sont la source de sollicitations motrices exces-
sives ayant comme conséquence une importante
spasticité qui constitue alors l'essentiel du
handicap.
b) Localisation du trouble. A l'opposé de la
globalité de l'insuffisance, la spasticité atteint
essentiellement les muscles les plus sollicités,
c'est-à-dire, aux membres inférieurs les adduc-
teurs, les ischio-jambiers stabilisateurs du bassin,
le quadriceps, le triceps, masquant et compen-
sant plus ou moins leur insuffisance, constituant
en quelque sorte un système de suppléance,
même s'il est peu satisfaisant.
Une question se pose : celle de savoir si ce
sont uniquement les sollicitations excessives de
muscles insuffisants qui entraînent cette spasti-
cité, ou s'il y a d'autres causes favorisantes
anatomiques ou physiologiques : prévalence ou
non de fibres lentes, particularités dans l'inner-
vation, importance relative du nombre de
fuseaux, etc. Ces questions n'ont pour l'instant
pas de réponse.
c) Une conséquence de la localisation de la
spasticité à certains groupes musculaires est
évidemment le déséquilibre entre antagoniste
raide et antagoniste insuffisant, ce qui aboutit
à la limitation de jeu musculaire, avec raccour-
cissement du premier et étirement de l'autre.
Parmi les conséquences orthopédiques de la
spasticité des adducteurs, outre le problème bien
connu de la luxation de hanches, plus méconnu
est le rôle des adducteurs dans la torsion interne
du fût fémoral. Leur raideur s'ajoute à la
nocivité de l'attitude si fréquente du jeune IMC
assis entre les talons, cuisses en rotation interne.
Cette torsion interne du fût fémoral explique
l'importance des angles interprétés à tort comme
traduisant seulement l'antéversion du col, alors
même que, supérieurs à l'angle d'antéversion
normale du col à la naissance, ils ne peuvent
relever seulement d'une absence d'évolution.
d) Évolution de la spasticité. Si la spasticité
est contingente dans sa répartition, elle est
également contingente dans le temps : elle
n'apparaît pas d'emblée chez le bébé futur IMC
qui en règle, alors même qu'il a pu y avoir une
phase d'hypertonie périnatale, est un enfant
globalement hypotonique, insuffisant, un bébé
trop sage dans son berceau. «Tel je le mettais,
Ann. Kin ésith ér.,1990, t. 17, n° 9 473
tel je le retrouvais »se souviennent les mères.
La raideur ne deviendra manifeste que plus
ou moins tôt en fonction des sollicitations, tout
particulièrement celles des muscles fixateurs du
bassin : adducteurs, ischio-jambiers, la stabilisa-
tion du bassin étant la base de toute activité
motrice de l'axe comme des membres inférieurs.
Cependant l'hyperexcitabilité aura pu être
annoncée par la constatation d'un clonus des
pieds plus ou moins inépuisable.
Ultérieurement, l'intensité de la spasticité peut
être minimisée par une rééducation bien
conduite.
Elle augmente lors de surstimulations, d'où
le danger de la verticalisation à tout prix sans
le soutien suffisant.
Elle peut diminuer lors d'une' mise au repos
ou d'une réduction un peu prolongée des
activités, et même disparaître momentanément
à la suite d'une immobilisation plâtrée postopé-
ratoire.
Elle peut ne plus être retrouvée chez l'adoles-
cent ou l'adulte dans le secteur de mobilité laissé
libre par la rétraction. ~
e) Peut-on concevoir une approche explicative
de cet état de fait qu'est la spasticité de l'IMe.
Par définition, la lésion causale étant cérébrale
laisse intacts les systèmes de régulation médul-
laire, objet de très nombreux travaux sur lesquels
nous n'avons pas à revenir.
C'est donc à partir d'une commande insuffi-
sante, en raison des destructions axonales, que
les systèmes de régulation, quels qu'ils soient;
jouent leur rôle et cela en suivant leurs lois
propres. Répondre à l'ordre donné entraîne une
surstimulation de ces systèmes avec sans doute
l'utilisation aussi d'autres circuits. Or, chez
l'IMC spastique, les réalisations motrices se font
toujours plus ou moins à la limite supérieure des
possibilités ; elles entraînent donc une surstimu-
lation très fréquemment répétée.
La pérennisation de l'état d'hyperexcitabilité
ne peut-elle s'expliquer par un mécanisme
analogue au phénomène de la potentialisation
post-tétanique bien connu en expérimentation
électrophysiologique au niveau du système ner-
veux périphérique : des stimulations à fréquence
tétanisante laissent persister pendant quelque
temps une hyperexcitabilité avec abaissement
très marqué du seuil d'excitabilité?