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Publié le mardi 12 juin 2012 08:44
Depuis quelques décennies on assiste à un renversement de la vapeur,
l’Occident est moins fort et l’islam, de moins en moins primitif,
s’est instruit profitant de dynamiques démographique et économique
nouvelles. Proximité géographique, immigration, enjeux stratégiques et
histoire coloniale auxquels s’ajoutent l’anxiété d’un Occident
affaibli et la fougue d’un islam revanchard constituent la caisse de
résonnance de la théorie des chocs des civilisations.
A contre-courant de la pensée dominante chez les Occidentaux de
l’extérieur mais aussi les occidentalisés de l’intérieur,
rappelons-nous de ce que disait Taha Hussein, repris par Abdelwaheb
Meddeb: être moderne c’est être occidental, une thèse iconoclaste
s’est invitée au débat amenant une autre vision, celle du rendez-vous
des civilisations. Cette théorie repose sur une boîte à outils issue
de la démographie qui rejette toute forme d’essentialisme et de
déterminisme culturel et historique des civilisations.
La modernité chez les démographes s’explique par des structures
familiales, des stratégies matrimoniales, des taux d’alphabétisation
et des taux de fécondité. En gros, ce que nous apprennent Courbage et
Todd dans leur livre ‘‘Le rendez-vous des civilisations’’ est que,
contrairement à ce qu’entretient la thèse des chocs des civilisations,
le monde musulman et le monde arabe sont traversés par des dynamiques
démographiques qui les placent déjà dans l’antichambre de la
modernité. La transition vers la modernité commence par une
instabilité idéologique et politique qui met fin aux dictatures. Les
conclusions des deux démographes faites en 2007 se confirment
aujourd’hui.
Parmi les principaux mécanismes démographiques qui préludent de la
modernité dans les sociétés arabes et musulmanes, on trouve un taux
d’alphabétisation dépassant les 50% chez femmes (atteint en 1975 en
Tunisie) et des hommes (atteint en 1960), une fécondité en baisse (en
1965 la fécondité a commencé à baisser en Tunisie, elle est de 2,02
enfants par femmes en 2002 et de moins de 2 actuellement) et un taux
de mariage endogame (entre cousins) en baisse.
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