au Pre- mier Consul: naparte. Il « faut se nomme-t-il Quel galimatias que ce monsieur ? » C'était un de ! observa le général Bo- Comment soit bien bête. ces naufragés de pauvres diables faméliques, à qui l'on abandonnait délicate de juger en premier et dernier ressort les (r) (2) In-So de 44 p. Oppeln, G. Maske, 1882. In-80 de 400 p. 4, rue de Furstenberg, prix : 7 fr. 50. lettres, la tâche œuvres LE MOLIERISTE dramatiques 123 l'habitude et qui avaient d'écrire s'écria le la premier Consul, diatement. Encore une il est trop bête » ! professeur au Lycée Saint-Louis, vient de publier chez Léopold Cerf, éditeur, , bien, homme. Remplacez-le immé- fois, — M. Léonce Person, Eh une place d'inspecteur à c'est Halle qui convient à cet rap- leurs ports sur le coin des tables des cafés borgnes. « 13, rue de Médicis, V Histoire du véritable Saint-Genest deRotrou (i), très neuf et très curieux développement d'un chapitre de ses Notes critiques biographiques sur Rotrou, dont et — M. Gabriel Désiré Laverdant, déjà connu des molié- ristes par ses Renaissances de 'Don Juan, histoire morale du moderne (2 vol. in-12, s. en prose Don Juan converti (i vol. théâtre publié une Lettre à M. Littré et d., Hetzel) et son drame in-12, Hezel, 1864,) a aux Positivistes nous citerons seulement deux passages « nous avons précédemment. parlé Qui donc, parmi les petits enfants (2) dont : philosophes superbes, a l'humilité de suivre les pour entrer dans le royaume céleste de la Science ? Marmot ignorantissime et ignorantifié, auraient ensemble répondu le Dr Pancrace et le Dr Marphurius, il ne faut pas dire j'ai mangé, mais M : il me semble que confondue avec comme Thomas j'ai mangé... D'autant la figure. — Il que la forme ne doit pas être faut savoir opérer dans les formes, et, Diafoirus, pousser un raisonnement jusqu'aux derniers recoins de la logique. Ah ! que Molière, Vinspiré du Père Eternel, a donc bien hors du Temple de la bonne Nature, à coup de verges teurs de la science subtile, et vaine, et fausse, et ridicule (i)In-i8de 103 pages. vol. in- 18, Bar-le-Duc, typ. Philipona, 1881. (2) I (3) Pages 84-85. fait de jeter riantes, les ! (3) Doc- LE MOLIÈRISTE 124 Et plus loin (page 147) psychologue Littré, ff : attentif, sait que spirituelle et le l'Humanité. Si Molière est le qu'il a porté personnages ses trope et plus grand au plus haut degré Francisque pauvre de le deux cents ans, de chef de l'école positiviste « : les donne dans du Misan- deux plus beaux caracrésumaient, siècle, c'est qu'ils du monde de Sortir Il naturel. Si l'Alceste double desideratum aujourd'hui le rôle français, c'est nos poètes Don Juan sont du théâtre français au XVIIe tères un développement général de comédie de caractère. la monnaie de l'Homme la caractères jouent les considérable dans l'activité guerre, pour réaliser la justice et la paix... il y a formulé par l'iniquité et {Révolution le delà, positivisme^ et 502). p. Alceste s'écriait : ]e vais sortir d'un gouffre Et chercher sur la terre Où d'être C'est loin forêt révèle oii un triomphent homme d'honneur on du Monde, de la Cour et ait la liberté. de la Ville, au courtisan impie, étonné de l'homme d'honneur, de l'homme les vices, endroit écarté libre. la que tulé : : le Pauvre de paraître pro- Symbolisme du Misanthrope et un drame Alceste consolé ou le la figure de » M. D. Laverdant annonce comme devant chainement le rencontre, une inti- Désert d' Alceste, qui aura pour suite le Paradis de Célimène. Myrtil et Mélicerte, pastorale héroïque de N. A. M. Guérin le fils, 10^ qui forme le collection moliéresqiie , volume de vient de paraître Bibliophiles, précédée d'une préface M. Ed. Thierry d'une notice de et à la la muses ^ à St-Germain en des de M. Paul Lacroix sur pastorale ina- la chevée de Molière, Mélicerte, représentée dans des Nouvelle librairie Laye, en décembre le Ballet 1666, et imprimée seulement en 1682. Molière Pourquoi avait le fils écrit deux actes de sa veuve a-t-il eu en vers l'idée de alexandrins. les remettre LE MOLIERISTE en vers libres en y ajoutant un acte Pourquoi surtout n'a-t-il de dire. Toujours personnages. et trois pas conservé pieusement les stan- ces exquises de l'entrée de Myrtil aisé I25 ? que est-il C'est ce qu'il est mal- sa pièce, d'abord à lue de Conty, fut représentée à M""' la princesse douairière Fontainebleau en octobre 1698, et à Paris, sur l'Ancienne Comédie, rue de des fossés Prés, le samedi 10 janvier 1699, sous le ûîre par Beaubour, sieurs les Dufey, Du demoiselles â-Q Mélicerte, Baron, Dupérier, Thorillière, Rosélis, Beauval, Guérin le théâtre St-Germain des La de Villiers, et les et Rieu, Raisin, Dufey, Dancourt, Beauval, Godefroy, Beaubour Duclos. et La musique était de Lalande, La pièce eut w^w/ représentations (i). M. P. Lacroix ne serait pas éloigné d'attribuer à Molière vers lyriques du prologue certains du 3= tion intermède de Myrtil de formelle n'ai trouvé, les papiers ny moindre la exécuter projet à ! de M. de idée. trouvait Si Armande aucun manuscrit veuve la (i) M. le la déclara- s'il « Je : le moin- m'eût laissé » Guérin Béjart, et fils, M. P. Lacroix papiers de Molière, parmi lesquels ne se de pièce de son premier mari. de MoUère avait possédé une comédie, même inachevée, N. Bouillon, malgré Molière, ny fameuse question des revient sur la quelques chansons Heureux, Et, au sujet de cette préface de conservés par et Mélicerte, l'auteur, qui dit dans sa préface dans dre fragment quelque et A. M. Guérin, lettré, deux fois homme prince d'Epinoy, le duc de Lesdiguières, le chevalier de M. de Cély, le etc., assistaient à la marquis de Villequier, le première représentation. duc de la Ferté, 126 LE MOLIÈRISTE de théâtre (puisqu'il médienne de de comédien) et semblable aubaine avait eu, des pièces et était faisait comme on fragment inédit de Molière, est-ce dont profiter la troupe de vingt ans moindre le fait pendant près Champ- Est-ce que ses camarades Baron, ? parti n'en aurait pas qu'il fut le protagoniste il tirer La Grange si entre les mains dit, l'a de aurait-il négligé (i) D'autre part, ? de co- fils meslé, Raisin Dancourt, tous acteurs-auteurs, n'en auraient > pas bénéficier fait leurs manuscrits de Molière venus ? — jamais moliéresques la — Aucun n'a eu les sont-ils de- P. Lacroix et Jouaust d'a- seconde collection de Guérin pastorale Que ? Nous devons remercier MM. voir admis dans la ? cela est évident. : le saura-t-on comédies des réimpressions fils, qu'il était fort rare de rencontrer, et qui par suite était peu connue. ne manquera pas, ne fût-ce que pour la copie, de relire la Mélicerte de Molière. Et déon, qui annonce tant de On comparer à sa pourquoi l'O- beaux projets pour la saison prochaine, ne remonterait-il pas ce fragment de chef-d'œuvre oublié ? Ce une serait là vraie nouveauté, représentation à 216 ans de distance tion nous semble toute confié à vrait-être Rounat et Que : Le !) (une seconde la distribu- rôle de Myrtil de- une femme, à moins que MM. de la Porel ne découvrent un nouveau Baron, cheru- bino di amore (i) indiquée dont ! Lycarsis conviendrait à Porel lui-même, qui pouvait être, toutefois, cette comédie en avec prologue et intermèdes : la Psyché de Village, 5 actes, en prose, qui n'eut qu'une seule représentation (29 mai 1705), ne fut pas imprimée, et dont le manuscrit n'a, malheureusement, pas été conservé aux Archives du Théâtre français ? llj LE MOLIERISTE a assez souvent représenté Molière dans les à-propos du 15 janvier pour se charger d'un rôle créé par Molière. Amaury Rebel seraient Ménalque et Mélicerte, Eroxène manqué de et Tirène. Quant à Daphné, l'Odéon, qui n'a jamais et jeunes et aimables «bergères», n'aurait que l'embarras du choix. la — M Paul Lacroix vient de faire Comédie de intérêt française pour l'histoire don aux Archives de deux documents du plus haut de Molière : la photographie fort rare, au tiers de la grandeur, d'un tableau détruit cendie du 24 mai 1871, Molière évoquant médie pour châtier le Vice à^Mignard par Ingres, élève M'^'' Chéron placards qui rues de fait Lyon ; et l'in- Génie delà Co- démasquer l'Hypocrisie, attribué par d'autres à Lebrun ou et le fac-similé à son photographique de deux furent \Taisemblablement colportés dans les après la mort de Molière, et que nous avions réduire par l'héUogravure méro du le dans Moliériste^ il y et publiés dans le i*''" a trois ans passés. DU MONCEAU. nu- BULLETIN THÉÂTRAL Comédie française, — Dimanche 25 (MM. Maubant, Dupont-Vernon, Davrigny, Martin). les — juin, Tartuffe^ Joliet, Richard, Bailïet, M'"'^' Samary, Lloyd, Jouassain Lundi 26, l'Avare (Leloir.) Jeudi 29, Leloir — ; Femmes Savantes (MM. Got, etc.), — Gaiety THEATRE de Londres. Vendredi 23 juin les deux CoqueHn, MM. Boucher, Silvain, Chameroy M"" Barretta (Cathos), Amel (MadeIon) et Manvel (Marotte). : Précieuses IRJdicuks, par les ; — Mardi Odéon. 3 1 , pour la 30 mai, clôture annuelle Théâtre Rossini, le : à Passy, le — Misanthrope. Mercredi Dépit amoureux. — Dimanche 18 juin, le en costumes de la fin du XIX^ siècle » (sic), id est en habit noir pour les messieurs, en toilette de soirée pour les dames, par MM. Garnier, de la Comédie française, (Alceste), Mayer, élève de Got au Conservatoire (Philinte), Prade (Oronte), A. Lambert fils, élève de Delaunay, (Acaste), Mary (Clitandre) ; M"" Defiresnes, de rOdéon (Céfimène), Marie Samary, de l'Odéon, (Arsinoé) et Baretty, élève de Delaunay, (Efiante). Misanthrope « La suppression du costume de rerie cette n'a pas été l'unique bizarreprésentation, organisée par M. Paul il y a eu concert che^ Célimène (re sic), intermède musical par M"^ Jeanne Fouquet, qui a chanté un air d'Hérodiade, et M. Raoul Pugno, qui a exécuté sa Petite valse et le nocturne en fa diè^e de Chopin. On ne s'attendait guère... à ouïr du Massenet dans le Misanthrope. Qiielle figure pouvait bien faire le pauvre Alceste dans Milliet : cette petite débauche philharmonique ? MONDORGE. Imprimerie de Pons (Charente-Inférieure). — Noël Texier. , QUATRIÈME ANNÉE AOUT 1882 NUMERO 41 LE r STE %EFUE MENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. MM : Campardon, J. Claretie, F. Coppée, V. Fournel, J. Guillemot, A. HoussAYE, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Livet, J. LOISELEUR, Ch. Nuitter L. MOLAND, Ch. MoNSELET E. , Picot , L. de la , E. NoEL Pijardière, F.- P. Régnier, Ch. de la Rounat, F. Sarcey, Dr H. ScHWEiTZER, Ed. Thierry, E. Thoinan, a. Vitu, etc. PAR Georges MON VAL ARCHIVISTE DE LA COMÉDIE FRANÇAISE PARIS LIBRAIRIE TRESSE DU THEATRE FRANÇAIS, 10 10, GALERIE 1882 SOMMAIRE DU NUMÉRO XLI QUATRIÈME ANNÉE LES ILLUSTRATEURS DE MOLIÈRE. — Un Icono-Moliérophile. RACHEL INTERPRÈTE DE MOLIÈRE. — La Rédaction. SUR DEUX VERS DE L'ÉWMIRE HY'FOCONDRE. — Anatole de Montaiglon. MOLIÈRE EN POLOGNE. — Charles Estreicher. SUR « LE PROCÈS DE MOLIÈRE ET D'UN MÉDECIN. » — C. Delamp. PETIT QUESTIONNAIRE. — RÉPONSE. — Wasili Teploff. — A. Vesselovski. LE CABINET DU MISANTHROPE. — C. CORRESPONDANCE. — Un provincial. D. MOLIÈRE A CHATEAUROUX. — G. Monval. BULLETIN THÉÂTRAL. — Mondorge. LE PRIX D ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN POUR TOUTE LA FRANCE UN NUMÉRO On s'abonne français, 2, place tions, : — ÉTRANGER, I 3 FRANCS. UN FRANC 5O CENT. à la librairie Tresse, io, Galerie de Vintimille, auquel demandes lettre affranchie. et les du Théâtre M. G. Monval, manuscrits, communica- ou par mandat sur la poste adressé à réclamations devront être envoyés par LES ILLUSTRATEURS DE MOLIÈRE. L'Iconographie Moliéresque a fourni matière à lume de M. Paul Lacroix, dont la un gros vo- meilleure part est con- sacrée aux portraits, et quelques pages seulement aux sui- de figures relatives aux comédies. tes On en sait effet que la liste des diverses séries d'estampes inspirées par le thé- âtre de Molière n'est pas longue s'étonner qu'un sujet si fécond davantage n'ait point tenté le ; il est même permis de et si facile à l'illustration crayon et la pointe de nos artistes. Quoi riodes lant qu'il en soit, on peut remarquer dans l'iconographie moliéresque comme : la trois pé- première al- de 1682 à la fin à 1734; la seconde, de cette dernière date du XVin^ siècle, et enfin la troisième commençant vers le premier Empire. Le premier sart exécuta et essai d'illustration date des dessins pour l'édition publiée Vinot. Le dessinateur s'est-il que Bris- en 1682 par La Grange beaucoup préoccupé de LE MOLIÈRISTE 132 du costume l'exactitude portraits de et a-l-il eu l'intention faire Les iiabitudcs du temps ne permettent guère de ? supposer semblable souci. Les costumes (sauf pour lui des les estampes, copiées sur celles des éditions princeps) sont évi- demment ceux portés à Cour la Pourquoi vouloir aussi que traits disparu depuis neuf années, ment songé à placer de ce type trapu à à la tête d'une le même de en tête de ses portrait Le la figure pleine, aux larges épaules et c'est là, tout serait de savoir en le si un effet, fait le chef incontes- dessinateur n'a point la figure du comé- ? portrait en tant est si : c'est-à-dire mais le si nous a donné le du maître qu'ils comme de ses ma- sont encore à découvrir, si n'aient point à jamais disparu. 1692 que (i) C'est seulement en imprimant Brissart mais résignons-nous alors à penser des portraits qu''ils que l'on veut, de Molière est nuscrits, teur, Œu- grosseur anormale, représentant toujours Théâtre, Admettons, qu'il comédien point seule- n'a fréquente, dans ces estampes, songé au type dramatique plutôt qu'à dien l'illustre qu'il personnage dans un des rôles créés par l'Illustre table. de alors son La reproduction vers 1680. ville Brissart se soit attaché à re- présenter dans ses dessins les vres (i)? et à la le libraire lyonnais). Lions, ré- 1682, y joignit, le premier, un portrait de l'aumaussade et d'une gravure si défectueuse que les traits en texte de sont à peu près méconnaissables. Mais assez de soin par rubrique de Lipsia, 1698, semblance avec les types ver toute créance. comme Daucher pour l'impression il est facile Nolin et il a été regravé avec italienne publiée sous la de constater que son absolue dis- Audran est bien faite pour lui enle- 133 LE MOLIÉRISTE Dans tous les seules à de Brissart, les figures cas, les leur inpeu près contemporaines, conserveront toujours gravoir les de regretter térêt. On ne saurait donc trop vées d'une manière si inégale qu'on les croirait volontiers Toeuvre de plusieurs mains. Les dessins de Boucher, exécutés vers 1734 pour l'éouvrent une dition in-4° publiée à Paris sous cette date, nouvelle ère à l'illustration moliéresque. Il serait par trop mais téméraire aujourd'hui d'oser médire de ces estampes ; étuplus on accordera bien qu elles eussent gagné à être On diées. retrouve en effet, dans ces figures, tous fauts et certaines des quahtés du peintre. Mais bien les considérer à leur véritable point de de la plus haute portée, point frappé de ce qu'elles il vue, c'est-àet litté- laissent à désirer. En fallait une bonne pour partie de son des Frankendaël qui tites inspirer le talent Peu heureusement gravée la le et gran'était maniéré de Bou- à l'origine, cette suite dut réduisirent à merveille pour les pe- éditions de Hollande, tandis que les graveurs français y la caricaturer. avait près de quarante ans cher avaient vu la à succès à l'habileté des Punt et s'acharnèrent trop souvent à Il eftet, ou pastorales dont caractère convenu devait plaire à son crayon facile cieux, la veine franche et large de notre Molière cher. dé- sera impossible de n'être part certaines scènes m-ythologiques pas ce qu'il les l'on veut d'interprétation d'une oeuvre morale dire à l'état raire si le jour, que les dessins de Bou- lorsque les libraires associés pour pubhcation du théâtre de Molière commenté par Bret demandèrent à Moreau leur édition. le jeune 34 estampes pour orner Cette suite d'estampes, exécutée de 1768 à ^^ MOLIÉRISTE 134 1773, sans être ter parmi comme de constater unes, en chef-d'œuvre de Moreau, mérite de comp- le les jolies illustrations effet, et les autres. costumes, modes des les XV. Le convenu dans donner assez réalistes, peuvent tions les plus précises sur les nementation de ce maître. est facile dominent au contraire Les dernières, pour le plupart excellentes, la graveur a Elles n'ont point vieilli et s'éloignent d'interprétation que premières, les les indica- mobilier, l'or- le dernières années de Louis fantaisie et la sont en général celles que le mieux rendues. moins de la vérité dans lesquelles parfois assez difficile de reconnaître les types si Il deux manières dans ces figures. Les si il est larges et francs créés par le poète comique, dessinés par l'artiste avec une élégance trop grêle et trop tourmentée. Les figures de Moreau ont encore pour nous im autre intérêt de curiosité ^ne ; elles idée assez exacte de peuvent en effet nous donner ce qu'était vers 1773 la repré- sentation d'une comédie de Molière. Nous nous croyons plus sévères et plus exigeants que nos pères pour tout ce qui touche à costumes et la vérité accessoires mis à de penser que lieu de l'interprétation dramatique les l'ancien régime avaient charment aujourd'hui part, n'y a-t-il ; mais point tout comédiens des dernières années de mieux conservé que ceux qui nous les pures traditions du grand siè- cle ? Deux séries de figures, voilà donc tout ce que le siècle des illustrateurs a su donner à Molière^ et encore l'une d'elles reste-t-elle Au reste, il antérieure à l'âge d'or de la vignette. n'y a pas lieu de trop s'étonner de voir cette pléiade d'artistes, dont le crayon pourtant si prodigue « a I35 LE MOLIERISTE sauvé par planches les » tant d'œuvres mort-nées, rester à demi indifférente devant une telle et trop simple mode, à la Ce fut pour l'époque, œuvre : car trop vraie en elle n'était alors,, effet, ni ni populaire. dans premières années de ce siècle que les Mo- reau produisit sa seconde série de figures pour les comé- Beaucoup moins maussade que dies de Molière. productions de sa gné vieillesse, cette suite eût cédente, Mais plus spirituellement gravée. à être loin d'atteindre au faire artistique et au paraît beaucoup inspiré de s'être le tenir de transition où pour plus toléré le De Moreau les habitués convenu de vieilli du Le s'en ce à dour, trop cher au goût de senne est la être encore du costume, n'auraient y eut-il En progrès effet, tant ? Il pseudo-Louis XlV-troubaRestauration, il en général plus heureux. C'est ainsi certain même serait que ce der- produit des fort lai- lorsqu'il lui arrive de sacrifier à la fantaisie. possible de signaler, dans ses un très deux nombre de planches jolies si le On d'une époque estampes sans grande originalité et trop souvent Mais fidé- dessinateur représentation. fidèle théâtre, sans à Desenne, tient pré- l'âge précédent. assez difficile de se prononcer. artiste la l'interprète bien exigeants quant à la vérité des. la on y peut constater par compensation une peut donc nier elle est si charme de plus grande dans la traduction du texte. lité les autres beaucoup ga- suites qu'il De- serait pour Molière, bien venues, qui seraient graveur se fût montré moins lourd. Il eût fallu nommer et ses collaborateurs, ici, dont avant Desenne, Horace Vernet les estampes ont quelque peu LE MOLIÈRISTE 136 précédé les siennes. tout, plus Mais moderne que faire le celui d'H. Vernct est, après du premier dessinateur. Les figures qu'Horace Vernet a dessinées pour Molière indiquent chez des tableaux. l'artiste Il ne faire comme tant mais ; pas en eftet borné, un ou deux personnages déclamant d'autres, à dessiner devant un décor une préoccupation évidente de s'est il a pris la peine de rechercher des situations dramatiques prêtant à l'interprétation, et enfin grouper avec série un grand art ses en a su personnages dans une de compositions dont quelques unes, santhrope il celle du îMi- méritent d'être signalées à l'imi- particulier, tation des illustrateurs. C'est sur ces deux séries d'estampes (et encore sont-elles incomplètes), 1860 (i). Il qu'a surtout vécu la de librairie convient toutefois d'ajouter à ce bilan les nombreux croquis improvisés par Tony Johannot pour une édition C'était alors le France. Aussi nombreux 1820 à illustrée du théâtre de Molière. moment où fallut-il la xylographie renaissait en employer à graveurs, dont vers 1835 un ou deux la taille des bois de à peine ont su rendre mais un peu avec quelque habileté l'œuvre ingénieuse, hâtive, qu'ils avaient à interpréter. Un aquafortiste au faire individuel et original, lemacher, après avoir d'abord gravé, vers traits (i) M. F. Hil- 1857, ^^^ por- des comédiens de la troupe de Molière, publia, peu Vaut-il la peine de citer ici, pour être complet, quelques figures sans grande originalité de Riffaut, et lâche et d'une élégance éditeurs Garnier ? même les estampes, au dessin un peu banale, exécutées par Staal pour les I37 LE MOLIÉRISTE œuvres du Maître, une après, pour orner les tites eaux-fortes en tête 166 pièces et de complétée par série de pe- composée d'environ pages, plusieurs Bon portraits. de ses vignettes sont très réussies, la plupart bien nombre gravées, et cette publication vaut son prix. Une suite exécutée dans le mat un peu agrandi d'être tiste, et M. goût, mais d'un for- d'une exécution plus achevée, vient récemment gravée lustration même à l'eau-forte par Foulquier, qui excelle, chacun brassent point s'étonner en théâtre le même dans le sait, jolis de complet habile ar- du grand en miniature des classiques L'on ne saurait assez regretter que ses un l'il- siècle. croquis n'em- Molière, ni trop temps de ce qu'aucun éditeur ne s'est encore rencontré pour demander à l'aquafortiste d'achever ce qu'il a bien si Avouons commencé. toutefois que M. Foulquier, sans doute pressé par le temps, n'a point sure. et il La correction de son dessin lui arrive grands pour le me- laisse parfois à désirer, souvent de tenir ses personnages trop cadre étroit qui les enserre. contre aussi, lorsque il toujours donné cette fois sa le spirituel artiste a Mais, voulu bien par faire^ a su créer des eaux-fortes d'un ton exquis, et aussi de charmants petits tableaux. (Voir, par destinée au 5*^ Comment demander à tampes pour nous bien français. un Femmes qu'en arriva de Molière, M. 1807, date Lalauze, 34 es- « chi lo sa ? » une traduction du Car, depuis vignette ^" éditeur en vint à de dire que cet éditeur publier la savantes.^ 1875 illustrateur émérite, le théâtre vite songeant à acte des il exemple, était un Anglais grand à laquelle Hâtons- comique Renouard LE MOLlèRISTE 138 commanda Moreau à cette deuxième dont suite d'être question, aucun éditeur français ne coupable pareille d'une Mais profusion... M. Lalauze pour proclamer bien haut vient il rendu s'était revenons à qu'il s'est acquitté de sa tâche avec un rare bonheur. Ses estampes semblent bien étudiées ; plusieurs sont ravissantes, témoin celle pour Don Juan. Quelques-unes ont une grande cuHer deux celle du Misanthrope, et c'est à peine enfin laissent à désirer. Cette suite est donc, une œuvre en parti- allure, si une ou en résumé, sérieuse, tout à fait digne d'un artiste dont le plus élégant encore que gracieux, a conquis tous talent, les suffrages. Ces belles dont relliste, talent, estampes étaient à peine publiées qu'un aquala mode commençait — mais a bien vite consacré l'incontestable à dessiner, avec cette fois enfin une trop sage lenteur, pour un éditeur français, — une nouvelle série de compositions destinée à un théâtre de Molière en cours de publication. Ces estampes, et de préférence celles qui accompagnent les cinq premiers volumes, méritent d'être louées à côté des précédentes. M. Leloir, beaucoup donne à tout en inspiré se laissant aller à la On sent que fantaisie, s'est aussi de la représentation; c'est ce qui ses créations un caractère à la fois traditionnel d'une originalité tout à fait préoccupé peut-être que son devancier de bien grouper ses personnages, le nouveau et piquante. Moins faire large et de peintre se complaît sur- tout dans la vérité de l'expression et aussi dans les détails du costume masculin abuse-t-il qu'il excelle à bien rendre. Aussi un peu des personnages vus de chète ce léger travers par un certain dos. Mais il ra- nombre de planches LE MOLlèRISTE véritablement achevées, témoins femmes et la Critique mants petits tableaux. Or, faire un 139 pour VEcok celles des qui sont, à tout prendre, de char- but vers lequel devrait tableau, c'est là le Com- tendre un illustrateur; mais combien en ont cure? bien s'attachent à faire choix d'une scène capitale, dont la situation résume l'œuvre mette en sailHe entière, les principaux personnages et puisse fournir à leur crayon des développements pour suffisants Quiconque voudra jolies eaux-fortes se consacrées à contemporains ne pourra, cornbien, en général, tits ils avec lutter donner le régal le texte ? de parcourir Molière par nos je crois, manquer de artistes constater ont mieux réussi à rendre ouvrages du Maître que ses grandes créations. rait qu'ils les les pe- On di- réservent pour ceux-là tout le charme de leur pointe et de leur imagination, tandis qu'ils reculent devant celles-ci. Veut-on par exemple, Sicilien s'édifier sur ce dans la suite de point M. avec celle du Misanthrope. Il qu'on compare, ? Leloir, l'estampe du est vrai de dire que, depuis Moreau, V^Aînour peintre a toujours réussi à inspirer les dessinateurs qui, sans doute par respect pour œuvre, un peu tradition, se croient tenus de faire à cette effacée, tous les honneurs de leur talent la de leurs préfé- et rences. Quoi qu'il en soit, cette peine d'être signalée; de l'art, dans elle si tendance de nos grande ne devrait jamais la hiérarchie soit, en artistes effet, aller jusqu'à vaut la la liberté méconnaître, des œuvres intellectuelles, une certaine proportion et une certaine mesure. Cette proportion et cette mesure, les éditeurs sont, eux LE MOLIÈRISTE 140 aussi, trop tampes enclins à en prodiguant l'enfreindre et les vignettes les es- à des ouvrages trop souvent sans portée morale et littéraire, tandis qu'ils iront marchander au Tartuffe aux Femmes savantes une et Comme ample qu'au Mariage forcé. si, plus illustration réduire l'artiste le plus original à une unique estampe, pour interpréter cer- comédies de Molière, ce taines des condamner, failliblement le tones redites et presque in- n'était pas nous avec lui, Serait-ce donc, après tout, rêver l'impossible, en belle estampe, tête qu'espé- chaque acte des comédies commenté par rer voir enfin une mono- à de ! de page et que viendraient compléter une vignette un lampe ? Non, cul de là un desideratum justifié par poëme dramatique, en deçà duquel c'est la il puisque certes^ nature même du n'y a pas, à tout prendre, d'illustration possible. La mode est à Molière, et peut-être est-ce là car la préoccupation trop exclusive de l'histoire du roman de sa vie tend faire qu'on n'ait point et celui que l'art typo- ce siècle, pour la gloire de Racine, et du Louvre attende encore son pendant temps cependant de voir enfin peintre de peut-il iconographique français a su créer, au com- mencement de l'édition se encore tenté d'élever à son honneur un monument comparable à graphique ou plutôt quelque peu à reléguer au se- cond plan son œuvre incomparable. Comment donc un mal; mœurs le théâtre ? Il que serait de notre grand véritablement traduit et interprété par main des maîtres contemporains, avec une recherche, la un art et Or, un luxe dignes de comme il lui et est trop certain de la France.. qu'aucun éditeur ne vou- I4I LE MOLlèRISTE dra nous donner cette édition, pourquoi une société d'a- mateurs et de moliéristes n'en ferait-elle point les frais ? Quelles spirituelles et charmantes estampes et vignettes saurait nous donner, par exemple, l'association de crayons aussi souples et aussi éprouvés Leloir et Foulquier, si, une édition de Molière que ceux de MM. Lalauze, justement honorés de collaborer à et bien convaincus que ce n'est point trop de tout leur talent pour se maintenir à teur de leur tâche, ils la hau- voulaient bien y travailler avec une conscience égale à leur goût ! UN ICONO-MOLIÉROPHILE. RACHEL INTERPRÈTE DE MOLIÈRE. M. Georges d'Heylli vient de publier à la librairie des bi- bliophiles, sous le titre de Rachel d'après sa correspondance^ un important gédienne. travail sur la vie artistique Ce travail orné de quatre et il de la grande tra- forme un beau volume grand portraits, gravés à l'eau-forte par contient un très grand nombre de dont plusieurs sont publiées pour la première Nous emprunterons au volume de M. curieux renseignements relatifs lettres fois. d'Heylli quelques : à la petite salle Molière l'ancien tragédien St-Aulaire, et Massard, de Rachel, aux rares personnages de Molière que Rachel interpréta au théâtre Pendant son séjour in-8°, où que elle joua, dirigeait de sa qua- torzième à sa seizième année, trente-quatre rôles les plus divers de l'ancien répertoire, elle aborda cinq personnages des pièces de MoUère, Marinette du T)épit amoureux, nne du Tartuffe, puis Eliante Le 30 Martine des Femmes savantes, Célimène du Misanthrope. avril 1839, elle joua Dorine à l'Odéon, dans une représentation à son propre bénéfice (i). (1) Do- L'Odion, par P. Porel et G. Monval, t. II, p. 187. LE MÔLIERISTE Sur scène de la la Comédie I43 même, Rachel ne française joua qu'un seul rôle de Molière, Marinette du Dépit amoureux (i" 1844), dans une juillet néfice de sa famille, où elle avait comédie du Legs complétait sit représentation au bé- d'abord joué Phèdre. La la représentation, qui produi- une recette de 11,082 francs, assez élevée pour que. Rachel n'obtint qu'un succès de curiosité l'époest il ; évident que son talent et que son physique surtout ne se aucunement à prêtaient Ce brette. Molière à Le la fut l'interprétation d'ailleurs Comédie la seule d'un rôle de sou- fois qu'elle joua du française. 15 janvier 1847, elle concourut à l'éclat de la repré- sentation donnée en l'honneur de l'anniversaire de la nais- sance de MoUère en créant, dans un petit à-propos en un M. en vers, de acte, Molière, rieuse ; Jules Barbier, un personnage qui M"^ Aug. Brohan était Mercure était Molière ; Maillard représentait la faisait faisait lui-même. intitulé la L'Ombre comédie comédie légère ; de sé- Got un poète, enfin Provost Rachel et Aug. Brohan ne parurent dans cet à-propos, qui eut sept représentations, que le Mais premier soir seulement. c'est à Londres, pendant sa tournée de 1847, que Rachel se montra dans le rôle de Molière qui lui fil le plus d'honneur, paraît-il, mais qu'elle n'osa cependant ja- mais jouer à Paris, CéUmène du Misanthrope. Elle raconte elle-même, dans une bien curieuse livre de M. d'Heylli, cette lettre intéressante citerons la partie qui concerne sa prise rôle de Célimène : que reproduit soirée ; le nous en de possession du LE MOLlèRISTE 144 A '.- Madame Samsofi, d ^f<^ Londres, 1847. '':' ' Chcrc Madame Samson, Je enfin passé, ce l'ai ' fameux jour qui annonçait le Misanthrope : joué Célîtnène. Mais de qui va sans doute vous étonner, c'est que ai obtenu un véritable succèsr... de nombreuses salves me scène des portraits a fait les conseils mon de effet ; presque beaucoup parfait mais, à mon ici me je professeur ; la m'allait à quel changement !... suis rappelé,' de La mon aussi rri'a-t-on rappelée prude Arsinoé a produit y avoir voulu être plus sapiquante. Les deux derniers actes, ; tout a été pour le mieux, et vraiment je suis très satisfaite de ce succès. écrits ; ; pu répéter avec M. Samson, peuvent gagner énormément je n'ai mais mon costume sens, je crois vante et diseuse que mordante et que rire ; jolie La grande scène avec après le second acte. un grand faisait j'y entrée en scène m'a d'abord valu d'applaudissements merveille et la coifiure mieux Mon j'a Les journaux dépassent en anglais pour n'être pas M. Samson l'éloge, et je suis ravie qu'ils soient tentée de vous les faire lire. Mais veut se mettre en tête de m'apprendre bien Célimène, suis persuadée que j'aurai aussi un succès si je sur notre chère grande scène française RACHEL. Rachel joua encore Célimène dans sa grande tournée de 1849 (à Tours); enfin, dans une de ses représentations en Amérique, le 20 octobre 1855, elle joua le second acte du Misanthrope. Et c'est qu'elle parut dans un bien la dernière fois, ce jour-là, rôle de Molière. LA RÉDACTION. SUR DEUX VERS DE UELOMIRE HYTOCONDRE. Dans préface de l'excellente réimpression la que M. Li- vet a donnée, en 1878, chez Liseux, de YEloînire hypocondre, en Lxxv) citant (p. scène de l'acte IV les vers si curieux de première la : ... Croy-moi, cher Mascarille, Fais toujours le Docteur, et fais toujours le drille Car enfin, Tu ne Mais si est il temps de ; te désabuser, naquis jamais que pour faquiniser... tu te voyois, quand tu veux contrefaire Un amant dédaigné qui s'efforce de plaire: Si tu voyois tes yeux hagards et de travers. Ta bouche grande ouverte en prononçant un vers, Et ton col renversé sur tes larges épaules. Qui pourroient il ajoute en note : « à bon On droit être l'apuy des Gaules, a respecté, dans cette réim- pression (p. 108), la leçon de l'édition originale, qui porte Vapuy de gaules; celle que nous offrir A un sens coup sûr, donnons ici nous paraît plus satisfaisant. Le Boulanger de Chalussay n'en est pas à on cela près d'une plaisanterie forcée. Si c'était son texte, serait forcé de comprendre qu'il a raillé Molière en en fai- 10 LE MOLIÈRISTE 146 sant un Atlas de porter ridicule, capable mettait sur ses épaules; mais il France la si simple de serait plus on la s'en tenir au texte. Epaules a peu de rimes exactes; la Dans rien. Molière a foit saules et à propos de valets, épaules et et naturellement. dans Ainsi une première dire y a Gaules, Paules, gaules, et puis VEiourdi, fois à Mascarille (acte scène VII, vers 735-6): Il me falloit pas payer en coups de gaules me faire un affront si sensible aux espaules, ne Et et comédie la s'appellent gaules II, il monnaie romaine qu'on appelle une seconde fois Trufaldin (acte IV, scène V, vers cà 1549): ... D'un chêne grand et fort,.. Je viens de détacher une branche admirable, Choisie expressément de grosseur raisonnable. Dont Un j'ai fait Moins gros par Propre, Car champ, avec beaucoup d'ardeur, sur le bâton a peu près, ouy, de cette grandeur, est bien il l'un des bouts, mais, plus comme je en main, C'est du Molière, que trente gaules, pense, à rosser les épaules. il vert, noueux est vrai^ et et massif. de 1653^ mais Le Bou- langer de Chalussay emploie aussi en 1670 les deux rimes, en quelque sorte rille (acte fatales. Il fait dire scène I, I, p. par Isabelle 11-12): ...Apprenez qu'un valet Qui Et, se si moque d'un Maistre a souvent du balet. vous ne voulez proscrire vos épaules, Taisez-vous, et scachez que nous avons des gaules. à Laza- LE MOLIERISTE I47 Plus loin, vers la fin du premier acte, dans d'Elomirc et de l'opérateur Barry, ... il fait la dire au querelle premier : Si ce n'estoit Q.ue vous estes chez moy, le gourdin trotteroit... l'orviétan. Le gourdin Tarte à En même trotteroit crème la temps, mire un tour sur sa Dis donc sur tes épaules. 1 ! comme ce tour de chapeau », s'écrie Ah ! transporté de colère à ! A : moy, mes gens ! Des gaules ! fondons sur ces croque-crapaux. Lazarille, On en trouverait temps, mais teste au chapeau d'Elo- fait faire il tête, celui-ci, « d'autres exemples dans les comédies doit suffire de ceux il du du Boulanger de Chalus- say pour croire que, dans les trois passages, gaules n'a pas sens que celui de bâton, d'autre sans géographique française ni gauloise, pourroient avoir Tappuy de gaules malgré méchant le français « : Tu et i> aucune allusion que : « tes épaules veut dire simplement, pourrais bien être bâ- tonné. » Puisque rapproché des passages de V Etourdi j'ai lotnire hypocondre, éclaircit un de Molière (acte camarade un Ton d'E- autre passage de la seconde pièce en la première. Dans les éditions anciennes de 5, scène I, vers 1677-78), Ergaste dit à son : Par et les soins vigilants affaire alloit bien de l'Exempt balafré, ; le drôle estoit coffré, etc. LE MOLlîiRISTE I4S sans capitale à balafre, nom Dans du Guet, la liste non pas un des personnages cTElomire, après se trouvent Guet. C'est au nom qui paraissait ainsi, propre, mais une épithète. Le Balafré dénouement qu'il figure, p. de Le balafré, La Balafre Ayant mis nostrc fou dans Avec son Lazarilc et nostre et la Un exempt Sans-Malice, Exempts du et Balafré 119-26 sous chambre prochaine Balafré... Les éditeurs modernes ont donc eu raison de suivre dition de 1773, qui donne pour avec une grande lettre sa qualité de est très nom le : la première fois initiale, laquelle affirme l'é- ^Balafré clairement propre. L'Exempt à'Ehmire bypocmdre certainement un souvenir volontaire et un rappel moqueur de l'Exempt de VEtourdi. Anatole de MONTAIGLON. MOLIÈRE EN POLOGNE. XVIIP C'est vers le milieu du à jouer aux théâtres siècle qu'on a commencé polonais les pièces de Molière, et à publier les traductions polonaises de ses comédies, faites pour ces théâtres. Les Précieuses ridicules et mières pièces qu'on ait le Médecin malgré lui sont les pre- représentées en polonais au théâtre de Nieswiez, résidence de de Radziwill. la famille princière La princesse Françoise Ursule Radziwill pubHa traduc- la tion de ces deux comédies en 1754, à Nieswiez. A dater de cette époque, MoHère nais l'amour du théâtre. pièces paraissaient l'une en comptent plus de XYin-^ est dramatique qui exaltât dans mier génie devenu le le pre- puMic polo- Les traductions polonaises de ses après l'autre. trente Les bibliographes imprimées avant la fin du siècle. Mais ce n'est que le XIX" siècle qui enrichit la littéra- ture polonaise des traductions classiques, vers, des comédies de Molière. vingt, outre celles qui restent en compte plus de en manuscrits dans pertoires des différents théâtres. très correctes, On en prose et en C'est qu'on joue aujourd'hui sur ces les les ré- versions, pièces de Mo- LE MOLIERISTE 150 licrc aux théâtres de Varsovie, de Cracovie, de Léopol, de Posen, etc. Le plus distingué des traducteurs incontestablement est François Kowalski, qui a même donné plètes de Molière traduites en vers lumes in-S" et les œuvres com- composant VIII vo- imprimés à Vilna entre 1847 ^^ 1850. Cette édition est précédée d'une savante biographie de Molière. Charles ESTREICHER, Directeur de On annonce la Bibliothèque publique de Cracovie. (i). en Suisse, du poète polonais mort, la Christien Ostrowski, qui a versifié l'Avare de après F. Mailhol, Deschamps C'est le et par erreur traduction C'^ de S'-Leu, Malouin, avant que polonaise les MM. Rastoul, Courtin journaux ont cette imitation Molière, Esnault, et AUart. donné comme en vers français^ représentée à la Porte S'-Martin dans les matinées raires de M. litté- Ballande. G. M. (i) Auteur de la Bibliographie polonaise du extraites la plupart des indications XIX^ siècle, d'où sont données par M. P. Lacroix dans sa Bibliographie moliéresque (2me édit., p. 191-196). SUR « LE PROCÈS DE MOLIÈRE ET D'UN MÉDECIN. Le n'est pas découvert (v. j^oliériste le Sa version est, M. Lacroix a un peu diôérente de est vrai, il comédie avec un donné venue à la Béjart lui envoya dire de sortir, que susceptible de honte, de payer sa place. » billet aima mieux se elle M. Lacroix Nous avions résolu, mes compagnons De ne i, se. et Vint pour nous voir jouer » Car la mienne » Luy » Comme fit aussi-tost : femme de mais comme moy, ; en étant ce fat elle prit un rat : avertie, danser d'abord un bransle de sortie. alors je croyois » Je négligeay d'en dire que tout m'estoit permis, un mot à mes amis. que l'histoire » Pourtant, soit à dessein de nous faire querelle, » avare dedans. jouer jamais, excepté chez le Roy, » Soit par d'autres motifs, la quand et là- 3), » Devant ce médecin, ni devant sa séquelle que serait retirer : Elomire [Elomire Hypocondre, acte » ; « plus Point de matière à procès Mais Le Boulanger de Chalussay raconte l'auteur cité par celle La femme du médecin recueillie. sa 1705, pages 74 à 77], Armande « de juin) du tout inconnu. Grimarest en parle dans Vie de Molière [Edition originale, dit M. Paul bien nouveau et bien curieux » que fait « Lacroix croit avoir « LE MOLIÈRISTE 1^2 Las » » » ! j'aurois prévenu par là ce que ce hère, Pour venger cet affront, ne manqua pas de faire. tandis ce raffiné Je fis donc ce faux pas Prévint toute la Cour dont je me vis berné. Car par un dur arrcst qui fut irrévocable On nous ordonna presque une amende honorable. ; » » » Le Nemestz de M. Paul Lacroix mettre en prose Il celle est inutile faire fait qu'abréger et remarquer que des deux versions de Grimarest est doute un sa de n'a de Le Boulanger de Chalussay. le récit fait vrai, la seule admissible. Il y a là sans que l'auteur à'Elomire bypocondre, dans pour Molière, haine a soucier de la vraisemblance. mande faveur; Béjart ait fait exagéré On expulser la et sans travesti, se comprend bien qu'Arporteuse d'un mais une spectatrice payante, ce serait billet de un excès d'impertinence incroyable, et impossible. Le procès dont Le Boulanger de Chalussay, Nemestz M. Paul Lacroix, n'a jamais pu avoir lieu. parlent après lui, et ^Athènes, juin 1882. C. Mêmes DELAMP. observations de notre collaborateur Vitu et de M. le D"" M. Auguste Mahrenholtz, de Halle. G. M. PETIT QUESTIONNAIRE RÉPONSE. La 28. Wasili Teploff. (iv, 26, 61). vient de faire M. J. Claretie, d'une traduction russe des Fourberies de Scapin, a nouveau théâtre que trouvaille, un grand intérêt russe. Elle le doit non pour l'histoire du à la personnaUtè du traducteur, écrivain assez médiocre, quoique très stu- de la Après une période assez longue de tâtonnements et dieux, mais surtout aux circonstances et à la date première représentation. d'apprentissage, le théâtre régulier fut à St-Pétersbourg en 1756 par de province. talent, lien'), une troupe d'amateurs venue homme troupe, de grand Théodore Wolkoff (lui-même traducteur du tremêlées de divers chefs-d'œuvre du rivalisait ici jusqu'à la fin Holberg, mais pendant même la Sici- forma son répertoire de quelques pièces russes en- Molière et Le chef de définitivement fondé les du théâtre premières années en souverain absolu. Dans le étranger. avec Lessing siècle courant il trônait d'une seule année (i^Sl^^ furent traduites et représentées les Fo^rè^nV^ de Scapin, Y Avare, V Ecole des Maris, Tartuffe et le Misan- 154 thrope. i^E MOLIERISTE D'après des sources authentiques, Scapin ouvrait le rang, et fut représenté le 25 septembre 1757. C'était précisément la traduction faite par Basile Teploff, que vient de découvrir M. imprimée (on l'a citée Claretie, cependant, au le « Dictionnaire dra^natique » et qui ne fut jamais siècle dernier, dans de Novikoff, 1787). Ce der- nier détail explique aussi pourquoi cette dans tous les œuvre est omise index bibliographiques connus. A. VESSELOVSKI. LE CABINET DU MISANTHROPE. Le sens du mot cabinet Franchement, « il est dans bon fameux vers le à mettre au cabinet » M. est toujours contesté et le sera toujours. Moliériste même meuble à serrer des papiers, (tome H, vers de Robinet » » Ces deux l'opinion de ce serait rerais p. 24e), et en trouve Noble M. et pour tient le sens de apporte à l'appui deux le style net digne du cabinet. » mon avis^, vont directement contre Un sonnet à mettre au cabinet, à Picot. un sonnet d'un style net « un des deux On autres sens, jour, dans Vespitre aux ^on de Discret (2^ éd. français de Jannet) et noble. » Je préfé- de cabinet travail, ou mot eût a quelquefois contesté que le déjà ce sens au XVII^ siècle^ mais à beuriêres tort. Je lisais l'autre de Paris, qui précède V,Ali- 1664, réimp. dans V Ancien passage suivant le un escu pour acheter « il Picot, dans le : On vers, l'autre cabinet. : « un : livre entier « théâtre Tel qui n'a pas en void du moins quelque petite partie à bon marché, puisque vous en « donnez a que vous débitez tousj ours quelque lambeau par dessus « d'argent qu'il ait, ; et par ce moyen il peut, les denrées pour peu gouster les charmants entretiens de LE MOLIÈRISTE l'yl'^ « ces grands génies, usage « autre un exemple C'est Lacroix, me si j'ai dès le elles en siècle pas la et ; curieux. et, M. Paul c'est le qu'elle prévue et admettre une bien part de Molière, qui, auteur et mieux que personne combien saisir L'équivoque du moment à dire qu'elle était contraire, étrange inadvertance de acteur, savait de leurs œuvres a à tous ceux que des chercheurs XVn= le Supposer promptes à sert » à ajouter était possible, je n'hésite voulue. ne se bonne mémoire, a réunis dans un volu- de V Intermédiaire était possible s'il datis le cabinet. double sens des les foules mots, et sont comme rient. C. D. L'abondance des matières nous oblige de remettre à prochaine livraison un curieux samment intitulé : article Question de cabinet. sur ce sujet, G. M. la plai- 2îi CORRESPONDANCE Monsieur le JDirecteur, M. Paul Lacroix Votre savant collaborateur dans dernière livraison du Moliériste, à propos de Cotin- la Trissotin « écrivait, : Nous ne croyons deux passages pas qu'on très curieux et Galant de 1672, dans lesquels savantes et ait très il encore mis en regard importants du Mercure Femmes est question des du personnage épisodique de Trissotin, que Molière avait imaginé pour donner satisfaction à une de ses anciennes colères contre l'abbé Cotin. // que l'abbé Cotin ne mons pas l'avait qui attiraient en foule la société des gens cour. Voici la de est à présumer ménagé dans un des précieuse et première note, ser- l'élite Molière qiie pourrait bien avoir rédigée lui-même... » Viennent deux d'un troisième^ emprunté à Bayle. suivis Or, la extraits aussi empruntés au V^ercure galant^ extraits, Vie de Molière du Mercure galant dans la par Taschereau reproduit et de Bayle, que l'on notice consacrée à l'abbé Cotin par L. Livet dans Précieux et les trouve M. Ch. Précieuses. Relevons, dans ce dernier ouvrage, un amusant passage de Cotin appelant Molière à son secours pour combattre Ménage : — Je pensais, dit-il, que toute achevée quand on m'a averti qu'après jouer chez Molière Ménage la ménagerie les Précieuses on fût doit hypercritique, le faux sçavant LE MOLlèRISTE 158 et le pédant coquet curieux détail : vivat — !» Et — Cotin ajoutait, Les comédiens ont mis dans leurs « : affi- ches qu'il faudra retenir les loges de bonne heure et que tout Paris grands On une c'est : voit, estre, parce que toutes sortes de gens^ mariez ou non mariez, sont intéressez au et petits, Ménage s'était y doit plaisanterie de comédiens. » par les lignes qui précèdent, que Cotin ne point senti atteint par les attaques de Molière con- dont tre les Précieuses, raillé les Ceci travers. Bibliophile une prière. un de nous citer allusion à Molière, seul avait il lui-même plus d'une fois nous amène à adresser au savant Nous des lui une seule Molière, un seul motif bien saurions un gré infini sermons de Cotin qui plainte de Cotin authentique des fasse contre colères de MoHère contre Cotin. Nous faisons qu'il se trouvât une réserve cependant : il serait possible quelques lignes hostiles à Molière dans la Critique désintéressée dirigée par Cotin contre le sieur des Vipéreaux — (Despréaux). gré sa légitime le nier, autorité, Taschereau l'assure nous n'osons n'ayant pas sous les yeux ; mais, mal- ni l'affirmer ni la Critique. Sur ce point nous nous en rapporterons à M. Paul Lacroix. UN PROVINCIAL. MOLIÈRE A CHATEAUROUX Voici ce qu'écrivait, en avril 1874, M. le D^ Fauconneau-Dufresne dans son Histoire de Déols'et Châteauroux ; (i) « Il résulte de documents trouvés par M. Guition, à la bibliothèque du Panthéon, que l'ancien hôtel du Dauphin (dont les bâtiments sont aujourd'hui occupés par MM. A. Nuret et fils, imprimeurs-libraires, 72, rue Grande, à Châteauroux) a été le témoin des débuts de l'inimitable Molière. » Alors que ce grand auteur de comédies était chef d'une troupe ambulante, il s'arrêta à Châteauroux et donna une représentation dans une sorte de jeu de paume qui dépendait de cet hôtel et qui s'ouvrait sur la rue du Tripot. M II avait dit n'avoir pas eu à se louer des gens de Linu^es, mais avoir, au contraire, été très satisfait de l'accueil de ceux à^ Argentan et de Châteauroux. » Les chercheurs seront-ils plus heureux dans ces deux qu'à Limoges, où aucun document n'est venu, jusqu'ici, confirmer la tradition locale ? Qu'est-ce que M. Guinon ? quelle est la source à laquelle il a puisé ces renseignements^ trop précis pour n'avoir pas un fond de vérité? Châteauroux était, comme Limoges, sur la route de Toulouse, où l'on sait que Molière a fait plusieurs séjours, et, aussi sur la route de Poitiers, où l'on croit assez généralement que rillustre-Théâtre a passé. En octobre 165 1, Louis XIV, allant de Bourges à Poitiers, s'arrêta à Châteauroux et coucha à l'hôtel même du Dauphin. C'est précisément aux alentours de cette date qu'il faudrait rechercher la trace du passage de Molière, soit dans les livres de paroisses, soit dans les registres du conseil de ville. ,, ^ dernières villes Georges (i) 2 vol. in-8. page 960. Châteauroux, A. Nuret et Mon val. fils, 1873-74, tome II, BULLETIN THÉÂTRAL Comédie française. — Dimanche 25 (MM. Maubant, Dupont-Vernon, Joliet, juin, Tartuffe, Richard, Baillet, Davrigny, Leloir; M""" Jouassain, Samary, Lloyd — Lundi 26, tin). Truffier, Davrigny, chet; M™" Femmes V Avare Le Bargy, savantes (MM. Samary, Fayolle). Martel, Tronchet ; Martel, JoHct, Mar- Richard, Leloir, de Féraudy, Trôn- — Bianca, FayoUe, Frémaux). Jeudi 29, les Got, JoHet, Richard, Silvain, Leloir, Le Bargy, Tronchet; (MM. (MM. et — Baillet, Brohan, Jouassain, Barretta, M"^^^ Mardi 25 Joliet, juillet, Truffier, le l^Cariage forcé Leloir, Villain, M"<= Fayolle). — Lycée Louis le Grand. Concert du jeudi 20 let La grande scène des Précieuses Ridicules, par M. : juil- Co- quelin aîné et M"«^ Reichemberg et Durand. MONDORGE. Les fouilles pratiquées à la suite de la démoHtion Marché S'-Joseph ont amené la du découverte d'une grande quantité d'ossements provenant des sépultures de l'ancien cimetière S^-Joseph. Peut-être y a-t-il là quelque relique à jamais perdue de Molière, qui ira rejoindre aux Catacombes poussière des générations que son génie a penser. la Imprimerie de Pons (Charente-Inférieure). — Noël fait rire et q^ ^^ Texier QUATRIÈME ANNÉE SEPTEMBRE 1882 NUMÉRO 42 LE MOLIÉRISTE XEFUE MENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. Campardon, MM Claretie, F. Coppée, V. Fournel, J. : J. Guillemot, A. HoussAYE, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Livet, L. Moland, Ch. Monselet, E, Noël, J. L01SEX.EUR , Ch. Nuitter , E. Picot , L. de la Pijardiêre, Rounat, F. Sarcey, H. Schweitzer, Ed. Thierry, E. Thoinan, A. Vitu, etc. F.- P. Régnier, Ch. de la Dr PAR Georges MON VAL ARCHIVISTE DE LA COMÉDIE FRANÇAISE PARIS . 10, LIBRAIRIE TRESS1-: GALERIE DU THEATRE FRANÇAIS, lO 1S82 SOMMAIRE DU NUMÉRO XLII QUATRIÈME ANKÉE WXA/W UN NOUVEAU DÉNOUEMENT DU TARTUFFE. — Vinccns St- Laurent. BULLETIN THÉÂTRAL. — Mondorge. LES DERNIERS MOiMENTS DE MOLIÈRE, Statue de M. H. Allouard, reproduction tirée hors texte. LETTRE A M. HENRI MARTIN. — H. de Lapommeraye. RÉPONSE A UN PROVINCIAL. — La Rédaction. AUX INTERPRÈTES DE MOLIÈRE. — E. Legouvé et DupontVernon. ICONOGRAPHIE MOLIÉRESQ.UE. — Du Monceau. LE PRIX D ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN POUR TOUTE LA FRANCE UN NUMÉRO On s'abonne français, 2, place tions, : — ÉTRANGER, I 3 FRANCS. UN FRANC 5O CENT. du Théâtre M, G. Monval, manuscrits, communica- à la librairie Tresse, io, Galerie ou par mandat sur la poste adressé de Vintimille, auquel demandes lettre affranchie. et les à réclamations devront être envoyés par UN NOUVEAU DÉNOUEMENT DU TARTUFFE L'extrait suivant, qui occupe les Notice des travaux de l'académie 1808 (i), est tionné par si peu connu pages 387 à 402 de la du Gard pendant l'année qu'il M. Paul Lacroix dans même men- n'est pas sa précieuse Bibliogra- phie Moliéresque, Nous croyons sans avoir voir la devoir le réimprimer à titre Comédie Française substituer au dénouement de Molière celui de M. Vincens Saint-Laurent « La poésie dramatique gloire de curiosité, besoin d'affirmer que notre but n'est pas de littéraire de la : est la plus belle portion France ; c'est elle qui de la surtout a assuré à notre langue son triomphe et son universalité c'est sur et ce nos théâtres que pureté du goût de sentiment exquis des convenances qui temps distinguée, les esprits (i) la se font éminemment l'a sentir. la si ; nation, long- Aussi tous raisonnables et cultivés, que n'aveugle pas trop Nismes, Venis Belle, 1809, in-8. LE MOLIÉRISTE 164 de haine ou de prévention, se sont-ils, dans tous les pays, empressés de rendre à nos grands écrivains en ce genre, un hommage pour dire ainsi universel. Naples, Milan, Vienne, Berlin, Pétersbourg, Londres même, ou se sont approprié leurs chefs-d'œuvre en traduisant, ou ont les élevé des théâtres et appelé des comédiens français. de gens, depuis Tépoque brillante où ces grands Peu hommes ont vécu, avaient osé leur contester leur gloire. Aujourd'hui d'autres causes d'animosités il s'est élevé contr'eux, grement ; renforçant l'envie littéraire, le nord, une école dédaigneuses : les le Schiller génie sent qu'il se présente à lui. qui professent ces opinions le génie sous quelque habit Shakespeare se fût agenouillé devant même respect anciens, même en Corneille et MoHère, et leur eût rendu que Lopez de Vega témoignait aux abandonnant leurs traces J'écris Que » tés en insensé, mais j'écris hoyau, la truelle Soyez plutôt maçon, » pour des fous. ceux donc qui ne sentent pas bêche ou le : de nos grands maîtres jettent la de déni- mais, à coup sûr, ce ne sont ni les Lessing, ni Goethe, ni les dans la les sublimes beau- plume prennent et le : si c'est votre talent. Parmi ceux de nos écrivains qui se sont illustrés dans cette carrière difficile et brillante, Molière tient sans contredit la première place dans l'opinion générale comparer, avec raison, Sophocle Racine leur et Voltaire, et soit : on a pu Euripide à Corneille, nos voisins ne craignent pas de égaler leur Shakespeare. comique, et Mais Molière ancien, soit moderne, soit ! quel poète national, soit LE MOLIÉRISTE 165 étranger, oserait-on lui mettre en parallèle sans rivale, sa compatriotes mais » Un reconnue. supériorité Sa gloire ? seul est parmi ses contre ce consentement unanime, s'est élevé n'y a pas eu deux Erostrates littéraires. il Nous ne prétendons pas pour cela, sans doute, que les ouvrages de ce rare génie soient entièrement exempts de défauts. partage En aucun genre l'infaillibilité ne fut jamais le de l'homme l'estime qu'on fait d'un grand écri; vain doit être le fruit d'un jugement, et L'homme de aveugle : lettres preuve talent, lière hommage M. Vincens Cet culte. ne voudrait pas d'une approbation tout admirer, c'est n'admirer rien critique est la » non pas un et une ; juste garant d'un juste éloge. et le que indirect, le goût acquitte envers Saint-Laurent vient de le rendre à le Mo- d'une manière bien ingénieuse, dans un morceau de littérature qui a pour titre Du : dénouement de la comédie de Tartuffe. « On reproché à Molière la plusieurs, en sont uniformément a, dit-il, » dénouemens » romanesques » pièces qu'ils terminent. » que l'homme de génie qui : et effet, défectuosité des peu dignes des beautés Il est difficile a si de ses multipliées des de se persuader savamment combiné » toutes les » d'heureuses situations, mis en jeu un » d'admirables ressorts et produit des effets » variés, n'eût pas été » dite » si » empêché de soutenir jusqu'au bout « pour autres parties si assortir la fin comiques et si de fécon- de ses comédies à tout à tant grand nombre doué d'assez de force des causes étrangères M. 'inventé plans, le reste, son talent ne l'avaient pas son essor. » Vincens Saint-Laurent trouve les causes perturba- l66 LE MOLIÈRISTE du trices de comédie, qui travailler pour le mettait souvent dans que pour sa troupe plus commande nécessité de la était il de se conformer et d'un prince absolu, accoutumé à et tout plier faire prouvent assez que Molière, comme une comédie la comble de l'art et des caractères ! en donné tout moyens ses le comme Misanthrope » et Il : Oh! ici le Comme On ses idées que trois le paraît du sujet ainsi dire poète s'est combiner de et pour moi. » du dénouement de Tartuffe; ne manquèrent et la réflexion point au talent, puisque l'ouvrage, fut terminé nous sort pour déroule finir dénoue- le : en parlant de sa comédie du même temps il voit qu'ici celle-là, je l'ai faite n'en est pas de cependant se il ! temps de mûrir « lui-même, savait conduire ces chefs-d'œuvre aussi disait-il, : et la cette partie. ^ans effort et de lui-même du Misanthrope, des Maris, laissé à nouer ment surtout du dernier de le indé- si si libre. Les dénouemens de V Ecole » encore, aux or- devant ses désirs, jusqu'au génie par lui-même pendant dans sa gloire, et non moins contrariante où l'obligation de composer de dres dans sa qualité de directeur talent de Molière ans après. commencé en On 1664, ne a peine aujourd'hui à démêler quels motifs ou quels dégoûts purent engager Molière à produire, dans l'état d'un de ses plus beaux ouvrages. le talent Il la voyons, ce n'est de Vart, du le la fin semble impossible que qui avait conçu et exécuté, avec une qu'on n'a point égalée, si où nous supériorité premier des chefs-d'œuvre, moins du pas facilement trouvé et tiré de génie comique, n'eût l'essence du sujet un LE MOLIÈRISTE moyen, digne de 167 de punir l'imposteur lui, et de sauver sa victime. » Ce moyen frir si à la paraît même à M. V incens Saint-Laurent naturellement à ne peut avoir échappé l'esprit, qu'il vue du Maître, puisque lui-même en première s'of- en lecture réfléchie qu'il fut fut frappé à la état de faire du Tartuffe. » Laissons notre auteur exposer et développer lui-même ses idées ce » J'ai : longtemps repoussé d'essayer de réaliser comme un sacrilège mon opinion cette idée moins d'oser porter une » jours été qu'à » sur les ouvrages de Racine, » littérature, d'entreprise plus hardie » aux comédies de Molière. » de nos jours (i)a heureusement il En le désir a : ne pouvait y avoir, que vain tou- main téméraire en d'oser toucher un poète comique des scènes con- extrait, » fuses qui constituaient la Suite du Menteur de Corneille, » une pièce réguUère, comique, et » plus d'éclat » où ne brille qu'avec du premier auteur ce qui a été conservé ; en vain a-t-on élagué, au théâtre, un grand nombre de de des tragédies Cimia, du Cid des » superfluités » Horaces, et donné, par ces retranchemens, plus de rapi- » dite à leur marche, » d'unité d'ensemble à l'action » tentative » réussi à » pendant (i) et plus de vivacité à de mettre en vers Thomas trente Corneille ans, Andrieux, en 1808. à : le ; en et l'intérêt, vain la plus même Festin de Pierre a-t-elle mes scrupules ont l'appât de ces résisté, exemples. lé8 LE MOLIÈRISTE » Chaque fois que » monter mes craintes, » me mon » écrivain mis désastreusement que » aussi les mutilations en (i); estimable d'ailleurs sur- d'Iphigénie me elle montrait sont quel- se » quefois permises sur plusieurs pièces de Molière, » cri général de réprobation qu'avait excité comme un » audace, retentissait et le double cette présage à sinistre en un par action comédiens les de prenait imagination épouvantée dénouement ramenait aussitôt au » Aulide, ^si me tentation la mon » oreille. » On ne risque rien, » plutôt des dit beautés que Winkelmann des défauts de chercher (2), dans ouvrages des les » grands maîtres. L'observateur en trouvera sûrement, ajoute» t-il, l'on ne et pourra pas dire qu elles soient » imagination y persuadée d'avance qu'elle » beau est réel y » qui ne l'a pas senti, va voir du beau: doit voir Profondément pénétré de ce principe, opposé aux critiques des chefs-d'œuvre » même » il ou à celles qui ce revoir me paraissaient les a plus d'une fois servi à toujours dramatiques, mieux fondées, m'en démontrer l'injustice l'erreur. » J'ai mis » cachées » et je l'ai » » et de son ce qu'il l'aperçoive. » jusqu'à t> et l'effet la même obstination à découvrir les beautés du dénouement de Tartuffe, mais infructueuse- ment. L'application du principe de Winkelmann n'a » pas (1) produit le ici même St-Foix, en 1769. (2) Histoire de l'art, t. I, p. 315. résultat. Je n'ai jamais pu LE MOLIÊRISTE )) trouver aucune raison qui dans excusât l'intervention, personnage subalterne, jusqu'alors » la catastrophe, d'un » lG$, entièrement étranger à l'action, ni reconnu la singulière fantaisie dans Tartuffe un fourbe » du » renommé, de l'envoyer encore braver, insulter d'honnê-? a lorsqu'il roi, » tes gens, et de ne exécuter l'ordre de l'arrêter faire d'Orgon » qu'en présence de sa famille et » intempestif du monarque, qui, dans » est prononcé, produit l'effet de éloge ni cet ; moment où le froide l'eau il un sur » corps brûlant. » Je l'ai déjà dit il : un expédient simple, natu- s'offrait du fond du formant un sujet, lié à l'action, » rel, naissant » trait de caractère de Tun des personnages secondaires, » mais essentiels, » sonnage en jeu d'une manière plus de la pièce, et que mieux^ » bornât pas à donner avis à » nace, )) : à « » venue dénouement un rempart à Quoi idée qu'il en se moyen présente mes yeux, que » dubitable qu'elle était » faire qui trouvât le lui cette même, du moins » préféré le qui et ; se me- le mais d'éclairer la de faire punir ? « Je le répète » Orgon du danger du prince, de sauver l'innocence » le coupable vaudrait-il pas de l'accompagner dans sa fuite et à l'offre qu'en outre ce fût » justice le Ne dévouement de Valère ne » effet, active, à accroître l'in- du spectateur. » térêt et la satisfaction en propre, en mettant ce per- qu'il je bien si regarde in- aussi à Molière, et qu'il n'a nous a laissé, que pour en sa pièce contre ses ennemis. soit, la nouvelle combinaison que propose n'exige presque aucun changement dans » position des scènes d'elle- comme ; elle je la dis- ne demande que quatre vers lyO LE HiOLlèRISTE » au premier acte, pour fonder » de Valère une ; » carrosse et apporte succès de ses démarches, » de » amené. » long Telle est la fait panégyrique Chaque vieillesse, la et de XFV, Louis que j'ai lu venue assiéger dois morale se ressent du voisinage^ puisque » blesse de » pas ; je m'en accuse : la du mal ma plus Tartuffe, l'en- mon que esprit. Je mon ma eu j'ai conforce la fai- m'en vante tentation. Je ne j'en fais, par si j'arrive sur les croire » succomber à récit le fois je amène un par lui-même, à la place constamment repoussée, mais de » fins il poursuit depuis » vie d'en essayer l'effet est » l'avais scène où me pensée qui » tendre jeunesse. la de l'argent à Orgon, et » ce de l'action possibilité la au lieu de lettre aveu, amende » honorable. » donc comment Voici « entreprise » Dans » dire par j'ai mon exécuté audacieuse : la scène sixième du premier acte, Molière Géante à Orgon fait : Vous save\ que Valère Tour » être votre gendre a parole de vous. Entre ces deux vers j'en » nière suivante intercale quatre de : Vous savez que Valère Est riche, noble, sage et très considéré due Aux la ; faveur d'un oncle, à la cour fort ancré, plus brillants emplois lui permet de prétendre, Et que même déjà, pour être votre gendre. Cet aimable jeune-homme a parole de vous. la ma- I7I LE MOLlèRISTE me ce assez, » C'est » ment du cinquième » gemcnt » » acte, et jusques-là préparer Tévène- aucun autre chan- n'est nécessaire. Au cinquième acte^ de au lieu de confiance apporterait une remettant à Orgon paraître Valère faire engager Orgon à lui-même, lorsqu'il vient » valet » semble, pour fuir, lettre et dirait, : Valère veut, monsieur, que, sans perdre un instant, Je remette en vos mains ce billet important Il sait S'il tous vos chagrins, et ne vient pas encor C'est que votre intérêt le le ; sien est extrême. témoigner lui-même. demande ailleurs ses soins. pour vos premiers besoins, Pour votre sûreté, Avec mille louis qu'ici je J'amène son carrosse, il vous apporte, est à votre porte : Et dans un endroit sûr, qu'on ne soupçonne pas, Mon maître m'a prescrit d'accompagner vos pas. Hâtez-vous. ORGON. Ciel ma ! fuite est-elle nécessaire ? LE LAQ.UAIS. Lisez, monsieur, la lettre explique ce mystère. ORGON Pour prix de vos bienfaits et Abusant d'un dépôt à sa scélérat vous jette. n'en pouvoir douter, sais, à Qju'au ministre D'un criminel de votre amitié, foi confié. Dans un danger pressant un Je lit. il vient d'apporter d'état l'importante cassette Dont au mépris, dit-il^ Vous avei conservé le du devoir d'un sujet, coupable secret. Partez, monsieur, partez sur l'heure Qu'une impénétrable demeure ; en un la LE MOLlèRISTE 172 Vous dérobe à l'affront de vous voir arrêter ; a surpris Tordre et doit l'cxiicutcr. Il ci;i CLÉANTE, Voilà ses droits armés, De par c'est et traître oii le vos biens qu'il prétend cherche à se rendre maître. i(j t.. ORGON. L'homme (Il reprend est, je vous l'avoue, un méchant animal continue de la lettre et : lire) Le moindre amusement vous peut être fatal : N'écoutez point, monsieur, un imprudent courage Je vous offre avec joie un asile assuré Acceptez-le, tandis qu'ici je resterai Pour tâcher, s'il : ; se peut, de conjurer l'orage. Valère. Las ! que ne dois-je pas à Pour l'en Et je demande au ciel Pour reconnaître, un Adieu ; remercier prcne\ le il ses soins obligeans faut de ! un autre temps. m' être asse^ propice jour, ce généreux service : soin, vous autres... CLÉANTE. Alle\ Nous songerons, mon frère, à faire » Ici entre Tartufe à la suite » à de l'exempt, changer à cette scène jusqu'au » silence tôt ; ce qu'il faut. et moment il n'y a rien où, réduit au par les raisonnements de Cléante et par les jus- reproches du T> tes » l'exempt reste de la famille. Tartuffe dit à : Délivrez-moi, monsieur, de la criaillerie, Et » A daigneu^ accomplir votre ordre, je vous prie. ces mots, que » sente à l'exempt » s'écrie : Valère entend un pap.."r qu'il en accourant, tient à la il pré- main, et LE MOLIERISTE Votre ordre, Du I73 Prévenu par Damis un fourbe vous a mis, le voilà. trouble où dans ces lieux Je vole chez mon ma oncle, et, par vive instance, J'obtiens que son crédit prenne votre défense Il ; court chez le ministre, et dès ses premiers mots Lui fait du scélérat détester les complots. Ensuite avec chaleur, il retrace, rappelle il Le noble dévouement, l'infatigable zèle Qu'en sujet, citoyen fidèle et généreux. Vous avez signalé dans des temps malheureux Et, l'indignation s'emparant de son âme, Il ; peint en traits de feu cet hypocrite infâme. Suivant son intérêt complice ou délateur, Et pour dépouiller perdant son bienfaiteur. le On s'enquiert quel Ces secrets il est on fouille ces registres, documents qu'ont toujours les ministres, ; Et sous un autre nom, Un Le Le il se découvre en lui en vain cherché jusqu'aujourd'hui, scélérat détestable auteur d'un forfait exécrable. ministre aussitôt va de ce misérable Faire connaître au roi les nouveaux attentats. Justement révolté, Que Que prince ne veut pas le d'une perfidie on profite sans les visiter, sans les ; il lire, commande on vous rende Ces papiers qu'un ami déposa dans vos mains ; Et, sûr de votre foi par des garants certains, De ce secret dépôt vous pardonne l'offense. Consultant l'équité non moins que la clémence, D'un souverain pouvoir, il annuUe l'efiet Du don qu'à cet ingrat votre tendresse a fait. Il ordonne de plas qu'à l'instant on saisisse. On livre le méchant aux mains de la justice : Je me charge de l'ordre, afin de l'apporter Avant que J'arrive à Les Le le fers qu'il perfide premier ait pu s'exécuter : temps malgré sa diligence extrême ; vous portait vont l'enchaîner lui-même, ! TARTUFFE. Comment.,? LE MOLIERISTE 174 l'exempt, à Tartuffe Marchez sans raisonner. L'ordre est » TartuflFe » ques à clair et n'a rien qui emmené, Molière reprend de fin la ce pièce, la que » hasardé le travail » sacrifier j'ai bien ! te aucun autre de ceux où » est me » propres voilà, traître le yeux, que, ma si j'ai parfaits mon ouvrage qu'à 3> reconnue vicieuse du » hors d'oeuvre et que » l'indulgence je n'ai du moins une longue déclamation alarmée, et conscience de mes lecteurs, de la c'est contre seule la bienveillance et de qu'ils n'oublient pas commis un péché littéraire, peut-être irréje leur en ai fait un aveu sincère, mais sous si j'ai » missible, » le sceau de » révélée. la confession, et qu'elle ne doit pas être » L'académie du Gard n'a pas vœu modeste le de mêler mes dépourvue de tout mérite de puisse attendre je mes partie universellement la sien, qu'à même d'une syndérèse » grâce ce à torts Mais ces raisonnemens sont impuissans » style. que génie profond de l'auteur de MoHère, plus » ! eu l'audace » vers les » que, n'aurais je m'avait fallu s'il prose rimée aux conceptions et aux » substitué la faire, pour tâcher de diminuer mes dis, » faibles idées et » jamais certes et osé fortement empreint. si » Je tous ses droits jus- admirable du rôle d'Orgon: trait Hé » ni vous doive étonner. goût, de M. la justice, la cru devoir répondre à Fincens-St-Laurent. Elle a vérité, les progrès de pensé l'art, et LE MOLIERISTE le respect même I75 pour qu'elle professe plus le grand des poètes comiques et le premier de nos philosophes moralistes, lui imposaient l'obligation de donner au travail que nous venons digne. d'extraire, publicité la dont il semble lui » BULLETIN THÉÂTRAL Comédie française. reux (MM. de Féraudy, Bianca et Frémaux). (MM. — Jeudi Joliet, Davrigny, P. Reney, — Dimanche — (MM. ; 9, le Martel, Joliet, Truffier, Leloir; M"^ et Mercredi 16 (M. Delaunay, — Mercredi M""" Bianca, Thénard Fayolle). Roger Joliet, Truffier, Frémaux). M™" Scapin 6, les Fourberies de Coquelin cadet, Garraud, Mariage forcé août. Le T)épit amou- 3 et Mardi 22, M"^ Tholer) et le le Misanthrope Médecin malgré lui (M. Gor.) Athènes, au théâtre Apollon, en grec vare; 23, Lé Médecin malgré lui ; : 22 VA- juillet, 25, Le Bourgeois gentil- homme. Smyrne. — Au geois gentilhomme, let, M. théâtre en grec. de PûurceaugnaCj Alhambra, 27 juillet, théâtre Eldorado — Au en le : Bour- 23 juil- turc. MONDORGE. MOMENTS DE MOLIÈRE LES DERNIERS Nous offrons à nos lecteurs la reproduction du Molière mourant^ de M. Henri AUouard, qui a obtenu une seconde médaille au Salon de cette année. Notre collaborateur, M. Jules Claretie, Salon en courant l'a jugé d'un mot dans son « tout à fait supérieur, bien drapé, saisissant. » : Dans la Revue des Deux-Mondss (i), le président du Jury de sculpM. Eugène Guillaume, de l'Institut, s'exprimait en ces termes ture, : Cette figure, qui obtient un « si beau succès, est parfaitement pré- sentée. Elle est très juste de caractère. Molière repose déjà et son corps se sont détendus. La paix Qu'aurait-il à regretter? Artiste, finie. Homme, il théâtre son esprit meurt pour ainsi dire au reste impassible. Ainsi donc, ni débats, ni convulsions; rien Nous lière et ; venue. La pièce est de ses peines. Philo- de ces agonies dont « il est c'est la fin bruit des applaudissements. sophe, lui félicitons d'avoir (2). la scène nous donne trop souvent M. Allouard traité d'avoir si le détail. dignement représenté Mo- avec tant de mesure un sujet qui touche au » L'Etat vient de commander le marbre à l'artiste, et nous espérons qu'à l'un des Salons prochains l'œuvre définitive obtiendra la première médaille, dont elle nous semble digne à tous égards. G. M. (i) Le Salon de 1882 (2) V Univers droit de cette illustré statue. : la Sculpture. du 5 Livraison du ler juillet 1882. août 1882 a donné une gravure du profil :^I. CORRESPONDANCE Paris, Mon 28 1882. juillet cher confrère, Le Cercle de dramatique critique la charge d'avoir l'honneur de vous lettre qu'il vient M. d'adresser à le et me musicale envoyer copie de M. des inscriptions parisiennes, au sujet d'un rapport de Nuitter dont vous avez pubHé du I" Le résumé dans le chain juillet. numéro de cette lettre dans le pro- votre journal. Croyez à mes sentiments de vive Le Henri de cordialité. président, LAPOMMERAYE. Paris, le 26 juillet 1882. Monsieur Henri Martin, sénateur, membre de P Académie française, président du Comité Monsieur Le Cercle de j'ai le Moliériste Cercle de la critique dramatique et musicale espère que vous voudrez bien reproduire A la Président du Comité la des inscriptions parisiennes. le Président, critique dramatique et musicale, l'honneur de présider, me charge de vous que communi- l8o LE MOLIÈRISTE ru du Temps (i) (sans nom d'imprimeur 1667 eu ?) avait de dire des comédiens la sottise » Je leur abandœine donc ma réputation^ » m'obligent point à voir leurs farces. » des Que Cum nom — : pourvu quils ne peut-on répotidre à les loix, même des ? crimine turpior omni persona Quoi que fassent » donne; date peut-on écrire contre ceux à qui l'on ne peut » rien dire de pis que leur î) Que gens qui sont déclarés infâmes par » payens ? et sans est. de semblables mais je ne sais si certains Bouffons, je leur par- descendus braves^ des » Simons en droite ligne, voudront bien leur pardonner. » Et M. Thierry » Provocation^ guet-apens, ajoute: Molière juste prix_, avec les non hypocrisie insolence, pas, quoi qu'on lui fit intérêts en dise, tout payer à de invitation et la fois, l'arriéré sans et doute; mais au taux de l'usure. Voilà, Monsieur, cet extrait, bon au » qui vous réconciliera, je l'espère, avec notre cher bibliophile Jacob. LA RÉDACTION. (i) S. 1., 63 p. chezl'hermite de Paris, à la correction fraternelle, in-8 de AUX INTERPRÈTES DE MOLIÈRE la lecture Jamais désormais la à haute voix diction, si ne fut plus longtemps négligée, en faveur; fait partie de l'éducation première; la ville de Paris a ouvert, pour ses instituteurs et institutrices, des cours spéciaux, qui fréquentés aussi par bon nombre de gens du monde de prononciation deviennent à questions sont enfin d'innombrables ouvrages la mode ; les (i), paru ont successivement sur la matière. Parmi ces derniers, plus répandu dit, le VArt de c'est : la lecture est, sans contre- justice, l'auteur étant M. Er- nest Legouvé, auquel revient l'honneur d'avoir popularisé les études de diction. De sa Lecture en action, qui complète ^uirtde la lecture (2), si heureusement quelques pages nous ont paru tout particulièrement devoir être mises sous les yeux de qui- conque s'étudie à lire Dans son chapitre ou à réciter V (Autant d'époques, du Molière. autant vains^ autant de ponctuations différentes), l'éminent cien remarque matiquetnent , « que les d'écri- académi- auteurs dramatiques ponctuent dra- c'est-à-dire que les signes ponctuatifs em- ployés par eux sont l'image des sentiments exprimés par leurs personnages. » (1) XiXe (2) Voir les récents articles de notre collaborateur M. Sarcey au siècle. 2 volumes in- 18, chez Hetzel, 18, rue Jacob. LE MOLIÈRISTE l82 prend ces vers du [Misanthrope II : PHILINTE. Et qu'à la cour de je crois Mon flegme est même qu'à la ville, philosophe autant que votre bile ALCESTE. Mais ce flegme, monsieur, qui raisonne Ce flegme, Philinte, paisible, si bien, pourra-t-il ne s'échauffer de rien? M. remarque laisse Legouvé, l'homme Philinte, tranquillement échapper son vers sans le couper par aucun signe ponctuatif. Mais que répond l'im- pétueux Alceste Mais ? ce flegme^ (virgule), monsieur, (vir- gule), qui raisonne si bien, (virgule), (virgule), ce flegme, pourra-t-il, etc. Ces virgules répétées ne « de signes d'impatience ? elles l'intonation comme autant n'entendez- vous pas, en les lisant, colère d' Alceste? l'accent de sont-elles pas Ne avec portent-elles pas des mots qu'elles séparent? Faites donc attention, en lisant les auteurs dramatiques, à leurs signes ponctuatifs haut, ils : car, comme ils écrivent pour être lus tout entendent ce qu'ils écrivent, et leurs virgules, leurs points et virgules, leurs points d'exclamation, sont des indications de diction. » Plus loin, à propos de la Poésie dans la diction : Molière n'est pas seulement un moraliste, un observa- « teur, c'est un poète. Les ques-uns finiraient par acteurs l'oublient trop. me faire haïr ces beaux Quel- mots de naturel et de vérité, à force de s'en servir pour en étouffer un qui les vaut bien, c'est le mot poésie. Vous venez-vous des premiers vers de l'Ecole des Maris? sou- LE MOLIERISTE Ne « voudriez-vous point, par vos belles sornettes, Monsieur mon frère aîné, car, D'une vingtaine Dieu merci, vous l'êtes d'ans, à ne vous rien celer. Et cela ne vaut pas Ne De I63 peine d'en parler la voudriez-vous point, ; dis-je, sur ces matières, nos jeunes muguets m'inspirer les manières? M'obliger à porter de ces petits chapeaux Qui laissent éventer leurs débiles cerveaux Et de ces blonds cheveux, de qui Des De visages humains offusque ; la vaste enflure la figure ? ces petits pourpoints, sous les bras se perdants, Et de ces grands collets jusqu'au nombril pendants? De ces maiiches, qu'à table on voit tâter les sauces. Et de ces cotillons appelés haut-de-chausses De ces souliers ? mignons, de rubans revêtus, Qui vous font ressembler à des pigeons pattus Et de ces grands canons où, On met comme tous les matins ses deux jambes esclaves. Et par qui nous voyons ces messieurs Marcher Hé « ter, ? en des entraves, écarquillés ainsi bien, j'ai vu des dans ce passage, les galants que des volants ? » éminents se conten- artistes très d'être spirituels, mordants, sarcasti- ques. Je ne pouvais pas m'empêclier de leur dire par la pensée : « Mais, au nom du ciel ! donc peintres soyez aussi! Molière, dans ces vingt vers, a jeté là sur le papier comme s'ils sortaient du étincelants, comme s'ils sortaient cinq ou six personnages, vivants crayon de Callot, et tout du pinceau de Rubens! Le visage, peau, le manteau, manches, tout cela faites leurs! les souliers, les vit, remue, cheveux, canons, les le cha- collets, les éclate, miroite, papillotte!... donc entrer dans votre débit tout ce tapage de cou- Que votre parole aussi étincelle votre force de sarcasme Tous les comique s'en et flamboie!,., accroîtra d'autant. les traits railleurs sortiront d'autant plus aigus de la LE MOLIÉRISTE 184 bouche de Sganarelle que ce seront des silhouettes non de vantes, et froides observations de moraliste! Ces mêmes vers fournissent plus loin, au chapitre de Mémoire j un ingénieux exemple de mnémotechnie Rien de plus malaisé à apprendre, « que cette description. Je dit Un la : M. Legouvé, m'y trompais toujours, fondais sans cesse tous les objets. vi- » jour, je j'en con- remarque que MoUère n'a pas assemblé ces objets au hasard ou selon de besoin le la rime, mais qu'il a placé chacune de ces parties de la toilette, à la place, et dans l'ordre qu'ils occupent sur aux ensuite le corps, commençant par cheveux, descendant au pourpoint, etc. C'en était je le ne l'oublierai homme jeune moi de plus. Dès que habillé par aux pieds, la tête et chapitre passant au morceau, commençais à MoUère XIV, consacré aux M. Legouvé remarque que mon se dressait ma mémoire quillement d'un objet à l'autre. Au je chapeau, allant collet, savais fait, je le et le dire, devant descendait tran- » Oppositions dans la dictioUy les professeurs de chant, pour assouplir le gosier de leurs élèves, leur donnent à faire ce qu'on appelle des exercices d'agiHté, morceaux préparés exprès, où se trouvent réunis, dans un ordre méthodique, d'arpèges, de gammes, qui ont pour des groupes de trilles, objet d'habituer l'instrument à toutes les difficultés vocales; il indique au lecteur, des oppositions, Lucrèce le comme excellent exercice dans l'art célèbre couplet d'Eliante, : La pâle est au jasmin en blancheur comparable ; La noire à faire peur, une brune adorable ; imité de LE MOLIÉRISTE Et « il La trop grande parleuse est d'agréable Et la humeur, muette garde une honnête pudeur. ajoute il 185 : Quelle leçon de contrastes qu'un morceau tel ! comme vous force à sauter subitement d'un ton à un autre! Toutes ces figures, la maigre, la grasse, ne font que passer devant vous sage, les peindre avec avec un trait ces figures : il pâle, la noire, le poète les dessine sons doivent être variés comme un timbre pour chacune trouver faut la faut les saisir au pas- un son, comme et tous ces ; ; il d'elles, » Enfin^ pour extraire de ce traité pratique, même qui est en temps un excellent ouvrage de critique littéraire, tout ce qui touche à notre MoUère, nous citerons ce pa- ragraphe de ranger la Le second acte du mais ce chef-d'œuvre est « Chanson d'une curieuse analyse Dé- de : amours de Marianne et Tartuffe un chef-d'œuvre est ; un hors d'œuvre. Le tableau des de Valère arrive là comme un épi- sode. Pourquoi cependant ne laisse-t-il pas de nous char- mer ? Parce que l'action n'est encore que posée, engagée. Mais transportez amoureux au 3^ acte, comme une comme un temps d'arrêt. » nous choquera Peut-on mieux dire ser avant d'exprimer L'excellence de ce quand on et déUcieux écho non et du Dépit en plein drame est ; il dissonance, et nous gênera mieux apprendre à l'élève à pen- ? cette méthode a été reconnue par l86 LE MOLIÈRISTE M. Dupont-Vcrnon, dont comme diés, de diction les Principes Lecture en action, à Régnier, la (i), dé- offrent la M. Legouvc. Y^rt de bien nous sommes heureux que constante application des préceptes de Le succès de ce livre a dépassé celui de même dire (2), du l'analyse raisonnée de plusieurs scènes de Molière nous auteur, et donne l'occasion de à nos lecteurs. le signaler M. Dupont- Vernon a fait une étude toute spéciale de deux rôles qui appartiennent à son emploi, Clitandre interprètes de l'amant d'Henriette homme Voilà un « deux sœurs. se homme Au prononcer entre elles le Et Des vainqueurs suis cherché, lassé quatrième (1) I I ton : » Au quel ? » me les met en de- deux. Sur sœur aînée Vos attraits m'avaient pris, et mes tendres soupirs Vous ont assez prouvé l'ardeur de mes désirs; je filles, piquée au jeu et perdu, » « (2) le terrain doit-il parler à la I" acte deux jeunes l'aînée. Cette dernière, dans l'espoir de regagner cet : placé entre a reporté sur la cadette l'amour que lui a Il longtemps inspiré meure de et donne aux Tartuffe, et voici les conseils très sensés qu'il de tant de peines, humains plus et de moins rudes chaînes. » : « Appelez-vous, » Ce que m'a de madame, une votre vol. in- 18, Paris, P. vol. in- 18, Paris, P. infidélité âme ordonné la fierté ? OUendorf. Prix, 2 OUendorf. Prix, i fr. fr. LE MOLIÉRISTE Mon cœur » court-il au change, moi qui vous » Est-ce un « Il n'est pas pour l'interprète ton du dépit. , ou 187 si Quelques-uns y mettent une tant d'erreurs, autant de non-sens. nuance de dépit, souffrir, Vous avez certes. Parlez s'agissait Or, » donc de ? genre. mais surtout froidement d'un toisie vant je : le ; Fous tn'a- « vous jurais une Non comme s'il encore? qui garderait quelque soufferte. Pas d'accent de pas de sourire outré, aucune dignement, librement, Parlez que votre ton soit celui de l'indif- plus profond, tempéré par la cour- homme du monde. Méfiez-vous du vers sui- : « Mais vos yeux n'ont pas cru leur conquête assez J'ai fait dire signifiait nettement homme belle. » successivement ce vers à vingt personnes, toutes lettrées; une quel laisser moindre l'en remercieriez plutôt. homme triomphe, pas de persiflage, férence et de l'oubli la Lui en voulez-vous de vous Vous ! déception émotion d'aucun expression ni dire souffrez-vous donc pas en parlez à chassé, d'autrui. Par exemple amertume d'une le moqueur. Au- cette souffrance passée, du tourment avoir chassé — Ne mave^ votis flamme immortelle. péril moindre accent de reproche, pas ni le de moquerie davantage. ^r^ fait un Vous ne devez réponse à Armande, votre ? chassez? » ton du reproche, sur les dit sur le tendre, d'autres les soulignent d'un sourire percer, dans poussez l'y me qui n'offre seul de ces vers On vous ou vous qui quitte, vous bonne moitié y mit une : « Vous fallait-il inflexion qui êtes bien dégoûtée, donc ? )) Vous le madame ; voyez, ce l88 LE MOLIÈRISTE n'était pas cela mot un est du Dans ce passage, presque chaque tout. écueil. » Cette méthode analytique et raisonnéc nous semble ex- M. Dupont- Vernon cellente. heur au personnage de Tartuffe, ment On tuffe Comédie à la sait même l'applique avec le bon- fréquem- qu'il joue assez française. qu'au 4" acte de V Imposteur ^ Elmire Tar- dit à : Mais comment consentir à ce que vous voulez « Sans offenser le ciel dont toujours vous parlez? Et celui-ci de répondre Si ce n'est que « Lever un tel : obstacle est pour y a au théâtre, à ce « Il mes vœux on oppose, qu'à le ciel » moi peu de chose. moment de la » M. pièce^ dit Dupont- Vernon, un jeu de scène dont l'effet est infaillible. C'est, pour l'acteur qui représente Tartuffe, d'écouter, Elmire les une ; yeux fois disant : Voilà le Si « il que de lui pubHc, par un le un sourire de dédain^ que ce n'est dernier de bien forte bien, et que fait entendue, de relever en regardant la plus la moucom- de se retourner vers Elmire en incrédulité, enfin plète question la cette question tête, et d'exprimer, vement d'épaules baissés, sur le public le ciel... mes faire » soucis du ton dont vous ! — un grand • C'est effet sur le faut savoir résister à cette tentation diriez : une tentation ; pubHc car, en eh ; tra- duisant ainsi le vers de Molière, ce n'est pas seulement un vers isolé que vous dites mal, c'est le caractère du principal personnage que vous faussez, c'est l'œuvre entière de Molière qui disparait. Molière n'a pas voulu que Tar- LE MOLIÈRISTE tuffe jouât le rôle d'hypocrite, bout, en tout Que dans l'âme. ciel est ciel ; répond-il il lever. dit là ? Il ne dit au contraire vous prouver que bonheur. et le mais bien en toute seul obstacle qui le très facile à du lieu ciel 189 qu'il fût jusqu'au Rien autre chose que vous « Je me : si le cet obstacle est arrête, Je me moque réjouis de pouvoir pas du tout : hypocrite circonstance, : ne s'offensera pas de notre » Est-ce que ces réflexions ne vous paraissent pas pleines de justesse, et ne semble-t-il pas que des rôles ainsi creusés, médités, approfondis doivent conduire au succès le comédien persévérant et lettré qui en fait son étude constante et l'objet de ses leçons de chaque jour ? G. M. ICONOGRAPHIE MOLIÉRESaUE — On Le Molière-Coypel. venue rarissime et inabordable, Coypel pour illustrer Molière. jourd'hui de 6 à 700 fr. Nous connaît peu la suite, dedes figures composées par Complète, elle vaut auavions eu l'idée d'en faire exécuter des réductions héliographiques pour k Moliériste, mais c'était une dépense que notre petite revue ne peut encore se permettre, et nous en voilà dispensés par la charmante et très artistique publication que vient d'en faire M"^ veuve LefiUeul, qui a eu le bon goût d'en confier la M. T. de Mare. Charles-Antoine Coypel, Tami de Baron, grand amateur de spectacles et habitué de la Comédie-Française, où réduction à Thabile graveur du Molière-Boucher, il de avait ses entrées et venait de faire représenter ses Folies Car dénia (30 décembre 1720) série d'esquisses des (i), avait entrepris principales scènes de Molière. une Pour raison n'a-t-il pas continué son œuvre ? toujours que Joullain (2) n'en -grava que six, publiées en 1726, et que Coypel vécut encore vingt-six ans, pendant lesquels il put voir son idée, reprise par Boucher, menée à bonne fin pour la grande édition de 1734. Mais si incomplète qu'elle soit, puisqu'elle ne donne qu'une scène de cinq comédies de Molière alors qu'il y en avait vingt-deux au répertoire, cette suite n'en est pas moins extrêmement importante, tant par sa valeur artis- quelle est-il (i) Coypel ne composa pas moins de 27 pièces de théâtre, qui n'ont point été imprimées. figures de VHistoire du (2) Joullain est l'auteur des nombreuses théâtre italien de L. Riccoboni, Paris, Cailleau, 1731. LE MOLIERISTE I9I qu'à titre de document. Car Coypel a donné là non-seulement le costume sous lequel on représentait Molière au temps de la Régence, mais le décor, la mise en scène telle que la tradition nous l'a conservée, et peuttique être jusqu'aux portraits des principaux interprètes. Son frontispice nous donne le dessin exact d'une partie de la salle de l'Ancienne-Comédie, avec son rideau fendu au milieu et surmonté des armes du Roi, ses lustres baissés pendant l'entr'acteS;, les spectateurs sur le théâtre séparés des comédiens par une balustrade, le parterre debout, les loges d'avant-scène, et jusqu'à l'auteur regardant le public par l'œil de la toile. Le public, c'est à lui qu'est dédiée cette Suite d'estampes des principaux sujets des comédies de Molière gravées sur les esquisses de Ch. Coypel, et, en véritable homme de théâtre. Fauteur l'a fait précéder de ce petit prologue ou compliment, sorte d'annonce gravée sur le rideau même : Très respectable et redoutable juge. Tu n'ignores pas que c'est au désir de te plaire que les beaux-arts doivent » leur naissance, c'est ce même désir qui nous porte à les » cultiver et à lesperfectionner.Nesois donc point surpris » de l'hommage que j'ose f offrir ; daigne le regarder » comme une marque de reconnaissance que j'ay cru te » devoir pour le/avorable accueil que tu as bien voulu » faire aux Gravures de D. Quichotte. Mais tu me diras » peut estre que je le dois plutost au fameux autheur qui » m'en a fourny les sujets qu'aux faibles traits de mon pinceau. Si tu le dis, je le croiray, car je fais Vœu de » me soumettre toujours à tes décisions; quoy qu'il en soit, ï tu ne ché?~ispas moitîs les ouvrages de Molière que ceux de Michel Cervantes, ainsy je veux espérer encore que tu » feras grâce aux desseins en faveur des sujets. Je suis, avec tout le respect que te doivent ceux qui » osent s'exposer à tes regards, a. » j) x> j> » Ton très humble et très soumis serviteur. Charles Voilà l'estampe n° La toile se COYPEL. i. lève sur l'estampe n° 2, qui représente LE MOLIÈRISTE 192 Horace, Agnès et Arnolphe, à la scène 3 du V Ecole des femmes, dont le décor est charmant. 5" acte de L'estampe n° 3, que nous recommandons tout spécialement aux comédiens chargés du personnage de M. de Sotenville, représente la dernière scène de George Dandin. Le mari « confondu » est à genoux, son bout de chandelle à la main. Chaque personnage est admirablement compris c'est un excellent tableau, d'un comique achevé. M. de Pourceaugnac est représenté entre les deux médecins; l'apothicaire au fond. Les costumes sont à étudier. Vient ensuite le chef-d'œuvre de cette suite, la scène de Psyché « où l'Amour s'envole et le palais s'évanouit » (acte IV, 3). L'artiste a pu donner là carrière à sa fantaisie c'est une adorable Psychéet à son goût décoratif: Louis XIV (on sait que la pièce n'avait pas été représentée depuis la mort du Roi). La scène du sonnet des Femmes savantes termine trop tôt cette exquise collection qui, complète, serait sans rivale, et que M™^ veuve Lefilleul a eu cent fois raison de répandre. C'est un véritable service qu'elle a rendu là aux amateurs ; il faut la remercier surtout de l'avoir mise à la portée de toutes les bourses: la suite avec lettre, hollande, coûte 18 francs, c'est-à-dire le tiers du prix d'une seule des six pièces originales, et contient, en outre, un beau portrait de Coypel, gravé par M. T. de Mare d'après Coypel lui-même. : DU MONCEAU. L'abondance des matières nous oblige à remettre à la prochaine livraison la Bibliographie. Annonçons toutefois le tome septième du Molière-Hachette^ qui vient de paraître. Imprimerie de Pons (Charente-Inférieure). — Noël Texier. QUATRIÈME ANNÉE NUMERO 43 OCTOBRE 1882 LE rTMT"^ MOLIÉ i: %EVUE ^CENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. Campardon, J. MM Claretie, F. Coppée, V. Fournel, : J. Guillemot, A. Houssaye, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Livet, J. L01SELEUR Ch. L. , Nuitter , MoLAXD E, Ch. , Picot , L. Monselet, E. Noël, de la Pijardière, Rounat, F. Sarcey, H. Schweitzer, Ed. Thierry, E. Thoinan, A. Vitu, etc. F.- P. Régnier, Ch. de la Dr PAR Georges MON VAL ARCHIVISTE DE LA COMEDIE FRANÇAISE PARIS LIBRAIRIE TRESSE 10, GALERIE DU THEATRE FRANÇAIS, 10 1882 SOi\liMy\lKE DU NUMliRO XLIU QUATRIhME ANNÉE LE SICILIEN. — Ed. Thierry. RÉPONSE A M. DE LAPOMMERAYE, — G. Monval MOLIÈRE ET COTIN (suite). — Un Provincial LE PÈRE DE Mlle DUPARC. — C. Brouchoud. UNE RELIQUE DU CIMETIÈRE SAINT-JOSEPH.— La Rédaction. — BIBLIOGRAPHIE MOLIÉRESQUE. Du Monceau. BULLETIN THEATRAL. — Mondorge. LE PRIX D ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN POUR TOUTE LA FRANCE UN NUMÉRO On s'abonne français, 2, — ÉTRANGER, I3 FRANCS. UN FRANC 50 CENT. : à la librairie Tresse, io, Galerie du Théâtre ou par mandat sur la poste adressé à M. G. Monval, place de Vintimille, auquel les manuscrits, tions, demandes et communica- réclamations devront être envoyés par lettre affranchie. •ïôo: MOLIÈRE ET SA TROUPE AU PALAIS-ROYAL. LE SICILIEN Ménage^ qui a eu l'esprit de ne pas être un ennemi de Molière, de rechercher ses pièces dès premier mot dire le fait aussi le par la sur le Sicilien une première monologue il la Ménage remarque : Une que de suite ne manque que d'être accouplés avertis, les lecteurs fois curieux ont poussé plus loin et se sont aperçus qu'il en était à dans toute connu, mandé ; c'est une est a rime. la vers nouveauté et d'en postérité, du rideau, d'Hali, au lever libres auxquels vers recueilli par il comédie. C'est la le fait; peu près de n'en reste pas moins inexpliqué. si le mais Sicilien n'aurait la On pas d'abord été s'est première forme du que Molière à en faire disparaître la de- composé en question donne tout de suite sa réponse le vers eût été la cas surtout même mais, pour être re- Sicilien, c'est : Si dans ce se serait particulièrement appliqué mesure et le rythme. LH MOLIHRISTE 196 On revenu est que Molière esquissait h l'idée en prose avant do les achever en vers, que et ses pièces première sa esquisse était déjà pleine d'hémistiches, d'inversions poéti- ques, de vers rencontrés au courant de quoi pas aussi de rimes? D'ailleurs, lien. supposer que les raisons ne sent moins précise, libre, et il gence du si n'en trouve pas dans quelque avoir Sicilien «erait resté le manquent, commencer à présomptions, qui serait si On faudrait il le laisser-aller que cette semblable si le Sici- pour raison à l'état d'ébauche, et par le laisser-aller cadencée, plume. Pour- la plus simple des la du travail mesure de à la or, rien ; phrase la coupe du vers n'est pas possible de confondre avec la négli- en style ce qui est le soin le plus exact et le plus précieux. Faut-il croire, avec nemis jurés de meux axiome « Tout la les rime, curieux du paradoxe et les en- que, démentant d'avance de son Maître de Philosophie le fa- : ce qui n'est point prose est vers, et tout ce qui n'est point vers est prose » Molière aurait essayé un troisième genre de espèce ambiguë qui, n'étant ni cipât des la deux prose ni la suppression de la consonnance ? Mais ces une le vers, parti- du vers par l'harmonie, de : style, prose par la essais-là ne se tentent guères sans qu'on se fasse honneur de l'invention, et ne paraît pas que Molière il rains de cette que personne du caractère d'un Il est plus averti ses d'ailleurs, homme contempo- plus éloigné à système. simple de croire que Molière, dont naissait toute réglée par n'a ait nouveauté, étant, pas pris garde une la pensée oreille parfaitement musicale, lui-même à ce qui nous occupe et LE MOLIÈRISTE a qu'il lui-même de fait 197 rythmique plrose la comme , M. Jourdain faisait de la prose, sans le vouloir. Ce qu'il voulut dans le Sicilien, ce fut écrire une jolie pièce digne de tous les divertissements qu'elle couronnait dans Ballet des Muses. le La donna son pièce culier, la comme on comédie galante, disait galante, c'est-à-dire la nouvelle prise dans les Les style. deux ensemble donnèrent une comédie d'un genre parti- nouvelle la mœurs de la jeune et élégante société. Le ment dont Marivaux devait française, charme de son Du même reux ce caractère de galanterie essentielle- Sicilien avait théâtre lui à créer, ton Sicilien, le métriques composer emprunta pas seulement lui prit il même la la fable et les la discret musique mêlée à pensée d'un fond que se ressouvenir ; ait coupes pour en ; échappé à Beau- imaginer, a-t-on Beaumarchais peut souvenu en croyant imaginer. Admettons que lui ce ment, ce morceau écrivains se les l'action, entre les deux pièces est trop nettement marchais, cela se peut néanmoins pour que Barbier de Sévi lie. La ressemblance ait été le personnages du — moins du dialogue accusée pour être fortuite. Qu'elle n'est au moins car Beaumarchais^ — avec le faire coup, Molière prêtait à deux de ses plus heu- successeurs; Marivaux, ne un jour théâtre. fait livre, le Sicilien rencontré par hasard, ce frag- lu et relu en cachette, où l'enfance des presque toujours sa première éducation littéraire, et qui reste le modèle de leur œuvre future vient naturel qu'on retrouve Bartholo Figaro dans Hali, dit, s'être le dans Don ; il de- Pcdre, comte Almaviva dans Adraste, Rosine LE MOLIÈRISTE 198 dans Isidore, et le petit acte original dans les quatre actes delà grande comédie. Don Pèdre n'est pas gentilhomme; grondeur comme guette il mais et médecin est il comme amoureux lui ; rien n'y furète , dépiste Bartholo, est il avare et jaloux, et manque. Dehors ou dedans, l'intrigue et en l'éventé maître, tout juste pour prouver que, contre la jeunesse et l'amour, exacte vigilance n'est que précaution inu- la plus tile. « Hali, Turc, esclave d'Adraste, » dit la liste des acteurs en de tête la comédie. N'en croyez rien. Hali n'est pas Turc que Figaro plus résille et l'habit per n'est Espagnol. Si Figaro porte la de majo, c'est un déguisement pour trom- censure. Si Hali porte le turban et la tale, c'est la veste à l'orien- un habit de masque qui répond au En dies à costumes. l'un et l'autre réahté, Hali et du bal- reste goût invariable des Cours pour let et caresse le les comé- Figaro sont Français : Du Lude, Chavigny, Saint-Faron et Montglas Font l'amour sans soupirs, sans larmes, sans hélas disait la chanson « sur les procédé d'Adraste ils et celui qui cajole et qui ose. qu'étant gentilhommes un art. ils ; )) c'est du Comte. Jeunes ont tous deux l'amour de leur âge mour à gens de Cour Un et la et un peu de la le Cour, de leur rang, l'a- point à remarquer, c'est ne dédaignent point de toucher Almaviva improvise des couplets, déchiffre cou- ramment une romance tombée d'un balcon ner ! et peut don- leçon de chant à Rosine. Adraste, devançant Alma- viva de tout un siècle, fait de la miniature (est-ce bien de I99 LE MOLIERISTE la miniature ?) un peintre de de et remplace, auprès jeune Grecque, la '- portraits qui s'excuse. Grecque, vous savez ce qu'il faut lire. Isidore, l'esclave grecque, est deux fois française, d'un seul mot, parisienne. Hali, comme Figaro, chambre à tout (le petit à à Isidore même de de tous est même faire, les métiers, valet des couplets de circonstance propos en deux langues que son virtuose chante la musique, quelle moins beau pour n'être d'à-propos trop est ment avec et, si diseur, plus pas de lui) , vous en doutez, écoutez seule- compétence sonne que Figaro qui disserte sur le bécarre il diligent, laisse ; payant plus de sa per- son maître faire le jeu, çà et là le conseil d'un habile et s'amuse à regarder tie de donne la par- mène. plutôt qu'il ne la Figaro, tout Figaro qu'il est, n'est que le cadet d'Hali; ainsi de Rosine à l'endroit d'Isidore. Les deux sœurs se communs, ma- ressemblent, mais les traits qui leur sont ce que les fenêtres closes donnent lice et finesse d'esprit, d'impatience, ce que du prisonnier, la la réflexion sang-froid, ruse dans le droit de jeunesse, supériorité féminine, appartiennent plus francs et plus personnels à l'aînée. Quand commence le pas le Barbier de Séville Hah, qui Pèdre et le Sicilien — — on peut suivre pas à jour n'est pas encore venu; le devance, se tient devant la maison de Don organise sa musique. Adraste vient à son tour. il donne de liberté de dire, confiance Il est jeune, aime, cela va sans dire. Ainsi tout il le est gentilhomme, monde est déjà à son poste, Hali chantant ou faisant chanter, Adraste sous le balcon d'Isidore, Don Pèdre gardant sa porte, une épée 200 LE MOLIÈRISTE SOUS tholo^ en embuscade, bras, et posté le comme Bartholo n'était pas médecin ou si si Basile ne lui pour écarter doucement son homme, conseillait pas, Bar- serait la ca- lomnie plus sûre que l'épéc. Isidore n'est pas à sa fenêtre avec Pèdre, moins complaisant que une fenêtre sur la rue : le don Pèdre seulement, comme il pour avoir toujours sort, il manque les jamais de l'emmener avec devenu amoureux draste est Sicilien), menade, emmenant mais don faut toujours Don qu'un jaloux se perde par ses précautions, quand ; Docteur, n'ouvre jamais d'elle yeux sur lui. Pèdre, au passage; sa prisonnière qui égaiera ne Isidore, qu'A- C'est ainsi il peu sort (le sa pro- car elle lui dit tout ce qu'elle pense de sa jalou- sie et tout ce que Rosine dira à Bartholo dans leurs deux scènes du second acte, avec cette différence qu'Isidore ne se fâche pas^ n'ayant point de tort, et que Rosine se fâche parce qu'elle est prise en faute. Don Tandis que moyens de sa femme, Adraste d'elle. Il a Pèdre, sans se décourager,, rêve aux réduire l'esclave indocile qui ne veut pas être dans a trouvé celui de s'introduire auprès la ville Royal-Infant et qui ne pour la mon, un ami qui lui n'est pas le colonel donne pas un maison de don Pèdre, mais qui billet du de logement est le peintre Da- qui lui donne une lettre adressée à don Pèdre, et dans laquelle il le présente comme envoyé par lui pour ve- nir faire le portrait de la belle Grecque. Il vient donc. peinture, Don Ou comme Pèdre devrait jaloux, faiseur de portraits et réclamer Damon ou comme amateur de se défier de ce Damon gentilhomme en personne; mais garantit le talent de celui qui le remplace et sur- 201 LE MOLltRISTE tout son désintéressement absolu. C'est t-il, qui s'offenserait La grande raison on si lui parlait un homme, d'aucune récompense. son sans dot » produit déjà « écrit- effet. Adraste est accepté. Adraste se met à l'œuvre. La leçon de chant du Barbier de Séville scène du portrait dans bien ne faite Sicilien. le la Situation piquante et pour tourmenter un jaloux. Les deux amoureux se quittent pas prit; qu'une variante de n'est pour ne pas son modèle, du regard. Le peintre répond; de galanterie où intervient par don Pèdre ; mais cette amusement sans résultat, d'es- un charmant duo c'est moment la basse brutale de escrime d'esprit ne serait qu'un jolie don Pèdre l'attention de homme gHsser sur le visage de laisser l'ennui se parle, elle il est si maître Hali ne venait occuper et ménager aux deux amants un tête-à-tète. comme Hali n'a pas, ni de fonctions dans la Figaro chez maison de le Docteur, d'habitudes Don Pèdre. ne peut Il pas s'y présenter avec son cuir et son rasoir sous texte grand du simple jour de barbe. Don Pèdre tandis qu'il consulte comme il dit, vengeance, un C'est sur un soufflet q«''il a reçu et Adraste obtint et dont il d'Isidore qu'elle le fier, et, d'honneur, fait entreprendre ce qu'il jugera nécessaire pour pré- à jouer affaire en hidalgo sombre jeu. Hali se déguise le veut tirer l'autorise la tirer à des mains de son tyran. En d'autres termes, c'est et qu'Isidore accepte acceptera de même ; un enlèvement avec l'excuse de propose Rosine mais l'enlèvement de Rosine coûtera peu d'invention à Beaumarchais, enlevée du trousseau, qu'il lui la nécessité. la jalousie la clef de ouverte et la jalousie une échelle 202 LE MOLIÈRISTE appuyée au balcon. Dans chez lée qui se précipite un asile, avec c'est Don Adraste qui la Pèdre en poursuit, fureur d'un mari offensé. la tait dans Adraste un en lui un mari réconcilier un jaloux et et le tour est fait. d' Adraste, une femme voi- Sous Pèdre, qui redou- à outrance, voile qui le s'applique à mains s'unis- Don cachait la La qui s'échappe. c'est Isidore main, enchanté de trouver sortent en bénissant Ils demandant lui l'épée à la Leurs deux deux époux. les Don rival célibataire, sent dans la sienne. femme le Sicilien, c'est Pèdre, prétendue première, s'enfuyant à son tour, laisse pour adieu au Sicilien l'amère consolation avec laquelle Figaro achèvera un jour faite de son docteur Quand « : la dé- jeunesse et l'amour la sont d'accord pour tromper un vieillard, tout ce qu'il fait pour l'empêcher peut bien s'appeler à bon droit : La Précaution inutile. » Ressemblance d'action, ressemblance de genre, tion directe entre les deux opéras-comiques du Séville et Sicilien est duite à l'insu de Beaumarchais, Après la secret ému entre à fuir avec un ? ce est possible, Adraste les privautés plus et Don le me qu'on et la sortie du consentir en de Pèdre, étrangement qu' Adraste ; souvent le Sicilien, s'est permises, c'est Isidore qi|i le en jouant l'indifférence gentilhomme je jusqu'au détail. fidèle qui vient Isidore silence embarrassant et qui dissimule vous rencontre scène du portrait dans de toutes se fait cela mais sa mémoire a été faux peintre, de dans son imagination et trouvé dans sa mémoire, cela se ; du Barbier bien établie. Qu'elle se soit pro- répète. Qu'il ait cherché ne pense la filia- : « paraît le plus civil Qu'en il rompt dites- du monde ; 203 LE MOLIÈRISTE demeurer d'accord que et l'on doit que chose en eux de les Français ont quel- de galant que n'ont point poli, les autres nations. » Dans le logement ne veut pas ou de encore Rosine le un se fait pièces, fût-ce ; et parmi on cependant, il en Il sent l'autobiographie, et elle indulgente. La scène du souvenirs de les - ni longtemps, dire depuis est peu de est portrait, y dont l'étude soit Molière enjouée, avec faite l'a ait famiUère. et est badine, de Mignard. C'est l'atelier autres ses peu où Molière mis autant de son observation quotidienne y Conve « les plus accréditées, d'un intérêt aussi attachant. On « : manque ne voit qu'il doit le son de semble ne plus compter dans l'œu- petit acte qui vre de Molière même du bien gai, ce jeune sol- qu'il est on qui Docteur résolu également un silence, d'une certaine éducation. C'est trop insister, sur il de billet entre Rosine et le même mouvement d'attaque à travers son ivresse, d'esprit, ni cavalier, qui le rompt, Monsieur, nez pourtant. ! force, scène du la de Lindor livrer le billet voix dégagé, avec dat du faux et la sortie à l'avoir de gré et c'est après Barbier de Séville, chez là, son ami, qu'il a vu les détails, les essais, les tâtonnements de la pose, entendu l'inévitable par la programme coquetterie féminine, les signifié compliments peintre, l'agaçante adulation des galants et tie brutale faite par les maris. d'Isidore sur les portrait, on En écrivant femmes qui veulent dirait qu'il a voulu la le d'avance obligés contreparjoli toutes avoir le tirer raison du couplet même pour son ami des ridicules avec lesquels celui-ci composait tous les jours. Qui sait encore si, dans ce type uaique du portrait à 204 LE MOLIÈRISTE mode, la ne il portraits de sa Un « une teint petite surtout le pas donné s'est femme de tout bouche visage et de parodier le plaisir lis de roses, un nez bien et de grands yeux pas plus gros que des perfections par M"' Molière (dans toutes le rôle qui s'écarte pour porter ailleurs, l'air d'être l'exacte plus piquante, si le la ? car il délicat, effet ce rôle semble avoir été terrible compose tout lui dans une le la malice eût été fait ne Armande lui a-t-il pour « esprit elle. pas été Agrément du plus fin et « tranquillité gracieuse et », satirique spirituelle personnage d'Isidore tout appartient. Lui donner le lui va_, en avait un autre. Jusqu'au de », rôle n'était Sicilien, ce qui tout lui sied, rendre. Outre ce premier droit qu'elle avait à elle dernier conversation charmante, nonchalance de nonchalance d'actions parler, le l'une a bien rôle d'Isidore eût été joué par personne, cela va sans dire, du plus le description de l'autre. elle-même. Pourquoi en distribué liste femmes les comme n'y aurait guère lieu d'en douter, et Il et de Dircé) reproduit gravure d'Hillemacher, vous verrez, sauf la trait de par ; poing, l'eussent- le d'un pied de large. » Comparez à cette petite demandées fait, bien fendus vifs elles portrait de les ? dans le que le lui réclamer, la distribu- deux pièces représentées à Saint-Germain en Laye troupe du Palais-Royal, elle avait été assez mal par- tion des par la tagée. M"' de M"^ Du Parc Brie avait joué Iris de la Pastorale comique, avait joué Mélicerte, Armande n'avait encore paru que dans un rôle accessoire, celui d'Eroxène tour était venu d'en avoir plus tout fait, nous venons de le important, voir, et ; son celui-là était nous nous trouvons 20 5 LE MOLIÈRISTE encore devant pas la même question : Comment ne l'eut-elle ? Soigneux de ménager ses autres Parc cherchait des prétextes à Molière avait-il pris pour ne pas avoir Ne se moment où M"' Du l'air donnait-il administrative pour de Palais-Royal> le sacrifier de prudence cette raison tromper lui-même sur un autre genre de prudence, pour éviter de mettre sa en lumière, pour autant l'écarter, Germain qui devaient rapprocher A ces commerce la femme du séjour de Saint- Cour et les pour Armande, peut'ètre. Molière dans Don comédiens ? deux motifs ajoutons-en un troisième. d'Isidore était fait trop pourrait, de la qu'il scène, pendant ces onze semaines (i) dans un dangereux Armande, les sacrifier à elle ? pas aussi se quitter de leur parti le ombrageuse de susceptibilité la comédiennes, surtout au il Pèdre, Si le trop bien était Armande dans rôle fait l'es- clave grecque, ce n'était pas seulement de la ressemblance, La septième scène du c'était de d'être une scène de comédie, la la réalité. vie de Molière ; c'était la porte rieur, et la foule introduite à Le s' ce voilà, du bonheur ! Ces Sicilien cessait c'était la vie elle-même son foyer domestique. malheureux ménage, à côté illustres et ouverte sur son inté- mal mariés, qui, s' et si aimant près ou admirant, n'ont rien pu se céder l'un à l'autre et n'ont su que se faire souffrir. L'un, jaloux, soupçonneux, tyran^ nisé par sa faiblesse et tyran à (i) Onze semaines et quatre jours. son tour par passion comme 206 LE MOLIÈRISTE par défiance, l'autre du soupçon, coquette, plus fière se plaisant à l'irriter tiente de la tendresse qui lui fait nant pas la défiance, fût-ce Tout y est quoi que l'on ; de Molière de Chapelle, et par représailles, impa- une gêne ait escarmouche « dans C'était ainsi, — Il conversation scène d'ex- la vérité est là, la commence est vrai. on est deux époux^ calme par cette piquante puisque vous donne que ce puisse me cette venu chanter sous nos La musique en pour vous que cela se celui qui la : Cette nuit encore, fenêtres. ne pardon- et cru voir dans le Misanlire plications sans cesse renouvelée entre les cette fois et définitive, qui blessée à la passion. quoi que l'on soit tenté de thrope, encore, faisait ? le dites. sérénade était — Je admirable. le — veux croire — Vous savez qui — Non pas mais, qui — Obligée? — Sans — Vous trouvez était ? ; être, je lui suis obligée. doute, puisqu'il cherche à me divertir. jamais donc bon vous aime? — Fort bon. Cela qu'obligeant. — Et vous voulez du bien tous ceux qui net prennent ce soin — Assurément. — C'est n'est qu'il à dire fort ? ses pensées. » Pour « finir par cette Quelle obligation vous vous ne me laissez tiguez, comme on voit, « si tout cela conclusion plus nette encore : qui parle : ai-je ?.. » C'est Isidore jouir d'aucune liberté, et d'une garde continuelle ne part que d'un excès d'amour. votre façon d'aimer, je vous prie de me — ? me fa- — Mais Si c'est haïr. » Et nous cherchions pourquoi Molière n'a pas donné à sa femme le rôle d'Isidore ; la véritable raison, la voilà. Les deux époux ne vivaient plus ensemble. Une sépara- LE MOUERISTE ou moins dissimulée tion plus 207 les divisait dans même la rapprochait nécessairement mais maison. Le théâtre les Molière occasions de ce rapprochement dou- évitait les loureux les abrégeait il ; reléguée Molière, encore dans y Il dans l'arrière-plan que Mélicerte, M*'* l'était le Sicilien. avait une situation plus connue qu'avouée là question, pour était et c'est ainsi Cour nécessaire de l'éclairer devant la était-il autre à du moins, ; secret le La Grange celle-ci. mais Molière ; aurait de rien avec avec lui, elle. Il Il ne non. dit vivait par et avec le public, sa famille véritable. ; C'est une ? le Il théâtre faisait secret dans cette se soulageait pleine expansion, et le Sicilien fut une de ses grandes confidences sur la scène. Remarquons toutefois, à l'honneur colère. Devant de ce pauvre cœur sa confidence est sans tourmenté, que cette famille amertume prend pour qu'il et sans arbitre, s'il accuse quelqu'un, ce n'est pas Armande, c'est lui-même, c'est la jalousie, leur aussi bien qu'à elle. le monde. Qjiels rôles de jaloux. Sganarelle se punir. pu. Il Il jaloux. s'est-il est toujours donnés son nom. Il : «Oui, se l'est jaloux... jaloux comme un Sa délicatesse diable. ? ; des rôles infligé Il pour n'a pas il le dé- comme un tigre, Mon amour vous veut s'off"ense regard qu'on peut vous arracher lui toujours dit à tout Et avec quel accent passionné vous voulez, toute à moi. me Il l'a a cherché à se guérir par le ridicule. est jaloux. clare aujourd'hui et, si ennemi commun, son ennemi à Il est d'un souris, et tous les soins d'un qu'on voit prendre, ne sont que pour fermer tout accès aux 208 LE MOLlèRISTE cœur dont galants, et m'assurer la possession d'un me puis souârir qu'on Après cet admirable plaidoyer, sa cause le public, rend elle des débats par de surprise cri ? » son voile : « la bouche de ne soit sa propre Don Pèdre par « : qui lui à la fin quand au partie, Qu'est-ce que cela Zaïde (ou M"^ Molière) répond en relevant Ce que monstre haï de tout qui condamne généreusement se jeté ne gagnée pour est pas pour lui-même. C'est l'est et qui l'arrêt veut dire ne je vole la moindre chose. » cela veut dire de ravi monde, le lui et ? Qu'un qu'il jaloux est un n'y a personne nuire, n'y eût-il point d'autre intérêt, (i) » « N'y eût-il recueilli, et ce point d'autre intérêt » vaut ne sera pas la seule fois que Molière de témoigner en faveur d'Armande contre Ainsi se termine mais à la suite de le la Sicilien, la peine d'être la les pièce bien entendu fameuse entrée des Maures, où, parmi nus les Grand et Maures à capot, M"^ de ; pièce venait le grand divertissement final, la et s'efforcera apparences. la le Roi et les Maures Madame, M. Le ValUère;, le marquis de Villeroy et M°** de Rochefort, le marquis de Rassan et M""' de Brancas, formaient l'éblouissante quadrille des Maures et des Mauresques de Pour qualité. rattacher le ballet à la comédie, Molière mit entre les deux une petite scène très curieuse et qui devait faire deux fois fortune pour une boutade à (i) la : de nos jours, parce qu'on l'a prise façon d'Alceste, une pointe d'esprit Cette restriction assez vague peut encore s'interpréter autrement. LE MOLIÈRISTE frondeur contre 209 magistrature du grand règne la ment, parce que tout monde le Cour à la ; sur le mo- reconnaissait l'o- du nouveau personnage introduit sur le théâtre que lui-même, au milieu de l'amusement général, se riginal et plaisait à être La scène reconnu. du Sénateur est celle porter plainte sur le fait à qui Don Pèdre vient de l'enlèvement d'Isidore et qui refuse de l'entendre, tout occupé de la grande mascarade dont il dirige les répétitions. L'original mascarade était le président du Sénateur de Périgny, auteur du à la ballet des Amours déguisés, des devises du Carrousel, des vers à la louange des Reines dans les Plaisirs de enchantée, ré- l'Ile cemment nommé précepteur du Dauphin que et le sérieux de ses nouvelles fonctions n'avait pas empêché d'être un des organisateurs les plus actifs du 'Ballet des Muses (i) — est Il alors parmi que et que vrai la les la composition exercices les plus danse, des ballets comptait ingénieux de l'esprit avec tout ce qu'elle comprenait, faisait partie de l'éducation des princes. C'est égal, quel jeu du Sénateur que passer sur la amusement pour affairé, scène, pas assez pour qu'on toute la Cour que ce tout à sa mascarade qui ne fait juste ait le assez pour être temps de revenir sur reconnu, le mou- vement de gaîté et de juger si la plaisanterie n'a pas été un peu vive. Je ne crois pas que ce fut Louis XIV qui eût livré cette fois (i) M. de Périgny comme il avait livré. Qjaoique monsieur de Périgny Ait rendu du ballet la beauté sans seconde... Dit Subligny dans sa Muse Dauphine, 17 février 1666. 14 210 LE MOLIERISTE dans Fâcheux, les sûr qu'il fut le sante drôlerie. « Le M. de Soyecourt premier à Il avait ri à Molière; mais je suis de l'audacieuse et divertis- rire qui n'eût pas été désarmé ; 19 de ce mois (du mois de février i6é6), dit la GuT^ette^ eut Muses avec lesquelles les y encore le : « Cour, divertissement du 'Ballet des nouveautés qu'on y avait ajoutées (le 14), attirèrent une foule extraordinaire. En rap- prochant cette « foule extraordinaire sénateur la ? » Je veux que vous voyiez de la cela. phrase du On va la répéter (la Mascarade) pour ledivertissement du peuple », on aurait lieu de penser que Ballet se donnait, grilles le ouvertes. » Edouard THIERRY. NÉCROLOGIE Nous venons de perdre un précieux collaborateur, dont du Moliériste n'ont certainement pas oublié signés du pseudonyme C. Delamp. les lecteurs articles, Le Temps a reçu la dépêche suivante de son correspon- dant particulier d'Athènes : « » M. Bilco, membre de Athènes, 17 septembre. l'Ecole française, est mort subitement à Lamia, au cours d'un voyage archéologique, d'un accès de nicieuse. les : La nouvelle a été transmise à l'Ecole d'Athènes collègues est parti aussitôt pour service funèbre aura lieu M, Joseph Lamia ; demain matin à il en a ramené fièvre : le corps. l'égUse métropoHtaine. » Bilco n'avait pas vingt-quatre ans ! La Rédaction. per- un de ses Un CORRESPONDANCE A M. Henri de Lapommeraye, Président du Cercle de dramatique critique Monsieur Le et la musicale. et cher Collaborateur, Moliériste a publié, selon votre désir, dans sa livrai- son de septembre, critique du président du Cercle de la lettre au président du Comité des la Inscriptions pari- siennes. N'ayant reçu aucune communication de l'honorable M. Henri Martin, je me vois forcé de vous répondre moi-même, et moins brièvement que je l'eusse voulu. Si le Moliériste, en publiant M. Nuitter, n'a pas La Rounat au sujet de la rateur qu'il l'avait fait vous pourrez le cité vous en convaincre et et musicale, à la vraie nous y arrêter l'immeuble spécialement et nom de M. Ch. de maison le : de faire fois, c'est comme vous voulez bien le Cercle de la critique poser une plaque commé- maison mortuaire, nous n'avons pas c'est affaire Comité des institué si natale, 169 de son tome premier. Quant au vœu, formulé par morative sur le nouvelle antérieurement, et par deux vous reporter aux pages 109 dramatique rapport de son collabo- pour ces entre le propriétaire de Inscriptions parisiennes, sortes de travaux. Le 212 LE MOLIERISTE Cercle de m'abuse. la critique a, lui, d'autres attributions, si je Aussi bien n'a-t-il une première inspiré pas poser une plaque de marbre sur avant d'avoir en disent^ a six ans, il maisœi des Cinges la « conforme à qui, plus est peut-être aussi plus près Que Que y il fit », enlever l'ancienne inscription de la rue fait du Pont-Neuf heureusement très été quand, fois, ne effet, les Jean Poquclin, de la tradition populaire, la vérité. documents ? père de Molière, habitait la rue le St-Honoré à l'époque de son mariage (162 1 ). Qu'il habitait encore la rue St-Honoix le jour où son fils Jean fut baptisé à S'-Eustache (15 janvier 1622). Que sa femme, Marie Cressé, décéda rue Sl-Honoré (1632). ' La rue S^-Honoré longue, est elle l'était déjà à cette époque. Ce n'est qu'à partir que précise, et habitant « rue Étuves. » S'-Honoré, Mais^ en 1636, ï6}}, logis prcsumable, sier Il est de 1621 du Roi (163 « mariage, « avait quatorze toujours ans. conservé au contraire, que agrandi » comme Son le père, même le petit tapis- en devenant tapissier 1). : fùt-il établi que Jean Poquelin habi- maison des Ciîiges » dès l'époque de son premier il ne s'ensuivrait pas nécessairement que Molière naquit chez son père, dans cette maison sible désigné est au coin de celle des Vieilles avait-il s'était Je vais plus loin tait la Poquelin Mohère remarié dès ? 1636 que l'indication devient de père le ; serait-il impos- que, pour dix raisons, Marie Cressé soit allée faire LE MOLIERISTE ses comme couches chez sa mère, (i) fréquemment aujourd'hui dans Autant de points M. hésiter de 21 le petit il 3 arrive encore commerce parisien? d'interrogation, qui auraient dû faire Rounat la prendre à démenti formel à l'inscription de l'initiative d'un rue de la Tonnellerie, la rédigée et placée en 1799 par des gens qui n'ont certai- nement pas ment : Cailhava, qui avait passionné- tout ce qui touchait recueilli Lenoir, au hasard agi archéologue distingué, Molière Alexandre ; fondateur du Musée des Monuments français enfin Delaporte, le fils du secrétaire la Comédie qui, pendant un service de trente ans, ; de avait appris des anciens, de Lekain, Bellecour, etc., ce son ami, de Préville, de qu'une tradition ininterrompue avait conservé de Molière. Et si Lenoir Cailhava, (ce qu'il eût fallu et Delaporte se sont trompés commencer par démontrer rigoureu- sement), ce fut de bien peu, à en croire BefFara, autre chercheur, plus aux recourut Voici 22 l'extrait avril l'artillerie ce à mêmes sources et fouilla, parce sans qu'il perdre monceaux de documents. patience, des le que ses devanciers précis d'une 1828,- à Amiens (2) Grimarest et lettre M. De très longue la Chapelle, qu'il adressait, commandant : Voltaire ont dit que Molière étoit né sous les pilliers des Halles. Il seroit bien singulier que nos deux plus grands poètes comiques fussent nés dans endroit, cet (i) Marie Asselin, femme de Louis de Cressé. (2) Archives de la Comédie française. l'un d'un , 214 "LE tapissier, l'autre tous deux MOLIÈRISTE (Regnard), d'un marchand de salines épicier qualifiés d'honorables hommes dans beaucoup ma de l'état civil; mais j'ai démontré, dans Molière et (i), non sous » De que ses père et que Molière n^y et son rue St-Honoré, au par un ^7 et né. Poquelin, )8 dans une mai- coin de celle des Vieilles-Étuves dont bail que je n'ai pu il mais qui trouver, pu commencer quelques années avant 1636 avait pas est découvertes tu' ont prouvé que J. père de ÎMolière, demeur oit en 16^6, était locataire Dissertation sur mère demeuroient rue St-Honoré Halles les pilliers des tiouvelles d^ actes finir et après 16)8. » // paraît qu'avant ces années il demeurait même rue St- Hanoré, dans une maison portant aujourd'hui le n° 40, A PEU près au milieu ENTRE LES RUES DES PILLIERS DE LA TONNELLERIE ET DES PROUVAIRES. (2) En présence de reconnais — la » cette simple note, qui n'a pas valeur d'un — document authentique, mité des Inscriptions Parisiennes n'aurait pas, je le le Co- je crois, osé affirmer que Molière est né au coin de la rue des Vieilles Étuves (96 actuel de la rue St-Honoré); il aurait, soirement, laissé subsister l'ancienne inscription de du Pont-Neuf (38 de crainte de greffer sur la même provila rue rue St-Honoré), dans la une erreur probable une erreur plus grande, dont nous ne disputerons la paternité à Georges personne. MON VAL. Imprimée en janvier 1821. faut remarquer que la rue des Prouvaires, beaucoup plus rapprochée de la rue de la Tonnellerie (aujourd'hui du Pont-Neuf) que de (i) (2) la Il rue ]iers. Sauvai, est séparée de cette dernière par la rue Vauvil- LE MOLIERISTE 21 5 MOLIÈRE ET COTIN (Suite) (i) Monsieur Lorsque j'ai laborateur, un seul des le Directeur, le pris la liberté d'adresser à votre savant col- bibliophile Jacob, la prière « de sermons de Cotin qui nous citer fasse allusion à Molière, une seule plainte de Cotin contre Molière, un seul motif bien authentique des colères de Molière contre Cotin, je faisais une réserve, qu'on trouvât dans pas le texte sous qu'il était possible et reconnaissais la Critique désintéressée yeux) les » (dont je n'avais quelques lignes hostiles à « Molière. » Cette réserve, que « dans sa réponse, d'après votre Rédaction la prudente était ; « n'a savant et très-exact collaborateur, Thierry, un passage de la Critique désintéressée fort comédiens en général, mais qui ne pour les lière en particuHer. Toutefois cette citation répond jusqu'à un certain point à ne répond pas à la aussi fatigantes dans un de ses sermons. Voir ci-dessus, p. vise pas même, Mo- si elle troisième question, que répétées aux- M. Paul Lacroix « Il est a Cotin n'avait pas ménagé MoUère a habitués PRÉSUMER que l'abbé (i) ma M. Ed. blessant première, laquelle était provoquée par une de ces hypothèses quelles nous pas rappelée vous avez pu reproduire, : » 157 et 179. 6 21 LE MOLIÈRISTE Je dis que la citation tirée de la Critique désintéressa ne répond que « question. Si je un certain point me montre les s'applique La troisième que satisfait, c'est pas en particulier à Précieuses et contre Ménage, et à qui Vivat ma à » pas plus en qui Cotin avait trouvé un auxiliaire contre Molière, et ne passage de Cotin ne le « jusqu'à ! Critique désintéressée est de cette avait il crié : » entre date, 1667 où l'époque termes sympathiques sur Molière entre les Précieuses : Cotin s'exprime en l'époque où et il de l'infamie des comédiens en général, quel motif culier, personnel, d'animosité Cotin contre Molière a ce c'est ? puisqu'on veut voir dans pu exister de la part de que nous ridicule le parle parti- cherchons, à Trissotin infligé une vengeance de Molière. Non, Molière n'est quine vengeance; le nombre temps qui ont attaqué avoir jamais eu, d'un acte de mes- point coupable les comme des polémistes du est infini comédiens en général^ sans Cotin, une parole pour Molière. Pourquoi donc Molière Cotin plutôt que tout autre ? Pourquoi donc grand Comique une autre pensée que les Trissotins dans la bienveillante celle de prêter de l'un d'eux ? — Si eût en eux des admirateurs ou ne lui avaient les Va- Molière a copié Trissotin sur Cotin, Vadius sur Ménage, pas parce qu'il voyait en eux des au tous railler personne de l'un d'eux, tous dius dans la personne tateurs qui attaqué aurait-il ce n'est ennemis, mais quoiqu'il tout au moins des spec- pas marchandé leur approba- tion. Ceci dit, je n'en persiste pas moins à reprocher au 217 LE MOLIERISTE bibliophile Jacob l'abus des hypothèses: tenant, ma dégage de sion qui se me nouveaux efforts Jacob vous n'y réussirez pas » : pour que des ennemis^ cilier ce que vous m'expose peut-être à je « réconcilier car ; conclu- c'est la première lettre; en avec la main- fassiez de le bibliophile on ne peut récon- loin d'être l'ennemi de votre et, savant collaborateur, je déclare hautement que personne n'apprécie plus que mieux naît s'en moi les services documents tenu à des est ses utiles recherches et rendus par lui, ne recon- toutes les fois qu'il à certains, des incontestables et qu'il s'est gardé d'avancer ces vérités supposi- pour personne, sa légitime tions qui diminuent, sans profit autorité. UN PROVINCIAL. Lire, dans le Journal général des 22, 29 juin et 6 l'Instruction publique de 1882 juillet (n°' 24, 25 et 26 de la 44^ année)^ une étude historique et littéraire de notre colla- borateur Ch,-L. Livet sur Molière et V Avare. — Notre collaborateur Arsène Houssaye vient de grosnouveau volume son sir curieux roman parisien^ : Mademoiselle Rosa (i), de trois fines études d'Houdetot, M''^ de Lespinasse et Ce dernier ouvrage : la édité par la (i) I morceau Femme et n'est qu'un extrait la fille de Molièrey si Calman-Lévy, très- M™^ la Fille de Molière. de son grand luxueusement maison Dentu. vol. in-i8, chez sur prix : 5 fr. $0. LE PÈRE DE M^" DU PARC Notre collaborateur M. Ch. Brouchoud nous adresse, de Lyon, une copie de faite par Gorla, Un la demande de Jacomo de Gorla, dénommée le père de séjour en cette ville faut rapprocher ce document de Brouchoud, dans ses Origines du père de Marquise Gros-René qu'a écrit M. ce théâtre de Lyon (2), sur de Gorla, devenue M"^ son mariage avec René Berthelot, Du le Parc par dk Du Parc et aussi : € » Estant Du jeudi 20 décembre 16^ j. comparu sieur Jacques de Gorla, opérateur, natif de Ro^el (?) pays des Grisons, lequel a dict habitant en ceste ville puis quelque temps son habitation, entendant estre subiect et et declairé qu'il est désire aux guet et y continuer garde , faire fonctions et supporter les charges auxquelles les habitans de ladite ville sont tenus; (i) Journal officiel les initiales. (2) P. 29. de laquelle déclaration il a demandé du 23 mai 1876. C'est un exemple du tort qu'on les mots quand les documents n'en donnent a de vouloir compléter que : épisode inconnu de la vie de J. Racine (i). H les Marquise de la belle à tort Marguerite dans l'article intitulé 219 LE MOLIÊRISTE acte au consulat des nommées que ledit de vivre ne; se et icelluy supplié vouloir faire inscrire de Gorla a faict et preste le serment entre leurs mourir en la religion catholique et comporter en tout ce qu'il bon concitoyen et et déclaration tenu par advertir le habiter suivant et juillet IS97 1617 pour et re- de sadite ordonné quelle sera registrée au présent livre de ladite ville de ceux secrétaire le mains consulat de apprendra importer au service du Roy^ bien et livre apostolique romey- de ladite ville, ils luy ont octroyé l'acte requis pos au des habitans de ladite ville. Lesdits sieurs après au désir de l'arrest patentes de et lettres du qui y viennent conseil du Roi du ) Sa Majesté du 19 novembre servir et valoir audit de Gorla en temps et lieu ce que de raison. » Archives de la ville de Lyon, fo Registres des Nommées, BB, 440, 64, v". Le fragment inexact qu'a donné M. Benjamin Pifteau dans ses Maîtresses de Molière (p. 85-86) ne pouvait nous dispenser de publier in extenso ce document, certifié con- forme à l'original. Paraîtront en octobre A la librairie collaborateur A M. la : Maison mortuaire M. Auguste Vitu librairie Leraerre, la de Molière, par notre ; Laplace L. Dumontier. et Sanchez, Molière auteur et coméditn, par UNE RELIQUE DU CIMETIÈRE SAINT-JOSEPH On sait au que Tancien cimetière de Saiiit-Eustache commencement du XVII^ rue du siècle, à attenait, l'hôtel Bouloi. Pierre Seguier obtint de la Scguier, fabrique de église, dont il était le premier marguillier, et de l'évêque de Pans la translation de ce très ancien cimetière dans un terram à lui appartenant, au coin des rues Montmartre I et du Temps-Perdu. Cette translation eut lieu en 1630, et, dix chancelier posa la pierre de fondation de funéraire du nouveau cimetière. le ans après, chapelle la Cette pierre vient d'être retrouvée dans les fouilles pratiquées pour la démolition du Marché Saint-Joseph. On y lit_ l'inscription suivante, au-dessous des armes de Seguier, timbrées du mortier et soutenues des masses de chancelier de France : ILLVSTRISSIMVS et ŒavissiMvs DOMINVS DOM. PETRVS SEGVIER FRANCIŒ CANCELLARIVS FVNDAMENTIS SACELLI ISTIVS PRIMA- RIVM HVNC BENEDICTVM LAPIDEM INPOSVIT DIE XIIII MENSIS IVLIJ. ANNI M. D. C. X L. Nous espérons que, suivant la demande de M. Jules Cousin, conservateur du Musée de la Ville, ce curieux monument sera prochainement déposé à Que n'a-t-on aussi bien retrouvé la Jean-Baptiste Poquelin Molière, metière 33 ans plus tard ? l'hôtel Carnavalet. pierre tombale de ce même ci- inhumé dans LA RÉDACTION. BIBLIOGRAPHIE MOLIÉRESaUE — Le Molière Hachette. Le tome Vil de des Grands écrivains vieat de paraître M. par Amants de Pourceaugnac et les appendices M. la tapisserie : J. Guiffre}^, édition. Gomhaut de et Macée qui naguères a bien voulu donner la primeur de cette note au Moliériste mèdes du l' contient XAvare, magnifiques, avec trois Amours des il : Divertissement de Chambord, ; le livret des inter- imprimé à Blois en 1669, et une note sur les intermèdes des Agitants magnifiques. Encore deux volumes, Un complet. et Théâtre le comprendra 10^ Lexique, le tance toute particulière, formé qu'il est et V Album la direction La Biographie compléteront cet admirable ouvrage, Tun des de la collection maison Hachette parlait, l'honneur qui restera et des érudits qui Molière juge et partie. cey impor- d'une sous de l'éminent philologue M. Ad. Régnier. meilleurs Molière sera de y auront — Notre de la collaboré. collaborateur Sar- dans l'un de ses derniers feuilletons au Temps, de ces honnêtes amateurs, industriels, magistrats, professeurs, médecins, qui, sur le tard de leur retraite, s'avisent subitement de cas de M. armées, etc., le « faire D"" du théâtre . Tel est qui vient de publier, sous ce pensée, ses « poésies intimes » gramme » précisément le Ad. Aulagnier, médecin principal des titre : Fleurs de dont, fidèles à notre pro- qui est d'écarter tout ce qui aô se rapporte pas à 222 LE MOLIERISTE notre Molière, nous n'aurions pas à parler, ce si petit volume (i) ne contenait une Epigramme sur Mauvillain ne se terminait par Molière juge en vers, avec prologue acte, tiné à célébrer le Molière Nous ne raconterons aucune tirade ; et comédie en un partie, à-propos des- et apothéose, 254' anniversaire de ne pas voir et... à et naissance la de feu de la rampe. le pas la pièce, nous n'en citerons mais nous la signalons à nos lecteurs, pro- mettant à ceux qui se seront procuré le volume quelques heures de douce gaîté. Voici r epigramme: » Le docteur Mauvillain dînant avec Molière, » Louis Quatorze entr« et dit malicieusement: Que vous ordonne-t-il ? Voyons, soyez sincère, Sire, certainement Des remèdes sans fin ? Mais, ne les prenant pas, je guéris sûrement. » — » » — Le de mensuel La Croix a publié, dans recueil juillet, ; un article très hostile à Molière > sa livraison : Tartuffe, signé: A. Charaux, professeur aux facultés catholiques de Lille, faisant Molière, paru suite à de côté laissent un article y a quelques les documents il du même auteur, intitulé mois. Ces morceaux, qui irréfutables, et ne s'appuient au fond que sur des appréciations plus ou moins fantaisistes, sembleront aux esprits sérieux le contre-pied de l'histoire. — La Merlet : Hbrairie Hachette publie un Etudes littéraires neille et de Molière, sur volume de M. Gustave le théâtre de Racine, de Cor- dont nous parlerons prochainement. DU MONCEAU. (i) In-i2 de 352 léans, 1882. Prix, p. 3 Paris, francs. Ghio, Palais-Royal, i à 7, galerie d'Or- BULLETIN THÉÂTRAL — Comédie française. forcé (MM. Martel, M. Leloir; M"^ Fayolle) mière M"= Tholer) Barré, etc.) fois. — Mercredi (MM. Tartuffe Baillet, Silvain, — Martel, — etc.) Mariage forcé. le (MM. Coquelin Lundi (MM. Got, la première Dimanche sain, B. Barretta). — Mardi credi 13, le Misanthrope et manche 17 Femmes les Odéon. — Mardi ou V^Amour depuis 1864 musique 5 et Médecin malgré Mariage forcé. et — Mer— Di- lui. — Dimanche 24, Delaunay, Coquelin, Truffier). : reprise du qui n'avait pas été ireprésenté Marie Pinson). et la danse, les Brohan, Jouas- septembre, réouverture peintre ^ 4, — (MM. Got, savantes M""** (MM. Amaury, CornagUa, Malvau J. (MM. savantes. Lundi 12, le Mariage forcé. le et vendredi 22, le ; — 27, Richard, Joliet, cadet, Garraud, Jo- Femmes 11, les Coquelin cadet, Le Bargy, Leloir M"^' pre- Davrigny, M""^ Lloyd, Martin, Bianca, Amel). Fourberies de Scapin Sicilien la Misanthrope, (M. De- 23, le Mariage forcé. Barré, Samedi 2 septembre, liet, le Médecin malgré lui et le Mariage Davrigny, Reney joue pour P. Frémaux joue Lucinde pour M'^^ le Truffier, Villain, — Mardi 22, fois Alcidas. launay, Samedi 19 août, Joliet, — Bahier (début) On a supprimé jusqu'à cette amusante scène ; la du sénateur, dans laquelle l'excellent Fréville eût désopilé la salle, du à son ordinaire. Première représentation de V Ecran roi en un ou la Dernière fourberie de Scapin, acte, comédie-pastiche en vers, de M. Ernest Boysse. (MM. Noël 1 . 224 LE MOLIÉRISTE Martin Chartier). M"" Su- dimanche lo, Achard, Boudier Kéraval, (rentrée), zanne Pic et — Mercredi 6 à ; — deuxième à sixième représentation Lundi 1 première soirée populaire à prix réduits (MM. Albert Lambert, Noël Martin, Rebel, Brémont, etc. , M""" Crosnier, Dyone, J. de ces deux pièces. Malvau, Chartier). Tartufe, : — Mardi 12 et mercredi 13, septième et huitième du Sicilien l'Ecran du roi. — Jeudi douzième de VEcran du — Dimanche duits à de précédé du Dépit amoureux. roi, 17, première matinée Tartuffe. : neuvième du et 14 a dimanche 17, neuvième à populaire à prix ré- — Lundi deuxième — Mardi 19 18, Sicilien. à quinzième de VEcran du soirée populaire, jeudi 21, treizième précédé du Dépit amoureux. roi, — Dimanche 24^ deuxième matinée populaire dixième — Lundi 25, troisième du populaire : soirée Sicilien. temmes A savantes (rentrée de l'étude : le — OpÈRA-CoMiauE. MM. : les et débuts.) Médecin volant, V Etourdi, Sganarelle. lundi II, lundi de Noël Martin Lundi 4 septembre, vendredi 8, populaire), Ï^Amour médecin, 18 (soirée Poise et Ch. Monselet — Théâtre de Saint-Cloud. Mercredi 23 août, au bénéfice de l'orphelinat de Levallois-Perret, le Mariage forcé et Tartuffe çaise, (MM. Silvain et Joliet, dans Tartuffe bant, dans Cléante ; ; M"" Dorine. la Comédie fran- et Orgon M. Plan, élève de MauM. Matrat-Amel dans M"'' Pernelle, ; comédien Hubert, comme on rôle créé d'original par le sait de Danglars, Elmire ; Rosamond, Marianne ; Boyer, MONDORGE. rmprimerie de Pons (Charente-Inférieure). — Noël T&xier. QUATRIÈME ANNÉE NUMERO 44 NOVEMBRE 1882 LE MOLIÉRISTE %EVUE D^CENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E Campardon, MM : Claretie, F. Coppée, V. Fourkel, J. Guillemot, HoussAYE, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Livet A J. J. LOISELEUR, Ch L. Nuitter, MOLAKD, Ch. MoNSELET , E. NoEL ' ' Picot, L. de la Pijardière, t. -P. Régnier, Ch. de la Rounat, F. Sarcey Dr H. ScHWEiTZER, Ed. Thierry, E. Thoikan, a. v'itu, etc. E. PAR Georges M ON VAL ARCHIVISTE DE LA COMÉDIE FRANÇAISE PARIS LIBRAIRIE TRESSE 10, GALERIE DU THEATRE FRANÇAIS, 10 1882 SOMMAIRE DU NUMÉRO XLIV QUATRIÈME ANNÉE — Alceste et Montausier.— G. SAINT-SIMON INÉDIT. REGNIER. - L MATHURIN ET MOLIÈRE MOLIÈRE ET MADELEINE BEJART. PAR Abraham Bosse. Avec deux L'ASILE — Deux Portraits fac-similé. DU SONNET D'ORONTE. MOLIÈRE ET COTIN. - Monval. peints - Alexis Martin. — Ch. Marie. Autre Réponse a un Provincial. E. Marnicouche. — - Du Monceau. BIBLIOGRAPHIE MOLIÉRESQ]UE. Mondorge. — BULLETIN THÉÂTRAL. FRANCS PAR AN LE PRIX d'abonnement EST DE 12 POUR TOUTE LA FRANCE — ÉTRANGER, 1$ FRANCS. UN NUMÉRO UN FRANC 50 CENT. : du Théâtre G. Monval, ou par mandat sur la poste adressé à M. communicaVintimille, auquel les manuscrits, On s^abonne français, 2, place tions, Galerie à la librairie Tresse, io, de demandes lettre affranchie. et par réclamations devront être envoyés SAINT-SIMON INÉDIT ALCESTE ET MONTAUSIER Il est généralement admis que Charles de Sainte-Maure, duc de Montausier (i), c'est lui La question différents, que a été souvent agitée, et dans des sens très en dernier dans son Éfiigme meraye d'Alceste, et était l'original que Molière a voulu peindre dans son misanthrope. lieu par feu d'iÂlceste, ici (Moliériste du i^'' M. Gérard du Boulan même mai 1879), par et M. de Lapom- par M, Coquelin aîné dans ses conférences à la salle des Capucines. Taschereau, dans son Histoire de Molière, cite la vie un passage de St-Simon qui à éclairer quelque Mais voici un peu le point en des ouvrages de paraît de nature litige. manuscrits extrait des et inédits du même St-Simon, conservées aux archives des Affaires étrangères (2), (i) Né en (2) Série Ducs 1610, mort en 1690. et pairs de France : article Montausier. 228 LE MOLIÉRISTE qui est bien plus explicite et qui intéressera nos lecteurs à plus d'un point de vue En Mgr 1688, (2) (i) Dauphin arrivant à un Gouverneur. luy fallut de l'ordre le : 1661 dès plus digne et Duc avoit alors choisy (4). // et il 5VC. de et jS ce et estoit il vray que se le licencioit et (i) Il offre duc et la le faire mourir sous de confience, les à gens beaucoup de gens, (5) il se estoit joué. Il lesceut y le si à baston. Il arriva que fort quelques ressemblances avec une note de St-Simon sur livre de M. Amédée Roux XIV. Montausier Durand, 1860), mais (2) il le duchesse de Montausier, qui forme, sans indication de source^ Ve appendice du de Louis que assés souvent s'emporta jusqu'à faire menacer Molière, quoy qu'alors la mode, de et et du Misantrope parut, débita publiquement que c' estoit luy qui le à faisoit craindre tellement que dès que la comédie et estoient pas moins une grande justesse jointe au poids toujours donnoit. Cela y et mœurs ses de sorties qui etnbar assoient d'autant plus qu'elles avoient qiiil si l' estoit degré de faveur, de considération contraignit beaucoup moins des espèces il Pair à la fin de 166 j (3) fut ans. Le choix ne pouvoit estre naturel lenmit austères, son esprit ne le 7 ans, y repondit pleinement. Il fut seulement accusé de trop de sévérité parvenu à l'aage de Montausier fait chevalier Lisez : 1668, le il ^ sa vie est et : son temps, Un beaucoup plus précis grand dauphin étant né misanthrope à la cour (i vol. in-S», le Paris, Didier et circonstancié. i'='" novembre 1661, à Fontainebleau. (4) En novembre. En septembre (5) La première représentation (3) 1668. avait eu lieu le vendredi 4 juin 1666. LE MOLIERISTE peu de jours après et corne Mgr cette pièce et pour spectacle passé à s'estoit fut représentée à St-Gcrmain, (i) Dauphin començoit à suivre le M. déplaisirs, nécessité fut à médie M. cette occasion. en il l'entendre bien. et sortit estait le ternit si charmé il elle qu'il Roy à ces sortes de Vy de Montausier y arriva voulut, puisqu'il avançait plus il haut que dit tout cette co- voir après ce qui y à grand honneur, quoyqu'il ne voya chercher M. de tost qu'il et si Ce Molière. ïMontausier avaient couru dont il s'estait . le et ce îMisatitrope qu'il et meritast pas, ce qu'on comique en- il connoissoit tremblé des avait la estait, fut rentré che^ luy célèbre Il in- la goustoit plus honneste home qu'il eust veu de sa vie en avoit dit sur luy, estait Plus le de Montausier de voir toutte la cour térieurement fort en colère, mais voir 229 quel qui bruits disculpé de touttes ses forces, rien ne le pouvait rasseurer. Enfin vaincu par plusieurs messages coup sur coup, que il M. louer, admirer sa blance, l'envier céder enfin ^ le vit il touttes fois, ne à vouloir bien croire oreilles et se défendait ; et la fin faire ny que dire courut à luy l'embrasser, pièce, se défendre fureur. Molière toujours plein quand 5VC. ce qui d'effroy il 2 au 7 novembre 1668), est ici et le pas à en estre flatté, l'avait si fort ne croyait pas à ses de î\Contausier averti que son se mettre à table. L'esprit i^r décembre 1666 au 20 question ne fut que de cinq jours (du Registre de Lagrange, qui mentionne George Dandin trois fois et une fois V Avare, ne parle pas thrope. mis en fut qu'il ne sceut plus ny que (i)Ily avait eu voyage à St-Gerraain du 1667; celui dont le modestement de sa ressem- résister souper estait servi convia Molière de février mourant de peur. Dès alla sur parole, mais toujours de Montausier du Misan- LE MOLIIÏRISTE 230 ny la débauche n' annoblissoient pas encor alors des professions éloignées de les mettre à la portée de tout monde. Tellement que le ïKoliêre qui avoit soupe en débauche plus d'une fois en sa vie avec de jeunes seigneurs (i), n'en là avec cette de la mesme jeunesse dignité, de , homme combien moins avec un de la place, de l'austérité de l'aage, Montausier. Aussy fut-il longtemps à et ce pas à m.anger hors de estoit le comprendre et à M. de l'oser, fut une scène charmante pour ceux qui en furent tesmoins qui devint la nouvelle du lendemain (2). V^. de Montausier but à Molière et l'asseura de son amitié pour toujours et luy tint fidèlement parole. (3). (i) On connaît, par les vers de Chapelle au marquis de Jonsac^ souper de neuf couverts à chevalier « Qu'importe, » le Croix de Lorraine, qui réunit Chapelle, le la comte de Lignon, La Porte, le Broussin, du Toc, des Barreaux, de la Mothe (le frère l'abbé du de François Le Vayer), enfin Molière, que bien connoissez, » Molière, (2) Ne » Et qui vous a » Messieurs (3) B lui bien farcez, beuvoit assez » Les suivoit et » Pour, vers le soir, être serait-ce pas là l'origine de nuit, dans laquelle, avec devenir si coquets et coquettes, les Roi lui-même le On le que entendre en goguettes. fameuse légende de VEn M. de Montausier temps, cas de aurait fini par ? cherchait à irriter faisant la M. de Montausier Molière l'avait Molière, en pour modèle en contre pris du Misanthrope. Mais il répondit touvouloir du mal à Molière, il jaut que l'original » faisant la fameuse comédie » jours » soit bon, » qu'il n'a : ]e n'ai garde de puisque la copie » son misanthrope^ » est si belle. Le seul reproche que pas imité parfaitement son modèle c'est Montausier, citée par un honnête homme. M. Roux.) ; faye à luijaire, je voudrais bien être » (Anecdote sur le c'est comme duc de LE MOLIERISTE Quelle créance ment erronée faut-il bien » accorder à cette note, passable- sur plusieurs points de détail M. de Montausier tonner aurait-il M. le si duc de Saint-Simon M. du Roy, Ernest Boysse, la représentée avec in-i8 qui, par phique, se le « bas- ? comédie en un vient de paraître chez Quantin, en faire grand peur que veut Georges V Ecran ? eu pouvoir de Molière, et Molière eut-il le dire 231 MONVAL. acte, en vers, de succès à l'Odéon, un charmant volume choix du papier et l'exécution typogra- recommande à tous les bibliophiles. 'm^m^m'^^mm^m^m^^ MOLIÈRE ET MATHURIN RÉGNIER C'est un presque commun lieu de dire que Molière aimait et pratiquait Régnier. Autant et plus que Boileau, avec moins de réserve et de pruderie, goûtait certainement mâle « le grand Comique le satirique aux » rudes « vers, » De l'immortel Molière immortel devancier, auquel Musset voulait qu'on il gna prenant cette pas, chapeau (i). son ôtcît l'aimait, mais, à trois reprises, seulement son bien fois sur Macette, trois passages dont des Femmes (2) et les sœur aînée de l'a remarqué dans son beau au XVF siècle, M. Ch. (i) Epitre sur la Paresse. (2) Acte livre Lenient, Acte III scène m, et acte iv l'édit. citée. Sans parler de largement à profit et le pour commentaire de les la la pièce, scène v, ; voy. la passim. (3). » Bien comme plus affirmatif de ceux t. t. m, de la collection p. 198 et note 2. iv, Satire VIII, sur Fâcheux XIII sur la Satire en France le des Grands écrivains (Despois et Mesnard), (3) Tartuffe Tartuffe, scène v; voy. l'édition de Molière II la Satire plaça l'un dans V Ecole il deux autres dans plus, « Macette est la un maître, chez d'emprunter au chef-d'œuvre de Régnier, Non ne dédai- il p. 469 et l'Importun, même édition, t, dite 498 de qu'il mit III, p. 8, LE MOLIHRISTE 233 deux types, en ont qui, en étudiant les fait ressortir la ressemblance, (i) Nous ne voulons que celui le à défaut d'autre mérite, qui, rallèle, pas affaiblir en prise surtout le Moliériste, la nous contentons de renvoyer aux d'un rapprochement reprenant ce pa- n'aurait nouveauté. les t>ien curieux, Tout au moins ne travail le de rapprochement est jusqu'à présent française a (2) bien plai- trouvons-nous dans aucune des deux le grandes éditions de Molière où : fait ce nous semble, n'a pas encore été signalé. sant, et qui, T. théo- un autre emprunt signaler par Molière à Régnier, emprunt (i) les expressions de Macette. (2) Nous venons seulement sément Nous y verra comment, dans sa détaillé. Il presque pas textes le lecteur curieux grande scène de séduction, Tartuffe emprunte ries, les idées, même de critique et le plus com.plet, celles p. 147-153. Sainte-Beuve est du même avis; il dit expresPour moi, Macette est déjà Tartuffe. » (Tableau de la poésie, au XVI^ siècle, édit. Troubat, 1876, t. i, p. 233.) II, a la jeune fille qu'elle catéchise, dit M. mot pour mot, dans la déclaration de Nous croyons toutefois que M. Lenient Le discours de Macette à Lenient, se retrouve tout entier, TartuflFe à Elmire. » va trop loin (P. 149}. en disant : a. La pauvrette qui balbutie, va céder peut-être, celle d'Orgon dans cipiter le Tartuffe^ vient, par dénouement. La scène qu'à la prendre, et, mais non surpassée. l'écoute s'étonne, lorsque l'apparition de l'amant, un coup de théâtre était toute construite malgré son génie, il l'a ; hésite, comme subit, pré- Molière n'a eu imitée, égalée, si l'on veut, « En revanche, M. Paul Mesnard (t. iv, p. 349 de son édition) refuse Régnier a Ce n'est assurément pas assez (les deux passages trop à cités : plus Tartuffe. » haut) pour trouver dans Macette le moindre germe de L^ MOLIÈRISTE 234 MM. Aimé de Martin lique. (2) Nos Louis Moland (i). et déclaration galante que lecteurs Thomas Il nous permettront, bien chent par cœur ce merveilleux passage, de ici ; pour l'intelligence de qu'ils l'aient sous les yeux ce de la qu'ils qui va suivre, sa- transcrire le il importe : Mademoiselle, ne plus, ne moins que « s'agit Diafoirus récite à Angé- la statue de Memnon, ren- un son harmonieux, lors qu'elle venoist à estre éclairée des rayons Tout de même me sens-je animé d'un doux transport à du Soleil l'apparition du Soleil de vos beautez. Et comme les Naturalistes remardoit ; quent que la fleur Astre du jour, aussi nommée Héliotrope tourne sans cesse mon cœur dores-en-avant tournera-t-il vers cet toujours vers les Astres resplandissans de vos yeux adorables, ainsi que vers son Pôle unique. Souffrez donc, Mademoiselle, que j'appende aujourd'huy à l'autel de vos charmes l'offrande de ce cœur, qui ne respire et n'am- bitionne autre gloire, que d'estre toute sa vie, Mademoiselle, vostre très-humble, très-obeïssant, et tres-fidelle serviteur, et mary. Aimé Martin couplet, avec et M. Louis Moland fort lointain de Molière. D'abord Aimé Martin « en note de ce citent, un passage qui n'a qu'un rapport le texte » (3) : L'abbé d'Aubignac, dans une dissertation contre Corneille, où l'on retrouve le ton et le style de emphatique de Balzac, débute Dramatique au Thomas Diafoirus, c'est à dire la manière ainsi Corneille avoit : et silence, mais, à l'exemple condamné de cette statue de sa Muse Memnon qui rendoit ses Oracles sitôt que le Soleil la touchoit de ses rayons, (i) Nous il a laissons de côté, bien entendu, dans cette comparaison, l'é- dition Eug. Despois et Paul Mesnard, qui n'est pas encore terminée. {2) Le Malade imaginaire, acte (3) Nous 11 citons d'après l'édition viU, p. 177- scène v. in-12 de M. Alphonse Pauly, t. LK MOLIERISTE 235 grand Ministre. repris SCS esprits et sa voix à l'éclat de l'or d'un probable que Molière a voulu se moquer de » Il est l'abbé d'Aubignac, célèbre par son pédantisme autant que par ses querelles avec Corneille, Ménage, Mlle de Scudéry, Richelet... (Voy, Dissertation sur l'Œdipe de Corneille, in- 12, Paris, 1663.) (i) Certes, la dissertation de d'Aubignac est fort médiocre. C'est un pauvre factum, pédant plat toutefois, ; dans mauvais, le et lourd, injurieux et l'abbé montre se très au-dessous de Thomas. Pour Balzac, Thabile artisan de écrivain considérable malgré ses phrases et de périodes, comme on pour défauts, qui française un bon professeur de rhétorique, on ne fut, ce qu'il vient faire ici l'a trop c'est ; dit (2), langue la voit pas que rabaisser le le mettre en compagnie d'un d'Aubignac. Quant au passage cité, est-il non-seulement que Molière ait voulu le « probable parodier ? mais admissible », Quel excès d'honneur pour une phrase insignifiante d'un mince blié dès sa naissance, c'est-à-dire M. Louis Moland ne de quatre lignes (i) Œuvres début de de Molière, VIII, p. 422. ; et de réponse à ses calomnies. in-i2. (Bibliothèque de la Comédie de les les em- — Ce n'est pas précisément au la page 24. Voici Troisième dissertation concernant matique, en forme de remarques sur la Œài'ç& se contente mais assez avant, à la dissertation, exact de cette plaquette t. Il ! de choses dans voit pas tant d'Aubignac. ou- petit livre depuis dix ans tragédie de ^r Paris, Dubreuil le Corneille et le titre pocme dra- Collet, intitulée 1663, française.) t. I, n La prose franp. 93 grammaire avec Vaugelas et sa rhétorique avec Balzac, s'émancipa tout d'un coup et devint la langue du (2) Sainte-Beuve, Causeries du hindi, çaise, parfait qui avait honnête fait sa classe de homme avec Pascal. » : LE MOLIÈRISTE 236 Aimé Martin pruntcr à même flexions, au Pour nous, mas. Ce passage premier modèle de le liminéaire au commentateurs de Molière ne longtemps signalé. Dans son Roy grâce aux bienfaits royaux, donc parle « On lit le ce (c pout ingratitude. il y que le Soleil levant la miracle (Sire) avez vous faict en voix et la parole. de vos Palmes, et moy On si regardoit. prend la suiect qui n'est témérairement animé que de vous, et qui bouche ouverte à vos louanges, V. M. si, me hardiesse de se mettre à elle ose vous offrir ce qui par droict est desia vostre, puisque vous l'avez et la Il Ce mesme qui touché de l'Astre de ne trouuera donc estrange ma Muse ressantant de cet honneur, l'abri » vne statue qui rendoit vn son ar- avoit les fois la mais, silence, : qu'en Etyopie monieux, toutes ay receu le que l'on eust tenu pour maintenant seroit épitre « Régnier s'excuse de n'avoir long- », temps témoigné son respect que par reuerence, tête nous avouons nous étonner un et éditeurs et les en est il Tho- de la tirade à découvrir, car est facile l'aient pas depuis sans ré- lui, dans un passage en prose de Régnier des œuvres du poète, peu que les citer après endroit de son commentaire, (i) c'est que nous voyons de et faict faisant des un cœur naistre dans aura éternellement le voeus et des prières continuelles à Dieu qu'il vous rende là-haut dans le ciel autant de biens que vous en faites ça bas en terre. Vostre très-humble et très-obéissant et très-obligé suiet et serviteur. REGNIER. N'y tre ce a-t-il (2) pas une ressemblance qui saute aux yeux en- langage très-sérieux, très-sincère, et ce compliment (i) Œuvres (2) Œuvres de Régnier, de Molière, première édition, t. VII, p. 221. édition Courbet, in-8, 1875, p. 4. I LE MOLIERISTE Thomas où de épiques prend des proportions vraiment le ridicule Des deux ? me mouvement même côtés, 237 avec un très-simple faire, changement de construction (une de cet innocent simple particule protocole « merveilleux couplet comique, mê- tour, de Régnier, jusqu'à la « salutation » ; que Molière s'approprie, pour liaison), même pensée, la fleur » la de de son finale maîtresse de ce bou- quet de niaiserie solennelle et maussade. que Molière se Est-ce à dire qué de Régnier ces emphatiques une triste la de ridicule servilité, ples, sobres et dignes ? un par en a choisi une pour il rappeler ainsi ses confrères au et l'homme des dédicaces sim- respect d'eux-mêmes, lui, liser volontairement mo- prodiguées au dix-septième siècle émulation de couvrir soit Faut-il croire qu'entre toutes les dédica- ? Selon nous, écrivain qu'il prisait il n'a voulu ni ridicu- très haut, ni contemporains une leçon de goût donner à ses beaucoup sans doute : ne connaissaient pas Tépître de Régnier (ce sont choses qu'on ne Un lit guère), jour qu'il de cette par suite, le il il comique le l'aura lue avec un latent sourire mémoire, creuset magique qui gardait sa tout et transformait tout Thomas, ; n'eût pas porté. trait son Régnier, feuilletait lettre l'aura frappé notée dans et et, l'aura reprise, ; puis, pour la en écrivant faire rôle le sienne de désor- et mais inoubliable. Quant à la gloire du vieux Régnier, en quoi ce vestissement pourrait-il ses éditeurs MoUère, il et la commentateurs, ne s'en est tra- diminuer, puisque, entre tous comme trouvé aucun pour le L aussi ceux de signaler ? MOLIÈRE ET MADELEINE BÉJART Deux portraits La peints par Abraham Bosse gracieuse hospitalité du Moliériste aujourd'hui à ses lecteurs la me Il s'agit de deux portraits peints à célèbre graveur du le d'offrir primeur d'une découverte qui, je le crois, ne sera pas sans intérêt Bosse, permet pour eux. l'huile par XVII" siècle, Abraham l'élève de dans le Callot. L'un de ces portraits représente MoHère rôle de Mascarille des Précieuses Ridicules leine Béjart dans le rôle de l'autre, ; Madelon de la même Madepièce. Destinés évidemment à se faire pendant, ces portraits sont peints sur deux minces plaques de marbre jaune lonné de veines brunes mètres en hauteur Sur le et leur dimension est de ; de 1 5 20 sil- centi- centimètres en largeur. fond un peu bizarre du marbre les figures se détachent franchement, sans accessoires, sans terrain. Les deux personnages sont représentés en pied, dans le costume certainement adopté en 1659, mières représentations des Trécieuses ; lors des pre- l'attitude, le geste sont ceux qu'ils devaient avoir au début de la scène X, ainsi que je le démontrerai tout à l'heure. Molière vu de profil, une main appuyée sur le pom- LE MOLIERISTE meau de sa longue épée, soulève de Tautre main son chapeau rouge aux plumes ble dire ma 23 Une grande perruque poudrée mêle d'un immense rabat dessous bruns brodés d'or, à à-fait congruente de rubans ! Il rouge, avec des h petite oie « rouges, quels canons les ! de haut, ; et tout- quelle surabondance souHers. ceux-ci sont de « roussy ou de maroquin comment corps si aux den- l'habit est les bas y en a jusque sur possible de dire un demy-pied ! ; ses flots » l'habit. Quelles manchettes gleterre V audace de » visite. telles sem- « effroyablement belles » et « MesdameSy vous deue^ être surprises de : petit du moins sçay-je que fêtais Il n'est pas d'An- de vache bien quils avaient bien en peine de sçavoir des talions si hauts et si dêlicas pouvaient porter le du marquis, ses rubans, ses canons et sapoudre. (i) Très curieux au point de vue du costume, ce portrait me semble moins intéressant au point de vue de la res- semblance. pour moi que l'auteur des Il est certain point /JC^^ devant le peintre. La physionomie ne tradition prête miné le visage, rappelle à Molière et Ton ; nullement celle que la l'absence de moustaches effé- croit plutôt avoir figure d'un jeune premier tre Précieuses n'a quelconque que sous les celle yeux de la l'illus- penseur. Au dos de cette peinture, dans (i) Récit en pro^e Barbin, mdclx. et en vers de h le milieu du marbre, est Farce des Trécievses ; Paris, Claude 240 LE MOLIÈRISTE tracée sur ment du une seule XVII'^ siècle, ligne, en caractères noirs évidem- une inscription ainsi conçue : Jean Poquelin Rôle de Mascarilk. Bosse f. Peinte avec les mêmes couleurs blanc légèrement bleuté pour est vue de face, choir, l'autre une main sur le la : rouge pour linge, la robe et Madeleine Béjart hanche, tenant son mou- main tendue en avant et grande ouverte, — LE MOLIHRISTH geste qui semble couplet « parfaitement 241 accompagner le fameux : zMais de grâce, Monsieur, ne soye^ pas insensible à qui vous tend les bras de vous embrasser. il ya un quart d'heure ; » Une longue perruque ornée d'un rouge et blanche et de l'autre d'un tombe jusque collerette ce fauteuil contente^ l'envie qu'il a sur les épaules nœud plume d'une côté de rubans re- de Madelon; d'une large de dentelle d'autres rubans s'échappent 16 pour LE MOLIÈRISTE 242 descendre jusqu'au bas de son corsage en pointe est, je l'ai dit, de Mascarille et agrémentée de broderies d'or la jupe blanche^ est richement brodée aussi visible sous ici MoUère rappelant qu'on donna Au dos de cette peinture placée de dent, main Li la Béjart. le l'idée Pourtant le je relève une inscription toute trouvée sur j'ai même devait avoir quarante-un ans. manière conçue le portrait et tracée par la précé- même : Bêjar (sic) 7^d/e de Madelon des Précieuses y Bosse f. le Je que elle est ainsi ; bracelets. bien jeune la comédienne qui, lors- les Précieuses, semblable à celle ceux du cor- rapproche davantage de et se ; robe, semble moins lointaine que dans que nous nous faisons de Madeleine peintre a représenté la de grosses man- au-dessous ; deux poignets sont ornés de La reSemblance portrait de robe et d'argent de l'écartement nœuds ches bouffantes ornées de sage, les la ; d'un ton rouge semblable à celui de l'habit répète en terminant, ces detîx documents, dont l'existence n'a point été constatée jusqu'ici, sont surtout intéressants au point de vue des costumes, et c'est à ce que titre j'ai désiré les présenter aux Moliéristes. Pour convaincre ceux de mes signature, seraient tentés d'élever ticité un doute de l'attribution de ces deux portraits Bosse, thèses, il me serait facile d'accumuler ici sur Tauthen- à Abraham bien des hypo- ou mieux, bien des preuves morales qui vien- draient appuyer (i) lecteurs qui, malgré la mon dire, (i) Le musée de Cluny possède une peinture d'Abraham Bosse. LE MOLIERISTE D'abord le caractère de l'œuvre, sa facture che qui permet de reconnaître tre la de plus, ; la le un peu graveur derrière le sè- pein- présence certaine de Bosse à Paris lors de représentation des Précieuses, son goût pour les lettres, la vie me de plaisir qu'il menait au dire de ses biographes, semblent permettre de supposer Molière et ses comédiens ne 243 vit-il les deux portraits ny tant dont ils constater d'honnesteté, ny t> que nous publions joignent-ils peut-être à la curiosité qu'ils inspirent mant de pu fréquenter comme d'Assoucy, et peut-être, jamais « ny tant de bonté, tant de franchise que par my ces gens-là. Aussi qu'il a une amitié illustre cet attrait char- vouée à Molière restent la seule trace. Alexis MARTIN. et DU SONNET D'ORONTE L'ASILE Dans ticle le n° net où le dans Au mot « cabinet en vers de lettre Robi- joue un tout autre rôle que » vers 376 du Misanthrope. le sujet de la véritable signification à M. C. D. Paris 41 du Moliériste, M' C. D. revient sur l'ar- de M. Picot reproduisant une cite donner à ce mot, un fragment de YEspitre aux et s'élève contre l'opinion avons déjà combattue (voir Le hasard de nos de M. s'agit t. II, que nous p. 270). fixer le de deux passages sens de des tirés « : comme moy, Si quelqu'un, est lourd, ignorant, » Il « Difficile^ leurs ouvrages n'estime, mauvais (Il est question des il poètes) n'ayme point la rime, hargneux, de leur vertu jaloux, » Contraire en jugement au commun bruit de tous » due » Les dames cependant se fondent en délices, leur gloire il dérobe avec ses ; artifices. » Lisant leurs beaux escrits et de jour et de nuict, » Les ont au » Que, portez à » Tant selon leurs discours leurs œuvres sont divines. cabinet, sous le l'église, ils (Satire 11, chevet du lict la œu- vres de Mathurin Régnier. Premier passage de nous fournit aujourd'hui un lectures Il Picot le Moliériste^ nouvel argument pour aider à bien boutade d'Alceste. beuriêres ; valent des matines, » éd. Jouaust, 1876, pp. 14 et I5)- LE MOLIÈRISTE Il n'y a pas d'équivoque possible meuble destiné le petit précieux ou supposés gnier poursuit ainsi « Quel > Quand plaisir : 245 ici le cabinet est bien recevoir les objets à et : penses-tu que dans l'âme je sente l'un de ceste trouppe en audace insolente » Vient à Vanves à pied pour grimper au coupeau » Du » » Que Que » Et se bouchant » Tourne Parnasse françois Tous Molière de son eau, et boire froidement receu on l'escoute à grand peine, la Muse en groignant luy les l'oreille au yeux à gauche » Et, pour fruit > defîend sa fontaine, récit et les de ses vers, lit de travers, de sa peine, au grand vent dispersée, ses papiers servir à connaissait trop la chaise percée ? > bien son Mathurin Régnier pour n'avoir pas eu ce dernier vers dans du sonnet d'Oronte, à propos « Franchement, M. Picot et avec deM''C. D. et du l'analogie papiers Mais plus loin (page i6), Ré- tels. il est lui il la pensée quand, a fait dire à Alceste bon à mettre au : cabinet. » tous ceux qui ne sont pas de l'avis nôtre (i), voudront bien constater de sens des vers mis ci-dessus en admettre avec nous que Molière a exprimé que Régnier, mais en termes plus la parallèle, même et idée choisis. Ch. marie. (i) Voir médiaire le Molière- Hachette, du 2$ décembre 1881. t. V, p. 467, au i«r renvoi, et V Inter- MOLIÈRE ET COTIN AUTRE RÉPONSE A UN PROVINCIAL. (l) Vous demandez de nouveau. Monsieur, pourquoi Moière aurait attaqué Cotin plutôt que tout autre, dans personnage deTrissotin. Je ne reviendrai^ dans cette ni sur les et Sermons du grotesque abbé que — pour cause ils ia Critique désintéressée. Je Dictiojinaire tire me Mignot, attaqué dans pas lus, — ni sur bornerai à rappeler, avec de Larousse, que Cotin, offusqué par de Boileau, composée en traiteur je n'ai imprimés n'ont jamais été 1665, la le la 3" sa- fournit au pâtissier- même pièce, un libelle vers dont celui-ci enveloppa les biscuits qu'il vendait. libelle, intitulé le lettre, en Ce Despréavx, ov la Satyre des Satyres (2), est devenu, sans doute par suite de son mode bizarre de distribu- tion, d'une insigne rareté. Mais il dans les Variétés bibliographiques d'Edouard Tricotel (pages 363 à 373). (i) Sa lecture vous convaincra facilement que Voir ci-dessus, (2) Petit de Pallas a été reproduit en 1863 p. 157, 179 et 215. in-8 de 12 p., 1666, dédié au ducide Saint-Aignan, « favory », que Molière venait de peindre, disait-on, dans l'Oronte du Misanthrope, attribué à l'abbé Cotin par la Satyre, éd. de 1717, la note 2 du Discours sur tome IV. Amsterdam, Mortier. G. M. LE MOLIÉRISTE Cotin eut même en s'en maladresse d'insulter grossièrement Molière la temps que son ami Boileau. Le poète comique vengea plus tard dans tes raison 247 de Les le faire. les Femmes risées savantes et eut cer- du parterre n'étaient-elles pas un châtiment bien mérité et dû en toute justice à des vers tels que ceux-ci ? J'ay veu de mauvais vers sans blâmer J'ay leu le ^ Poëte, ceux de Molière et ne l'ay point sifflé, (vers 19). Et j'espargne la Serre avec son style enflé. Mais Luy le cadet Boisleau me pousse (i) à la satyre. qu^on ne voit jamais dans le sacré vallon. Se place en conquérant au sommet du Parnasse Il descend de la Nile, et, la foudre à la main, Tonne sur Charpentier, tonne sur Chapelain Puis, donnant à ses Que tient ; (2) vers une digne matière, ses Comme un de : Héros il encense Molière. (vers 38). s'il ne me pas pour un original, Je n'ay pas comme luy Je n^ay pas comme Pillé dans les copié luy, Juvénal ; pour faire une satyre, auteurs ce que j'avois à dire. (i) Var. Me (2) Voilà Rasius et Baldus force à la Satyre, destie... », dira bientôt ! « Je vois Molière au « votre chagrin et que, par troisième gredin ». mo- G. M. 24B MOLIÉRISTE Lli Sçachant l'art de place?' chaque chose C7t son lieu, Je ne puis d'un farceur me taire un demy-dieu ; (vers 44). Despréaux {i), sans argent, crotté jusqu'à P échine, S'en va chercher son pain de cuisine en cuisine. Son Tur lupin (2) On promet tous deux (3) quand on fait chère les Ainsi l'assiste, entière. auE l'on promet (4) et Tartuffe et Molière. (vers 114). • ••••••••••••• Nostre homme ,A compte n'est pas ce • infatué de sa façon d^ écrire, si près de se dédire : S'offense qui voudra, rien ne peut Vallarmer, Il n'a que ce moyen de se faire estimer. Les plus noires vapeurs de sa mélancolie Sont au moins à ses yeux une illustre folie ; A SES VERS Il RÈGNE SUR Parnasse, et Molière l'a dit EMPRUNTEZ LA BeJAR APPLAUDIT ; ! (vers 216). Molière Cotin qui est le donc nommé cinq fois dans les invectives de poursuit de son animosité, sans motifs per- sonnels et uniquement parce qu'il était l'ami Qu'on s'étonne après cela, ajoute usé de représailles (i) (2) (3) (4) M. de Boileau. Tricotel, qu'il ! Var. Le Censeur sans argent. Var. Là Frantaupin l'assiste. Var. On les donne à Paris. Var. Comme on donne à la Cour. G. M. ait LE MOLIÈRISTE 249 Je complète cette lettre par deux remarques: 1° La incomplète- diatribe de Cotin a été reproduite ment, sous le titre de Discours sur page 226 du Recueil des Contes du Satyres de 'Boileau, et les Satyres de 'B*****, à la sieur de la Fontaine, les A autres pièces curieuses, (la sphère). Amsterdam, chez Jean Verhoeven, ié68. Je trouve dans ce rare petit volume la variante suivante pour le premier des passages relevés ci-dessus J'ay veu de J'ay leu méchans patiamment : blâmer vers, sans les écrits de J'ay entendu Molière, et ne l'ay pas 2° C'est à tort Poëte ont supposé et celles qui la suivent, ; sifflé. que Taschereau, Tricotel Dictionnaire de Larousse Turlupin le Rifflé, que que j'ai et l'auteur du l'épithète de remplacées plus haut par des points, s'appliquaient à Molière. Cette hypothèse est démentie par Cotin 114. Ed. Fournier a et lise de Molière (Paris, fait lui-même dans voir, dans les les vers 113 notes de sa Va- Dentu, 1868, page 55), que le Tur- lupin de Boileau était son propre frère, Pierre, qui prit le surnom de Puymorin (i) d'Intendant et de des menus plaisirs en cette qualité la dépense faite et eut jusqu'en 1682 la charge Contrôleur général de l'argenterie et du Roi (v. le Dictionnaire de Jal.) pour le Bourgeois gentilhomme à Ami de Molière, et bientôt enfant sur les fonts avec la fille de Chambord, conservé aux Archives nationales et que l'on peut (i) Ces qu'il enregistra et signa le curieux état lire in- son compère, ayant tenu son dernier de Mignard. (i^ octobre 1672). G. M. 250 LE MOLIKRISTE extenso à la fin de l'excellente édition classique comédie-ballet donnée tout de cette récemment par M. Louis Moland. Je termine en faisant remarquer que les Variétés biblio- graphiques de Tricotel n'ont été tirées qu'à 250 exemplaires et ne se trouvent plus facilement. Il serait d'ailleurs plus agréable aux Moliéristes de pouvoir joindre en pla- quette la Satyre des satyres à leurs collections d^écrits relatifs à l'auteur des Femmes savantes. notre bien aimé doyen exaucera ce prochainement le libelle Nous espérons que vœu de Cotin dans la en réimprimant Nouvelle tion moliéresque. E. Cahors, 7 octobre 1882. MARNICOUCHE. collec- BIBLIOGRAPHIE — Notre collaborateur M. L'Avare. Ch.-L. Livet vient Dupont, dont nous d'ajouter au Tartuffe de la collection P. avons parlé, un ^Avare conforme à originale^ l'édition avec des notes historiques et grammaticales, suivies d'un « lexique de la langue de l'Avare (i) ». Soit dit sant, nous n'aimons pas beaucoup ce dernier en pasqui titre, Molière avait une langue spé- pourrait faire croire que pour chacune de ses pièces. La notice préliminaire de ciale M. Livet avait déjà paru dans le Journal général de truction publique : c'est l'histoire de la F Ins- pièce et des sources auxquelles Molière a puisé. Le texte, revu sur l'édition princeps de 1669, est aug- menté des variantes de 1681^ 1734, qui portent 16S2, principalement sur les jeux de scène. Les notes générales imprimées à tendent, comme commentaires, fort à la on mode se rend celles du et ofirent suite la de Tartuffe^ 1 élargir le au lecteur ces « la pièce champ des leçons de choses » depuis quelque temps. Après les avoir lues, mieux compte de Tépoque et du milieu où passe la pièce, des préjugés, des conventions, se des usages que l'on peut y noter, des rapprochements littéraires auxquels elle donne lieu. Nous en louerons l'exactitude, (i) I vol. in-i8 de 278 p. Paris, P. Dupont, i883, prix : i tr. 5o LE MOLIERISTE 252 à l'exception de l'attribution à Dancourt de la comédie du Flatteur, qui appartient à J.-B. Rousseau. Enfin, le lexique sans faire double emploi qui, représente une l'excellent livre de Gènin, somme avec consi- fournit aux dérable de travail et de patientes recherches, élèves une série chronologique de citations bien précieuses pour l'étude des progrès de la langue au XVIP siècle. En recommandant ce nouveau volume, nous annonplaisir, comme devant paraître dans la même collection et aux mêmes conditions, le Misanthrope et les çons avec Femmes Savantes. — Nous Houssaye a avons que dit pubUé, à notre nouveau roman de son suite la Arsène collaborateur : Mademoiselle Rosa, trois études intitulées les Grandes Amoureuses, Les quinze pages qui terminent paru dans V Artiste sous ce — La librairie P. titre : le Ollendorf vient remarquable étude de M. Coquelin ?ânè C'est l'article de lière. très augmenté, la volume avaient déjà VOiseau bleu de Molière, de publier : la très V Arnolphe de Mo- Revue des deux Mondes revu et tel qu'il a été lu par l'auteur à des la salle Capucines (i). A bientôt, pour compléter la trilogie, l'étude sur Tar- dont l'éminent comédien va bientôt représenter tuffe, le rôle principal dans sa grande tournée d'Autriche et Russie. DU MONCEAU. (i) I petit vol. in-i6 de 98 pages. Papier vergé de Hollande Quinze exemplaires sur chine : 5 fr. : 2 fr. BULLETIN THÉÂTRAL — Dimanche 24 septembre, les Comédie Française. Femmes Savantes (M. Coquelin aîné devait jouer Vadius; cadet, Trissotin. Ce dernier ayant fait, dans matinée, une chute de cheval, M. Coquelin aîné a joué Trissotin, M. Truffier, Vadius. Les autres rôles par MM. Delaunay, Richard, Silvain, Leloir, Tronchet ; j^mes Madeleine Brohan, Jouassain, Barretta, Bianca et Fayolle). Dimanche 20 octobre, i'^ matinée, donnée le au bénéfice de l'association des artistes dramatiques Dépit Amoureux (MM. Joliet, Baillet, P. Reney, de Féraudy ; M"" Bianca et Frémaux). M. Coquelin la — : — Dimanche 15 octobre, matinée populaire, le Malade Imaginaire. populaire Mardi 17 à Lundi 23, le Dépit Amoureux. Odéon. et lundi 16, soirée MM. — Dimanche 8 octobre, Poise et Ch. Monselet. OpÉRA-CoMiauE. médecin, de — : V^Amour — M. le docteur A. Théâtres de Vienne (Autriche).. Friedmann nous adresse, de Wien^ un intéressant article, trop long pour être inséré en son entier, dont nous extrayons les passages suivants : La saison théâtrale a été heureusement inaugurée à Vienne. Jeudi 5 octobre, on a donné V Avare au Carltheater, « réservée d'ordinaire aux productions d'Offenbach, de et au genre de vos Variétés. Un jeune artiste, M. Alois Wohlmûth, qui, après avoir longtemps vécu en Amérique, a débuté à la « Burg », a très-dignement rempli le rôle principal. C'est un acteur qui pense, qui salle Lecocq, médite ses rôles et s'identifie avec son personnage; on surtout applaudi après la grande scène du 4^ acte. l'a LE MOLlèRISTE 2 54 Samedi 7 octobre, on a donné Tartuffe au Burg-Theater. Le mérite d'avoir donné cette représentation au public difficile de la « Burg » revient tout entier à M. Adolf Wilbrandt, le nouvel intendant-directeur de la première scène de Vienne. Ce poète éminent, dont les drames Arria et Messaline, Néron, Gracchus ont été applaudis chez nous, a donné là une nouvelle preuve de son grand talent d'administrateur. La traduction nouvelle est de M. Hermann de Lohner. C'est la troisième adaptation allemande du Tartuffe. Représenté trois fois sans succès en 1788, on l'a repris et joué deux fois en 1818, à la « Burg », sous la direction de Deinhardstein. Voici quelques extraits Vienne qui ont parlé de La la 'Nouvelle Presse libre des principaux journaux de du 7 octobre soirée qui, : comme vous savez, suit cours des événements avec un intérêt tout particulier le « Le succès a été complet. en France, écrit Chaque mot a porté. L'intérêt, l'hilarité sont allés croissant pendant les trois premiers actes. On a joué tout d'une haleine. Molière sans entr'actes, c'est la mode de Paris. Levinsky et Baûmeister ont merveilleusement joué Tartuffe et Orgon. M"^ Hartmann, très fine dans Elmire, eût été plus applaudie encore dans Dorine, rôle que ]^me Mitterwurzer a dit d'une manière trop savante et pointue. La tentative a été couronnée d'un plein succès, et voilà Tartuffe acquis au répertoire. » littéraires La : de voir V Imposteur s'ajouter à au Malade Imaginaire, approuve aussi la suppression des entr'actes ; la pièce se déroule ainsi avec plus de vitesse et d'unité. Presse, qui se réjouit V Avare et La Weiner AUgemeine Zeitung, qui a aussi voué un culte à la littérature française dans son feuilleton quotidien, ne s'occupe que de l'interprétation. La Morgenpost ne croit pas que Tartuffe sera longtemps des nôtres. Elle n'y voit point de perte, mais plutôt un avantage. Les personnages de MoUère ne sont, d'après elle, que crayonnés il n'en a donné que les contours. : LE MOLIERISTE 255 ne montrant les passions et les défauts de l'humanité que dans leur expression élémentaire ; aussi a-t-il perdu la pointe de sa verve satirique avec l'organisme plus compliqué de la vie moderne, et n'a plus de place sur notre théâtre. La a le droit un intérêt Comédie Française^ la maison de Molière, devoir de donner ses œuvres, et dans purement archéologique de résurrection litté- seule comme le raire. La Vorstadtzeitung pense, au contraire, que, sous la direc- tion de M. Wilbrandt, le Burgtheater travaille à sa renais- sance, par l'amour désintéressé du vrai et du beau. Elle admire l'ingénieuse et naturelle simplicité par laquelle ce grand Français, mort il y a deux siècles, sait encore émou- voir les cœurs blasés d'aujourd'hui. La accorde à M. Lev^^insky la dévode Tartuffe, et félicite M™^ Mitterwûrzer d'avoir réalisé dans Dorine Tidéal de Ste-Beuve, qui a cru voir en elle le symbole de la robuste Muse de PoqueHn. Deutsche Zeitung non la sensualité V Extrablatt croit devoir tion mais MoHère (Mulier) Le Tagblatt dit hasarder que la Il dit que la ! première a été un peu froide. un long majestueuse Enfin, le Fremdenhlatt consacre tuffe. calembour que ce ne « taceat in ecclesiâ » grande et Tarperruque de article à Louis XIV a plané sur la soirée du 7 octobre. Comédiens et comédiennes semblaient descendus des toiles d'Hyacinthe Rigaud. L'impression a été profonde et sérieuse ; le comique simple de l'impérissable et indestructible comédien psychologue a enlevé le public d'assaut. (( Molière, dit-il, a attaqué le plus redoutable guêpier en écrivant son Tartuffe. Les bas-bleus, les misanthropes, les parvenus, les cocus, qu'il avait copiés jusqu'alors, n'avaient fait que divertir la masse de spectateurs ; car ici la pointe du fouet ne cinglait que des minorités, aux dépens des- quelles, d'après l'éternelle loi de nature, la majorité avait permission de rire. Mais le Tartuffe répandit le trouble et l'effroi dans cette majorité même; toute la société régnante LE MOLIÈRISTE 256 moins directement atteinte. Tartuffe, l'église ou du grand monde c'était donc aussi un peu l'Etat, la Cour, la Noblesse. Qui ne mentait pas dans ce royaume rayonnant du mensonge? Chacun croyait le mensonge d'autrui, afin qu'autrui crût le sien. Canevas en vérité digne de l'Aristophane de la sentit plus ou c'était le bigot de se ; Perruque, et surtout d'un satirique de premier ordre, joyeux du combat. Molière osa donc donner ce chevaleresque coup d'épée dans le guêpier. Il en sortit, bourdonnant, piquant, en fureur, des guêpes noires, des guêpes de pourpre, des guêpes d'or et de soie, et toutes se ruèrent sur l'audacieux perturbateur. Les guêpes noires furent les plus enragées, parce qu'elles se sentirent mortellement piquées, et elles entraînèrent toute la ruche contre l'agresseur. Mais le 12 mai 1664 fut le plus beau jour de la vie de Molière; tous les rossignols de la gloire chantèrent ses louanges du haut des vieux arbres du parc de Versailles ; ce soir-là, Molière fut le roi du monde. » Et M. D' Friedmann termine sur cette citation du qui prouve que Vienne compte aussi ses enthousiastes de Molière, et que M. Coquelin jouera Gros-René, Mascarille, Pancrace, Sganarelle et Tartuffe devant un public sympathique, initié aux beautés du Maître par une critique sérieuse et éclairée. le FremdenbJait, — Mercredi 25 octobre, salle Chaîne (rue d'Allemagne), collaborateur de Lapommeraye devait faire une conférence sur Molière^ au bénéfice de l'Orphelinat du 19'' arrondissement. Empêché par une indisposition, il a été remplacé par M. le pasteur Dide, qui a improvisé un éloquant éloge de celui « qui a porté si haut la dignité notre cueillies, a dit A Tappui de ses paroles, chaleureusement acde la Comédie Française, avec talent la première scène du Misanthrope. de l'Art ». M. Caristie Martel, MONDORGE. Imprimerie de Pons (Charente-Inférieure). — Noël Texier. QUATRIÈME ANNÉE DÉCEMBRE 1882 NUMÉRO 45 LE MOLIÉRISTE %EVUE MENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. MM : Campardon, J. Claretie, F. Coppée, V. Fournel, J. Guillemot, A. HoussAYE, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Livet, J. L01SELEUR Ch. L. , Nuitter , MoLAND E. Ch. , Picot , L. Monselet, de la E. Noël, Pijardière, F.- P. Régnier, Ch. de la Rounat, F. Sarcey, Dr H. ScHWEiTZER, Ed. Thierry, E. Thoinan, a. Vitu, etc. PAR Georges MON VAL ARCHIVISTE DE LA COMEDIE FRANÇAISE PARIS LIBRAIRIE TRESSE 10, GALERIE DU THEATRE FRANÇAIS, 10 1882 SOMMAIRE DU NUMÉRO XLV QUATRIÈME ANNÉE \/\A/\/\A/ — LE CHASSEUR DES FACHEUX. Aug. LE PROCHAIN BANQUET-MOLIÈRE. MOLIÈRE ET COTIN. — Un Provincial. Vitu. LA FARCE DES QUIOLARDS. — Eug. Noël. UNE ERREUR A PROPOS DE MOLIÈRE. — BIBLIOGRAPHIE. — A. BULLETIN THÉÂTRAL. de Montaiglon et ' Blondet. Du Monceau. — Mondorge. LE PRIX D ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN POUR TOUTE LA FRANCE UN NUMÉRO On s'abonne français, 2, place tions, : — ÉTRANGER, UN FRANC I3 FRANCS. 50 CENT. à la librairie Tresse, io, Galerie de Vintimille, auquel demandes lettre affranchie. et les du Théâtre M. G. Monval, manuscrits, communica- ou par mandat sur la poste adressé à réclamations devront être envoyés par LE CHASSEUR DES FACHEUX Marie-Renée de Longueil, Boulenc de Crevecœur, de René fille marquis de Maisons, ministre d'Etat,, épousé, avait de Longueil de Madeleine et le 24 23, ou 25 février 1656^ Charles-Maximilien- Antoine de Bellefourière, marquis de Soyecourt (on prononçait Saucourt), ma- réchal de camp, chevalier des ordres du Roi, grand-maître de la garde-robe du Roi, puis grand veneur de France. Le marquis de Soyecourt lière, au moins par la romanesque qui obscurcit Il est sûr, l'épître appartient à l'histoire de la vie puisque MoHère dédicatoire que Sa Majesté lui de notre grand Comique. le elle-mesme, la et qui a esté tel est le un bonté de lui trouvé par tout ce ou de ses ca- ouvrir le plus nouveau carac- de Dorante. Le chasseur qui assomme du, récit de sas exploits cynégétique, Fâcheux au Roi, l'ordre « d'y adjouster beau morceau de Touvrage »; et que tère est celui lui-même dans raconte de sa comédie des donna ractère de fascheux dont elle eut les idées Mo- légende, c'est-à-dire par l'invention les gens déconvenues en jargon caractère indiqué par le Roi. Voilà la 26o LE MOLIÉRISTE contes en n'a pas simple. Elle vérité toute l'on a voulu l'air, et que ses courtisans à la risée publique )) que M. de Molière, » scène est » lui dit et voici sujet, première représentation de cette comédie qui se M. Fouquet, » Soyecourt » encore copié. » Molière l'introduit sous » et apprise par les » heures, et » la le C'en » fut assez chez fit montrant M. de lui la figure pas où Cette scène, dit. la d'un chasseur, fut faite comédiens en moins de vingt-quatre Roi eut le plaisir de voir en sa place, à la représentation suivante de cette pièce. » Tout sonne faux dans gage du Roi, tutoyant bouffonne la Molière en Voilà un grand original que tu n'as « : dit à de sortir » Roi la Roi lui-même qui fut le comment. Au » le de livré l'un Le fascheux chasseur Menagiana, introduit sur le M. de Soyecourt. Ce donna ce Roi eût le « : amateurs des aux> suffi la cette anecdote comédien le : et signalant à sa personne d^un de ses grands hauteur l'un de l'autre. Vaux le verve sont à officiers Ce que nous en pouvons con- trôler tout d'abord est d'ailleurs inexact. jouée à l'action et le lan- La mercredi 17 août i66r, la pièce avait été, seconde repré- sentation ne fut donnée à Fontainebleau que le jeudi 25, jour de la Saint-Louis, c'est-à-dire à huit jours et non pas à vingt-quatre heures de la première (i). Qu'était-ce donc que M. de Soyecourt de Tallemant des Réaux nous apprennent que le et les lettres de Les historiettes M™^ de Sévigné marquis de Soyecourt, après avoir été l'un des seigneurs les plus [i) Registre de ? La Grange, page 36. amoureux et les plus aimés 26 1 LE MOLIÈRISTE de le la cour de France^ passait, en sa maturité, pour l'iiomme rapport entre un ty'pe à du monde. Mais quel plus spirituel et le plus distrait homme galant, spirituel et distrait, et le MoHère même ? On n'a pas assez remarqué que Grimarest n'admet pas l'anecdote informé que M. Ménage de scène fut Molière faite. versification; car n'}^ M. de MoHère manière dont a aucune part plaisir à la voir représenter, Ce pauvre Grimarest fois qu'il la n'est que pour personne, que s'excusa j'ai des rai- ont tâché de et (i) Roi le en prit fit vraiment pas chanceux; pour la vérité, Où n'avez-vous pas lu que charge de grand-veneur tout. France pour -Cette (i) le les poète était charge qu'en 1670, Vit de M. du récit de le reje- Voilà qui expliquerait en efiet l'ancien le reste. grand-veneur de anecdotiers de 1694; mais des fêtes est M. de Soyecourt rem? Mais l'explication ne vaut pas mieux que M. de Soyecourt pour le lieu ne il il colorer par une inexactitude de plissait la plus. plus la beaucoup de y> réclame en faveur de le un dicta toute entière dans Menagiana; mais, suivant leur méthode, au ter, ils la il chasse, quelque chose de suspect dans flairé belle cette trouve plus que sourde oreille. Les modernes ont, vrai, lui- mieux dit-il, l'ayant versifiée, scène de ses Fâcheux, une pauvre « J'ai été^ ne connaissant point sons de ne pas jardin, et : la De sorte qu'une nommer, la lui d'y travailler. belle XIV du Fâcheux chasseur indiqué, dit-on, par Louis il ne l'était pas de Vaux, n'ayant été pourvu de neuf ans après de Molière, 170Î,, m-8, p. la 48 à jO. première re- 202 LE MOLIÈRISTE présentation des Fâcheux. C'est de quoi fabricateur de le l'aventure ne s'est pas avisé (i). Hiltons-nous d'ajouter que ne remonte pas cour pour se trouve ni dans la i*"" édition 1693, un vol. in-12), ni dans la in-12), si où l'abbé Faydit, noyé recueillis par du Menagiana la 3^, c'est-à-dire l'indigeste auteur Bouteville, sous 1694, 2 vol. de amis Galland, de Launay, Mondin, Pinsson, Baudelot, un (Paris, Jéléma- la souvenirs authentiques de Ménage, les ses peu digne de (Amsterdam, 1693, un des éditions amplifiées (Paris^ i''= comanie, a la 2^ seulement dans vol. in-12). Elle apparaît dans rôle et la L'anecdote sur M. de Soyecourt sa naturelle majesté. (2) ne monde savait trop le XIV un jouer à Louis faire de ce canard la responsabilité Ménage, qui à fatras qu'il Boivin, Châtelain, Valois, Dubos de Bautru et du prince de Guéménée, car il et noms couvre en vain des porte à chaque ligne la signature de son insipide auteur. y a plus Il : marquée de l'étoile *, : On y trouve en Nuits, parler fait effet, Ménage, à des Mille première la pas question de Soyecourt (i) : Mais, cher collaborateur, devint n'est-il N'oublions pas que Louis XIV il de n'y Ce silence est pas permis de penser que, grand-veneur qu'en grand chasseur devant l'Eternel dès 1661 (2) Or du chasseur ni de M. de l'épisode pas un mot, pas une allusion. M. de Soyecourt ne une et personne, représentation des Fâcheux à la fête de Vaux. est page 38, qui est la signature de Galland, une dans laquelle l'ingénieux conteur note la du Menagiana original prouve la lecture la fausseté de l'anecdote 1670, il si pouvait être ? avait alors vingt-deux ans. G. M LE MOUÉKISTE décisif. Qu'on ne trouvât Menagiana, il 263 rien sur les Fâcheux dans le vrai n'y aurait eu nulle conséquence à tirer d'une absence de souvenir ou d'un que Ménage parle de la fête manque de mémoire. Mais de Vaux, du prologue de Pel- lisson et de la pièce de Molière, et ment l'incident le plus représentation, c'est, à qu'il remarquable qui mes yeux, la omette précisé- se rattachât à cette preuve plus la dente que l'anecdote est de pure invention. Ainsi lui-même sort de son tombeau pour réfuter les évi- Ménage commérages de l'abbé Faydit (i). Auguste VITU. LE BANQUET-MOLIÈRE Notre troisième banquet annuel aura lieu le lundi 15 janvier 1883, au Palais-Royal. Nos collaborateurs, nos abonnés, nos hommes de lettres et artistes, sont amis, faire La parvenir leurs adhésions avant le lecteurs, nos priés de nous 31 décembre. cotisation est fixée à dix francs. G. (i) M. de Soyecourt mourut à Paris le 12 juillet 1679. d'abord aux Grands-Augustins, puis transporte dans chapelle de Tilleloy, en Picardie. le M. inhumé chœur de la Il fut MOLIÈRE ET COTIN A Monsieur B. Marnicouche. Monsieur, Je m'empresse de vous remercier de Tappui que vous voulez bien me donner dans mes protestations contre bus des hypothèses que le bibliophile Le je l'a- reproche à notre cher doyen Jacob. Bibliophile ayant dit : « Il est à présumer que l'abbé Cotin n'avait pas ménagé Molière dans un des sermons qui attiraient en foule la société précieuse et gens de courï), nous seul des Vous lui avons demandé sermons de Cotin qui faites très-justement remarquer que J'avais notre : des de nous citer un Molière. » fasse allusion à Cotin n'ont jamais été imprimés teur n'en parlait « l'élite les sermons de cher collabora- donc que par hypothèse. demandé aussi qu'on me fît attaque bien authentique de Cotin, connaître une seule non contre les comé- diens en général, mais contre Molière personnellement. Vous me citez la satire intitulée : Despréaux ou la Satyre (i)Voir ci-dessus, p. 113, 157, 179, 215 et 246. 265 LE MOLIÉRISTE et attribuée à l'abbé Cotin, imprimée en 1666, des satyres, qui contient douze pages de vers médiocres contre préaux, Molière. — Tricotel je ; Puymorin, son frère Boileau contre J'avais lu cette connaissais le satire dans les cité de passage Molière et aussi les commentaires sur le Descontre et Variétés de la Valise de ^pas ridicule de satire : tout cela ne m'avait pas touché. me vous Si prouvez Cotin est fondée vez si, ; ne la l'attribution trouve, ni dans Tabbé d'Olivet, Moréri, citée parmi les ouvrages de Cotin), provoqué Mais il la monde, heureux suis bien la meil- d'être renseigné et d'avoir découverte d'une vérité. Pour moi, je le nie, et vous donnerai les motifs de ma dénégation. D'abord, à Molière, dans le passage cité par le Ensuite, la satire en question Despréaux ; elle m'en pour avancer, précisément à l'époque ou Cotin satire parut l'auteur de soit pourrais je en attendant vos preuves. Mais, et ni dans appartient à l'accusateur de justifier l'accusation. cette satire. Molière je rendrai de les Prouvez moi donc d'abord que Cotin nir là à dans quelque catalogue contempo- forcé de rendre les armes, et je leure grâce du la à la suite de la Ménagerie vous trou- la Satire des satires rain (on que un frère je la criait vivat Moliériste, p. n'attaque attaque te- ! 158. pas seulement de Despréaux, un Turlupin, qui Jouant de son nez Chez Il le sot n'est pas campagnard gagne de bons disnez. du tout prouvé que Cotin, ami de Gilles 266 LE MOLIÉRISTH ennemi de Boileau Puymorin, Boileau, fût désigné Enfin, ici. comment Cotin, qui, à la raître la Ménagerie, dirigée contre à Despréauxj comme on « sans raison » De de tout cela la satire du le fait je même Ménage, dans précisément Ménage conclus que Cotin la date, fait pa- reprocherait-il satire, d'attaquer ? n'est point qui lui a été attribuée, longtemps, après sa mort, et certaine qui est celui je persiste contraire^ à soutenir, — que Cotin —- l'auteur je crois, jusqu'à preuve n'avait pas provoqué, par des attaques directes, les coups de Molière ; je vous remercie, Monsieur, de m'avoir fourni cette occasion de maintenir 5 mon affirmation. novembre 1882 UN PROVINCIAL. LA FARCE DES QUIOLARDS ET LE BOURGEOIS GENTILHOMME La Farce appeler de des Quiolards, voilà la littérature locale, locale pour Rouen, mais pour tier certainement ce qu'on peut non pas seulement le quartier Saint- Vivien et le quar- Saint-Nicaise, où plus qu'en tout autre quartier de la ville^ s'était c'est-à-dire conservé, au le XVIP siècle, le langage purin, vieux français agrémenté de la prononcia- tion traînante et chantante particulière au pays de Cor- neille. La Farce tait qu'un tient à M. des Quiolards est très petit nombre une comédie dont notre Bibliothèque Leber, mais que Jules Adeline ont eu la l'accompagnant de il n'exis- d'exemplaires, dont un appar- M. Auge et bonne idée de réimprimer,, en dix johes eaux-fortes et d'une intro- duction très intéressante. Les eaux- fortes et l'introduction sont, bien entendu, de M. Jules Adeline. Rarement bibliophiles ont fait pour leurs réimpressions un plus heu- reux choix. La Farce des Quiolards a son importance dans notre histoire littéraire, et c'est, de plus, une œuvre fort amusante. Nous allons essayer de mettre en évidence ces deux points. La rédaction de cette comédie, telle qu'elle fut impri- LE MOLIÉRISTK 268 mée à l^ouen, Jean Oursel l'ainé, rue Ecuyêre, vis-à-vis che^^ la rue du Petit-Puits, à l'enseigne de deuxième moitié du la M. J. Adeline de imprimerie du Levant l' y remonte certainement pas plus haut que avec permission^ ne XVIP façon la siècle, et c'est ce qu'établit plus incontestable; mais la le scénario de la Farce doit remonter à une époque beaucoup plus reculée. Cette farce, lin, ''et de ses comme du Vilain Mire, dont Molière lui, comme tant d'autres, celles de Tate- Femme Muette, jouée à Montpellier par Rabelais compagnons de l'Ecole de médecine, comme celle la comme dans sa jeunesse a fait il son Médecin malgré avait tiré, d'un autre scé- nario fort en vogue, sa petite pièce du Médecin volant; les mêmes données, bout de la temps, les les France à mêmes l'autre, et, retrouvaient d'un selon les lieux, selon les troupes comiques ambulantes interprétaient chacune lecte local. Le à lire). Le plan on n'en donnait lieu à mille les dia- écrivait rien (les en ce temps-là, savaient seul de la pièce, en ses princi- pales scellés, devait être respecté laissé à la fantaisie des ou locales chacune en son sa façon, plus -souvent, écrire eût été inutile, les acteurs, rarement se sujets artistes. saillies, ; mais le dialogue était Cette liberté du dialogue à mille jeux de scène inat- tendus. Chaque pièce donc se jouait avec des variantes infinies, grande qui faisaient souvent le principal attrait et la plus joie des spectateurs. La nïème pièce n'était pas chose. Quelqu'un, à Rouen, gina d'écrire et telle- qu'elle fut même il ainsi toujours la même y a deux cents ans, s'ima- d'imprimer la Farce des .Qtiiolards jouée alors probablement sur quelque 26^ LE MOLIÉRISTE du quartier Saint-Vivien, dan^ théâtre tants de ce quartier ; mais la jour se retrouver dans la d'un autre temps, même la pièce pourrait quelque langue d'une autre province et n'avait pas été s'il langue des habi- si rare alors qu'on prît le souci de rédiger ces sortes de farces. Ecrire coûtait, si le vélin cher! n'avait pas qui voulait le scribe indispensable ; à sa disposition^ ni, absorbaient église. et tribunaujc les tous. Quoi en qu'il lement rédigée, soit, la elle fut Farce des Quiolards ne fut pas seu- imprimée, devenus d'une extrême rareté que nous l'avons ainsi c'est d'après cet son édition Rien dit, à exemplaires en sont et les en existe un cependant, il ; bibliothèque Leber, la M. Adeline exemplaire que et vient de faire illustrée. n'est plus curieux, pîus intéressant que tout ce quj rappelle ce vieil art dramatique, ce vieil art gaulois de la Farce, si cher à nos ancêtres. Les Rouennais âgés, dont souvenir peut remonter le jusqu'au Théâtre-des-Qimtre-Colonms, se rappellent parfaite- ment que son très illustre directeur Gringalet, parade toujours réjouissante, gramme du spectacle, qui une analyse de tait la la pièce nouvelle formule d'usage ; de : le Vous même, en Vous la le pro- plus souvent, en alle-^ voir... tête primée, l'ancien éditeur nous analyse lards au pubhc détaillait consistait, après une de la C'é- pièce im- Farce des Quio- : allei voir Nicodème Laquiole et quels veulent paraître d'une condition de savetier, où ils viennent d'hériter. une Cattelotte, sa femme, les- mille fois plus relevée que celle ont pris naissance, à cause de cettt; et un ^5, qu'ils LE MOLIERISTE 270 Vous y verrez aussi ufi fripier, qui leur personnes de qualité pour De Le plus, vous y verrez, etc. ne leur vend pas seulement de beaux habits, fripier leur apprend à les bien porter, leur il contenance, les que savetier et appelle M. donne des leçons de et M""* de La Quiole, savetière finissent par més véritablement en gens de d'être citée se croire qualité. bien si transfor- La scène mérite : MONSIEUR JUIF Madame, pendant que vous allez (le fripier). vous habiller, je gens de qualité à monsieur votre époux l'exercice des de les dépouilles présente les revêtir ; vais faire il faire est nécessaire qu'il le sache. CATTELOTTE. Ecoute bien monsieur Juif, Nicodème. MONSIEUR JUIF (parlant à Laquiole). Monsieur, faites quatre pas à droite, autour de la table, et gauche à votre rencontre, pour vous apprendre un honnête homme, ou qui que ce LA Monsieur, de tout bien la Marchez à moi soit. j'irai à manière de saluer ainsi. Q.UIOLE. mon cœur; je vote valet. suis Vo porté vou ? MONSIEUR Monsieur, Monsieur, il JUIF. faut quitter ce langage grossier. Dites, je suis ravi de votre rencontre ; Mais toutefois, vous apprendrez assez bien à parler pat des savants ; c'est assez que d'en savoir s'il comment vous la vous plaît : portez-vous ? fréquentation faire les gestes, LA QUIOLE. Monsieur, monsieur, me vaie. je ne veux pâler à personne ; chest asset que no 27 LE MOLIERISTE MONSIEUR Apprenons donc C'est bien dit. JUIF. le tour de votre table et venez à gauche, et de votre main droite le bras la tête vers dehors et la moi jetez tantôt côté de madame leçon à la marchez, je vous prie, à la : n'avez pas votre éventail ? Puisqu'ainsi gauche de monsieur votre époux votre servante après, avec son habit de fille suivante. Mais quoi réflexion se place tout naturellement furètent, a en quête des sources probables et ont oublié : ils celle-ci, faute d'avoir n'eussent pas manqué ici. Les com- connu la d'une le ses comédies, Farce des Quio- leçon donnée à maître de danse n'est-elle pas née réminiscence de Quiole par effet, le flairent, d'établir qu'il lui dût l'idée première du Bourgeois gentilhomme. La M. Jourdain par et vous improbables où pu puiser quelques-unes des scènes de lards ! ? mentateurs de Molière, qui toujours cherchent, il un gauche, ramenez-la devant. Tournez vos pieds en Quoi, madame, vous voilà déjà dans vos habillements Une chapeau un vous appuyez gravement sur votre canne.... Vient ensuite est, le puis, retournant votre perruque derrière le dos, tantôt de l'autre, peu des gens les perfections extérieures de qualité. Achevez sous I la leçon donnée à M. de La vraisemblable, en fripier Juif? N'est-il pas que durant ses deux séjours à Rouen, Molière vit représenter la farce en question sur quelqu'un de nos petits théâtres locaux ; on sait qu'il ne négligeait rien de ce qui touchait à son art et que partout s'instruire et à puiser Est-il nécessaire pour il savait trouver à ses propres pièces. de rappeler comment finit la farce ? Les cent et un écus hérités de la tante ne tardent pas à dispa- ^^ MOLIÈRISTE 2^2 raître, et La Quiole reprend en chantant « sa pauvre cha- vate. » Tout me Couler En n'héritage comme j'ai vu beurre fondu, bien moins de temps que j'en pâle. Je n'ai pu qu'un vieux paillasson, Pour me coucher tou de Anchite qu'un viau qui Il mon Ion, s'étale. commentateurs des n'est pas jusqu'aux fables de La subitement Fontaine qui, dans ce savetier, devenu riche et d'origine à subitement ruiné, ne puissent trouver un point d'âge en suivant et du Financier. En la fable du Savetier travers notre âge jusqu'à nos jours l'esprit gaulois à un dernier pas pourquoi même ne verrait-on rature, de la litté- reflet écus, dans Quiole, avec son héritage de cent et un la très joUe chanson de Béranger : je suis héritier. Grâce à Dieu, Le métier De Me rentier plait et Travailler serait m'enchante J'ai cinquante écus, J'ai cinquante écus, J'ai cinquante écus De Mes amis, rente. la terre est J'ai Vivre en J'ai à moi, de quoi roi, me tente me sont dévolus, Si l'éclat Les honneurs ; un abus. ; cinquante écus, etc. LE MOLIÊRISTE 273 mes amours, Des atours Parez-vous, Lise, Que La toujours richesse invente; Le clinquant ne vous convient J'ai N'est-ce pas là Eh bien ! plus, cinquante écus, etc. un ressouvenir du pauvre savetier ? non, cette histoire du savetier enrichi, trans- formé par Molière en marchand de drap tranchant grand seigneur, apprenant sant faire siècle Mamamouchi, en purement siècle, l'ont livresque, les manières belles pour ceux cette histoire, reprise, comme Montaigne, la Quiole, de tous les enrichis, de tous les gestes nous re- M. Jourdain parvenus qui », suivant la vieille expression une c'est imitation de la vie réelle qui, perpétuellement;, donne ce spectacle de qui, de pas une imitation n'est dirait du et se lais- « et de des font Dans normande. tous les cas, c'est une très bonne idée que d'avoir remis au jour, en l'illustrant line, la vieille de rire les comme vient de le faire Farce rouennaise qui, si souvent, M. J. Ade- fit s'esclaffer Rouennais du temps de Corneille; qui, sans doute, égaya Corneille lui-même, et dont, après tout, n'est pas possible mière pour le de dire qu'elle ne fut pas un futur auteur trait il de lu- du Bourgeois Gentilhomme. Eugène NOËL. 18 UNE ERREUR A PROPOS DE MOLIÈRE M. Sarcey, dans Femme la affirmé à diverses qui reprises, tue ses propres idées sur l'éducation qui erronées, tions à de réfuter. M'attaquer, la des Molière. moi inconnu, femmes. Ces MM. A. asser- sont une de les J'entreprends à ont vote, bouche de Chxysale, peu à peu, s'accréditent gloire la Dumas, M. A. femme gui la et que Molière exprimait^ par atteinte et Dumas et Sarcey qui ont étudié Molière à fond, et dont l'opinion fait autorité, c'est une grande audace, assurément. Mais, mon insuf- certain d'avoir raison, je n'hésite pas, malgré fisance comme Voici la écrivain. la postérité a ratifié les idées des femmes encore à l'épais de ? La le Est-ce que sur l'éducation bon sens de Chrysale, qui veut que leur thèse venu à serait-on bien sous MoHère « : que nous en sommes aujourd'hui Est-ce ? capacité se hausse à distinguer pourpoint M. Sarcey dernière critique de un haut-de-chausses d'un nous agace^ et dire que, grâce à l'autorité couvert duquel elle se présentait, elle a contribué à perpétuer chez nous des préjugés fâcheux sur des femmes. même du nom peut-être le rôle » Ainsi, selon M. Sarcey^ si beaucoup de gens croient LE MOLIÉRISTE que femme la mêmes mêmes n'a pas les que, par conséquent, et études que l'homme aptitudes que ne doit pas s'adonner aux elle faute la lui, 275 en grande partie à est Molière. Voici M. A. Dumas de la critique pour Molière, mais Chrysale a dément que son mieux esprit a ne borne plus son étude à de ses enfants^ à que de à faire déci- hausser se mœurs pot le l'esprit dont son raison bien simple qu'elle perdait la ménage qui ne sa jeunesse à attendre le ne pouvait ni surveiller moyen elle son ménage, à avoir faire aller comment va savoir mari a besoin, par prit suis désolé femme trouve la former aux bonnes l'œil sur ses gens^ à pas le : un pourpoint d'avec un haut-de-chausses; à connaître qu'elle tort « J'en : venait pas, et gens qu'elle n'avait les bonnes mœurs d'avoir, ni former aux l'es- des enfants qu'aucun mari ne songeait à lui donner. » M. A. Dumas, nombre de femmes n'ont pas trouvé de maris, c'est Voilà qui est fort spirituel. Ainsi, selon si parce qu'elles Molière. Les marier en sciences Eh ? s' avaient femmes élevées selon adonnant aux arts, à la littérature un homme produit, doivent de juste-milieu donc être ; fait ses à beau-frère etc. aux et faux. idées, d'Orgon Or, Philaminte et ; dans le Mo- lorsqu'il exprimées par des person- nages d'un tempérament moyen. Dans Tartuffe, le de idées les Je le souhaite sans l'espérer. bien, ces critiques portent tout à lière est les été trouveront-elles plus facilement à se c'est par Misanthrope, par Philintc, Chrysale étant deux extrêmes, idées de Molière sur l'éducation des femmes ne pas plus être celles de l'un que celles de l'autre. les peuvent 276 LE MOLléRISTE Elles sont exprimées par l'amant d'Henriette. les .... De dit un personnage modéré, je ne femme ait des clartés de tout, veux point lui la passion choquante se rendre savante afin d'être savante. Telles sont les idées de Molière. de Chrysale, qui femmes comme conséquent, est proposée fille S'il avait les idées exaltées au besoin sement aux exagérations de sa On sœur. au-dessus de par elle a l'esprit alerte, et riposte charmant de femme, ce type, qui a est fort et qui, modèle. Or, cette jeune n'a pas simplement du bon sens^ elle est fort spirituelle l'auteur, eu n'aurait pas créé cette aimable Henriette, il contraste avec ces fait par^ : femmes docteurs ne sont point de mon goût. Je consens qu'une Mais Il celui le les très malicieuvoit, ce type préférences de que préconise Chry- sale. L'erreur de MM. Sarcey Dumas m'étonne A. et au plus haut degré. Comment deux de l'art écrivains qui possèdent à fond les règles dramatique, qui savent, par conséquent, que le caractère de Chrysale est voulu par la plus élémentaire de ces règles, par la règle des contrastes n'ont-ils pas conclu que, la contre-partie blâme même blâme les comment, dis-je, de la femme, Molière exagérations de Chrysale parcela et ridiculise celles Je consens qu'une ; exagérations du mari étant des exagérations et ridicuHse qu'il les femme Oui, Molière veut bien ait de Philaminte ? des clartés de tout. qu'une femme s'instruise, à LE MOLIERISTE que ces ;ondition toutefois :heront pas Il le me femme de la qu'il dit Qu'une femme en Mais^ à quoi bon [Chrysale "éussi ; de tout clartés » n'empê- bien tenir son ménage. de démontrer que Chrysale lui-même serait facile pense pas ce « 277 ? ne sont pas J'ai quand sait il prétend toujours assez, etc. voulu prouver que celles de Molière ; les je crois idées de y avoir cela suffit. BLONDET. Cet \ois, article répond en partie à M"'' Marie Châteaumi- qui a publié une étude sur V Education des feînmes au XVII^ siècle et itléraire du 5 ^"® de Scudery, dans la Revue politique août dernier. G. M. et BIBLIOGRAPHIE Lz Bibliographie Moliéresque^ n° ^j6, turques traductions trois ancien ambassadeur en France 2oé-8, a indiqué p. Ahmed Véfyk par du Mariage : Médecin malgré lui et de George Dandin, curieuse notice que née dans la M. Barbier de 5 novembre 1882, Asie-Mineure^ parlant des il du forcé, réimprimé et Meynard en avait la don- Revue critique (XV, 1874, p. 73.) Le docteur G. Daremberg, dans un Débats du Efendi, article : Une complète ces premières distractions continue ainsi intitulé : « que Et puis le il des d'eaux en indications. En y peut trouver, touriste le soir du Journal ville pourra aller au théâ- « tre, fondé par le Bienfaiteur de la ville de Brousse, S. Ex. (( Ahmed « Il Véfik Pacha, qui parle le français à merveille. a traduit en turc toutes les pièces de Molière et les « fait représenter sur le théâtre de Brousse. Même quand on amusant de voir M. Jour- « n'entend pas « dain au milieu de vrais Ottomans, ou d'entendre débi- « ter le le turc, il est sonnet d'Oronte dans la langue du Coran. » Ainsi tout Molière est traduit en turc. Mais, d'après Barbier de Meynard, le traducteur l'arrange à serait bien curieux d'avoir la traduction au moins de ces imitations voir en France un ; elle la Il de quelques-unes ne manquerait pas vrai succès de curiosité. Anatole de M. turque. MONTAIGLON. d'a- LE MOUERISTE 279 La maison mortuaire de Molière d'imprimer puis si le donc en parler plus Au premier seur du livre on 478 pages est un peu petit texte Ion, Ed. Fournier, Soulié et Jal surpris de la gros- compact sur Les 400 autres appendice non mentionné sur de Richelieu^ Non, ? la seule B. Fil- dit Beffara, est le titre trom- ne répondant qu'aux 78 pre- peur ou plutôt incomplet, mières pages. l'édi- tôt. abord^ : de- Nous ne pouvions 4 novembre. le maison mortuaire, après ce qu'en ont la rue Achevé longtemps attendu, n'a été mis en vente par Lemerre que teur — (i). i" octobre dernier, ce beau volume, représentent couverture la curieux le Y Histoire de : maison par maison, depuis Louis XIII jusqu'à nos jours, résultat de patientes recherches qui ont permis à M. Auguste Vitu de multiplier détruire le moindre doute dans Cet appendice contient tête de la aux moliéristes : preuves la très les Comédie et de lecteur. de dix notices qui Nous publions en présente livraison celle qui concerne Nous n° 85 occupée par les Soyecourt. Vitu sur du l'esprit d'ailleurs plus Thistoire de Molière. se rattachent à les la maison signalerons encore ingénieuses observations de française (n°* 2 à 6) ; le M. surinten- dant général des bâtiments du Roi, M. de Ratabon (maison n° 10) Paume posée ; les Dionis^ dont l'un des Mestayers (n° 32) la fausse fut ; la propriétaire du Jeu-dc- maison Hulot où plaque de i844(n° 34); le reste musicien dan- seur Louis de Mollier et les peintres Corneille (n° 36); (i) In-8 imprimé par Unsinger, avec plans res à 25 fr.; 15 sur Japon : 50 fr. et dessins, soo exemplai- 280 LE MOLlèRISTE Marsy, sculpteurs du Roi, voisins de Molière les frères (n" 38); M. de Montmort (n" 48); Mignard cault (n° 21); P. de Feuquières (n"' 23 M. Gaboury S. Molière n° 37) M. Vitu ; et sa 23 bis) et ce La garde-meubles de (n° 39) ; la fontaine à page 174, cette note manuscrite la petit plan du fief Popin : de rouge indique l'emplacement partie entourée exact de la maison dont Baudelet, tailleur de la Reine, « était propriétaire « rut le « Fou- conseiller Pierre et Jeanne Levé (n° 104), etc., etc. cite, d'Edouard Fournier sur un tt les ; Donneau de Vizé et le Catherine, comtesse fille depuis février 17 ans, quand Molière y mou- Cette maison, dédoublée en 1 5 1673. 1705, est aujourd'hui remplacée par celles qui portent « les n°* 38 et 40, et qui font face à la rue Villedot. » Cette qui n'est pas datée, remonte à près de dix note,, années. C'est en mai 1873 qu'Ed. Fournier la pour notre directeur G. Monval, qui organisait foyer de Ventadour, la salle le il la taire en y a dix Que fait ans, Ed. Fournier, qu'une erreur de titres lui. il que juste se convertissait La démarche élémen- un immeuble : laissé, a repris le travail là il l'a prendre de dire que^ où son conduit à bien, et son restera certainement attaché à n'esi 42, de propriété. La mort est venue M. Vitu prédécesseur l'avait nom n"* lui restait-il à faire ? de recherches sur connaissance des trop tôt pour une série de main d'Ed. Fournier^ dont métrage avait conduit d'abord au au n° 40. au que possède aujourd'hui M. Vitu. le petit carnet Donc, annotés de alors, musée-Molière du Jubilé bi-centenaire, et qui exposa sous vitrine toute livres spéciaux rédigea si la découverte. M. Vitu est Mais l'Améric . LE MOLIERISTE Vespuce de en a été la vraie 251 maison mortuaire, M. Ed. Fournier Christophe Colomb. le En fermant ce livre ne pouvons nous si consciencieux et d'un index alphabétique, l'absence nous exacte si défendre de formuler un regret sur guide indispensable dans un pareil arsenal de documents bourrés de dates et Que de noms. de richesses pour ainsi dire perdues, faute d'un inventaire, même sommaire ! Espérons que l'ém-inent érudit tiendra compte de notre légitime désir dans les ouvrages qu'il de paume les et des Mestayers, Jeu le maison des Pilhers des Hal- la MoHère, théâtres de les prépare sur qui doivent compléter et son intéressant musée d'archéologie moliéresque. — Brindeau. — M. G. d'Heylli vient de pubHer, brairie Tresse, une notice biographique sur sociétaire, retiré depuis Edouard Comédie début, 1854 Brindeau française, et il le 9 avait cependant le saluer de Valère {Tartuffe : nous pouvons d'un dernier adieu, grâce aux rôles ici et la Femmes savantes Tacteur de Musset fut surtout à son deuxième effectué 21 mai 1842, dans Clitandre des le Brindeau mars dernier. douze ans appartenu avait où décédé à la H- ancien cet VAvare), de Don Carlos (Don Juan), enfin d'Alceste (4 juillet 1852), qu'il rejoua à sa représentation de retraite (26 février 1859). La notice de M. d'HeyUi est précédée d'un beau portrait à l'eau-forte gravé par Lalauze. — Le 2^ Molière-Mol A.ND. édition des paraître. Œuvres — Les tomes FV complètes de Molière et V de la viennent de Les deux suivants ne tarderont pas à être rais en LE MOLIÊRISTE 282 vente ; il semble que de vitesse le frères Garnier veuillent les Leur tome IV comprend comme de Venise, 1661, ; le : texte italien des Gelosie Rodrigo de Cicognini, d'après l'édition fortiinalc del principe Navarre gagner Molière-Hachette. appendice Don Garde de de V Ecole des Fem- VEcole des Maris, les Fâcheux, mes suivie des Stances de Boileau et d'un extrait des Noudes pensions Liste velles nouvelles ; la somme 1000 de Le tome pour V de Remerciement au Roi et la et surtout ce Femmes du obtenu jusqu'ici — Querelle de l'Ecole la « du Peintre de l'Ecole des je » ne ment accompagné de Y Impromptu de la Amours Zélinde, rarissime Tanégyrique pourquoi sais ses l'hôtel de : gazetier Robinet, qui n'avait pas — honneurs les d'une réimpression. L'Impromptu de Versailles les est égale- compléments indispensables Coudé ^ la de Calotin, la Lettre sur lide, l'Ile ballet et comme au miUeu des Marquis, du théâtre et les affaires comédie. Enfin Festes de enchantée, est suivie : Vengeance des Guerre Comique. Le Mariage forcé y figure deux comme la s'ouvre par trois documents du plus haut in- l'histoire le Portrait le « le pour figure », Femmes. Critique de VEcole des térêt — livres; pour 1663, où comique sieur Molière, excellent poète Versailles la et fois, Princesse d'E- des Plaisirs de de l'intéressante relation attribuée à Marigny. Chaque pièce est accompagnée d'une gravure de ce pauvre Staal, qui vient de mourir un peu oublié. — Les comédiens italiens a la cour de France sous Charles IX, Henry III, Henry IV et Louis XIII. — Ce LE MOLIÈRISTE que M. Armand Baschet vient très intéressant ouvrage, de publier chez Pion documents que parce » tirés « d'après les lettres royales et autres des archives d'Italie, ne nous appartient prologue d'une Histoire qu'il est le précieux les Comédiens des Molière qui utilisera, en les italiens contemporains de plétant, 283 com- documents déjà publiés par notre Campardon. collaborateur E. Nous attendons impatiemment permettra de travaux de M. Armand parler — Paris sous cette qui nous suite_, développement des quelque avec Baschet. Louis XIV. — Nous ne pouvons passer sous silence ce beau volume in-4' publié par l'éditeur Laplace avec un goût et une conscience au-dessus de tout éloge, et dont le texte est de Paris sous Louis XIV, c'est plupart la à quelque C'est Saint-Eustache, d'où jean-Baptiste ; c'est la de Clermont, où ; c'est la de le Paris Mo- est de épisode sorti avec le plus loin, et, ; Louvre puis le Ici, une toujours fait ; le Palais petite erreur dit-il Royal de M. Maquet, à la page 85 ». Or : après le de collège Téil et l'Hôtel et la salle « vie. nom le Nesle, au pied de laquelle Bourbon, ce dernier bientôt démoli pour Petit-Bourbon, sa a épelé la langue de Plaute et de il Tour de à la colonnade (i) (i) il Sorbonne fondé son Illustre Théâtre Petit pour nous avec ses plans, ses vues, ses monuments, qui se rat- lière^ tachent pour rence M. Auguste Maquet. a du faire place de Mirame mauvais succès du lesTrécieuses et ïeCocu avaient de brillantes chambrées quand Molière fut subitement chassé de son théâtre par les démolisseurs au service de M. de Ratabon. LH MOLlèRISTE 284 OÙ Louis XIV établit définitivement la qui va bientôt devenir rois, illustrera sienne; la du mariage l'église ; le troupe de Monsieur Saint-Germain-l'Auxer- Val-de-Grâce, dont Molière dôme dans son beau poëme le Saint-Paul, où il à Mignard ; enterrera Madeleine Béjart, qui le pré- cède d'un an dans tombe. J'en passe, la et le Pont-Neuf où, tout enfant, Molière a flâné devant quelque parade tabarinique et bouquiné par tous les temps, et où le le Châtelet jeune directeur fut enfermé pour une dette de sa troupe. Feuilletons donc ce beau volume où tout nous parle de son temps, jusqu'aux frontispices, attributs, culs de lampe, chiffres et lettres ornées d'après Sébastien Leclerc, Lepautre,, monneau, Audran. C'est un très agréable parcourt encore utilement après de Paris à travers chapitre détaché. âges^ les A la fois Si- panorama qu'on magnifique publication la dont ce comme un est livre document sérieux et fort beau volume d'étrennes. — Nous signalons aux lumes in-8°, Louis Perrin, imprimé par et publié un texte étabH par par M. latine à la Faculté des critique moliéristes bibliophiles, c'est-à-dire un magnifique à tous nos lecteurs, le E. Benoist, lettres en deux vo- maître-imprimeur de Lyon, la librairie et explicatif, rédigé Hachette. de Paris, par le Il contient professeur de poésie un commentaire même savant, et une M. Eugène Rostand. traduction en vers de L'Académie Catulle, française décernait l'an dernier à ce double travail le prix Jules Janin. Nous n'avons pas à faire l'éM. Benoist est, à cette loge du texte et du commentaire : LE MOLIÉRISTE 285 heure, de tous nos éditeurs de textes latins, celui dont l'Eu- rope plus de cas; son Virgile est fait le élevé à la gloire tand çst à vie avec du grand la fois poète., une œuvre effort trop visible parfois aux dépens et de l'élégance. caractère, romain, égale beaux types de un L'exécution matérielle vrai bijou la typographique; bandeaux, d'imprimerie culs-de-lampe, de Louis Perrin, unissent à un plus originale Molière aimait crèce, ses vif sentiment de l'antiquité. et lisait deux poètes nous signalons Catulle, comme Horace latins favoris. C'est à ce l'édition de MM. lecteurs connaissent la scène si moderne fantaisie la Rostand curieux passage de Lucrèce est que Nos textuellement traduit, du De Naturâ rerum, à jamais regrettable, et anéantie par le feu. gratiis eram tibi L'ode char- (2), imitée de nos jours par Alfred de Musset, se trouve déjà dans Amants magnifiques (3). Catulle est aussi représenté (i) Acte (2) Livre (3) Troisième intermède, II, la Lu- et titre et Benoist. le du ^Misanthrope, (i) où un seul reste d'une traduction complète mante d'Horace, Donec ; lettres ornées, etc., dessinés exprès pour cette publication par fils le perfection des plus lyonnaise célèbre école la fleurons, vignettes, fidèle et ori- on ne peut guère y reprendre une exactitude poursuivie ; fait les de conscience, sui- d'art et des deux volumes en italique et monument vrai amour pendant de longues années, ginale, patiente et inspirée qu'un un La traduction de M. Ros- les dans scène IV. III, ode IX. Dépit amoureux. C'est le germe des char- mantes scènes du Dépit amoureux (dont Molière reprend, comme on 1^ voit, le titre pour son imitation), d Tartuffe et du 'Bourgeois gentilhomme 286 LE MOLIÉRISTE l'œuvre du grand Comique, sinon par des traductions spé- du moins par d'incontestables ciales, verront avec plaisir liéristes beau le imitations. Les mo- travail qui rajeunit, avec tant de science et de goût, l'œuvre complète de l'amant de Lesbie. — Nous extrayons du Livre du lo novembre dernier cette étoiinante annonce, dont nous laissons la responsabilité à Tauteur de Collet « Sous avait l'article un quelques affiches de théâtre, M. Ch. et qui, Restauration, en la 1824, Saint-Omer, à il y directeur, pufôste assurément des plus distingués pour l'époque, aurait pu servir de modèle à tous ses confrères. avoir De : : les fait Un soir, s'avança vers la rampe saluts réglementaires, trois improvisa d'une voix Messieurs, il émue mesdames et la petite notre et, après homme allocution suivante : mesdemoiselles, Des engagements d'honneur m'obligent à porter, dans quelques jours, sur d'autres rivages, ma troupe et mes pas. Mais, avant de partir, j'aurai l'honneur d'offrir à la belle ville de Saint-Omer une représentation extraordinaire composée de : LES ILLUSIONS DE ou Le Serpent réchauffé dans comédie en 5 actes, et MADAME PERNELLE le sein d'une honnête famille, en fort beaux vers de feu Poquelin Molière. Et Tartuffe fut joué quelques jours après ! — Au moment de mettre sous presse, nous recevons prospectus d'une édition monumentale ^,des Œuvres de Molière, avec illustrations de Jacques Léman et notices par A. de Montaiglon, entreprise par l'éditeur J. Lemonnier, 53 bis, Quai des Grands-Augustins, et dont nous parlerons dans notre prochaine livraison. le DU MONCEAU. 1, BULLETIN THÉÂTRAL — Samedi Comédie Française. mercredi et dimanche 8, 1 dimanche 26 novembre: Truffier, 28 octobre, vendredi 2 (matinée), mercredi le Mariage Martel, Leloir, Davrigny, forcée 1 5 , 3, mardi 2 (MM. JoHet, Paul Reney, Villain, MasquiUier,M"''Fayolle). — Jeudi TartuffeÇM. Dupont). — Mardi 28, Misanthrope (M. Delaunay, M"^ Tholer). Odéon. — Dimanche 29 octobre, matinée populaire, — Lundi Dépit amoureux 23, le le Sicilien: \q soir, le Sicilien. (MM, 30, \q Amaur}'^ Kéraval, Peutat, P. Achard, M"-' Real M. Pinson). — Du lundi 20, soirée populaire l'Avare et le Médecin : médecin, de MM. — le — -Dieudonné-Favart plet. Samedi 4 novembre, — Vendredi les : Salle la 17 novembre, troupe française Coque- Précieuses Ridicules (Coquelin, comble. Colonie française au com- L'Archiduc Guillaume. Couronnes de lauriers^ couleurs françaises et autrichiennes, offertes par nenthal et M"^ les (M. Coquelin aîné). I" soirée des représentations de M"^ Alice Lody). 10 novembre, V Amour F. Poise et Charles Monselet. Carl-Theater de Vienne. lin lui. Dépit anwureux. Vendredi Théâtre de Bordeaux. Précieuses ridicules 10, et — Lundi — malgré 19, le Dépit amoureux. Mardi 21 au dimanche 26, OpÉRA-coMiauE. novembre au vendredi 6 du mardi 14 au dimanche et Janish, du Burgtheater. — aux M. Son- Dimanche 288 LE MOLIÈRISTE le 19, • (M. Tartuffe Coquelin joue M""' Favart, Elmire; Barrai, ; Lambert, Géante; M"® Lody, Marianne) (M. Coquelin, Pancrace). forcé Ridicules. M. Coquelin principal; rôle le Orgon; Dieudonné, Valère A. — Lundi Lody sont et M"'^ et Mariage le 20, les Précieuses l'objet d'une vé- ritable ovation. Kotre correspondant viennois, M. mann, nous adresse une dans laquelle il de la le D'' lettre pleine Alfred Pried- de détails curieux_, résume l'opinion des principaux organes sur l'interprétation du personnage de presse locale Tartuffe, qui venait précisément d'être joué à la par Levinsky, faite ; n'a pas fait mieux. Tartuffe, riage forcé : « fait En résumé, Coquelin « Le Wiener Abendpost, diable on reconnaît trop vite. peu aimable, on ne séduit pas. avoue que et l'artiste « bonhomme de la clut y> le » Tartufïe de » par ces mots caractéristiques ! » — Le M. Coquelin, que l'exécution plastique — : dit la est sur ; et la quand Tagblatt comique — V Extrablatt troiwQ conception du comédien. son Molière et sincère a réussi à fondre l'élément l'élémentsérieuxdurôle. post déclare On « trop Morgen- n'est pas à la hauteur M. Friedmann conTout Vienne relit « » Imprimerie de Pons Ma- on ne prend pas ce roulement d'yeux pour un regard ouvert est si pas eu, n'a s'annonce trop rudement, le ses gardes devant de pareilles dents; on n'est de son mieux, mais qu'il succès complet des Précieuses et du le » d'être on a trouvé que «Levinsky joue autrement, mais pas battu », et que Coquelin « dans Burg (( La comparaison ne pouvait manquer MONDORGE. (Charente-Inférieure). — Noël Texier. QUATRIÈME ANNÉE NUMÉRO 46 JANVIER 1883 LE MOLIÉRISTE %EVUE MENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. Campardon, MM Claretie, F. Coppée, V. Fournel, J. : J. Guillemot, A. Houssaye, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Livet, J. L01SELEUR L. , Nuitter Moland Ch. Monselet, E. , Noël, Picot L. de la Pijardière, F.- P. Régnier, Ch. de la Rounat, F. Sarcey, Dr H. Schweitzer, Ed. Thierry, E. Thoinan, A. Vitu, etc. Ch. , E. , par Georges M ON VAL ARCHIVISTE DE LA COMEDIE FRANÇAISE PARIS LIBRAIRIE TRESSE 10, GALERIE DU THEATRE FRANÇAIS, lO 1883 SOMMAIRE DU NUMERO XLVl QUATRIÈME ANNÉE - RÉPONSE AUX Q.UESTIONS D'UN PROVINCIAL. Bibliophile Jacob. BANaUET-MOLIÈRE. TROIS PIÈCES INÉDITES CONCERNANT LA FAMILLE DE MOLIÈRE. —G.Depping. CURIOSITÉS LITTÉRAIRES. Molière inconnu. - A. Buisson. BIBLIOGRAPHIE. — Du Monceau. BULLETIN THÉÂTRAL. — Mondorge. — LE PRIX D ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN POUR TOUTE LA FRANCE UN NUMÉRO On s'abonne français, 2, place tions, : — ÉTRANGER, I J FRANCS. UN FRANC 50 CENT. à la librairie Tresse, io, Galerie du Théâtre ou par mandat sur la poste adressé à M. G. Monval, de Vintimille, auquel demandes lettre affranchie. et les manuscrits, communica- réclamations devront être envoyés par RÉPONSE AUX QUESTIONS D'UN PROVINCIAL. C'est sous ce titre que Bayle a rassemblé dans (%ptîerdam, ^nier Leers, 1704, diverses lettres qu'il avait écrites 5 un livre vol. in-12), V Abrégé de en réponse aux critiques qui lui furent adressées au sujet de son grand Dictionnaire historique et critique. Je donnerai ce même ponse, très abrégée et très sommaire, plus ou moins hypothétiques qui m'ont d'érudition, au sujet de téraire de l'abbé Je réponds à Un tes » et par un d'histoire la querelle et lit- et Molière. lui-même : qui m'est resté absolument inconnu ; l'aise forces, contre thèses repM'i opinion sur Cotin avec Boileau donc bien à mes mon un anonyme, qui Provincial je suis aux observations été faites, ennemi de l'hypothèse en matière terrible « titre à cette ré- s'est intitulé pour protester d'abord, de tou- une habitude, un parti pris d'hypo- et/a%^«to, qu'on prétend avoir découvertes dans tout ce que j'ai écrit relativement à Molière. Onmeper- LE MOLIERISTE 292 me mettra de d'une accusation aussi mal fondée: Justifier témoi- l'hypothèse, de la part d'un ignorant, n'est qu'un gnage plus homme affirmatif de son ignorance de ; qui a bien étudié son sujet et qui d'un part la possède à fond, le l'hypothèse est toujours un pas en avant dans la théorie de la probabilité. même à Une hypothèse à priori est sans valeur, lors fortiori s'appuie sur des faits acquis. J'ai donc pu « Il est a présumer que Cotin lière ; une hypothèse et ressort de documents qu'elle n'est pas fausse et ridicule dire avec toute apparence de raison la même assurance, en sur ductions, les me mêmes n'ont jamais été imprimés crit dans rait en les bibliothèques faire encore, avec dirais le fondant sur il mêmes les n'en existe pas de pubHques le ; in- sermons Ces raisonnements. ; la société manus- hasard seul pour- découvrir quelques citations dans un ouvrage nous savons combien contemporain, mais rancunier, vindicatif, irascible quand un satyrique rie ménagé Mo- n'avait pas dans un des sermons qui attiraient en foule précieuse et les gens de cour. » Je : s'en prenait à Boileau ayant osé dire, dans sa était n'entendait pas raille- il ; Cotin un prédicateur, satyre IV, que et Raison la ressemble à un pédant Qui toujours nous gourmande, Souvent, comme et loin dé nous toucher, temps à prêcher, Joly, perd son Cotin s'écrie avec indignation dans des Satyres « Ne la Critique désintéressée du temps: diroit on pas parle de l'orateur qu'il parle chrétien de Jodelet (Joly) ; il ? parle Cependant il du curé de Saint-Nicolas jadis, et maintenant évêque d'Agen ! » Co- LE MOLIERISTE tin n'était pas et ne iut pas évêque, mais du Roi, lorsque un le Satyrique osait Qu'aux sermons de Cassagne ment et qu'il dans fallait, la du ressenti- colère, haine de Cotin contre Boileau. la que Cotin, une N'est-il pas probable engagé dans fois une querelle implacable avec Boileau par ses amis, et conséquent avec Molière, dès l'année 1666, se de l'usage aumônier était il de l'abbé Cotin. et misérable origine de la de dire au large festin, être assis plus Telle fut 293 soit autorisé des prédicateurs qui conservaient en chaire toute leur personnalité, pour mettre ses auditeurs au cou- rant de guerre sa furieuse contre le Satyrique Ce ? fut vers cette époque qu'il quitta la prédication pour se re- mettre à rimer; car, ditRichelet (dans ses Particularités de la vie des auteurs français), sis Il au large à ses sermons « il vit qu'on revint cependant, et plus d'une fois, à dans diâérentes paroisses de Paris, leurs, qu'il ne « J'ay et le et extrêmement son fallait chaire, sans doute il la comme à son (dans Perrault mais je sermon puis vous ; c'estoit rue Sainte-Avoye, où auditoire. » il farceur impie Molière. des modernes), aux nouvelles cathoUques de remonta en Vipereaux, l'abbé Cotin, raconte des anciens asseurer que j'ay esté fort pressé tisfit lieu procédés batail- et ses le sieur des Des Préaux, oûy prescher son Parallèle donc tout pas ignorer à ses auditeurs sa lutte laissa contre deux mécréants, appelait Boileau prédications ses et l'on a de croire, connaissant son caractère il étoit toujours as- et qu'il se fatiguoit inutilement. » La dernière était vieux, peut-être fois il sa- qu'il âgé de 72 ans un motif bien impérieux pour ; lui faire L^ MOLIÉRISTE 294 oublier son grand âge, la faiblesse de sa voix et noncement prêcha encore au mois de mars 1672 de cette année-là, pour à la mon première Femmes les (i), et le soin de tirer de il 12 mars le savantes avaient jouées été au théâtre du Palais-Royal. Je fois Provincial cher son re- depuis plusieurs années; à la prédication laisse une là très bonne hypothèse. Je vais à présent essayer de démontrer du MoUériste cial ce et, Le me que moi aux hypothèses est aussi porté demandé de Provincial m'a lui rappeler les lui signaler allusion ait fait Femmes la n'ai 1672, dispute de savantes. Provincial m'a prié de iui citer une seule plainte de Cotin contre Molière? M. pondu pour moi très ges de la Satyre nommé de la E. de MoUère Marnicouche a déjà ré- gracieusement, en citant cinq passa- des manière Satyres, la dans lesquels Molière plus insultante pas arrêté sur l'injure faite à la ; femme ou mais il ne est s'est à la belle-sœur : A il seul des ? je sermons prêches en mars Trissotin et de Vadius, dans les et un à Jvlolière pendant qu'on représentait au Palais-Royal Le Provin- le semble^ moins excusable. sermons de Cotin qui pu que que ses vers a négligé empruntez d'extraire la Béjard applaudit, deux vers qui taxent MoUère d'impiété, en accusant Boileau d'être complice de l'auteur du Festin de Pierre (i) Voy. le : pvemiQr Alerciire galant, publié par de Vizé. LE MOLIÈRISTE O 295 docteur sans pareil ô protecteur des lois! Et sans qui la vertu se verroit aux abois. Il faut, comme à l'unique en piété sur terre, Inviter votre Muse au grand Festin de Pierre. aussi fais Je ! une réserve pour le fameux passage dans lequel Boileau remplace Colletet sans argent, crotté jusqu'à l'échiné, qui S'en va chercher son pain de cuisine en cuisine Son Turlupin Est-ce Molière : l'assiste... comme ? supposé Taschereau. l'a ce Boileau-Puymorin, le contrôleur des finances Edouard Fournier a voulu encore accoucher Turlupin, ici changé nous de la comme ? n'osons pas nom le en Frantaupin que Puymorin la Nous y n'est nombre des convives du par Chapelle au de dans offre matière à réfléchir. reviendrons. Disons seulement nommé Nous d'une hypothèse, mais que Cotin a Critique désintéressée, prouver. le Est- pas cabaret Croix de Fer, où trônait MoUère. Le Provincial nous apprend que prouvé que Cotin, Boileau-Puymorin. était brouillé » ami de On sait « n'est pas il du tout Gilles Boileau, fût ennemi avec Gilles Boileau, se rapprocha de qu'ils restèrent de que Boileau Despréaux, qui depuis réconciliés. Il lui, n'en fut pas de et même de Boileau-Puymorin, qui, en se brouillant avec son frère Despréaux, devint un des séides de Cotin dit Richelet dans sa notice, rart, Le Chapelain, Boileau Provincial insiste bien authentique des le furent Ses amis, d'Ablancourt, Con- : « contrôleur. » pour qu'on colères lui indique un de Mohère contre motif Cotin ? LE MOLIÊRISTE 296 Molière constamment était et fut comme un regarder cette inviolable amitié pour dire à Cotin son lière avait trop fait de goût et digner du succès qu'on tin. pourquoi, Voilà moqué meilleur ami de Boi- le une hypothèse bien aventurée que de leau. Est-ce faire en plein théâtre sa fièvre, et dans aux les du madrigal sur un pris l'un et l'autre dans En Mo- outre, de jugement pour ne pas s'in- faisait Poésies galantes Femmes plaisamment du Sonnet à si motif suffisant ? savantes, de Co- il s'est la princesse Uranie sur carrosse de couleur amarante, les Poésies galantes. Ce fut le coup de grâce. Cotin ne s'en releva pas. Le Provincial fait plus qu'une hypothèse, c'est-à-dire étrange confusion, en disant que Molière un auxiliaire contre nage » Il . une Cotin avait trouvé en (( contre les Précieuses^ et ne se souvient pas que Cotin Médes était le favori grandes, des véritables Précieuses, et qu'il n'avait rien à De là une interprétation tout à fait erronée de ce passage de la Mé- voir dans les Précieuses ridicules de nagerie, Molière. de Cotin (La Haye, Pierre du in-i2, page 30) achevée. On : « Bois, le m'a averty qu'après les Trétieuses, pédant coquet. Vivat ! que tout Paris doit y et petits, estre, parce mariez le on doit faux sçavant Les comédiens ont mis dans leur affiche qu'il fiiudra retenir des loges grands pet. Je pensois que toute la Ménagerie fût jouer, au Petit-Bourbon, Ménage hypercritique, et 1666^ et de bonne heure et que toute sorte de gens, non mariez, sont intéressez au Ménage. Voilà une vraye pointe de gens de théâtre » Où diantre le Provincial a-t-il vu que cette plaisanterie an! nonçât une sorte d'entente entre Cotin bon aussi de remarquer, en passant, que et la Molière ? Il est Ménagerie a été LE MOLIÉRISTE composée en 1660, puisque encore dans la salle de quitter vers le la 297 troupe de Molière jouait pour prendre possession de même année, en loin l'hypothèse, n'est point l'auteur de la Satyre que Cotin « cette du Palais-Royal. la salle Le Provincial pousse un peu bien concluant fut obligée du Petit-Bourbon, qu'elle mois de septembre de qui lui a été attribuée. » En effet, il n'a pas trouvé cette Satyre citée dans l'Histoire de l'Académie française, continuée par l'abbé d'Olivet, ni dans Moréri, édition 1759, où l'abbé Goujet ne Cotin, que la Critique parmi cite, les : me vous « Si à Cotin est fondée trouvez C'est reil à ici je suis que ; si, à suite de la bataille, les il Satyre la Ménagerie^ vous la dans quelque catalogue con- voudrais avoir à remplir un volume pa- n'est plus possible mon puisque Le ProM. Marnicou- bien forcé de rendre les armes. » l'un de ceux de la Réponse vincial, car rendre je de prouvez que l'attribution de la Satyre des Satyres temporain, de désintéressée sur les Satyres. vincial triomphe et s'écrie, en s'adressant à che définitive ouvrages aux questions d'un pro- de mettre en ligne de cher Provincial doit être forcé de armes, dix, vingt, trente citations dont quelques- unes sont fort longues. courtes, qui sont même, dans la Je me dernière édition de ses revue en partie ÇParis, Esprit Billiot, une note marginale à ces deux vers Et que sert à Cotin la donc aux plus bornerai les meilleures. Boileau, Boileau lui-mê- Œuvres qu'il 171 3, in- 12), ait a mis : raison qui lui crie : N'écris plus, guéris-toi d'une vaine furie. Voici la note : « Il avoit écrit contre moi et contre Mo^ LE MOLIÉRISTE 298 Hère : donna occasion ce qui seurs d'hypothèses tendre que la û( la critique sa Critique désintéressée^ tout teur; mais le de priori tenteront peut-être Fem- les » Les fai- faire en- que Cotin Satyre des Satyres n'est pas celle composée, puisqu'il avait à Molière de faire d'y tourner Cotin en ridicule. ines savantes et assez habilement dans en y glissant des corrections d'au- commentaire de Brossette, rédigé sous l'ins- piration de Boileau, caractérise et désigne bien la i'a/^re des Satyres, en disant que ce Boursault qui fut une copie manuscrite que sur comme Ecoutons Brossette, (L Fier et présomptueux souffrir Pour s'en venger, il fit chaire la Cotin ne libelle en prose, les satyres du temps, dans lequel intitulé : de faire entrer s'avisa encore, MoUère dans M. Despréaux. par de nouvelles Satyres suivantes railleries, ; la il il : publia lui imputoit des crimes malheureusement pour Celui-ci ne comme on la le Boileau, dans sa Satyre IX, dans les ruiner de la risée savantes, suite vengea que verra le lui, ne l'épargna s'en mais MoHère acheva de comédie des Femmes la chargeoit notre auteur cette dispute, et de Tricotin, qu'il changea dans sotin. » (Voyez désintéressée sur réputation, en l'immolant, sur le théâtre, à que, dans comme un Juvénal. Critique la des injures les plus grossières et pas plus que et s'en tint pas là un Il fût contesté. lui reprochoit lui il grand crime d'avoir imité Horace imaginaires. ne put Cotin étoit, : une mauvaise satyre contre M. dans laquelle Satyre des Satyres). il courir. fait Boileau lui-même c'était comme que son talent pour Despréaux, l'auteur avait si imprimer la fit sous le pubU- nom en celui de Tris- prit la peine de se LE MOLIÉRISTE défendre contre les 299 odieuses imputations de la Satyre des Satyres et de la Critique désintéressée ' Qui méprise Cotin n'estime point son Roi Et et selon Cotin, ni Dieu, ni n'a, ! ajoute cette petite note, dans la dernière édition il Œuvres (17 13) ses foi, ni loi : « de Cotin, dans un de ses écrits, m'ac- cusoit d'être criminel de lèze-majesté divine et humaine. » Nous regrettons de suspendre ici nos citations. Le Provincial constate enfin que la Satyre des d'une rareté insigne, puisqu'on ne est dans aucun catalogue, quoique la pâtissier le trouve Mignot en répandu quantité d'exemplaires, avec lesquels pait ses biscuits. Nous ne pensons pas que Satyres décrite il ait envelop- Bibliothèque la Nationale possède un exemplaire de cette édition princeps et subreptice imprimée nom à Paris, sans sans indication de lieu et sans date. On à notre grande Bibliothèque, sous le numéro manuscrit du temps, autres pièces contre pentier et le conserve, sous : Y, 5093, un contre Despréaux et niesme par Saint Pavin, Ouinault, Char- de Briancourt. le trouve cependant in- 12, qui contient la Satyre de Cotin Despréaux ; épigramine pour Cotin contre d'imprimeur, Mais la Bibliothèque de l'Arsenal n° 6916, B. L., Despréaux ou la Satyre des satyres, et la Critique désintéressée sur les satyres du temps, éditions originales, l'une de 12 pages et l'autre de 63 pa- ges in- 8, réunies dans une main du cueil : XVIP la même siècle couverture de parchemin; a écrit sur la garde de ce Critique des ouvrages de M. re- Boileau Despréaux, par le sieur Cotin. Enfin, on ne saurait mieux finir que par une hypo- LE MOLIÈRISTE 300 thèse : l'exemplaire de la Satyre des Satyres présente encore la trace salie d'une pliure^ qui semble annoncer que a servi d'enveloppe aux biscuits lifié du pâtissier la feuille Mignot, qua- d'empoisonneur dans les Satyres de Boileau. P.-L. JACOB, bibliophile. BANQUET-MOLIÈRE Nous rappelons à nos collaborateurs, à nos abonnés et à nos lecteurs, que le 3^ Banquet des Moliéristes aura lieu Dimanche 14 Janvier 1883, à sept heures et demie précise, chez Douix (café Corazza), galerie Montpensier, le au Palais-Royal, sous Nous prions les la présidence de retardataires leurs adhésions avant le 8 janvier. La M. Paul de nous cotisation est iixée à dix frams. faire Lacroix. parvenir TROIS PIÈCES INÉDITES CONCERNANT LA FAMILLE DE MOLIÈRE Les trois pièces qu'on va famille de notre grand lire, pièces qui concernent la Comique, sont tirées des papiers du Châtelet, conservés aux Archives nationales. Le principal magistrat Paris, qui, à l'époque à-dire sous le du Châtelet, après dont il dans ces pièces, c'est- — le magistrat principal du Châtelet, ainsi que nous l'avons déjà moire lu tiques prévôt de règne de Louis XIII, n'avait plus qu'une purement nominale, autorité s'agit le montré dans un mé- devant l'Académie des sciences morales (i), Lieutenant « était le civil, dont et poli- les fonctions répondaient assez exactement à celles de préfet de police de Paris. Jusqu'en 1667, c'est-à-dire jusqu'au Louis XrV établit moment où un Lieutenant-général de poHce, cette partie de l'administration de la capitale resta dans les attri- butions du Lieutenant seulement chargé de (i) civil. Mais cet la sécurité Quelques pièces inédites concernant langes, par Guill. Depping. — officier n'était des habitants; madame il de Sèvigné pas avait en- et les Cou- Paris, Alph. Picard, 1882, 32 pag. in-8. LE MOLlèRISTE 302 sont plus spécialement au- corc d'autres attributions qui jourd'hui du domaine de magistrature ordinaire, du la même ou ressort des juges de paix, tout simplement de que celui des officiers de l'état-civil, tels exemple. Ainsi, Lieutenant le civil par les notaires, avait à régler ce qui concernait les tutelles, les curatelles, les émancipations, les interdictions, etc., et, rents, — pouvant en cette qualité, qu'on appelait alors conseils de famille, se faire De du Châtelet. 1637 à il était assisté, » qui nous occupe, le Lieutenant le l'homme de sang, civil le las core il le servir promu à la Vicomte a Pré- et surnommé de remplir des fonclui sa mémoire reste endemandé comme une grâce au Roi de surnom de cruauté dont Louis XIII, sur période métier de justicier qui avait valu le pouvoir la la bourreau du cardinal de Richelieu. tions criminelles et d'exercer le avait de fameux Laffemas, qu'on obtenu ce poste quand, flétrie, pa- un des con- 1643, par conséquent pendant vôté de Paris fut « Il avait présidait les remplacer dans cette présidence par un des conseillers dont seillers il assemblées de : dans un emploi moins compromettant. les conseils de Richelieu, dignité de Lieutenant civil, Laffemas, en mars 1641, eut, comme on et, le l'avait » donc comme tel, verra plus loin, le contrat de vente d'une maison, ou plu- tôt d'une part de maison, appartenant aux enfants mineurs à homologuer de Jean Poquelin Jean Poquelin et était de défunte Marie Cressé, sa femme. leur tuteur naturel; qui réclamait cette homologation. d'ajouter que Jean Poquelin Quant aux deux autres aussi était-ce lui Nous n'avons pas est le père affaires, besoin de Molière. Laffemas n'y figure LE MOLIERISTE point : dans l'un 303 un des et l'autre cas, c'est Chàteletqui préside et qui décide, ici sur du conseillers une requête pré- sentée par Robert Pocquelin, marchand à Paris, là sur autre requête adressée par Louis Cressé, également une mar- chand à Paris, et beau-frère du père de Molière. Guillaume DEPPING. I. Archives pièce, dossier nationales, Y — 3907. Aux Archives, cette du 17 janvier 1639, a été rangée à tort dans du mois de septembre de cette même année. le Décision du Châtelet sur une requête présentée par Robert Pocquemarchand à Paris, créancier d'Etienne Poise (ou Poisé), également lin, marchand à Paris, mais tombé en ayant pris faillite, et bert Poquelin demandait qu'il fût, selon l'habitude, teur à l'absence, curateur contre lequel pût diriger il la fuite. nommé un Ro- cura- et intenter ses actions. Ce Robert Pocquelin, évidemment de pas mentionné dans e^ le livre 5Mr s«/<3m///g (Paris, Hachette, i863, forme ou sous une autre, presque tous Du Lundy Veu 17'' Janv"" la d'Eud. Soulié famille de Molière, n'est Recherches sur Molière où figurent, sous une membres de la famille. : in-8), les 1639, linformation de banqueroutte, Estienne Poise, marchant, faite cher^ le Dim'^'^ 19^ Dec. dern'', PocqueUn, marchand... de La requeste à fallit et absance de par le commiss'^ Le à la Va- requeste de Robert Paris, créancier dud. Poise, nous présentée par led. Pocquelin, ten- pante a ce quil nous pleult créer ung curateur pour labsence LE MOLIERISTE 304 dud. Poise, contre lequel puisse diriger et intenter ses il actions, Après que Chevallier Borsier, dem' rue des parr^ St-Nicolas-des-Champs, sest présenté Gravilliers, pour curateur à labsence dud. Poise, Ouy du Roy, sur ce le Procureur et de son consente- ment. Avons led. Chevallier receu et recevons curateur, en labsence dud. Poise, Contre lequel poura intenter led. touttes actions Pocquelin et autres, diriger et pouroit avoir contre quil led. Poise, Lequel Chevallier, a voUontairement charge, promis faire son debvoir en ment, faict et constitué son pris et accepté lad. et faict le ser- icelle, proc'' à leffect de lad. cura- M" Nicolas de La Place, proc"" aud. Chastelet, en la maison duquel, size Rue Tysserandrye, il a esleu et eslit tion, son dom"" y revocquable (sic) pour y estre faict tous ex- ploictz et aultres actes concernans lad. curation, lesquelz entend vallider, personne, M'' et comme vray Daniel Ameline, Faict et ordonné (Signé) : silz estoient faictz à dom"% dont avons donné proc"" sa il propre Lettres à dud. Pocquehn. les jours, mois et an que dessus. ChevaUier, Chauvelin. n. Archiv. nat.,Y. 3908. — Le 16 janvier 1640. Convocation du Conseil de famille d'Agnès Asselin, tille émancipée LE MOLIERISTE d'^e, sous l'autorité de 305 son curateur aux causes (ij, Guillaume Cressé. La grand'mère de Molière Marie Cressé. une Marie Asselin, était et sa mère une Agnès Asselin avait été remboursée sur la succession Cressé d'une de i25o livres, dont son tuteur, Louis Cressé, marchand tapissier, bourgeois de Paris, demandait à être déchargé, afin de n'avoir plus à en payer l'intérêt. Ce Louis Cressé était le beau-frère du père de Molière, Jean Poquelin, qui avait épousé une Cressé (Marie Cressé); Jean Poquelin assistait à ce conseil de famille; il y exprime, comme on verra, son opinion, contraire à celle de Louis Cressé. Agnès Asselin fut plus tard religieuse Bénédictine à Montargis. (Ed. Soulié, Recherches, pag. 53 (2), igS. somme L^an mil Veu six cens quarante, le seiziesme Janvier, par nous, M^ Guilloys, conseiller du Roy en son Chastellet de Paris, la requeste présentée par Louis Cressé, marchand tapissier^ bourgeois de Paris, Expositifz qu'aiant rendu Marthe Cressé et compte à Guillaume Cressé, Jean Pocquelin, de l'exécution testamen- de defFunct Louis Cressé, leur père, par devant taire commissaire Gaigny, et _, le xxii décembre mil six le cens trente neuf, (i) Curateur aux causes, celui qui était nommé à l'effet d'assister le mineur dans tous les actes de procédure pouvant concerner ses intérêts. Les actes de procédure émanant du mineur devaient être signifiés à la requête de ce dernier, procédant a sous l'autorisation de son curateur aux causes, s Guyot, Répertoire de jurisprudence, V^ Cu- rateur. (2) vante Eudore Soulié : « A (pag. 53-54) a exprimé, ses derniers comme on sait, l'idée sui- moments, qui sait si Molière ne fut pas asde sa famille ou par des dames quêteuses ap- sisté par une religieuse partenant à l'un des couvents de Montargis, où s'étaient retirées ses parentes? Deux sœurs religieuses l'assistèrent, de celles qui viennent uêter pendant le carême à Paris. » 20. 3o6 LE MOLIÉRISTE Et par icelluy, auroient chargé ils icelluy suppliant de payer en lacquict de lad. succession à Agnès Asselin, fille émancipée d'aage^ soubz lauthoritté de Guillaume Cressé, son curateur aux causes, quante huict la somme de douze cens cin- dont livres, dix sept sols, dix deniers, icelle succession estoit debittrice envers icelle Asselin, a la closture du compte de tuition, qui luy a esté rendu laume Cressé, son curateur aux causes commissaire Gaigny, Et daultant que huict livres, lequel vingt deux somme lad. de douze cens cinquante somme, ou de la sur led. suppliant, descharger par est prest et offre led. Décembre 1639, court a intherests etc., désireroit sen faire il paiement quil celle le et à Guil- par (?)... moien du le présentement de moitié mettre entre les faire d'i- mains dun notable bourgeois qui s'en chargera, ou de la consigner au greffe. C'est pourquoy parens et amis de il a faict appeller par devant nous, les lad. Asselin, pour donner leur advis sur contenu cy dessus, lesquels sont comparus, scavoir le Led. Louis Cressé, tuteur ; Guillaume Cressé, marchant tapissier, paternel, et curateur aux causes de lad. Claude ris, Bastelart, oncle maternel : cousin germain | émancipée; marchant boucher, bourgeois de Pa; Jean Pocquelin, marchant tapissier à Paris, chambre ordinaire du Roy, cousin germain cause de deffuncte Marie Cressé, sa femme et vallet paternel, de à ; PhiUppes Lescacheux, marchant teincturier, bourgeois de Paris, cousin paternel ; LE MOLIERTSTE 307 Denis Turin [ou Surin], marchant cause de tapissier, à Geneviefve Le Flamant, sa femme; Charles Guichart, marchand apothicaire, bourgeois de cousin maternel, à cause d'Elizabeth Bastelard (i), Paris, sa femme; Ausquels avons led. serment, ont faict elict, faire serment...; lesquelz, scavoir après : Lesd. Guillaume Cressé et Claude Bastelart, quils sont que d'advis lesd, deniers demeurent encore mains dud, Louis Cressé qui en paiera adviseront trois lintherest, mois es pendant dune personne solvable lesquelz ses parties pour prendre, ou de pourvoir par mariage l'émanci- les pée, ayant deub led. Louis Cressé en donner advis plus ne tost quil faict à présent, Jean Pocquelin, Philippes Lescacheux Lesd. Thurin, et Denis dadvis que lesd. deniers demeurent quils sont entre les mains dud. Louis Cressé, jusques a ce que leman- cipée soit pourveue par mariage, en paiant lintherest au denier courrant, Et led. Charles Guichard, quil est de pareil advis, at- tendu quilna pas adverty Par led. Louis Cressé, son procureur, à les et a faulte d'en estre par chargé, greffe, ny en paier lesd. aucun de présentement paier parens ont deub convenir, eux convenu, de attendu faict. de M* Laurent Regnauld, est dit quil est prest personne solvable, dont dans huy au parens plus tost quil na assisté quil le consigner nen veut plus estre intherest. Et par lesd. parens susnommez, à lexception de Guil- fi) Il y a écrit : Ba/telard. LE MOLliRISTE 308 laume Cressè advis des et Jean Pocquelin, a esté ditqviils oont eu offres dud. Cressé que depuis deux ou trois que jours, et lesd. deniers du pete dud. Cressé pour ont esté cy devant mis es mains garder jusques alamajoritté les de lad. émancipée, ainsy quil du 12 juillet est porté par advis 1631, et qvils ne peuvent sy promptement ny trouver personne pour prendre adviser, de parens lesd. deniers à rente, nestant pas raisonnable de permettre cesser led. in- attendu terest, • le peu de biens qu'a lad. émancipée. Sur quoy, nous avons ausd. partyes donné lecture de dires leurs fait et remonstrances, et ordonné qu'il en seroit rapport au Conseil. Il est dit, par délibération du Conseil, que, dans quin- zaine, les parens de lad. mineure seront tenus convenir entre eux d'ung bourgeois solvable es mains duquel lad. somme de douze cens cinquante huict livres, dix sept sols, dix deniers sera mise, pour luy en faire proffict, a raison de l'ordonnance, jusques a ce quelle ayt atteinct laage de majorité, ou quelle soit occasion vallable pour pourveue en mariage, ou trouver faire Temploy de lad. somme, si- non elle soit tenu d'aucun intherest, et sera led. Cressé remboursé de ses es mains dud. Louis Cressé, sans quil frais. Signé R demeurera : R. Guillois. (?) le — Du Jour. — De Montrouge. Jeudyxix Janvier 1640. in. Archives Nat.y Y. 3909. Jean Poquelin, (père de Molière), tapissier et valet de chambre or. du Roi, tuteur des enfants mineurs de défunte Marie Cressé, dinaire 3O9 LE MOLIÈRISTE femme, demande au Châtelet l'homologation d 'un contrat de vente d'une maison ou plutôt d'une part de maison sise à St-Ouen, appartenant auxdits mineurs, comme héritiers des défunts Louis Cressé et Marie Asselin. Cette pièce a été signalée par Eud. Soulié, Recherches sur Molière^ page 142 (en note), mais l'auteur ne l'a pas reproduite, comme tant sa d'autres qu'il a publiées intégralement. L'an mil six Le Samedy conseiller tenant cens quarante-ung. Mars par devant nous, Isaac de Lafiemas, 9^ du Roy... privée maistre des requestes..., lieu- civil..., Est comparu M^ Charles Fremyn, procureur de Jean Pocquelin, tapissier et vallet de chambre ordinaire du Roy, enfans mineurs père et tuteur des de defiuncte Marie Cressé, Qui nous a dit héritiers de defFuncts ayeul et ayeulle, le village dans Louis Cressé et Marie Asselin, leur quart d'une maison et héritages seize au de Sainct-Ouyn, lad. comme que ausd. mineurs appartenoit et quelques meubles qui sont maison, laquelle estoit du tout neurs pour ne leur rapporter aucun mi- inutille ausd. proffict, au contraire une grande despence, C'est pourquoy, pour le bien et utiUité desd. il auroit vendu icelle, ensemble lesd. héritages et suivant l'advis des parans desd. mineurs aux prix, clauses et conditions qu'ont faict leurs à M= mesme le la somme de six comme pot de vin, par devant Moufle et du présent mois et an, (sic) co-héritiers, Laurent Regnault, procureur au Chastelet moyennant pour mineurs, meubles, de Paris, mil livres et quatre cens appert par contractz Le Vasseur, nottaires, les 5* liv. passez et 6= LE MOLlèRISTE 310 Auquel contract du 6* dud. mois, en requiert (ou il requéroit) l'homologation. A cet effect, auroit parans les M' Jean Richer le convoquer faict mineurs, desd. qui par-devant nous, seroient aussy oncle paternel ; cheux, cousin maternel Auquel Richer... pour lesd. mois Guillaume Pocque- femme; Louis Cressé Guillaume Cressé, oncles maternels dit dud. Marie Gamart, oncle paternel, à cause de feue Marie Pocquelin, sa et 6' : Nicolas Pocquelin, oncle paternel; lin, fondé procureur au Chastelet, jeune, de leur pouvoir, signé de leur main, dud. et an, assçavoir comparus par ; Phelippes Lesca- ; après... serment par luy faict.... constituans qu'ils sont d'advis de a Ihomo- logation dud. contract du 6^ jour de ce mois et payement y mentionné pour l'effect et jouir par led. Regnault de contenu aud. contract. (Suit la délibération conforme du conseil). Signé Un escu. : DE LAFFEMAS. (La mention du prix de de Lafïemas). l'acte est de l'écriture CURIOSITÉS LITTÉRAIRES MOLIÈRE INCONNU Le morceau qui mais il est fait l'objet de article n'est presque complètement ignoré. teurs de Molière ne intérêt de cet le publié; l'a siècle que de nos jours, un poète ne culièrement de théâtre, les travaux de S'il fugitives, toujours, sont dont la valeur, travail est fort délicat. trop soin ce que coup et se Il fallacieuses le Elle les souvent, L'éditeur incontestables. consciencieux a donc pour devoir de ! Sa répand en madrigaux, en sonnets, en épigrammes, en pièces hélas erre au-delà. de s'exercer. verve poétique trouve mille occasions l'intérêt, s'occupe parti- scène n'absorbent la Son génie pas complètement son esprit. dont des édi- d'en rechercher l'authenticité. se confine dans une étroite spéciaHté. s'éparpille, elle se Aucun n'est peut-être pas sans et reproduire Pas plus au grand il pas inédit, Son recueillir. faut qu'il se défie des séductions, de l'inédit, qu'il examine avec hasard met devant ses yeux, qu'il lise beau- montre quelque peu sceptique. Mais lorsqu'une pièce a résisté à ce rigoureux contrôle, et qu'il est claire- ment établi qu'elle est authentique, l'honneur de figurer à la suite et lui refuser de l'œuvre du maître Les savants éditeurs de Corneille Marty-Lavaux pourquoi et de Racine, } MM. Paul Mesnard, se sont toujours inspirés 312 LE MOLIÉRISTE de cette méthode. ont offert dans leurs belles éditions Ils l'hospitalité la plus large à ces pièces dans les lettres et ne s'en est dans les recueils plaint nullement. du temps. Le lecteur Quelques-unes sont char- mantes, pleines de délicatesse si et Corneille ont tant produit de grâce. Or, en dehors Molière théâtre, à plus forte raison a-t-il quatre vents de Paris les fleurs de sa Tous les morceaux conservés sans doute. main, légères disséminées muse et Racine, si côté du à dû semer aux primesautière. fugitifs qu'il produisit ainsi furent coururent d'abord de main en Ils s'égarèrent dans les gazettes et se perdirent dans les recueils. Or jusqu'à présent les dévots de se sont pas assez appliqués à les rassembler. MoHère ne Les éditions de notre poète ne contiennent pas ou contiennent peu de ces pièces détachées. En dehors bres, le Remerciement au Roy c'est à peine si les des deux morceaux célè- du Val de Grâce, et la Gloire plus complètes pubHent le Sonnet à Le Vayer et les Bouts rimé:^ commandés sur le Bel-Air. * * * Les vers qui nous occupent se trouvent pour mière fois imprimés dans un volume devenu la pre- très rare au- jourd'hui, mais assez répandu à la fin du dix-septième siècle. Paru chez Jean Ribou, il a pour Poésie Galante des plus célèbres lume se divise tispice gravé. nom de titre : Les Délices de Aulheurs de ce Temps. la Le vo- en deux tomes, ornés, chacun, d'un fron- Les stances sont signées en toutes MOLIERE. Les voici : lettres du (i) (i) M. Paul Lacroix les a signalées sous le n" 2i5 de sa Bibliographie moliéresque, 2° édition, p. 55, comme imprimées à la page 201 de la if« partie des Délices, édition de 1666, in-12. LE MOLIÈRISTE 313 STANCES GALANTES qu'Amour Souffrez cette nuit vous réveille Par mes soupirs, laissez-vous enflâmer Vous dormez Car, Ne c'est trop, adorable merveille, dormir que de ne point aimer. craignez rien Le mal ; : dans l'amoureux Empire, : n'est pas grand que l'on si Et lorsqu'on aime que et Son propre mal souvent le cœur le fait ; soupire le satisfait. Le mal d'aimer c'est de le vouloir taire ; Pour l'éviter, parlez en ma faveur, Amour le veut, n'en faites pas mystère, Mais vous tremblez, Peut-on souffrir et ce Dieu vous peur. fait une plus douce peine ? Peut-on subir une plus douce Loy ? Qu'estant des cœurs l'unique souveraine, Dessus le vostre, Amour agisse en Roy ? Rendez-vous donc, ô divine Amaranthe, Soumettez-vous aux volontés d'Amour, Aimez, pendant que vous êtes Car point de retour. le temps passe et n'a charmante. MOLIERE. Nous croyons que strophes sont rigoureusement ces authentiques. Et cette certitude s'imposera, croyons-nous, à l'esprit de nos lecteurs, s'ils veulent bien nous suivre dans cet examen. * * Et tout d'abord, on admettra sans doute que Galantes ne sont sont écrites dans nullement le goût indignes de du temps^ les les Stances Molière. Elles rimes en sont LE MOLIÉRISTE 314 riches. Elles sont jolies; elles ont de la grâce. Si elles ne sont point exemptes de quelque fadeur, c'est un reproche qui s'adresse au ton et à l'esprit du siècle bien plutôt qu'à lui-même. C'est un défaut dont Racine l'auteur ne se défendent neille dans les pas semblent issus de preuves. Mais Le volume, il en composés dans même la considérations, nous un le même style ne constituent pas des est d'autres qui sont décisives. que nous l'avons ainsi imprimé est dit, ordinaire de Mohère^ Claude Barbin celui de Racine. Désirant publier recueil de poésies galantes, Ribou Cor- veine poétique. Toutes ces savons, le chez Jean Ribou. C'était l'éditeur comme et Molière lui-même intermèdes de ses pièces et dans Mélicerle a intro- duit bien des vers qui sont et toujours; ait demandé à inconnu, désireux de est tout naturel il MoUère quelques fortifier vers. un volume contre rence du public, aurait pu se livrer au pour Jean Ribou, une telle hypothèse que Jean Un libraire l'indiffé- subterfuge; mais est inadmissible. Pourquoi recourir à l'apocryphe lorsqu'on peut avoir réel Ribou sidu; il entretenait avec MoHère n'avait qu'à lui exprimer immédiatement exaucé. Ces braire et poète signature de rait le ? le son commerce désir, qu'il fût relations incessantes entre bas de ces stances. pas le poids et l'autorité que quelques le lui pour li- expliquent justement la présence de la MoUère au donnent à un le plus as livre. Il demanda le sien à Ribou n'igno- noms illustres MoUère, qui ne refusa pas. Boileau, de son côté, était en rapports suivis avec Jean Ribou, comme avec MoUère. Lui, aussi, il voulut bien LE MOLlèRISTE 3 15 contribuer à enrichir ce recueil. L'ouvrage contient deux morceaux de Rapprochement lui. ceaux ont, tous deux, satire connue, de Molière. L'un trait à est la Boileau le féliciter l'auteur à de son succès et célèbre également esprit...; l'autre est l'ode par adressée Femmes, pour traits fameux 'Bjire et : mor- ces singulier, de VEcole des venger des le l'envie. Brossette va nous dire à quelle époque cette ode fut posée com- M. de Molière sur Y Ecole des Femmes, gens frondoient. M. Despréaux lui envoya Stances à « : que plusieurs ces vers le premier jour de l'année 1663 ». Or la première édition des Délices porte justement cette du 25 septembre. date de 1663. L'achevé d'imprimer est On peut présumer que Molière, sur bou, lui donna début de la — Si cueil. fameux les vers même la prière de Boileau septième la ; elle est la dre du temps. Elle fut faite en 1664. la trouvons dans la : Rare et L'on voit que était les quatrième dans l'or- » seconde édition des Dé- dont l'achevé d'imprimer porte Le morceau la satire Cette satyre n'a été com- « : posée qu'après 1664. le re- Brossette va nous donner encore les éléments d'un rapprochement instructif lices, au avait reçus année, et qui enrichirent ainsi nous passons maintenant à esprit, Or, nous qu'il de Jean Ri- la date du 12 juillet dates concordent parfaitement. donc dans toute la fleur de sa nouveauté, lorsque Jean Ribou Tengloba dans son recueil. Ce livre des Délices devait être une pubHcation connue. Plusieurs impressions en furent ainsi dire coup sur coup, en 1663, 66 se tenait, ainsi, au courant, à l'affût faites, et 67. et, Le très pour recueil des nouveautés de 3l6 LE MOLlèKISTE l'année, fine se colportait pas sousletnanteau. en règle, privilège En supposant bonne foi se vendait librement. il que, pour la première de ces éditions, la de Boileau eût été surprise, U réimpression tient aussi au grand jour et Lutrin, ni l'auteur Or, la en aurait au- qu'il seconde édition donc bien évident que est il : ? qu'on y eût im- et primé ses vers contre son gré, croit-on torisé Muni d'un de son aveu, et que du Tartufe n'a les con- cela se passait ni du l'auteur été trompé. * Les stances sont de Molière. Nous n'en pouvons douter. Quand furent-elles composées ? quelle occasion les fit naître ? à qui s'adressaient-elles ? Voilà qui est plus déli- Sur ce cat à déterminer. terrain, les inductions sont très hasardeuses, et ne peuvent aboutir, elles si aboutissent, qu'à des probabilités. L'édition de 1663 ne contient pas les l'édition première la de 1666 est seconde même valle Stances galantes; L'achevé d'imprimer de les publie. la du 25 septembre 1663 ;r achevé d''imprimer de est du 25 août 1665. probable que donc vraisemblable, Il est les vers furent composés dans l'inter- de ces deux dates. époque de Molière venait à cette grande faute Béjart. Il de sa vie venait lutte contre ses de : donner ennemis contracter son mariage l'Ecole avec des triomphant. Le Roi avait mis le en comble à la poète, en lui allouant une pension de mille crut, dit Grimarest, Femmes; Il avait été vive. que son bonheur plus la Armande était sa sorti fortune du livres : « Il seroit plus sensible. LE MOLIERISTE s'il le partageoit laquelle une avec une femme. » Cette femme, vers inclination fort vive redoutable l'en séparait Aussi mariage le et fort assidue la jeune du poète Il et elle lui attente. un obstacle le portait, présçnce de la mère. précédé d'une cour fort longue ne cessa que par asile le coup de chez des galanteries harmonie avec véritable- pendant cette longue sentiment des Stances sont en par- la disposition d'esprit du poète à ce n'est pas seulement Molière, n'est-ce pas sur- tout Molière amoureux qui est l'auteur de ces vers Au reste, du morceau. Au lecteur de juger avons réussi. Aucun vers n'est à dédaigner, de sa plume. M. Paul Mesnard achève en ce édition définitive si détail n'est indifférent, dès qu'il cerne Molière; aucun du grand Comique. Stances galantes méritent d lui ? peu importe. Nous voulions surtout démon- trer l'authenticité Molière de tête lui. que Molière, qui l'aimait sujet et le moment. Ce la qui vint un beau jour se jeter entre les bras chercher adressa Le : fut-il est vraisemblable ment^ faite fille ; 317 y trouver S'il s'il nous con- est sorti moment une croit que les place, les dévots de en sauront gré. Adolphe BRISSON. ' BIBLIOGRAPHIE MOLIÉRESaUE Le premier livre dédié a Molière. — L'excellent dont l'éloge n'est plus à faire, signale, dans sa livraison du 25 novembre dernier, un exemplaire petit in- 12 des Ecosscuses (veuve Oudot, Troyes, 1739), avec titre et deux frontispices imprimés en vert, qui porte, à la page 155, le paragraphe suivant: Pour moi, je ne sçai pas pourquoi on ne s'est pas encore avisé de songer à dédier des ouvrages à Monsieur h grand Molière Il me semble que, depuis qu'il est mort, il est bien un assez grand seigneur pour cela. Je voudrois donc qu'en considération de son mérite d'autrefois, les auteurs d'aujourd'hui lui fissent la dédicace de leurs pièIntermédiaire des chercheurs et des curieux, (i ces... », etc., etc. Et le D"" marque ce vœu date ? » By ajoute : « Dans un livre facétieux, cette re- ne le sont peut-être pas. Trouve-t-on ou mentionné quelque part avant cette et ce désir réalisé — M. Guillaume Guizot, professeur au Collège de France, qui consacre si heureusement une partie de sa vie au culte de Shakspeare, est aussi un moliériste fervent. Il veut bien nous signaler, comme conservé à la bibliothèque de Bagnols sur Cèze (Gard), un manuscrit de musique, « recueilli par Philidor l'aîné, ordinaire de la musique du Roi et garde de sa bibliothèque de musique, l'an 1708, » contenant L'ouverture de George Dandin (1668); de la Grotte (i6é8); du Ballet des !Kuses (1666); de Tourso: — — niac {sic) (1669); de V Impatiente letdes/(?MX Pithiens (1669). — — (1661); — et du hz\- LE MOLIERISTE — L'Artiste a publié, une de tête de sa livraison d'octobre, eau-forte de Gabriel Boutet belle article en 319 M. Aug. Baluffe, intitulé : le accompagnant un Portrait de Molière Bourdon. Pourquoi ce tableau, dès longtemps porté au catalogue du Musée de Montpellier comme Portrait d'un jeune Espagiwl, vient-il grossir la liste, déjà formidable, des images où l'on a cru reconnaître Molière ? Sur quelles conjectures s'appuie-t-on pour hasarder cette attribution tardive ? D'abord sur la présence simultanée de Molière et de Bourdon à Montpellier. M. Baluffe parle de « huit ou neuf années pendant lesquelles Molière aurait séjourné au moins une fois l'an dans cette ville ». Il y a là exagération de la moitié. Puis, sur ce que « la même idée est venue à plusieurs personnes à la fois. // avait l'air par Sébastieîi MoHère, d'être dit M. Baluffe, nous l'avons pris pour Cela n'est pas sérieux. On en viendra bientôt à Molière au bas de tous les portraits du temps à écrire longs cheveux et à fines moustaches. Tous peuvent répondre en quelque point au signalement, très vague et trop cité^ donné vers le milieu du XVIII^ siècle par M"^ Poisson, qui avait sept ans à la mort de Molière ! Pour nous, les portraits de Mignard resteront la source authentique. Le Sganarelle de Simonin et l'Arnolphe du Tableau des farceurs s'en rapprochent assez pour nous paraître acceptables. Le buste de Houdon,, transfiguration idéale, est désormais populaire. Tout le reste fait nombre, mais ne compte pas (i). tel. » : — L'abondance des matières nous force à remettre au prochain numéro la suite de la bibliographie, le Boursault de Laplace, le Molière de Jouaust, et les Amours de Gombaut et Macée, de MM. J.-J. Guiffrey, superbe livre qui vient de paraître chez Charavay. Du MONCEAU. le portrait. Quant aux erreurs de détail, nous deM. Baluffe où il a trouvé que Molière « avait nombre de rôles espagnols dans son répertoire » et qu' « il rapporta à Paris (i) Voilà pour manderons à une centaine de mille francs y»? Tout cela est bien légèrement avancé. BULLETIN THÉÂTRAL — Comédie-Française. Dimanche 26 novembre^ le Mariage FORcè (MM. Martel, Joliet, Villain, Truffier, Davrigny, P. Reney, Leloir; M"" FayoUe) et 199" représentation du Monde où l'on s'ennuie. Mardi 28, Che^ l'avocat, le Misanthrope (MM. Delaunày, Prud'hon, Boucher, JoBaillet, liet, P. Reney, Tronchet; M"'" E. Broisat, Dimanche 3 Amel, Tholer) et V Eté de la Saint-Martin. décembre, le Mariage forcé (dito) et le Marquis de VilDimanche 24, matinée L'Avare (MM. Thiron, lemer. Boucher, Martel, JoUet, Villain, Truffier, Le Bargy, Leloir, Tronchet ; M"" Reichembers, Barretta, P. Graiiger) • — — — : et le Testament de Odéon. César Girodot. — Lundi 4 décembre, soirée populaire à prix V Avare (MM. Clerh, Amaury, Rebel, Kéraval, Fréville; M'"* Raucourt^ etc.) et le Médecin malgré lui (MM. Porel, Clerh, P. Achard, Kéraval, Boudier, FréVendredi 8 et saville; M"""^^ Chéron et Chartier). Lundi 11, YEcole des Mamedi 9, le Dépit Amoureux. ris (MM. Noël Martin, Amaury, Kéraval ; M"" Hadaréduit : — mard, Chéron et — Nancy-Martel.) — Lundi 25 décembre, matinée Opéra-Comiciue. médecin, de MM. Poise et Ch. Monselet. : VA- mour Salle des Capucines. Dumas lière : — Conférences sur les prédécesseurs et les Samedi 25 novembre, Cyrano de M"'= Marie successeurs de 'Bergerac. Mo- — Samedi 23 décembre, Scarron, son Roman comique, son Théâtre. MONDORGE. Imprimerie de Pons. — Noël Texier. aUATRIÈME ANNÉE NUMERO 47 FÉVRIER 1883 LE MOLIÉRISTE %EFUE MENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. Campardon, J. MM Claretie, F. Coppée, V. Fournel, : J. Guillemot, A. HoussAYE, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Livet, Moland Ch. Monselet, E. Noël, L. de la Pijardière, F.- P. Régnier, Ch. de la Rounat, F. Sarcey, Dr H. Schweitzer, Ed. Thierry, E. Thoinan, A. Vitu, etc. J. Loiseleur Ch. L. , Nuitter , E. , Picot , PAR Georges MON VAL ARCHIVISTE DE LA COMEDIE FRANÇAISE PARIS LIBRAIRIE TRESSE 10, GALERIE DU THÉÂTRE FRANÇAIS, 10 1883 SOMMAIRE DU NUMÉRO XLVII QUATRIÈME ANNÉE VNArt/W LA GLOIRE DU VAL DE GRACE. — Ed. Thierry. MOLIÈRE ET LE MASQUE DE FER. — J. Loiseleur. BANaUET-MOLIÈRE. — Toast de M. Paul Lacroix. QUESTION DE CABINET. — Dr C.. II Mathanasius. BIBLIOGRAPHIE. — Du Monceau. ERRATUM IMPORTANT. — Ad. Brisson. ÉPHÉMÉRIDES MOLIÉRESQUES. — G. M. BULLETIN THÉÂTRAL. — Mondorcre. LE PRIX D ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN POUR TOUTE LA FRANCE — ÉTRANGER, UN NUMÉRO UN FRANC : On s'abonne I 3 FRANCS. 50 CENT. à la librairie Tresse, io, Galerie Français, ou par mandat sur la poste adressé à du Théâtre M. G. Monval, communica- 79, boulevard de Clichy, auquel les manuscrits, tions, demandes lettre affranchie. et réclamations devront être envoyés par LA GLOIRE DU VAL DE GRACE, TARTUFFE ET LA PAIX DE Au commencement L'ÉGLISE. de l'année 1669, Molière avait der- rière lui l'Avare, succès épuisé, devant lui^ espoir renais- de représenter Tartuffe, avec sant, l'autorisation sans remède à jouer entre les deux; Vizé ne comptait pas ; la grande levée définitive de l'interdit. mais la les Maux De pièce de affaire était Tartuffe et la Tout concourait à cet heu- reux dénoûment. Le temps en avait amené Theure. lière n'eût-il rien changé à sa comédie, entre le Mo- Tartuffe essayé aux Fêtes de Versailles et celui qui s'apprêtait à reparaître, • il y avait quatre ans de distance, autant différence; la pièce, qui en était à naître le 12 était maintenant une pièce ancienne. craindre veauté. le Lu, ou joué acte par Tartuffe était presque aussi L'apaisement tout. La Il scandale, qui est surtout s'était fait n'y avait plus à en un eff"et acte, couplet connu que autour de dire de mai 1664, de Il nou- par couplet, l'Ecole des lui. la Femmes. se faisait par- vivacité des dicussions s'éteignait jusque dans les hautes régions de la Evêques dissidents Théologie. La soumission des quatre réjouissait l'Eglise. Sans rapprocher au- LE MOLIERISTE ' 324 treraent des situations et des personnes mot de soumission — quement au schisme Molière et — on peut toujours que, dix-septième le mises en regard, sans prononcer du siècle n'aurait jamais côté de Molière ce que dire qui s'appliquait uni- n'était pas schismati- qu'un témoignage public de ses sentiments religieux ne pouvant manquer d'être bien- venu dans Molière cherchait sans doute la circonstance, l'occasion de la donner; l'occasion s'offrit d'elle-même, il dut la prendre d'autant plus volontiers qu'en il le faisant, mêlait à un acte de respect pour les choses saintes un acte de sincère amitié. Cet acte d'amitié de la Gloire et de piété à la fois, c'était le du Val de Grâce, pour lequel mis d'imprimer passant, que le le 5 il poëme obtint le per- décembre 1668. Et remarquons, en Roi signa même le jour le privilège des Plaideurs et celui de la Gloire du Val de Grâce. On sait Mignard de quelle vive se et durable prirent l'un pour affection Molière l'autre et dès leur première rencontre. C'était à Avignon. Rappelé en France après vingt-deux ans de séjour en bien le l'ordre Italie, Mignard mot?) à l'invitation du Roi, avait quitté le Romain, docile (est-ce de M. de Lionne, ou plutôt à Rome le 10 octobre 1657. On voyageait lentement alors, surtout quand on n'était pas désireux d'arriver. C'était apparemment le cas de Mignard^ qui obéissait sans enthousiasme. Il mit huit jours pour venir de mois pour las à aller Avignon, en Marseille. Rome à Marseille, un de Marseille embrasser son frère Nicos' arrêtant D'Avignon, il à Aix, après s'être arrêté à poussa une pointe sur Vaucluse, LE MOLltRISTE 325 revint se reposer auprès de son frère, eut l'esprit d'y ber malade et de s'y oublier, ou convalescent, ou tom- même entièrement remis, pendant un an, dit-on, mais un peu moins, je suppose. La troupe de Molière tournées au fond de la'province romaine Papes réunit un jour Alpes et le brillant une de ses l'antique ville des peintre célèbre des deux côtés des le comédien de campagne qui Lyon un de donner à ; faisait théâtre rival se vantait de l'hôtel de Bour- gogne. Aussi bien ce comédien de campagne, parisien venu de perdu Paris de vue. Paris, n'avait-il jamais Tandis que Mignard s'attardait de son mieux pour ne pas arriver à Fontainebleau^ MoHère^ ne pas rentrer plus plaignait de y remonter par les détours. des plus douloureux de fut loin D'Assoucy, qui en partagea ; de talent, une cuisine une belle personne, femme frères avaient de La était le pain, bonne chez compagnie à l'avenant. Madelaine ne contentait pas d'être ni le théâtre Toutefois, son exil n'était pas trouver amer. le les Béjart, et la impatient, se exilé vite à Paris, et s'essayait à de tète et c'était une femme Thonnête homme. Tout nomade ni la province. l'élégance et le plaisir dans Ses d'esprit. cela ne sentait C'était Paris, c'était une société charmante. De cette société, Molière, qui s'y trouvait bien, s'était fait Mohère y introduisit Mignard, famille. se une femme et les voilà liés une pour la vie. Lorsque Molière arriva pas joindre. partir avec Lyon le fit sa rentrée à comédien, les réunit il Lyon, si le peintre n'y ne tarda pas à l'y re- de nouveau, l'un déjà prêt à re- pour ne plus retourner sur ses pas, l'autre toujours LE MOLIÉRISTE 32é prêt à s'arrêter et s'arrêtant si bien de portrait en portrait, qu'une nouvelle dépêche de M. de Lionne vint dre. Il fiillut se séparer. Les deux amis durent rendez-vous à Paris. Pour Molière, date, que Mignard n'est pas bien certain semondonner beaucoup ha- c'était moins de ne pas prendre sarder, à le se cependant et il devança de beau- l'y coup. Mignard d'ailleurs fut tout de suite conduit à Fontainebleau, et Molière deux ans depuis était au établi Petit-Bourbon, lorsque Mignard vint demeurer, auprès de Scarron de Ninon de Lenclos, dans et rue des Tour- la nelles. Leur fortune rent presque du Tous deux avancè- s'éleva parallèlement. même pas, le veur du Roi, Mignard Reine-mère. Quand le du fils tapissier Romain dans la dans la fa- faveur de la la raison d'État, inspirant deux grands ministres, tourna tout d'un de Louis de Haro vers le coup vues de Mazarin les mariage de Louis XIV et avec l'In- d'Espagne, ce fut à Mignard qu'Anne d'Autriche fante demanda le portrait passer les Pyrénées devant ce portrait, lippe IV de son comme fait en le fils, le portrait qui Roi en personne, trois heures^ que être la fiancée d'un prince père et le et ce fut la fille apprit à se sentir heureuse d'avoir pour devait de Phi- été choisie armé jusque-là contre son gage d'une heureuse paix entre deux grands royaumes. Par une naturelle reconnaissance, dès que fut entrée dans sa nouvelle patrie, portrait de une telle la magie même main les traits elle la jeune Reine voulut avoir son qui lui avait présenté avec de son auguste époux: Mignard LE MOLIERISTE en était 327 au portrait de Marie-Thérèse lorsque Molière en était à l'Ecole des Maris. Plus tard, Molière en était au lendemain de VEcole Femmes Don Juan et à la veille de vant d'acquitter le vœu Anne : XIV qui avait donné Louis France, choisit Mignard pour peindre la des d'Autriche, ache coupole de la à la cha- du Val de Grâce. pelle Là-dessus, déchaînement des rivalités jalouses. commencé par dénier tout mérite à cet absent, si On avait mal venu, dont on ne voulait plus dans son pays; on avait cependant par reconnaître en le cepta défiant de la s'élever à refini valeur de ses portraits, mais un autre genre; Mignard ac- le défi. Romain de surnom, pour prouver qu'il tenta Pœuvre romaine, et entreprit l'était fait, il aussi de premier de le naturaliser la Fresque en France. La coupe du Val de Grâce, la coupole, disons-nous aujourd'hui, fut le vaste champ de cette fresque. Il y représenta la Trinité divine glorifiée dans la splendeur des Cieux par les chœurs des Anges, les Saints des deux Testaments, les Martyrs, les Pères de l'Église et toutes ordres religieux — travail ; sept cents figures, gigantesque ! — on et ce travail, les légions des les a comptées, Mignard l'exécuta en mois, avec l'aide de Dufresnoy, son ami, son com- six mensal, romain au même titre que lui, peintre et poète la- tin. Cette fresque avait reconquis d'où ris il ramena l'attendait immense menée son droit de sa jeune cité; à il bonne partit femme devenue mère une pénible surprise: il fin, Mignard pour Avignon, ; mais à Pa- y trouva Colbert LE MOLIÈRISTE 328 chargé de la nommé surintendance des bâtiments, et Lebrun premier peintre du Roi, par Tinfluence de Colbert, avec une direction générale sur tous les arts du dessin. n'accepta pas d'être en tutelle sous Lebrun cer à ce- que nous appelons les c'était ; commandes Je ne parle, bien entendu, de Mignard tient un de me orgueil qui ne la fierté d'Alceste renon- officielles. que par rapport à Molière. Je n'ai pas à décider entre lui et juger Mignard Lebrun, ni à déplaît pas, je l'avoue, qt qui me ce qui : toucherait davan- tage, ce serait de pouvoir m'expliquer les quatre ans qui la coupole la Gloire du Val séparent l'achèvement de pour le poëme de Si la célèbre coupole comment ne née, fut fit-elle devait faire plus tard ? et le privilège obtenu de Grâce. découverte aussitôt que termi- pas tout de suite le bruit qu'elle Si elle ans après avoir été achevée : ne fut découverte que quatre pour quelle raison, ou sous quel prétexte? Après avoir accordé, en 1662, à son couvent de prédilection le privilège d'être presque sépulture royale et cœur des souverains, de garder en dépôt le serait-elle sentie moins pressée de poursuivre son œuvre, par l'effet pas aussi consommée en 1666, Pour un motif ou pour un enlevé que vers la duisit fin du Val de Grâce entre autres n'ar- des travaux dont Colbert était bien plus Hbre d'ajourner la dépense pelle Reine-mère se de quelque crainte superstitieuse naturelle aux longues maladies, et sa mort, rêta-t-elle la de 1668. C'est alors que fut ouverte les Molière n'attendit pas ? autre, l'échafaudage ne fut aux curieux. la cha- On y con- ambassadeurs moscovites, sans doute que le mais pubHc y fût LE MOLIERISTE 329 admis pour publier ou du moins pour poème. tion de publier son devancer l'opinion pour principes de Il diriger, initier les esprits la sévère, avertir les l'art solliciter l'autorisa- voulait prévenir les cabales, aux yeux d'une nouveauté qui risquait de les surprendre, imposer l'admiration de la fresque et de « ses brusques fiertés ^ rer enfin le ministre d'aller éminent artiste, comme dit, il conju- généreusement au-devant d'un mauvais courtisan, si l'artiste, négligeait de gratter à sa porte. Voilà le poëme. Molière était préparé à l'écrire. Il avait eu un maître, son maître préféré, Lucrèce, et un modèle du peintre, plus voisin, l'Epitre de Dufresnoy sur dont confidence, et c'est aussi l'honneur avait reçu il la l'art de Mignard que ses entretiens avec ses deux amis soient devenus deux poèmes didactiques. Dans la Gloire Molière écrit. Il cédé de la peint même. Mignard l'a conquis au pro- Tempera, à ses hardiesses sans complaisance, à son improvisation non du Val-de-Grâce^ Mignard enseigne, sans retouche. Molière ne craint plus de brusquer le comme un agrément mouvement, inférieur — ni d'éviter le Molière fait pas charme, aussi sa fresque. En même temps, Saintes Filles. foi le dessine à son tour son groupe des peint avec une délicatesse respectueuse un hommage rendu à qui est de Il il cathoHque sous sa forme la religion, la une profession plus digne, étant la plus indirecte, la plus touchante et la plus poétique O noble tendresse [la tendresse de [la Reine -mère) briller pour vous cette auguste princesse, vous, dignes objets de Qu'a fait : la LE MOLIÈRISTE 330 Dont au grand Dieu naissant, au véritable Dieu, Le zèle iiiaf^nifiquc a consacré ce lieu, Purs esprits où du ciel sont les grâces infuses, 13caux temples des vertus, adorables récluses, Qui, dans voire retraite, asec tant de ferveur, Mêlez parfaitement la retraite du cœur. par un choix pieux hors du monde placées, Ne détachez de lui nulle de vos pensées. Qu'il vous est cher d'avoir sans cesse devant vous Ce tableau de l'objet de vos vœux les plus doux, D"y nourrir par vos yeux les précieuses flammes Dont si fidèlement brûlent vos belles âmes. D'y sentir redoubler l'ardeur de vos désirs, D'y donner à toute heure un encens de soupirs Et d'embrasser du cœur une image si belle Des célestes beautés de sa gloire éternelle, Beautés qui dans leurs fers tiennent vos libertés. Et vous tofit mépriser toutes autres beautés... Et, Après ce gage donné à l'orthodoxie, tombait objection qui s'élevât encore contre Tartuffe, C'était pour l' la seule la représentation de auteur-comédien sa signature du formulaire; personne ne pouvant plus suspecter ses intentions, Molière entrait personnellement dans cette » de l'Eglise Paix « comme que Louis quatorze regardait son N'ayant plus à sévir contre d'austères glorieux ouvrage. et intraitables vertus, le Roi avait moins de scrupule à pro- téger une comédie qui leur aurait fourni en d'autres temps d'amers sujets de plainte. Lui-même avait trop hautement signalé son zèle religieux moment que l'hypocrisie. pour n'être pas plus Il interdit qui désolait Molière. Grange posteur les écrivit sur ou trois cle, ni Tartuffe. perles son livre la date ;du 5 février, en grandes majuscules il 2 août allumées. : La L'Im- dessina de nouveau 1667. Point de cer- mi-parti noir et bleu, ni unicolore, cette cidément ces en ce leva tout d'un coup le long A Et, au-dessus, radiées du fort trois perles radiées figuraient les fois. Dé- chandelles LE MOLIÉRISTE 331 L'autorisation de jouer fut accordée à de veille l' improviste. La représentation, Robinet ignorait encore qu'elle la dût avoir lieu le lendemain. Il ne le sut que le jour même, par les affiches. Si l'on doute de Tinfluence — disons tinée de Tartuffe la fin religieux et le que purent avoir sur poëme de la Gloire la trêve dans la De 5 même démêlés le rapprochement du février avec les nouvelles suivantes, semaine par des- du Fal-de-Grâce, on n'en trouvera peut-être pas moins curieux spectacle du — des la la Ga:(eîte données : Le premier du courant, sur le soir, un courrier de Rome que le Nonce du Pape y avait envoyé extraordinairement, lequel en apporta deux brefs, Pun aux cvJques « arriva Paris, le q février 1669. ici d'Alet, de Pamiers, d'Angers et de Beauvais, et l'autre à l'archevêque de Sens et aux évêques de Chàlons et de Laon, qui avaient négocie, avec ledit Nonce, ce qui concernait l'affaire des quatre évêques. » Le 3, ledit Nonce eut, le matin, audience du Roi, en laquelle il présenta ces deux brefs à Sa Majesté, l'assurant que Sa Samteté, ayant été entièrement éclaircie de la conduite de ces quatre évêques, elle était demeurée pleinement satisfaite de leur soumission et de leur obéissance. Ensuite, il lui demanda la protection royale pour empêcher par son autorité que la paix tût désormais troublée, ce qu'elle lui promit avec un zèle digne du fils aîné de l'Eglise, l'ayant aussitôt déclaré aux prélats qui étaient présents à cette audience en assez bon nombre, et qui le remercièrent d'avoir procuré un si grand bien à l'Eglise. » Le 6, Leurs Majestés, avec lesquelles était Monsieur, allèrent entendre la messe au Val-de-Gràce, dont elles admirèrent l'architecture, et les peintures qui embellissent cet auguste monument de la piété de la Reine-Mère, la Reine y ayant traité les religieuses avec une magni- ficence singulière. » Nonce du Pape Ainsi, le tait le lundi; le donc pas jour où le MM. mardi, Tartujje parut sur même de l'Eglise LL. eut audience le 3 février. un dimanche. La troupe du Palais-Royal ne l'intervalle l'affiche. Il où il n'y eut d'une représentation entre Roi promit solennellement de et celui C'é- jouait pas le veiller sur la paix leva l'interdit qui arrêtait la pièce. n'assistèrent pas au spectacle du Palais-Royal, LE MOLIÈRISTE 332 ce qui est tout simple : qu'aux pièces à ma- elles n'allaient chines, les machines ne pouvant pas être déplacées le lendemain, admirer l'architecture allaient elles N'est-il pas vraisemblable, à la rigueur, que Louis qua- dessein après avoir bien voulu per- le fait mettre à Molière de En mais, et les du Val-de-Grâce. belles peintures torze en avait ; son poème lui lire ? 1664, l'arrivée en France du légat que l'on attendait à Fontainebleau ne fut pas terminèrent la du Tartuffe tation moindre des motifs qui dé- le donnée au Nonce. suivit l'audience N'oublions pas, médie devant le défense de Tartuffe; qw 1669, la représen- d'ailleurs, Nonce, et que Molière que le Nonce avait lu l'avait sa co- approuvée. Edouard THIERRY. — M. le D'W. Mangold nous écrit qu'il vient de décou- aux Archives royales de Berlin, quelques dates pré- vrir, cieuses pour l'histoire du Théâtre Français, dont une par- déjà imprimée depuis trois ans, et qui se trouvent tie est dans le geois, journal manuscrit d'un gentilhomme brandebour- envoyé à la cour de Louis XIV en 1663, 1664 i6éé. La plus importante de ces découvertes est de la et la date première représentation du Portrait du Peintre^ qui eu lieu non pas avant la MM. Despois (IH, 420) mais après, lui-même. comme l'a première de V Impromptu et dit Fournel M. (I, Bazin, ^ comme 241) l'ont prétendu, et, avant tous, Molière MOLIÈRE ET LE MASQUE DE FER Le Bibliothécaire de la ville d'Orléans à M. Georges Afonval, Archiviste de la Comédie-Française. Cher Monsieur, t vient de paraître à Bordeaux une brochure qui ne peut manquer d'attirer votre attention. EUea pour titre Le Secret dit masque defer, Etude sur les dernières années de J.-B. Poquelin de Molière {1664ijo3). L'auteur, qui se déguise sous le pseudonyme d'Ubalde, est un écrivain connu par une étude intéressante sur Clotilde de Surville et par de savants travaux sur l'harmonie et les théories musicales. Pour lui, toutes les explications qu'on a données du mystère de l'homme au masque de ter sont fausses et non avenues. Il me fait rhonneur d'emprunter, en les approuvant, les principales démonstrations que j'ai données de cette vérité dans un livre récemment publié chez Pion, sous ce titre Trois énigmes historiques. Il : : Mais il ne conclut pas, avec moi, qu'il y a une légende au fond de cette ténébreuse histoire, que le mystérieux prisonnier n'était qu'un détenu vulgaire sur la tète duquel l'imagination populaire, cette féconde et inconsciente créatrice, a concentré des faits propres à divers Pour lui, le captif n'est autre que Molière. Molière n'est point mort le 17 février 1673 après la quatrième représentation du Malade Imaginaire. Il fut seulement ce jour-là pris d'une syncope: les Tartuffes, ne pouvant le tuer, obtinrent du roi la permission de le faire disparaître. Voilà pourquoi, bien que censé mort le 17, il ne fut inhumé que le 21, pourquoi l'mhumation se ht la nuit, pourquoi l'acte de décès ne fut signé d'aucun témoin, pourquoi enfin toute la correspondance et les papiers de l'auteur de Hon Juan disparurent pour jamais, accaparés et détruits par les Jésuites. Après avoir supprim-i l'écrivain, on supprimasses écrits. captifs. dit l'auteur, M. Paul Lacroix et M. Jules Loiseleur, « Chose bizarre qui se sont occupés avec passion et on ne peut plus sérieusement de Molière, ont aussi chacun écrit un livre sur l'homme au masque de fer: et rien, absolument rien, ne les a mis sur la piste que nous venons de suivre; rien ne leur a crié: Mais c'est lui, c'est lui » I B ri » » ! Je l'avoue à ma honte, et mon illustre ami M. Paul Lacroix ne se refusera point sans doute, pour ce qui le concerne, à faire un semblable aveu : nous n'avons pas vu cela rien ne nous a crié c'est lui Nous sommes deux aveugles. Confessons notre infirmité et reconnaissons que Molière est mort à la Bastille en i7ol->, après avoir, pendant trente ans, porté le masque sous lequel les Jésuites avaient caché ses : abhorrés. Agréez, cher Monsieur, : traits , mes meilleurs compliments. Jules LOISELEUR. ! . LE BANQUET-MOLIÈRE Le dîner du 14 janvier 188^ a réuni le même nombre de convives que le déjeuner du 15 janvier 1882 vingt-six, dont voici les noms : : MM. Edouard Thierry, F. Coppée, Carie de Rash, Jules Guillemot, O. Uzanne, Ad. Brisson, Jouaust, Lalauze, Larroumet;, Thoinan, Garraud^ Silvain, Monval, Ed. Pasteur, Méliot, de Marthold, Th. Cart, Varat, Georges Herbert, Grosselin, Dubois de l'Etang, D'' Couturier, Ch, Marie, Harrison, Jeanvrin et Lévy. A huit heures précises, on avait « mis sur table )) MM. Halanzier, président de l'Association des artistes dramatiques, et Lhéritier, membre du Cçmité^, s'étaient excusés au dernier moment, ainsi que cher, A. de Montaiglon et Léman. MM. artistes^ M. Paul Lacroix, le F, Hillema- Martel, Saint-Germain, Truffier, Talien et d'autres qui jouaient à l'heure même de la réunion, ont exprimé leurs regrets de n'y pouvoir sider MM. banquet; M, Monval a indisposé, a mais donné il avait assister. dû renoncer à venir préenvoyé son toast, dont lecture au dessert : Messieurs, réunis, dans la même pensée, avec les mêmes nous voulons que Molière intentions, en formant les mêmes vœux soit, pour la France, ce que Dante est pour l'Italie, Shakespeare pour Nous nous sommes : TAngleterre, Cervantes pour TEspagne nous voulons que cet homme un sage moraliste, un excellent écrivain, un auteur dramatique de Tordre lé plus élevé, devienne, pour notre nous chère France, le plus illustre représentant du génie français voulons que chacun puisse dire, comme disait La Fontaine « Molière, ; célèbre, qui esta la fois ; : c'est mon homme ! » LE MOLIERISTE 335 La France n'a pas toujours été juste pour ses plus dignes enfants. XVIII« siècle, iVloIiù-re n'était pas ce qu'il est aujourd'hui on ne l'admirait qu'avec certaines restrictions; on critiquait les dénoûiuents de ses plus belles pièces on lui reprochait de^ négligences de style; on l'accusait d'avoir fait tomber la Comédie dans la Farce, et les co.médiens français avaient de la peine à maintenir ses chefs-d'œuvre au répertoire, en face de l'indifférence du public. Quant à _^son histoire particulière, on ne s'en occupait guère ; on ignorait même la date exacte de sa naissance; on ne cherchait pas à connaître, à découvrir les détails de sa vie au théâtre, à la cour, dans la société polie et lettrée. On se contentait de l'ouvrage, si insuffisant, si fautif, de Grimarest, au sujet duquel Boileau écrivait, dans une « Ce n'est pas un ouvrage qui mérite qu'on en lettre à Brossette » parle. Il est fait par un horhme qui ne savait rien de la vie de Au : ; : » » Molière, et que tout le se il trompe dans monde tout, ne sachant pas même les faits sait.» Notre tâche, la tâche des vrais admirateurs de Molière, a donc été de combattre, de détruire tous les préjugés, toutes les erreurs, toutes les injustices qui existaient à l'égard de sa personne et de ses ouvrages. Nous y sommes parvenus, avec le concours dévoué de la ComédieFrançaise, qui a remis en honneur l'admirable théâtre de son fondateur et qui lui a rendu, grâce à des talents d'interprétation incomparables, les applaudissements de la foule empressée et enthousiaste ; Molière, le grand Molière est désormais jugé, apprécié, admiré, comme ses œuvres immortelles sont considérées comme la plus il doit l'être haute expression de notre littérature nationale. Ce n'est pas tout la critique savante a levé presque tous les voiles qui couvraient la vie de : : l'homme, du poète, du comédien : tout le monde ici a nommé Befïa- ra, Taschereau, Eudore Soulié, Jal, Ed. Fournier, Ed. Thierry, Fournel, Moland, Campardon, Loiseleur, Claretie, Livet, Vitu et beaucoup d'autres dont les travaux intelligents et consciencieux nous ont restitué, en quelque sorte, le véritable Molière. Molière a déjà ses journaux, non-seulement notre cher MoUéristeen France, mais encore une ou deux revues allemandes; Molière a ses peintres, ses dessinateurs et ses graveurs, qui multiplient sans cesse sa noble image Molière a ses éditeurs et ses libraires, qui ne se lassent pas de réimprimer ses œuvres dans tous les formats et souvent avec un luxe que les amateurs réclament et encouragent; Molière a ses traducteurs et ses commentateurs dans toutes les langues de l'Europe; Molière, enfin, en ce moment même où nous célébrons en famille le 261» anniversaire de sa naissance, est applaudi peut-être dans vingt, dans cent théâtres, où l'on représente quelques-uns de ses chefs-d'œuvre, en mémoire de ce glorieux anniversaire. Molière n'aura donc jamais assez d'éditions de ses œuvres, jamais assez de représentations de ses comédies, jamais assez de portraits et de statues. C'est pourquoi je vous demande, Messieurs, ae porter un toast à la création prochaine d'un Musée Molière, d'une Bibliothèque molié; resque. Après ce petit M. Carie de Rash discours, a donné chaleureusement applaudi, lecture d'une lettre qu'il ve- nait de recevoir de M. Louis Ulbach et que nous publierons dans notre prochaine livraison. M. Georges Herbert a dit ensuite une pièce de vers : LE MOLIÈRISTE 336 V Enterrement de Molière^ que nous regrettons de ne pounon plus qu'une lettre du D"" Purgon, lue par M. C. de Rash. Mais on trouvera, en tête de cette livraison, le remarquable morceau dont M. Ed. Thierry a donné la primeur aux convives du banquet Molière, et qui complète si heureusement la série de ses études sur Tartuffe. Après le café, M. Silvain a dit avec talent la Tête, de Leconte deLisle, et la grande tirade de Don Louis; M. Monval a lu V Hommage à Molière qui termine les Papillotes, de MM. Valadc etTruffier. Puis tous deux ont joué la première scène du Misanthrope. M. Thierry a fait une très curieuse communication de deux passages ignorés ou très oubliés du Sorberiana, et MM. C, de Rash et G. Herbert ont prolongé la soirée jusqu'à minuit par la lecture ou la récitation de leurs poésies inédites. M. Saint-Germain, l'éminent comédien du Gymnase, nous avait envoyé ce couplet inédit des Dieux^ de Gusvoir reproduire, faute d'espace, tave Nadaud : Ecoutez la voix du génie Qui vient du lointain horizon Sa parole est une harmonie, Sa pensée est" une leçon. Pour Pour mort lui la : tresse le lierre, ans sont ralentis Et nous fêtons encor Molière Tous les Dieux ne sont pas partis P. -S. — lui les L'avant-veille, mensuel des Parisiens ; dans la ! même salle, pour cette des vers de de Paris s'était, le dîner fois, in- Dîner de Molière. On y a lu MM. L. et J. Christophe, que le défaut de place nous empêche de publier aujourd'hui. titulé : Duvauchel QUESTION DE CABINET Ne mes chers craignez rien, ô moliéristes, touché de près ou de loin à n'ai jamais confrères, je la politique; je ne commencerai pas aujourd'hui. La question que je veux n'en est pas moins traiter ici grave, au contraire. Elle s'est imposée aux meilleurs es- deux mondes depuis deux prits des été partagés : siècles, et les avis ont qui a raison? qui a tort? c'est ce que je me non pas compendieusement^ mais propose d'examiner, avec tous les développements qu'exige un qui a sujet déjà préoccupé plusieurs de nos collabprateurs (Voir le Moliériste, t. H, p. 246, 270, et IV, Alceste, parlant à a 155, 244) Oronte de son sonnet, Franchemeni, Les commentateurs il est bon se sont à : lui dit mettre au cabinet, : » emparés de ce dernier mot; des ruisseaux d'encre ont coulé, les volumes se sont entas- volumes pour prouver sés sur les importants 1° 2° 3° Que Que Que l'un de ces trois points : le cabinet était un meuble le cabinet était un retrait ; ; le cabinet était l'un et l'autre, et que Molière a cherché une équivoque. Nous n'admettons que repoussons les la deux autres, première interprétation et voici nos raisons : ; nous LE MOLIÈRISTE 338 Consultons d'abord les dictionnaires antérieurs à la date du Misanthrope. Le Dictionnaire français-latin d'Henri Estienne, en 1549, traduit cabinet par cistula, conclave, pinacotheca; %py, par cimeliarchium les cabinet du d'une femme, toutes ; « le cabinet sortes d'ornemens, ioyaulx et affiquets qu'elle ha pour s'accoustrer et attifer, miindiis ; cabinet en iardin, nubila- rium vel En suffugium imbris 1573, et solis. » le Dictionnaire français-latin de Nicot reproduit exactement Henri Estienne. En binet 1602, que le Nomcnclator octilinguis n'emploie pour traduire le mot le mot ca- grec-latin gynceceum, la stanza délie done... En 16 14, langues, le Tesoro de las très lenguas, thresor des trois tmàuk cabinet ^ar camerino, studiollo (sic) en italien; retrete, recamara, escatula, arquilla, guarda-joyas, reposteria, alcoba, en espagnol. Dans ces traductions, retrete, à cause de son sens actuel, pourrait laisser des doutes; en faisant une on contre-épreuve, voit retrete traduit par cabinet, garderobe, ou, en italien, studiollo, armariollo, En 16 18, le Dictionnaire françois-flamen traduit cabinet par lieu secret, een (.abinet du Roy, salvaroba. secreet, een heymelilcke plaetse, cabinet et ajoute : d'une femme, cabinet en jardin, avec des traductions conformes à celles d'Henri Estienne et de Nicot. Contre-épreuve: ^wae/, privé, retrait, basse bre, latrine; — le mot cabinet ne paraît pas parmi chamles sy- nonymes. En latine 1620, Y Abrégé du Tarallèle des Langues française du R. P. Monet traduit conclavium interius; puis cabinet par viennent : et conclave secretius, cabinet, réservoir du LE MOLIERISTE meuble et En meuble 624, 1 le Thésaurus vocum omnium. par scrigno, cistula 1637, augmenté par des femmes, cas- donne. le Parallèle... développer, le , cabinet. ripostio di scritture; le cabinet En 1636, En etc. .. Dictionnaire français-italien traduit cabinet le setta, cassettino délie sans cabinet de jardin. par pannier, cabinet, et latrina, mais non forica, par retrait, 1634, femme; d'appareil de A. Aubert, traduit En femme, ioyaulx plus riche et exquis; cabinet de le autre 339 etc., l'article du P. Monet reproduit, de l'Abrégé de 1620. Trésor des trois langues de Is Hierosme Victor reproduit l'édition de 161 8. En 1643, le Dictionnaire françois-flamen copie l'édition de iéi8. En 1644, le Thrésor des trois langues répète les éditions de 1614 et de 1637. Même date, le Dictionnaire français-italien répète aussi celui de 1634. En 1650, Cotgrave de cette date le binet ar casket far jewells, etc., also •wardrobe... etc.. Cabinet Si le mot claset paraissait correspondantes cabinet, ; a dit ca par En 1663, le retrait, Cabinet, a closet, little peu ca- chamber, ar d'Allemagne, cabinet du Roy... — voici les traductions clair, verducade ; closet, wall, with a hanging bottome, en français En ; : built oui of a trompe. Calepin de cette date traduit latrina ttfari- mais non par cabinet. 1671, le Dictionnaire françois-italien de Nath. traduit cabinet par cabinetto, studiolo-, Contre-épreuve : cessa est traduit cabinet Duez d'Allemagne. par privé, aisément, la LE MOLIERISTE 340 non garde-robe, mais cabinet; laterina par latrinCj privé, mais non cabinet. En 1673, Blondcl, publie une nouvelle édition chitecture, de Savot, qui avait paru pour française 1624, directeur de l'Académie royale d'ar- ^^ ^^ complète en y ajoutant des notes pièces en appendice chambres de V Architecture première la le : garde-robes; » le XV= chapitre traite « des chambres, garde-robes et anti-cabinets, XVI chapitre fois anti- et arrière consacré aux est en quelques et cabi- « nets et arrière-cabinets. » A du chap. XV, la fin p. on Ht 97^ robe n'est nécessaire que pour y cée, de sorte que sa capacité sera assez ne sera que de quatre pieds, où ces, il faut qu'il aux princes qu'au vulgum pas, n'ai-je même en deux catégories Le chapitre Nous de « une plus grande place pecns, bibliothèque, : livre les pauvres^ remèdes XVP n'a pas un mot qui rappelle les « aise- » voici en 1676. l'architecture, la Ouvrons le traité « sculpture, de la des Principes peinture, avec Dictionnaire des termes propres à chacun de ces que publié en 1673, peut le texte arts, un » cité, de Savot, bien laisser des doutes, parce que, sur point qui nous occupe^ ment un temps qui divise tous ses remèdes remèdes pour : » pour semblables usages ma par Félibien. L'ouvrage que nous avons le elle riches? les ments. grande quand ce n'est en celle des Prin- si quelque part dans de médecine du pour garde- une chaise per- besoin de plus grande place. » évident est Il est « l'arrière : retirer il reproduit peut-être simple- des éditions de 1624 ou de 1632; mais le LE MOLIÈRISTE de Félibien livre incontestablement postérieur est Nous y ans au Misanthrope. gruants à du Molière car verra, dit pas, si pu donner au vers de vécu nous semble il qu'il aurait protesté : Cabinet. Le mot de cabinet a plusieurs significations, il prend quelquefois pour une armoire h se papiers une fie on cabinet ; sens qu'on essaya de lui donner à partir de le avait « mot par ce qu'il ne [\Cisanlhrope ont 1685, et contre lequel s'il le comme par ce que dit Félibien les spectateurs de dix relèverons tous les mots con- matière, y compris la 34I ou d'autres serrer des sortes de hardes; d'autres fois petite pièce d'un il signi- appartement, qui peut servir à plu- sieurs usages. que l'on orne de l'on appelle cabinets les lieux » Ainsij tableaux^ et que Vitruve, liv. VI, chap. 5, appelle Tina- cothecœ. » Cabinet de conversation. C'est ce que Vitruve appelle exedra. ou » Cabinet, lieu retiré dans un jardin. » Cabinet d'estude. où » Cabinet, » l'on serre des papiers. commodité propre garde-robe le lieu B une Garde-robe. C'est chambre, ou cabinet de petite à serrer des meubles; où on nomme aussi est la chaise percée. Latrine, retrait, privé, forica, latrina. Vitruve. ou aisance. Latrina. » Privé, Jamais, on nonyme de le voit, le privé, de nyme, à comme dit Félibien, l'usage des mot retrait cabinet n'est pris ou d'aisément; délicats, que » comme le seul est 'garde-robe. se plaçait ce meuble C'est qui, sy- synolà, pour LE MOLIÈRISTE 342 les particuliers, s'appelait « chaise percée^ » et » chaise d'aâfaires (i) »: fondre avec la « chaise meuble de commodité dont articulé à l'usage des malades, et nait à volonté le Roi, dossier s'incli- A Ver- munies des usten- indispensables, mais pas pour tout le siles le de siège », sorte de crémaillères. l'aide avait plusieurs garde-robes, y sailles, il en arrière à pour ne faut pas con- qu'il monde ; car un des massifs du jardin, entouré d'une grille, porte encore le nom de carré .des demoiselles d'honneur. Enfin, pour revenir au cabinet, qu'on se rappelle l'amu- sante épigramme de La Monnoie; « saint Pacôme en son cabinet, » il ne nous montre pas mais Saint Pacôme'sur un privé. Nous nous sommes déjà avancé bien au-delà de la date à laquelle nous aurions pu nous arrêter. Revenons sur nos pas, et cherchons si, dans une époque antérieure, quelque poète n'a pas eu à rendre la comment nit il même s'en est tiré. Voici idée que Molière, et Maynard, qui nous four- deux exemples tellement caractéristiques, que nous nonçons à excellents de lière en chercher d'autres, et même à reproduire les commentaires de M. Paul Mesnard dans la collection re- des Grands Ecrivains, et de le Mo- M. Ludo- vic Lalanne dans la Correspondance littéraire (1859). Chambre [du Roy ] deux porte-chaises d'affaide gages payés sur les Menus, » c'està-dire sur la caisse des oMenus plaisirs ; on comprend pourquoi. Chacune de ces deux charges, en 178g, se vendait i5,ooo liv. en cas de y a encore à servans six mois la (i) a II res, transmission. ; 600 liv. LE MOLIERISTE Dans 343 premier, Maynard parle de ses poésies le : Les vers que mon esprit sublime dextrement lime et relime, Ont je ne sçay quoy de si net Qu'ils sont tout l'attente du Louvre, Et la Reyne veut qu'on leur ouvre La porte de son cabinet. Si (Manifeste). Maynard Reine, si du jugement favorable de serait-il aussi fier elle avait fait la ouvrir à ses vers la porte de son « privé » ? Dans le vais poète second exemple, Maynard s'adresse à un mau- : Rimeur à l'esprit de travers, Et qui n'a rien qui ne desplaise.... ... L'ouvrage le plus net Qui se lime en ton cabinet, N'est que pour la chaise percée. {Epigr. pour un mauvais poète). La d'où distinction est claire ; et la différence entre le lieu partent les vers et le lieu bien- établie : au cabinet, où ils vont se perdre est selon Maynard, sont destinés les vers de Maynard, à la chaise percée les vers de ses enne- mis. Au temps de Molière, la confusion n'était pas plus permise. Trois dictionnaires importants, avec grand préparés soin, ont été publiés après les ouvrages de Savot, revu par Blondel, et de Félibien; ce sont ceux de Richelet (1680), de Furetière (1685) Richelet copie mots à et de l'Académie (1694). peu près Félibien; de garde-robe, latrines, lieux, ne donne pour synonyme plus, ou privé (ahest cabinet. ni aux aisément), il LE MOLIERISTE 344 donne au mot Furetière, le premier, et seul, cabinet le sens de privé, que nous n'avons jamais trouvé ni avant ni après jusqu'en lui, 1719; et encore penser qu'il a voulu faire une espièglerie en citant, à pui de son interprétation, en a fait une jour où, le donne pour exemple hommes. des » : « le vers de Mais peut-on croire que l'Académie, qui admet effet, latrines et privé, robe, d'eux par cabinet y et comme les épier, il il les plus éclairez mot le Non l'ap- comme traduisant éclairer par ce sens, était de la langue usuelle? En Molière, Les Princes sont lui, permis de est-il cabinet, en certainement. mots aisément, garde- ne traduit aucun Richelet, ne donne à ce dernier mot que les diverses significations données par Félibien et Richelet. Cependant, en 17 19, Richelet qui chancetés Abé. de l'autel Il y surtout dans un a cette nouvelle édition du recueil alphabétique de on n'a pas voulu (i), (i) « vit est être en reste mé- de maUce sur des gens qui assurent que l'abé est un homme qui approche point ».... On dit un vertueux, un et n'en saint abé. Ces dernières qualités sont assez rares : ; mais celles-ci sont, par malheur, plus ordinaires: abé fénéant, mou, ignorant, délicat, voluptueux, galant, éveillé, gaillard, amoureux, etc.» » Abondance. Vin où il y a beaucoup d'eau. Tant qu'on boit de l'abondance, on ne se brûle pas le foie, et charitablement on doit croire que c'est dans cette vue que M. Gratien et autres gens qui tiennent pension font boire de l'abondance à leurs pensionnaires grands et petits. » Absurde. net est si Il signifie sot, ridicule, impertinent... fier et si Le S^ abé Maume- vain qu'il est absurde. » Académiste... Chaque académiste, lorsqu'il est un peu habile, a tôt ou tard 5 ou 6,000 livres de rente, tandis que le pauvre Amelot de La Houssaye ne gagne que des poux à faire traduction sur traduction. » Actionner. Ternie de Palais. François Hérard, de Vitry, est un co LE MOLIERISTE 345 Fureticre, et l'on a reproduit son explication du vers du Misanthrope, explication qui se retrouve ensuite dans Trévoux., mais dont nous n'avons à nous occuper que pour constater sa première apparition dix-neuf ans, et son ad- mission définitive plus de cinquante ans après la date du Misanthrope. Je ne sais, trouverez tre « mes ô moliéristes, louable chers confrères, matière dont » la je pour satisfaire vous m'occupe. Mais no- chère Revue vous offre bien d'autres régals la variété si ; il faut de des goûts différents; les savants en us, qui préfèrent des sujets plus graves, les excellents articles qui précèdent s'appuieront sur ou suivent celui-ci; peut-être cependant quelque tète à l'envers, en retrouvant ici un parfum de cabinet pas, ne nous blâmera-t-elle (sîudiolo), en ce temps de carnaval, de nous être rappelé fameuse maxime de Pierre Leroux: « à chacun selon la ses besoins! » D' Chrysostome Président-fondateur et n MATHANASIUS, membre unique de la Société des 'bibliophiles de Saint-Mathurin. quin que amis. » Bâti, l'avarice oblige mal Etc., etc. bâti... tous les jours d'actionner ses meilleurs Varillas est très mal bâti... » » BIBLIOGRAPHIE Les amours de Gombaut et de Macée. l'Histoire de la choisi cette phrase de Y Avare : — L'auteur de M. Jules Guiffrey, a « plus, une tenture de ta- Tapisserie française, des Amours de Gombaut et de Macée... » comme épigraphe de sa très complète étude sur une tapisserie française du musée de St-Lô, fort beau volume imprimé par Motteroz et illustré de 5 héUogravures hors texte et de pisserie 9 fac-similé d'estampes anciennes (i). Une « Amours de phrase de Molière, dit l'Avertissement y a valu aux Gombaut et de Macée une véritable célébrité... Il n'en a pas fallu davantage pour attirer l'attention sur l'histoire de ce roman champêtre et mettre en honneur une tapisserie oubliée depuis bien longtemps et bien intéressante cependant comme monument de la langue et des mœurs de notre pays. » M. expoGuiffrey a divisé son travail en trois parties prouvant la grande popularité du : sition et étude des faits pendant deux siècles au moins ; description des huit tableaux et reproduction des strophes inscrites sur chacun, avec les variantes ; examen des questions relatives à l'origine et à la date de cette poésie populaire. sujet Cette étude, du même plus haut intérêt pour les moliéristes, temps un livre de bibliophile. L'exécution beauté du papier, matérielle est à la hauteur de l'ouvrage choix des caractères, soins donnés au tirage, perfection des est en : fac-similé, tout est irréprochable, jusqu'aux têtes de pages (i) 1882. In-40 de 60 pages. Paris, Cli ara vay frères, 4, ruede Furstenberg LE MOLIERISTE et 347 aux culs-de-lampes, spécialement exécutés d'après des tapisseries du Total bon : XVIP siècle. et beau livre. — Encore une Œuvres complètes de Molière. édition de luxe Sept volumes chez L. Hébert, libraire, rue Perronnet, n° 7. Texte scrupuleusement revu et coUationné sur les originaux avec les variantes de 1682. Vie de Molière, par Voltaire. Annotations de Bret, Auger, Aimé Martin, etc. Portrait de Molière, d'après Chenavard, et 18 gravures sur Chine d'après H. Vernet, Desenne, A. Johannot et Hersent. ! RoTROu ET BouRSAULT. — La Ubrairie Laplace vient nouveaux volumes à son intéressante collection théâtrale in-i8, qui rend à bon marché de si réels services aux lettrés et aux curieux. d'ajouter deux Le premier est un Théâtre choisi de Rotrou, avec une introduction par M. Félix Hémon Rotrou et son œuvre, ouvrage couronné par l'Académie française. Il comprend les Sosies, Laure persécutée, la Sœur, St Genest, Don Bernard de Cabrer e, Venceslas et Cosroès. : : Le second est un Théâtre choisi de Boursault, précédé d'une très substantielle notice biographique Edme Boursault, sa vie et son œuvre dramatique, par notre collaborateur Victor Fournel. : On y trouve réunis: Esope à la cure galant, Thaéton, les le Mots à Esope à la cour, le Mermode, la Satire des Satires, ville, la Jaloux prisonnier. L'absence du Médecin volant et du Portrait dupeintre s'explique par la réimpression qui en a été donnée par M. Fournellui-même dans ses Contemporains de Molière. Nous signalerons tout particulièrement à nos lecteurs du rôle que joua Boursault dans la fameuse l'explication querelle de l'Ecole des femmes (p. xviii et suiv.). Le Secret du MAsauE de Fer. Etude sur années de J.-B. Poqudin de Molière les dernières (1664-1703), par Ubal- LE MOLIÉRISTE 348 de (i), auteur de et la Profession de foi d'Ubalde (Positivisme Idéalisme). C'est « avec la plus vive émotion » qu'Ubalde vient apprendre à tous le nom véritable, si longtemps et si vainement cherché de l'homme au masque de fer. » Ce nom, comment Ubalde l'a-t-il trouvé ? Grâce à la méthode a posteriori « cette clef de voûte des connaissances humaines. » Comme Pythagore, il a pu s'écrier avec transport: Eurêka ! « Les historiens du Masque de Fer, Carra, Paul Lacroix, Marins Topin, Loiseleur, n'ont, paraît-il, vu goutte à la question l'inconnu masqué de velours noir ne fut ni un frère de Louis XIV, ni le comte de Vermandois, ni le duc de Monmouth, ni Fouquet, ni Avedick, ni M. de Beaufort, : fils de Cromv^ell, ni Marchialy, ni Mattioli. au masque de fer, c'est MoUère! ni le L'homme Ainsi donc Molière ne serait pas mort le 17 février 1673, mais le 19 novembre 1703, octogénaire; il n'aurait pas été inhumé au cimetière de Saint-Joseph, mais à celui de Saint-Paul ; sa fausse veuve aurait été bigame et ce pauvre Guérin fils, enfant adultérin Que de révélations d'un sans parler des chefs-d'œuvre à jamais perdus seul coup que dut ruminer Poquelin-Masque de fer pendant ces trente années de captivité, à Pignerol, au fort d'Exilés, aux îles Sainte-Marguerite, à la Bastille ! ! ! Il est regrettable que l'auteur anonyme (un officier en ne daigne pas nous dire comment on supprima Molière, et comment il put passer pour mort pendant les quatre jours qui séparèrent la ^^ représentation du Malade imaginaire des obsèques ? retraite, croit-on), Folie ou mystification? Dans les deux cas, triste, triste ! DU MONCEAU. (i) Brochure i883. Prix: 1 gr. in-8 fr. de 32 p. Bordeaux, Férct; Orléans, Herluison, ERRATUM IMPORTANT Les Stances peu connues Amaranthe, » publiées par dernière livraison ont été imprimées en 1845 dans l'édition d'Aimé Martin. Elles ont figuré depuis dans les éditions Taschereau, Philarète « à M. Adolphe Brisson dans notre Chasles, Moland, Hillemacher et Lemerre. Voici, d'ailleurs, la lettre que nous adresse notre colla- borateur : Mou cher confrère, Ainsi que je l'ai dit au début de mon article, les Stances galantes ne sont nullement inédites. Je tiens à ajouter que quelques éditeurs, entre autres MM. Hillemacher et Moland, les avaient déjà recueillies. Mais on a présenté le morceau comme apocryphe. J'ai simplement cherson authenticité m'a semblé ché à montrer qu'il ne l'était pas ressortir d'un ensemble de faits, de coïncidences, de circonstances que tel était l'objet de l'article auquel vous je me suis efforcé de grouper avez bien voulu offrir l'hospitalité. ; : Agréez, etc. A. BRISSON. 18 janvier 1883. M. Bous d'Anty, dans une petite note insérée au Figaro du P. S. 22 janvier, conteste énergiquement l'authenticité des « Stances galantes. » Ses arguments, pour être savants , en sont-ils beaucoup plus — plausibles ? Comment admettre avec lui que Jean Ribou, éditeur habituel de Molière, eût osé dans son recueil publier des vers apocryphes signés en toutes lettres de ce nom, quand il lui était si aisé d'en obtenir d'authenmais de tiques ? D'un autre libraire la licence pourrait se comprendre son éditeur ordinaire, le poète l'aurait sans doute fort mal accueillie. Quant au caractère et au ton des « Stances », mon Dieu! Molière, comme Racine était de son temps, et il a laissé couler de sa plume maintes strophes qu'il eût agréablement raillées dans la bouche de Trissotin. Je prends au hasard, dans un intermède du Sicilien : Si du triste récit de mon inquiétude, Je trouble le repos de votre solitude, Rochers, ne soyez point fâchés. Quand vous saurez l'excès de ma peine secrète, Tout rochers que vous êtes, Vous en serez touchés. Franchement, l'occasion serait belle de railler, avec Alceste, « ce style figuré dont on fait vanité. » Ces vers, cependant, sont bien authentiques ; en sont-ils moins précieux? Ils sortent « du bon caractère et de la vérité, » au moins autant que ces pauvres Stances galantes, impitoyablement foudroyées par M. d'Anty. A. B. ; ÉPHÉMÉRIDES MOLIÉRESQUES JANVIER ifiS'.^ La Comédie-Française, officiellement fondée depuis plus de deux la jonction des Troupes, occupait alors la salle de Gue.icgaud (ancien jeu de paume de La Bouteille), rue Mazarine. ans par — Tartuffe. Recette — Misantrope et Médecin malgré luy Jeudi 14. — Ecole des Femmes — Téléphonie et Cocm ?Wi7^/«<2/re Vendredi Samedi 16. — Amphitrion Dimanche 17. — Téléphonte et Cocu imaginaire Lundi 18. — Fascheux et George Dandin Mercredi 20. — L'Estourdy Jeudi 21. — L'Avare Samedi 2 — PoMrceaug-nac et Crispin médecin Mardi 26. — Plaideurs et Médecin malgré luy. Mardi Jeudi 5351. i5s. 5. '/• 1 . 5. . . . . . . . . . . . 3. . . . 760 3 563 10 954 627 10 5' » 799 648 3i8 10 534 700 i5 5iii » » » JANVIER 1783. La Comédie occupait alors, depuis neuf mois, la nouvelle salle du faubourg Saint-Germain, élevée par Peyre et de Wailly sur les jardins de l'ancien hôtel de Condé (aujourd'hui VOdéon). — Mercredi ^«^ Amans généreux et Po«rce^M^H<3C jeudi 2. Gouvernante et Alédecin malgré lui Jeudi 9. Femmes savantes et Vacances — — Vendredi 10. . —Festin de Pierre {i^'^ . . 25gi . . . 1. 3s. 621 i5 799 14 looG 4 début d'Armand Verteuil dans S^anarelle). Jeudi ïG. Femmes savantes et Xwocat PatQlin — . , . . . G. M. -j-j-j 8 BULLETIN THÉÂTRAL Comédie Française. ~ Dimanche 24 décembre 1882, (MM. Thiron^ Boucher, Martel, JoUet, M'^" Truffier, Le Bargy, Lenoir, Tronchet, Masquillier Reichemberg, Barretta, P. Granger. M. Villain joue pour Dimanche 31, matila première fois le commissaire). née les Femmes savantes (MM. Delaunay_, Barré^ CoqueHn cadet, Joliet, Villain, Silvain, Tronchet, Masquillier ; M"" Madel. Brohan, Jouassain, Barretta, Samary, Fayolle). le Dimanche 7 janvier, matinée et dimanche 14 Mariage forcé (MM. Martel, Johet, Villain, Truffier, Davrigny, Masquillier ; M''" Fayolle. M. Le Bargy joue pour la i""^ fois Alcidas). Lundi 15, 261^ anniversaire de la naissance de Molière le Misanthrope (MM. Delaunay, Prud'hon, Boucher, Truffier, Joliet, Baillet, Tronchet, le Malade Masquillier; M"'"' Broisat, Tholer et Amel) imaginaire (MM. Got, Thiron, Barré, Coquelin cadet, Prud'hon, Martel, Tronchet, Masquillier ; M""'^ Jouassain, Barretta^ Samary, la petite Aumont) et la Cérémottie (le Samedi 27, les Précieuses Ridicules prœses, M. Got). (pour la rentrée de M. CoqueUn). matinée : L'Avare ; — : — : ; — : ; — — Lundi 15 janvier, pour l'anniversaire de Odéon. Molière Tartufe et le Malade imaginaire avec la Cérémottie. Entre les deux pièces, Tà-propos traditionnel les Papillotes, petite comédie à trois personnages de MM. Léon Valade et Jules Truffier. Le vieux comédien-poète Hauteroche, qui a probablement oubUé les railleries de Vlmpromptu de Versailles, a composé un Compliment à Molière: son petit fils Hubert et sa nièce Madeleine deux amoureux en ont fait des papillotes; il s'agit de le remplacer: heureusement le jeune Hubert est poète aussi ; il impro: : — — Ul MOLlèniSTE 352 vise son compliment, qui morceau des est certainement le meilleur que nous regrettons de ne pouvoir citer, faute d'espace. Nous ne ferons qu'un reproche à ces stances,, c'est que chaque strophe commence et finit par un vers masculin. Il faut croire que cette licence n'est pas contraire aux lois de la versification, puisque MM. Valade et Truffier Font adoptée, mais l'oreille n'en est pas moins quelque peu choquée. Cet aimable badinage, lestement enlevé par MM. Noël Martin, Amaury et M'^'' Real, a été redonné le lundi 22, en soirée populaire, et le dimanche 28, en matinée, entre ^Papillotes, et Tartuffe et le Malade, suivi de la Cérémonie. Opéra-Comique. Gaité. les — Sur artistes la — Lundi 22 janvier, VAmour médecin. proposition de leur camarade Talien, la Gaîté ont voulu, eux aussi, du théâtre de fêter Molière le 15 janvier. Belle Gahrielle, après le tableau Dans un de la entr'acte de la prison, les Directeurs, musiciens et la figuration se sont réunis autour d'un buste de MoHère, que M. Dumaine (Pontis) a couronné, après avoir dit une remarquable pièce de vers de circonstance de M. Charles Raymond Tartuffe triomphant, publiée par la Revue critique. Une tombola improvisée, dans laquelle M. Clément Just (Henri IV) a gagné le buste de Molière, a produit une somme de 200 francs qui a été versée dans la caisse de l'Association des Artistes dramatiques. On ne pouvait mieux terminer que par une bonne action cette petite fête intime en l'honneur de celui qui fut les interprètes, les au foyer des artistes, : la bienfaisance même. MONDORGE. Imprimerie de Pons (Charent».Inférieare). — Noël Texier. aUATRIÈME ANNÉE MARS 1883 NUMÉRO 48 LE MOLIÉRISTE %EVUE MENSUELLE PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS DE E. Campardon, J. MM Claretie, F. Coppée, V. Fournel, : J. Guillemot A. Houssaye, Paul Lacroix, H. de Lapommeraye, Ch. Livet, J. L01SELEUR, Nuitter L. MoLAND, Ch. Monselet, E. Noël, Picot L. de la Pijardière, F.- P. Régnier, Ch. de la Rounat, F. Sarcey, Ch. , E. , Dr H. Schweitzer, Ed. Thierry, E. Thoinan, A. Vrru, etc. PAR Georges M ON VAL ARCHIVISTE DE LA COMÉDIE FRANÇAISE PARIS 10, LIBRAIRIE TRESSE GALERIE DU THÉÂTRE FRANÇAIS, 1883 10 SOMMAIRE DU NUMÉRO XLVII QUATRIÈME ANNÉE V\A^rt/V» TARTUFFE TRIOMPHANT, — Ch. Raymond. — G. Monval. Poésie. UN NOUVEAU MYSTIFICATEUR. MOLIÈRE A MONTARGIS. — Th. Cart. CORRESPONDANCE. — C. Port, F. Hillemacher, DIX SUJETS TIRÉS DE MOLIÈRE. — V. Lardet. — Du Monceau. ÉPHÉMÉRIDES MOLIÉRESQUES Février BULLETIN THÉÂTRAL. — Mondorge. INDEX ALPHABÉTIQUE. TABLE DES MATIÈRES. A. Loquin. BIBLIOGRAPHIE. : 1683-1783. — G. M. LE PRIX D ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN POUR TOUTE LA FRANCE UN NUMÉRO On s'abonne : — ÉTRANGER, I 3 FRANCS. UN FRANC 50 CENT. du Théâtre Français, ou par mandat sur la poste adressé à M. G. Monval, 79, boulevard de Clichy, auquel les manuscrits, communications, à la librairie Tresse, io, Galerie demandes lettre affranchie. et réclamations devront être envoyés par TARTUFFE TRIOMPHANT A-PROPOS DIT LE l5 JANVIER l883, AU THEATRE DE LA GAÎTÉ, PAR M. DUMAINE. O Molière, permets qu'un poète inconnu Rappelle un de tes vers dont il s'^est souvenu ; D^ autres plus dignement ont célébré ta gloire^ Mais aucun plus que moi ne chérit ta mémoire; Nul n'a mieux pénétré les secrets de ton cœur : Vu ta chair saigner sous ton rire moqueur^ Tai souffert avec toi, bouffon, quand, ta grimace D'un pleur encor brûlant dissimulant la trace, J'ai Tu jouais ton martyre ! Oh ! comme il a germé Le grain de la douleur dans ton âme semé ! Mais c'est là ta grandeur si ton mâle génie : N'avait pas épuisé la souffrance infinie. Si r amour, secouant ton cœur comme un grelot. N'avait mis dans chacun de tes vers un sanglot, Tu n'' aurais pas connu la flamme surhumaine Qui fait vibrer en toi V amant de Célimène; Ton cœur n'eût pas laissé tes beaux vers pour témoins. Et, fadmirant autant, nous t'en aimerions moins ! . LE MOLIÉRISTE 356 — Si la hideuse Envie Ami, repose en paix. Bavant sur tes écrits empoisonna ta vie ; Si Tartuffe ose encor Jlétrir en toi l'acteur. Nul n'écoute, aujourd'hui, ce louche détracteur Qu'importe que le vent décharné des tempêtes, Et, jaloux du soleil qui brille sur nos têtes, Pousse des tourbillons de sable jusqu'au ciel ? Le vent retombe, et, seul, le soleil éternel Continue à verser la sereine lumière. — Ainsi fait ton génie, ô sublime Molière Oh ! s'il est parmi nous un poète ! irrité, Qm'zV parle, car le Peuple a soif de vérité, Nous l'attendons ! que sa voix Il faut retentisse, Qu'il mette dans son vers l'éclair de la justice, Qu'il soit notre Molière, et que ce fer lutteur et V Imposteur ! Ecrase sans pitié V Infâme Tartuffe est triomphant ; partout il règne en maître Il n'est pas seulement dans la robe du prêtre. Il s'est fait plus Sur moderne : : orateur charlatan, publique il vend l'orviétan. Cachant ses appétits sous sa maigreur d'' apôtre. Il se hisse au pouvoir sur Pépaule d^un autre ; la place démasque alors, et, devenu très gras. Etale un abdomen qu^on ne soupçonnait pas. Puis, quand le peuple vient redemander sa place, Le Tartuffe à Vengrais Vappelle « Populace ! » Et, le bâton levé, lui dit pour V avertir : a La maison m'appartient ; c^est à vous d''en sortir Il se Charles RAYMOND. ! » UN NOUVEAU MYSTIFICATEUR Notre vénéré doyen, M. Paul Lacroix, reçut, an, deux lettres datées de neur de nous Bordeaux communiquer qu'il aussitôt, nous il fit y un a l'hon- et qu'aussitôt nous fûmes disposés à suspecter publiquement, trouvant leurs promesses trop belles et nous souvenant de la fausse cor- respondance de Seine-Port, des faux manuscrits de Vrain Lucas, et d'autres mystifications célèbres. Mais, en pareille matière, il est b^n de n'agir qu'avec la plus extrême circonspection; nous nous étions donc imposé le délai d'un deux vie, lettres an, qui vient d'expirer. Le signataire des de janvier 1882 n'ayant pas donné signe de nous nous croyons en droit d'imprimer sa prose son nom, sans doute emprunté, soit pour mettre nos et lec- teurs en garde contre les tentatives d'un mauvais plaisant, soit pour arriver à la découverte d'un trésor, si trésor il y avait. Voici la première lettre reçue par le bibliophile Jacob : LE MOLIÉRISTE 358 « Monsieur P. Lacroix, bibl. de V Arsenal^ à Paris. 20 janvier 1882. Monsieur, J'ai che^ M^'" Alvarès de Léon, acheté, Pété dernier, bouquiniste, un gros volume relié en parchemin avec mu~ sique d'église notée en rouge et en noir, et contenant plusieurs manuscrits grand format d'une ancienne écriture : L'Imposteur, comédie en trois actes. Panulphe, comédie en cinq actes. Le Festin de y comédie en cinq actes (en prose. Pierre, a un premier acte en vers, sur papier bleu et dhm Il plus petit format, ajouté à la fin). L'Amour docteur, en un acte. L'Homme à bonnes fortunes, en cinq actes. manquent L'Atrabilaire, en 5 actes (les trois derniers sont remplacés par des feuilles de papier Les comédies malheureusement s'arrêtent du volume contient un long et là, et le reste ennuyeux ouvrage sur Nature, en prose et en vers mêlés [i], et blanc). la copié avec beaucoup de soin sur un côté, sans aucune rature. Les comédies, au contraire, sont écrites des deux côtés, avec des ratures nombreuses. Le Festin de Pierre présente notamment des pages entières barrées, les comédies étaient de et d'autres attachées ensemble. Si main de Molière! Je n'ose l'espérer ; je dois vous avouer même que le dernier ouvrage me parait bien être de la (i) « Vous êtes l'innocent lu d, même un méchant comme que Molière la écriture. diable, monsieur Rochefort, qui disent les bonnes gens. Vous a traduit, précisément en prose et vers, de De Rerum Naturâ de faites n'êtes pas sans avoir nombreux Lucrèce vous êtes fort au courant des transformations du Tartuffe, et vous savez que le Misanthrope est inscrit quelque part sous le titre de l'Atrabilaire amoureux. passages du ; LE MOLIERISTE 359 Pensant vous intéresser, je vous fais part de vaille, et vous prie d^agréer. Monsieur, toutes mes Claude ma trou- civilités. ROCHEFORT, Poste restante, grand bureau, à Bordeaux. P. S. — Toubliais de vous dire que la première page contient ces mauvais vers « » » » » •ù y> » * : Ce livre est à moy Comme Paris est au Roy. En cas de perdition, Charles Drouyn est mon nom. Si tenté du démon Tu dérobes ce livre, Apprends que tout fripon Est indigne de vivre. > Sainct-Sulpice d'I^on (i), ce 7 febvrier Réponse immédiate, comme bien pensent nos iy3i. lecteurs, de l'excellent bibliophile Jacob, qui reçoit, par retour du courrier, la lettre suivante : Ce 23 janvier 1882. Monsieur, On vient de me remettre votre obligeante lettre. J'ai au commencement du mois prochain un voyage à faire dans le département du Nord. Je m'' arrêterai quelques jours à Paris, et f aurai l'honneur de venir vous communiquer moi- même le volume manuscrit en question. Veuillez agréer, je vous prie, Monsieur, avec mes vif^ remerciements, toutes mes civilités. Claude {i) la Saint-Sulpice d'Izon Gironde,) à k) kil. et ROCHEFORT. Cameyrac, (aujourd'hui département de de Bordeaux. LE MOLIÈRISTE 360 Six mois s' étant écoulés sans que entendu parler du voyageur une dernière écrit, le 28 diquée et cette lettre ; réclamée, juillet, nous a 29 septembre le M. Paul Lacroix ait de sa trouvaille, nous avons et lettre à la seule adresse in- comme non été retournée, suivant, par le bureau des rebuts. Qu'y de vrai dans a-t-il connue de la place de l'Hôtel de dame ne cette de M. les allégations Le nom de M"" Alvarès de Léon, fort? la ville, à se souvient d'avoir Roche- librairie bien Bordeaux. Mais vendu aucun manuscrit répondant au signalement indiqué. Quant au Charles Drouyn, de Saint-Sulpice d^Izon, qui aurait possédé ce livre stater que ce nom fut en 173 1, nous nous bornerons à con- celui d'une famille de comédiens, dont quelques membres ont appartenu au Théâtre-Français (i). Georges MONVAL. (i) Drouin (Jean-Jacques-François), né à Paris, le i" octobre 1716, débuta en 1744, après avoir couru la province et appartenu à l'Opéra- Comique. Mme Drouin, Enfin, la sœur et sa femme, jouait les rôles de suivantes et les caractères. femme du fameux Préville était belle-sœur des précédents. une demoiselle Drouin, MOLIÈRE A MONTARGIS. En feuilletant, il y a quelque temps, à la bibliothèque de Montargis, un ouvrage manuscrit, composé par Boivin et tome n, intitulé sur un : Notices sur Montargis, feuillet intercalé j'ai trouvé, page 708, à la la au note suivante. Malgré la singularité de sa rédaction, je puis garantir l'exactitude de la copie qui en a été prise « Dans le » atnhulants, : courant de l'hiver 16 J 2, une troupe d'acteurs au nombre de ij à 16, vinrent donner quelques » représentations ; cette troupe était sous la direction de Molière, » et parmi » Béjard, ses acteurs on distinguait Lagrange, T)uparc, Af"" » reçur) (i) un d'eux reçut même des les T)ucroisy, sieurs Béjard, Duparc. pommes à la figure, (ils ce » qui est la preuve de sa bonté. » (^Molière composait alors » M* de ikT'^ de Montpensier.) » Cette note n'a été écrite qu'au tre siècle. La collection Boivin P Etourdi. commencement de no- n'a d'ailleurs été formée qu'en 1840 sur des documents authentiques (?) épars dans [i) Ces deux mots sont biffés dans l'original. --^ 362 les greniers de la la On mairie. pièces dont s'est servi crétaire de MOLIÈRISTE n'a aucune des retrouvé M. Boivin. Monsieur Mouflet, mairie de se- Montargis, à l'amabilité duquel nous devons ces derniers renseignements, a bien voulu aussi parcourir les archives de l'époque. Il cune mention de Molière. Monsieur E. Camus, receveur n'a trouvé au- de l'hospice de Montargis, a vainement cherché, dans ses trace de représentations théâtrales en registres, 1652 à Montargis. comme D'autre part, cette note ne se trouve pas, l'au- teur semble l'indiquer, dans les Mémoires de Mademoiselle, ni dans que j'ai aucun des nombreux autres mémoires de l'époque consultés. Enfin, grave, soit au et c'est là ce commencement de revenait de Poitiers (si, ce dont je doute, à la fin de l'année, quand, il y a de plus quand MoUère qu'il 1652, se rendait à y est allé), soit Lyon, la troupe il ne comptait point encore parmi ses membres Du Croisy et les sieurs Lagrange. Cette pièce m'a paru cependant, malgré son invraisemblance, assez curieuse pour être publiée dans le Moliériste. Un autre chercheur sera peut-être et saura en tirer plus heureux un renseignement exact sur les que moi pérégri- nations de Molière. Th. CART. CORRESPONDANCE I. Cher Monsieur Monval, Je viens de lire l'assaut vois pas qu'il ait tout à nouveau du «Provincial.» Je ne fait tort, si la forme. Les extraits que vous des Satyres, lancée en 1666, nom de Trissotin le rôle et le t-on que Molière donner la ait et Boileau, fait-il du Moliériste. Femmes Savantes qu'il provoque et harcelle et Il y a mieux à en tirer, Molière ? M. Livet, 126, avait cité de pour très-singulier, certaines ? lui- direct d'au- Ménage Précieuses, p. deux passages reproduits par petit Uvre, très-curieux, très-spirituel, suffisance années de réflexion pour Boileau et à Molière contre Ménagerie Satyre mais comment explique- un appel, voire un emprunt dans son livre Précieux la pris six ; la plus étrange encore — comment Cotin même, en même temps torité, à de justifient certes à réplique au libelle dans ses Et-ce qui est question se trans- lui fournissez, la polémique la cause, de ce en certaines pages autres odieux et méprisable, au demeurant très rare, sans heu ni date, de 92 pages, fait de pièces et de morceaux, un seul et le pire daté de 1660, l'œuvre entière, croit-on, publiée en 1666. L'auteur y prend à partie et vise d'une épigramme chaque ridicule 364 de MOLIl'-RlSTE l.H son ennemi. C'est sonnet de le la page 59 que je vous veux signaler: Galantiser en sotane et calote, le fardeau des ans, Pédant rival des jeunes courtisans, Des visions est bien la plus falote ! Le dos courbé sous L'abbé Cotin s'en moque à haute voix, Boileau sous cappe, et le gaillard Molière Promet de vous une farce aux bourgeois. Sans autre souci de ce que cette citation vous pourra dire, je crois qu'elle encore dans mérite d'être recueillie, n'étant pas la circulation. Groyez-moi, cher Monsieur, votre bien dévoué, CÉLESTIN PORT. n. A Monsieur Directeur du Moliériste. le Monsieur, Permettez-moi d'ajouter quelques mots à tout ce qui s'est dit à Franchement, si controversé du Misanthrope bon à a disserté à perte de vue ; « On propos du vers gnes à l'effet votre dernier — Il est mettre au cabinet. on numéro passe en rechercher me du mot en revue tous le » monta- a entassé des d'interpréter la signification lexiques pour présent. il sens cabinet ; anciens les précis dans semble qu'avant de s'acharner : le cas ainsi sur LE MOLIÉRISTE 365 * un mot, faut s'attacher h la contexturé grammaticale il phrase où la vous il figure. Examinons donc en peu de mots, si voulez bien, quelle est l'intention que l'auteur a le prêtée au personnage, ment de nous conduira naturelle- cela et à déterminer la portée de l'expression dont il s'est servi. Alceste, ce philosophe qui dit à tout le et qui comprendre fait son style est détestable, monde son un poète (gens à le lui fait, que irritabile) marque par une boutade qui témoigne crûment de sa mauvaise humeur. Remarquez mot le franchement qu'on dé- c'est ainsi : bute lorsqu'on va s'exprimer, à propos de quelqu'un ou de quelque chose, d'une manière excessive On dira franchement, cet : on avoue^-k ; chement, il homme est un et défavorable. c'est-à-dire, sot, ne dira guère, dans le sens habituel a beaucoup d'esprit; ce mot, qui est de même de ce qui suit c'est-à-dire, singulier que, parmi le : est sonnet est bon à mettre au bon qu'à cela. n'est franchement, les objets Nous il il fût bon à Il paraîtrait Il serrer avec soin auxquels on attache du prix. arrivons tout droit au cabinet, et je ne vois pas de conséquence plus directe. face en protestant contre et qui^ disent-ils, quons que dans les — Les pudibonds la connue, puisque : certains les choque, les diction- passent sous silence. Or, remar- ouvrages de ce genre (les bibliographes le savent) la précision n'était loin de là se voilent la une acception qui n'était pas naires contemporains et fran- en caution oratoire, ne viendrait pas sur les lèvres. cabîiïet, : une pré- les dictionnaires pas absolue dans les détails, mômes mots vulgaires y étaient des à-peu-près, étaient négligés. D'ailleurs LE MOLIÈRISTE 366 Furetière cite le cabinet sous l'acception en question, et cela peu de temps après mort de l'auteur la croire qu'elle ne sortait pas toute ; et est à il armée de son cerveau et qu'elle était usuelle. Au près, il doit pas s'étonner de rencontrer façon de parler dans Molière cette n'est on ne surplus, l'a il que n'est pas à Le des mœurs de confortable, ce luxe à la société, Tépoque où des temps modernes, et par suite, la ^rmWfe dans-certaines énonciations, m' exprimer ainsi, n'existaient seraient ébouriffés nages qualifiés, vêtus d'or et de soie, — On en usaient au n'est pas plus difficile Si je rencontre quelques personnes qui voient je m'en applaudirai abandonnerai volontiers a on murs. moi, le puis pas encore, et nos puristes convenable, ou du moins aujourd'hui/ on est plus l'affiche sur les je si du sans-façon avec lequel des persçn- Louvre ou au Palais-Cardinal. comme cela prouvé dans plus d'une rencontre. Ce langage le reflet écrivait. il ; misanthrope Franchement, il ; dans mon comme le cas contraire, petit factum, et je je leur dirai, : est bon à mettre au cabinet! » Agréez mes compliments empressés. Frédéric 8 février i883. HILLEMACHER. LE MOLIÉRISTE 367 m. Bordeaux, Monsieur Dans M. le février de votre excellente revue, termes en Loiseleur m'attribue, Jules février 1883. Directeur du Moliériste, numéro de le 5 courtois et bienveillants, mais clairs et ne présentant rien d'ambigu, la paternité de brochure intitulée la le du Masque de Secret Fer, par Ubalde, publiée le mois dernier à Bordeaux par la maison Féret et fils. J'avoue parfaitement que et qui ai la déposé chez recherche de merci, jamais c'est les libraires ladite en paternité, la imprimer ai fait Comme brochure. littérature, n'a, permise l'attribution en question, de quelque façon mative qu'elle soit d'ailleurs présentée. Je l'auteur de cette brochure ; côté à désigner cet auteur, champ des Dieu ne puis trouver que très interdite, je été moi qui affir- ne m'avoue pas mais, n'ayant pas d'un autre ne puis que je conjectures. Après tout, les laisser fibre le pseudonymes ont toujours été employés dans les lettres, soit pour une raison, soit pour une autre, même contient nasius, que et n'allons je un soupçonne pas tomber nous reprochons, non Puisque je suis l' assentimeyit votre dernier ! très fort d'être... me à cette que chez autrui. peu près, dans votre esti- permettre de vous envoyer, , les ob- : L'estimable bibfiothécaire de et lui- Matha- le travers complet de l'auteur de la brochure servations suivantes flair II Mais, halte-là! dans que nous signalons, nommé, ou numéro d'un docteur à notre tour mable revue, voulez-vous avec et spirituel article ma ville natale, avec ce habitude qui n'appartiennent qu'aux vrais 368 LE MOLIÊRISTE travailleurs, résume heureusement, en quelques lignes, fort les principales raisons (je n'ose dire les principales prcuves)> au nombre de quatre, présentées par M. Ubalde à l'appui de son hypothèse, très hardie sans doute, mais pas plus absurde et même foule d'autres beaucoup plus vraisemblable qu'une : MoUère, mort 1° le 17, ne fut inhumé que le 21 au soir; 2° L'inhumation se fit de présenter son corps à religieuse à nuit close, et on évita surtout l'église et de faire une cérémonie ; 3° L'acte de décès ne fut signé d'aucun témoin, con- trairement aux intérêts de mademoiselle Molière^ expressé- ment 4<* spécifiés et expUqués par M. Loiseleur De la toute correspondance de ; Molière, aucune pièce n'a jamais pu être retrouvée. Voici quatre évidents, dont faits les causes n'ont pas, que nous sachions, encore été sérieusement recherchées. rait-il Ne vous semble- pas grandement temps qu'ils fussent enfin élucidés, avec tout le soin désirable, par les dévots à Molière, au nombre desquels mission de me je vous demande, en terminant, compter que vous voudrez bien faire l'honneur d'insérer cette réponse à dans votre prochaine livraison, et je me per- la ? J'ose espérer, Monsieur, bien parfaitement parfaitement certains, M. J. me Loiseleur vous prie de vouloir croire votre respectueux serviteur, Anatole LOQJJIN, 'De l'Académie des Sciences, Belles de Bordeaux. lettres et Arts DIX SUJETS TIRÉS DE MOLIÈRE POUR PAPIERS DE TENTURES. Un collectionneur a recueilli, quoique dans un grand de délabrement, dix sujets tirés des pièces de Molière et exécutés en forme de médaillons. Ces sujets sont la reproduction de dessins originaux de quelque artiste décorateur de l'époque du premier Empire ou de la Restauraration. J'ignore s'il en existe une suite plus nombreuse, et voici la désignation de ceux que j'ai sous les yeux: état 1° ... Le TDépit a C'est 2° amoureux; une fausseté digne de ce supplice. » (Il déchire la lettre). Le Mariage forcé ; « Ah! nous parlions de vous et nous en disions tout le bien qu'on en peut dire. « 3° Don Juan; V S'il vous a vue la première, il m'a vue la seconde. » 4° Le MisantJjrope ; ( Pourquoi désavouer un billet de ma main ? » 5° Z^ Tartuffe; « Tout doux! vous suivez trop votre amoureuse envie. » 6° L'Avare; » Montre-moi tes mains. » 7° Monsieur de Pourceaugnac; « Me guérir ?.. » 8° Les Fourberies de Scapin; i Scapin, il faut te rendre à cela. » Les Femmes savantes ; € Sonnet à la princesse Uranie. » 10° Le Malade imaginaire; t Ah insolente! il faut que je t'assomme. <)° ! Ces » en couleurs, dont l'exécution est très composition n'est pas sans quelque mérite, paraissent avoir été retirés d'un vieux paravent, à en juger par quelques lambeaux de toile adliérant encore au papier. Le Scapin surtout m'a paru magnifique de dédain, devant Léandre à genoux. Chaque médaillon a 55 c. de diamètre; la hauteur moyenne des personnages est de 30 c. au i" plan. sujets, tirés soignée et dont la Victorien LARDET. BIBLIOGRAPHIE — La Le Molière-Moland. promesses maison Garnier tient ses se hâte de compléter son édition des Chefsd'œuvre de la littérature française. Les tomes VI et Vil viennent de paraître. C'est d'ahordTartufe, avec la préface, etles placets; la Lettre sur l'Imposteur et la Critique du TarPuis Don fuan, suivi de la polémique relative au tuffe. et « Festin dePierre^ » les Observations, la. Lettre sur les ObserRéponse; enfin les Fragments de Molière, par Champmeslé, qui remirent au théâtre la scène de Char- vations, la et celle de M. Dimanche, à une époDon Juan de MoHère n'était plus au répertoire. Le tome VII donne le texte espagnol d'El burlador de lotte et de Pierrot, que où le Tirso de Molina, le Fils criminel, de De VilCmvitato di pietra, scénario de Dominique, et le Festin de Pierre, en vers, deThomasCorneille.il comprend en outre l'Amour médecin et le Misanthrope suivi de la lettre de De Vizé. Nous avons lu avec le plus vif intérêt les notices et les notes de notre collaborateur M. Louis Moland. Sevilla, par liers, le Œuvres complètes de Molière. bon marché, — Encore une nou- soigneusement imprimée, sur papier teinté, en caractères elzéviriens. 4 vol. in-i2. A la librairie Bloud et Barrai, 4, rue de Madame. Prix, franco-poste : 8 francs. velle édition à Les Papillotes. de M. Léon Valade Tresse (i). très jolie, — La brochure [et J. du charmant à-propos Truffier] a paru chez l'éditeur On se souvient peut-être que, dans notre précédente livraison, nous avions reproché aux auteurs d'avoir commencé et fini (1) I vol. chaque strophe de leur compliment à Molière in-i8 br. Prix : i fr. 50. . LE MOLIÉRISTE 37 1 par une rime masculine. Tous deux en appellent à Boileau lui-même, auteur des Stances si connues : En vain mille jaloux esprits dont chaque strophe commence et finit aussi par un vers rnascuhn. C'est « à dessein » que les deux auteurs àes Papillotes ont « fait choix d'un moule classique, afin de ne » pas tomber dans un rythme trop moderne. » A la — bonne heure mais j'en crois encore plus mon oreille que Boileau lui-même, et je reste toujours pour ce que j'en ai dit. ! Les premières de Molière. — Sous ce titre alléchant, M. Alphonse Leveaux vient de pubHer, à Compiègne (i), un simple tableau chronologique des pièces de MoHère, agrémenté d'extraits des Anecdotes dramatiques, de Clément et Delaporte. — Deutschlands Urteil uber Molière. Cq Jugement de r Allemagne sur Molière, par M. le D''C. Humbert, deBielefeld, vient de paraître à Oppeln, chez Georg Mask, en un volume in-8 de 206 pages. C'est le pendant du Jugement de l'Angleterre sur Molière (Gulker, 1878) et le complément de Molière, Shakspeare et la critique allemande le i"(ié70(Teubner, 1869). Il se divise en deux livres 1770), où nous trouvons Schlegel et Lessing; le 2* (17701808), comprenant Klopstock, Herder, Schiller, Engel, Wieland, Arndt et Becker. : C'est là un très curieux ouvrage, qui mériterait d'être traduit dans la -langue de Molière, de jour en jour plus fa- milière aux Allemands tandis que la leur. . — Qui l'eût cru ? Le journal « Ix Molière a Manitoba. » du 8 janvier dernier, annonçait que le cercle Provencher ou club dramatique de Saint-Boniface se préparait à jouer du Molière. Le Manitoba est l'organe de la population catholique, Manitoba, française et métisse des bords de la (i) Irap. H. Lefebvre, 1882, in-8 de 29 Winnipeg. pp., papier de Hollande. le molieriste 372 Molière lisant son Misanthrope a l'auberge du MouLe charmant tableau de J.-B. Trayer (1867) qui porte ce titre et appartient au musée de La Rochelle, n'était guère connu jusqu'ici que par la photographie, exposée au Jubilé de 1873, et par un très médiocre bois du petit illustré la Famille. M. E. Pirodon, l'habile ton-Blanc. — depuis 25 ans, a popularisé tant d'œuvres de donc de remplir le vœu de nombre d'amateurs en publiant une très remarquable lithographie de cette scène célèbre. Je sais plus d'un moHériste qui voudra décorer sa salle à manger de ce gai tableau d'intérieur, où l'on voit attablés Molière, Corneille, La Fontaine, Boileau, Racine et Chapelle. On trouve la lithographie de M. Pirodon chez M. Bulla, éditeur d'estampes, 14, rue Chaptal. Chaque épreuve, soigneusement tirée sur chine par l'imprimerie Lemercier, est du prix de 10 francs. artiste qui, maîtres, vient — Sous ce titre, M. Molière auteur et comédien. Léon Dumoustier vient de publier, chez MM. Laplace et Sanchez, une étude sans prétention sur la vie et les œuvres du Maître. Nous n'aurions qu'à louer ce petit livre, ré- sumé facile de travaux sérieux, s'il ne renfermait, à côté de nombreuses fautes typographiques, des conjectures passablement hasardées de la part d'un auteur qui a pour but de mettre son sujet à la portée des gens au monde. Ce public est sans défense, n'étant pas enclin à contrôler les renseignements qu'on lui donne. Nous devons être d'autant plus sévères, et déclarer que ce livre aura besoin d'être revu et corrigé pour mériter de prendre place dans une bi- bliothèque moliéresque. — J. Le premier fascicule de l'édition monumentale dont M. Lemonnyer a eu l'heureuse pensée de confier l'exécution MM. Léman A. de Montaiglon pour Hérissey pour la typographie, vient de paraître. C'est VEtourdi, superbe volume gr. in4, du prix de 20 francs. Nous le décrirons comme il le mérite dans notre prochaine livraison. à le texte et les pour l'illustration, notes, et DU MONCEAU. — ÉPHÉMÉRIDES MOLIÉRESaUES FÉVRIER l683 Lundi — Fascheux, Médecin malgré luy .... II. — Bourgeois Gentilhomme 18. — A Versailles Despit amoureux (MM. de La- ^87 I»'. Jeudi Jeudi Grange, Rosimont, Guérin, Dauvilliers, du Croisy, M"es Guérin, de Brie, Guyot, de Brécourt, Verneuil La Grange) !. los. 488 lo (à la Cour) : ; — — — — — Virginie, Escarbagnas Samedi 20. Virginie, Escarbagnas Lundi 22. Mercredi 24. Virginie, Mariage forcé Misanirope et Fascheux Jeudi 23. Vendredi 26. Yngims, Mariage forcé Wirginie, George Dand in Dimanche 28. 746 822 i33i 11 94 1208 r338 5 b 5 i5 i5 io FÉVRIER 1783 — — — trion Mardi 25. — A Versailles Tartuffe et les Aveux difficiles Jeudi 27. — Ecole des Maris et le Roy de Cocagne (la Mardi 4. Ecole des femmes et Médecin malgré luy. (Dugazon joue le Notaire, Enrique et Sganarelle) Mardi II. Cvisp'm médec'xn et Médecin malgré luy. Mardi 18. A Versailles: Ecole des Maris et Amphi. . . : de Vermilly a joué début) délie pour son le rôle d'Isabelle 462 447 10 10 (à la (à la Cour) Cour) 6^ 2675 » G. M. BULLETIN THÉÂTRAL — Samedi 27 janvier les PréCoquelin, Barré, Coquelin cadet, Boucher, Roger, Villain, Davrigny, M""" Samary, Bianca, Dimanche 28, matinée le Misanthrope (MM. Martin). Delaunav, Prud'hon, Boucher, Johet, Villain, Truffier^ Baillet ; M""'^ Broisat, Tholer, Amel) et le Malade itnagiCoMÈmE-FRANÇÀiSE. cieuses ridicules — : (MM. : MOLIÈRISTE '^E 374 (MM. Thiron, Barré, Coquelin cadet, Prud'hon, Samary, Le soir Tartuffe (MM. Boucher, Marpetite Aizmont). tel, Joliet, Dupont-Vernon, Villain, Baillet, Leloir; M"*" Reichemberg, Samary, Lloyd, Amel). Mardi 30 et jeudi I" février les Précieuses ridicules (M"^ Kalb joue pour la première fois Cathos). Dimanche 4 février, matinée: VEtourdi (MM. Coquelin, Coquelin cadet, Garraud, Boucher, Martel, Joliet, Baillet, Davrigny: M""' Martin, FayoUe); le soir, les Précieuses Ridicules. Mardi gras 6, l'Etourdi et le Malade imaginaire avec la Cérémonie (M. Got joue Purgon et le Prœses). Samedi 10, les Précieuses ridicules. Dimanche 11, matinée les Fourberies de Scapin (MM. Coquelin^ Garraud, Joliet, Roger, Truffier, Baillet, Davrigny ; M"'" J. Samary, Thénard, Frémaux). Dimanche 18, matinée les Précieuses ridicules (M. Garraud joue pour la Gorgibus). Mardi 20, Amphitryon (M"^ Amel, i""^ fois joue pour la i""* fois Cléanthis), et les Fourberies de Scapin. Dimanche 25, matiJeudi 22, le Dépit amoureux. née, le Mariage forcé. naire Martel, Joliet, Roger; Jouassain, Barretta, M'"'^^ — : — : — — — — : — : — — — Odèon. Papillotes, — Dimanche 28 le janvier,, Malade imaginaire 29, soirée populaire : Tartuffe, : lade imaginaire Qi la Cérémonie. le Malade 17, le et la — les — — ' Papillotes, — Dimanche 11, le Ma- Tartuffe, — M"" les Lundi Lundi 5 Du mardi 13 au samedi (MM. Amaury, Kéraval, Peutat; Cérémonie. Dépit amoureux Tartuffe^ : Fourberies de Scapin. les février, soirée populaire matinée et la Cérémonie. Dimanches 18 et 25, matinées Real et Pinson). Tartufe, le Malade imaginaire et la Cérémonie, spectacle qui réalise les plus fortes recettes possibles avec le tarif réduit des représentations populaires. OpÉRA-CoMiauE. r Amour tnédecin, de : — Lundi gras MM. 5 et dimanche 25 février, Poise et Ch. Monselet. — Samedi 27 janvier, conférence Salle des Capucines. de M"^ Marie Dumas Montfleury et son théâtre. : MONDORGE. , 5^: INDEX ALPHABÉTIQUE Bayle 291. Beaumarchais 197. Alexandre 99. (père et Beauvais 79. Beffara 21 3. Béjart (Armande) 28, 71 7^1 I 5i, 208, 3x6. Béjart Madeleine) 3o, 238, 325, 36i. Béjart (Geneviève) 22. Béranger 82, 272. Blondet 277. Boileau Despréaux 1 1 i58. 246,265,291, 3 14, 363, 371: Boileau iPuymorin) 265, 295. Boileau (Gilles) 238. Bosse (Abrahami 238. (P) Bossuet 40. Allouard (Henri) 176. Amour docteur [V] 358. Amour médecin (V) 95, 224, 287, 3i4, 352, 370. 374. Amours de Gombaud Macée (les) 3o, 346. Amphitryon et de 26, 3i, 69, 35o, 373. Arnolphe de Molière (V) 3o, 62. Asselin (Marie) 3o5. Atrabilaire amoureux (Pi 358. Aubignac (Fabbé d') 234. Aubry Avare fils) 22. 26, 3o, 3i, 63, 87, 160, 175, 25i, 253, 119, 287, 314, 35o, 35i, 369. Avignon 324. 5 Boucher i33. Boulan (Gérard Bourdon du) 28, 228. (Sébastien) 319. Bourgeois gentilhomme B 27, 175, 249, 267, 373 Boursault 10, 347. Ballet des Muses (le) 209. Baluffe (A.) 28, 319. Balzac 234. Banquet-Molière 263, 3oOj 334. Barbier de Maynard 29, 278. Brossette 298, 3i5, Barbier de Séville Brouchoud (le) Baschet (A.) 283. Baudelet (René) 1 16. 197. Boyer (l'abbé) 106. Boysse (Ernest) 23o. Boyvin (Fabbé 4 Brissart i3i. Brisson lAd.) 317, 349. (G.) 74, 218. (le) LE MOLIÈRISTE 376 Deschanel Cailhava 3, 21 3. Campardon (E.) 78. Cart (Th.) 60, 362. Cercle de la critique 2T 177, I. Chabrol de Volvic Dujon 6. Cimetière St-Joseph 160, 218. Claretie (Jules) 175. (le) 3, i53, 26, 61, Comtesse d'Escarbagnas Continuateurs de Loret 274. (L.) , 372. Du Du Parc 218, 36i. Parc (M°"«) 101,208, 218, 36t. Dupont- Vernon 186. (la) 27, 373. Ecole des Femmes (les) 10. Coquelin aîné 3o, 32, 62, gS, 288. Corneille (Pierre) 5, 47, 108, 167, 234, 3ri. Corneille (Thomas) 167, 370. Cotin (Pabbé) ii3, 157, 179, 2i5, 246, 264, 291, 363. Courtois (L.) 28. Coypel 190. Cressé (Marie) 212, 3o2. Cressé (Louis) 3o3, Critique désintéressée (la) 1 79, 2i5, 292. {!') 26, 3o, 62, 192, 3i6, 35o, 373. Ecole des Maris [V] 26, 3i, i83, 314, 373. Ecran du Roi [V] 224. Elomire hypocondre 92, 145. Enigme d'Alceste (1') 28. Estienne (Henri) 338. Estreicher (Ch.) i5o. Etourdi Fâcheux (P) 146, 35o, 372. (les) 210, 260, 35o. Farce des Quiolards (la) 267. Fauconneau - Dufresne (Dr) 159. D Daremberg (D' (A.) Dumoustier Châteauroux iSq. Chorier (Nicolas) 73. gS. (E.) 62, Dumas Chapelle 295. (E.) 32, 64, Desenne i35. Don Garde de Navarre 29. Don Juan 32, 336, 35o, 369. Drouyn, 359, 36o. Dufresnoy 327. Félibien 340. Femmes savantes G.) 278. Depioî 92. Dépit amoureux 29, 3r, 94, (les) 27, 87^ 94, ii3, irg, 128, 157, 160, 186, 192, 223, 247, 253, 293, 35o, 35i, 369. Fénélon 36. Festin de Pierre, 358. 128, 175, 224, 253, 314, 369, 373, 374. Depping (G.) 3o3. Fontenay-le-Comte 72. Foulquier 137. Fouquier (Achille) 93. Dassoucy 325. De Brie Delamp (M«"«) 3o, 208. (C.) i52, 210. 287, vh LE MOLIÈRISTE Fourberies de Scapin (les) 26, 27, 3i, 175, 223, 36g, 374. Fournel (Victor! 122, 347. Jalousie de Barbouillé Johannot ^Tony) i36. Fournier(Edouard) 249, 280. Friedmann (la) 27. (D^ A.) 253, 288. Furetière 344, 366. La Borde (de) 4. La Bruyère 47. Lacour (Louis) 27, 92. Gaucher (M.) 88. George Dandin 192,278,350. Gloire du Val de Grâce (la) Lacroix (Paul) 4, 10,26,28,71, ii5, 124, i5i, 157, 264, 3oo, 334, 357. Laffemas 3o2. La Fontaine 3, 272. La Grange io3, 126, 33o, 36i. Lalauze 137. 323. Grimarest i5i, 261, 3 16. Guérin d'Estriché 75. Guérin tils 124. Guéroult (G.) 120. Guichard 24. Guiffrey Guillaume Guizot Lapommeraye(H. 3o, 346. iEug."! 176. (J.-J,i 6, Laprade Lardet H 335. I Homme d'I à bonnes fortunes I j I (P) Houdon (P) ! 99. 319. Houssaye (A.) Humbert (G.), 217. 371. 358. de Versailles Legrelle 62. Leloir (L.) i38. (Jacques) 286, 372. Lenient (Gh.) 232. Lenoir (A.) 4, 21 3. Leveaux (A.) 371. Leys iL.) 87. Littré 123. Livet (Ch.) (1'), Impromptu 145, i5i. Lebrun 328. Legouvé iE.i 181. Limoges 159. I Imposteur Le Boulanger de Ghalussay Léman 358. Hôtel de Bourgogne (V.) La Rounat I 142, 281. Hillemacher (F.) i36, 366. Holberg 62. Heylli (G. de) 28, 177. (V. de) 93. 369. tCh. de) 178, 211. Laverdant (G. D.) i23. i j (G.) 179, I (G.) 3 18. Herbert 2i5, (1') 10, 332. Inscriptions parisiennes Comité des) 116, 177,210. Intermédiaire des chercheurs et des curieux (P) 3 18. 10, 21, 145, 217, 25 ij 363. Loiseleur (J.) 333, 367. Loquin (A.) 368. Loret 10. Lucrèce, 358. Lully 25. Lyon 72, 325. . LE MOLIERISTE 378 M Moland 88, 2^4, 281, (L.) 29, 370. Mahrenholtz iD') 29. Maison mortuaire de Molière (lai Malade imaginaire [le] 27,63, 94, 334, 253, 333. 351,369. Mangold (D' W.) 332. Maquet (A.^ 283. Marcou (F.) 87. Mareuse 7. Mariage forcé {le) . 11 3. (G.) 93. (P.) 233, 3ii. Mesnil (R. du) 79. Meudon de) 228. (G.) 9, 27, 09, 214,231,280, 336, 26, 3i, 63, 175, 223, 278, 287, 3 14, 35i, 369, 373. Marie (Ch.l 70, 245. Marivaux 197. Marnicouche (E.) 25o. Martin (Aimé) 234. Martin (Alexis) 243. Marty-Lavaux 3i i. Masque de fer (le) 347, 367. Mathon 81. Maynard 340. Médecin malgré lui (le) 63, 94, 99, 175, 223, 268, 278, 287, 314, 35o, 373. Médecin volant (le) 27, 268. Ménage 195, 216, 261, 265, 296, 363. (le) Montausier (duc Monval 160, Mercure galant 278, 286, 372. Montargis, 36 r. Montfleury, 374. Montpellier, 72. Manitoba, 371 Mesnard 3i, 175, 192, 35o, 369. (A. de) 6, 148, Montaiglon 279. Merlet Monet (le père) 338. Monsieur de Pourceaugnac 75. Myrtil et Mélicerte 28, Narbonne 72. Nicot 338. Noël (Eug.) 273. Nuitter (Gh.) 118, 178, 211. O Olivet (l'abbé d') 3. Panulphe, 358. Papillon de la Ferté 22. Papillotes (les) 35 1, 370, Parfaict (les frères) 100. Pellisson (M.) 1 19. Person (E.) 87. Person (L.) 28, 193, 244j 287, 314, 336, 337, 35o, 35i,358, 364, 369. 24. Nantes 72. Perrault 293. 26, 28, :-, 35, 44, 56, 63,68,87, 128, i55, 175, 182, 223, 228, i N Millin 4. (le) 189, 36o. Moreau (Em.) 55. Moreau le jeune i33. Moulin (H.) 14. Mignard 3o3, 3i9, 323. Misanthrope 3 5o, Philidor l'aîné 3 18. Picot (E.) 61, i55, 244. Pijardière (de la). V, Lacour. Pirodon, 372. LE MOLIÈRISTE 379 Poise 95. Schweitzer Poquelin père 212, 3o2. Poquelin (Robert) 3o3. Port(C.) 364. Portrait du peintre (lé) 332. Scribe 12. Seine-Port, 357. Sganarelle ou le Cocu imagi- naire 29, 35o. Shakspeare 5. Pougin (A.) 93, 121. Précieuses ridicules (les) 29, 3i, 63, 128, jSj, 160, 216, 238, 287, 296, 35i, 373. Précieux et précieuses, 363. Psyché 29, 92. (D"") (le) 93, 95, 121, igS, 223, 287. Soulié (Eudore) 3o3. Soyecourt (M'^ de) 259. Sicilien T 27, 192. R Rash (C. de) 335. Talbot, comédien 32, 64. Talbot, professeur 32. Tartuffe 11, i5, 26, 3i, 36, G3, 87, 95, 99, 119, 128, 160, l63, 188, 223, 232, 254, 286, 287, 323, 35o, 35i, 358, 369, 373, 374. Taschereau 157, 228. Raymond Teplov Rachel 142. Racine (Jean) 37,42, 47, 5, 67. 99j 167, 3_ii. Ragueneau (Marie) 3o. Raincy (le) 99. Rambouillet (M'^^ de) 112. (Ch.) 356. Regnard 214. Régnier (Mathurin) 232, 244. 179, 210, 2i5, 332. Thoinan (E.) 25. Titon du Tillet 4, Toulouse 72. Richelet 293, 341. Robinet 102, 33 1. Rochebilière (vente) 91. Rochefort (Claude) 359. Rostand (E.) 284. Rothschild (A.) (J.-B.) 372. r, 370. I U 247. Rousseau Roux Trayer Tricotel 246. Truffier(J.) 35 (B»'» J. de) 10. Rotrou 28, 123, 347. Rouen (Wasili) 26, 61, i53. Thierry (Ed.) 28, 112, 124, Ubalde, 348, 367. (J.-J.) 44, 68. 228. S V ! 1 ! Saint-Laurent (Vincens) i63. Saint-Simon (duc de) 228. Sainte-Beuve 39, 42. Sarcey (F.) 274. Satyre des Satyres (la) 11, 265, 294, 363. Sauzay (E.) 93, 95, 121. Scherer (E.) 32, 35, 43, 56, 67, 121, j j Valade(L.) 35 1, 370. Vernet (Horace) i35 Vesselovski 154. Vienne 72. Villemain 12. Vitu (A.) 178, 279. Vizé (Donneau de) 11 Vrain-Lucas, 357. Z I 1 Zorilla 93. 3. TABLE DES MATIERES N° G. XXXVII. — Avril — Mon VAL. Pages. Les tombeaux, de Fontaine, rapport au Comité parisiennes Bibliophile Jacob. 1882. VvColière et des de La inscriptions 3 — Correspondance — — E. Thoinan. — Papillon Fer Molière (Recherches) Claretie. — Petit Questionnaire 10 Molière et l'édit de Nantes. MM. Scribe et Villemain à l'Académie Ch. L. LivET. Une question de droit à propos du H. Moulin. Tartuffe de la 28 : 15 parent té J. de 22 : Demande Wasili Teploff 26 Du Monceau. -— Bibliographie Molière à la librairie des bibliophiles ; Gérard du 'Boulan ; Rotrou ; l'Artiste ; Traductions en croate et en turc ; Molière s Leben und Werke ; Le Molière-Moland, etc'. çaise ; : — Bulletin théâtral Mondorge. . Comédie : Odéon Capucines ; Collège de France ; Salle ; Association philotechnique N° Sainte-Beuve. — xxxviii. — Mai des 31 Scherer 35 40 - Molière — A Georges& Monval, poésie — Un réformateur E. Picot. — Petit Questionnaire Réponse 28 Wasili Du Monceau. — Bibliographie poëme- La Moreau. Th. Cart. L.... Versification de le style E. littéraire étude de Molière ; Mondorge. 61 Molière, M. Dujon ; Molière et Holberg ; Epitre à VArnolphe de Molière, par M. Coquehn. — Bulletin théâtral 43 53 56 : : Teploff : 27 fran- 1882. — U Hérésie de M. — Aimer Molière La Rédaction. 12 : Comédie fran- 62 L£ MCH.IÉRISTE çaise Odéon ; de France ; jSl Théâtre Royal du Parc Capucines ; ; Collège Salle des N" — — Juin XXXIX. 63 1882. Ch. Marie. Autre réponse à M. Scherer Bibliophile Jacob. Le procès de Molière et d'un médecin C. Brouchoud. E. Campardon. Meudon Mathon. — 71 — Molière à Vienne — Documents 72 inédits — LEcusson : La maison de 75 des Toquelin de Beauvais ... Armoiries exécutées en chromolithographie ^ d'après un ancien vitrail E. A.... Une lettre inédite de déranger Du Monceau. Bibliographie ; Editions classiques ; Vente Rochebilière ; Ix Moliére-Museum ; Epitre à Molière ; Le Don Juan Lenorio de Zorilla ; Etudes de M. G. Merlet ; Molière et l' Opéra-Comique — 67 — — Bulletin théâtral 79 80 82 87 Comédie franOpéra-CoThéâtre Rossini çaise ; Odéon Soirée chez M™' mique Collège de France la comtesse de Beaumont; Mairie du XI* arron- M0NDORGE. : ; ; ; ; 94 dissement XL. — N<' Juillet 1882. — Molière et sa troupe au Talais-Royal : Ed. Thierry. r Alexandre de Racine Cotin et Trissotin Bibliophile Jacob. Ch. Nuitter. La V^aison mortuaire Du Monceau. Bibliographie Editions classiques; Molière librettiste : Myrtil et Mélicerte — — ; — ; ; XLi. Icono-molierophile. — Août — Les A. 119 — Rachcl de Montaiglon. — 128 1882. Illustrateurs de Mo131 lière La Rédaction. 116 : N° Un 99 113 : Bulletin théâtral Comédie franThéâtre Rossini. Gaiety théâtre Odéon Mondorge. çaise — interprète de Molière ^^Sur .... deux vers de VElomire 142 LE MOLIÈRISTE 382 hypocondre — Molière Ch. Estreicher. • en Pologne — Sur Molière d'un méA. Vesselovski. — Petit Questionnaire Réponse 28 Wasili — Le C. du Misanthrope Un Provincial. — Correspondance {Cotin G. Mon VAL. — Molière à Châteauroux Mondorge. — Bulletin théâtral Comédie C. Del AMP. procès de le 145 149 et decin ICI : Teploff : D.... cabinet et tin , Trisso- . ; Lycée Louis Le Grand 160 — Septembre 1882 Vincens Saint-Laurent. — Un nouveau dénouement du Mondorge. — Bulletin théâtral Comédie Athènes Smyrne H. Allouard, — Les moments Molière hors H. DE Lapommeraye. — Deux La Rédaction. — Réponse à un (MoLegouvé Dupont-Vernon. — Aux Du Monceau. — Iconographie moliéresque N" XLii. Tartuffe ; ; derniers Statue, figure 163 fran- : çaise 157 159 fran- : çaise 153 155 de 175 ; texte lettres 176 177 Provincial, lière et Cotinj E. et de Molière : 190 N° XLin. — Octobre — Molière sa yal La Rédaction. — Nécrologie Ed. Thierry. le 181 le Molière-Coypel : 179 interprêtes troupe et 1882. au Palais-Ro- Sicilien — 195 C. Delamp : 210 G. Monval. Réponse à M. de Lapommeraye Un Provincial. Molière et Cotin (suite) C. Brouchoud. Le Père de iW"^ du Parc La Rédaction. Une relique du cimetière St-foseph Du Monceau, Bibliographie le Molière-Hachette; — — — — La Croix juge Mondorge. — Bulletin théâtral . 211 215 218 220 : Molière et partie 221 ; : Comédie fran- LE MOLIÊRISTE çaise 383 Odéon; Opéra-Comique; Théâtre de ; St- Cloud N" — Saint-Simon G. MoNVAL. 223 — Novembre XLrv. inédit 1882. Alceste et : Mon- tausier — Molière Martin. — L.... A. .227 et Mathurin Régnier Molière portraits attribués à et 232 Madeleine Béjart, deux Abraham Bosse 238 Fac-similé des deux portraits, dans le texte. 240-41 Ch. Marie. L'Asile du sonnet d'Oronte 244 E. Marnicouche. Molière et Cotin, autre réponse à un Provincial 246 Du Monceau. Bibliographie Avare, annoté par M. Livet; P^rnolphe de Molière 251 Mondorge. Bulletin théâtral Comédie fran. — — — V : — çaise : Odéon ; Vienne ; Salle N° ; Opéra comique ; Théâtres de Chaîne XLV. — — — — Décembre 253 1882. A. ViTU. Le chasseur des Fâcheux Molière et Cotin (suite) Un Provincial. La Farce des Quiolards et le Bourgeois E. Noël. gentilhomme — Blondet. Une erreur à propos de Molière A. De Montaiglon. Molière traduit en turc. Du Monceau. Bibliographie la Maison mortuaire de Molière, par M. A. Vitu Brindeau, par G. — — . . . 259 264 267 276 277 : ; Molière-Moland ; les Comédiens italiens, Baschet ; Taris sous Louis XIV, de M. MaCatulle, traduit en vers ; Affiche de théâtre. d'Heylli de M. quet ; ; le — Bulletin théâtral Comédie* Odéon Opéra comique Bordeaux Vienne. — Janvier 1883. N° XL Bibliophile Jacob. — Réponses aux d'un Provincial G. Depping. — Trois concernant fade Molière A. Brisson. — Curiosités littéraires Molière Mondorge. çaise ; ; 278 fran- : ; ; 287 VI. questions pièces mille 291 la inédites • : in~ 301 LE MOLIÈRISTE 384 connu (Stances Galantes) Bibliographie le premier livre dédié à Molière ; Un portrait dit de Molière .... — Du Monceau. — MoNDORGE. Bulletin théâtral ; Comédie française ;Odéon Opéra comique Salle des Capucines. ; ; N°XLVii. — Février et la — et de Macée, par tion de Molière Masque 320 — — — Du Monceau. — Bibliographie baut 318 1883. La Gloire du Val de Grâce, Tartuffe Paix de V Eglise Molière et le Masque de Fer J. L01SELEUR. P. Lacroix. Toast du Banquet-Molière D' C. II Mathanasius. Question de Cabinet ... Ed. Thierry. 311 : ; M. Rotrou , et : 'Boursault Le ; du secret parUbalde Erratum important Ephémérides moliéresques — — — Bulletin théâtral Mondorge. çaise Opéra comique ; N* ; xLViii. Odéon ; — Mars 346 349 Janvier : • Comédie : . . 350 fran- Gaîté 351 1883. — Ch. Raymond. Tartuffe triomphant G. Monval. Un nouveau mystificateur Th. Cart. Molière à Montargis C. Port, F. Hillemacher^ A. Loquin. pondance V. Lardet. Dix sujets tirés de Molière — — 334 337 Les Amours de GomGuiffrey ; Nouvelle édi- de Fer, A. Brisson. G. Monval. 1683-178) 323 333 355 357 — — Du Monceau. — Bibliographie G. Monval. — Ephémérides MOLiÉREsauES 1683-1783 Mondorge. — Bulletin théâtral 361 Corres- 363 369 370 : février Index alhabétique 373 373 375 Table des matières 380 Imprimerie de Pons (Charente-Inférieure). — Noël Texier. -.:;/, ;, d Universily of Toronto Library DO NOT REMOVE THE GARD FROM THIS 0) ca *?^ POCKET M) •H HO Acme Library Gard Pocket Under Pat. "Rd. Index File" Made by LIBRARY BUREAU Jn^. \>