AFRIQUE SUBSAHARIENNE De l’Afrique subsaharienne, 21 pays sont présents aux Sommets de la ­F rancophonie. Les frontières de ces pays sont nées de la présence des anciennes colonies européennes, ­particulièrement de la France*, de la Belgique et du Portugal. Selon les endroits, le pourcentage de francophones « réels » varie de 0,1 % à 35 %, alors que celui des francophones « occasionnels » oscille entre 4 % et 40 %. Dans la grande majorité de ces pays, la langue officielle est le français, auquel s’ajoutent l’espagnol ( Guinée-­É quatoriale ), l’arabe (Djibouti, Tchad ), l’anglais ( Cameroun ), le kirundi ( Burundi ) et le kinyarwanda ( Rwanda ). Le portugais est langue officielle au Cap-Vert, en Guinée-Bissau ainsi qu’à São Tomé e Príncipe. La situation du français est particulière. Langue de l’administration, de l’enseignement et de la communication internationale, le français est, dans la vie quotidienne en contact permanent avec les langues africaines, habituellement langues d’usage, ce qui a pour conséquence le développement de nouveaux parlers français adaptés aux réalités du continent africain, si bien que l’on parle parfois de « français d’Afrique ». À l’occasion, ces particularités vont jusqu’à entraîner des transformations profondes de la syntaxe et du lexique. Les Africains s’approprient, alors, le français, qu’ils soumettent à de nouveaux modèles linguistiques. *- AEF : Afrique équatoriale française ( 1910-1958 ), fédération regroupant le Gabon, le Moyen-Congo ( actuel Congo ), l’Oubangui-Chari ( actuel Centrafrique ) et le Tchad. - AOF : Afrique occidentale française ( 1895-1958 ), fédération regroupant le Sénégal, la Mauritanie, le Soudan, la Haute-Volta ( actuel Burkina Faso ), la Guinée, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Dahomey ( actuel Bénin ). ADLER A., Le Pouvoir de l’interdit. Royauté et religion en Afrique noire, Paris, L’Harmattan, 2000. DUBRESSON Alain et Jean-Pierre RAISON, L’Afrique subsaharienne : Une géographie du changement, Paris, Armand Colin, 2003, 246 p. MBACK Nach, Démocratisation et décentralisation : genèse et dynamiques comparées des processus de décentralisation en Afrique subsaharienne, Paris, Karthala, 2003, 529 p. AFI 2007 165 AFRIQUE (1) Bénin Burkina Faso Burundi Cameroun République du Bénin République du Burkina Faso République du Burundi République du Cameroun Porto Novo Ouagadougou Bujumbura Yaoundé 112 620 274 200 27 830 475 440 rép. unitaire, régime présidentiel rép. unitaire, régime parlementaire rép. unitaire, régime présidentiel rép. unitaire, régime semi-présidentiel Chef d’État entrée en fonction Yayi Boni 06-04-2006 Blaise Compaoré 15-10-1987 Pierre Nkurunziza 26-08-2005 Paul Biya 06-11-1982 Chef du gouvernement entrée en fonction Yayi Boni 06-04-2006 Ernest Paramanga Yonli 06-11-2000 Pierre Nkurunziza 26-08-2005 Ephraim Inoni 08-12-2004 Langues officielles Autres langues français fon et yourouba français langues africaines kirundi, français swahili français, anglais langues africaines (24 majeures) Principales religions et spiritualités identifiées en % de la population croyances traditionnelles (50) christianisme(30) islam (20) islam (50) croyances traditionnelles (40) autres (10) catholicisme (62) croyances traditionnelles (23) islam (10) protestantisme (5) croyances traditionnelles (40) christianisme (40) islam (20) Population (en M) Moins de 15 ans en % Plus de 65 ans en % Indice de fécondité Espérance de vie H/F Alphabétisation en % 7,9 44,1 2,4 5,2 51,9/54,22 33 13,9 46,8 2,5 6,5 47,3/50,4 26,6 8 43,3 2,6 6,6 50/51,6 51,6 17,3 41,2 3,2 4,4 51/51 79 IDH (rang/177) 162 175 169 148 PIB (en G PPA) PIB/hab. (PPA) 8,6 1 100 17 1 300 5,7 700 40,8 2 400 franc CFA 0,0015 0,0019 franc CFA 0,0015 0,0019 franc burundais 0,0007 0,0010 franc CFA 0,0015 0,0019 Principales exportations coton, pétrole brut, prod. de palme, cacao coton, prod. animaliers, or café, thé, sucre, coton, peaux pétrole brut et prod. pétroliers, bois, cacao, aluminium, café, coton Principales importations prod. alimentaires, biens essentiels, prod. pétroliers prod. alimentaires, biens essentiels, pétrole biens essentiels, prod. pétroliers, prod. alimentaires machinerie, équip. électrique, équip. de transport, prod. alimentaires Principaux partenaires commerciaux Chine, Inde, Indonésie, Niger, Togo, Thaïlande, Nigeria Chine, Singapour, Thaïlande, Ghana, Taïwan Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Suisse, É.-U., Pakistan Espagne, Italie, France, Corée du Sud, Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, É.-U. Nom officiel Capitale Superficie (km2) Politique 1 Monnaie2 EURO US $ 1 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 2 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif 166 Source : The World Factbook 2006 AFI 2007 AFRIQUE (2) Nom officiel Cap-Vert Centrafrique Congo Côte d’Ivoire République du Cap-Vert République centrafricaine République du Congo République de Côte d’Ivoire Capitale Praia Bangui Brazzaville Yamoussoukro Superficie (km2) 4 033 622 984 342 000 322 460 rép. unitaire, régime parlementaire rép. unitaire, régime présidentiel rép. unitaire, régime présidentiel rép. unitaire, régime parlementaire Chef d’État entrée en fonction Pedro Pires 22-03-2001 François Bozizé 15-03-2003 Denis Sassou-Nguesso 25-10-1997 Laurent Gbagbo 25-10-2000 Chef du gouvernement entrée en fonction José Maria P. Neves 01-01-2001 Elie Doté 13-06-2005 Denis Sassou-Nguesso 25-10-1997 Charles Konan Banny 17-12-2005 Langues officielles Autres langues portugais français, créole capverdien français, sango banda, gbaya français lingala, minokutuba français dialectes locaux (dioula) Principales religions et spiritualités identifiées en % de la population catholicisme (94) protestantisme (5) islam (1) croyances traditionnelles (35) catholicisme (25) protestantisme (25) islam (15) christianisme (50) animisme (48) islam (2) islam (35-40) croyances traditionnelles (25-40) christianisme (20-30) Population (en M) Moins de 15 ans en % Plus de 65 ans en % Indice de fécondité Espérance de vie H/F Alphabétisation en % 0,4 37,9 6,7 3,4 67,4/74 76,6 4,3 41,9 4,2 4,4 43,5/43,6 51 3,7 46,4 2,9 6,1 51,7/54 83,8 17,7 40,8 2,8 4,5 46,2/51,5 50 ,9 IDH (rang/177) 105 171 142 163 PIB (en G PPA) PIB/hab. (PPA) 3 6 200 4,8 1 100 4,6 1 300 28,5 1 600 ecudo capverdien 0,0090 0,0115 franc CFA 0,0015 0,0019 franc CFA 0,0015 0,0019 franc CFA 0,0015 0,0019 Principales exportations combustibles, chaussures, vêtements, poissons, peaux diamants, bois d’œuvre, coton, café, tabac pétrole brut, bois, sucre, cacao, café, diamants cacao, café, bois d’œuvre, pétrole, coton, bananes, ananas, poissons Principales importations prod. alimentaires, prod. industriels, équip. de transport, combustibles prod. alimentaires, textiles, prod. pétroliers, machinerie biens essentiels, matériaux de construction, prod. alimentaires combustibles, biens essentiels, prod. alimentaires Principaux partenaires commerciaux Espagne, Portugal, É.-U., Maroc Belgique, France, Espagne, Italie, Chine, Indonésie, Rép. dém. du Congo, É.-U., Turquie Chine, É.-U., Thaïlande, Corée du Sud France, É.-U., Pays-Bas, Nigeria, Panama Politique 1 Monnaie2 EURO US $ 1 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 2 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif AFI 2007 Source : The World Factbook 2006 167 AFRIQUE (3) Djibouti Gabon Ghana Guinée Guinée-Bissau République de Djibouti République gabonaise République du Ghana République de Guinée République de Guinée-Bissau Djibouti Libreville Accra Conakry Bissau 23 000 267 667 239 460 245 857 36 120 rép. unitaire, régime parlementaire rép. unitaire, régime présidentiel rép. unitaire, régime présidentiel rép. unitaire, régime présidentiel rép. unitaire Chef d’État entrée en fonction Ismaël Omar Guelleh 08-05-1999 Omar Bongo Ondimba 28-11-1967 John Agyekum Kufuor 07-01-2001 Lansana Conté 19-12-1993 Joao Bernardo Vieira 01-10-2005 Chef du gouvernement entrée en fonction Mohamed Dileita Dileita 04-03-2001 Jean Eyeghe Ndong 20-01-2006 John Agyekum Kufuor 07-01-2001 poste vacant Aristides Gomes 02-11-2005 Langues officielles Autres langues français, arabe afar, somali français fang, myéné, nzebi, bapounou\eschira anglais langues africaines français, chaque groupe ethnique a sa propre langue portugais créole, langues africaines, français Principales religions et spiritualités identifiées en % de la population islam (94) christianisme (6) christianisme (60) animisme (39) islam (1) christianisme (63) islam (16) croyances trad. (21) islam (85) christianisme (8) croyances traditionnelles (7) croyances traditionnelles (50) islam (45) christianisme (5) 0,5 43,3 3,3 5,3 41,9/44,5 67,9 1,4 42,1 4,1 4,7 53,2/55,8 63,2 22,4 38,8 3,5 4 58,1/59,6 74,8 9,7 44,4 3,2 5,8 48,3/50,7 35,9 1,4 41,5 3 4,9 45,1/48,8 42,4 IDH (rang/177) 150 123 n.d. 156 172 PIB (en G PPA) PIB/hab. (PPA) 0,6 1 300 9,5 6 800 54,5 2 500 19 2 000 1,2 800 franc djiboutien 0,0045 0,0057 franc CFA 0,0015 0,0019 cedi ghanéen 0,0001 0,0001 franc guinéen 0,0001 0,0002 franc CFA 0,0015 0,0019 Principales exportations cuir et peaux, café pétrole brut, bois d’œuvre, manganèse, uranium or, cacao, bois, thon, bauxite, alumine, diamants bauxite, alumine, or, diamants, café, poissons, prod. agricoles noix d’acajou, crevettes, arachides, amandes, bois de sciage Principales importations prod. alimentaires, boissons, équip. de transport, prod. chimiques machinerie et équipement, prod. alimentaires, prod. chimiques biens essentiels, pétrole, prod. alimentaires prod. pétroliers, métaux, machinerie, équip. de transport, textiles équip. de transport, prod. alimentaires, prod. pétroliers Principaux partenaires commerciaux Somalie, Yémen, Éthiopie É.-U., France, Chine, Trinidad et Tobago Pays-Bas, Royaume-Uni, Belgique, France, Allemagne Russie, Corée du Sud, Espagne, Ukraine, É.-U., Irlande, France Inde, Nigeria, Équateur Nom officiel Capitale Superficie (km2) Politique Population (en M) Moins de 15 ans en % Plus de 65 ans en % Indice de fécondité Espérance de vie H/F Alphabétisation en % 1 Monnaie2 EURO US $ 1 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 2 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif 168 Source : The World Factbook 2006 AFI 2007 AFRIQUE (4) Nom officiel Guinée-Équatoriale Mali Mozambique Niger République de Guinée-Équatoriale République du Mali République du Mozambique République du Niger République démocratique du Congo République démocratique du Congo Capitale Malabo Bamako Maputo Niamey Kinshasa Superficie (km2) 28 051 1 240 192 801 590 1 267 000 2 345 410 rép. unitaire, régime présidentiel rép. parlementaire, régime présidentiel rép. unitaire, régime présidentiel rép. unitaire, régime semi-présidentiel rép. unitaire, régime présidentiel Chef d’État entrée en fonction Téodoro Obiang N. Mbasogo 03-03-1979 Amadou Toumani Touré 08-06-2002 Armando Guebuza 02-02-2005 Mamadou Tandja 22-12-1999 Joseph Kabila 26-01-2001 Chef du gouvernement entrée en fonction Ricardo M. Obama Nfubea 14-08-2006 Ousmane Issoufi Maiga 30-04-2004 Luisa Diogo 17-02-2004 Mamadou Tandja 22-12-1999 Joseph Kabila 26-01-2001 Langues officielles Autres langues espagnol français, anglais, fang, bubi, ibo français bambara, langues africaines portugais macua, xichangana français haussa, djerma français lingala, kingwana, kikongo, tshibula Principales religions et spiritualités identifiées en % de la population catholicisme et autres chrétiens pratiques païennes islam (90) croyances traditionnelles (9) christianisme (1) croyances trad. (40,9) islam (17,8), catholicisme (4,3) islam (80) croyances trad. et christianisme (20) christianisme (70) islam (10) kimbanguisme (10) croyances trad. (10) 0,5 41,7 3,8 4,6 48/51 85,7 11,7 48,2 3 7,4 47,1/51 46,4 19,7 42,7 2,8 4,6 39,5/40 47,8 12,5 46,9 2,4 7,5 43,8/43,7 17,6 62,7 47,4 2,5 6,5 50/53 65,5 IDH (rang/177) 121 174 n.d. 177 167 PIB (en G PPA) PIB/hab. (PPA) 25,7 5 200 13,6 1 200 26 1 300 11,3 900 40,7 700 franc CFA 0,0015 0,0019 franc CFA 0,0015 0,0019 metical mozambicain 0,0000 0,0000 franc CFA 0,0015 0,0019 franc congolais 0,0018 0,0023 Principales exportations pétrole, méthanol, bois d’œuvre, cacao coton, or, bétail aluminium, crevettes, noix d’acajou, coton, sucre, citron, bois uranium, bétail, doliques, oignons diamants, cuivre, pétrole brut, café, cobalt Principales importations équipement du secteur pétrolier et autres équipements pétrole, machinerie et équipement, prod. alimentaires machinerie et équipement, véhicules, combustibles, prod. chimiques, prod. alimentaires prod. alimentaires, machinerie, véhicules et pièces, céréales prod. alimentaires, équip. minier, combustibles Principaux partenaires commerciaux É.-U., Chine, Espagne, Canada, Taïwan, Portugal, Pays-Bas, France Chine, Pakistan, Thaïlande, Taïwan, Italie Belgique, Afrique du Sud, Espagne, Italie, Allemagne France, Nigeria, É.-U. Belgique, É.-U., Chine, France, Finlande Politique Population (en M) Moins de 15 ans en % Plus de 65 ans en % Indice de fécondité Espérance de vie H/F Alphabétisation en % 1 Monnaie2 EURO US $ 1 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 2 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif AFI 2007 Source : The World Factbook 2006 169 AFRIQUE (5) Rwanda São Tomé e Príncipe Sénégal Tchad Togo République du Rwanda République de São Tomé e Príncipe République du Sénégal République du Tchad République togolaise Capitale Kigali São Tomé Dakar N’Djamena Lomé Superficie (km2) 26 338 1 001 196 190 1 284 000 56 785 rép. unitaire, régime présidentiel rép. unitaire, régime parlementaire rép. unitaire, régime présidentiel république, régime présidentiel rép. unitaire, régime parlementaire Chef d’État entrée en fonction Paul Kagamé 22-04-2000 Fradique de Menezes 03-03-2001 Abdoulaye Wade 01-04-2000 Idriss Déby 04-12-1990 Faure Gnassingbé 17-05-1995 Chef du gouvernement entrée en fonction Bernard Makuza 08-03-2000 Tome Soares da Vera Cruz 21-04-2006 Macky Sall 21-04-2004 Pascal Yoadimnadji 03-02-2005 Yawovi Agboyibo 16-09-2006 Langues officielles Autres langues kinyarwanda, français, anglais kiswahili portugais français français wolof, pulaar, jola, mandinka français, arabe sara, 120 langues et dialectes français éwé et mina, kabyé, dagomba Principales religions et spiritualités identifiées en % de la population catholicisme (56,5) protestantisme (26) adventisme (11,1) islam (4,6) catholicisme (70) autres (30) islam (94) christianisme (5) croyances trad. (1) islam (51) christianisme (35) animisme (7) croyances traditionnelles (51) christianisme (29) islam (20) 8,7 41,9 2,5 5,4 46,3/48,4 70,4 0,2 47,5 3,8 5,6 65,7/68,6 79,3 12 40,8 3,1 4,4 57,7/60,9 40,2 9,9 47,9 2,7 6,3 45,9/49,2 47,5 5,6 42,3 2,6 5 55,4/59,5 60,9 IDH (rang/177) 159 126 157 173 143 PIB (en G PPA) PIB/hab. (PPA) 12,7 1 500 0,2 1 200 20,5 1 800 14,8 1 500 9 1 700 franc rwandais 0,0014 0,0018 dobra 0,0001 0,0001 franc CFA 0,0015 0,0019 franc CFA 0,0015 0,0019 franc CFA 0,0015 0,0019 Principales exportations café, thé, cuir, étain cacao, copra, café, huile de palme poissons, arachides, prod. pétroliers, phosphate coton, bétail, gomme arabique prod. réexportés, coton, phosphate, café, cacao Principales importations prod. alimentaires, machinerie et équipement machinerie et équip. électrique, prod. alimentaires prod. alimentaires et boissons, biens essentiels machinerie et équip. de transport, prod. alimentaires machinerie et équipement, prod. alimentaires Principaux partenaires commerciaux Allemagne, Chine, Belgique Pays-Bas, Belgique, Turquie, Corée du Sud Mali, Inde, France, Espagne, Italie É.-U., Chine, Taïwan Ghana, Burkina Faso, Bénin, Mali, Inde, Nigeria Nom officiel Politique Population (en M) Moins de 15 ans en % Plus de 65 ans en % Indice de fécondité Espérance de vie H/F Alphabétisation en % 1 Monnaie2 EURO US $ 1 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 2 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif 170 Source : The World Factbook 2006 AFI 2007 BÉNIN Mbaye DIOUF Université Laval [email protected] 2006 a été une année politique au Bénin. Elle a été, en effet, marquée par l’élection de Yayi Boni à la présidence de la République, le 19 mars. Cette élection a été suivie par une série de mesures incitatives aux plans économique et social, pendant que le pays continuait de briller sur la scène internationale au plan culturel. POLITIQUE L ’année 2006 a été marquée au Bénin par l’élection, le 19 mars, de Yayi Boni à la présidence de la République. L’ex-président Mathieu Kérékou avait, auparavant, décidé de prendre sa retraite politique. Ce retrait de Kérékou peut être salué comme un geste rare et plein de sagesse dans une Afrique où les dirigeants s’accrochent au pouvoir par tous les moyens et, souvent, au prix de leur vie ou, à défaut, de la vie de centaines voire de milliers de leurs concitoyens. Docteur en économie et ancien directeur de la Banque ouest-africaine de développement ( BOAD ), le nouveau président avait axé toute sa campagne électorale sur le thème du changement. La stagnation économique, la détérioration des conditions de vie, l’affairisme dans les sphères du pouvoir et le discrédit de la classe politique, qui ont marqué le long régime de Kérékou, devaient faire place à un « Bénin nouveau ». Le nouveau président a mis en place un gouvernement de rupture dominé par des technocrates dont la mission principale est de redynamiser l’économie, de réduire la pauvreté et de lutter contre la corruption. Il a, dans ce sens, nommé au poste de médiateur Albert Tévoédjrè, ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies. Le Bénin a été, comme de coutume, largement représenté au XI e Sommet de la Francophonie tenu en Roumanie en septembre 2006. Pays reconnu en Afrique pour sa démocratie et sa stabilité, le Bénin AFI 2007 joue un rôle important au sein de l’Organisation internatio nale de la Francophonie ( OIF ), particulièrement au niveau de la médiation dans les conflits c i v i l s e t i n t e r n a t i o n a u x . Le pays, à l’instar d’autres pays d’Afrique, participe activement à la recherche de la paix en Côte d’Ivoire. À ce propos, il a mis sa diplomatie en œuvre pour l’aboutissement des négociations entre le gouvernement d’Abidjan et les Forces nouvelles, et dans le cadre des initiatives prises lors du sommet de l’Union africaine ( UA ) à Addis Abéba, et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO ) à Abuja. Toujours sur le plan politique, le Bénin a tenu à réaffirmer son rôle de pays de médiation et de paix dans le continent. Il entend ainsi rester à équidistance entre les protagonistes des différents acteurs en conflit en Afrique, en particulier chez ses voisins. Ainsi, en novembre, la police béninoise a interpellé à Cotonou deux personnes liées à la rébellion centrafricaine : le président de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement ( UFDR ) Michel Am Non Droko Djotodia et son porte-parole, le capitaine Abakar Sabone. Ces arrestations répondent à un mandat d’arrêt international, remis directement aux autorités judiciaires béninoises par le procureur de la République et le doyen des juges d’instruction de Bangui. En 1989, le Bénin avait extradé vers le Centrafrique l’actuel président François Bozizé, qui y 171 AFRIQUE SUBSAHARIENNE avait trouvé refuge pour échapper à des poursuites pour « complot » contre le président de l’époque, André Kolingba. Le Bénin espère, par ailleurs, tirer profit du réchauffement des relations politiques et économiques entre l’Afrique et l’Amérique du Sud. Désireux de renforcer leurs liens avec les pays du Sud pour en finir avec la tutelle des pays riches du Nord, des géants latino-américains comme le Brésil et le Venezuela ont lancé une offensive diplomatique et économique en Afrique. Un Sommet a réuni en novembre 2006 à Abuja, au Nigéria, ces pays et leurs interlocuteurs africains. Les concepts de « partenariat stratégique » et de « renforcement de l’axe Sud-Sud » ont été mis de l’avant pour lancer la nouvelle coopération. Ce premier Sommet Afrique-Amérique du Sud avait été annoncé par Brasilia en septembre lors d’une rencontre Brésil-Inde-Afrique du Sud. Le président vénézuélien Hugo Chavez avait plaidé pour la coopération Sud-Sud devant l’UA en juillet en Gambie. BÉNIN ÉCONOMIE Géographie Longue bande de terre orientée nordsud et divisée en cinq régions naturelles aux zones climatiques variées : littoral sableux, terre argileuse, plateaux cristallins, régions montagneuses et plaines. Porto-Novo ( 180 000 habitants ) est la capitale officielle mais sa voisine, Co to n o u ( 5 5 5 0 0 0 h a b i t a nt s ) , e s t la métropole qui abrite le gouvernement. Histoire ➤ Ancien royaume du Dahomey cé lèbre pour ses rois Glé-Glé et son fils Behanzin qui luttèrent contre la France jusqu’en 1894. ➤ 1895 Le Dahomey, membre de l’AOF, devient peu à peu la pépinière des cadres de l’Afrique, d’où son surnom de « Quartier latin de l’Afrique ». ➤ 1960 ( 1er août ) Indépendance. ➤ 1972 Coup d’État de M. Kérékou. ➤ 1974 Le marxisme-léninisme, idéologie d’État. ➤ 1975 ( 30 nov. ) Le Dahomey devient la république populaire du Bénin. ➤ 1990 Nouvelle Constitution. Restauration de la démocratie par Kérékou. ➤ 1991 Nicéphore Soglo ( démocrate ) élu président de la République. ➤ 1995 ( avril ) Victoire de l’opposition aux élections législatives. ➤ 1995 ( nov. ) VI e Sommet de la Francophonie à Cotonou. ➤ 1996 ( mars ) M. Kérékou élu président. ➤ 2001 ( mars ) Kérékou réélu. Élections contestées. ➤ 2002 Décentralisation. Élec tions municipales, suivies de législatives ( 2003 ). ➤ 2006 Élection du Dr Boni Yayi. 172 Les initiatives se succèdent à un rythme accéléré. En novembre, sous la direction du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, le Conseil national des chargeurs du Bénin a abrité les travaux de l’atelier d’appui à la formulation du Programme national de sécurité alimentaire (PNSA ). En 1996, après le Sommet mondial de l’agriculture, de nombreux pays africains dont le Bénin avaient mis en œuvre un Programme spécial de sécurité alimentaire ( PSSA ). Les impacts positifs du PSSA ont amené le gouvernement à lui donner une envergure nationale en l’érigeant en Programme national de sécurité alimentaire. Si la modernisation de l’agriculture béninoise est aujourd’hui une priorité, l’approche rurale en est une dimension incontournable pour régler les problèmes à la base, réduire le dénuement des populations et lutter contre la faim. Le PNSA vise donc non seulement à renforcer les réformes dans le secteur agricole, mais également à accompagner le processus de décentralisation en cours dans les communes. La question du coton est l’autre problème majeur de l’agriculture béninoise. Le président Boni n’a pas manqué d’en faire cas lors de ses toutes premières sorties officielles. De Paris à Berlin, en passant par Bruxelles, Hanoï ou Lagos, il a rappelé à la communauté internationale le caractère vital de cette culture pour des millions d’Africains. Le Bénin est avec trois autres pays du Sahel, le Tchad, le Mali et le Burkina Faso, promoteur de l’Initiative sectorielle sur le coton, présentée à l’Organisation mondiale du commerce ( OMC ) dans le cadre de l’Agenda de développement de Doha ( ADD ). Par cette initiative, les quatre pays sahéliens exigent la suppression des subventions agricoles accordées par l’Union européenne ( UE ) et les États-Unis à leurs planteurs de coton. AFI 2007 BÉNIN L’autre front auquel s’attaque le nouveau gouvernement est celui de l’électricité. Le pays vit depuis longtemps une précarité dans ce domaine due notamment à la forte dépendance au voisin nigérian et à la vétusté des installations électriques. En novembre, le directeur général de la Société Bengaz, les techniciens butaniques de la Société Sinclair Merz ainsi que les consultants en environnement de ICF international ont visité les sites devant abriter les installations de la centrale électrique de Sèmè-Kraké et du gazoduc de Cocodji. Par ailleurs, la Direction départementale de l’industrie et du commerce ( DDIC ) de l’Atlantique et du Littoral a organisé des séances d’information et de sensibilisation à l’intention des opérateurs économiques de l’Atlantique et du Littoral, en vue de faire connaître ses nouvelles missions et activités, entre autres, donner plus de visibilité aux réalisations et interventions du ministère de l’Industrie et du Commerce ( MIC ) et vulgariser les textes régissant la profession de commerçant. Une bonne relance économique s’appuie sur une infrastructure qui facilite la mobilité des personnes et des biens. Ainsi, l’Allemagne va débloquer 6,5 milliards de francs CFA ( 10 millions € ) pour la construction d’un échangeur sur l’avenue Steinmetz, l’une des plus importantes de Cotonou. Outre le financement des travaux, le chef de l’État béninois a obtenu un appui budgétaire de 1,3 milliard FCFA ( 2 millions € ) pour la réfection de plusieurs axes routiers. Parallèlement, le gouvernement béninois a pris de nouvelles mesures à impacts économique et social immédiats. Ainsi, l’interdiction temporaire de l’importation d’huiles alimentaires sur le territoire national par voie terrestre. Cette décision vise à protéger, pendant six mois, les industries béninoises de production d’huiles alimentaires envahies par des productions étrangères. Cela fait perdre au pays plus de 1,3 milliard FCFA par an et empêche les trois sociétés composant l’industrie oléagineuse béninoise, le Fludor-Bénin, l’Industrie béninoise des corps gras ( IBCG ) et la Société des huileries du Bénin ( SHB ), d’atteindre leur pleine capacité de production et d’écoulement. Cette situation cause un manque à gagner à ces structures qui, à maintes reprises, ont menacé de fermer leurs portes. Le gouvernement a, par ailleurs, décidé d’une exonération fiscale hors code au profit des promoteurs des logements sociaux, économiques et de moyenne et grande classes. Il a, en outre, supprimé les contributions scolaires à la maternelle et au primaire pour tous les enfants inscrits dans le secteur public. Cette mesure vise à alléger les charges parentales et à accroître la scolarisation des enfants. En plus de ces contributions scolaires, les parents d’élèves étaient aussi contraints à verser aux établissements scolaires des souscriptions dont le taux variait entre 6 000 et 15 000 FCFA. CULTURE Sur le plan culturel, le pays a encore brillé sur plusieurs plateaux du monde grâce à ses musiciens, danseurs, auteurs, stylistes et autres peintres. La Fondation Zinsou, un musée privé d’art contemporain, ouvert en juin à Cotonou, a abrité cette année une exposition sur le pagne et les divers messages que véhicule ce tissu ancré dans les traditions béninoises. L’exposition montre, outre ses différents motifs et les circonstances de son utilisation, l’usage du pagne selon les différentes aires culturelles et les différentes tranches d’âge. La vedette béninoise Angélique Kidjo, ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF et nominée aux Grammy Awards, a visité cette année les camps AFI 2007 de personnes déplacées du district de Lira, dans le Nord de l’Ouganda, en proie à la guerre. Elle a soutenu que l’éducation des filles était la base du développement de toute nation. L’artiste est connue sur la scène musicale mondiale à travers son style musical qui mélange rythmes africains et latino-américains avec des sonorités funk, salsa, jazz, rumba, soul ou makossa. Elle a récemment participé, en compagnie de plusieurs artistes, à une œuvre de charité organisée par l’ONG Keep a child alive ( Garder un enfant en vie ). De grands noms du milieu du spectacle, tels que Alicia Keys, David Bowie ou Damian Marley, ainsi que les acteurs Ed Norton et Elijah Wood, avaient suivi ses pas. 173 AFRIQUE SUBSAHARIENNE BURKINA FASO Mbaye DIOUF Université Laval [email protected] L’année 2006 a été marquée par le décès de la plus grande figure intellectuelle du pays. Sur le plan socioéconomique, plusieurs initiatives ont été prises dans le but de réduire le sous-développement et la pauvreté. POLITIQUE L a scène politique burkinabé reste marquée par l’immobilisme des parties en présence. D’une part, on a le camp présidentiel déterminé à conserver le pouvoir. D’autre part, on a une opposition divisée et intimidée, parfois incohérente dans ses orientations. Il manque à cette opposition la définition et le respect d’un projet alternatif commun et national capable de mobiliser les Burkinabé. Ce rapport de forces est favorable au président Blaise Compaoré qui continue de fortifier ses relations internationales. Il BURKINA FASO Géographie Pays enclavé au cœur du Sahel. Agriculture vivrièr; quelques cultures commerciales ( coton, arachide ). Histoire ➤ 1898 La France occupe Bobo-Dioulasso. ➤ 1919 La Haute-Volta devient une colonie particulière ( auparavant incluse dans le Haut-Sénégal-Niger ). ➤ 1960 ( 5 août ) Indépendance sous le nom de Haute-Volta; Yaméogo, président. ➤ 1966-1980 Gouvernement du général Lamizana. ➤ 1983 Thomas Sankara s’empare du pouvoir; révolution démocratique et populaire. ➤ 1987 Un coup d’État militaire au cours duquel Sankara trouve la mort por te Blaise Compaoré au pouvoir; réélu depuis. ➤ 1991 Nouvelle Constitution adoptée par référendum; multipartisme. ➤ 1997 ( oct. ) Changement des armoiries, signe d’un apaisement du pays. ➤ 2001 ( 30 mars ) Journée nationale de pardon. 174 doit cependant composer avec le souvenir de l’assassinat de Thomas Sankara, figure mythique de la Révolution burkinabé, qui est devenu l’icône d’une très grande partie de la jeunesse africaine et de nombreux hommes politiques burkinabé se réclament de son héritage. Mais l’événement politique majeur de l’année est sans doute le décès du P r Joseph Ki-Zerbo, écrivain, historien et homme politique burkinabé, décédé en décembre à l’âge de 84 ans. Ki-Zerbo est le premier Africain noir agrégé d’histoire. Il a enseigné en France et dans de nombreuses universités africaines, notamment au Sénégal, en Guinée, au Niger et dans son propre pays. Dans les années 1970 et 1980, il a mené avec l’historien sénégalais Cheikh Anta Diop des études sur l’histoire de l’Afrique, avec l’intention de permettre aux Africains d’écrire eux-mêmes et de se réapproprier leur histoire. Ancien membre du Conseil exécutif de l’UNESCO et ex-directeur du Centre d’études pour le développement africain ( CEDA ) de Ouagadougou, il a été lauréat de nombreuses distinctions, dont le prix Kadhafi des droits de l’homme en 2000. Opposant politique, Ki-Zerbo a fondé en 1993 le Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste ( PDP/PS ). L’ensemble de la classe politique et intellectuelle burkinabé et africaine a rendu hommage à un homme engagé dans le devenir du continent, au brillant et honnête historien. Auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire générale de l’Afrique, devenu aujourd’hui un document de référence en histoire africaine, AFI 2007 BURKINA FASO Ki-Zerbo était également un des dirigeants du Collectif contre l’impunité, créé au lendemain de l’assassinat du journaliste burkinabé Norbert Zongo en décembre 1998 et pour lequel il a participé à de nombreuses marches et réunions. Ki-Zerbo avait vécu de nombreuses années en exil à la suite d’une condamnation d’un tribunal populaire révolutionnaire créé par la junte militaire dirigée par Thomas Sankara ( 1984-1987 ), avant de rentrer au Burkina en 1992. ÉCONOMIE Sur le plan économique, le Fonds africain de développement ( FAD ) a approuvé en novembre le déblocage de 51,9 millions US $ pour financer un projet d’appui à la filière du coton-textile dans quatre pays : le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad. Le projet permettra de sécuriser les revenus de plus de 900 000 exploitations et touchera une population de près de 10 millions de personnes dont plus de la moitié sont des femmes. Les principales réalisations attendues sont la mise en place d’un cadre de coopération scientifique régionale et de partage de matériel génétique par les quatre instituts de recherche agricole, le renforcement des capacités de l’Association régionale des producteurs du coton africain en matière de négociation et la création d’une base de données sur la filière ainsi que sa mise en réseau avec les quatre bases de données nationales. La maîtrise des circuits de production et de distribution est un enjeu important pour les pays d’Afrique qui n’ont aucune prise sur les décisions du marché international. À ce propos, un cours intensif sur les compétences en matière de négociation commerciale, auquel a participé le Burkina, s’est tenu en novembre à Madagascar. Les spécialistes agricoles burkinabé ont, par ailleurs, participé à Bamako ( Mali ) au Salon international de l’agriculture ( SIAGRI ) où ils ont partagé leurs vues en matière d’agriculture et d’agroindustrie. SOCIÉTÉ L’actualité sociale a été dominée par les efforts de l’État en matière de santé communautaire. Des responsables sanitaires burkinabé ont participé, en décembre à Bamako, au séminaire-atelier de formation des responsables de huit pays ouest-africains exposés à la fièvre jaune. Organisée par l’Agence de médecine préventive ( AMP ), la rencontre a permis la formation d’une cinquantaine de responsables spécialisés dans la lutte contre la fièvre jaune. L’Organisation mondiale de la santé ( OMS ) estime qu’entre 2006 et 2050, les épidémies feront entre 1,5 et 2,7 millions de morts dans ces pays, si rien n’est fait sur le terrain en matière de prévention. La dynamique coopération avec Taïwan permettra la construction d’un Centre médical national de 600 lits à Ouagadougou financé par AFI 2007 le pays asiatique. Cet hôpital fait partie d’un programme d’aide au Burkina Faso comprenant également l’établissement d’une distillerie et d’une ferme aquacole, ainsi que la livraison de 15 000 uniformes militaires. Le Burkina est, par ailleurs, concerné par la grippe aviaire. Des experts des Nations Unies et de la Banque mondiale, présents à la 4 e conférence internationale sur la grippe aviaire tenue en décembre à Bamako, ont estimé que près d’un milliard US $ supplémentaire est nécessaire pour lutter contre la grippe aviaire dans le monde, dont 600 millions pour le seul continent africain. L’argent attendu est destiné à renforcer le dispositif vétérinaire des pays concernés, à procéder au confinement de la volaille infectée, l’éliminer le cas échéant et indemniser les propriétaires. Il doit aussi servir à édifier une infrastructure sanitaire pour l’accueil d’éventuels individus contaminés. L’autre pandémie qui interpelle l’État burkinabé est le sida. Le rapport 2006 sur l’épidémie mondiale, rendu public en novembre, a montré que les femmes africaines sont les plus touchées par la maladie, « sur un continent 175 AFRIQUE SUBSAHARIENNE qui concentre près des deux tiers des séropositifs ou malades infectés par le VIH dans le monde ». Même s’il faut noter la baisse encourageante de la prévalence nationale du VIH au Kenya et au Zimbabwe, il reste qu’avec près de 25 millions de personnes co nt a m i n é e s, l ’Af r i q u e s u b s a h a r i e n n e réunit 63 % des adultes et enfants vivant avec le VIH, parmi lesquels 59 % sont des femmes, soit 17,7 millions de séropositives. Elle concentre aussi 65 % des nouveaux cas ( 2,8 millions ). Les couches défavorisées de la population sont les plus exposées, en particulier les femmes et les enfants. Les responsables nationaux burkinabé de l’enfance et de la femme ont d’ailleurs pris part à la Conférence nationale Femme, enfant et développement tenue à Abidjan en novembre. Les débats ont largement porté sur la question de l’exploitation et du trafic des enfants en Afrique. Ont aussi été évoqués le poids de la coutume et de la religion pour le respect des droits de la femme et de l’enfant, les conséquences de la guerre chez ces derniers et la contribution des médias à la promotion de leurs droits. Par ailleurs, la mortalité infantile reste importante. Un rapport rendu public en novembre à Johannesburg ( Afrique du Sud, Une chance pour les nouveau-nés d’Afrique, sous l’égide du Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant ( PMNCH ) ) estime que 1,16 million de bébés meurent chaque année au cours de leurs 28 premiers jours de vie en Afrique noire. CULTURE Des journalistes burkinabé ont participé en décembre 2005 à Dakar ( Sénégal ) au séminaire international sur les Médias ouestafricains et enjeux des NTIC, organisé par l’Institut Panos Afrique de l’Ouest ( IPAO ), en collaboration avec le Centre de recherche pour le développement international ( CRDI ), et financé par l’Agence intergouvernementale de la Francophonie ( AIF ). Le séminaire fait suite aux ateliers nationaux organisés dans six pays africains dont le Burkina, entre juillet et novembre 2006. Il a permis aux participants d’appréhender plus finement les enjeux des technologies de l’information et de la communication ( TIC ) aux niveaux régional et international, tout en renforçant leur capacité de maîtrise des services liés à Internet. Le Burkina, comme de coutume, a rayonné sur les différents podiums du monde. Des comédiens burk inabé ont pris part au Festival annuel de théâtre des réalités de Bamako, organisé cette année par l’Association culturelle AC TE 7. Par ailleurs, le film Rêves de poussière de Laurent Salgues a été sélectionné dans la catégorie World Cinema Competition au Festival de Sundance en novembre. Présenté en première mondiale à Venise dans la section Giornale degli Autori, Rêves de poussière, qui fait mieux connaître le Burkina Faso, a été primé au Festival international du film francophone ( FIFF ) de Namur ( Belgique ) pour la photographie et a également reçu le prix spécial du jury du Festival d’Amiens ( France ). Les membres du 7e art burkinabé ont également répondu présents à la 21 e édition des célèbres Journées cinémato176 graphiques de Carthage ( JCC ) tenues en novembre dans la capitale tunisienne. La 6e édition de la Foire internationale du livre de Ouagadougou ( FILO ) s’est tenue en novembre à Ouagadougou. Placée sous le thème « Littérature burkinabé : bilan et perspectives », de nouveaux ouvrages tels que L’arche de Noé est partie de Pilimpikou de Serge Kango Ouédraogo, Paroles d’orpheline d’Aïcha Chloé, Les Rescapages de Dominique Matanga ont été dédicacés à cette occasion. Une cinquantaine d’œuvres littéraires a été publiée cette année au Burkina. La FILO a aussi été marquée par l’organisation d’une soirée dite Nuit Senghor et dédiée au poète et ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor dont l’OIF fête en 2006 le centenaire de sa naissance. Le pays s’est par ailleurs senti interpellé par la polémique entourant le sujet des « ar ts premiers » à Paris. Qu’est- ce qu’un « art premier »? Cette notion assez nouvelle peut laisser croire que les peuples qui l’ont produit sont primitifs et fait penser à une conception évolutionniste largement remise en cause aujourd’hui par les anthropologues. C’est pourquoi la qualification de Musée des arts premiers fut ramenée à celle, plus neutre, de Musée du quai Branly. Aminata Traore, militante altermondialiste, essayiste et ancienne ministre de la Culture et du Tourisme du Mali, conteste le pillage des œuvres des peuples déshérités du Mali, du Bénin, de la Guinée, du Niger, du Burkina Faso, du Cameroun et du Congo, qu’elle met en parallèle avec l’immigration choisie et la captation par la France des élites de ces pays. AFI 2007 BURUNDI Mbaye DIOUF Université Laval [email protected] La tension politique a encore occupé l’actualité burundaise en 2006, même si le pays continue de faire des efforts aux plans économique et social pour améliorer les conditions de vie des populations et redorer son blason au plan international. Ainsi, les négociations entre le gouvernement et les factions rebelles se poursuivent, avec l’appui de la communauté internationale. POLITIQUE BURUNDI Géographie Pays de hauts plateaux à vocation agricole. Histoire ➤ L’histoire du Burundi est intimement liée à celle du Rwanda, au moins jusqu’à l’indépendance ( 1962 ). ➤ 1966 ( nov. ) Le roi Ntare V renversé par le colonel Micombero, qui proclame la République. ➤ 1972 Massacres entre Hutu et Tutsi. ➤ 1976 Le colonel Bagaza au pouvoir; renversé par Pierre Buyoya en 1987. ➤ 1988 Nouveaux affrontements. ➤ 1993 Élection du premier président hutu, Melchior N’Dadaye, assassiné en octobre. ➤ 1994 Cyprien Ntaryamira président. Il meurt dans l’accident de l’avion du président rwandais le 6 avril. ➤ 1994 ( sept. ) Sylvestre Ntibantunganya ( Hutu ) est élu président. Il forme un gouvernement avec Anatole Kanyenkiko ( Tutsi ). ➤ 1 9 9 5 - 9 6 Ca m p s d e ré f u gi é s a u x frontières du Rwanda, du Burundi et du Zaïre. ➤ 1996 Coup d’État de Pierre Buyoya, confirmé dans ses fonctions en 1998. ➤ 2000 ( août ) Signature de l’accord de paix d’Arusha sous la pression de Nelson Mandela. Rejet de l’accord par des rebelles hutu et reprise des affrontements . ➤ 2 0 0 1 ( av r i l ) Te nt at i ve d e co u p d’État. ➤ 2003 ( 1 er mai ) Domitien Ndayizeye ( Hutu ), chef de l’État. AFI 2007 L a tension politique a encore occupé l’actualité burundaise en 2006, même si le pays continue de faire des efforts pour améliorer les conditions de vie d e s p o p u l at i o n s e t redorer son blason au plan international. Le premier vice-président, Martin Nduwimana, a d’ailleurs représenté le pays au dernier Sommet de la Francophonie en Roumanie. En septembre, le ministre de l’Intérieur, le général de brigade Evariste Ndayishimiye, a rencontré à huis clos des responsables d’une trentaine de partis légalement constitués. Cependant, le Conseil national pour la défense de la démocratie/Forces de défense de la démocratie ( CNDD-FDD ), le parti au pouvoir, n’a pas pris part à la rencontre pour des raisons inconnues. C’était la première rencontre entre le ministre de l’Intérieur et les partis politiques depuis l’investiture du nouveau gouvernement en août 2006. Cet exemple montre combien le dialogue politique est encore difficile entre le camp présidentiel et l’opposition. L’ambiance est restée délétère depuis que des rumeurs de coup d’État ont impliqué les partisans du régime précédent en début d’année. L’Union africaine et l’ONU, en particulier, sont intervenues pour apaiser la tension, mais le rapport d’un expert indépendant des Nations Unies sur la question des droits de l’homme a constaté la dégradation du climat politique et l’accroissement des cas d’atteinte grave aux droits de l’homme. Des cas de torture ont d’ailleurs été notés à l’endroit de personnes détenues dans le cadre de 177 AFRIQUE SUBSAHARIENNE l’enquête sur la tentative présumée du coup d’État. Parmi les prévenus figurent l’ex-chef de l’État burundais, Domitien Ndayizeye, et son ancien adjoint. En plus de cette crispation politique, il y a aussi la persistance de la rébellion armée. L’application du cessez-le-feu conclu entre le gouvernement et les Forces nationales de libération ( FNL, rébellion ) tarde encore à se concrétiser. Les FNL réclament que le délai de mise en place du Mécanisme conjoint de vérification et de suivi ( MCVS ) soit étendu, alors qu’il était déjà repoussé au mois d’octobre 2006. Le calendrier international ne pouvant pas attendre les atermoiements internes, les derniers soldats du contingent de 800 militaires pakistanais ont quitté définitivement le pays en septembre. Ce désengagement porte à 2 763 le nombre de soldats onusiens à avoir quitté le Burundi depuis décembre 2005. En octobre 2006, un nouveau Fonds a été mis sur pied à New York, dans le but d’aider les pays sortis de conflits à ne pas reprendre la guerre durant le processus de consolidation de la paix. Le contrôle du Fonds a été confié au cabinet d’appui de la consolidation de la paix, lié directement à la Commission de consolidation de la paix qui s’est penchée sur les cas de pays comme le Libéria, la Sierra Leone et le Burundi. La petite lumière appor tée sur ce sombre tableau est le projet des États-Unis d’accueillir aux États-Unis mêmes et de naturaliser près de 13 000 réfugiés burundais installés en Tanzanie. Plus de 500 000 autres seront transportés au Rwanda, au Burundi et en République démocratique du Congo ( RDC ) dans le cadre d’une opération majeure du Haut Commissariat aux réfugiés ( HCR ). Au plan social, le Comité international de la Croix-Rouge ( CICR ) a procédé, en septembre 2006, à la mise sur pied du projet « Femmes et violences », qui vise la formation d’accoucheuses traditionnelles et la prise en charge des violences sexuelles liées à l’état de guerre civile dans le pays. ÉCONOMIE Au plan économique, les problèmes majeurs restent liés à la gestion de la production de l’électricité et à la distribution de l’eau. Le pays est confronté à des délestages fréquents de courant, aux conséquences très néfastes sur l’activité économique. La Société nationale de production et de distribution de l’eau et de l’électricité ( REGIDESO ) ne produit plus que 24 mégawatts. Aucun nouveau barrage hydroélectrique n’a été en effet construit au cours des 20 dernières années alors que ceux qui existent sont mal entretenus, faute de moyens financiers. La dette de l’État envers la REGIDESO s’élève à plus de 14 milliards de francs burundais ( près de 14 millions US $ ). Concernant la politique de l’eau, le pays espère des retombées positives de la rencontre tenue en septembre, à Tunis ( Tunisie ), pour renforcer les partenariats afin de soutenir les pays africains dans le suivi et l’évaluation du secteur de l’eau. Cette rencontre a vu la participation du Conseil des ministres africains chargés de l’eau ( AMCOW ), de la Banque africaine de développement ( BAD ), de la Facilité africaine de l’eau ( FAE ) qui a signé un accord de don pour l’élaboration du plan de gestion intégrée des ressources en eau ( GIRE ) en faveur du Burundi. Toujours à Tunis, le conseil d’administration du Fonds africain de développement ( FAD ) ainsi que le guichet concessionnel du groupe de la BAD ont approuvé un don de 30,20 millions unités de compte ( UC ), équivalant à environ 45 millions US $, pour financer la route Kicukiro-Kirundo qui relie le Rwanda au Burundi. Mais l’écueil majeur au développement du pays reste la corruption généralisée et la mauvaise gestion dans l’administration publique. Cette situation a amené le chef de l’État à supprimer, par décret, l’Inspection générale des finances ( IGF ). L’ancienne structure gérée par le ministère des Finances sera désormais rattachée à celui de la bonne Gouvernance et de l’Inspection générale de l’État, dans visant à en direction d’une meilleure gestion des ressources du pays, réclamée par ailleurs par les institutions internationales. Sport L’équipe nationale de football du Burundi compte se qualifier pour les phases finales de la Coupe d’Afrique des nations ( CAN ), prévue en 2008 au Ghana. Après une défaite face à l’Égypte ( 0-4 ), elle a battu la Mauritanie ( 3-1 ) et se replace dans la course pour la qualification. 178 AFI 2007 CAMEROUN Alice Delphine TANG Enseignante à l’Université de Yaoundé I [email protected] Alain Blaise BATONGUE Rédacteur en chef du quotidien Mutations Président de la section camerounaise de l’Union internationale de la presse francophone [email protected] POLITIQUE L e Nigeria a restitué au Cameroun le territoire de Bakassi au cours d’une cérémonie solennelle le 14 août 2006. Après de nombreux atermoiements, les dirigeants nigérians, qui venaient de signer avec le Cameroun un autre accord le 12 juin à Greentree, sous la férule du secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, ont finalement accepté de régler définitivement le différend qui les oppose au Cameroun, CAMEROUN Géographie Forêt équatoriale, savanes, paysages variés. Histoire ➤ XVII e s. Les Fangs et les Doualas s’établissent au sud. ➤ XIX e s. Les Foulbés ( Peuls ) s’installent au nord et imposent l’islam. ➤ 1884 Protectorat puis colonie allemande. ➤ 1919 Expulsion des Allemands, mandats britannique et français. ➤ 1960 ( 1 er janv. ) Indépendance de l’ex-Cameroun français. ➤ 1961 Le sud de l’ex-Cameroun anglais lui est rattaché ( le nord se lie au Nigeria ). ➤ 1961-1982 Présidence d’Ahmadou Ahidjo ( démission ). ➤ 1972 La fédération devient une république unitaire. ➤ 1982 Paul Biya président ; réélu en 1997. ➤ 1991 Membre de la Francophonie. ➤ 1995 Membre du Commonwealth. ➤ 1997 Élections législatives. AFI 2007 en donnant corps au verdict de La Haye, prononcé le 10 octobre 2002 par la Cour internationale de justice, reconnaissant la « camerounité » de cette presqu’île que l’on dit riche en ressources naturelles. Pour certains, c’était la fin « d’un vieux conflit colonial », pour d’autres, la victoire de la diplomatie, parce que les « deux pays ont privilégié jusqu’au bout la diplomatie, au lieu de faire parler les canons ». On avait craint une énième volte-face du Nigeria parce que, quelques jours avant cette restitution, un groupe d’indépendantistes de l’État du Delta avait proclamé l’indépendance de l’État de Bak assi et même désigné un président intérimaire. Le représentant du Cameroun à cette cérémonie solennelle, Maurice Kamto, ministre délégué auprès du vice premier ministre chargé de la Justice, a reconnu ces divergences et promis que ces populations auront toujours le loisir de vivre en paix dans leur lieu d’établissement. L’autre événement attendu depuis de nombreuses années aura été la tenue d’un congrès extraordinaire du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais ( RDPC ), dont le président national est le président de la République, Paul Biya. Ce congrès extraordinaire tenu à Yaoundé le 21 juillet 2006, avait comme unique point à l’ordre du jour la réélection de son président national pour un nouveau mandat de cinq ans : une formalité pour cette formation politique fortement hiérarchisée. L’autre formation politique importante du pays, le Social Democratic Front ( SDF ), a connu deux congrès convoqués le même jour ( 26 mai 2006, date du 16 e anniversaire du lancement de ce parti ), l’un à Bamenda et l’autre à Yaoundé. Les 179 AFRIQUE SUBSAHARIENNE deux dirigeants, à savoir Ni John Fru Ndi ( Bamenda ) et Bernard Muna ( Yaoundé ), brandissaient chacun une autorisation du ministère de l’Administration territoriale. Comme il fallait s’y attendre, il y a eu des affrontements violents qui ont causé la mort d’un militant. Ces deux congrès ont abouti à l’existence légale de deux SDF. Dans le cadre de l’amélioration de la bonne gouvernance, le président Paul Biya a lancé une opération baptisée « Épervier » en vue de la lutte contre la corruption et les détournements des deniers publics, qui a abouti à la mise en détention préventive d’une quarantaine de personnalités. Le 22 juin 2006, une mission du Commonwealth conduite par l’ancien premier ministre canadien Joe Clark a séjourné au Cameroun pour la création d ’un cadre d e l ’é l e c t i o n l i b re. Parallèlement, la ministre française de la Coopération et de la Francophonie, Brigitte Girardin, était reçue en audience le même jour par le président de la République, Paul Biya. Leur entretien portait sur quatre priorités : la santé, notamment la lutte contre le VIH/SIDA, l’éducation de base, le développement routier et la création d’un cadre fiscal sécurisé. ÉCONOMIE Les réunions des conseils d’administration du FMI et de la Banque mondiale, tenues respectivement les 27 et 28 avril 2006, ont approuvé l’atteinte par le Cameroun du point d’achèvement de l’initiative PPTE. Une opération qui, comme prévu, a entraîné une substantielle remise de la dette extérieure du Cameroun auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux. Près de 1 400 milliards de francs CFA étaient ainsi épongés, ou plus exactement reportés dans des projets de lutte contre la pauvreté incluant prioritairement l’éducation, la santé et les infrastructures routières. De son côté, la France, au titre de la coopération bilatérale, annonçait une annulation de dette de l’ordre de 70 milliards FCFA en 10 ans, et un recadrage de cet argent dans la coopération sous l’appellation Contrat de désendettement et développement ( C2D ) : un vaste projet visant en particulier l’embellissement et l’aménagement des principales villes que sont Yaoundé et Douala. Mais les populations avaient placé tant d’espoirs dans l’atteinte de ce point d’achèvement qu’elles attendaient des retombées 180 sous la forme d’annonces plus concrètes, comme la revalorisation des salaires des fonctionnaires. Au contraire, les premières conséquences de ce point d’achèvement auront été, comme le reconnaissait le président de la République lui-même, « la pression fiscale, la pénurie d’énergie et la hausse des carburants qui ont pénalisé les entreprises, réduit leur activité et freiné leurs investissements ». L’opération de privatisation des entreprises publiques s’est poursuivie avec la finalisation de la privatisation de la Camair, dont 51 % de la future compagnie seront désormais détenus par SN Brussels et son partenaire camerounais, Cenainvest. Les autres par ts seront détenues par l’État camerounais ( 30 % ), le personnel de la nouvelle entreprise ( 5 % ) et d’autres opérateurs privés camerounais ( 14 % ). Une équipe du FMI conduite par Dahaneshwar Ghura, chef de division, est arrivée à Yaoundé pour une visite d’évaluation du 28 août au 11 septembre 2006. C’est la première visite de cette équipe après l’atteinte par le Cameroun du point d’achèvement de l’initiative PPTE. AFI 2007 CAMEROUN SOCIÉTÉ ET CULTURE Vendredi 23 juin 2006. Ngomo, petite localité située à 40 km de la capitale, Yaoundé : une collision entre un car et un camion de sable fait une trentaine de morts. Dimanche 23 juillet à Yemkout, un peu plus loin sur le même itinéraire : 11 morts. La fin de semaine du 15 août a été plus meurtrière encore, provoquant plus de 60 morts sur ce même axe autant que sur d’autres axes reliant la capitale aux villes de l’intérieur. Depuis le début de cette année 2006, le rythme des accidents de circulation, avec son cortège de morts, s’est accéléré. Avec des chiffres qui préoccupent désormais les pouvoirs publics et qui mettent particulièrement sur la sellette les conducteurs de camions, responsables de plus de la moitié des accidents. Le ministre des Transports, Dakolé Daissala, a dû convoquer une ré u n i o n a ve c c e s chauffeurs, pour s’entendre dire par l e u r re p ré s e nt a nt qu’il leur arrivait souvent de se droguer pour atteindre les objectifs de rentabilité imposés par leurs patrons. Et, de fait, les dernières statistiques rendues publiques par le bureau des enquêtes et constats d’accidents révèlent que plus de 3 000 personnes trouvent la mort annuellement sur les routes camerounaises. Qui plus est, on soupçonne les statistiques officielles de ne pas enregistrer tous les accidents mortels. Les mêmes sources indiquent que les accidents de la circulation occasionnent des per tes estimées à 50 milliards FCFA chaque année. Et, au rayon des causes, les données fournies par le ministère des Transports établissent que 70 % des accidents résultent des défaillances des automobilistes, contre 20% pour cause de dysfonctionnements mécaniques, et 10 % imputables au mauvais état des routes. Autre problème d’insécurité et source de mort, les braquages qui se sont accentués au cours de l’année 2006, notamment dans la capitale économique. Principales cibles : les stations-services et les sociétés de coopérative et d’épargne, souvent dépouillées avec la complicité des gardiens. Les enquêtes de police ne produisent pas toujours les résultats escomptés et certaines victimes AFI 2007 ont parfois accusé la police de complicité avec les braqueurs. Une hypothèse qui n’est pas à exclure, tellement les hommes en tenue sont quotidiennement traînés devant les divers tribunaux du pays : pour escroquerie, abus de pouvoirs, etc. L’a n n é e s c o l a i r e 2 0 0 5 - 2 0 0 6 a u r a été marquée par la décision prise par le ministère en charge des Enseignements secondaires de fermer des classes terminales spéciales qui permettaient jusque-là à des candidats camerounais non titulaires du probatoire ( diplôme encore en vigueur au Cameroun ) d’aller présenter le baccalauréat au Tchad ( où le probatoire n’est pas exigé ). Cette mesure a créé un véritable désordre dans la participation des Camerounais au bac tchadien, généralement organisé par des promoteurs parfois sans scrupules. Le Cameroun présente heureusement un visage plus reluisant dans le domaine culturel. L’année 2006 a confirmé cette vitalité culturelle. Trois festivals ont animé la capitale : la 10 e édition du Festival du cinéma Les Écrans noirs, le Festival des arts et du théâtre pour l’enfant africain ( FATEA ) et le Festival de musique A Bôk i Ngoma. Le cinéaste Basseck Ba Kobhio et sa compagnie ont choisi de retracer en deux documentaires la saga du festival, sorte de parcours de production s’étendant sur les années pendant lesquelles les images ont parlé d’elles-mêmes. Le public a redécouvert des figures comme Sembène Ousmane, Gaston Kaboré ou Idrissa Ouédraogo. Soulignons enfin l’émergence de jeunes musiciens qui font une explosion du rap en l’adaptant aux rythmes de la culture africaine. Parmi les principaux novateurs de ce style figurent des noms comme le groupe X-Maléya, Accent grave, Krotal et bien d’autres. 181 AFRIQUE SUBSAHARIENNE CAP-VERT Mbaye DIOUF Université Laval [email protected] E POLITIQUE n 2006, le Cap-Vert a poursuivi ses efforts en matière de développement économique et culturel et de coopération internationale. Le Cap-Vert s’est, par ailleurs, distingué par sa participation active à la XXI e Conférence des directeurs des douanes de la Communauté des pays de langue portugaise ( CPLP ) qui s’est tenue au mois d’octobre 2006 à Lobito, en Angola. Cette conférence faisait le point sur l’exécution des conventions sur la coopération signées par les États membres. L’année 2006 a vu la redynamisation de la coopération avec la République populaire de Chine, avec laquelle les perspectives économiques sont immenses. Une délégation de l’Association du peuple chinois pour l’amitié avec les pays étrangers ( APCAPE ) a d’ailleurs effectué une visite au Cap-Ver t en septembre dans le cadre du renforcement des relations institutionnelles et d’amitié entre les deux pays. Le président cap -verdien Pedro Pirès a participé, au m o i s d ’o c to b re, a u S o m m e t e x t ra o rd i n a i re d e l a Communauté économique des États de l ’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO ) à Abuja, au N igéria, consacré à la situation en Côte d’Ivoire. La rencontre a décidé de la prolongation, pour un an encore, du mandat du président ivoirien Laurent Gbagbo. Au plan social, l’actualité reste marquée par ces réfugiés africains sur des embarcations de for tune qui débarquent sur les côtes espagno les des Canar ies à l ’a i d e d e p i ro g u e s et au péril de leur vie. Le Cap-Vert n’est pas épargné par ce dramatique phénomène. Parmi les quelque 26 000 candidats à l’émigration clandestine arrivés en Espagne depuis le début de l’année, on compte environ 900 enfants mineurs non accompagnés, ve n u s p r i n c i p a l e m e nt d u Sénégal, de la Mauritanie, de la G ambie et du Cap Ve r t. L a c a u s e p r i n c i p a l e de cette ruée vers l’Europe est la pauvreté, le chômage e t l e d é n u e m e nt q u e v i t la jeunesse africaine. Mais l’Europe n’est pas l’Eldorado, comme la plupart le pensent. L’immigration clandestine a aussi ses revers, comme le cas de cette jeune lycéenne cap -verdienne en France, expulsée en octobre 2006 vers son pays parce qu’elle n’avait pas de papiers. ÉCONOMIE Le gouvernement continue de déployer de grands efforts à l’endroit de l’une des principales activités économiques du pays, la pêche. Le pays joue un rôle actif au sein du Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est ( COPACE ) qui regroupe les États riverains de l’océan Atlantique. La XVIII e commission de ce comité s’est déroulée en octobre à Douala, au Cameroun, et a 182 planché sur l’adoption d’un plan d’action commun visant une exploitation et une gestion durables des ressources halieutiques dans un contexte mondial marqué par la surexploitation de ces ressources. L’autre sec teur d’ac tivité d’importance, l ’agr iculture, a aussi concentré les effor ts de l’État compte tenu de sa fragilité due au manque des pluies, à la AFI 2007 CAP-VERT sécheresse et à la menace acridienne. Mindelo, sur l’île de Sao Vicente, a ainsi a b r i té e n s e p te m b re l a ré u n i o n s o u s régionale sur les perspectives agricoles et alimentaires au Sahel et en Afrique occidentale, sous la houlette du Comité per manent inter-États de lutte contre la sécheresse ( CILSS ) et du ministère cap -verdien de l ’Environnement et de l’Agriculture ( MAA ). CULTURE Sur le plan culturel, le pays, comme avant, a été fidèle à sa réputation de raffinement culturel. Les têtes d’affiche de la chanson cap-verdienne se sont produites dans les différents festivals du monde, à commencer par la diva nationale, Cesaria Evora. M ais l ’événement culturel majeur en 2006 est sans doute la célébration en octobre 2006 à travers tout le pays du 100e anniversaire de la naissance de l’ex-président et poète sénégalais Léopold Sédar Senghor. L’Association pour la défense de l ’environnement et du développ e ment ( ADAD ) et l’Institut international d e d ro i t d ’ex p re s s i o n e t d ’i n s p i rat i o n f r a n ç a i s e ( I I D E I F ) a u C a p - Ve r t , o n t élaboré un ambitieux programme pro posant expositions, colloques sur la vie et l’œuvre de Senghor, activités culturelles en collaboration avec des écoles de la capitale cap-verdienne et du Centre culturel français, tournoi de football, etc. Pour les organisateurs, la célébration du centenaire de la naissance de Senghor par des activités culturelles et sportives révèle l’importance du rôle de la culture et du sport dans l’édification de la Francophonie, surtout en cette année où l’on célèbre le 10 e anniversaire de l’adhésion du CapVert à l’Organisation internationale de la Francophonie ( OIF ). Sur le plan sportif, le Cap-Vert a participé à différentes compétitions continentales 0 AFI 2007 500 km et internationales. Le pays a été représenté par une forte délégation d’une soixantaine d’athlètes à la première édition des Jeux de la lusophonie, tenue en octobre sur le territoire chinois de Macao. Le nouveau président du Comité olympique cap-verdien ( COC ), le journaliste de l’Agence cap-verdienne de presse Infopress, Franklin Palma, a déployé de gros efforts pour permettre une prestation plus qu’honorable du pays dans des disciplines comme le basketball, le volley-ball de plage, l’athlétisme, le taekwondo et le football. À propos du football, l’équipe nationale cap-verdienne revient dans la course des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations ( CAN ) dont la phase finale se déroulera en 2008 au Ghana, après une défaite devant la Gambie ( 0-2 ) et une victoire sur la Guinée ( 1-0 ). Le Cap-Vert occupe la 113e place au classement mondial de la Fédération internationale de football association ( FIFA ). De bonnes perspectives se dessinent à propos des infrastructures sportives grâce à la coopération chinoise et à la FIFA. La Chine, en effet, financera la construction d’un stade de football dans la localité de Achada de Sao Filipe, à Praia. Les travaux débuteront en 2007 et comprendront un terrain de football avec une pelouse naturelle et une piste d’athlétisme à couvert synthétique ( tartan ). Le nouveau stade permettra au pays de nourrir l’ambition d’organiser de grands événements internationaux comme la CAN. La coopération avec la FIFA permettra au pays de bénéficier du projet « Gagner Afrique », qui vise à l’aider à restructurer son football dans plusieurs domaines. « Gagner Afrique » entre dans le cadre de l’organisation de la première Coupe du monde sur le continent africain, prévue pour 2010 en Afrique du Sud. En 2004, la FIFA avait attribué au Cap-Vert les projets « Goal 1 » et « Goal 2 » qui ont permis la construc tion, à Praia, du siège de la Fédération camerounaise de football ( FCF ) et d’un Centre de stage. 183 AFRIQUE SUBSAHARIENNE CENTRAFRIQUE Samba KHONTÉ COULIBALY Université Laval [email protected] Le 15 mars 2003, le général Bozizé devient l’homme fort du Centrafrique à la suite d’un énième coup d’État. Il met ainsi fin à 10 ans de règne sans partage de Ange-Félix Patassé. Aujourd’hui, il suffit de consulter les pages d’accueil des vitrines Internet reflétant l’actualité africaine pour se rendre compte que le Centrafrique a dépassé la zone de turbulences. En 2005 déjà, les élections présidentielles avaient confirmé le président Bozizé à son poste. Cette onction démocratique lui a valu une révision à la hausse de sa marge de crédit. C’est donc dire qu’il possède toutes les cartes pour déployer les réformes essentielles, et il s’y emploie. A POLITIQUE lors que le Centrafrique tourne le dos aux conflits internes qui ont ruiné son économie, il semble faire les frais du conflit entre le Soudan au nord et le Tchad à l’est. Ces pays voisins se livrent une guerre par milices interposées. Cette guerre affectant les populations aux frontières exaspère les Centrafricains. Le général François B ozizé a repris le commandement de la tourelle et a tranché net : plusieurs officiers généraux et supé rieurs ont été démis pour « manque de courage ». Il leur est reproché de mener des actions inefficaces contre les incursions étrangères et de n’opposer qu’une faible résistance aux assauts des belligérants voisins qui menacent l’intégrité de son territoire et la sécurité de ses habitants. Parallèlement à ces mesures affectant la hiérarchie militaire, Bangui mène une offensive diplomatique discrète mais efficace auprès du Tchad et du Soudan. Au même moment, des voix s’élèvent pour lier ces troubles à l’enjeu pétrolier du Darfour, une région en proie à une guerre civile à la fois silencieuse et ravageuse. Au plan intérieur, l’Assemblée a accordé au président, dès le 30 décembre 2005, le droit de légiférer par ordonnance, en vue de prendre des mesures d’urgence qui s’imposent. Cette mesure provisoire inter vient au moment où u n p a r t i m a j e u r d e l ’o p p o s i t i o n , l e Mouvement de libération du peuple ce n t r a f r i c a i n ( M L P C ) , p ré c é d e m m e n t 184 CENTRAFRIQUE Géographie Pays de savanes, cultures vivrières, plantations de café et de coton. Histoire ➤ XIX e s. Le pays, peuplé de Pygmées et de Bantous, est ravagé par la traite des Noirs. ➤ 1896-1898 Après l’Anglais Stanley, le Français Marchand explore le pays qui devient colonie française en 1905, sous le nom d’Oubangui-Chari. ➤ 1958 Proclamation de la République centrafricaine, dans le cadre de l’Union française. ➤ 1960 ( 13 août ) Indépendance. David Dacko, président à la mort de Boganda. ➤ 1966 ( 1er janv. ) Coup d’État du ­général Jean-Bedel Bokassa qui devient président à vie ( 1972 ), puis empereur ( 1976 ). ➤ 1979 Avec l’aide de la France, la République est rétablie par David Dacko. ➤ 1981 Coup d’État militaire d’André Kolingba qui permet, en 1991, le multipartisme. ➤ 1993 Ange-Félix Patassé élu président. ➤ 1994 Nouvelle Constitution. ➤ 1996 Mort de Bokassa ; mutinerie et troubles à Bangui ( 1997 ). ➤ 1999 ( oct. ) Réélection de Patassé. ➤ 2001 ( mai ) Tentative de coup d’État revendiqué par Kolingba. ➤ 2003 Coup d’État. Patassé est remplacé par François Bozizé. AFI 2007 CENTRAFRIQUE affilié à l’ancien président Patassé, s’est scindé en deux branches : l’une radicale, voire armée, et l’autre au discours plus républicain. Quant au président Patassé en exil, la justice l’a condamné par contumace à 20 ans de travaux forcés et quelque 10 000 e d’amende. ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ Le président centrafricain s’était dit sensible aux recommandations extérieures portant sur la corruption dans son pays. Le secteur douanier étant régulièrement dénoncé, c’est donc lui qui a été dissous cette année. Annoncée le 11 juin par le président en personne, cette réforme avance à grands pas. Des mutations d’agents sont déjà intervenues au cours de l’année, un comité d’exception a été érigé pour donner une nouvelle orientation à ce corps d’élite gangrené par la corruption. Or, cette corruption était devenue insupportable. En plus de soustraire des recettes fiscales importantes aux caisses de l’État, elle favorisait la contrebande des ressources naturelles centrafricaines telles que le bois – dont les essences sont réputées – et les diamants qui sont à ce jour les principaux arguments de la balance commerciale du pays. C’est aussi un signal fort envoyé aux bailleurs de fonds pour les inciter à investir en rétablissant une relation de confiance. Au début de l’année, les délégations des organisations de Bretton Woods se sont rendues à Bangui pour relancer l’aide multilatérale. Dès février 2006, le Fonds monétaire international ( FMI ) promettait 10,2 millions US $ sous forme d’aide « postconflit ». Le bilan de cette aide étant satisfaisant, les experts internationaux en visite de terrain ont estimé pouvoir conduire un vaste programme de reconstruction échelonné sur trois ans. D’ores et déjà, les fonds alloués permettent de renflouer les caisses de l’État pour payer les fonctionnaires, améliorer l’état sanitaire des hôpitaux et réhabiliter les infrastructures en déliquescence. D’un autre côté, des solutions sont à l’épreuve pour faciliter l’accès des femmes au microcrédit, prémices d’une reprise en main du pays par ses populations. Bulle technologique L’engouement des Centrafricains pour le mobile ne se dément pas. Pas moins de quatre opérateurs de téléphonie cellulaire se disputent les faveurs du marché. En effet, l’opérateur public Socatel doit faire face désormais à Télecel, Nation Link et à A-Cell RCA. Ces quatre acteurs se partagent quelque 120 000 abonnés pour un marché estimé à 1 200 000 abonnés à l’horizon 2010. D’ores et déjà, cette frénésie gonfle les recettes budgétaires de l’État, permet de désenclaver des zones rurales et autorise des investissements étrangers en provenance de la France, de la Chine et tout récemment des Émirats arabes unis. CÔTE D’IVOIRE Kanaté DAHOUDA Professeur d’études francophones aux Collèges universitaires Hobart et William-Smith, Geneva, New York ( É.-U. ) [email protected] Depuis le 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire est confrontée à une crise militaropolitique qui a des répercussions majeures sur les plans social, économique et culturel. Pour débloquer la situation, plusieurs négociations de paix et différentes médiations diplomatiques ont marqué le cours de l’année 2006, mais ces efforts ne semblent pas mener à la réconciliation nationale tant recherchée par les Ivoiriens et la communauté internationale. AFI 2007 185 AFRIQUE SUBSAHARIENNE L POLITIQUE e 31 oc tobre 2005, date d ’e x p i r a t i o n de son mandat, Laurent Gbagbo a été maintenu comme chef de l’État de la Côte d’Ivoire. La résolution 1633 du 21 octobre 2005 du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies ( ONU ) a entériné cette situation provisoire, tout en transférant presque tous les pouvoirs à un premier mi nistre, Charles K o n a n B a n n y, e t à un Groupe de trava i l i nte r n at i o n a l ( GTI ), qui a élaboré une feuille de route. Celle-ci prévoit, entre autres, la mise en œuvre simultanée des opérations de désarmement, de redéploiement de l’administration et les audiences foraines en vue de l’identification des électeurs. La matérialisation de ces opérations était censée déboucher sur la réunification du pays et la tenue d’élections générales libres, justes et transparentes, au plus tard le 31 octobre 2006. Les audiences foraines, jugées essentielles à la sortie de la crise, ont malheureusement été entachées par la violence et boycottées par le Front populaire ivoirien, sous prétexte qu’elles préparaient la fraude et le bradage de la nationalité ivoirienne. Et pourtant, la communauté internationale croyait que la rencontre de haut sommet tenue le 5 juillet 2006 à Yamoussoukro par le secrétaire général de l’ONU, Koffi Annan, avec les acteurs de la crise ivoirienne, avait réussi à aplanir les divergences idéologiques en faveur de la réconciliation nationale. Mais il lui a fallu se rendre à l’évidence : le syndrome de l’ivoirité a la vie dure. Pour sortir le pays de l’impasse, les principaux acteurs de la crise ivoirienne ont encore été invités à New York, le 20 septembre, à un mini-sommet d’évaluation sur le processus de paix et sur la feuille de route. Le chef de l’État ivoirien n’a pas jugé bon de faire le déplacement à New York. 186 CÔTE D’IVOIRE Géographie Trois zones climatiques définies par les précipitations ( de 1,2 m à 2 m ). Histoire ➤ XVIe-XIXe s. Nombreux royaumes. ➤ 1893 Création de la colonie française de Côte d’Ivoire. ➤ 1960 ( 7 août ) Indépendance. Félix Houphouët-Boigny président ( réélu jusqu’à sa mort ). ➤ 1983 Érection de Yamoussouk ro, village natal d’Houphouët-B., en capitale. ➤ 1989 Constitution d’une ligue ivoirienne des droits de l’homme. ➤ 1990 ( 5 mai ) Multipartisme. ➤ 1993 ( 7 déc. ) Décès d’HouphouëtBoigny ; Henri Konan Bédié, président du parlement, lui succède. ➤ 1995 ( 22 oct. ) Première élection présidentielle depuis la mor t de Houphouët-Boigny. Élection de Konan Bédié. ➤ 1997 Amendement de la Constitution et du code électoral. ➤ 1999 ( 24 déc. ) Coup d’État du général Robert Guéï. ➤ 2000 II e République. Oct. : élections présidentielles : victoire de L. Gbagbo. « Révolution d’Octobre » : chute de Guéï et émeutes. Législatives sous haute surveillance. Boycott du RDR, après le rejet de la candidature de son chef. ➤ 2002 Rébellion, puis gouvernement de réconciliation. Seydou Diarra premier ministre. ➤ 2003 Accords de Linas-Marcoussis pour la reprise du dialogue politique et la réconciliation. ➤ 2004 Accords d’Accra III pour appliquer les accords de Marcoussis et procéder au désarmement des belligérants. ➤ 2005 ( 4-6 avril ) Sous l’égide de Thabo Mbeki, les principaux acteurs de la crise ivoirienne se retrouvent à Pretoria où ils signent un accord visant à mettre un terme au conflit en Côte d’Ivoire. ➤ 2006 ( 20 sept. )Mini-sommet de New York pour l’évaluation de la feuille de route et le processus de paix. AFI 2007 CÔTE D’IVOIRE Si la rencontre à New York n’a pas été une réunion de décision, elle a toutefois permis de constater officiellement que les élections présidentielles ne pouvaient pas se tenir à la date du 30 octobre 2006, en raison des obstacles politiques. Lors de cette rencontre, on a aussi souligné l’urgence de prendre des mesures dérogatoires pouvant conduire à la tenue d’élections crédibles susceptibles de pacifier la nation ivoirienne. L’Union africaine ( UA ) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO ) ont été invitées à faire des propositions allant dans ce sens. Un autre fait majeur qui a honteusement marqué la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire est le scandale des déchets toxiques. Déversés à plusieurs endroits à Abidjan, ces déchets, qui seraient venus d’Amsterdam, auraient occasionné la mort d’une dizaine de personnes, au moment où les hôpitaux débordaient de milliers de malades intoxiqués. Le scandale n’a pas manqué d’éclabousser la classe politique ivoirienne en entraînant la démission du gouvernement de 2005. Une nouvelle équipe gouvernementale a été formée le 16 septembre 2006, toujours sous la houlette du premier ministre Banny. Cette affaire scabreuse et pestilentielle a assombri un paysage social défiguré par un conflit militaro-politique qui s’éternise dans le temps, avec son lot inquiétant d’injustices et de violences absurdes. Pour permettre aux Ivoiriens de renouer avec la paix, une nouvelle résolution de l’ONU a été adoptée le 1 er novembre à New York. Cette résolution a encore prolongé d’un an les mandats de Gbagbo et Banny, mais en donnat au premier ministre des « pouvoirs élargis » pour réunifier le pays et organiser des élections, sans cesse reportées depuis 2005. ÉCONOMIE Comme les années précédentes, l’année 2006 a été gravement marquée par les effets persistants de la crise militaro-politique. Face à la situation de morosité économique, Adé Mensah, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire, a exprimé, le 1 er mai 2006, son ras-le-bol à l’occasion de la fête du travail : « Nous avons enregistré, çà et là et presque au quotidien, des licenciements massifs, des délocalisations, des fermetures d’entreprises ». Au cours de la même cérémonie, les travailleurs ont déploré le contraste grossier entre le train de vie de l’État et la grave récession économique qui sévit dans le pays. Cette récession a non seulement transformé le panier de la ménagère en sachet, mais elle a également provoqué la désorganisation des circuits de stockage, d’évacuation et de distribution des produits commerciaux, ainsi que la baisse des activités et des recettes portuaires. Certes, sur les deux premiers mois de l’année 2006, on a remarqué que le trafic du port autonome d’Abidjan a enregistré une hausse de 21,9 % par rapport à la même période en 2005, soit 2,87 millions de tonnes. Mais ces bons résultats n’ont pas réussi à tromper la vigilance de la Mission économique de l’ambassade de France à Abidjan qui constate que « le trafic reste bien en deçà de celui de l’année 2004, à 3,1 millions de tonnes ». En ce qui concerne les matières premières agricoles, des experts estiment, par exemple, que les exportations AFI 2007 ivoiriennes de cacao, sur la campagne d’octobre 2005 à mars 2006, ont atteint 837 000 tonnes, soit 10 000 tonnes de moins que l’année précédente. Quant à la production bananière, elle aurait enregistré une forte baisse : de 10 000 hectares par le passé, la filière banane occupait en mai 2006 une superficie de 6 000 hectares. Tout comme la banane, l’ananas connaîtrait depuis 2004 des tendances à la baisse. Les observateurs nationaux et internationaux s’accordent pour reconnaître que la relance des activités économiques passe non seulement par le rétablissement du contrat de confiance entre les opérateurs économiques, mais aussi par le raffermissement des liens sociaux affaiblis par les errements de la guerre. Le chef de l’État ivoirien l’a admis en maintes occasions, en affirmant publiquement que « dès que la guerre prendra fin, la croissance économique va bondir ». Son premier ministre ne pense pas autrement, puisque, lors du Forum économique du 31 mars 2006, il a fait de la « refondation des esprits et des cœurs » l’une des conditions de reprise du dialogue économique entre le secteur privé et l’État. La démarche du Mouvement des entreprises de France ( MEDEF ) s’inscrit dans la même logique. Reçue en audience par le chef de l’État, en juillet 2006, cette délégation du patronat français n’a pas en effet manqué de faire savoir sa volonté de poursuivre ses investissements en Côte 187 AFRIQUE SUBSAHARIENNE d’Ivoire, mais seulement quand le pays aura renoué avec la normalisation de sa situation sociopolitique. Rappelons que l’absence d’un climat social propice à la croissance économique et à la paix avait occasionné la mise à l’écart de la Côte d’Ivoire par le Groupe des 8 puissants du monde dans leur décision du mois de juin 2005 de faire bénéficier immédiatement 18 pays ( parmi les pays les plus pauvres au monde ) d’une annulation de leurs dettes envers le Fonds monétaire international ( FMI ), la Banque mondiale ( BM ) et la Banque africaine de développement ( BAD ). En juillet 2006, le même scénario s’est répété puisque les bailleurs de fonds de la BM n’ont pas jugé la Côte d’Ivoire éligible pour une annulation de ses dettes dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés ( PPTE ). Certains optimistes auraient perçu des éclaircies dans ce tableau sombre de l’économie ivoirienne. Mais, pour les plus réalistes, seule la stabilisation de la situation politique et la réconciliation nationale constituent les véritables gages d’un retour vers la prospérité économique que l’année 2006 n’a pas su apporter. Au grand désespoir des maillons faibles de la République, qui savent aussi bien que la communauté internationale que la Côte d’Ivoire est un « gisement formidable » qui se gaspille dans sa guerre intestine. CULTURE ET SOCIÉTÉ Des événements majeurs ont rythmé la vie culturelle en 2006. On songe notamment à la Journée internationale de la Francophonie tenue en mars 2006 au palais de la Culture. Cette journée a été marquée par des conférences, des concours de poésie et autres manifestations culturelles qui ont rendu un vibrant hommage à la contribution historique de Léopold Sédar Senghor au projet francophone. Dans le cadre du lancement de l’Année Senghor en Côte d’Ivoire, l’École normale supérieure s’est, par ailleurs, révélée à toute la nation ivoirienne avec le succès magistral de son chœur poétique, qui est un ensemble vocal et artistique. L’art était également à l’honneur au mois de mai 2006 à l’Ivoire Golf Club où le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, avec le soutien de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire, a organisé une exposition des produits originaux de l’intérieur du pays. Cette exposition allait dans le sens de la contribution au brassage et à la réconciliation nationale. Un autre fait mémorable qui a contribué, ne seraitce que provisoirement, au climat de paix et d’unité en Côte d’Ivoire fut, sans aucun doute, la qualification historique de l’équipe les Éléphants pour la Coupe du monde du football lors du Mondial 2006 tenu en Allemagne. Mais cette qualification n’a pas réussi à exorciser, de façon permanente, les démons de la crise que le pays traverse. La crise en question a inspiré de nombreuses publications qu’on peut diviser en deux grandes catégories. D’une part, nous avons les ouvrages à tendance idéologique qui s’inscrivent dans la veine du militantisme ou de la résistance politique. C’est 188 le cas de l’essai de Charles Blé Goudé, dirigeant des Jeunes patriotes et fervent partisan de Gbagbo. Publié sous le titre de Crise ivoirienne. Ma part de vérité, ce livre évoque, entre autres, les relations de son auteur avec la France, le chef de l’État ivoirien et les autres protagonistes de la crise ivoirienne. D’autre part, nous avons les œuvres d’imagination qui jettent un regard lucide sur la situation ivoirienne, sans par ti pris idéologique. C’est le cas du roman de Véronique Tadjo intitulé Reine Pokou. Cette œuvre s’inspire de l’histoire d’un des mythes fondateurs de la Cô te d ’ I vo i re, ce lui d’Abraha Pokou du royaume d ’Ashanti. « Relire ce mythe à la lumière du concept d’ivoirité permet de remettre les chose à leur place », explique Tadjo. L’auteure ivoirienne s’est vu remettre, lors du Salon du livre de Paris ( 17-22 mars 2006 ), le grand prix littéraire d’Afrique noire que lui avait attribué en novembre 2005 l’Association des écrivains de langue française pour l’ensemble de son œuvre. Un honneur que beaucoup d’Ivoiriens ont salué dans un élan de fierté collective. Et cela, au-delà des mesquineries politiques et des divisions ethniques engendrées par l’idéologie sous-tendant l’ivoirité. AFI 2007 DJIBOUTI Ismael MAHAMOUD HOUSSEIN Université de Djibouti [email protected] POLITIQUE L ’é v é n e m e n t p o l i t i q u e m a r q u a n t de l’année est sans doute la tenue, pour la première fois, d’élec tions communales dans l’histoire du pays. Ces élections s’inscrivent dans le cadre de la mise en place de la décentralisation qui était un des points importants de l’accord de paix de mai 2001 qui a permis la fin de la guerre civile. Dans la région de Djibouti, la plus grande commune, Boulaos, a été gagnée par la liste du R a s s e m b l e m e nt p o p u laire pour le progrès ( RPP ), membre de la coalition au pouvoir avec l’Union pour la majorité présidentielle ( UMP ), avec 49,05 % des suffrages exprimés, soit 54 sièges, suivi par la liste indépendante Citoyen qui recueille 32,54 % des suffrages, soit 11 sièges. En dernier lieu, le Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie ( FRUD ), membre également de la coalition au pouvoir, se contente de 18,41 % des voix, soit six sièges. Pour la commune de Balbala, le RPP arrive en tête avec 48,64 % des voix en gagnant 22 sièges sur un total de 29, suivi par la liste indépendante Droit et justice avec 20,55 % ( trois sièges ), le Parti populaire social démocrate ( PSD ) avec 15,44 % ( deux sièges ), et enfin le FRUD avec 15,37 % ( deux sièges ). Pour la région d’Ali-Sabieh, les deux listes en compétition, à savoir le RPP et Ensemble pour l’avenir, se sont répartis les sièges comme suit : sur les 20 sièges, 18 reviennent au RPP et deux, à Ensemble pour l’avenir. DJIBOUTI Rép. de Djibouti : un petit État de 23 000 km 2 , et de quelque 700 000 habitants, situé en Afrique de l’Est. Géographie Sol désertique en basse altitude et végétation méditerranéenne en montagne ( forêt du Day ). Point culminant à 2 200 m. Le port de Djibouti est le débouché du commerce éthiopien. Histoire ➤ 1888 Le Français Lagarde s’installe à Djibouti et construit un port moderne. ➤ 1896 Colonie sous l’appellation de Côte française de Somalie. ➤ 1946 Territoire d’outre-mer. ➤ 1958 et 1967 Référendums sur le maintien des liens avec la France. ➤ 1977 Indépendance du pays : il devient une République. La France y maintient une importante base militaire. ➤ 1991-93 Accroissement des tensions entre Afars et Issas ; reflet des événements politiques affectant les pays voisins. ➤ 1994 Signature d’un accord de paix; l’instabilité politique persiste. ➤ 1999 La France prévoit de réduire ses effectifs militaires sur trois ans. ➤ 2000 ( fév. ) Nouvel accord de paix ( libération de prisonniers et retours d’exil ). ➤ 2003 Premières élections législatives pluralistes : l’UMP l’emporte. ÉCONOMIE Pour l’année 2005, le PIB a affiché une croissance réelle de 3 %, soit le même taux que l’année 2004, avec un accroissement annuel de 2,8 %. Cette faiblesse de la croissance n’a pas permis une amélioration significative du revenu par habitant. Cette conjoncture difficile est à rapprocher avec les chocs exogènes, en particulier l’appréAFI 2007 ciation de l’euro envers le dollar américain auquel le franc djiboutien est rattaché, la hausse du prix des produits pétroliers et le repli de l’activité portuaire. Au niveau des comptes publics, le dérapage des dépenses courantes de l’État a eu pour conséquence une accumulation d’arriérés de paiement envers les fournisseurs de l’État ainsi que 189 AFRIQUE SUBSAHARIENNE sur le remboursement des prêts. L’apport de ressources extérieures dans le cadre de la coopération militaire a cependant contribué à maintenir le défit budgétaire à 2,1 % du PIB au cours de la période 2004-2005. La conjoncture morose de l’année 2005 n’a pas découragé pour autant les investisseurs étrangers qui ont su détecter les opportunités que pourrait offrir une petite économie portuaire, certes sans ressources naturelles, mais néanmoins privilégiée par sa position géostratégique dans la région. C’est tout naturellement que des secteurs comme le tourisme, le domaine bancaire ou celui du transport ont bénéficié de l’apport des capitaux extérieurs. Banque, la fin du duopole Jusque-là, le secteur bancaire était dominé par deux filiales de grandes banques françaises : la Banque pour le commerce et l’industrie mer Rouge ( B N P Pa r i b a s ) e t B a n q u e I n d o s u e z M. Ismail Omar Guelleh inaugurant la Banque Saba Islamic Bank m e r R o u g e ( C ré dit agricole ). Le système financier était beaucoup moins per formant, comparativement à celui d’autres petits États ou pays voisins. En effet, il fournit surtout des services financiers à court terme et l’intermédiation bancaire est, d’une part, assez faible et, d’autre part, onéreuse pour ceux qui sollicitent des prêts, compte tenu du comportement de minimisation des risques des banques. Le différentiel élevé de 13 % entre les taux des prêts et des dé- pôts témoigne de l’inefficacité du système bancaire djiboutien. Les deux grandes banques commerciales se comportent surtout comme des caisses d’épargne, la préoccupation centrale étant plus en relation avec la collecte des fonds qu’avec la distribution des crédits au système productif. Depuis le 25 juin 2006, une nouvelle banque à capitaux yéménites, la Saba Islamic Bank, a ouvert ses portes. Cette filiale de la première banque yéménite dotée d’un capital de 400 millions US $ travaillera pour commencer avec une société saoudienne d’exportation de bétail à par tir de Djibouti, ainsi que dans le domaine des promotions immobilières. Une autre banque ayant obtenu l’agré ment de la banque centrale de Djibouti a ouvert ses portes le 3 septembre 2006. I nter national Commercial Bank ( ICB ), filiale du groupe ICB Ltd, est une banque malaisienne installée dans d’autres pays d’Afrique, entre autres la Tanzanie et le Ghana. Déjà, ICB a fait une entrée offensive en affichant des taux d’intérêt légèrement inférieurs par rapport à ses concurrents ( 8 à 12 % ). Le d é c l o i s o n n e m e n t d u p a y s a g e bancaire fait naître beaucoup d’espoirs chez les petits entrepreneurs djiboutiens qui ne savaient plus où aller pour trouver un financement à leurs projets. L’attitude de prudence exagérée des banques qui se traduit par la recherche maximale de garantie et une absence quasi totale de prise de risques conjuguée avec la faiblesse des garanties des micro-entreprises fait qu’à Djibouti, crédit bancaire et micro-entreprises forment un couple difficile à réunir. Toutefois, ce regain d ’intérêt des En février 2006, un terminal pétrolier appelé Horizon Djibouti Terminal a vu le jour. Il a été financé par l’Emirates National Oil Corporation ( ENOC ) à hauteur de 30 millions US $ et par le port de Dubaï à hauteur de 20 millions US $. Ayant une surface conçue pour les futures activités liées aux hydrocarbures, ce terminal pétrolier a été équipé selon les normes de sécurité modernes. Il a également des capacités de pompage qui permettront aux navires de pouvoir être déchargés rapidement dans les meilleures conditions possibles. Les quais du terminal pétrolier pourront en effet recevoir des bateaux d’un tirant d’eau variant de 17 à 20 m, ce qui permettra à Djibouti d’avoir l’une des infrastructures portuaires les plus modernes de la région. Actuellement, avec une capacité de stockage de 240 000 m 3, le terminal pétrolier va évoluer dans une seconde phase pour se situer à environ 340 000 m 3. Ce projet ne constitue que la première étape d’un vaste ensemble économique qui comprend un terminal à conteneurs et une zone franche avec un coût de 300 millions US $. 190 AFI 2007 DJIBOUTI investisseurs étrangers dans le secteur bancaire ne pourrait être pérenne sans réforme profonde et crédible du cadre juridique et judiciaire des affaires. L’ouverture en novembre 2006 d’un hôtel de luxe cinq étoiles constituera certainement une bouffée d’oxygène pour le secteur du tourisme. La capacité d’hébergement est aujourd’hui limitée à une offre hôtelière globale de seulement 685 chambres. Kempinski Hotel aura une capacité de 700 chambres. Ce premier hôtel cinq étoiles de Djibouti verra l’inauguration dans un premier temps de 400 chambres, un beach club, une marina ainsi que des complexes résidentiels destinés à la tenue à Djibouti du Sommet du Marché commun d’Afrique orientale et australe ( COMESA ) le 15 nov. 2006. CULTURE ET SOCIÉTÉ Naissance de l’Université de Djibouti Depuis le 7 janvier 2006, la République de Djibouti s’est dotée d’une université d e p l e i n exe rc i ce conforme aux normes internationales en matière d’enseignement supérieur LMD ( licence, mastère et doctorat ), en remplacement du Abdou Diouf à l’Université de Djibouti, entouré de gauche à Pôle universitaire droite par Abdi Absieh, ministre de de Djibouti qui dé- l’Éducation nationale, et Aïdid Aden, livrait jusqu’ici des recteur de l’Université de Djibouti formations délocalisées des universités françaises. Elle est composée de trois facultés : la Faculté des sciences et des technologies industrielles, la Faculté de droit, économie, gestion et filières technologiques tertiaires et la Faculté des lettres, langues et sciences humaines. La recherche est confiée à la benjamine de l’équipe dirigeante de l’université, Souraya Hassan Houssein. L’ensemble est dirigé par le recteur Aïdid Aden Guedi. La tenue de deux colloques internationaux en économie et en géographie ( janvier et mars 2006 ), réunissant des universitaires de la région ( Éthiopie, Somalie et Yémen ) et de France, a sans doute permis à la jeune université de montrer à la société djiboutienne, au-delà de sa mission première qui est de dispenser un savoir en formant les ressources humaines nécessaires au développement du pays, qu’elle peut et doit impulser des réflexions, discussions sur des questions d’actualité dans un esprit d’échange et de construction. Elle constitue également la vitrine de la francophonie dans le pays. C’est à ce titre qu’Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie ( OIF ), s’est prêté à un exercice d’échange avec les universitaires lors de sa visite en mai 2006. AFI 2007 Djibouti veut devenir le poste avancé de la culture francophone dans une région où la langue de Shakespeare est dominante. Djibouti compte contribuer fortement au rayonnement de la Francophonie dans toute la Corne de l’Afrique et sur la mer Rouge en accueillant dans ses établissements scolaires et dans sa jeune université des étudiants et élèves de la sous-région. L’Université de Djibouti accueille déjà des universitaires tunisiens, sénégalais et togolais en privilégiant une coopération Sud-Sud. Connue par son instabilité, ses guerres et ses famines interminables, la Corne de l’Afrique est demeurée au fil du temps une terre qui a accusé un retard économique considérable par rapport aux autres régions du monde. Des analystes ont indiqué à ce titre que les intellectuels régionaux ne prenaient pas suffisamment de distance avec les mythologies de leur culture. Selon eux, ces mythologies ne sont pas seulement devenues des carcans qui découragent toute réflexion libre et indépendante sur l’histoire et la culture des peuples, elles sont souvent brandies comme des arguments pour justifier des injustices économiques et des dominations politiques, provoquant des affrontements sanglants. Conscients de cet état de fait, les intellectuels de la région ont décidé de s’impliquer dans le développement économique de la région en se réunissant dans un Ali Abdi Farah, ministre de la forum permanent. Culture et de la Communication, et Pierre Sané Ce forum aura un secrétariat permanent basé à Djibouti. C’est dans ce cadre que le sous-directeur régional de l’UNESCO pour les sciences humaines et sociales, Pierre Sané, s’est rendu pour une mission de travail à Djibouti en juin 2006. 191 AFRIQUE SUBSAHARIENNE GABON Hémery-Hervais SIMA EYI [email protected] POLITIQUE C andidat à sa propre succession, Omar Bongo - Ondimba, qui était opposé à quatre autres candidats, à l’élec tion présidentielle des 25 et 27 novembre 2005, est sorti largement vainqueur avec un score de 79,18 %. Ses deux principaux opposants, Pierre Mamboundou ( chef de l’Union du peule gabonais, UPG, opposition gabonaise ) et Zacharie Myboto ( candidat indépendant ), ont obtenu respectivement 13,57 % et 6,58 %. Le taux de par ticipation, selon le bureau de la Commission nationale électorale ( CNE ), s’est situé à 60 %, chiffre supérieur à la précédente consultation présidentielle de 1998, qui avait été de 54,98 %. GABON Géographie Pays équatorial riche et peu peuplé. Forêts, pétrole, manganèse, uranium. Histoire ➤ 1849 Libreville fondée par des esclaves libérés. ➤ 1886 Colonie française après Savorgnan de Brazza, intégrée à l’AÉF en 1910. ➤ 1958 Proclamation de la République gabonaise. ➤ 1960 ( 17 août ) Indépendance. ➤ 1961 Adoption de la Constitution. ➤ 1967 Décès du président Léon Mba. Conformément à la Constitution, Omar Bongo, vice-président, lui succède. ➤ 1986 Inauguration du chemin de fer transgabonais. ➤ 1990 Multipartisme. Bongo, au pouvoir depuis 1967, est réélu. ➤ 1994 Le Gabon quitte l’OPEP. ➤ 1994 Création du Sénat. ➤ 2002 ( 25 jan. ) Le gouvernement présente sa démission au président Bongo. ➤ 2002 ( 17 mai ) Stratégie de coopération avec l’UE. 192 Après la proclamation officielle des résultats par le ministre chargé de l’Intérieur, les candidats Mamboundou et Myboto ont demandé leur annulation auprès de la Cour constitutionnelle. Les saisines ont été jugées irrecevables après l’examen des dossiers des requérants. Autre fait politique marquant de l’année : deux mois après la mort de PierreLouis Agondjo-Okawé, le 28 août 2005, le Parti gabonais du progrès ( PGP ) enregistre aujourd’hui l’existence de deux tendances dirigées respectivement par Joseph-Benoît Mouity-Nzamba et Séraphin Ndaot Rembogo, ce qui plonge plus que jamais ce parti de l’opposition dans la confusion. En vue des législatives de la fin de l’année et dans le cadre d’un dialogue politique avec l’opposition, le chef de l’État a accordé le retour au « collège électoral unique », c’est-à-dire le vote en une seule journée des militaires et du reste de l’électorat, et la mise en place d’un groupe paritaire chargé de créer une commission électorale « autonome, indépendante et permanente ». Il a également annoncé l’expérimentation, aux scrutins locaux de 2007, du bulletin de vote unique, censé rendre plus difficile la fraude, et celle de la numérisation des empreintes digitales sur les cartes d’électeurs, limitée dans un premier temps à la commune de Libreville. Les principes d’un accès plus équitable de l’opposition aux médias publics ainsi que du financement des campagnes électorales et du plafonnement des dépenses ont été adoptés. En revanche, l’opposition a essuyé une fin de non-recevoir sur l’une de ses principales revendications, soit le retour à un mode de scrutin à deux tours, supprimé en 2003 et qui aurait nécessité une révision constitutionnelle. Au lendemain de son investiture, le président Ondimba a nommé au poste de pre mier ministre Jean Eyeghé Ndong, AFI 2007 GABON qui occupait le portefeuille de ministre délégué aux Finances chargé de la Privatisation dans le précédent gouvernement. Conformément à une règle non écrite, le nouveau premier ministre est d’ethnie fang et originaire de la province de l’Estuaire ( où est située Libreville ). Le nouveau cabinet gouvernemental compte 49 membres, dont 12 femmes, contre cinq dans l’équipe sortante qui comptait 46 membres. Le nouveau gouvernement accueille 17 entrants, parmis lesquels plusieurs membres de la société civile. Ce g o u ve r n e m e nt co n s e r ve l ’o s s at u re de l’ancienne équipe de Jean-François Ntoutoume Emane, la majorité des por tefeuilles les plus impor tants étant conservés par leurs titulaires. À l’issue d’une rencontre à Genève le 27 février 2007 entre les présidents gabonais Bongo-Ondimba et équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema organisée sous l’égide et en présence du secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, le Gabon et la Guinée-Équatoriale vont entamer des négociations pour délimiter leurs frontières et résoudre leur différend sur trois îles potentiellement riches en pétrole. Les deux pays ont décidé de procéder immédiatement à la négociation de la délimitation définitive de leurs frontières maritimes et terrestres et de résoudre la question de la souveraineté sur les îles de Mbanié, Cocotier et Conga. Un accord-cadre a été signé à Libreville entre le Gabon et la France. Celui-ci fixe les axes prioritaires de coopération entre les deux pays. Outre les infrastructures, l’environnement, la santé et l’éducation, ce nouveau cadre fait aussi une place importante à la formation professionnelle et au développement d’une coopération directe entre PME françaises et gabonaises. La Chine et le Gabon entretiennent des relations de coopération et d’amitié qui n’ont cessé de se renforcer depuis 30 ans. Le gouvernement gabonais a confié à un groupe d’entreprises chinoises l’exploitation de son important gisement de fer de Bélinga, au nord-est du pays, écartant du projet le numéro 1 mondial du fer, le Brésilien Vale do Rio Doce. L’exploitation du site de Bélinga, considéré comme l’un des derniers grands gisements mondiaux encore inexploités avec des réserves estimées à 1 milliard de tonnes, nécessite la construction de plus de 200 km de voies ferrées, d’un port en eau profonde et d’un barrage hydroélectrique. ÉCONOMIE Le salaire minimum interprofessionnel garanti ( SMIG ) est passé de 44 000 francs CFA à 80 000 FCFA dès le 1er octobre, après plusieurs années de sevrage. Dans le même temps, le gouvernement a décidé d’augmenter le point d’indice de 400 à 425. Les syndicats sollicitaient une augmentation à 132 000 FCFA du SMIG ainsi que le relèvement du point d’indice de 400 à 800. Depuis le 1 er janvier 2006, la filière forestière au Gabon est en effervescence. En toile de fond, la levée du monopole de l’État sur la commercialisation des grumes d’okoumés. Cette essence, dont les qualités sont inégalées pour l’industrie du déroulage ( contreplaqué ), représente plus des deux tiers de la production annuelle qui oscille autour de 3 millions de m 3. L’enjeu est de taille. Si la contribution du bois au PIB reste faible ( entre 3 % et 4 % ), ce secteur, qui est AFI 2007 le deuxième employeur du pays après la fonction publique, fournit 12 % des revenus d’exportation et offre une possibilité de diversification économique avant le déclin annoncé de la rente pétrolière. Le parlement gabonais a adopté la loi de finances pour 2006, avec un budget de 1 322,2 milliards FCFA ( 2,01 milliards € ), en baisse de 31,9 milliards FCFA ( 48,6 millions € ) par rapport à 2005, notamment en raison du tassement des recettes pétrolières. L’économie gabonaise a connu une désinflation au cours de l’année 2005. L’Indice des prix à la consommation ( IPC ) qui sert, entre autres, de base au relèvement du SMIG – fixe depuis 20 ans – et à l’indexation d’un certain nombre de grandeurs économiques, a observé en moyenne annuelle un léger repli par rapport à l’année 193 AFRIQUE SUBSAHARIENNE La Bourse des valeurs de l’Afrique centrale ( BVMAC ), dirigée par Marlyn MouliomRoosalem, a officiellement débuté ses activités pour réduire le retard par rapport à l’Afrique de l’Ouest où la culture boursière et l’intégration régionale sont déjà ancrées. Hébergée dans l’immeuble du ministère des Affaires étrangères du Gabon, la BVMAC est assimilée à une mission diplomatique. Ce nouvel organisme, fort attendu par les opérateurs économiques, a pour principales missions d’animer, d’organiser et de promouvoir le marché boursier sous-régional, d’admettre des valeurs à la cote officielle et de diffuser l’information boursière. La surveillance et le contrôle des séances de cotation font également partie de ses attributions. 2004. Une détente sur la pression des prix à mettre selon la Banque des États d’Afrique centrale, au profit d’un ensemble de mesures d’assainissement des finances publiques et de réformes structurelles entreprises dans le cadre de l’Accord de confirmation du Gabon avec le Fonds monétaire international ( FMI ). Ces mesures ont débouché notamment sur la réduction de 1 % par an des effectifs de la fonction publique et sur la baisse du taux d’imposition en raison de l’élargissement de l’assiette fiscale. La mise en œuvre d’un cadre juridique attractif par le ministère des Mines, de l’Énergie, du Pétrole et des Ressources hydrauliques, fait que le domaine pétrolier gabonais se trouve de plus en plus occupé. La Société française Perenco vient de signer avec l’État gabonais un contrat d’exploration et de partage de production ( CEPP ) sur le permis Arouwé. Qui a une superficie de 4 414 km2. Il est situé au large à des niveaux moyen et profond, dans la province de l’Ogooué-Maritime. Les Indiens font eux aussi leur entrée officielle dans le pétrole gabonais. Les Sociétés Marvis Pte Ltd, Indian Oil Ltd, Indian Oil natural corporation Ltd et Oil natural gas corporation Ltd et le gouvernement gabonais ont signé un contrat d’exploration et de partage de production ( CEPPJ ) sur le permis Shakthi. Un protocole d’accord de pêche entre l’État gabonais et l’UE a été signé pour une durée de six ans à compter du 3 décembre 2005. Le contrat liant les deux parties régularise la situation des armateurs européens au large des côtes gabonaises pour une contrepartie financière globale estimée à 1 001 680 € par an. Les deux tiers de la contribution européenne, seront affectés à des actions ciblées de développement de la pêche gabonaise par la promotion de la recherche halieutique, la surveillance des pêches, la formation et la participation du Gabon aux organisations internationales de pêche. L’Organisation de l’aviation civile inter nationale ( OACI ) recommandant la construc tion d ’aéropor ts de classe internationale en dehors des zones de grande habitation, par mesure de sécurité, le gouvernement gabonais a décidé de construire un nouvel aéroport dénommé Malibé II. L’actuel aéroport, rattrapé par le développement de la capitale ( Alibeng, Okala et Agondjé sont situés à proximité immédiate ), présente depuis longtemps des risques certains. Une nouvelle compagnie aérienne baptisée Gabon Airlines est née suite à l’échec d’Air Gabin International issu d’un partenariat entre la Royal Air Maroc ( RAM ) et l’État gabonnais. La RAM a été retenue par le Gabon comme « adjudicataire définitif » à la suite de l’appel d’offres, lancé en juillet 2004, pour la privatisation partielle de la compagnie nationale Air Gabon, secouée par de graves difficultés financières. La compagnie marocaine devait détenir 51 % du capital de la nouvelle société de droit gabonaise et l’État gabonais, 49 %. SOCIÉTÉ Plusieurs dizaines d’experts d’Afrique de l’Ouest et centrale se sont réunis au mois de mai 2006 à Libreville pour tenter de donner un coup d’envoi à la lutte contre la traite des femmes et des enfants, un fléau toujours aussi aigu sur le continent noir. Le Centre national de nutrition de la 194 Peyrie ( 3 e arrondissement de Libreville ) a abrité un atelier d’élaboration de la stratégie nationale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. L’objectif à atteindre au terme de cette réflexion commune est la réduction de la mortalité juvénile, au moyen de la promotion d’une alimentation optimale. AFI 2007 GABON La situation des Pygmées du Gabon Les 15 000 à 20 000 Pygmées du Gabon font l’objet de discriminations et vivent dans un état de marginalisation et de pauvreté alarmant. Il en ressort que 99 % des Pygmées du Gabon sont analphabètes, 4 000 enfants scolarisables ne vont pas à l’école et des familles de dix membres vivent en moyenne avec 500 FCFA ( 0,76 € ) par jour. CULTURE Le Gabon, à l’instar des autres pays francophones, a célébré tout au long de cette année 2006 le 100 e anniversaire de naissance de Léopold Sédar Senghor, ancien président de la République du Sénégal. Le dernier opus de Pierre-Claver Akendengué est baptisé Gorée. L’artiste dit avoir choisi comme titre le nom de l’île sénégalaise où l’on embarquait les esclaves pour les Amériques parce que la traite négrière est « un contentieux avec l’Histoire à vider et qui devrait être de plus en plus d’actualité ». À noter que, lors de la présentation de son album au Centre culturel français, le chanteur a fait observer une minute de silence en mémoire de l’universitaire Pierre Monsard, qui a formé des générations de comédiens et d’étudiants. Il conseillait de « ne pas se fonctionnariser, de garder l’humeur vagabonde, l’œil avisé et fou, les sensations ouvertes au monde et à la vie ». Naneth, jeune G abonaise nouvellement arrivée dans la chanson, a été finaliste du prix RFI Musiques du monde 2005 et du prix Kora de la meilleure artiste féminine d’Afrique centrale. Grâce à une forte présence sur scène et une voix au service de textes engagés, Naneth est un espoir de la chanson gabonaise et africaine. Le Gabon a accueilli la 7 e Biennale de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique. Les ministres de l’Éducation de l’ensemble du continent africain se sont retrouvés, pour élaborer une stratégie destinée à renforcer l’efficacité de l’apprentissage dans les écoles. L’Association Reporters sans frontières ( RSF ) a publié son 4 e classement annuel du degré de liberté dont bénéficient les journalistes et les médias de chaque pays et des moyens mis en œuvre par les États pour respecter et faire respecter cette liberté. Au terme des résultats d’enquêtes menées à travers 167 pays au courant de l’année 2005, il ressort que le Gabon se situe au 103e rang mondial et au 29 e africain : il a perdu 45 places en trois ans. RSF a mentionné les mesures arbitraires d’interdiction de parution de certains journaux, la censure et les agressions dont sont victimes les professionnels de la presse. Le Conseil national de la communication ( CNC ) du Gabon a décidé d’interdire l’accès « aux sites Internet pornographiques ou subversifs », citant notamment un site d’opposants en exil accusé de lancer un appel au terrorisme. L’organe de régulation des médias a ordonné aux opérateurs Internet gabonais d’user de tous les moyens dont ils disposent pour empêcher les usagers d’accéder à partir du Gabon à de sites pornographiques ou subversifs situés à l’étranger. Le contrôle de l’application de cette mesure est confié aux services chargés de la sécurité de l’État. Depuis 1998 et sans discontinuer, les finances publiques ont décaissé 5 milliards 800 millions FCFA en faveur des clubs de football évoluant en première division, le revenu annuel par équipe étant de 50 millions FCFA. Huit ans après la signature du contrat-programme entre le ministère des Sports et la Fédération gabonaise de football, l’heure est au bilan. Le contratprogramme visait à développer la pratique du sport de masse et d’élite, procéder au lancement d’un championnat national, mettre en place des équipes nationales dans toutes les catégories, assurer le développement du football féminin, etc. Le Gabon ne s’est pas qualifié pour la Coupe d’Afrique des nations ( CAN ) 2006, devancé dans son groupe de qualification par l’Angola, le Nigeria et le Zimbabwe. 25 nominés et seulement trois primés : le verdict de la première édition du trophée de la chanson gabonaise est tombé, après deux mois de compétition. Le titre « Ton public » d’Alexis Abessolo a été sacré chanson gabonaise de l’année 2005. Les deuxième et troisième prix sont revenus à Nicole Amogho et Annie-Flore Batchellylis pour les titres « Bayil wa » et « Je t’invite ». AFI 2007 195 AFRIQUE SUBSAHARIENNE GHANA Mbaye DIOUF Université Laval [email protected] P POLITIQUE lusieurs événements ont marqué la vie du pays cette année, à l’intérieur comme à l’extérieur. L’un des plus importants est sans doute son adhésion à la famille francophone. Le Ghana, en effet, a été reçu comme membre associé de l’Organisation internationale de la Francophonie ( OIF ), lors de son XI e Sommet tenu en septembre à Bucarest ( Roumanie ). Membre déjà important du Commonwealth, l’acceptation du Ghana au sein de la Francophonie va lui offrir de nouvelles perspectives de coopération et de soutien tant politique que culturel et économique. Elle constitue aussi une forme de reconnaissance des efforts de bonne gouvernance et du modèle démocratique et de stabilité qu’il constitue dans un continent encore dominé par les dictatures, la pauvreté et les guerres. Un des deux pays africains membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, le Ghana a longtemps bénéficié de la bonne réputation de son secrétaire général, Kofi Annan, dont le successeur à la tête de l’ONU sera le Sud-Coréen Ban Ki-Moon, ministre des Affaires étrangères de son pays. Annan pourrait briguer la présidence de la République de son pays d’origine, d’autant plus qu’un sondage fait à Accra montre qu’une majorité de Ghanéens souhaiterait sa candidature. L’arène politique ghanéenne pourra ainsi s’enrichir en perspective, en plus du retour annoncé de l’ancien président Rawlings, devenu aujourd’hui un adversaire déclaré de l’actuel président John Kufuor. Les élections locales qui se sont déroulées dans le calme sur l’ensemble du pays, en septembre 2006, sont un avant-goût des futures joutes présidentielles et législatives. Les tâches seront toutefois immenses pour faire reculer la corruption. Le Ghana est accusé par des enquêteurs de l’ONU de servir de lieu d’écoulement des diamants transitant par la zone rebelle ivoirienne. Il faudra ensuite mieux gérer les ressources naturelles du pays et diminuer la pauvreté qui affecte une bonne partie de la population. Cette couche est la plus touchée par le sida et le paludisme qui, par exemple, tue plus de 100 personnes par jour au Ghana. Le pays a, dans ce sens, abrité ou pris part à plusieurs rencontres internationales majeures. Kumasi, la ville du centre, a abrité en octobre un séminaire international sur la gestion adaptable des ressources naturelles. La gestion de ces ressources pourrait tirer profit de la mise en place, depuis septembre, du réseau WiMax d’extension de l’accès à Internet et qui permet de couvrir un espace de 300 km dans la région d’Accra-Tema. GHANA Géographie Pays d’Afrique occidentale, recouvert au sud d’une dense forêt trouée par des plantations de cacaoyers. Le nord est couvert de savanes. Histoire ➤ 1957 Indépendance sous la houlette de Kwame Nkrumah. ➤ 1981 Coup d’État de Jerr y R awlings. ➤ 1992 Instauration du multipartisme, élection de Rawlings, réélu en 1996. ➤ 2000 Élection de John Kufuor, réélu en 2004. ➤ 2006 Membre associé de l’Organisation internationale de la Francophonie ( OIF ). CULTURE Au plan culturel, le prix Miss mission a été attribué à la représentante du Ghana, Lamisi Mbillah, finaliste, en septembre à Varsovie ( Pologne ), de l’élection Miss Monde 2006. 196 Le Ghana a aussi bien été représenté au premier Festival des divinités du culte vaudou qui a eu lieu en octobre, au Togo. Autour des rites initiatiques, de conférenAFI 2007 GHANA ces et de débats, de danses traditionnelles, dont la fameuse danse du feu, le Festival a réuni un millier d’adeptes d’une trentaine de divinités vaudou provenant aussi du Bénin et de la Côte d’Ivoire. Apparu au XVIe siècle sur les rives du fleuve Mono, qui sépare le Togo du Bénin, le culte vaudou allie des pratiques issues de religions et de rites africains et chrétiens. Sport Le pays a, par ailleurs, bien brillé sur le plan sportif. La sélection nationale féminine de football a participé, en octobre, à la phase finale de la 5e édition de la Coupe d’Afrique des nations ( CAN ) Nigeria 2006. Les Black Queens du Ghana sont la deuxième meilleure équipe féminine africaine dans le dernier classement de la Fédération internationale de football association ( FIFA ). Chez les hommes, après une participation honorable à la Coupe du monde de football, en juin en Allemagne, le Ghana a été désigné, pour la troisième fois, pour abriter la 26e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football en 2008. Avec leur nouvel entraîneur français, Claude Le Roy, les Black Star comptent remporter la compétition, surtout que leur programme de préparation tant en Afrique qu’en Asie et en Europe donne de bons résultats sportifs. Au classement de la FIFA, ils occupent le 4e rang en Afrique et le 24e rang mondial. Une des pièces maîtresses de l’équipe, Michael Essien, qui évolue à Chelsea, en Angleterre, a été nominée pour le ballon d’or 2006. Co n c e r n a n t l a p ré p a r a t i o n d e l a CAN 2008, une équipe d’inspection de la Confédération africaine de football ( CAF ) a effectué, en novembre, une visite dans le pays pour évaluer l’état des infrastructures. Le nouveau stade Tamale est achevé à 80 %, tandis que le stade d’Essikado, construit dans la banlieue de Sekondi, dans la région ouest, est finalisé à 70 %. Les travaux de rénovation progressent également dans les stades d’Ohene Djan et de Baba Yara Sports, respectivement à Accra et à Kumasi. D’après certaines indications, les infrastructures seront prêtes bien avant l’échéance. GUINÉE Mbaye DIOUF Université Laval [email protected] À l’instar de l’année dernière, l’année 2006 a été marquée en Guinée par la persistance du blocage du dialogue politique et par l’acuité de la crise économique. Le pays continue, toutefois, de rayonner sur le plan culturel. L POLITIQUE a situation politique en Guinée reste dominée par l’incertitude causée par la maladie du président Lansana Conté. Envoyé à plusieurs reprises en Suisse pour « urgence médicale », le cas du président inquiète de plus en plus les Guinéens et la communauté internationale pour le vide juridique et les crises de succession qu’il risque de créer en cas de décès. Cette incertitude au sommet de l’État alimente, évidemment, les luttes de positionnement entre les collaborateurs directs du président et des membres du Parti démocratique de Guinée AFI 2007 ( PDG ) qui visent sa succession. Le conflit le plus sérieux est celui qui oppose le PDG de Futurelec, Mamadou Sylla, au tout-puissant ministre d’État chargé des Affaires présidentielles, Fodé Bangoura. Quant au dialogue politique avec l’opposition, il avance difficilement, alors que les élections législatives sont prévues pour juin 2007. Un contentieux électoral semble se dessiner d’emblée malgré la reprise des négociations. Au mois d’août, une Commission paritaire de 24 membres – 12 de l’opposition et 12 de la mouvance présidentielle – a été mise en place pour 197 AFRIQUE SUBSAHARIENNE trouver un accord sur quatre points : le statut de l’opposition, le financement des partis politiques, les prérogatives de l’organe de gestion des élections et enfin la révision du code électoral. Mais les négociations buttent sur des divergences portant sur l’organe de gestion des élections, duquel dépend la question relative à la révision du code électoral. Ce blocage du dialogue électoral risque, cependant, de faire perdre à la Guinée une importante assistance financière de l’Union européenne ( UE ) dans le cadre des accords de Cotonou, l’UE ayant conditionné le déblocage du 9 e Fonds européen de développement ( FED ) à l’avancement du dialogue politique. ÉCONOMIE Le secteur économique ne va pas mieux, avec l’énorme fragilité de la monnaie guinéenne. L’État étant « budgétivore », le secteur privé ne peut presque pas profiter des prêts de la Banque centrale. À cause de la mauvaise gestion, la corruption et les détournements, la dette de l’État envers la Banque centrale dépasse aujourd’hui les 2 000 milliards de francs guinéens. La monnaie se dévaluant elle-même ( un US $ vaut 6 500 FG et un €, 8 000 FG ), les prix des produits de consommation sont multipliés par deux ou plus un peu partout à travers le pays, accentuant ainsi la misère d’une population déjà assez éprouvée par le chômage, la précarité et la maladie. Le pays n’a d’ailleurs pas été épargné par les nouveaux réfugiés africains à bord d’embarcations de fortune et voit des milliers de jeunes Ouest-Africains tenter de rejoindre les côtes espagnoles des Canaries à l’aide de pirogues et au péril de leur vie. Près de 1 000 jeunes Guinéens y ont été répertoriés. Madrid a remis 5 millions US $ au gouvernement guinéen destinés au financement de projets pour les jeunes. En retour, la Guinée, comme le Sénégal et la Mauritanie, également touchés par cet exode massif, s’engage à surveiller ses frontières maritimes et à empêcher l’immigration clandestine vers l’Espagne. Il est donc urgent que les pouvoirs publics modifient leur mode de gestion de l’économie et des affaires de l’État en général pour garder leurs ressortissants sur place. Il faut discipliner la gestion de l’économie nationale, mieux gérer les ressources naturelles et faire adhérer la Guinée à la zone franc CFA. Il faut aussi améliorer l’infrastructure des routes du pays pour permettre un transport correct de ses riches potentialités naturelles. L’UE bloque toujours 60 millions US $ destinés à la réfection du tronçon vital Guéckédou-Macenta-Sérédou, depuis la rébellion armée de 2000 au sud 198 et au sud-ouest du pays. Un autre tronçon vital qui dessert la région forestière, la nationale Conakry-N’Zérékoré via Gueckédou-Macenta, est aujourd’hui presque impraticable à cause des ponts effondrés, des routes totalement dévêtues à cause des pluies. L’enclavement de la région Sud, considérée comme le grenier du pays, empêche l’exploitation de produits comme la banane aloko, l’igname, l’huile rouge et met en péril l’activité et la survivance de millions de producteurs. Petit espoir toutefois pour de futurs efforts vers la transparence : le Comité de pilotage de l’Initiative de transparence des industries extractives ( ITIE )-Guinée, composé de 24 membres dont des représentants de la société civile, de l’administration GUINÉE Géographie Plaine côtière humide, peuplée et riche; au centre, massif du Fouta-Djalon, domaine de l’élevage et source des grands fleuves Sénégal, Gambie et Niger. À l’est, pays plat, plus sec. Histoire ➤ XVIIe s. Le pays des Malinkés devient le centre de la traite des Noirs, à l’initiative des Portugais présents depuis le XVe s. ➤ XIXe s. Islamisation. ➤ 1889 La Guinée devient colonie française, intégrée à l’AOF en 1895. ➤ 1952 Naissance du mouvement nationaliste de Sékou Touré. ➤ 1958 Indépendance et rupture totale avec la France. Régime dictatorial de Sékou Touré ( République socialiste ). ➤ 1984 Mort de Sékou Touré. Le colonel Lansana Conté devient chef de l’État. ➤ 1991 Nouvelle Constitution. ➤ 1993 Élection présidentielle. Victoire de Conté qui est réélu en 1995 dans les premières élections pluralistes ( puis réélu en 1998 ). AFI 2007 GUINÉE publique et des sociétés minières, a procédé à la publication des revenus miniers non audités de l’année 2005 et estimés à 123 millions US $. Cette révolution est due à l’ITIE lancée par la Grande-Bretagne et à laquelle la Guinée a adhéré en avril 2005. Un des objectifs que se fixe le Comité est la publication régulière de tous les paiements faits par les compagnies minières et de tous les revenus perçus par les administrations. En octobre, s’est tenu à Dusseldorf, en Allemagne, un symposium sur les ressources minières de la Guinée, ainsi que sur la mise au point des projets en cours et des programmes de réalisation d’infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et hydroélectriques. CULTURE Le tableau de la Guinée en 2006 est plus rose au plan culturel. Le pays est bien réputé depuis longtemps dans ce domaine. Différents grands groupes guinéens se sont produits avec succès à travers le monde, que ce soit les Tambourinis, le Bembeya Jazz National, le Horoya Band National ou encore le Super Boiro. Le chanteur Momo Wandel, aujourd’hui âgé de plus de 70 ans, et l’ensemble traditionnel qui l’accompagne ont été invités au Festival de jazz de Ouagadougou ( Burkina Faso ). Le chanteur et musicien Fodé Baro Junior a été primé au Festival Afrique-Caraïbe, tenu à Almere, aux Pays-Bas. Sport Sur le plan sportif, la Guinée reste peu représentée dans les différentes disciplines sportives, souvent faute de moyens, en dehors des compétitions de football. À ce propos, le Silly national commence les éliminatoires pour la future Coupe d’Afrique des nations ( CAN ) en 2008 avec des contre-performances. Un match nul face à l’Algérie et une défaite devant le Cap-Vert ont plongé la Fédération guinéenne de football dans la crise. L’entraîneur français Patrice Neveu a été limogé. Le pays pourra, toutefois, compter plus tard sur un jeune prodige guinéen du nom de Abdoulaye Sylla. Âgé de 14 ans et considéré comme « l’un des plus talentueux et prometteurs joueurs du soccer canadien », il doit prochainement rejoindre le centre de formation du Football Club ( FC ) de Metz, en France, où il va probablement poursuivre une carrière professionnelle. GUINÉE-BISSAU Mbaye DIOUF Université Laval [email protected] La stabilisation de la vie politico-militaire et la relance économique sont les deux sujets qui ont dominé l’actualité en Guinée-Bissau en 2006. L POLITIQUE e pays continue sa réinsertion dans la communauté internationale par une représentation plus active. Il a ainsi été bien représenté au XI e Sommet de la Francophonie en septembre 2006 à Bucarest ( Roumanie ) et aux différentes rencontres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO ) et de l’Union africaine ( UA ), et prend une part active dans les tentatives de solution de la crise en Côte d’Ivoire. L’armée bissau-guinéenne, traditionnellement agitée, reste au cœur des enjeux AFI 2007 politiques et de paix du pays. Les divisions ethniques et religieuses continuent à la miner, malgré le processus de démocratisation qui a vu l’ex-président Coumba Yala accepter sa défaite devant le revenant João Bernardo Vieira. Ce dernier a nommé en septembre 199 AFRIQUE SUBSAHARIENNE de nouveaux chefs à la tête des différents corps d’armée, avec le souci de rétablir l’équilibre ethnique entre Mandingues et Ballantes. Le programme de déminage du pays s’est poursuivi sous la direction du Centre de désactivation des mines ( CAAMI ) et a permis la neutralisation de près de 3 000 mines antipersonnel, 7 000 engins explosifs de différents calibres, 70 mines antitanks et cinq mines antinavires. L’actualité sociale est marquée cette année par les réfugiés sur embarcations de fortune ouest- africains, dont de nombreux jeunes Bissau-Guinéens, qui tentent de rejoindre avec des pirogues les côtes espagnoles des Canaries. L’Union européenne ( UE ) tente d’arrêter ces arrivées massives grâce à une coopération mieux coordonnée avec les pays concernés et la mise sur pied de l’agence Frontex, un corps de gardesfrontières européens. La Guinée -Bissau peut aussi compter sur l’aide du Maroc pour lutter contre l’émigration clandestine. Signe que l’administration commence à fonctionner normalement, la police a réussi en septembre la plus grande saisie de drogue jamais enregistrée : 674 kg de cocaïne estimée à 13,2 milliards de francs CFA. ÉCONOMIE Au plan économique, plusieurs initiatives ont été annoncées cette année. Des hommes d’affaires venant du S énégal s’intéressent à nouveau aux opportunités d’affaires dans l’industrie, le bâtiment, la banque et la pêche. Ils avaient quitté GUINÉE-BISSAU Géographie Pays constitué d’une partie continentale et d’un archipel de 40 îles au sud du Sénégal. Histoire ➤ 1446 Arrivée des Portugais dans ce pays peuplé de Mandingues musulmans et d’animistes. ➤ 1879 Colonie sous le nom de Guinée portugaise ( détachée administrativement du Cap-Vert ). ➤ 1962 Guérilla antiportugaise d’Amilcar Cabral. ➤ 1973 Assassinat d’Amilcar Cabral. Son frère Luis proclame la République de Guinée-Bissau ( marxiste ). ➤ 1980 Coup d’État du commandant João Bernardo Vieira. Rapprochement avec l’Occident; intégration progressive dans l’espace francophone. ➤ 1994 João Bernardo Vieira élu président. ➤ 1997 Adhésion à la zone CFA. ➤ 1999 ( 7 mai ) Vieira destitué par l’armée. Malam Bacaï Sanha, chef d’État. ➤ 2000 ( 16 janv. ) Élections présidentielles : Kumba Yala, nouveau chef d’État. ➤ 2003 ( 14 sept. ) Coup d’État. Renversement de Kumba Yala. ➤ 2005 Vieira à nouveau président à l’issue des présidentielles. 200 le pays à la suite des troubles militaires et politiques. Le Programme des Nations Unies pour le développement ( PNUD ) a lancé plusieurs projets en Guinée-Bissau afin d’aider les autorités à améliorer la gestion macroéconomique de l’État, le développement d’un cadre de dépenses rationalisées et les capacités en statistiques pour le suivi des indicateurs de pauvreté. Le Brésil, de son côté, a signé un accord de coopération avec la Guinée -Bissau pour l’exploration pétrolière et le développement des ressources renouvelables comme l’éthanol. Le ministère du Tourisme et de l’Amén a g e m e n t d u t e r r i t o i re v a l a n c e r u n vaste programme de construction et de réhabilitation d’hôtels et autres réceptifs touristiques à travers tout le pays dans le cadre de l’exécution du Plan de relance du secteur touristique. La Guinée-Bissau dispose d’énormes potentialités dans ce secteur grâce à la beauté exotique de ses plages ensoleillées sur l’océan Atlantique, au climat doux de centaines d’îles du Bidjagos en plein océan, à la diversité de sa faune et de sa flore et la richesse de sa culture. CULTURE Le pays a, par contre, été moins vu sur le plan culturel. L’on connaît les difficultés économiques rencontrées par les artistes bissau-guinéens, peu aidés par leur pays. Certains d’entre eux se produisent cependant avec succès à Dakar et au Portugal. Le sport aussi, faute de moyens, reste un parent pauvre. Le pays, par exemple, ne participe pas aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations ( CAN ) de football prévue au Ghana en 2008, ce qui constitue une grande déception pour les milliers de passionnés de ce sport dans le pays. AFI 2007 GUINÉE-ÉQUATORIALE Luis BELTRÁ NAVARRO Spécialiste en langue et littérature françaises Doctorant de l’Université de Murcie [email protected] Les rumeurs de l’aggravation de l’état de santé du président Obiang Nguema ont été une préoccupation constante tout au long de l’année. L’opposition en exil a continué à accuser le gouvernement espagnol de ne pas s’intéresser à la réalité de l’ancienne colonie et d’appuyer le régime dictatorial. POLITIQUE L ’actualité en Guinée-Équatoriale a été dominée par l’état de santé du président Téodoro Mbasogo. L’opposition politique au régime équato-guinéen en exil en Espagne a signalé que la Guinée-Équatoriale est en train de vivre des moments d’incertitude, étant donné que le régime a reconnu le grave état de santé du président et les rumeurs d’une possible succession à courte échéance. Selon le gouvernement autoproclamé de la Guinée-Équatoriale en exil, des sources dignes de foi et proches du GUINÉE-ÉQUATORIALE Géographie État du golfe de Guinée, constitué d’une partie continentale ( forêts ) et d’une partie insulaire ( îles volcaniques et autres îlots ). Histoire ➤ 1777 Le Portugal cède le territoire à l’Espagne. ➤ 1858 La Guinée espagnole : colonie d’exploitation. ➤ 1964 Indépendance. ➤ 1968 Proclamation de la République de Guinée-Équatoriale sous la présidence de Marcia Nguema. ➤ 1979 Coup d’État mené par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. ➤ 1991 Nouvelle Constitution. Le multipartisme théoriquement instauré est peu mis en pratique. ➤ 1996 Obiang réélu lors d’un scrutin contesté par l’opposition et les observateurs. ➤ 2002 ( mai ) Procès de 144 personnes accusées « d’attentat contre le chef d’État ». AFI 2007 président confirment son agonie. L’année 2006 s’est caractérisée par l’instabilité politique et sociale du pays et les problèmes qui persistent concernent avant tout les opposants au régime totalitaire. Durant le mois de mars, le gouvernement espagnol a refusé l’extradition du dirigeant de l’opposition, Severo Moto, qui avait été sollicitée par les autorités équatoguinéennes, car Moto continuait à jouir du statut de réfugié politique, statut qu’il a finalement perdu. La communauté internationale fé licita le président Téodoro Mbasogo, le jour de son anniversaire, pour sa décision d’accorder la grâce à plus de 40 personnes qui se trouvaient détenues ou qui étaient en train de purger leur peine dans les prisons nationales pour des raisons idéologiques. D’ailleurs, Amnistie internationale a accusé le régime de poursuivre une politique qui ne respecte pas les droits de l’homme et qui se caractérise par la brutalité. En même temps, cette association rendait public que les autorités du pays avaient délogé de chez elles à peu près 300 familles qui se trouvaient sans logement alternatif. Durant le dernier Sommet du Mouvement des pays non alignés, célébré au mois de septembre à Cuba, la collaboration politique entre l’ancienne et petite colonie espagnole et le pays hôte a été qualifiée d’exemplaire. Le pays caribéen a mené à bien plusieurs programmes pour lutter 201 AFRIQUE SUBSAHARIENNE contre l’analphabétisme et l’extirper de la Guinée-Équatoriale et a assuré l’envoi d’un groupe de médecins pour former les médecins nationaux. ÉCONOMIE L’économie a continué à s’améliorer pour la deuxième année consécutive, bien que cet essor ne profite guère à la population, et le pays se modernise sans qu’elle puisse en bénéficier. Selon le Comité monétaire et financier du pays, les estimations officielles de croissance du PIB pour cette année en Guinée-Équatoriale sont de 8,3 %, ce qui représente une croissance inférieure aux années précédentes ( environ 30 % ). À la fin du mois de mars 2006, la Guinée-Equatoriale a enregistré une croissance économique réelle en accord avec l’évolution des activités du secteur pétrolier. 93,7 % du PIB vient du secteur pétrolier, le reste vient du secteur agricole et tertiaire. Il faut remarquer que la Guinée-Équatoriale a mené à bien les accords signés il y a deux ans avec les États-Unis. Le premier ministre a reçu à Malabo la délégation de l’Agence internationale de développement des États-Unis ( USAID, en anglais ). L’accord signé par les deux pays a pour but d’établir des projets pour le développement social du pays et la création d’un Fonds pour les besoins sociaux. Cependant, cet accord a été très critiqué par plusieurs organisations internationales, y compris quelques représentants du gouvernement américain, qui ont mis en évidence des abus concernant les droits de l’homme du régime dictatorial. Malgré ces critiques, la secrétaire d’État des ÉtatsUnis n’hésitait pas à dire que le président équato-guinéen était « un bon ami » et à préparer un programme d’entraînement militaire dans le pays africain. SOCIÉTÉ La presse internationale s’est faite l’écho du naufrage en pleine mer du paquebot qui fait le trajet du port de Bata à Malabo, chargé de 718 personnes. Heureusement, le ministre porte-parole du gouvernement a démenti cette nouvelle et a affirmé que celle-ci a provoqué une alarme sociale non indispensable parmi la population. D’ailleurs, la ville de Malabo compte, grâce à l’aide de la mairie de Valence ( Espagne ), cinq nouveaux autobus pour pouvoir déplacer la population du centre-ville et améliorer la communication, car l’ancienne Sainte-Isabelle était dépourvue de transport en commun et de plusieurs camions pour ramasser les ordures ménagères. CULTURE Depuis 2005, la création littéraire équatog u i n é e n n e a p r i s d e l ’a m p l e u r e t l e s publications commencent à être significatives, notamment en Espagne et dans quelques pays hispano-américains. 2006 a vu apparaître la publication d’œuvres telles que Viaje en patera : ida y vuelta de l’écrivain Antolín Elá Elá Asama, qui analyse la problématique de l’immigration subsaharienne en Europe, ou la réédition du roman Macias, verdugo o víctima d’Agustin Nze Nfumu. La plupart des romans ou pièces de théâtre continuent d’être écrits en espagnol, tandis que les langues vernaculaires dominent dans le domaine de la poésie. La littérature équato-guinéenne d’expression française dans les différents genres est quasi inexistante, étant donné que, malgré les efforts du système éducatif, 202 le français continue à être considéré comme une langue étrangère. La musique équato-guinéenne a connu un essor et une reconnaissance internationale grâce au succès du groupe H ijas del Sol partout dans le monde. La création artistique du pays, basée sur la culture fang qui atteignit sa splendeur lors de la colonisation espagnole, a fait l’objet de nombreuses expositions par toute la géographie espagnole, celle de l’artiste Ghuty Mamae avec son exposé à Barcelone étant la plus représentative. AFI 2007 MALI Alexis KALAMBRY Journaliste, directeur de publication Les Échos, premier organe de presse privé du Mali [email protected] Le Mali, vieille terre de rencontres et de civilisations, fait face aujourd’hui à de grands défis comme la gestion de sa jeune population et les aléas d’une situation économique difficile. A POLITIQUE u M a l i , l e m o t e n vo g u e e s t l e « consensus », une notion qui a fait gagner en 2002 l’actuel président Amadou Toumani Touré. En 1992, le Mali organisait les premières élections libres de son histoire. Alpha Oumar Konaré a été élu et a fait, selon les dispositions constitutionnelles, deux mandats ( 1992-1997, puis 1997-2002 ). Le président Amadou Toumani Touré, général, qui avait dirigé avec succès la transition malienne, a bénéficié du suffrage de la majorité des Maliens. Mais l’homme était sans parti politique. Son thème de campagne était : « le consensus ». Et ainsi, il a pu fédérer autour de sa personne une vingtaine de partis politiques qui ont soutenu sa candidature, au point qu’il a battu au second tour le candidat du parti sortant, celui d’Alpha Oumar Konaré. « La formule est assez originale, mais dénote une volonté de sanction que les électeurs ont voulu infliger à la classe politique dans son ensemble », analyse Oumar Berthé, politologue. Pour lui, le fait que le président se situe à équidistance des partis politiques fait son succès. Depuis quatre ans maintenant, Amadou Toumani Touré a su constituer un gouvernement « de large ouverture », dans laquelle les formations politiques habituellement antagonistes se retrouvent et travaillent ensemble. « Je suis fier de cette entente que j’ai pu créer entre les partis », affirme Touré lui-même, en ajoutant que le pays a besoin de ce climat apaisé pour sa construction. Si la formule a permis effectivement d’éviter les déchirements que le pays a connus sous les deux mandatures de son prédécesseur, il n’en demeure pas moins que le politologue voit déjà sa fin. « Nous sommes à la veille des élections présidentielles au Mali [ avril 2007 ], forcément, il AFI 2007 MALI Géographie Pays pour une bonne part désertique (au nord et au centre: le Sahara). Enclavé, il souffre de l’absence de débouché maritime. Autour de Mopti, le pays Dogon suscite nombre de travaux ethnologiques. Histoire ➤ Berceau des grands empires du Niger, du Ghana, du Mali. ➤ 1857 Occupation française. ➤ 1904 Inclus dans le Haut-SénégalNiger qui, amputé de la Haute-Volta en 1920, devient le Soudan français. ➤ 1958 La République soudanaise est proclamée. ➤ 1959 Elle forme, avec le Sénégal, la fédération du Mali. ➤ 1960 Fédération dissoute; le Soudan devient la République du Mali ( prés. Modibo Keita ). ➤ 1968 Coup d’État; Moussa Traoré au pouvoir. ➤ 1991 Traoré renversé par l’armée. ➤ 1992 Multipartisme; élection à la présidence d’Alpha Oumar Konaré, réélu en 1997. ➤ 1993 Traoré condamné à mort. ➤ 1996 Retour à la paix dans le Nord après quatre ans de rébellion touarègue. Relance du développement économique dans cette région. ➤ 1997 La peine de mort de Traoré est commuée en prison à vie. ➤ 2002 ( 28 avril ) Amadou Toumani Touré est élu président. ➤ 2002 Démission du premier ministre Sidibé, remplacé par Modibo Keita. 203 AFRIQUE SUBSAHARIENNE y aura un repositionnement et les partis politiques, au risque de disparaître à jamais ou de se sublimer, vont devoir aller au charbon, sans le général ou même contre lui ». En attendant, cette formule a fait ses preuves et les Maliens s’en félicitent! ÉCONOMIE Au plan économique, le pays a des retards à combler. Pour l’année 2006, dans le domaine des finances publiques, les recettes totales ont augmenté de 7,1 % pour représenter 18,2 % du PIB. Cette performance se justifie par l’accroissement des recettes fiscales de 9,4 %, en rapport avec les efforts des régies financières, notamment le renforcement des contrôles fiscaux et la poursuite de l’informatisation. L’économie malienne est fortement tributaire de deux produits de spéculation : l’or et le coton. « Le coton est dans une zone de turbulence et se vend mal depuis deux ans. Chaque année, le déficit à ce niveau se creuse », analyse Mohamed Traoré, économiste, professeur à l’Université de Bamako. La situation de l’or n’est guère meilleure. Certes, il n’y a pas de déficit à ce niveau, mais, avec ses 52 tonnes de production, il ne parvient pas à combler les attentes. Les recettes totales 2006 augmenteraient de 10 % pour représenter 18,1 % du PIB en liaison avec la poursuite de la mise en œuvre des mesures visant à assurer une meilleure maîtrise de l’assiette fiscale et à renforcer les capacités de vérification et d’enquêtes des services fiscaux. Les dépenses totales et prêts nets progresseraient de 9,8 % pour représenter 26,9 % du PIB. Cette évolution se justifierait principalement par le renforcement des dépenses d’inves- tissement au profit des secteurs sociaux. Le service de la dette publique totale est ressorti à 62,6 milliards francs CFA et a représenté 14 % des recettes budgétaires. Le Mali a atteint le point d’achèvement au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés ( PPTE ), renforcée en février 2003, et bénéficie de l’initiative d’allégement de la dette multilatérale. Cette situation contribuerait à accentuer la baisse du taux d’endettement. La position nette créditrice du gouvernement s’est détériorée de 33,3 milliards F C FA , p o u r s e s i t u e r à - 2 6 , 4 m i l l i a rd s FCFA à la fin décembre 2005, en liaison avec la baisse de 20,6 milliards des dé pôts publics, renforcée par la hausse de 12,7 milliards des engagements de l’État envers le système bancaire. L’encours des crédits à l’économie s’est accru de 0,5 milliards FCFA ou 0,1 % pour atteindre 516 milliards, à la suite de la hausse de 3,1 milliards des crédits ordinaires et de la baisse de 2,6 milliards des crédits de campagne. La hausse des crédits ordinaires s’explique en partie par des concours accordés à des sociétés opérant dans les s e c te u r s d e s té l é co m m u n i c a t i o n s, d e l’énergie, de distribution de produits pétroliers, des mines, du commerce général ainsi qu’à des sociétés cotonnières et des associations villageoises dans le cadre du financement d’équipements agricoles. CULTURE ET SOCIÉTÉ La célèbre jazzwoman américaine Dee Dee Bridgewater enregistre au Mali son prochain album « contre la faim ». Cette native du Tennessee ( États-Unis ), q u i s’e s t m i s e a u jazz dès l’âge de 15 ans avec des ténors de ce genre musical comme Dizzy G i l l e s p i e o u e n c o re S o n ny R o l l i n s, a annoncé son intention de fusionner sa musique au rythme du Mali en vue de sortir 204 un album qui sera conçu sur la base des rythmes traditionnels de Ségou. Dee Dee Bridgewater a reçu de nombreux prix, dont le Jazz Academy Awards en 1995 et en 1998. Elle a été nommée chevalier de l’Ordre national du mérite par le président français François Mitterrand et officier des arts et des lettres par le ministre français de la Culture et de la Communication. Elle est aussi ambassadrice de bonne volonté de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture ( FAO ). Elle n’est pas la seule à venir chercher des sonorités nouvelles au Mali : Ali Farka Touré, Salif Kéita, Oumou Sangaré et bien d’autres noms de la musique malienne ont AFI 2007 MALI « Mourir en tentant de survivre » Le grand problème de la jeunesse malienne, actuellement, est l’immigration clandestine. Du fait du manque de travail, « mais surtout du manque de perspective », comme le dit Félix Koné, sociologue, les jeunes ne rêvent que d’une chose : partir. Moussa Sow est l’un de ceux-ci. Il en est à sa troisième tentative et ne désespère pas d’y parvenir un jour. Les déserts du Mali et ceux de l’Algérie, les cachettes et les circuits, les souffrances causées par le froid, la faim et la soif sur les mers et dans des embarcations de fortune n’ont aucun secret pour lui. « Je réussirai un jour. Quel avenir pour moi ici? Je pense qu’il faut mourir en tentant quelque chose plutôt que de mourir assis à ne rien faire, sans perspective. Si ça marche, tout devient rose. Il n’y a aucune alternative à l’immigration », ajoute-t-il. Pour le sociologue, si, pendant longtemps, pour beaucoup de région du Mali, l’émigration était culturelle et participait même à l’initiation du jeune, maintenant, elle est « plus dictée par des raisons économiques ». Au Mali, on considère que plus de 500 jeunes tentent régulièrement « l’aventure » de façon illégale. composé avec des Français, des Anglais, des Américains ou des Asiatiques. Au Mali, la musique est une économie. Personne ne peut dire exactement le nombre de personnes qui vivent du secteur de la musique, mais, selon le catalogue de Seydoni-Mali, un des producteurs maliens, et le Programme de soutien aux initiatives culturelles ( PSIC ), rien qu’à Bamako, la capitale, il y a 361 ar tistes, musiciens, interprètes, compositeurs, auteurs; 121 musiciens instrumentistes; 34 groupes de rap; 14 orchestres; 15 promoteurs; et 30 groupes traditionnels. Une enquête menée par la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement ( CNUCED ) confirme 3 000 emplois permanents dans le secteur pour l’année 2000. Selon cette étude intitulée Évaluation du commerce de l’audiovisuel à travers la musique au Mali, le secteur enregistre un chiffre d’affaires de 66 milliards FCFA. Selon les informations fournies par la Direction nationale du commerce et de la concurrence, la musique enregistre la plus grande performance au niveau du rendement en termes de valeur ajoutée : au niveau des concerts et récitals, 60 %; des musiques enregistrées sur cassettes, 66,48 %; des instruments vendus, 78,33 %; Le professeur Diola Bagayogo : une fierté nationale Diola Bagayogo est l’un des plus grands sinon le plus grand professeur distingué de physique à l’Université du Sud dans l’État de la Louisiane aux États-Unis. Sa dernière découverte sur les propriétés électroniques lui a valu une renommée internationale. Bagayogo a fréquenté l’École normale supérieure de Bamako, section physique et chimie. Avec sa maîtrise en main, le jeune professeur enseigne pendant deux ans au lycée de Sikasso. C’est là qu’il décroche en 1975 une bourse Atlas pour poursuivre ses études doctorales aux États-Unis. Le doctorat décroché en 1983, débute alors pour le jeune Malien une carrière professionnelle mouvementée : « Le quart de mon temps, je délivre des cours, les deux quarts sont consacrés à l’encadrement de mes nombreux étudiants puisque j’ai créé l’académie de Tombouctou pour former des étudiants de façon exceptionnelle. Le dernier quart de mon temps est consacré à la recherche », explique-t-il. Les performances enregistrées par cette académie lui ont valu deux prix présidentiels américains d’excellence en sciences et technologie. Depuis sa mémorable découverte sur les propriétés électroniques des semi-conducteurs en 1998, l’homme est convoité par tous les pays développés du monde. C’est pourquoi il ne cache pas sa satisfaction pour son métier. Chercheur pas comme les autres, Diola dit vouloir détruire le mythe qui présente le chercheur comme cet individu « qui est dans un coin, qui ne parle avec personne et qui ne reconnaît pas le reste du monde. Cette image est fausse ». AFI 2007 205 AFRIQUE SUBSAHARIENNE des industries musicales, 68,27 %. « La musique participe fortement au secteur tertiaire qui fait plus de 40 % de participation à la constitution du PIB contre 20 % au secteur secondaire », ajoute Issiaka Coulibaly, administrateur des arts. En dépit de la précarité de ses moyens financiers et techniques, le cinéma malien a permis à des cinéastes de s’exprimer et d’acquérir une renommée internationale. II s’agit de Cheick Oumar Sissoko, Souleymane Cissé et Adama Drabo. Le cinéma malien détient le record du trophée de l’étalon du Yenenga, le grand prix du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou ( FESPACO ). Magies en terre et l’empire du Mali Pour la dynamisation des architectures de terre, la Fondation internationale de synthèse architecturale ( FISA ) au Mali a procédé tout le mois d’août à une exposition sur les Magies en terre et l’empire du Mali, comprenant 33 toiles grand format et un catalogue. Ce vaste projet a pour objectifs de dégager l’architecture de terre de sa dépréciation actuelle, faire connaître les forces et la recherche de l’architecture africaine, appuyer les recherches appliquées sur les matériaux locaux et sensibiliser les politiques et les financiers à la promotion d’un habitat issu des forces sociales et culturelles régionales. À travers cette exposition, la FISA veut revaloriser non seulement la terre mais également les styles et les techniques ancestrales de construction. Le projet de dynamisation des architectures, relève Bâ Diakité, conseiller technique au ministère de la Culture, comporte deux phases. La première porte sur la création d’une exposition internationale itinérante et la publication d’un ouvrage didactique à destination des bibliothèques scolaires et municipales. La deuxième a pour objectif la création d’une école de maîtres maçons à Pèlerinage dans le cercle de Ségou pour la transmission des savoirs et savoir-faire traditionnels ainsi que des acquis des techniques nouvelles. Créée en 1992, FISA Mali est une création de FISA internationale basée à Séville en Espagne. Au Mali, elle a déjà réalisé des projets comme la réhabilitation du marché central de Mopti, la production de la chaux à partir des coquillages, l’appui des artisanes pour l’amélioration des fours et techniques de cuisson, etc. MOZAMBIQUE Mbaye DIOUF Université Laval [email protected] L’année 2006, au Mozambique, a surtout été marquée par l’admission du pays comme observateur auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie ( OIF ), après y avoir été invité pendant plusieurs années. POLITIQUE L ’admission du Mozambique a eu lieu lors du XI e Sommet de l’OIF tenu en septembre à Bucarest. En plus du soutien du président français Jacques Chirac, cette acceptation du Mozambique est largement attribuée au prestige international dont jouit ce pays en tant qu’exemple de paix et de stabilité après de longues années 206 de conflit. L’OIF, il est vrai, s’ouvre de plus en plus aux pays qui n’ont pas le français comme langue officielle, particulièrement en Afrique et en Europe de l’Est, mais qui partagent les principes fondamentaux de cette organisation, à savoir la paix, la démocratie, la bonne gouvernance, le respect des droits humains et le développement AFI 2007 MOZAMBIQUE durable. Dans son adresse à l’assistance, le président mozambicain Armando Guebuza a souligné que l’OIF est une grande opportunité pour son pays d’accéder à de nouvelles expériences et connaissances importantes pour la mise en œuvre du programme national de lutte contre la pauvreté. Sur les plans social et politique, le pays a commémoré le 20e anniversaire de l’assassinat du premier président du Mozambique, Samora Machel, assassinat dans lequel serait impliqué le régime sud-africain de l’apartheid de l’époque. L’actuel président mozambicain a d’ailleurs déclaré, en Afrique du Sud même, que son gouvernement continuera « à chercher la vérité » sur l’accident d’avion qui a coûté la vie à Machel le 19 octobre 1986. Le Front de libération du Mozambique ( FRELIMO, au pouvoir ) voudrait, pour sa part, ériger un monument à la mémoire de son fondateur. ÉCONOMIE Le pays a été très dynamique sur le plan économique. En octobre, l’Agence américaine pour le développement et le commerce ( USTDA ) a accordé à la Compagnie nationale des aéroports du Mozambique ( ADM ) une subvention de 445 000 US $ destinés aux études relatives à l’expansion des trois aéroports de Pemba, de Nacala et de Vilankulo. Le Mozambique a aussi participé à la II e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération économique et commerciale entre la Chine et les pays lusophones tenue à Macao. Par ailleurs, le pays a été bien représenté à la Conférence internationale sur la participation de la femme à la vie politique tenue en octobre en Angola, et qui étudiait les différents moyens d’implication plus soutenue des femmes dans les processus électoraux et de préservation des droits de l’homme en Afrique. Les efforts du pays risquent toutefois d’être anéantis par les ravages du sida : plus de 16 % des personnes âgées de 16 à 49 ans sont séropositives au Mozambique. Ces indicateurs seront déterminants dans les résultats de la phase pilote du troisième recensement national de la population et de l’habitat lancée en octobre par l’Institut national de la statistique ( INE ), avant l’organisation d’un recensement général prévu en 2007. CULTURE ET SPORT MOZAMBIQUE Géographie État africain situé sur la côte orientale de l’Afrique. Dispose d’un littoral de plus de 2 000 km sur l’océan Indien. Histoire ➤ 1960 Guérilla contre la colonisation portugaise. ➤ 1969 Assassinat de Eduardo Mondlane, dirigeant de la guérilla. ➤ 1975 Indépendance du Mozambique sous la houlette du FRELIMO muté en parti unique communiste. ➤ 1976-1992 Guerre civile qui a fait près d’un million de morts. ➤ 1986 Assassinat du président Samora Machel, remplacé par Joaquim Chissano. ➤ 1995 Entrée dans le Commonwealth. ➤ 2004 Élections générales remportées par le FRELIMO, Armando Guebuza élu président. ➤ 2006 Entrée dans la Francophonie à titre de membre observateur. AFI 2007 Au plan culturel, les grands chanteurs mozambicains ont participé cette année aux différents festivals en Afrique australe et en Europe. Des stylistes du pays ont participé à la 3 e édition du Ethical Fashion Show, tenue à Paris en octobre. Sur le plan sportif, le pays a pris part aux premiers Jeux de la lusophonie, tenus en octobre à Macau. Kurt Couto y a remporté la médaille d’or du 400 mètres haies devenant ainsi le premier athlète africain à remporter une médaille d’or à ces Jeux. En football, le Mozambique participe aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations ( CAN ) de football, prévue au Ghana en 2008, mais il n’est pas bien placé après une défaite devant le Sénégal ( 0-2 ) et un match nul face à la Tanzanie ( 0-0 ). La bonne surprise pourrait venir d’une probable implication du pays dans l’organisation de la prochaine Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010. La criminalité et des retards dans l’avancement des travaux pourraient amener les responsables sud-africains à faire héberger certaines délégations de pays lusophones comme le Brésil ou le Portugal par des pays comme le Mozambique ou l’Angola. 207 AFRIQUE SUBSAHARIENNE NIGER Auguste KABORÉ Université de Ouagadougou [email protected] POLITIQUE L ’année 2006 a vu l’installation de deux conseils au Niger : le Conseil économique, social et culturel ( CESC ) et le Haut Conseil des collectivités territoriales. Le C E S C e s t l e p re m i e r d u N i g e r depuis le retour à la démocratie en 1993. Cette mise en place tardive s’explique par l’instabilité sociopolitique qui a marqué le pays. Ce conseil est un organe consultatif dont le rôle est d’éclairer le président de la République et l’Assemblée nationale dans les prises de décisions, notamment sur les projets de loi dans les domaines économique, social et culturel. Il peut NIGER Géographie Vaste territoire traversé au sud-ouest par le fleuve Niger qui concentre sur ses rives activités et populations ( près de la frontière avec le Nigeria ). Histoire ➤ Occupation humaine très ancienne ; peuplements multiples ( Berbères, Touaregs, Peuls et autres ). ➤ VIIe s. Islamisation. ➤ 1897 Pénétration française ( amorcée en 1830 ). ➤ 1922 Le Niger, une colonie de l’AOF. ➤ 1960 Indépendance du Niger. Hamani Diori, président. ➤ 1974 Coup d’État militaire; Seyni Kountché au pouvoir. ➤ 1987 Mort de Kountché; Ali Seibou lui succède. ➤ 1993 Premières élections démocratiques : Mahamane Ousmane président. ➤ 1996 ( 27 janv. ) Coup d’État du général Ibrahim Maïnassara Baré. Révision de la Constitution. ➤ 1999 ( 9 avril ) Assassinat d’I. Baré. Daouda Mallam Wanké lui succède. ➤ 1999 ( 24 nov. ) Victoire de Mamadou Tandja aux élections présidentielles. ➤ 2000 ( 1 er nov. ) Création de la Haute Cour de justice. 208 également mener des enquêtes et des études sur les questions concernant ces domaines. Le Haut Conseil des collectivités territoriales, lui, a pour mission de donner des avis éclairés sur les questions de décentralisation en vue de permettre au gouvernement d’avoir une gestion efficiente de ces collectivités. Parce que la fin de l’année scolaire nigérienne a été marquée par des cas de fraude et de falsification de diplômes, le président Mamadou Tandja a promis de sévir. Il a également promis la tenue d’un forum national sur l’éducation. Les démêlés entre la presse et les autorités nigériennes se sont poursuivis. Dans ce sens, Salifou Soumaïla Abdoulkarim, le directeur de l’hebdo Le Visionnaire, a écopé d’une peine ferme de deux mois d’emprisonnement et d’une amende d’un franc CFA symbolique de dommages et intérêts à cause d’un article de son journal qui accusait Sido Elhaj, le trésorier général du Niger, d’avoir d é t o u r n é 1 7 m i l l i a r d s F C FA ( e nv i r o n 2,6 millions € ). Un autre directeur de publication, Maman Abou, et son directeur de la rédaction, Oumarou Keita, ont été arrêtés le 4 août 2006 et accusés de propagation de fausses nouvelles et diffamation contre l’État. Ces deux journalistes du Républicain ( hebdomadaire indépendant nigérien ) sont poursuivis par le premier ministre nigérien Hama Amadou pour la publication d’un article du 28 juillet 2006 accusant le gouvernement de détournements, de malversations, de mauvaise gestion et de mauvaise gouvernance. AFI 2007 NIGER ÉCONOMIE Un audit indépendant instruit par les partenaires techniques et financiers du Niger et portant sur la gestion des fonds octroyés à ce pays, a révélé des cas de malversations et de mauvaise gouvernance au sein du ministère de l’Éducation de Base ( MEBA ). Les commanditaires ont immédiatement suspendu leur coopération, bloqué les autres appuis, réclamé le remboursement des fonds et exigé des sanctions pour les coupables. Ces révélations ont entraîné la mise à l’écart du gouvernement des ministres chargés de l’Éducation. Plusieurs autres personnes, dont des cadres du MEBA et des opérateurs économiques, ont été entendues par la justice. Et certaines d’entre elles ont été déférées à la maison d’arrêt de Niamey. Le Programme des Nations Unies pour le développement ( PNUD ) a organisé en collaboration avec le gouvernement nigérien un atelier national sur la prévention des crises dans les programmes de développement au Niger. Les participants ( ministères techniques, élus locaux, représentants du système des Nations Unies, ONG et organisations internationales ) ont réfléchi sur les voies et moyens à mettre en œuvre dans l’élaboration des stratégies multisectorielles intégrées, pour prévenir les causes des crises dans ce pays. Cette rencontre a donné l’occasion aux différents partenaires de diagnostiquer les facteurs potentiels des crises qui minent les programmes de développement, dans le but de réduire les aides extérieures lors des crises en impliquant davantage les structures nationales. Le rapport de fin de mandat du Comité d’appui aux services d’assiettes et de recouvrement des impôts et taxes fonciers ( CASARIF ) a fait ressortir l’incivisme fiscal de certaines autorités nigériennes. En effet, plusieurs députés doivent au fisc, alors qu’une des conditions pour exercer un mandat électif au Niger est d’être en règle concernant ses obligations fiscales. Le CASARIF a, au cours de son mandat, permis le recouvrement de 800 millions FCFA ( soit plus d’1 million € ) d’arriérés et de taxes foncières, soit un taux de recouvrement de 10 %. La stratégie de cette institution est axée sur la sensibilisation des Nigériens au paiement de l’impôt. Elle vise à manifester aussi l’équité de tous devant l’impôt. Industrie La reprise de l’activité nucléaire à travers le monde a provoqué une hausse du cours de l’uranium. La livre d’uranium qui se négociait à environ 10 US $ est montée à 45 US $ en 2006 et risque d’atteindre 100 US $ en 2007. Profitant de cette opportunité, les compagnies d’exploitation d’uranium du Niger ont mis l’accent sur l’exploration de nouveaux sites. D’ores et déjà, les populations des localités qui hébergent les sites uranifères expriment leurs préoccupations économiques et sociales à ces compagnies. Elles réclament la construction de plus d’infrastructures sociales ( écoles, postes de santé, eau potable, protection de l’environnement et du cadre de vie ), plus de transparence dans le recrutement des employés, plus d’équité dans la passation des contrats de sous-traitance. Le Niger compte ainsi conforter sa place de premier producteur mondial d’uranium. SOCIÉTÉ Après la dure période de sécheresse et de famine de 2005, certaines villes nigériennes ( Orodoua, Zinder, Doutchi ) ont connu des inondations en 2006. La ville de B i l m a ( 1 5 0 0 k m au nord de Niamey dans le déser t du Ténéré ) a été la plus Zébu touché par la sécheresse touchée. Le gouvernement a réagi en organisant des secours d’urgence par des dons de tentes, de couvertures, de moustiquaires imprégnées et de rations alimentaires. AFI 2007 Pour mieux faire connaître et comprendre sa politique de l’emploi, le gouvernement nigérien a organisé du 14 au 16 mars 2006 un Salon de l’emploi. Les activités ont porté sur la présentation des stratégies de lutte contre le chômage et le sous-emploi, de même que sur les mécanismes à élaborer pour un financement efficace et durable de l’emploi afin d’en faire davantage un facteur essentiel de développement économique et social. Le taux de chômage du Niger est l’un des plus élevés au monde. Il concerne 30 % de la population active dont 39 % des jeunes de moins de 30 ans. 209 AFRIQUE SUBSAHARIENNE La coalition Équité et qualité contre la vie chère au Niger et la coordination de la société civile nigérienne ont organisé encore en 2006 des opérations « pays mort », malgré les avertissements lancés par le gouvernement. En effet, le ministre de la Fonction publique avait menacé les éventuels grévistes de les considérer comme étant en abandon de poste s’ils participaient à ces manifestations. Selon Siptèye Kanda, ministre de la Fonction publique, cette organisation est illégale. C’est pourquoi les différentes marches et les arrêts de travail se sont chaque fois soldés par des répressions policières et des arrestations des dirigeants. Les négociations entre le gouvernement et la Confédération démocratique des travailleurs du Niger ( CDTN ) ont abouti cette année à des compromis notables. Sur quatre points examinés, deux ont fait l’objet d’accords. Il s’agit de l’abrogation de l’ordonnance sur la retraite anticipée et la finalisation des travaux du comité de pilotage pour la transformation du Fonds national de retraite ( FNR ) en Caisse autonome de retraite du Niger ( CARENI ). À cela s’ajoute le paiement des arriérés des incidences financières à la suite des avancements et classements. Quant au point relatif au plaidoyer de la CDTN pour la restitution des coupures et suspensions de salaires pour fait de grève, le gouvernement a promis de le transmettre aux services publics compétents en la matière pour un règlement. Le dernier point important sur la détermination de la représentativité des organisations syndicales a fait l’objet de création d’un comité ad hoc qui devrait élaborer un cadre juridique des élections professionnelles. Un comité de suivi sera également mis en place pour l’application de cet accord. Outre les négociations avec le gouvernement, la CDTN s’est intéressée à la formation de ses militants. Elle a en effet organisé des sessions à l’attention de ses responsables régionaux sur des thèmes tels que les principales normes de travail, la liberté syndicale et l’exercice du droit syndical, les négociations collectives et les techniques pour les réussir. L’objectif était d’amener les participants à mieux prendre conscience de l’utilité et de la nécessité de la lutte syndicale afin de contrôler davantage leurs bases. Sport N iamey a abr ité les 5 e Jeux de la Fr a n c o p h o n i e f i n 2 0 0 5 . C e s J e u x ont, aux yeux des observateurs, été un véritable succès pour le N iger. À travers compétitions spor tives et concours artistiques, ces Jeux ont une fois encore permis à la jeunesse francophone mondiale de vivre les valeurs de partage et de solidarité dans un esprit de diversité. En effet, la francophonie demeure toujours un outil précieux de rencontres, de dialogue culturel et de coopération internationale, audelà de la communauté de langue et des discours politiques. Plusieurs prix ont été attribués parmi lesquels celui de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie ( APF ). Ce prix permet aux lauréats de bénéficier de stages de perfectionnement. Le Comité international de la Francophonie a décerné au Niger la médaille d’or de l’organisation malgré les difficultés rencontrées dans la réalisation de ces Jeux. 210 Préparatifs pour les 5e Jeux de la Francophonie à Niamey AFI 2007 RÉPUBLIQUE DU CONGO André-Patient BOKIBA Maître de conférences HDR Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur ( CAMES ), Université Marien Ngouabi [email protected] E POLITIQUE n R é p u b l i q u e d u Co n g o, l ’a n n é e 2007 sera marquée par l’organisation des élections législatives. Ce scrutin qui intéresse la majorité de la classe politique congolaise constituera un test de la réussite de la politique de Denis SassouNguesso, étant donné l’écrasante majorité du groupe parlementaire de ses partisans à l’Assemblée nationale. Cela explique, sans doute, l’effervescence de l’agitation politicienne autour du devoir d’inventaire, à mi-parcours, de « la nouvelle espérance » – programme politique de Sassou-Nguesso. D’autant plus qu’au terme d’un mandat de cinq ans ( en excluant la période transitoire flexible de quatre ans ), le pouvoir du président Sassou-Nguesso aura engendré, à la faveur de l’embellie des recettes pétrolières, l’explosion spectaculaire de fortunes personnelles, mais laissé dans le marasme de la misère l’immense majorité des Congolais. L’échéance des législatives installe dans la conscience des candidats, appelés à reconquérir la confiance d’une population désabusée, une querelle des responsabilités et un procès insidieux de la gestion politique du pays. La somme des frénésies des destins individuels n’est pas étrangère à l’ambiance de crise qui a conduit des grandes formations politiques au bord de l’implosion. Le M ouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral ( MCDDI ) de Bernard Kolelas a souffert du retour d’exil de son président. À l’occasion de la mort de son épouse en 2005, Kolelas, condamné à la réclusion à perpétuité à l’issue d’un procès en 1999, a bénéficié de mesures humanitaires d’amnistie. Généreusement circonvenu par le pouvoir, Kolelas a quitté le camp de l’opposition pour s’allier au pouvoir, sans avoir réussi à entraîner dans cette démarche Frédéric Bitsangou, alias AFI 2007 RÉPUBLIQUE DU CONGO Géographie Pays équatorial couvert de forêts. Sous-sol pétrolifère. Histoire ➤ 1875 Voyage de l’explorateur français Savorgnan de Brazza. ➤ 1891 Colonie française intégrée à l’AÉF en 1910 ( capitale Brazzaville ). ➤ 1940-1944 Brazzaville, capitale de la France libre. Félix Éboué, gouverneur. ➤ 1944 Le célèbre discours du général de Gaulle jette les bases de l’Union française. ➤ 1958 République sous le nom de Congo-Brazzaville. ➤ 1 9 6 0 ( 1 5 a o û t ) I n d é p e n d a n c e. L’abbé Fulbert Youlou, président. ➤ 1963 ( 15 août ) Révolution populaire; Alphonse Massamba-Débat élu président. ➤ 1969 Proclamation de la République populaire du Congo par Marien N’Gouabi ( assassiné le 18 mars 1977 ). ➤ 1979 Le colonel Sassou-Nguesso écarte Joachim Yhombi-Opango. ➤ 1981 Rapprochement avec l’Occident par le colonel Sassou-Nguesso. ➤ 1990 Abolition du marxisme. ➤ 1991 Démocratisation. Multipartisme. ➤ 1992 Nouvelle Constitution ( référendum ). Pascal Lissouba, président. ➤ 1994 ( mai ) Le Congo renoue avec le FMI malgré la guerre civile ( juil. 1993juil. 1994 ) : 2 000 morts à Brazzaville. ➤ 1996 ( nov. ) Signature à Pointe-Noire d’un accord de cessation des hostilités. ➤ 1997 Les troubles reprennent. Retour au pouvoir de Sassou-Nguesso. ➤ 2001 ( 17 mars ) Ouverture du Dialogue national en vue de la future « Constitution et Convention pour la paix et la reconstruction du Congo ». ➤ 2002 ( mars ) Sassou-Nguesso est réélu. 211 AFRIQUE SUBSAHARIENNE le pasteur Ntumi, président du Conseil national de la résistance. En revanche, la nomination d’un nouveau conseil national, sorte de comité central, a engendré une scission du MCCDI et la création par Michel Mampouya, secrétaire exécutif, ancien président intérimaire exclu de nouvelles instances, du Parti de la sauvegarde des valeurs républicaines ( PSVR ). Plus spectaculaire est la crise du Parti congolais du travail ( PCT ), parti du président, et qui jouit d’une majorité écrasante au Parlement. Il est le lieu d’un conflit entre deux tendances, l’une conservatrice dirigée par Justin Itihi-Lekoundzou Ossétoumba, président du groupe PC T à l’Assemblée nationale, irréductiblement attachée aux frontières traditionnelles du parti, l’autre refondatrice à la tête de laquelle se trouve Édouard-Ambroise Noumazalayi, secrétaire général du PCT et président du Sénat, soucieuse d’un élargissement de la base du parti à des personnalités ou à des partis politiques de l’opposition. La crise du parti majoritaire, qui s’est alimentée d’escarmouches judiciaires ou de restriction de l’accès aux médias d’État pour l’aile conservatrice, a atteint son acmé avec l’organisation par l’aile conservatrice du 5e congrès extraordinaire, dit congrès de rupture, ouvert le 12 octobre 2006 et interrompu avant l’installation des instances dirigeantes. Le président Sassou-Nguesso a été obligé d’intervenir par le biais d’une médiation conduite par le ministre d’État, son directeur de cabinet Aimé -Emmanuel Yok a, secondé par le général Pierre Oba, ministre des Mines, pour imposer la suspension des travaux et la négociation des deux tendances, en vue d’un congrès unitaire ultérieur. Cette intervention du président – qui n’a pas démissionné de ses fonctions du comité central du PCT –, ponctuée d’une injonction aux congressistes du chef d’état-major général des Forces armées congolaises sur instructions du chef d’État, a été dénoncée par l’opposition comme une violation de la Constitution du 20 mars 2002, notamment en son article 72 : « Le mandat du président de la République est incompatible avec toute responsabilité au sein d’un parti politique »; par ailleurs, l’article 171 stipule Une politique extérieure active Si le Congo a été élu au Conseil de sécurité des nations, en qualité de membre non permanent, le président, titulaire d’un mandat national de sept ans jusqu’en 2009 qu’il cumule, cette année, avec la présidence de la Communauté économique des États d’Afrique centrale ( CEEAC ) et la présidence de l’Union africaine ( UA ), aura consacré le plus clair de son programme de travail à une intense activité diplomatique. À cet égard, le chef d’État congolais a, dans le cadre du renforcement de la paix sur le continent, affirmé la nécessité d’une collaboration entre le Conseil de sécurité et l’UA pour mettre fin aux conflits persistant encore en Afrique et condamné les tentatives de déstabilisation du régime tchadien. Il a rencontré le président des États-Unis George W. Bush avec lequel il s’est entretenu de l’application de l’accord de paix du 5 mai sur le Darfour, de l’aide de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord ( OTAN ) pour renforcer la mission de l’UA au Soudan puis celle des Nations Unies qui doit prendre la relève, et d’une transition rapide entre les deux missions. Brazzaville a accueilli, dans le cadre du Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix 5 ( RECAMP 5 ), une réunion sur le maintien de la paix en Afrique copilotée par l’Union européenne ( UE ) et l’UA regroupant plus de 250 responsables civils et militaires. Le président en exercice de l’UA a appelé, le 25 mai, Journée de l’Afrique, les Africains à se mobiliser pour que la paix devienne une réalité tangible pour tous les Africains. C’est encore en cette qualité qu’il a participé du 3 au 5 novembre 2006 au Sommet Chine-Afrique et à la rencontre de Séoul. Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, Sassou-Nguesso a demandé aux pays africains d’adhérer à l’initiative de taxation des billets d’avion pour le financement des pays pauvres. La diplomatie congolaise s’est ainsi trouvée impliquée dans la recherche des solutions aux crises de la Côte d’Ivoire – où le président a nommé le général Jean-Marie Michel Mokoko représentant spécial – , à la question du Darfour, à la transition de la République démocratique du Congo ( RDC ), aux relations entre le Tchad et le Soudan. 212 AFI 2007 RÉPUBLIQUE DU CONGO que « la force publique ( armée, gendarmerie, police ) est apolitique. Elle est soumise aux lois et règlements de la République ». La tenue du congrès unitaire prévue pour le 31 octobre 2006 n’a pas eu lieu non plus à la seconde quinzaine de novembre, malgré l’abandon réel ou putatif du concept controversé de refondation concédée à l’aile conservatrice. En somme, avec la promulgation de la loi n° 21-2006 sur les partis politiques par le président de la République, on retiendra qu’en dehors de la crise interne des partis, l’échéance des législatives exacerbe une autre querelle, celle de l’instance organisatrice du scrutin, c’est-à-dire la Commission électorale indépendante ( CEI ), qui est une revendication traditionnelle de l’opposition, le candidat Sassou-Nguesso l’ayant réclamée et obtenue à la veille de l’élection présidentielle de 1997. En ce qui concerne le processus de pacification, l’on observe une certaine accalmie de la crise du Pool entretenue depuis 1998 par la rébellion de Frédéric Bitsangou alias le pasteur Ntumi. Peut-on parler, à cet égard, de l’usure de la capacité de nuisance du président du Conseil national de la résistance ( CNR ) dont la valse-hésitation à l’égard des propositions des médiateurs du pouvoir et la revendication d’un statut particulier comme préalable au désarmement et à la réinsertion de sa milice de Nsilulu et Ninjas auront fait long feu, avec la récupération de la direction du département du Pool par Bernard Kolelas, ancien opposant exilé passé au camp du président? L’o m n i p r é s e n c e d u Co n g o s u r l a scène politique internationale n’a pas accéléré la résolution des problèmes de la vie quotidienne des Congolais. Cela explique l’adhésion d’une partie de l’opinion au discours de certains hommes politiques, tel le général Emmanuel Ngouelondele-Mongo, président du Cercle des républicains pour u n n o u ve l o rd re n at i o n a l ( C E R N O N ) , qui, lors du conclave du 18 juin 2006 à Versailles, a réclamé la démission de Sassou-Nguesso. En ce qui concer ne les droits de l ’homme, Brice M ackosso et Christian Mounzeo, respectivement secrétaire exécutif de la Commission justice et paix de l’Église catholique et président de la Rencontre pour la paix et les droits de l’homme ( RPDH ), membres de la coalition « Publiez ce que vous payez » ( PCQVP ) qui milite en faveur de la transparence dans la gestion des revenus pétroliers, incarcérés le 7 avril à la maison d’arrêt de Pointe-Noire pour Une célébration contestée Le 3 octobre 2006, les restes de Pierre Savorgnan de Brazza, mort en 1905 à Dakar, ont été transférés d’Alger à Brazzaville où l’explorateur et sa famille reposent dans un prestigieux mausolée construit à côté de l’hôtel de ville. Cette opération organisée sous le double patronage de Denis Sassou-Nguesso et d’El Hadj Omar Bongo-Ondimba, président de la République gabonaise, a suscité dans l’opinion congolaise un débat non seulement autour de l’opportunité, dans un contexte de misère généralisée, de la construction d’un monument aussi coûteux – dix milliards francs CFA selon des évaluations officieuses – , mais aussi autour de la qualification d’humaniste appliquée au colonisateur, au moment même où l’opinion des anciennes puissances est agitée par la controverse sur les bienfaits de la colonisation. À cet effet, le rapport final du colloque international organisé à Franceville par la Fondation Pierre Savorgnan de Brazza, en collaboration avec l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville et l’Université Omar Bongo de Libreville, a retenu que l’acte de coloniser, en tant que projet et entreprise hégémoniques, est sinon impropre, du moins parfaitement insuffisant pour gratifier son auteur du label d’humaniste. En tout état de cause, les participants ont pris une recommandation demandant aux deux chefs d’État l’érection de monuments en hommage au Makoko Iloo qui a signé un traité de concession avec Pierre Savorgnan de Brazza. AFI 2007 213 AFRIQUE SUBSAHARIENNE « abus de confiance, faux en écriture et complicité », ont été libérés grâce à la mobilisation de nombreuses ONG nationales et internationales et ont pu prendre part à la conférence annuelle de l’Initiative de transparence des industries extractives ( ITIE ) que le gouvernement norvégien a organisée à Oslo, les 16 et 17 octobre 2006. ÉCONOMIE Le 8 mars 2006, le Fonds monétaire international ( FMI ) et la Banque mondiale ( BM ) ont annoncé que le Congo était éligible à l’initiative de réduction de la dette des pays pauvres très endettés ( PPTE ). Six mois plus tard, la revue de la délégation du FMI conduite par Joannes Mongardini, chef de mission pour le Congo, axée autour des mesures structurelles, de l’exécution budgétaire et des perspectives pour le reste de l’année, a salué une croissance du PIB estimée à 6,5 % cette année ainsi que les efforts en faveur de la transparence de la gestion des ressources naturelles. La mission a cependant enregistré des dérapages budgétaires qui ont entravé la conclusion de la troisième revue dans le cadre de l’exécution du programme appuyé par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance ( FRPC ). Elle a, par ailleurs, demandé la création d’une commission nationale anticorruption. En ce qui concerne la gestion des ressources pétrolières, il convient de rappeler les enquêtes menées par Global Witness et les actions en justice engagées par des créanciers privés tels que Kensington I nter national, FG H e m i s p h e re, Wa l k e r International Holdings et la Connecticut Bank of Commerce cherchant à saisir les avoirs du Congo au Royaume -Uni, aux États-Unis et en France. À la faveur d’un jugement rendu le 28 novembre 2005 par le tribunal de grande instance britannique, dans une affaire engagée par un créancier du Congo en vue de saisir les bénéfices de cargaisons de pétrole vendues à la compagnie de commerce internationale Glencore en mars 2005, les plus hautes autorités de l’État congolais ont justifié la vente du pétrole congolais à travers un réseau élaboré de sociétés installées au large par la volonté légitime de tenir les revenus pétroliers hors de portée des créanciers vautours qui essaient de saisir les actifs de la Société nationale des pétroles du Congo ( SNPC ). Mais l’augmentation de 8,5 % de la production pétrolière, soit 100 milions de barils attendus en 2006, a conduit le gouvernement à proposer à l’Assemblée nationale le vote au mois d’octobre 2006 d’une loi de finances rectificative qui a porté le budget de l’État congolais exercice 2006 de 1 629 à 1 921 milliard FCFA. Le chef d’État congolais a annoncé la création à la Banque des États d’Afrique centrale ( BEAC ) d’un « compte de stabilisation » des recettes pétrolières supplémentaires destiné à des projets de développement. Un Une situation sociale tendue La décision du gouvernement de restaurer de 15 % sur trois ans la valeur du point d’indice des salaires des fonctionnaires et d’apurer les arriérés de salaires, à raison de trois mois par année, à compter de l’exercice budgétaire 2006, laisse 50 % des Congolais sous le seuil de pauvreté. Cette situation explique la grève des enseignants, en rupture avec les dispositions de la trêve sociale reconduite depuis quelques années par le gouvernement et les « centrales syndicales les plus représentatives ». La grève des transporteurs urbains, en juillet 2006, après la décision du gouvernement de réajuster à la hausse les prix des carburants a paralysé Brazzaville et Pointe-Noire. Cette augmentation n’a pas peu contribué au renchérissement des prix à la consommation et à l’érosion d’un pouvoir d’achat déjà précaire. À cet égard, si le message à la nation du 14 août a recensé, dans l’inaltérable autosatisfaction propre au genre, les progrès des réalisations de « la nouvelle espérance » en matière d’infrastructures de diverses natures, la misère des Congolais perdure, en dépit de l’augmentation constante des ressources pétrolières. 214 AFI 2007 RÉPUBLIQUE DU CONGO audit annuel de ce compte serait effectué par la Cour des comptes et de discipline budgétaire. Pour ce qui est du programme des réalisations des infrastructures, la politique de la municipalisation accélérée a consacré l’essentiel des efforts au département du Niari dont le chef-lieu, Dolisie, a abrité la célébration des festivités du 46 e anniversaire de l’indépendance du pays. La création de la Banque commerciale internationale ( BCI ) à la suite du rachat par le Groupe de banque populaire de Paris de la Compagnie financière de participations ( COFIPA ) est sans doute un signe d’intérêt de la place de Brazzaville, comme l’est le programme de réhabilitation du port autonome de Pointe-Noire que l’Agence française de développement ( AFD ), la B a n q u e e u ro p é e n n e d ’i nve s t i s s e m e n t ( BEI ) et la Banque de développement des États d’Afrique centrale ( BDEAC ) ont l’intention de financer entre 29 et 35 milliards FCFA sur les 60 milliards FCFA sous forme de prêt. Mais, d’une manière générale, l’on observe un certain essoufflement dans le dossier des privatisations où les perspectives concernant le secteur de l’énergie et de l’hydraulique ne paraissent guère avoir tenté les repreneurs extérieurs, laissant ainsi perdurer la désespérante précarité de la fourniture de l’eau et de l’électricité, d’autant que la centrale thermique en construction à Brazzaville n’a pu entrer en fonctionnement, comme prévu, au mois d’août 2006. CULTURE Le Congo aura pris part à la célébration, dans le cadre de la Francophonie, de l’Année Senghor. Dans le domaine de la musique, l’on peut se féliciter de l’intense activité et du regain de vitalité des jeunes orchestres dont une des manifestations est l’organisation de la Nuit congolaise à Paris par Beethoven Pella Yombo. La nomination comme artiste de l’UNESCO par la 165 e session du Conseil exécutif de cette institution de Jean-Serge Essous, un des fondateurs dans les années 1950 de l’OK Jazz avec Luambo Makiadi et de l’Orchestre Les Bantous de la Capitale, est un hommage à la création musicale congolaise. Les ministères en charge du système éducatif et de la recherche, à la suite du discours à l’UNESCO du président Denis Sassou-Nguesso, ont organisé du 6 au 10 novembre 2006, sous la coordination de Henri Ossebi, ministre de l’Enseignement supérieur, et avec la collaboration du Fonds japonais représenté par l’UNESCO, un atelier national de concertation sectorielle sur la refondation du système, en lieu et place des États généraux de l’éducation préconisés depuis 1991 par la Conférence nationale souveraine. Dans le domaine du football, le Congo s’apprête à organiser en janvier 2007 la Coupe d’Afrique des nations ( CAN ) junior. À propos de sa participation à la CAN 2008, le bilan à mi-parcours des rencontres éliminatoires – un match nul contre l’Afrique du Sud et une victoire contre le Tchad ( 3-1 ) – est positif, mais les turbulences qui agitent la Fédération congolaise de football ( FECOFOOT ) n’entretiennent pas une ambiance favorable à des performances ultérieures. Décès Il convient de signaler la disparition d’un certain nombre de personnalités du monde culturel, politique et religieux : Albert Leyono, maire de l’arrondissement 6 de Brazzaville; l’abbé François Dominique Wambat, figure emblématique du clergé catholique congolais; l’écrivain Philippe Makita; Michel Oba, ancien directeur général des sports; le journaliste Claude Bivoua; et le musicien Loubelo alias De la Lune, ancien sociétaire de l’Orchestre Bantous, ancien bassiste de l’Orchestre OK Jazz de Luambo Makiadi et fondateur en 1965 de l’Orchestre Tembo. AFI 2007 215 AFRIQUE SUBSAHARIENNE RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Nyunda ya RUBANGO Creighton University &University of Nebraska at Omaha [email protected] Les années 2005 et 2006 sont dominées, en Rép. démocratique du Congo ( RDC ), par la perspective de la fin de l’ultra-longue transition de 16 années, la préparation et la tenue effective des élections qui marquent l’avènement de la troisième République. POLITIQUE A près plusieurs tensions, impasses et ajournements et le caractère inopérant des deux « feuilles de route de la transition » ( proclamées respectivement le 19 avril et le 8 octobre 2004 ), la vie politique congolaise connaît des avancées démocratiques déterminantes. La transition n’en est pas moins, d’après un de ses anciens dirigeants, Mgr Monsengwo, un « casse-tête pour tout le monde ». Le référendum constitutionnel ( 18 et 19 décembre 2005 ) s’est soldé par une immense participation nationale ( à l’exception de Mbujimayi, fief de l’Union pour la démocratie et le progrès social ). En date du 3 février 2006, la Cour suprême de justice en confirme les résultats officiels : 84,31 % des votants, contre 15,09, ont approuvé la Constitution. La nouvelle « loi fondamentale » est promulguée par le chef d’État Joseph Kabila le 18 février 2006. Les élections législatives et le premier tour des élections présidentielles se déroulent en septembre. Les premières sont remportées, au niveau national, par le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie ( PPRD, parti du chef d’État sortant Joseph Kabila ). Pour les dernières, l’arène compte 33 candidats finalistes sur plus d’une cinquantaine de candidats enregistrés initialement par la Commission électorale indépendante ( CEI ). Aux termes de la Constitution, un deuxième tour oppose, le 29 octobre 2006, les deux vainqueurs du premier tour, à savoir Joseph Kabila ( 44,81 % ) et Jean-Pierre Bemba ( 20,03 % ), suivis de loin par Gizenga ( 13,06 %), Mobutu Nzanga ( 4,77 %). La plupart des autres candidats récoltent des suffrages de moins de 1 %. Kabila sort vainqueur de la joute finale, avec 58,05 % des suffrages ( contre 41,95 % 216 pour Jean-Pierre Bemba ). Les élections provinciales, destinées à mandater les membres d’assemblées provinciales, sont organisées à la même date du 29 octobre 2006. Installées en décembre 2006, les assemblées provinciales élisent les sénateurs ( 108 sur 1 127 candidats ) le 19 janvier et les gouverneurs et vice-gouverneurs de province le 27 janvier 2007. Les frictions perdurent au sein des grandes formations politiques. Elles sont dues à des tensions et des rivalités internes et aux stratégies électorales et de repositionnement. Exclusions, défections et faits de vagabondage politique se sont multipilés. L’opposition elle-même est fragmentée. Y fait cavalier seul l’UDPS qui boycotte le référendum constitutionnel et les premières phases électorales. L’opinion nationale et internationale n’a pas caché sa surprise quand l’archétype d’opposant et chef charismatique Tshisekedi ( alias Lider Maximo, « Sphinx de Limete » ) se désiste en tant que candidat à la magistrature suprême et mobilise tous ses partisans pour le boycottage électoral. Plus d’un partisan lointain et plus d’un observateur lui reprocheront cette politique irréaliste, voire suicidaire, de la « chaise vide ». En matière de sécurité, le Conseil de sécurité avait adopté, le 18 avril 2005, une résolution interdisant « la vente d’armes à tout destinataire dans le territoire de la RDC ». Le 21 décembre 2005, il étend l’échéance de la décision au 31 juillet 2006 et les catégories sujettes à l’embargo, aux « responsables politiques et militaires des groupes étrangers opérant en RDC ». Dans le même sens, le 2 novembre 2005, il publie la liste des seigneurs de guerre et autres personnalités recherchées par la justice internationale, AFI 2007 RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO incriminés pour les massacres perpétrés en Ituri et au Sud-Kivu. Les accusés incluent Thomas Lubanga, Laurent Nkundabatware et Jules Mutebusi. Arrêté en 2005, le premier est transféré à la Cour de La Haye le 18 mars 2006. Le second, lui, est déchu, poursuivi et ses avoirs bancaires américains sont gelés par RÉP. DÉM. DU CONGO Géographie Le plus grand pays de l’Afrique francophone ( près de cinq fois la France ). Potentiellement riche en ressources hydroélectriques ( Inga, 1 er site mondial ), minières, forestières et agricoles. Histoire ➤ 1885 Le Congo, propriété personnelle du roi des Belges, devient un « État indépendant ». ➤ 1908 Léopold II cède le Congo, qui devient colonie belge. ➤ 1960 ( 30 juin ) Indépendance sous le nom de Rép. du Congo. Joseph KasaVubu élu président de la République. ➤ 1961 Début d’une période de troubles. Sécession du Katanga ( Moïse Tschombé ). Assassinat de Patrice Lumumba. ➤ 1963 Sécession du Katanga brisée par les forces de l’ONU. ➤ 1965 Joseph-Désiré Mobutu prend le pouvoir. ➤ 1971 Le pays change de nom et devient la République du Zaïre. ➤ 1997 Laurent-Désiré Kabila chasse Mobutu et se proclame président de la République démocratique du Congo. ➤ 1999 Signature des accords de Lusaka. Un an plus tard, les affrontements militaires persistent toujours. ➤ 2001 Assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Son fils Joseph lui succède. ➤ 2002 ( 18 avril ) Accord politique pour la gestion consensuelle de la transition en RDC ( Accord de Sun City ). ➤ 2003 ( juin ) Institutions et gouvernement de la transition, présidé par J. Kabila et quatre vice-présidents. ➤ 2005 ( décembre ) : R éférendum constitutionnel. ➤ 2006 ( sept.-nov. ) : Élections provinciales, législatives et présidentielles. Kabila, candidat du PPRD, gagne les élections présidentielles. Son investiture ( 6 décembre ) marque l’avènement de la Troisième République. AFI 2007 le président Bush en octobre 2006, mais il demeure réellement impuni et se montre obstinément menaçant, comme dans une entrevue récente diffusée en octobre 2006 par la chaîne CNN. Deux réunions tripartites initiées par les États-Unis se tiennent respectivement à Lubumbashi ( 21-22 avril 2005 ) et à Kampala ( 20-21 octobre 2005 ), pour mettre fin aux menaces d’insécurité qui pèsent indéfiniment sur les trois pays concernés ( RDC, Rwanda et Ouganda ). Par ailleurs, paradoxalement, la Cour de La Haye, qui condamne l’Ouganda en date du 19 décembre 2005, se déclare « incompétente » en date du 3 février 2006 pour statuer sur l’ancienne plainte de la RDC, introduite en mai 2001 contre le Rwanda; ce pays voisin était alors accusé de « violations massives, graves et flagrantes atteintes aux droits de l’homme sur son [RDC] territoire ». De même, au niveau de Kinshasa et du monde, apparemment on ne tire pas toutes les leçons sur les responsabilités de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo ( AFDL ) et de Kigali sur les génocides perpétrés en 1996-1997 à l’Est du Congo sous le couvert de « guerre de libération ». Les régions d’Ituri, du Nord et du Sud-Kivu demeurent encore des cibles privilégiées d’insécurité et les droits de l’homme et du citoyen connaissent une égale misère malgré le vernis démocratique brandi pour la campagne électorale. À titre d’illustration de crimes de banditisme et/ou politiques, on relèvera l’assassinat du père René de Haes sur la route de Kimwenza en date du 7 mai 2005, l’assassinat de l’activiste Pascal Kabungulu Kibumbi, secrétaire exécutif de l’ONG Héritiers de la Justice à Bukavu, en date du 31 juillet 2005, l’assassinat du journaliste Franck Kangundu ( alias Franck Ngyke de La Référence Plus ) et de son épouse, devant leur domicile à Kinshasa, dans la nuit du 2 au 3 novembre 2005, l’assassinat du journaliste Mwamba Bapuwa à son domicile kinois, dans la nuit du 7 au 8 juillet 2006, etc. Toutefois, en pleine agitation électorale, le 36 e anniversaire de l’indépendance est célébré dans le calme partout au pays. Côté défense, les efforts déployés pour l’unification et la réorganisation de l’armée ne sont pas pleinement fructueux. Seules six brigades sur les 18 envisagées sont effectivement « brassées et intégrées ». Au Sud et au Nord-Kivu, on continue d’entendre le bruit fatal de bottes rwandaises de troupes régulières et d’autres troupes, notamment les « forces négatives » Interahamwe et des groupes Maï-Maï. 217 AFRIQUE SUBSAHARIENNE ÉCONOMIE En fait de coopération et d’aide internationale, des millions d’euros et de dollars américains affluent sans cesse dans la sébile du gouvernement congolais. Aux sources traditionnelles ( États-Unis, Banque mondiale, Fonds monétaire international ( FMI ), Union européenne ( UE ), France, Belgique, Allemagne, Royaume -Uni, Suisse, etc. ) s’ajoutent la signature de plusieurs accords de coopération avec le Maroc, la promesse de l’Inde, l’apport du Japon, de la Suède, de la Nor vège, etc. Cependant, la Banque mondiale menace de suspendre tout financement d’un nouveau programme congolais avant l’investiture d’institutions issues d’élections démocratiques. La majeure partie des dons, des prêts et des aides diverses est destinée à soutenir la lente action de redressement national et la mise sur pied d’institutions démocratiques ( du montant global de 46 millions US $ déjà déboursé ou promis, la cagnotte de la CEI n’attend plus, à la fin d’octobre 2006, que 7 200 000 US $ ). Malgré la crise économique persistante ( le « poumon » traditionnel de l’économie congolaise, la compagnie cuprifère Gécamines, est encore loin de recouvrer sa pleine puissance de production et la société diamantifère Minière de Bakwanga ( MIBA ) demeure la principale vache laitière d’une économie ruinée ), les recettes fiscales ( de l’ordre de 16 690 230 200 FC, soit 38 120 358 US $ ) s’avèrent supérieures aux prévisions établies de 13 500 000 000 FC. Ce phénomène inattendu et rare ne met pas le gouvernement à l’abri d’accusations locales et extérieures de mauvaise gestion. D’après le journal populaire kinois Le Potentiel ( 21 juillet 2006 ), citant comme sources l’Agence France-Presse ( AFP ) et une ONG basée à Bruxelles, International Crisis Group, 60 à 80 % des recettes douanières auraient été détournées pour la campagne électorale du candidat Kabila. Sur le plan international, on remarque l’absence à Washington, en juin 2006, des milieux d’affaires congolais du 5e Forum de l’African Growth and Opportunity Act ou AGOA ( Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique ). Sur le plan régional, par contre, dans le cadre antifraude du processus de Kimberley, Kinshasa abrite, les 22 et 23 février 2006, une réunion des pays d’Afrique centrale et australe producteurs de diamants alluvionnaires. Le budget 2006, débattu au Parlement à partir du 12 décembre 2005 et principalement tributaire des dépenses électorales, est estimé à 1 081 573 000 000 francs congolais ( FC ). Le gouvernement prévoit qu’il soit financé majoritairement par des aides étrangères ( 57 % ). Qualifié, pourtant, d’« antisocial » et de « suicidaire » par la Confédération syndicale du Congo ( CSC ), il est promulgué en date du 16 février. Ce budget présente les traits macroéconomiques suivants : accroissement de 35,1 % par rapport au budget 2005, taux de croissance de 7 %, taux d’inflation moyen de 8 %, taux d’inflation de fin de période de 10 %, taux de change moyen de 507 FC pour 1 US $, taux de change de fin de période de 513 FC. Santé On note qu’en dépit d’efforts considérables déployés pour la prévention et le traitement de la « maladie du siècle », le sida demeure un fléau majeur en RDC ( le taux moyen de prévalence y est de 4,5-5 % ). De manière générale, les statistiques sont alarmantes concernant la santé et la scolarisation de l’enfant congolais. D’après un rapport du représentant de l’UNICEF ( 26 janvier 2006 ), cité par Noël Obotela Rashidi, l’historien et chroniqueur de Congo-Afrique, « un enfant congolais sur huit meurt avant d’atteindre l’âge d’un an. Plus de la moitié des enfants ne sont pas inscrits à l’école ». Une autre source autorisée atteste la mortalité infantile accentuée dans ce pays. D’après un rapport récent ( 31 mars 2006 ) du coordinateur national de la Prise en charge intégrée des maladies de l’enfant ( PCIME ), « en RDC, environ 2,56 millions de décès d’enfants sont signalés chaque année, dont 80 % surviennent à domicile ». 218 AFI 2007 RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO SOCIÉTÉ Sur le plan de l’enseignement supérieur et universitaire, le gouvernement ajourne la célébration solennelle du 50 e anniversaire de l’université congolaise, qui était prévue à Lubumbashi au premier semestre de l’année 2006. Aux niveaux primaire et secondaire, la grève des enseignants suspendue en février est reprise avec vigueur à compter du 15 septembre 2005 pour deux griefs. Selon eux, le gouvernement se montre incapable d’honorer, malgré les dépenses excessives de l’espace présidentiel, ses engagements des accords de Mbudi, lesquels, conclus le 12 février 2004 fixent la distribution des barèmes mensuels des agents et fonctionnaires de la fonction publique entre la base de 208 US $ pour l’huissier et le sommet de 2 080 US $ pour le secrétaire général. La seconde cause fut la frustration des damnés « de la craie blanche » quand, un lot de 600 jeeps fut octroyé aux parlementaires, catégorie de serviteurs publics considérée comme déjà relativement privilégiée. Un événement heureux, cependant : le 2 février 2006, la grève est levée sur toute l’étendue de la République. CULTURE Parmi les événements culturels dignes de mention, l’on notera la commémoration, en juillet 2006, du troisième centenaire de la mort de Kimpa Vita et la participation artistique internationale du Congo au Festival de la bande dessinée tenu à Tahiti, en Polynésie ( 29 mai au 3 juin 2006 ). Dans le dernier cas, la RDC marque sa présence notamment avec trois albums de Serge Diantatu publiés sous la direction de Robert Wazi aux Éditions Mandala Africa BD ( Amfreville-la-Mivoie, France ) : Simon Kimbangu ( tome 1, 2002; tome 2, 2004 ) et L’Amour sous les palmiers ( 2006 ). La bande dessinée congolaise a le vent en poupe à la faveur d’une nouvelle publication de Pie Tshibanda Wa Muela Bujitu ( désormais figure remarquable de la diaspora littéraire congolaise ) et Joseph Senga Kibwanga, RDCongo, le bout du tunnel 1+4=…? ( Durbuy, Coccinelle BD, 2006 ). Participent de l’effervescence et du refus de mort des lettres congolaises les publications des Éditions du Calmec pilotées par T. Lukusa Menda ( cette jeune maison d’édition réserve un égal intérêt aux créations de fiction, dont un beau recueil de nouvelles, et aux études littéraires ). Il en est de même de la 6 e édition ( octobre 2006 ) du Festival de théâtre Le Temps de Théâtre organisé par le Centre d’animation théâtrale de Lubumbashi ( CATHEL ) sous la direction artistique de Fabien Honoré Kabeya. Ce forum, ayant attiré un public de quelque 35 000 spectateurs, aura été enrichi notamment de la participation des artistes Dieudonné Kabongo ( de la diaspora belge ), du collectif 12 de Mantes-la-Jolie ( avec Catherine Boskowitz ) et du groupe CRASA de Kinshasa ( avec maître Alexandre Mwambayi ). Une réalisation cinématographique est à signaler : L’Or caché de Kamituga ( 2006, 52 minutes ). Œuvre en chantier depuis 1981, ce documentaire produit par la journaliste belge Colette Braeckman explique l’origine de la guerre sur le fond de l’histoire de la Société minière et industrielle du Kivu ( SOMINKI ), anciennement Mines des Grands Lacs ( MGL ), installée à Kamituga, au Kivu. La famille d’artistes congolais est honorée par la nomination, en date du 15 novembre 2005, de Pascal Tabu Ley ( alias Rochereau ) comme vice-gouverneur de la ville de Kinshasa. Parmi les célébrités disparues figure, en septembre 2006, le père Simon-Pierre Boka, auteur des deux hymnes nationaux ( « Debout Congolais » et « La Zaïroise » ). AFI 2007 219 AFRIQUE SUBSAHARIENNE RWANDA Mbaye DIOUF Université Laval [email protected] Le passé récent et traumatisant du Rwanda a continué à hanter le pays en 2006. Les suites judiciaires du génocide ont quelque peu supplanté les autres actualités du pays comme l’économie, le sport ou la culture. POLITIQUE D urant toute l’année 2006, le Tribunal pénal international pour le Rwanda ( TPIR ), installé à Arusha, en Tanzanie, a poursuivi ses audiences pour juger les anciens commanditaires ou exécutants du génocide de 1994, qui a fait près de 800 000 mor ts, essentiellement tutsi, selon les Nations Unies. Les conséquences du génocide se font encore sentir chez les réfugiés rwandais. Des milliers d’entre eux ont déjà été expulsés de Tanzanie, le plus souvent sans préavis, laissant derrière eux biens et bétail et rapatriés dans un pays d’origine où ils n’ont presque plus de racines. La surprise est venue de l’acquittement de certains dirigeants de l’époque soupçonnés jusqu’ici de faire partie des responsables de cette effroyable tuerie. Ainsi, l’ancien maire Jean Mpambara et l’ex-ministre de l’Enseignement primaire et secondaire, André Rwamakuba, ont été acquittés en septembre. Le procureur en chef du TPIR, le Gambien Hassan Bubacar Jallow, a décidé, contrairement à ses habitudes, de ne pas faire appel de ces acquittements. Le procès du célèbre chanteur rwandais Simon Bikindi, un militant interahamwe dont les œuvres appelaient les Hutu à « combattre les Tutsi », est encore en cours. Le TPIR, chargé de rechercher et de juger les principaux responsables présumés du génocide, a par ailleurs prononcé à ce jour 26 condamnations et six acquittements. Les responsables du TPIR sont en train d’évaluer les voies et moyens de rendre les procédures de jugement plus rapides. Le juge américain Stephen Rapp a émis l’espoir que des accusés passent eux-mêmes aux aveux selon les termes d’une « négociation d’un plaidoyer de culpabilité ». Selon cette entente avec les accusés, le procureur sera prêt à « consentir des réductions de peines en échange d’aveux sincères ». Ces 220 RWANDA Histoire ➤ Fondé vers le XI e siècle, le Rwanda est un royaume héréditaire dirigé par la dynastie des Banyiginya où s’établissent les distinctions sociales des Hutu, des Tutsi et des Twa. ➤ 1890-1918 Le pays fait partie de la colonie allemande de l’Afrique de l’Est. ➤ 1923 Occupé par les Belges pendant la première guerre mondiale, il passe officiellement sous mandat belge. ➤ 1959 Guerre civile qui se solde par le massacre de milliers de Tutsi et la fuite massive d’un demi-million d’entre eux dans les pays limitrophes. ➤ 1962 Indépendance avec le par ti ethniciste, le Parmehutu. ➤ 1973 Coup d’État du général Habyarimana et emprisonnement de l’ancien président. ➤ 1982 Refoulement illégal des réfugiés tutsi rwandais de l’Uganda et refus de leur accueil par le Rwanda. ➤ 1994 Génocide des Tutsi et massacre des membres de l’opposition entre avril et juillet. Mort du général Habyarimana. ➤ 1994 Victoire militaire du Front patriotique rwandais. Pasteur Bizimungu devient président et Paul K agame, vice-président. ➤ 2000 Démission du président Bizimungu. Paul Kagame élu chef d’État. ➤ 2003 Premières élections législatives et présidentielles pluralistes depuis l’indépendance. Réélection de Paul Kagame. ➤ 2004 10 e commémoration du génocide des Tutsi. AFI 2007 RWANDA réductions de peines pour les accusés ayant avoué leurs crimes sont d’ailleurs prévues par la législation rwandaise. Mais seuls six accusés sont encore passés aux aveux devant le TPIR, parmi eux, l’ancien premier ministre du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide, Jean Kambanda, condamné à la prison à vie, et l’ancien chef technique de la tristement célèbre Radiotélévision libre des mille collines ( RTLM ), Joseph Serugendo, mort en août dernier après avoir été condamné à six ans de prison. Toujours dans le cadre de cette réflexion pour diversifier et accélérer les jugements, le présentateur du 11 e rapport annuel du TPIR à l’Assemblée générale de l’ONU, à New York, mentionnait en septembre qu’il est « essentiel que les États membres assistent et coopèrent dans l’arrestation et le transfert d’accusés encore libres ». Dans ce cadre, l’actuel ministre rwandais de la Défense, le général Marcel Gatsinzi, ainsi qu’une dizaine d’officiers français présents au début du génocide en 1994, sont attendus pour témoigner en faveur d’anciens chefs militaires devant le TPIR. Par ailleurs, la France, la Belgique et les Pays-Bas ont accepté de juger des personnes soupçonnées par le TPIR de participation au génocide et résidant sur leur territoire. Cette annonce a provoqué un certain scepticisme en Belgique, qui n’a conclu aucun accord de ce genre avec le tribunal onusien. Même si elle a déjà organisé deux procès d’assises en application de sa Loi de compétence universelle, qui dit la compétence des cours et tribunaux belges pour des crimes de droit international même pour des faits commis en dehors du territoire belge. Un troisième procès s’annonce en avril 2007, celui du major rwandais Bernard Ntuyahaga, pour l’assassinat de dix casques bleus belges, tués le 7 avril 1994 à Kigali, au lendemain de l’attentat contre l’avion du président rwandais Juvenal Habyarimana. Mais à ces procès en série répond une autre actualité liée au génocide, sur fond de scandale et de crise. Ainsi, en novembre 2006, le Rwanda rompait ses relations diplomatiques avec la France. Le motif est lié à la décision du juge français Jean-Louis Bruguière de recommander des poursuites contre le président rwandais Paul Kagamé devant le TPIR. Il a avancé la « participation présumée » du président rwandais à l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion de l’ancien président rwandais, Juvénal Habyarimana, dont la mort a marqué le début du génocide. Kagamé a toujours nié toute implication dans cet attentat. Le contenu du rapport Bruguière et les mandats d’arrêt émis ont provoqué la fureur du régime rwandais, qui a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec la France. L’autre affaire est liée à la publication d’un livre. Lancé en grande pompe, l’ouvrage de Pierre Péan, Noires fureurs, blancs menteurs ( Mille et Une Nuits, 2005 ), soulève les polémiques. L’ouvrage réagit à l’annonce de Kigali de créer une commission d’enquête sur les agissements des militaires français de l’opération Turquoise, en juin-juillet 1994. L’association SOS Racisme, en liaison avec Ibuka ( « Souvienstoi » ) et sa branche française, a déposé une plainte « pour diffamation raciale et incitation à la discrimination raciale » à l’encontre de cet ouvrage près du Tribunal de grande instance de Paris. L’ouvrage est qualifié de « raciste » pour avoir traité les Tutsi comme « l’une des races des plus menteuses qui soit sous le soleil » et repris à son compte des concepts forts de l’idéologie génocidaire du Hutu Power tels que le Kangura, qui définissait les femmes tutsi comme des prostituées espionnes avec lesquelles le général canadien des casques bleus, Roméo Dallaire, se serait compromis. ÉCONOMIE Sur le plan économique, le pays continue ses efforts de redressement national. Le Rwanda remplit désormais toutes les conditions pour devenir membre à part entière de la Communauté économique est-africaine ( CEEA ) et a conclu un accord en ce sens avec cette organisation sous-régionale. La CEEA, composée de l’Ouganda, du Kenya et de la Tanzanie, intervient dans divers domaines comme la coopération AFI 2007 économique et civile, les partenariats stratégiques douaniers ou fiscaux, la gestion des ressources naturelles. Lors d’un forum tenu en octobre, le gouvernement rwandais a accepté la réduction de ses tarifs douaniers de 10 à 25 % ainsi que le principe de l’élimination progressive d’autres tarifs internes d’ici 2010. Pour soutenir les efforts du gouvernement, l’Union européenne ( UE ) a accordé 221 AFRIQUE SUBSAHARIENNE une aide de 6,5 millions US $ au Rwanda pour appuyer les bases de l’état de droit, comme le processus démocratique et les capacités judiciaires du pays dont les tribunaux traditionnels, les Gacaca. Le projet comprend également la formation de magistrats rwandais afin d’atteindre les standards professionnels demandés par le TPIR pour rendre possible le transfert des dossiers d’Arusha vers le Rwanda. Par ailleurs, le Fonds africain de développement ( FAD ), un organisme de financement du groupe de la Banque africaine de développement ( BAD ), a approuvé une subvention de près de 45 millions US $ destinée à la construction de la route Kicukiro-Kirundu reliant le Burundi au Rwanda. L a Fé d é ra t i o n i n te r n a t i o n a l e d e s sociétés de la Croix-Rouge et du CroissantRouge a lancé, de son côté, un appel de fonds d’urgence de 1,5 million de francs suisses ( 1,2 million US $ ou 978 000 € ) en vue d’aider la Croix-Rouge rwandaise à pour voir aux besoins immédiats et à moyen terme de quelque 30 000 personnes rapatriées de Tanzanie au Rwanda. En mai 2006, le gouvernement tanzanien a décidé de rapatrier des Rwandais établis en Tanzanie, certains depuis 1959, d’autres depuis le génocide de 1994. Le pays a appris avec tristesse le décès de l’Américaine Rosamund Carr à l’âge de 94 ans à Mugongo dans les montagnes du nord-ouest du Rwanda où elle avait ouvert un orphelinat après le génocide de 1994. Styliste renommée, madame Carr résidait depuis plus d’un demi-siècle dans ce pays et amie proche de la célèbre spécialiste de gorilles Dian Fossey, madame Carr avait publié ses mémoires où elle narre son amour pour le pays ( Le Pays des Mille Collines. Ma vie au Rwanda, 1999 ). SÃO TOMÉ E PRÍNCIPE Samba KHONTÉ COULIBALY Université Laval, Québec [email protected] A POLITIQUE vec la tenue de trois élections, l’année 2006 aura été l’année politique par excellence pour São Tomé : présidentielles, législatives et locales. Le scrutin des mois de mars et avril pour le renouvellement des locataires de l’Assemblée a consacré la victoire de la coalition politique Mouvement démocratique force de changement/Parti de convergence démocratique ( MDFM-PCD ). Cette coalition, soutenue par le président Fradique de Menezes, a remporté 23 des 55 sièges en compétition. Cette élection met ainsi fin à un régime de cohabitation où les chefs de gouvernement successifs étaient en conflit ouvert avec la présidence. Malgré tout, les calculs politiques restent d’actualité au Parlement car le gouvernement sortant se voit distancé d’une courte tête – il dispose 222 de 20 sièges – tandis que 11 des 12 sièges restants sont dévolus à l’Alliance démocratique indépendante ( ADI ), une formation de l’opposition qui est désormais faiseuse de rois. Puis vinrent les présidentielles du 30 juillet 2006. Très attendues, elles ont permis aux Santoméens de confirmer leur option démocratique dans la sérénité. Cette élection saluée par la communauté internationale et dont les résultats ont été acceptés par l’ensemble de la classe politique, ont confirmé le président de Menezes à son poste. Quant aux élections locales tenues pendant le même mois que les présidentielles, elles semblaient présenter peu d’intérêt pour des électeurs ayant déjà renouvelé leur Parlement et voté aux présidentielles. AFI 2007 SÃO TOMÉ E PRÍNCIPE De plus, l’enjeu des élections locales a été remis en cause par la participation très faible des formations politiques elles-mêmes, lesquelles y ont concouru avec une relative économie de moyens et de candidats. Essoufflement ou exigence de réalisme politique? La coalition présidentielle a remporté six des sept circonscriptions. ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ L’embellie politique a cependant été obscurcie par la corruption. En effet, le Cabinet de gestion des aides ( CGA ), réceptacle de l’aide extérieure santoméenne, a été le théâtre de malversations à répétition. Le dernier acte en date, révélé en septembre 2006, fait état d’un détournement de 2 millions US $, destinés à aider ce pays pauvre. En 2004 déjà, ses gestionnaires avaient été remplacés pour cause de gestion patrimoniale frauduleuse. Les conséquences de cette affaire avaient conduit un chef de gouvernement vers la sortie. Pour l’heure, des poursuites pénales sont en cours en vue de punir les fautifs et sonner le glas de l’impunité des actes de prévarication à São Tomé e Príncipe. Car, en attendant l’exploitation pétrolière, SÃO TOMÉ E PRÍNCIPE Historique ➤ 1471 Découverte de l’archipel, le jour de la Saint-Thomas, par João de Santarém et Pêdro Escobar. ➤ 1 4 9 3 Le Po r t u g a l i n t ro d u i t d e s condamnés dans l’archipel ainsi que des jeunes juifs bannis par l’Inquisition et des esclaves amenés d’Angola. ➤ 1530 Première révolte d’esclaves. ➤ 1585 Seconde révolte d’esclaves. Création d’une principauté autonome. ➤ 1876 Abolition de l’esclavage. ➤ 1951 São Tomé devient une province portugaise d’outre-mer. ➤ 1953 Fondatio n d u M o u ve m e nt de libération de São Tomé e Príncipe par Manuel Pinta da Costa et Miguel Trovoada. ➤ 1975 Indépendance de l’archipel. Proclamation de la République. ➤ 1991 Élections remportées par Trovoada. ➤ 1996 Trovoada réélu. Des conflits au sein de la classe dirigeante paralysent le développement du pays. ➤ 2001 ( juil. ) Élection de Fradique de Menezes à la tête du pays. ➤ 2003 Coup d’État. Fradique de Menezes part en exil, puis regagne son siège. AFI 2007 sans doute effective à l’horizon 2010, l’archipel a besoin de l’aide extérieure et des investissements directs étrangers pour décoller économiquement. Les scandales de corruption affectent lourdement ( son risque pays ). Signalons, à cet égard, qu’en 2006, la Compagnie française pour l’aide au commerce extérieur ( COFACE ) lui accorde la note C pour le risque pays, lettre associée aux pays présentant un haut risque d’impayés. Quant au risque dit « grands contrats », donnée fort opportune pour les multinationales quand viendra le moment d’exploiter les ressources pétrolières, il est réputé très élevé. Autant dire donc que São Tomé doit assainir son climat financier pour susciter la confiance des investisseurs et bénéficier du levier économique de leur engouement pour l’archipel. En attendant, São Tomé modernise ses infrastructures. Le gouvernement, réuni durant la première semaine du mois d’août 2006, a décidé d’augmenter la capacité de l’aéroport international et d’initier un port en eaux profondes. Le site devant abriter ce port est déjà localisé : Fernão Dias. Le coût global de ces projets est évalué à quelque 590 millions US $, dont 500 millions pour le seul port, les 90 millions restants étant alloués à la réfection et l’agrandissement de l’aéroport. Les fonds nécessaires font l’objet d’une pression intense mais la disponibilité des États-Unis à financer les études de faisabilité augure une actualisation prochaine de ces projets. Un rendez-vous est pris dès 2007 pour le démarrage effectif des travaux. CULTURE ET LOISIRS Du 25 juin au 25 juillet 2006, São Tomé a été le théâtre de sa quatrième Biennale d’art et de culture. Durant un mois, des artistes d’horizons divers ont échangé lors d’ateliers mêlant toutes les sensibilités artistiques : les arts plastiques, le cinéma, l’expression corporelle et même la gastronomie. De plus, deux films africains d’expression lusophone étaient à l’affiche, de quoi revitaliser le septième art africain en quête de vitrines sur le continent comme ailleurs. 223 AFRIQUE SUBSAHARIENNE SÉNÉGAL Moustapha TAMBA Maître-assistant de sociologie, Université de Dakar [email protected] Le Sénégal a connu une année 2006 perturbée aux plans politique, économique, social et culturel. Cette situation va sans doute jouer un rôle important aux prochaines élections présidentielles et législatives prévues en février 2007. POLITIQUE L e Parti démocratique sénégalais ( PDS ) a connu des remous en son sein. Après le renvoi du gouvernement du ministre des Infrastructures et de celui des petites et moyennes Entreprises, de l’Entrepreneuriat féminin et de la Microfinance, respectivement Mamadou Seck et Maïmouna Sourang Ndir, c’est au tour de la ministre des Collectivités locales et de la Décentralisation, Aminata Tall, d’être SÉNÉGAL Géographie Pays composé, au nord, d’une zone sahélienne assez aride et, au sud, d’une zone tropicale plutôt fertile. L’agglomération de Dakar constitue un troisième pôle. Présence d’une enclave indépendante membre du Commonwealth : la Gambie ( 1 100 000 habitants, 11 295 km2 ). Histoire ➤ XI e s. Début de l’islamisation ( influence malienne ). ➤ XVIIe s. Les Hollandais fondent Gorée. ➤ 1659 Les Français fondent SaintLouis et prennent Gorée en 1677. ➤ 1895 Le Sénégal est intégré à l’AOF, dont le gouvernement général se situe à Dakar. ➤ 1960 ( 20 août ) Rép. indépendante, Léopold Sédar Senghor président. ➤ 1976 Régime tripartite. ➤ 1981 Senghor se retire; Abdou Diouf lui succède. ➤ 2000 Victoire d’Abdoulaye Wade aux élections présidentielles, mettant fin à 40 ans de régime socialiste. ➤ 2001 ( 7 janv. ) Nouvelle Constitution. ( 21 janv. ) Mort de Senghor. Hommage de A. Wade ( 29 déc. ). 224 limogée de son poste. Aminata Tall, véritable pièce maîtresse dans le parti, était e n c o n f l i t o u ve r t avec le premier min i s t re M a c k y S a l l pour une question de positionnement dans l’appareil étatique. Parallèlement à cette situation, l’ancien premier ministre Idrissa Seck, qui fut enfermé durant l’année 2005, a annoncé au mois d’avril sa candidature aux élections présidentielles dans un message enregistré sur CD et diffusé sur les ondes des radios locales. Par ailleurs, le PDS est l’objet de vives critiques de la part de la Coalition populaire pour l’alternative ( CPA ) qui l’accuse de manipuler le fichier électoral. En effet, les partis de l’opposition du CPA exigent une transparence dans la gestion des cartes d’électeur et d’identité numérisées pour les élections présidentielles et législatives de 2007. Et, justement à propos de 2007, l’Assemblée nationale a promulgué une loi permettant aux militaires et aux paramilitaires de participer pour la première fois aux votes. Cette mesure politique a ainsi soulevé un grand débat national, d’un côté, les adversaires, de l’autre, les partisans. ÉCONOMIE L’économie sénégalaise continue d’être tributaire du cours du pétrole. En effet, les entreprises et les ménages subissent la hausse exponentielle du baril de pétrole. La Sénégalaise de l’élec tricité ( SENELEC ), grande consommatrice de pétrole, a vu ses charges croître en 2005 de 33 milliards francs CFA. En effet, les dépenses de combustibles sont passées AFI 2007 SÉNÉGAL de 64 milliards en 2004 à 97 milliards en 2005, soit une augmentation de 33 milliards. Le gouvernement du Sénégal a dû compenser les charges de combustible à hauteur de 26 milliards et la SENELEC a dû absorber la différence, soit 7 milliards. Du fait de toutes ces difficultés, l’exercice 2005 s’est traduit par une perte de 4 milliards 31 millions contre un bénéfice de 1 milliard 588 millions en 2004. L’exercice 2006 se déroule d’ailleurs dans un contex te économique difficile marqué par un différend entre le Groupement des producteurs pétroliers ( GPP ), amené par Total/Shell, et l’État, actionnaire à 51 % dans la Société africaine de raffinage ( SAR ) qui approvisionne la SENELEC en combustible. En effet, Total exige le paiement d’une dette de 36 milliards FCFA que l’État a contractée auprès de la société de raffinage. Du coup, les entreprises et les ménages connaissent des délestages de la SENELEC depuis plusieurs mois. Par ailleurs, sur un autre plan macroéconomique, la Banque mondiale a effacé plus de 1 040 milliards FCFA de dette de l’État du Sénégal. En fait, elle a mis en vigueur l’Initiative multilatérale pour l’allégement de la dette ( MDRI ) qui annule la dette du Sénégal envers l’Association internationale pour le développement ( IDA ). Mais elle a aussi accordé au mois de juillet 2006 une enveloppe de 112 milliards FCFA destinés au monde rural, plus spécifiquement au secteur agricole pour le Projet de développement des marchés agroalimentaires et agricoles ( PDMAS ), ainsi que pour la deuxième phase du Projet de services agricoles et organisations de producteurs ( PSAOP2 ). SOCIÉTÉ La situation sociale est très préoccupante car elle est marquée par les grèves des étudiants des universités, la grève des enseignants du niveau moyen et du secondaire et enfin par l’émigration clandestine vers l’Espagne. En effet, au premier semestre 2006, les étudiants de l’Université de Cheikh Anta Diop de Dakar ont déclenché une grève le Date Manifestation Titre Organisation Février Festival Chants de chorale de quelques paroisses de Dakar Institut français de Dakar Février Colloque « Lappropriation de la langue fraçaise dans les littératures d’Afrique subsaharienne, d’Amérique et de l’Océan Indien. Université Cheikh Anta Diop ( UCAD ), Département de langues anciennes 8 mars Conférences Senghor, le français et les langues nationales au Sénégal Institut français de Dakar 29 mars Table ronde « Dialogues avec Senghor » Fondation Senghor 16 avril Théâtre interscolaire ( lycées et collèges ) Hommages à Senghor Institut français de Dakar 22 avril Séminaire « Poésie et musique dans l’œuvre de Senghor » UCAD, Département de langues anciennes 3 mai Conférence Léopold Sédar Senghor, l’art d’être Institut français de Dakar 10 et 11 mai Concours de dictée et de poésie « Les textes de Senghor » UCAD, Club de la Francophonie 11 mai Conférence Senghor : une lumière noire Institut français de Dakar (Hervé Bourges) 20 mai Séminaire « L’Organisation et la méthode dans la pensée et l’action de Senghor » UCAD, Département de langues anciennes 21 mai Conférence Culture et développement dans la pensée de Senghor Université Gaston Berger de Saint-Louis 30 et 31 mai Symposium « Léopold Sédar Senghor et l’Allemagne » Gœthe-Institute de Dakar 22 juillet Séminaire « Le conte chez Senghor » UCAD, Département de langues anciennes 23, 24 et 25 octobre Colloque international « La pensée et le message de Senghor face aux défis du XXIe siècle » UCAD, Fondation Senghor, Paris 8 AFI 2007 225 AFRIQUE SUBSAHARIENNE 6 février 2006 qui a pris fin le 27 mars, ce qui a représenté un mois et trois semaines d’absence dans les amphithéâtres. Ainsi, ils ont frôlé l’année invalide qui allait compromettre l’avenir de beaucoup d’étudiants. Au second trimestre, les syndicats d’enseignants du niveau moyen et du secondaire ont présenté une plateforme revendicative à l’État pour améliorer leurs conditions de vie. Le conflit a persisté et perturbé l’orga- nisation du baccalauréat et du brevet de fin d’études moyennes ( BFEM ). Toujours au second trimestre de 2006, des vagues de jeunes émigrants prenaient place dans des embarcations de fortune vers les îles Canaries ( Espagne ). Le nombre de candidats à l’émigration est tellement important que l’Espagne et 13 de ses partenaires européens ont décidé de leur barrer le chemin à partir de leurs zones de départ. CULTURE L’a g e n d a c u l t u re l est marqué par la commémoration du 100e anniversaire de la naissance de Léopold Sédar Senghor, poète et premier président du Sénégal de 1960 à 1 9 8 1 . Ce c h a n tre de la négritude comme du métissage culturel occupe une place primordiale non seulement dans la pensée et le cœur des Sénégalais, mais également au niveau de la Francophonie internationale. Il fut en effet l’un des tout premiers à désirer l’avènement de ce qu’on appelle aujourd’hui la Francophonie et à en concrétiser les actions. Cet événement s’est traduit par l’organisation d’une multitude de manifestations sur l’ensemble du territoire national durant toute l’année 2006. On peut retenir quelques-unes de ces manifestations comme le montre le tableau de la page précédente. TCHAD Youssef AMRANI [email protected] Yassine BELFKIH [email protected] De l’expulsion des compagnies pétrolières Petronat et Chevron à la réélection controversée du président Idriss Deby Itno, en passant par l’arrestation au Sénégal de l’ancien président tchadien Habré, l’actualité tchadienne n’est pas vraiment ce que l’on peut qualifier de plus paisible. L POLITIQUE a vie politique tchadienne aura été des plus mouvementées sur l’année écoulée. Dans un climat délétère, le président sortant Idriss Deby Itno, en poste depuis 1990, a été réélu avec 64,67 % des suffrages lors d’une élection que l’opposition a qualifiée de « mascarade ». Il est donc reconduit à la tête d’un pays à l’introuvable unité nationale. Sa principale mission sera de fédérer autour de lui les diverses forces politiques du pays afin d’offrir au gouvernement un cadre propice à l’action dont l’objectif avoué sera de sortir le pays du 226 gouffre économique dans lequel il est. Seulement quelques semaines après son élec tion, Idr iss Déby a envoyé un signe d’apaisement en proposant le dialogue à l’opposition, dialogue aussitôt refusé par celle-ci, arguant que la proposition n’était pas inclusive puisqu’elle écartait les différents mouvements rebelles du pays. Ces mouvements politico–militaires AFI 2007 TCHAD affrontent régulièrement les « loyalistes » de l’armée tchadienne, mais ne sont cependant pas assez regroupés et solidaires pour ébranler le régime en place. Entre le Front uni pour le changement démocratique, qui est déjà une coalition de huit mouvements politico-militaires, le Socle pour le changement, l’unité nationale et la démocratie ( SCUD ) et le Rassemblement des forces armées démocratiques ( RFAD ), l’opposition militaire pèche par un manque de crédibilité apparent, ce qui n’est pas pour déplaire à Idriss Déby qui encourage les défections dans les rangs de l’adversaire. Le président est conforté par l’appui des États-Unis et de la France, eux-mêmes désireux de résoudre la crise au Darfour. Ces derniers estiment qu’une solution au TCHAD Géographie Composé du nord au sud de trois grandes zones : le désert, la steppe et la savane. Deux grands fleuves du sud alimentent le lac Tchad : le Logone et le Chari, qui rassemblent sur leurs rives plus de la moitié de la population. Histoire ➤ Fin IX e -XIX e s. Royaume de Kanem, rapidement islamisé. ➤ Fi n X I X e - d é b u t XX e s. Le Tc h a d suscite la convoitise de plusieurs pays européens. ➤ 1910 Incorporé à l’AÉF. ➤ 1920 Colonie française. ➤ 1940 Ralliement à la France libre avec son gouverneur Félix Éboué. ➤ 1960 Indépendance. ➤ 1962-1975 François Tombalbaye, président. ➤ 1980 Goukouni Oueddeïe prend le pouvoir ( appui de la Libye ). ➤ 1982 Hissène Habré et ses forces occupent N’Djamena. ➤ 1986 La France met en place un processus de protection militaire du Tchad, au sud du 16e parallèle. ➤ 1990 Hissène Habré est renversé par Idriss Déby. ➤ 1996 ( 31 mars ) Nouvelle Constitution par référendum; Idriss Déby élu président. ➤ 1997 ( avril ) Première Assemblée nationale pluraliste. AFI 2007 Soudan passe nécessairement par l’amélioration de la situation au Tchad. Idriss Déby dispose donc encore d’une marge de manœuvre assez significative, qui plus est après le récent accord de ciel ouvert signé avec le pays de l’oncle Sam. La crise du Darfour, justement, trouve de nombreux prolongements au Tchad. Le conflit entre les deux pays est complexe à souhait. N’Djamena accuse Khartoum de soutenir les mouvements politico militaires hostiles au régime en place : le Soudan accorde en effet au Front uni pour le changement ( FUC ) un soutien militaire de 3 000 hommes, issus de l’ethnie tama. De l’autre côté, Khartoum pointe du doigt N’Djamena, qui soutient selon elle la rébellion au Darfour. Dans ce contexte de tensions extrêmes, le Haut Commissariat aux Nations Unies pour les réfugiés ( HCR ) s’est dit grandement préoccupé face à la poursuite des attaques des milices janjawid dans l’est du Tchad et au risque élevé d’accroissement de la population tchadienne déplacée à l’intérieur du pays. Par ailleurs, le HCR a relevé que les attaques janjawid contre les Tchadiens se sont intensifiées ces derniers mois. Au total, 213 000 réfugiés soudanais et 50 000 personnes déplacées se trouvent actuellement dans l’est du Tchad. Sont également abrités dans Population tchadienne déplacée le sud du pays quelque 47 000 réfugiés originaires de la République de Centrafrique. Des chiffres qui effraient et donnent sa pleine mesure à la gravité du conflit. Dans un tout autre registre, l’arrestation au Sénégal de l’ancien président du Tchad a fait beaucoup de bruit, et pas seulement au Tchad puisque c’est la justice belge, à la lumière de la désormais défunte Loi de compétence universelle, qui s’est saisie de l’affaire. En septembre 2005, Bruxelles réclame l’extradition d’Habré en Belgique mais le Sénégal re fuse et sollicite l’aide de l’Union africain e ( UA ) d a n s c e t épineux dossier. Finalement, Dakar est sommé de faire face à ses engagements et le président Abdoulaye Wa d e s e d é vo u e r a 227 AFRIQUE SUBSAHARIENNE en personne pour juger Habré au Sénégal. Il choisira le sommet de l’UA à Banjul en Gambie pour le déclarer solennellement. Au-delà du Tchad, cet épisode marque un tournant dans la démocratie en Afrique : ce sera la première fois qu’un ancien chef d’État africain se fera juger dans un autre pays du continent, qui plus est par des tribunaux ordinaires. Parmi toutes ces actualités brûlantes, l’expulsion du sol tchadien des compagnies pétrolières Chevron et Petronat est incontestablement celle qui aura eu le plus d’échos à l’international, dans ce feuilleton plus que mouvementé que l’on pourrait intituler « Main basse sur l’or noir ». À l’origine, le contrat passé entre le consor tium pétrolier, composé des deux compagnies expulsées et d’Exxon Mobil, sous l’égide de la Banque mondiale, était censé donner l’exemple sur le continent noir en matière de gestion de la manne pétrolière. En effet, les recettes du précieux hydrocarbure devaient être reversées à l’État de manière transparente et profiter à des secteurs prioritaires comme la santé et l’éducation. La faiblesse des recettes pétrolières en aura décidé autrement : furieux d’avoir récolté seulement quelque 600 millions US $ depuis 2003, Idriss Déby ordonne à Petronat et Che vron de quitter le territoire, invoquant le non-acquittement de leurs impôts pour motiver sa décision. Déjà, en janvier de cette année, le président avait donné des signes de cette frustration en affectant les fonds de la manne pétrolière à des dépenses militaires. ÉCONOMIE Ce pays d’Afrique centrale d’une superficie plus de deux fois supérieure à celle de la France occupe durablement une place bien peu enviable dans le classement des dix pays les plus pauvres au monde, établi par le Programme des Nations Unies pour le développement ( PNUD ) sur la base de l’indice de développement humain ( IDH ). L’électricité n’y est accessible qu’à 1 % de la population. Les 9,7 millions d’habitants, dont le taux d’alphabétisme est en deçà de 50 % ont un revenu annuel moyen de seulement 1 661 US $ et leur espérance de vie ne dépasse pas 43,6 années. La répartition sectorielle du PIB se décline selon les proportions suivantes : 24 % pour le secteur tertiaire, 43 % pour le secteur secondaire et 24 % seulement pour le secteur primaire. Concernant ce dernier, il voit l’augmentation de sa valeur ajoutée catalysée par les nouvelles perspectives de l’exploitation pétrolière de Doba, ville située dans la partie la plus méridionale du pays. Nonobstant une produc tion journalière avoisinant les 170 000 barils, soit 8,7 millions de tonnes uniquement à Doba, le Tchad n’arrive pas à retirer de cette manne des bénéfices à la hauteur ni de ses attentes ni de ses besoins : la qualité du brut y contribue ( viscosité et acidité élevées ), mais c’est surtout la gestion et la répartition de la valeur ajoutée du précieux hydrocarbure qui sont en cause. Selon Idriss Déby, le président tchadien, le Tchad n’a touché depuis 2003 « qu’une broutille de 588 millions US $». 228 Dans le même temps, le consortium étranger gérant l’exploitation aurait généré un chiffre d’affaires de 5 milliards US $ pour 2 milliards d’investissement. Quant au secteur de l’agriculture, il se heurte à des difficultés d’ordre exogène comme endogène ( déficit pluviométrique, mauvais état ou absence d’infrastructures d’acheminement entraînant l’enclavement de nombreuses régions productrices, etc. ). L’agriculture n’en demeure pas moins u n é l é m e n t i m p o r t a n t d e l ’é co n o m i e nationale. La production céréalière : mil, sorgho, riz, maïs ( moins 20 % ) ainsi que celle du manioc ( moins 60 % ) et de l’arachide ( moins 7 % ), a accusé des baisses à l’heure du bilan de la campagne 2004-2005, notamment au profit de la production sucrière, qui a bénéficié des investissements de la Compagnie sucrière du Tchad ( CST ). L’augmentation des revenus issus de la culture du coton graine ( 200 000 tonnes pour la campagne 2004-2005, au lieu de 102 100 pour la campagne précédente ), qui peut paraître paradoxale au vu de la tendance à la baisse des cours mondiaux de ce produit, est en fait due à une hausse des prix d’achat aux producteurs, décidée par les pouvoirs publics. Cette dernière donnée fait de l’amélioration relative du pouvoir d’achat un progrès dont on peut craindre le caractère éphémère. L’élevage continue d’occuper une place prépondérante dans l’architecture de l’économie tchadienne : un cheptel composé d’environ 16,5 millions de têtes occupe AFI 2007 TCHAD 40 % de la population active. L’élevage génère chaque année 117 milliards francs CFA, dont 65 proviennent de l’exportation ( principalement vers le Nigeria ). Le secteur secondaire, autrefois stimulé par les travaux pétroliers, marque aujourd’hui un fléchissement. Les principales activités sont hiérarchiquement l’artisanat ( près de la moitié de la valeur ajoutée de ce secteur ), suivi de l’industrie manufacturière, des bâtiment et travaux publics ( BTP ) puis des travaux liés aux infrastructures pétrolières. La baisse de la part des industries manufacturières dans leur contribution au PIB est largement imputable à la qualité médiocre des prestations de la Société tchadienne d’eau et d’électricité ( STEE ) ainsi qu’aux importations frauduleuses de produits concurrentiels. L’économie du Tchad est sous la tutelle rapprochée des institutions financières internationales que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ( FMI ). Ainsi ont été adoptés des accords bilatéraux liant le gouvernement aux organismes en question portant notamment sur la gestion des revenus ( principalement pétroliers ) et sur les postes budgétaires auxquels ils seront alloués. La Banque mondiale a attribué en août 2005 un budget de 296,9 millions US $, dont une part non négligeable ( 37 % ) a été octroyée au secteur social, démontrant de la sorte une forte volonté de soutenir cette cause. Par ailleurs, la Countr y Assistance Strategy ( CAS ), qui a été mise en œuvre par la Banque mondiale pour la période 2004-2006, affiche comme objectifs d’implémenter une gouvernance transparente et l’application des lois concernant entre autres éléments l’utilisation des revenus pétroliers. Il est également escompté dans le cadre de ce programme de faire émerger une économie non pétrolière dans le dessein de diversifier les sources de revenus et d’échapper de la sorte à la vulnérabilité caractéristique des pays dont les domaines de production sont peu ou pas variés. Mais la Banque mondiale est surtout impliquée au Tchad dans le cadre du programme Petroleum Revenue Management Program ( PRMP ), signé le 13 juillet 2006. Ce projet impose au Tchad une gestion par ticulière de ses revenus pétroliers, contrôlée par le Collège de surveillance et de contrôle des ressources pétrolières. Le nouveau protocole d’accord diffère de la version précédente en cela qu’il précise l’usage du budget, laissant aux bons offices de la Banque mondiale le soin de contrôler l’économie tchadienne, l’institution brandissant la menace de mettre fin à ses subventions sec torielles. L’argument a d’autant plus de poids qu’elle mène actuellement neuf projets au Tchad, cumulant un budget total de 306 millions US $. U n e d e s e n t r ave s a u xq u e l l e s e s t confronté le projet de développement économique est que l’attribution des allocations destinées aux secteurs prioritaires ainsi que l’exécution des dépenses souffrent d’un manque de suivi et de faibles capacités d’absorption. Cependant, la hausse de la contribution du secteur non pétrolier en 2005 ( 5,8 % contre 1,9 % en 2004 ) nous donne à penser que le Tchad est conscient de l’importance que revêt la diversification des sources de revenus, qui ne sera possible qu’en s’appuyant sur les fonds issus de l’exploitation pétrolière. CULTURE Le roman Mon amour l’autre, écrit par le Tchadien Ouaga-Ballé Danaï et publié par L’Harmattan ( Paris ), est un roman fort qui a pour ambition de sensibiliser les Africains sur leur sort et de réveiller leur conscience collective. Le roman superpose habilement les mythes aux réalités de la guerre, faisant un va-et-vient continu entre les sociétés ancestrales et modernes. Plus qu’une simple dénonciation des maux qui rongent l’Afrique, Mon amour l’autre est avant tout une ode à la paix et la fraternité. Un roman qui nous donne des leçons, mais surtout qui nous rend meilleurs, assurément. AFI 2007 229 AFRIQUE SUBSAHARIENNE TOGO Yoma EDJEOU Rédacteur en chef de la radio jeunesse, secrétaire général de l’Association culturelle des jeunes volontaires pour le développement/Programme, promotion, musique gospel ( ACJVD/PPMG ) [email protected] POLITIQUE L ’année 2005 aura été marquée par la mort du président Eyadéma Gnassingbe suivie du coup de force militaire et des événements sanglants ayant entaché le processus électoral d’avril 2005. Maintenant au pouvoir, le fils d’Eyadéma, Faure Gnassingbe, a compris que, pour gérer à bien la crise, il fallait entreprend re u n p ro ce s s u s de reconciliation. Ainsi sous la surveillance de l’Union européenne ( UE ) et du président Blaise Compaoré comme facilitateur, le Togo parvient à un apaisement de la crise. Les acteurs du dialogue national au Togo ont paraphé le 19 août à Ouagadougou ( Burkina Faso ) un accord politique global devant mettre fin à la crise togolaise qui secoue le pays depuis près de 15 ans. L’accord a été signé le dimanche suivant à Lomé en présence des présidents togolais et burkinabé ainsi que de plusieurs délégations de la sous-région ouest-africaine. Le facilitateur Blaise Compaoré a dit croire à un nouveau Togo. « Il n’y a pas de doute qu’il y a un intérêt politique et historique pour que les Togolais se mobilisent pour assumer leur responsabilité dans la mise en œuvre des engagements pris à Ouagadougou », assure -t-il. Ces engagements concernent en premier la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale ouvert aux partis politiques et à la société civile. L’Union des forces de changement ( UFC ), la principale force de l’opposition, a marqué son accord pour faire partie de ce gouvernement dont la feuille de route sera la mise en œuvre des accords de Ouagadougou. Ces engagements portent ensuite sur l’institution d’une nouvelle Commission élec torale 230 nationale indépendante ( CENI ) qui va contrôler tout le processus électoral. La question de la composition ainsi que le mode de décision en son sein a été l’un des points d’achoppement entre le pouvoir et l’opposition. L’UFC, qui avait dans le projet d’accord deux places comme chacun des partis de l’opposition contre cinq pour le Rassemblement du peuple togolais ( RPT ), dénonçait un déséquilibre au profit du pouvoir. Finalement, la répartition de départ est maintenue dans le texte final à TOGO Géographie Longue bande de terre s’ouvrant sur le golfe de Guinée. Du sud au nord, le climat chaud et humide et les forêts denses passent à un climat plus sec et à la savane. Histoire ➤ 1884 Protectorat allemand. ➤ 1922 La Société des Nations confie le territoire à la France et à l’Angleterre. ➤ 1 9 6 0 ( 2 7 a v r i l ) I n d é p e n d a n c e. La par tie britannique ( occidentale ) s’unit au Ghana. Sylvanus Olympio président, assassiné en 1963. ➤ 1967 Coup d’État militaire qui porte au pouvoir Gnassingbé Eyadéma. ➤ 1991 Multipartisme. ➤ 1996 En cinq ans, le président a rétabli son pouvoir absolu à l’aide d’une armée qui lui est fidèle. ➤ 1997 Installation de la Cour constitutionnelle. ➤ 1998 Eyadéma est réélu. ➤ 2002 Lansana Kouyaté : nouveau facilitateur du dialogue inter togo lais pour l’OIF, après le décès de Idé Oumarou. ➤ 2003 Eyadéma réélu. AFI 2007 TOGO la différence que les deux représentants du gouvernement au sein de la CENI siègent sans voix délibérative. Aussi, l ’accord prévoit de privilégier le consensus au lieu du vote dans les prises de décisions de la nouvelle CENI, comme l’exigeait l’opposition. Autre point qui a fait l’objet de débats houleux : les conditions d’éligibilité. Outre la suppression des délais de résidence pour les candidats aux élections, l’accord prévoit que « l’exigence de présenter une copie légalisée de l’acte de renonciation à toute nationalité étrangère, dont le candidat pourrait être titulaire, soit supprimée pour les prochaines législatives ». Cette disposition était d’autant plus chère au parti de Gilchrist Olympio que bon nombre de ses cadres, exilés ou réfugiés à l’étranger pour des raisons politiques, ont acquis d’autres nationalités et se retrouvaient de fait hors jeu à cause de ces deux critères contenus dans le code électoral togolais. Toujours dans le cadre électoral, on notera le changement du mode de scrutin. Le scrutin uninominal à un tour est supprimé. On propose soit le mode uninominal à deux tours, soit la proportionnelle de liste. Le document propose également la mise en place d’un programme de délivrance des cartes d’identité, l’institution d’une carte d’électeur infalsifiable, la présence d’observateurs à toutes les étapes du processus électoral, la mise en place d’une structure d’alerte pour sécuriser le processus, un accès équitable des partis politiques aux médias d’État. Sur la question de la sécurité, il est écrit que l’armée et les forces de sécurité s’abstiennent désormais de toute interférence dans le débat politique. Quant à la question des droits de l’homme, une commission devrait faire la lumière sur « les actes de violence à caractère politique commis par le passé et étudier les modalités d’apaisement des victimes ». Il est prévu la création d’un comité ad hoc pour appuyer le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ( HCR ) afin d’accélérer le retour des réfugiés. Le texte contient un passage qu’attendait depuis longtemps le pouvoir togolais : l’appel des parties prenantes au dialogue pour la reprise rapide de la coopération en particulier avec l’UE qui a suspendu son aide depuis 1993 pour « déficit démocratique ». Pour veiller à l’application de l’accord, on a prévu la mise en place d’un comité de suivi présidé par le facilitateur Blaise Compaoré. Ce comité sera composé de représentants de l’UE et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO ). Il sera chargé, en cas de nécessité, d’appeler les uns et les autres au respect des engagements pris. Le 16 sept. 2006, Fa u re G n a s s i n g b e nomme le dirigeant du Comité d’action pour le renouveau ( CAR ), par ti d’opposition, M e Yawovi Agboyibo, nouveau premier ministre du Togo. La nomination d’Agboyibo marque le début d’une nouvelle ère au Togo. C’est en effet un opposant résolu qui entre à la primature. ÉCONOMIE Privée d’aide substantielle des principaux bailleurs de fonds, notamment l’UE, depuis 1993, l’économie togo laise traverse une pér iode difficile, avec une croiss a n c e e n b e r n e. S elon les pr incipaux indicateurs macroéconomiPlace Togo ques publiés en AFI 2007 avril 2006 par l’Union économique et monétaire ouest-africaine ( UEMOA ), le taux de croissance du PIB est tombé à 1 % en 2005 contre 4,2 % en 2004. L’inflation moyenne a quant à elle atteint 6,8 % en 2005 contre 0,4 % en 2004. L’e n c o u r s d e l a d e t t e e x t é r i e u r e est passé de 781 milliards francs CFA ( 1,19 milliard € ) en 2004 à 812 milliards ( 1 237 milliard € ) en 2005, selon les mêmes estimations de l’UEMOA. Le phosphate, le coton, le café et le cacao, qui constituent traditionnellement la majorité des res231 AFRIQUE SUBSAHARIENNE sources du Togo, n’ont pas réussi à doper les performances macroéconomiques. La production cotonnière s’est stabilisée ces trois dernières années à 176 000 tonnes, tandis que celles de café et de cacao ont considérablement chuté. Le Togo est tenu à l’écart des 8 e et 9 e Fonds européens de développement ( FED ) et les différentes actions en direction de la société – en vertu du principe de non-pénalisation de la population – sont financées notamment par les reliquats disponibles au titre des 6e et 7e FED, ainsi que sur des fonds Stabex, créés par les conventions de Lomé pour aider les pays touchés par certaines baisses de recettes. Plusieurs autres bailleurs de fonds bilatéraux dont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international ( FMI ), l’Allemagne, les États-Unis, la Chine et le Japon n’ont plus mené depuis plusieurs années d’opérations de grande envergure. Selon des sources proches de la Commission européenne à Lomé, le Togo a perdu « des centaines de millions d’euros » de subventions de l’UE depuis la rupture des relations entre les deux parties. Mais un responsable de l’UE à Lomé voit quelques signes encourageants : « il y a eu ces derniers mois beaucoup d’évolution et les relations avec l’UE sont en train de se normaliser, ce qui permettra vraisemblable- ment aux autorités togolaises de bénéficier de la notification du 9e FED », la notification se traduisant par un décaissement assuré. Le montant maximal du reliquat de ce 9 e FED est estimé à environ 40 millions €. Les acteurs politiques ont signé le 20 août 2006, à Lomé, un accord politique global visant à mettre fin aux violences qui déchirent le pays depuis plus de dix ans. La signature de cet accord a redonné espoir aux bailleurs de fonds européens, qui n’attendent désormais que l’annonce de la date des prochaines législatives pour nor maliser leurs relations avec Lomé. Aucune date n’a été officiellement fixée pour ce scrutin. Une délégation du FMI fait un survol des récentes évolutions au Togo en vue d’une relance de la coopération de cette institution avec ce pays. C’est une mission de deux semaines dont les discussions avec le chef de l’État togolais ont porté surtout sur le budget 2007 et la situation de certains secteurs dont le secteur du coton et le secteur bancaire. Les discussions ont également porté sur la mise en place éventuelle d’un programme intérimaire du Togo avec le FMI. La délégation a par ailleurs présenté au chef de l’État togolais une analyse du FMI de la situation actuelle togolaise. SOCIÉTÉ ET CULTURE Evala 2006 : plus qu’un rite, une tradition Dans une région kabyè ( ethnie du nord du Togo ), les evala, ou Fête annuelle des muscles, constituent l’une des plus grandes manifestations initiatiques. Chaque année, au mois de juillet, les jeunes hommes de plusieurs villages se réunissent sur des places publiques pour éprouver leur force et compa- 232 rer leurs techniques. Ce n’est pas une guerre, mais plutôt un combat psychologique. À travers ces manifestations, les jeunes de la région se découvrent, mesurent leur âge et leur capacité physique. C’est leur civilisation. Autrefois, ces parties de lutte permettaient au peuple kabyè, en proie à des guerres claniques, de détecter les jeunes capables de défendre leur village. Mais plusieurs étapes doivent être franchies par ces jeunes appelés à lutter. D’abord, on ne devient un evalo ( lutteur en langue kabyè ) qu’à l’âge de 18 ans, après avoir respecté les prescriptions issues des différentes cérémonies rituelles. Une semaine avant le début des combats, à l’instar des footballeurs professionnels, les lutteurs s’isolent dans des camps d’entraînement. Ils consomment pendant cette période de la viande de chien – animal rusé, endurant et possédant certaines vertus selon la culture kabyè – afin de retrouver l’énergie nécessaire pour bien combattre. AFI 2007 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE Politique [S.A.], Côte d’Ivoire : la paix comme option, International crisis group, 2006. 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On retiendra par exemple le projet des cours de français mené dans les banlieues de la ville du Cap en 2004 et 2005, des championnats sportifs, des excursions et bien d’autres initiatives, ayant un impact positif sur les relations entre autochtones et expatriés qui ne sont toujours pas des meilleures. Le projet de l’enseignement de la langue française en milieu policier répond à un double besoin de formation de cette composante des forces de l’ordre sud-africaines. D’abord, comme l’a souligné le président d’Africa Unite, Zoe Nkongolo, « la police, en particulier celle des frontières, constitue la porte d’entrée et de sortie dans le pays ». Ensuite, l’organisation de la Coupe du monde de football que l’Afrique du Sud accueillera en 2010 impose une préparation multidimensionnelle au plan national. Ainsi, former la police des frontières serait une façon de la préparer pour l’accueil et la rendre efficace dans ses prestations. Déjà, dans la vague migratoire d’étrangers sur le territoire sud-africain, un nombre de plus en plus élevé provient des pays francophones, surtout d’Afrique. Le principe d’accord s’est conclu au cours de la réunion du 23 août 2006 entre l’Africa Unite, représentée par son président, et la police sud-africaine, représentée 236 par M. Grobler, commissaire provincial de la police des frontières au Western Cape. « Beaucoup nous reste à faire, mais les moyens nous manquent », a confié Zoe Nkongolo, au sortir de la réunion, comme pour lancer un appel à l’aide aux donateurs et aux personnes de bonne volonté devant le besoin immense d’appui qui s’impose pour la continuité de ce projet. Ce projet fait suite à celui commencé en 2005 avec l’animation d’une émission en langue française intitulée « Antenne francophone » à Bush Radio, une radio communautaire de la ville du Cap, laquelle émission a obtenu un grand succès. Dans le même sillage, la commémoration, le 26 juin 2006, du 46e anniversaire de l’accession à la souveraineté nationale a fait écho à l’actualité francophone en Afrique du Sud, notamment au Cap où le consul général de Madagascar, Rafatrolaza Bary Emmanuel, a organisé une soirée culturelle dans le hall du Groot à Contantia. Plusieurs invités de marque ont pris part à la cérémonie, parmi lesquels les consuls du Danemark, d’Espagne, de France. Au cours de cette soirée, le groupe musical Papa et Maman James a fait danser l’assistance au rythme des chants traditionnels malgaches. Dans un entretien avec la presse, Rafatrolaza Bary a fait l’historique de son pays et s’est exprimé au sujet de la francophonie et de la culture francophone à Madagascar, soulignant que « Madagascar est un pays fortement engagé dans la francophonie ». Il a fait l’éloge de la Francophonie pour avoir consacré l’année 2006 à la mémoire d’une illustre figure de l’Afrique, Léopold Sédar Senghor, et a encouragé les initiatives qui se mènent pour la promotion de la culture francophone à travers le monde. Sur le plan sportif enfin, l’équipe sudafricaine Bafana Bafana a reçu les Diables rouges de la République du Congo pour un match de football qui comptait pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations de 2008. La rencontre s’est déroulée à Pretoria et s’est soldée par un score nul de zéro but partout. AFI 2007