Forts de l’expérience acquise
pour intégrer la prévention
des risques professionnels
lors de la conception
ou la rénovation des lieux
et situations de travail,
l’Assurance maladie-Risques
professionnels et l’INRS
souhaitent aller au-delà.
Les pistes étudiées visent
à donner un nouvel élan
à une action au long cours.
De nouveaux outils sont
envisagés pour permettre
une meilleure reconnaissance
des efforts réalisés
lors de la mise en œuvre
d’un projet.
La démarche de « Conception des
lieux et situations de travail » (CLST)
et l’action quotidienne de préven-
tion des risques professionnels au sein
des entreprises se conjuguent. « Malgré
les progrès réalisés en matière de préven-
tion des risques professionnels, celle-ci
relève encore trop souvent de l’action cor-
rectrice, souligne Yvon Créau, ingénieur-
conseil responsable du département de
la prévention des risques professionnels
à la CNAMTS. Lors d’un projet, l’équipe
de conception et le bureau d’études s’at-
tachent d’abord à l’aspect matériel en se
souciant principalement du fruit de l’acti-
vité et, d’une façon annexe, des person-
nes en charge de la conduire. »
L’image des abattoirs de Chicago est res-
tée célèbre : on sait transformer un bœuf
en « corned beef » d’une façon automa-
tisée. Or, même dans ce cas de figure,
l’homme est indispensable. « Il faut
prendre en compte tous ceux qui vont
concourir à la bonne marche d’un établis-
sement, quelle que soit leur activité, expli-
que l’ingénieur-conseil. C’est vrai dans le
secteur industriel comme dans le domaine
commercial ou des services. » Dans une
banque, par exemple, la relation client-
salarié dépend aussi de l’aménagement
de l’espace clientèle et de la gestion de
la file d’attente. Correctement appré-
hendés, ces deux facteurs contribuent à
réduire le stress et à limiter l’agressivité
au guichet comme dans le bureau du
chargé de clientèle.
Trois secteurs tests
La démarche CLST engagée au niveau
national par l’Assurance maladie-Risques
professionnels et l’INRS vise à inciter les
maîtres d’ouvrage à s’engager dans des
actions volontaires de prévention des
risques professionnels et d’améliora-
tion des conditions de travail, le plus en
amont d’un projet. Pour donner plus de
visibilité aux démarches CLST engagées
par les maîtres d’ouvrage, le réseau pré-
vention propose de valoriser les efforts
accomplis aux différents stades du projet
en certifiant la démarche CLST. Pour en
étudier la faisabilité, l’INRS a lancé une
enquête dont les premiers résultats vien-
nent de paraître (cf. encadré).
« Quelles qu’en soient les modalités
(label ou certification), il faut qu’il y ait
une véritable reconnaissance de la prise
en compte de la santé et sécurité au tra-
vail avec un mode d’affichage traduisant
mieux la finalité de cette action de pré-
vention », relève Yvon Créau. C’est l’in-
térêt de l’outil actuellement en cours de
finalisation, qui permettra d'attester que
le projet et sa réalisation ont bien mis la
question de l’homme au travail au centre
des préoccupations. Citons, par exemple,
tout ce qui contribue à une élaboration
participative durant le processus qui va
de l’intention initiale jusqu’à la mise en
service : embauche anticipée de collabo-
rateurs, préparation en amont du projet,
prise en compte de l’activité réelle des
personnes et de l’usage, comptes-rendus
des réunions de travail. « Pour enrichir cet
outil, nous nous fondons sur les démar-
ches CLST réussies et notamment celles
qui se développent dans les secteurs les
plus actifs », précise Yvon Créau. Dans un
premier temps, il sera ainsi proposé d’ex-
périmenter cette démarche dans trois
domaines d’activité tests : assainisse-
ment et traitement des eaux, logistique
et distribution, secteur de l’accueil des
personnes handicapées et dépendantes
(cf. page 20).
J.-P. R.
Une attente
réelle
L’enquête menée par Afnor-
Certification auprès d’un panel de
18 000 personnes montre qu’il existe
une demande des entreprises déjà
engagées dans des actions de gestion
de la qualité. La grande majorité
des répondants estime qu’il existe
un retour sur investissement lié
à la prise en compte de la santé
et sécurité du travail dans les projets
de conception des lieux et situations
de travail. Deux tiers d’entre eux
déclarent mettre ou compter mettre
des moyens dans celle-ci. Plus
de la moitié juge plutôt intéressant
le fait de disposer d’une
reconnaissance du type certification
CLST. Enfin, un quart se déclare prêt
à s’engager dans une démarche
de cette nature.
Du plan, à l’usage
Mettre l’homme au centre
des préoccupations
18 Travail & Sécurité – Novembre 2010