DIC 9410 – Sophie PIRON Page
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utilisent la description formelle des connaissances dans une application informatique concrète. Dans notre étude, il
s’agira d’utiliser la description formelle atteinte dans une application qui procédera automatiquement à une analyse
de phrases contenant un des verbes étudiés.
I. 2. SOUS-OBJECTIFS ET DÉGAGEMENT DE LA CONTRIBUTION
Notre contribution relève des différents domaines analysés, mais aussi de leur union. L’analyse linguistique sera
fondée sur une perspective historique de la signification des verbes étudiés, qui permettra de mettre en lumière
l’évolution sémantique d’une classe de verbes français. Une perspective historique rend possible, d’une part, une
meilleure évaluation des frontières entre les champs sémantiques qui composent la signification verbale et, d’autre
part, une meilleure compréhension des relations qui relient les différents sens d’un verbe. Cette analyse diachronique
donnera un éclairage original sur la façon de traiter les verbes étudiés. De rares études sont faites dans cette
perspective. Ainsi, Rastier (2000) a proposé d’étudier l’évolution d’un élément lexical en mettant davantage l’accent
sur la valorisation relative des significations que sur leurs relations logiques (extension / restriction) ou sur les figures
de rhétorique (métonymie, métaphore,...). Ce volet a pour objectif de démontrer que l’organisation conceptuelle d’un
verbe n’est jamais totalement figée, ni même donnée à l’avance. Au contraire, la sémantique se forme et se déforme.
L’analyse linguistique synchronique devrait ensuite permettre de dégager les schémas cognitifs de la perception
sensorielle telle qu’elle s’exprime en français dans le cas de certains verbes. Notre analyse devrait compléter certains
aspects des analyses déjà existantes ou s’opposer à d’autres aspects de ces analyses. Sans toutes les citer, on
relèvera notamment les études de Levin (1993), Viberg (1984), Van Voorst (1992), Van Develde (1977), Akmajian
(1977), Brekke (1988), Caplan (1973), Cooper (1974, 1975), Kirsner (1979), Leek & Jong (1982), Rogers (1971,
1972), Quirk (1970), Felser (1999). L’objectif est de dégager les prototypes de sens à l’intérieur du domaine de la
perception sensorielle telle qu’elle est exprimée en français. L’analyse devra aussi expliquer les possibilités de
polysémie à l’intérieur de ce champ sémantique. Par ailleurs, il s’agira d’étudier la correspondance entre les
constructions syntaxiques et les sens pouvant y être attachés. Dans cette optique, il s’agira d’appliquer l’analyse de
Levin (1993) au français pour le cas des verbes de perception sensorielle, tout en en approfondissant cette analyse.
Pour étudier la correspondance entre sens et constructions, nous nous baserons sur un corpus que nous avons
construit, de telles données rassemblées n’étant pas disponibles. Les différentes annotations introduites dans ce
corpus en font une source d’information très utile pour l’analyse linguistique. La formule empiriste de l’analyse sera
complétée par des données de nature intuitive (tradition rationaliste).
L’analyse contribuera également à exposer les relations qui existent entre langage et cognition dans le cas de
l’expression de la perception sensorielle. Talmy (1975, 1988, 2000) propose une approche qui relie les facultés
cognitives générales au langage. Dans notre étude, il s’agira d’étudier la physiologie de la perception sensorielle et