afrique subsaharienne - Département d`information et de

publicité
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
De l’Afrique subsaharienne, 21 pays sont présents aux Sommets de la ­F rancophonie.
Les frontières de ces pays sont nées de la présence des anciennes colonies européennes,
­particulièrement de la France*, de la Belgique et du Portugal.
Selon les endroits, le pourcentage de francophones « réels » varie de 0,1 % à 35 %,
alors que celui des francophones « occasionnels » oscille entre 4 % et 40 %. Dans la
grande majorité de ces pays, la langue officielle est le français, auquel s’ajoutent l’espagnol ( Guinée-­É quatoriale ), l’arabe (Djibouti, Tchad ), l’anglais ( Cameroun ), le kirundi
( Burundi ) et le kinyarwanda ( Rwanda ). Le portugais est langue officielle au Cap-Vert,
en Guinée-Bissau ainsi qu’à São Tomé e Príncipe.
La situation du français est particulière. Langue de l’administration, de l’enseignement et de la communication internationale, le français est, dans la vie quotidienne en
contact permanent avec les langues africaines, habituellement langues d’usage, ce qui a
pour conséquence le développement de nouveaux parlers français adaptés aux réalités du
continent africain, si bien que l’on parle parfois de « français d’Afrique ». À l’occasion,
ces particularités vont jusqu’à entraîner des transformations profondes de la syntaxe et
du lexique. Les Africains s’approprient, alors, le français, qu’ils soumettent à de nouveaux
modèles linguistiques.
*- AEF : Afrique équatoriale française ( 1910-1958 ), fédération regroupant le Gabon, le Moyen-Congo ( actuel Congo ),
l’Oubangui-Chari ( actuel Centrafrique ) et le Tchad.
- AOF : Afrique occidentale française ( 1895-1958 ), fédération regroupant le Sénégal, la Mauritanie, le Soudan, la Haute-Volta
( actuel Burkina Faso ), la Guinée, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Dahomey ( actuel Bénin ).
ADLER A., Le Pouvoir de l’interdit. Royauté et religion en Afrique noire, Paris, L’Harmattan, 2000.
DUBRESSON Alain et Jean-Pierre RAISON, L’Afrique subsaharienne : Une géographie du
changement, Paris, Armand Colin, 2003, 246 p.
MBACK Nach, Démocratisation et décentralisation : genèse et dynamiques comparées des processus de décentralisation en Afrique subsaharienne, Paris, Karthala, 2003, 529 p.
AFI 2007
165
AFRIQUE (1)
Bénin
Burkina Faso
Burundi
Cameroun
République du Bénin
République du 
Burkina Faso
République du Burundi
République du  
Cameroun
Porto Novo
Ouagadougou
Bujumbura
Yaoundé
112 620
274 200
27 830
475 440
rép. unitaire, 
régime présidentiel
rép. unitaire, 
régime parlementaire
rép. unitaire, 
régime présidentiel
rép. unitaire, 
régime semi-présidentiel
Chef d’État 
 
 
entrée en fonction
Yayi
Boni 
 
06-04-2006
Blaise 
Compaoré 
 
15-10-1987
Pierre  
Nkurunziza
 
26-08-2005
Paul 
Biya
 
06-11-1982
Chef du 
gouvernement 
 
entrée en fonction
Yayi
Boni 
 
06-04-2006
Ernest 
Paramanga Yonli 
 
06-11-2000
Pierre  
Nkurunziza
 
26-08-2005
Ephraim 
Inoni 
 
08-12-2004
Langues officielles 
 
Autres langues
français 
 
fon et yourouba
français 
 
langues africaines
kirundi, français 
 
swahili
français, anglais 
 
langues africaines 
(24 majeures)
Principales religions et
spiritualités identifiées
en
% de la population
croyances 
traditionnelles (50) 
christianisme(30) 
islam (20)
islam (50) 
croyances  
traditionnelles (40) 
autres (10)
catholicisme (62) 
croyances  
traditionnelles (23) 
islam (10) 
protestantisme (5)
croyances 
traditionnelles (40) 
christianisme (40) 
islam (20)
Population (en M)
Moins de 15 ans en % 
Plus de 65 ans en % 
Indice de fécondité 
Espérance de vie H/F 
Alphabétisation en %
7,9 
44,1 
2,4 
5,2 
51,9/54,22 
33
13,9 
46,8 
2,5
6,5 
47,3/50,4 
26,6
8 
43,3 
2,6 
6,6 
50/51,6 
51,6
17,3
41,2 
3,2 
4,4 
51/51 
79
IDH (rang/177)
162
175
169
148
PIB (en G PPA)
PIB/hab. (PPA)
8,6 
1 100
17 
1 300
5,7 
700
40,8 
2 400
franc CFA 
0,0015 
0,0019
franc CFA 
0,0015 
0,0019
franc burundais 
0,0007 
0,0010
franc CFA 
0,0015 
0,0019
Principales  
exportations
coton, pétrole brut, prod.
de palme, cacao
coton, prod. 
animaliers, or
café, thé, sucre, coton,
peaux
pétrole brut et prod.
pétroliers, bois, cacao,
aluminium, café, coton
Principales 
importations
prod. alimentaires,
biens essentiels, prod.
pétroliers
prod. alimentaires, 
biens essentiels, pétrole
biens essentiels, 
prod. pétroliers, 
prod. alimentaires
machinerie, équip.
électrique, équip.
de transport, prod.
alimentaires
Principaux 
partenaires 
commerciaux
Chine, Inde, Indonésie,
Niger, Togo, Thaïlande,
Nigeria
Chine, Singapour,
Thaïlande, Ghana,
Taïwan
Allemagne, Belgique,
Pays-Bas, Suisse, É.-U.,
Pakistan
Espagne, Italie, France,
Corée du Sud, 
Royaume-Uni, Pays-Bas,
Belgique, É.-U.
Nom officiel
Capitale
Superficie (km2)
Politique
1
Monnaie2
EURO 
US $
1 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 2 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif
166
Source : The World Factbook 2006
AFI 2007
AFRIQUE (2)
Nom officiel
Cap-Vert
Centrafrique
Congo
Côte d’Ivoire
République du Cap-Vert
République centrafricaine
République du Congo
République de 
Côte d’Ivoire
Capitale
Praia
Bangui
Brazzaville
Yamoussoukro
Superficie (km2)
4 033
622 984
342 000
322 460
rép. unitaire, 
régime parlementaire
rép. unitaire, 
régime présidentiel
rép. unitaire, 
régime présidentiel
rép. unitaire, 
régime parlementaire
Chef d’État 
 
 
entrée en fonction
Pedro 
Pires 
 
22-03-2001
François 
Bozizé 
 
15-03-2003
Denis 
Sassou-Nguesso 
 
25-10-1997
Laurent 
Gbagbo
 
25-10-2000
Chef du 
gouvernement 
 
entrée en fonction
José Maria 
P. Neves
 
01-01-2001
Elie 
Doté 
 
13-06-2005
Denis 
Sassou-Nguesso 
 
25-10-1997
Charles Konan 
Banny 
 
17-12-2005
Langues officielles 
 
Autres langues
portugais 
 
français, créole
capverdien
français, sango 
 
banda, gbaya
français 
 
lingala, minokutuba
français 
 
dialectes locaux (dioula)
Principales religions et
spiritualités identifiées
en
% de la population
catholicisme (94) 
protestantisme (5) 
islam (1)
croyances 
traditionnelles (35) 
catholicisme (25) 
protestantisme (25) 
islam (15)
christianisme (50) 
animisme (48) 
islam (2)
islam (35-40) 
croyances  
traditionnelles (25-40) 
christianisme (20-30)
Population (en M)
Moins de 15 ans en % 
Plus de 65 ans en % 
Indice de fécondité 
Espérance de vie H/F 
Alphabétisation en %
0,4 
37,9 
6,7 
3,4 
67,4/74 
76,6
4,3 
41,9 
4,2
4,4 
43,5/43,6 
51
3,7 
46,4 
2,9 
6,1 
51,7/54 
83,8
17,7
40,8 
2,8 
4,5 
46,2/51,5 
50 ,9
IDH (rang/177)
105
171
142
163
PIB (en G PPA)
PIB/hab. (PPA)
3 
6 200
4,8 
1 100
4,6 
1 300
28,5 
1 600
ecudo capverdien 
0,0090 
0,0115
franc CFA 
0,0015 
0,0019
franc CFA 
0,0015 
0,0019
franc CFA 
0,0015 
0,0019
Principales  
exportations
combustibles, 
chaussures, vêtements,
poissons, peaux
diamants, bois d’œuvre,
coton, café, tabac
pétrole brut, bois, sucre,
cacao, café, diamants
cacao, café, bois
d’œuvre, pétrole,
coton, bananes, ananas,
poissons
Principales 
importations
prod. alimentaires, prod.
industriels, équip. de
transport, combustibles
prod. alimentaires,
textiles, prod. pétroliers,
machinerie
biens essentiels, 
matériaux de 
construction, prod.
alimentaires
combustibles, biens
essentiels, prod.
alimentaires
Principaux 
partenaires 
commerciaux
Espagne, Portugal, É.-U.,
Maroc
Belgique, France,
Espagne, Italie, Chine,
Indonésie, Rép. dém. du
Congo, É.-U., Turquie
Chine, É.-U., Thaïlande,
Corée du Sud
France, É.-U., Pays-Bas,
Nigeria, Panama
Politique
1
Monnaie2
EURO 
US $
1 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 2 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif
AFI 2007
Source : The World Factbook 2006
167
AFRIQUE (3)
Djibouti
Gabon
Ghana
Guinée
Guinée-Bissau
République de
Djibouti
République
gabonaise
République du
Ghana
République de
Guinée
République de
Guinée-Bissau
Djibouti
Libreville
Accra
Conakry
Bissau
23 000
267 667
239 460
245 857
36 120
rép. unitaire, 
régime  
parlementaire
rép. unitaire, 
régime présidentiel
rép. unitaire, régime
présidentiel
rép. unitaire,  
régime présidentiel
rép. unitaire
Chef d’État 
 
 
entrée en fonction
Ismaël Omar
Guelleh 
 
08-05-1999
Omar 
Bongo Ondimba 
 
28-11-1967
John Agyekum 
Kufuor
 
07-01-2001
Lansana 
Conté
 
19-12-1993
Joao Bernardo  
Vieira
 
01-10-2005
Chef du 
gouvernement 
 
entrée en fonction
Mohamed Dileita 
Dileita
 
04-03-2001
Jean Eyeghe 
Ndong 
 
20-01-2006
John Agyekum 
Kufuor
 
07-01-2001
poste vacant
Aristides 
Gomes 
 
02-11-2005
Langues officielles 
 
Autres langues
français, arabe 
 
afar, somali
français 
 
fang, myéné, nzebi, 
bapounou\eschira
anglais 
 
langues africaines
français, 
chaque groupe
ethnique a sa 
propre langue
portugais 
 
créole, langues
africaines, français
Principales religions et spiritualités identifiées en
% de la population
islam (94) 
christianisme (6)
christianisme (60) 
animisme (39) 
islam (1)
christianisme (63) 
islam (16) 
croyances trad. (21)
islam (85) 
christianisme (8) 
croyances 
traditionnelles (7)
croyances 
traditionnelles (50) 
islam (45) 
christianisme (5)
0,5 
43,3 
3,3 
5,3 
41,9/44,5 
67,9
1,4 
42,1 
4,1
4,7 
53,2/55,8 
63,2
22,4 
38,8 
3,5 
4 
58,1/59,6 
74,8
9,7
44,4 
3,2 
5,8 
48,3/50,7 
35,9
1,4 
41,5 
3 
4,9 
45,1/48,8 
42,4
IDH (rang/177)
150
123
n.d.
156
172
PIB (en G PPA)
PIB/hab. (PPA)
0,6 
1 300
9,5 
6 800
54,5 
2 500
19 
2 000
1,2 
800
franc djiboutien 
0,0045 
0,0057
franc CFA 
0,0015 
0,0019
cedi ghanéen 
0,0001 
0,0001
franc guinéen 
0,0001 
0,0002
franc CFA 
0,0015 
0,0019
Principales  
exportations
cuir et peaux, café
pétrole brut, 
bois d’œuvre, 
manganèse,
uranium
or, cacao, bois, thon,
bauxite, alumine,
diamants
bauxite, alumine,
or, diamants, café,
poissons, prod.
agricoles
noix d’acajou,
crevettes, arachides,
amandes, bois de
sciage
Principales 
importations
prod. alimentaires,
boissons, équip.
de transport, prod.
chimiques
machinerie et
équipement, prod.
alimentaires, prod.
chimiques
biens essentiels,
pétrole, prod.
alimentaires
prod. pétroliers,
métaux, machinerie,
équip. de transport,
textiles
équip. de transport,
prod. alimentaires,
prod. pétroliers
Principaux 
partenaires 
commerciaux
Somalie, Yémen,
Éthiopie
É.-U., France, Chine,
Trinidad et Tobago
Pays-Bas, 
Royaume-Uni,
Belgique, France,
Allemagne
Russie, Corée du
Sud, Espagne,
Ukraine, É.-U.,
Irlande, France
Inde, Nigeria,
Équateur
Nom officiel
Capitale
Superficie (km2)
Politique
Population (en M)
Moins de 15 ans en % 
Plus de 65 ans en % 
Indice de fécondité 
Espérance de vie H/F 
Alphabétisation en %
1
Monnaie2
EURO 
US $
1 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 2 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif
168
Source : The World Factbook 2006
AFI 2007
AFRIQUE (4)
Nom officiel
Guinée-Équatoriale
Mali
Mozambique
Niger
République de 
Guinée-Équatoriale
République du Mali
République du
Mozambique
République du Niger
République
démocratique du
Congo
République 
démocratique du
Congo
Capitale
Malabo
Bamako
Maputo
Niamey
Kinshasa
Superficie (km2)
28 051
1 240 192
801 590
1 267 000
2 345 410
rép. unitaire, régime
présidentiel
rép. parlementaire,
régime présidentiel
rép. unitaire, régime
présidentiel
rép. unitaire, régime
semi-présidentiel
rép. unitaire, 
régime présidentiel
Chef d’État 
 
 
entrée en fonction
Téodoro Obiang
N. Mbasogo 
 
03-03-1979
Amadou 
Toumani Touré 
 
08-06-2002
Armando 
Guebuza
 
02-02-2005
Mamadou 
Tandja
 
22-12-1999
Joseph 
Kabila 
 
26-01-2001
Chef du 
gouvernement 
 
entrée en fonction
Ricardo M. Obama 
Nfubea
 
14-08-2006
Ousmane Issoufi 
Maiga
 
30-04-2004
Luisa 
Diogo
 
17-02-2004
Mamadou 
Tandja
 
22-12-1999
Joseph 
Kabila 
 
26-01-2001
Langues officielles 
 
Autres langues
espagnol 
 
français, anglais,
fang, bubi, ibo
français 
 
bambara, langues
africaines
portugais 
 
macua, xichangana
français 
 
haussa, djerma
français 
 
lingala, kingwana,
kikongo, tshibula
Principales religions et spiritualités identifiées en
% de la population
catholicisme et
autres chrétiens
pratiques païennes
islam (90) 
croyances 
traditionnelles (9) 
christianisme (1)
croyances trad. (40,9) 
islam (17,8), 
catholicisme (4,3)
islam (80) 
croyances  
trad. et christianisme
(20)
christianisme (70) 
islam (10) 
kimbanguisme (10) 
croyances trad. (10)
0,5 
41,7 
3,8 
4,6 
48/51 
85,7
11,7 
48,2 
3
7,4 
47,1/51 
46,4
19,7 
42,7 
2,8 
4,6 
39,5/40 
47,8
12,5
46,9 
2,4 
7,5 
43,8/43,7 
17,6
62,7 
47,4 
2,5 
6,5 
50/53 
65,5
IDH (rang/177)
121
174
n.d.
177
167
PIB (en G PPA)
PIB/hab. (PPA)
25,7 
5 200
13,6 
1 200
26 
1 300
11,3 
900
40,7 
700
franc CFA 
0,0015 
0,0019
franc CFA 
0,0015 
0,0019
metical mozambicain 
0,0000 
0,0000
franc CFA 
0,0015 
0,0019
franc congolais 
0,0018 
0,0023
Principales  
exportations
pétrole, méthanol,
bois d’œuvre, cacao
coton, or, bétail
aluminium,  
crevettes, noix 
d’acajou, coton,
sucre, citron, bois
uranium, bétail,
doliques, oignons
diamants, cuivre,
pétrole brut, café,
cobalt
Principales 
importations
équipement du
secteur pétrolier et
autres équipements
pétrole, machinerie
et équipement,
prod. alimentaires
machinerie et équipement, véhicules,
combustibles, prod.
chimiques, prod.
alimentaires
prod. alimentaires,
machinerie,
véhicules et pièces,
céréales
prod. alimentaires,
équip. minier,
combustibles
Principaux 
partenaires 
commerciaux
É.-U., Chine,
Espagne, Canada,
Taïwan, Portugal,
Pays-Bas, France
Chine, Pakistan,
Thaïlande, Taïwan,
Italie
Belgique, Afrique du
Sud, Espagne, Italie,
Allemagne
France, Nigeria, É.-U.
Belgique, É.-U.,
Chine, France,
Finlande
Politique
Population (en M)
Moins de 15 ans en % 
Plus de 65 ans en % 
Indice de fécondité 
Espérance de vie H/F 
Alphabétisation en %
1
Monnaie2
EURO 
US $
1 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 2 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif
AFI 2007
Source : The World Factbook 2006
169
AFRIQUE (5)
Rwanda
São Tomé e
Príncipe
Sénégal
Tchad
Togo
République du
Rwanda
République de São
Tomé e Príncipe
République du
Sénégal
République du Tchad
République togolaise
Capitale
Kigali
São Tomé
Dakar
N’Djamena
Lomé
Superficie (km2)
26 338
1 001
196 190
1 284 000
56 785
rép. unitaire, 
régime présidentiel
rép. unitaire, 
régime 
parlementaire
rép. unitaire, 
régime présidentiel
république,  
régime 
présidentiel
rép. unitaire, régime  
parlementaire
Chef d’État 
 
 
entrée en fonction
Paul 
Kagamé 
 
22-04-2000
Fradique 
de Menezes 
 
03-03-2001
Abdoulaye 
Wade
 
01-04-2000
Idriss 
Déby
 
04-12-1990
Faure  
Gnassingbé
 
17-05-1995
Chef du 
gouvernement 
 
entrée en fonction
Bernard 
Makuza
 
08-03-2000
Tome Soares da 
Vera Cruz
 
21-04-2006
Macky 
Sall
 
21-04-2004
Pascal 
Yoadimnadji 
 
03-02-2005
Yawovi 
Agboyibo 
 
16-09-2006
Langues officielles 
 
 
Autres langues
kinyarwanda,
français, anglais 
 
kiswahili
portugais 
 
français
français 
 
wolof, pulaar, 
jola, mandinka
français, arabe 
 
sara, 120 langues et
dialectes
français 
 
éwé et mina, 
kabyé, dagomba
Principales religions et spiritualités identifiées en
% de la population
catholicisme (56,5) 
protestantisme (26) 
adventisme (11,1) 
islam (4,6)
catholicisme (70) 
autres (30)
islam (94) 
christianisme (5) 
croyances trad. (1)
islam (51) 
christianisme (35) 
animisme (7)
croyances  
traditionnelles (51) 
christianisme (29) 
islam (20)
8,7 
41,9 
2,5 
5,4 
46,3/48,4 
70,4
0,2 
47,5 
3,8
5,6 
65,7/68,6 
79,3
12 
40,8 
3,1 
4,4 
57,7/60,9 
40,2
9,9
47,9 
2,7
6,3 
45,9/49,2 
47,5
5,6 
42,3 
2,6 
5 
55,4/59,5 
60,9
IDH (rang/177)
159
126
157
173
143
PIB (en G PPA)
PIB/hab. (PPA)
12,7 
1 500
0,2 
1 200
20,5 
1 800
14,8 
1 500
9 
1 700
franc rwandais 
0,0014 
0,0018
dobra 
0,0001 
0,0001
franc CFA 
0,0015 
0,0019
franc CFA 
0,0015 
0,0019
franc CFA 
0,0015 
0,0019
Principales  
exportations
café, thé, cuir, étain
cacao, copra, café,
huile de palme
poissons, arachides,
prod. pétroliers,
phosphate
coton, bétail,
gomme arabique
prod. réexportés,
coton, phosphate,
café, cacao
Principales 
importations
prod. alimentaires,
machinerie et
équipement
machinerie et équip.
électrique, prod.
alimentaires
prod. alimentaires
et boissons, biens
essentiels
machinerie et équip.
de transport, prod.
alimentaires
machinerie et
équipement, prod.
alimentaires
Principaux 
partenaires 
commerciaux
Allemagne, Chine,
Belgique
Pays-Bas, Belgique,
Turquie, Corée
du Sud
Mali, Inde, France,
Espagne, Italie
É.-U., Chine, Taïwan
Ghana, 
Burkina Faso, Bénin,
Mali, Inde, Nigeria
Nom officiel
Politique
Population (en M)
Moins de 15 ans en % 
Plus de 65 ans en % 
Indice de fécondité 
Espérance de vie H/F 
Alphabétisation en %
1
Monnaie2
EURO 
US $
1 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 2 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif
170
Source : The World Factbook 2006
AFI 2007
BÉNIN
Mbaye DIOUF 
Université Laval 
[email protected]
2006 a été une année politique au Bénin. Elle a été, en effet, marquée par l’élection
de Yayi Boni à la présidence de la République, le 19 mars. Cette élection a été suivie
par une série de mesures incitatives aux plans économique et social, pendant que le
pays continuait de briller sur la scène internationale au plan culturel.
POLITIQUE
L
’année 2006 a été marquée
au Bénin par l’élection, le
19 mars, de Yayi Boni à
la présidence de la République.
L’ex-président Mathieu Kérékou
avait, auparavant, décidé de
prendre sa retraite politique. Ce
retrait de Kérékou peut être salué
comme un geste rare et plein
de sagesse dans une Afrique où
les dirigeants s’accrochent au
pouvoir par tous les moyens et,
souvent, au prix de leur vie ou, à défaut, de
la vie de centaines voire de milliers de leurs
concitoyens. Docteur en économie et ancien directeur de la Banque ouest-africaine
de développement ( BOAD ), le nouveau
président avait axé toute sa campagne
électorale sur le thème du changement.
La stagnation économique, la détérioration des conditions de vie,
l’affairisme dans les sphères
du pouvoir et le discrédit de
la classe politique, qui ont
marqué le long régime de
Kérékou, devaient faire place
à un « Bénin nouveau ». Le
nouveau président a mis
en place un gouvernement
de rupture dominé par des
technocrates dont la mission
principale est de redynamiser
l’économie, de réduire la pauvreté et de lutter contre la corruption. Il a,
dans ce sens, nommé au poste de médiateur
Albert Tévoédjrè, ancien secrétaire général
adjoint des Nations Unies.
Le Bénin a été, comme de coutume,
largement représenté au XI e Sommet de
la Francophonie tenu en Roumanie en
septembre 2006. Pays reconnu en Afrique
pour sa démocratie et sa stabilité, le Bénin
AFI 2007
joue un rôle important au sein
de l’Organisation internatio nale de la Francophonie ( OIF ),
particulièrement au niveau de
la médiation dans les conflits
c i v i l s e t i n t e r n a t i o n a u x . Le
pays, à l’instar d’autres pays
d’Afrique, participe activement
à la recherche de la paix en Côte
d’Ivoire. À ce propos, il a mis
sa diplomatie en œuvre pour
l’aboutissement des négociations entre le gouvernement d’Abidjan et
les Forces nouvelles, et dans le cadre des
initiatives prises lors du sommet de l’Union
africaine ( UA ) à Addis Abéba, et de la Communauté économique des États de l’Afrique
de l’Ouest ( CEDEAO ) à Abuja.
Toujours sur le plan politique, le
Bénin a tenu à réaffirmer son rôle de pays
de médiation et de paix dans
le continent. Il entend ainsi
rester à équidistance entre les
protagonistes des différents
acteurs en conflit en Afrique,
en particulier chez ses voisins.
Ainsi, en novembre, la police
béninoise a interpellé à Cotonou deux personnes liées
à la rébellion centrafricaine :
le président de l’Union des
forces démocratiques pour
le rassemblement ( UFDR )
Michel Am Non Droko Djotodia et son
porte-parole, le capitaine Abakar Sabone.
Ces arrestations répondent à un mandat
d’arrêt international, remis directement
aux autorités judiciaires béninoises par le
procureur de la République et le doyen des
juges d’instruction de Bangui. En 1989, le
Bénin avait extradé vers le Centrafrique
l’actuel président François Bozizé, qui y
171
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
avait trouvé refuge pour échapper à des
poursuites pour « complot » contre le président de l’époque, André Kolingba.
Le Bénin espère, par ailleurs, tirer
profit du réchauffement des relations politiques et économiques entre l’Afrique et
l’Amérique du Sud. Désireux de renforcer
leurs liens avec les pays du Sud pour en finir
avec la tutelle des pays riches du Nord, des
géants latino-américains comme le Brésil
et le Venezuela ont lancé une offensive diplomatique et économique en Afrique. Un
Sommet a réuni en novembre 2006 à Abuja,
au Nigéria, ces pays et leurs interlocuteurs
africains. Les concepts de « partenariat
stratégique » et de « renforcement de l’axe
Sud-Sud » ont été mis de l’avant pour lancer la nouvelle coopération. Ce premier
Sommet Afrique-Amérique du Sud avait
été annoncé par Brasilia en septembre lors
d’une rencontre Brésil-Inde-Afrique du Sud.
Le président vénézuélien Hugo Chavez
avait plaidé pour la coopération Sud-Sud
devant l’UA en juillet en Gambie.
BÉNIN
ÉCONOMIE
Géographie
Longue bande de terre orientée nordsud et divisée en cinq régions naturelles
aux zones climatiques variées : littoral
sableux, terre argileuse, plateaux cristallins, régions montagneuses et plaines.
Porto-Novo ( 180 000 habitants ) est
la capitale officielle mais sa voisine,
Co to n o u ( 5 5 5   0 0 0 h a b i t a nt s ) , e s t
la métropole qui abrite le gouvernement.
Histoire
➤ Ancien royaume du Dahomey cé lèbre pour ses rois Glé-Glé et son fils
Behanzin qui luttèrent contre la France
jusqu’en 1894.
➤ 1895 Le Dahomey, membre de l’AOF,
devient peu à peu la pépinière des cadres de l’Afrique, d’où son surnom de
« Quartier latin de l’Afrique ».
➤ 1960 ( 1er août ) Indépendance.
➤ 1972 Coup d’État de M. Kérékou.
➤ 1974 Le marxisme-léninisme, idéologie d’État.
➤ 1975 ( 30 nov. ) Le Dahomey devient
la république populaire du Bénin.
➤ 1990 Nouvelle Constitution. Restauration de la démocratie par Kérékou.
➤ 1991 Nicéphore Soglo ( démocrate )
élu président de la République.
➤ 1995 ( avril ) Victoire de l’opposition
aux élections législatives.
➤ 1995 ( nov. ) VI e Sommet de la Francophonie à Cotonou.
➤ 1996 ( mars ) M. Kérékou élu président.
➤ 2001 ( mars ) Kérékou réélu. Élections
contestées.
➤  2002 Décentralisation. Élec tions
municipales, suivies de législatives
( 2003 ).
➤ 2006 Élection du Dr Boni Yayi.
172
Les initiatives se succèdent à un rythme
accéléré. En novembre, sous la direction du
ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de
la Pêche, le Conseil national des chargeurs
du Bénin a abrité les travaux de l’atelier d’appui à la formulation du Programme national
de sécurité alimentaire (PNSA ). En 1996,
après le Sommet mondial de l’agriculture,
de nombreux pays africains dont le Bénin
avaient mis en œuvre un Programme spécial
de sécurité alimentaire ( PSSA ). Les impacts
positifs du PSSA ont amené le gouvernement
à lui donner une envergure nationale en
l’érigeant en Programme national de sécurité
alimentaire. Si la modernisation de l’agriculture béninoise est aujourd’hui une priorité,
l’approche rurale en est une dimension incontournable pour régler les problèmes à la
base, réduire le dénuement des populations
et lutter contre la faim. Le PNSA vise donc
non seulement à renforcer les réformes dans
le secteur agricole, mais également à accompagner le processus de décentralisation en
cours dans les communes.
La question du coton est l’autre problème majeur de l’agriculture béninoise.
Le président Boni n’a pas manqué d’en
faire cas lors de ses toutes premières sorties
officielles. De Paris à Berlin, en passant par
Bruxelles, Hanoï ou Lagos, il a rappelé à la
communauté internationale le caractère
vital de cette culture pour des millions
d’Africains. Le Bénin est avec trois autres
pays du Sahel, le Tchad, le Mali et le Burkina
Faso, promoteur de l’Initiative sectorielle
sur le coton, présentée à l’Organisation
mondiale du commerce ( OMC ) dans le
cadre de l’Agenda de développement de
Doha ( ADD ). Par cette initiative, les quatre
pays sahéliens exigent la suppression des
subventions agricoles accordées par l’Union
européenne ( UE ) et les États-Unis à leurs
planteurs de coton.
AFI 2007
BÉNIN
L’autre front auquel s’attaque le nouveau gouvernement est celui de l’électricité.
Le pays vit depuis longtemps une précarité
dans ce domaine due notamment à la forte
dépendance au voisin nigérian et à la vétusté
des installations électriques. En novembre,
le directeur général de la Société Bengaz,
les techniciens butaniques de la Société
Sinclair Merz ainsi que les consultants en
environnement de ICF international ont
visité les sites devant abriter les installations
de la centrale électrique de Sèmè-Kraké et du
gazoduc de Cocodji. Par ailleurs, la Direction
départementale de l’industrie et du commerce ( DDIC ) de l’Atlantique et du Littoral
a organisé des séances d’information et de
sensibilisation à l’intention des opérateurs
économiques de l’Atlantique et du Littoral,
en vue de faire connaître ses nouvelles missions et activités, entre autres, donner plus
de visibilité aux réalisations et interventions
du ministère de l’Industrie et du Commerce
( MIC ) et vulgariser les textes régissant la
profession de commerçant.
Une bonne relance économique s’appuie sur une infrastructure qui facilite la
mobilité des personnes et des biens. Ainsi,
l’Allemagne va débloquer 6,5 milliards de
francs CFA ( 10 millions € ) pour la construction d’un échangeur sur l’avenue Steinmetz,
l’une des plus importantes de Cotonou.
Outre le financement des travaux, le chef de
l’État béninois a obtenu un appui budgétaire
de 1,3 milliard FCFA ( 2 millions € ) pour la
réfection de plusieurs axes routiers.
Parallèlement, le gouvernement béninois a pris de nouvelles mesures à impacts
économique et social immédiats. Ainsi,
l’interdiction temporaire de l’importation
d’huiles alimentaires sur le territoire national par voie terrestre. Cette décision
vise à protéger, pendant six mois, les industries béninoises de production d’huiles
alimentaires envahies par des productions
étrangères. Cela fait perdre au pays plus
de 1,3 milliard FCFA par an et empêche
les trois sociétés composant l’industrie
oléagineuse béninoise, le Fludor-Bénin,
l’Industrie béninoise des corps gras ( IBCG )
et la Société des huileries du Bénin ( SHB ),
d’atteindre leur pleine capacité de production et d’écoulement. Cette situation cause
un manque à gagner à ces structures qui,
à maintes reprises, ont menacé de fermer
leurs portes.
Le gouvernement a, par ailleurs, décidé d’une exonération fiscale hors code
au profit des promoteurs des logements
sociaux, économiques et de moyenne et
grande classes. Il a, en outre, supprimé
les contributions scolaires à la maternelle
et au primaire pour tous les enfants inscrits dans le secteur public. Cette mesure
vise à alléger les charges parentales et à
accroître la scolarisation des enfants. En
plus de ces contributions scolaires, les
parents d’élèves étaient aussi contraints
à verser aux établissements scolaires des
souscriptions dont le taux variait entre
6 000 et 15 000 FCFA.
CULTURE
Sur le plan culturel, le pays a encore brillé
sur plusieurs plateaux du monde grâce à
ses musiciens, danseurs, auteurs, stylistes
et autres peintres. La Fondation Zinsou,
un musée privé d’art contemporain, ouvert
en juin à Cotonou, a abrité cette année
une exposition sur le pagne et les divers
messages que véhicule ce tissu ancré
dans les traditions béninoises.
L’exposition montre, outre ses
différents motifs et les circonstances de son utilisation, l’usage
du pagne selon les différentes
aires culturelles et les différentes
tranches d’âge.
La vedette béninoise Angélique Kidjo, ambassadrice de
bonne volonté de l’UNICEF et
nominée aux Grammy Awards,
a visité cette année les camps
AFI 2007
de personnes déplacées du district de Lira,
dans le Nord de l’Ouganda, en proie à
la guerre. Elle a soutenu que l’éducation
des filles était la base du développement
de toute nation. L’artiste est connue sur
la scène musicale mondiale à travers son
style musical qui mélange rythmes africains
et latino-américains avec des sonorités
funk, salsa, jazz, rumba, soul ou
makossa. Elle a récemment participé, en compagnie de plusieurs
artistes, à une œuvre de charité
organisée par l’ONG Keep a child
alive ( Garder un enfant en vie ).
De grands noms du milieu du
spectacle, tels que Alicia Keys,
David Bowie ou Damian Marley,
ainsi que les acteurs Ed Norton
et Elijah Wood, avaient suivi
ses pas.
173
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
BURKINA FASO
Mbaye DIOUF 
Université Laval 
[email protected]
L’année 2006 a été marquée par le décès de la plus grande figure intellectuelle du
pays. Sur le plan socioéconomique, plusieurs initiatives ont été prises dans le but
de réduire le sous-développement et la pauvreté.
POLITIQUE
L
a scène politique burkinabé reste marquée par l’immobilisme des parties en
présence. D’une part, on a le camp présidentiel déterminé à conserver le pouvoir.
D’autre part, on a une opposition divisée
et intimidée, parfois incohérente dans ses
orientations. Il manque à cette opposition la
définition et le respect d’un projet alternatif
commun et national capable de mobiliser les
Burkinabé. Ce rapport de forces est favorable
au président Blaise Compaoré qui continue
de fortifier ses relations internationales. Il
BURKINA FASO
Géographie
Pays enclavé au cœur du Sahel.
Agriculture vivrièr; quelques cultures
commerciales ( coton, arachide ).
Histoire
➤ 1898 La France occupe Bobo-Dioulasso.
➤ 1919 La Haute-Volta devient une colonie particulière ( auparavant incluse
dans le Haut-Sénégal-Niger ).
➤ 1960 ( 5 août ) Indépendance sous le
nom de Haute-Volta; Yaméogo, président.
➤ 1966-1980 Gouvernement du général Lamizana.
➤ 1983 Thomas Sankara s’empare du
pouvoir; révolution démocratique et
populaire.
➤ 1987 Un coup d’État militaire au
cours duquel Sankara trouve la mort
por te Blaise Compaoré au pouvoir;
réélu depuis.
➤ 1991 Nouvelle Constitution adoptée
par référendum; multipartisme.
➤ 1997 ( oct. ) Changement des armoiries, signe d’un apaisement du pays.
➤ 2001 ( 30 mars ) Journée nationale
de pardon.
174
doit cependant composer avec le souvenir
de l’assassinat de Thomas Sankara, figure
mythique de la Révolution burkinabé, qui
est devenu l’icône d’une très grande partie
de la jeunesse africaine et de nombreux
hommes politiques burkinabé se réclament
de son héritage.
Mais l’événement politique majeur
de l’année est sans
doute le décès du
P r Joseph Ki-Zerbo,
écrivain, historien
et homme politique
burkinabé, décédé
en décembre à l’âge
de 84 ans. Ki-Zerbo
est le premier Africain noir agrégé
d’histoire. Il a enseigné en France et
dans de nombreuses
universités africaines, notamment au Sénégal, en Guinée, au Niger et dans son propre
pays. Dans les années 1970 et 1980, il a mené
avec l’historien sénégalais Cheikh Anta
Diop des études sur l’histoire de l’Afrique,
avec l’intention de permettre aux Africains
d’écrire eux-mêmes et de se réapproprier
leur histoire. Ancien membre du Conseil
exécutif de l’UNESCO et ex-directeur du
Centre d’études pour le développement
africain ( CEDA ) de Ouagadougou, il a été
lauréat de nombreuses distinctions, dont
le prix Kadhafi des droits de l’homme en
2000. Opposant politique, Ki-Zerbo a fondé
en 1993 le Parti pour la démocratie et le
progrès/Parti socialiste ( PDP/PS ). L’ensemble de la classe politique et intellectuelle
burkinabé et africaine a rendu hommage
à un homme engagé dans le devenir du
continent, au brillant et honnête historien.
Auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire
générale de l’Afrique, devenu aujourd’hui un
document de référence en histoire africaine,
AFI 2007
BURKINA FASO
Ki-Zerbo était également un des dirigeants
du Collectif contre l’impunité, créé au
lendemain de l’assassinat du journaliste
burkinabé Norbert Zongo en décembre 1998
et pour lequel il a participé à de nombreuses
marches et réunions.
Ki-Zerbo avait vécu de nombreuses années en exil à la suite d’une condamnation
d’un tribunal populaire révolutionnaire
créé par la junte militaire dirigée par Thomas Sankara ( 1984-1987 ), avant de rentrer
au Burkina en 1992.
ÉCONOMIE
Sur le plan économique, le Fonds africain
de développement ( FAD ) a approuvé
en novembre le déblocage de 51,9 millions US $ pour financer un projet d’appui
à la filière du coton-textile dans quatre
pays : le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et
le Tchad. Le projet permettra de sécuriser
les revenus de plus de 900 000 exploitations et touchera une population de près
de 10 millions de personnes dont plus de
la moitié sont des femmes. Les principales
réalisations attendues sont la mise en place
d’un cadre de coopération scientifique
régionale et de partage de matériel génétique par les quatre instituts de recherche
agricole, le renforcement des capacités de
l’Association régionale des producteurs du
coton africain en matière de négociation
et la création d’une base de données sur
la filière ainsi que sa mise en réseau avec
les quatre bases de données nationales. La
maîtrise des circuits de production et de
distribution est un enjeu important pour
les pays d’Afrique qui n’ont aucune prise
sur les décisions du marché international.
À ce propos, un cours intensif sur les
compétences en matière de négociation
commerciale, auquel a participé le Burkina,
s’est tenu en novembre à Madagascar. Les
spécialistes agricoles burkinabé ont, par
ailleurs, participé à Bamako ( Mali ) au Salon
international de l’agriculture ( SIAGRI ) où
ils ont partagé leurs vues en matière d’agriculture et d’agroindustrie.
SOCIÉTÉ
L’actualité sociale a été dominée par les
efforts de l’État en matière de santé communautaire. Des responsables sanitaires
burkinabé ont participé, en décembre à Bamako, au séminaire-atelier de formation des
responsables de huit pays ouest-africains
exposés à la fièvre jaune. Organisée par
l’Agence de médecine préventive ( AMP ),
la rencontre a permis la formation d’une
cinquantaine de responsables spécialisés
dans la lutte contre la fièvre jaune. L’Organisation mondiale de la santé ( OMS )
estime qu’entre 2006 et 2050, les épidémies
feront entre 1,5 et 2,7 millions de morts
dans ces pays, si rien n’est fait sur le terrain
en matière de prévention. La dynamique
coopération avec Taïwan permettra la
construction d’un Centre médical national
de 600 lits à Ouagadougou financé par
AFI 2007
le pays asiatique. Cet hôpital fait partie
d’un programme d’aide au Burkina Faso
comprenant également l’établissement
d’une distillerie et d’une ferme aquacole,
ainsi que la livraison de 15 000 uniformes
militaires.
Le Burkina est, par ailleurs, concerné
par la grippe aviaire. Des experts des Nations Unies et de la Banque mondiale,
présents à la 4 e conférence internationale
sur la grippe aviaire tenue en décembre
à Bamako, ont estimé que près d’un milliard US $ supplémentaire est nécessaire
pour lutter contre la grippe aviaire dans
le monde, dont 600 millions pour le seul
continent africain. L’argent attendu est
destiné à renforcer le dispositif vétérinaire
des pays concernés, à procéder au confinement de la volaille infectée, l’éliminer
le cas échéant et indemniser les
propriétaires. Il doit aussi servir à
édifier une infrastructure sanitaire
pour l’accueil d’éventuels individus contaminés.
L’autre pandémie qui interpelle l’État burkinabé est le sida.
Le rapport 2006 sur l’épidémie
mondiale, rendu public en novembre, a montré que les femmes
africaines sont les plus touchées
par la maladie, « sur un continent
175
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
qui concentre près des deux tiers des séropositifs ou malades infectés par le VIH dans
le monde ». Même s’il faut noter la baisse
encourageante de la prévalence nationale
du VIH au Kenya et au Zimbabwe, il reste
qu’avec près de 25 millions de personnes
co nt a m i n é e s, l ’Af r i q u e s u b s a h a r i e n n e
réunit 63 % des adultes et enfants vivant
avec le VIH, parmi lesquels 59 % sont des
femmes, soit 17,7 millions de séropositives.
Elle concentre aussi 65 % des nouveaux cas
( 2,8 millions ).
Les couches défavorisées de la population sont les plus exposées, en particulier
les femmes et les enfants. Les responsables nationaux burkinabé de l’enfance et
de la femme ont d’ailleurs pris part à la
Conférence nationale Femme, enfant et
développement tenue à Abidjan en novembre. Les débats ont largement porté sur la
question de l’exploitation et du trafic des
enfants en Afrique. Ont aussi été évoqués
le poids de la coutume et de la religion
pour le respect des droits de la femme et de
l’enfant, les conséquences de la guerre chez
ces derniers et la contribution des médias à
la promotion de leurs droits.
Par ailleurs, la mortalité infantile reste
importante. Un rapport rendu public en
novembre à Johannesburg ( Afrique du Sud,
Une chance pour les nouveau-nés d’Afrique,
sous l’égide du Partenariat pour la santé
de la mère, du nouveau-né et de l’enfant
( PMNCH ) ) estime que 1,16 million de bébés
meurent chaque année au cours de leurs 28
premiers jours de vie en Afrique noire.
CULTURE
Des journalistes burkinabé ont participé
en décembre 2005 à Dakar ( Sénégal ) au
séminaire international sur les Médias ouestafricains et enjeux des NTIC, organisé par
l’Institut Panos Afrique de l’Ouest ( IPAO ),
en collaboration avec le Centre de recherche pour le développement international
( CRDI ), et financé par l’Agence intergouvernementale de la Francophonie ( AIF ). Le
séminaire fait suite aux ateliers nationaux
organisés dans six pays africains dont le
Burkina, entre juillet et novembre 2006. Il
a permis aux participants d’appréhender
plus finement les enjeux des technologies
de l’information et de la communication
( TIC ) aux niveaux régional et international, tout en renforçant leur capacité de
maîtrise des services liés à Internet.
Le Burkina, comme de coutume, a
rayonné sur les différents podiums du
monde. Des comédiens burk inabé ont
pris part au Festival annuel de théâtre des
réalités de Bamako, organisé cette année
par l’Association culturelle AC TE 7. Par
ailleurs, le film Rêves de poussière de Laurent
Salgues a été sélectionné dans la catégorie
World Cinema Competition au Festival de
Sundance en novembre. Présenté en première mondiale à Venise dans la section
Giornale degli Autori, Rêves de poussière, qui
fait mieux connaître le Burkina Faso, a été
primé au Festival international du film
francophone ( FIFF ) de Namur ( Belgique )
pour la photographie et a également reçu
le prix spécial du jury du Festival d’Amiens
( France ). Les membres du 7e art burkinabé
ont également répondu présents à la 21 e
édition des célèbres Journées cinémato176
graphiques de Carthage ( JCC ) tenues en
novembre dans la capitale tunisienne.
La 6e édition de la Foire internationale
du livre de Ouagadougou ( FILO ) s’est tenue
en novembre à Ouagadougou. Placée sous
le thème « Littérature burkinabé : bilan et
perspectives », de nouveaux ouvrages tels
que L’arche de Noé est partie de Pilimpikou de
Serge Kango Ouédraogo, Paroles d’orpheline
d’Aïcha Chloé, Les Rescapages de Dominique
Matanga ont été dédicacés à cette occasion.
Une cinquantaine d’œuvres littéraires a été
publiée cette année au Burkina. La FILO a
aussi été marquée par l’organisation d’une
soirée dite Nuit Senghor et dédiée au poète
et ancien président sénégalais Léopold
Sédar Senghor dont l’OIF fête en 2006 le
centenaire de sa naissance.
Le pays s’est par ailleurs senti interpellé par la polémique entourant le sujet
des « ar ts premiers » à Paris. Qu’est- ce
qu’un « art premier »? Cette notion assez
nouvelle peut laisser croire que les peuples qui l’ont produit sont primitifs et fait
penser à une conception évolutionniste
largement remise en cause aujourd’hui
par les anthropologues. C’est pourquoi la
qualification de Musée des arts premiers
fut ramenée à celle, plus neutre, de Musée
du quai Branly. Aminata Traore, militante
altermondialiste, essayiste et ancienne ministre de la Culture et du Tourisme du Mali,
conteste le pillage des œuvres des peuples
déshérités du Mali, du Bénin, de la Guinée,
du Niger, du Burkina Faso, du Cameroun
et du Congo, qu’elle met en parallèle avec
l’immigration choisie et la captation par la
France des élites de ces pays.
AFI 2007
BURUNDI
Mbaye DIOUF 
Université Laval 
[email protected]
La tension politique a encore occupé l’actualité burundaise en 2006, même si le
pays continue de faire des efforts aux plans économique et social pour améliorer
les conditions de vie des populations et redorer son blason au plan international.
Ainsi, les négociations entre le gouvernement et les factions rebelles se poursuivent,
avec l’appui de la communauté internationale.
POLITIQUE
BURUNDI
Géographie
Pays de hauts plateaux à vocation
agricole.
Histoire
➤ L’histoire du Burundi est intimement
liée à celle du Rwanda, au moins jusqu’à
l’indépendance ( 1962 ).
➤ 1966 ( nov. ) Le roi Ntare V renversé
par le colonel Micombero, qui proclame la République.
➤ 1972 Massacres entre Hutu et Tutsi.
➤ 1976 Le colonel Bagaza au pouvoir;
renversé par Pierre Buyoya en 1987.
➤ 1988 Nouveaux affrontements.
➤ 1993 Élection du premier président
hutu, Melchior N’Dadaye, assassiné
en octobre.
➤ 1994 Cyprien Ntaryamira président.
Il meurt dans l’accident de l’avion du
président rwandais le 6 avril.
➤ 1994 ( sept. ) Sylvestre Ntibantunganya ( Hutu ) est élu président. Il forme un
gouvernement avec Anatole Kanyenkiko
( Tutsi ).
➤   1 9 9 5 - 9 6 Ca m p s d e ré f u gi é s a u x
frontières du Rwanda, du Burundi et
du Zaïre.
➤ 1996 Coup d’État de Pierre Buyoya,
confirmé dans ses fonctions en 1998.
➤ 2000 ( août ) Signature de l’accord de
paix d’Arusha sous la pression de Nelson
Mandela. Rejet de l’accord par des rebelles hutu et reprise des affrontements .
➤   2 0 0 1 ( av r i l ) Te nt at i ve d e co u p
d’État.
➤ 2003 ( 1 er mai ) Domitien Ndayizeye
( Hutu ), chef de l’État.
AFI 2007
L
a tension politique a encore
occupé l’actualité burundaise en
2006, même si le pays
continue de faire des
efforts pour améliorer
les conditions de vie
d e s p o p u l at i o n s e t
redorer son blason
au plan international.
Le premier vice-président, Martin Nduwimana, a d’ailleurs représenté le pays au
dernier Sommet de la Francophonie en
Roumanie.
En septembre, le ministre de l’Intérieur,
le général de brigade Evariste Ndayishimiye,
a rencontré à huis clos des responsables
d’une trentaine de partis légalement constitués. Cependant, le Conseil national pour la
défense de la démocratie/Forces de défense
de la démocratie ( CNDD-FDD ), le parti au
pouvoir, n’a pas pris part à la rencontre pour
des raisons inconnues. C’était la première
rencontre entre le ministre de l’Intérieur
et les partis politiques depuis l’investiture
du nouveau gouvernement en août 2006.
Cet exemple montre combien le dialogue
politique est encore difficile entre le camp
présidentiel et l’opposition. L’ambiance
est restée délétère depuis que des rumeurs
de coup d’État ont impliqué les partisans
du régime précédent en début d’année. L’Union africaine et l’ONU, en particulier,
sont intervenues pour apaiser la tension,
mais le rapport d’un expert indépendant
des Nations Unies sur la question des droits
de l’homme a constaté la dégradation du
climat politique et l’accroissement des cas
d’atteinte grave aux droits de l’homme. Des
cas de torture ont d’ailleurs été notés à l’endroit de personnes détenues dans le cadre de
177
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
l’enquête sur la tentative présumée du coup
d’État. Parmi les prévenus figurent l’ex-chef
de l’État burundais, Domitien Ndayizeye, et
son ancien adjoint.
En plus de cette crispation politique,
il y a aussi la persistance de la rébellion
armée. L’application du cessez-le-feu conclu
entre le gouvernement et les Forces nationales de libération ( FNL, rébellion ) tarde
encore à se concrétiser. Les FNL réclament
que le délai de mise en place du Mécanisme
conjoint de vérification et de suivi ( MCVS )
soit étendu, alors qu’il était déjà repoussé
au mois d’octobre 2006. Le calendrier
international ne pouvant pas attendre les
atermoiements internes, les derniers soldats
du contingent de 800 militaires pakistanais
ont quitté définitivement le pays en septembre. Ce désengagement porte à 2 763 le
nombre de soldats onusiens à avoir quitté
le Burundi depuis décembre 2005.
En octobre 2006, un nouveau Fonds
a été mis sur pied à New York, dans le but
d’aider les pays sortis de conflits à ne pas
reprendre la guerre durant le processus de
consolidation de la paix. Le contrôle du
Fonds a été confié au cabinet d’appui de la
consolidation de la paix, lié directement à
la Commission de consolidation de la paix
qui s’est penchée sur les cas de pays comme
le Libéria, la Sierra Leone et le Burundi.
La petite lumière appor tée sur ce
sombre tableau est le projet des États-Unis
d’accueillir aux États-Unis mêmes et de
naturaliser près de 13 000 réfugiés burundais installés en Tanzanie. Plus de 500 000
autres seront transportés au Rwanda, au
Burundi et en République démocratique
du Congo ( RDC ) dans le cadre d’une opération majeure du Haut Commissariat aux
réfugiés ( HCR ).
Au plan social, le Comité international de la Croix-Rouge ( CICR ) a procédé,
en septembre 2006, à la mise sur pied du
projet « Femmes et violences », qui vise la
formation d’accoucheuses traditionnelles
et la prise en charge des violences sexuelles
liées à l’état de guerre civile dans le pays.
ÉCONOMIE
Au plan économique, les problèmes majeurs
restent liés à la gestion de la production de
l’électricité et à la distribution de l’eau. Le
pays est confronté à des délestages fréquents
de courant, aux conséquences très néfastes
sur l’activité économique. La Société nationale de production et de distribution
de l’eau et de l’électricité ( REGIDESO ) ne
produit plus que 24 mégawatts. Aucun
nouveau barrage hydroélectrique n’a été
en effet construit au cours des 20 dernières
années alors que ceux qui existent sont mal
entretenus, faute de moyens financiers. La
dette de l’État envers la REGIDESO s’élève
à plus de 14 milliards de francs burundais
( près de 14 millions US $ ). Concernant
la politique de l’eau, le pays espère des
retombées positives de la rencontre tenue
en septembre, à Tunis ( Tunisie ), pour renforcer les partenariats afin de soutenir les
pays africains dans le suivi et l’évaluation
du secteur de l’eau. Cette rencontre a vu
la participation du Conseil des ministres
africains chargés de l’eau ( AMCOW ), de la
Banque africaine de développement ( BAD ),
de la Facilité africaine de l’eau ( FAE ) qui a
signé un accord de don pour l’élaboration
du plan de gestion intégrée des ressources
en eau ( GIRE ) en faveur du Burundi.
Toujours à Tunis, le conseil d’administration du Fonds africain de développement
( FAD ) ainsi que le guichet concessionnel
du groupe de la BAD ont approuvé un don
de 30,20 millions unités de compte ( UC ),
équivalant à environ 45 millions US $,
pour financer la route Kicukiro-Kirundo
qui relie le Rwanda au Burundi.
Mais l’écueil majeur au développement
du pays reste la corruption généralisée et
la mauvaise gestion dans l’administration
publique. Cette situation a amené le chef de
l’État à supprimer, par décret, l’Inspection
générale des finances ( IGF ). L’ancienne
structure gérée par le ministère des Finances
sera désormais rattachée à celui de la bonne
Gouvernance et de l’Inspection générale
de l’État, dans visant à en direction d’une
meilleure gestion des ressources du pays,
réclamée par ailleurs par les institutions
internationales.
Sport
L’équipe nationale de football du Burundi compte se qualifier pour les phases finales
de la Coupe d’Afrique des nations ( CAN ), prévue en 2008 au Ghana. Après une
défaite face à l’Égypte ( 0-4 ), elle a battu la Mauritanie ( 3-1 ) et se replace dans la
course pour la qualification.
178
AFI 2007
CAMEROUN
Alice Delphine TANG 
Enseignante à l’Université de Yaoundé I 
[email protected]
Alain Blaise BATONGUE 
Rédacteur en chef du quotidien Mutations
Président de la section camerounaise de l’Union internationale 
de la presse francophone 
[email protected]
POLITIQUE
L
e Nigeria a restitué au Cameroun le
territoire de Bakassi au cours d’une
cérémonie solennelle le 14 août 2006.
Après de nombreux atermoiements, les
dirigeants nigérians, qui venaient de signer
avec le Cameroun un autre accord le 12
juin à Greentree, sous la férule du secrétaire
général des Nations Unies Kofi Annan, ont
finalement accepté de régler définitivement
le différend qui les oppose au Cameroun,
CAMEROUN
Géographie
Forêt équatoriale, savanes, paysages
variés.
Histoire
➤  XVII e s.   Les Fangs et les Doualas
s’établissent au sud.
➤ XIX e s. Les Foulbés ( Peuls ) s’installent au nord et imposent l’islam.
➤  1884 Protectorat puis colonie allemande.
➤ 1919 Expulsion des Allemands, mandats britannique et français.
➤ 1960 ( 1 er janv. ) Indépendance de
l’ex-Cameroun français.
➤ 1961 Le sud de l’ex-Cameroun anglais lui est rattaché ( le nord se lie au
Nigeria ).
➤ 1961-1982 Présidence d’Ahmadou
Ahidjo ( démission ).
➤ 1972 La fédération devient une république unitaire.
➤ 1982 Paul Biya président ; réélu en
1997.
➤ 1991 Membre de la Francophonie.
➤ 1995 Membre du Commonwealth.
➤ 1997 Élections législatives.
AFI 2007
en donnant corps au verdict de La Haye,
prononcé le 10 octobre 2002 par la Cour
internationale de justice, reconnaissant
la « camerounité » de cette presqu’île que
l’on dit riche en ressources naturelles. Pour
certains, c’était la fin « d’un vieux conflit
colonial », pour d’autres, la victoire de la
diplomatie, parce que les « deux pays ont
privilégié jusqu’au bout la diplomatie, au
lieu de faire parler les canons ».
On avait craint une énième volte-face
du Nigeria parce que, quelques jours avant
cette restitution, un groupe d’indépendantistes de l’État du Delta avait proclamé
l’indépendance de l’État de Bak assi et
même désigné un président intérimaire.
Le représentant du Cameroun à cette cérémonie solennelle, Maurice Kamto, ministre
délégué auprès du vice premier ministre
chargé de la Justice, a reconnu ces divergences et promis que ces populations auront
toujours le loisir de vivre en paix dans leur
lieu d’établissement.
L’autre événement attendu depuis de
nombreuses années aura été la tenue d’un
congrès extraordinaire du parti au pouvoir,
le Rassemblement démocratique du peuple
camerounais ( RDPC ), dont le président
national est le président de la République,
Paul Biya. Ce congrès extraordinaire tenu
à Yaoundé le 21 juillet 2006, avait comme
unique point à l’ordre du jour la réélection
de son président national pour un nouveau mandat de cinq ans : une formalité
pour cette formation politique fortement
hiérarchisée.
L’autre formation politique importante du pays, le Social Democratic Front
( SDF ), a connu deux congrès convoqués
le même jour ( 26 mai 2006, date du 16 e
anniversaire du lancement de ce parti ),
l’un à Bamenda et l’autre à Yaoundé. Les
179
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
deux dirigeants, à savoir Ni John Fru Ndi
( Bamenda ) et Bernard Muna ( Yaoundé ),
brandissaient chacun une autorisation du
ministère de l’Administration territoriale. Comme il fallait s’y attendre, il y
a eu des affrontements violents qui ont
causé la mort d’un militant. Ces deux
congrès ont abouti à l’existence légale
de deux SDF.
Dans le cadre de l’amélioration
de la bonne gouvernance, le président
Paul Biya a lancé une opération baptisée
« Épervier » en vue de la lutte contre la
corruption et les détournements des
deniers publics, qui a abouti à la mise en
détention préventive d’une quarantaine
de personnalités.
Le 22 juin 2006, une mission du
Commonwealth conduite par l’ancien
premier ministre canadien Joe Clark
a séjourné au Cameroun pour la création d ’un cadre d e l ’é l e c t i o n l i b re.
Parallèlement, la ministre française de la
Coopération et de la Francophonie, Brigitte Girardin, était reçue en audience le
même jour par le président de la République, Paul Biya. Leur entretien portait sur
quatre priorités : la santé, notamment
la lutte contre le VIH/SIDA, l’éducation de
base, le développement routier et la création d’un cadre fiscal sécurisé.
ÉCONOMIE
Les réunions des conseils d’administration
du FMI et de la Banque mondiale, tenues
respectivement les 27 et 28 avril 2006, ont
approuvé l’atteinte par le Cameroun du
point d’achèvement de l’initiative PPTE.
Une opération qui, comme prévu, a entraîné une substantielle remise de la dette
extérieure du Cameroun auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux. Près de
1 400 milliards de francs CFA étaient ainsi
épongés, ou plus exactement reportés dans
des projets de lutte contre la pauvreté incluant prioritairement l’éducation, la santé
et les infrastructures routières.
De son côté, la France, au titre de
la coopération bilatérale, annonçait une
annulation de dette de l’ordre de 70 milliards FCFA en 10 ans, et un recadrage
de cet argent dans la coopération sous
l’appellation Contrat de désendettement
et développement ( C2D ) : un vaste projet
visant en particulier l’embellissement et
l’aménagement des principales villes que
sont Yaoundé et Douala.
Mais les populations avaient placé tant
d’espoirs dans l’atteinte de ce point d’achèvement qu’elles attendaient des retombées
180
sous la forme d’annonces plus concrètes,
comme la revalorisation des salaires des
fonctionnaires. Au contraire, les premières
conséquences de ce point d’achèvement
auront été, comme le reconnaissait le
président de la République lui-même, « la
pression fiscale, la pénurie d’énergie et la
hausse des carburants qui ont pénalisé les
entreprises, réduit leur activité et freiné
leurs investissements ».
L’opération de privatisation des entreprises publiques s’est poursuivie avec la
finalisation de la privatisation de la Camair,
dont 51 % de la future compagnie seront
désormais détenus par SN Brussels et son
partenaire camerounais, Cenainvest. Les
autres par ts seront détenues par l’État
camerounais ( 30 % ), le personnel de la
nouvelle entreprise ( 5 % ) et d’autres opérateurs privés camerounais ( 14 % ).
Une équipe du FMI conduite par
Dahaneshwar Ghura, chef de division, est
arrivée à Yaoundé pour une visite d’évaluation du 28 août au 11 septembre 2006.
C’est la première visite de cette équipe
après l’atteinte par le Cameroun du point
d’achèvement de l’initiative PPTE.
AFI 2007
CAMEROUN
SOCIÉTÉ ET CULTURE
Vendredi 23 juin 2006. Ngomo, petite localité située à 40 km de la capitale, Yaoundé :
une collision entre un car et un camion de
sable fait une trentaine de morts. Dimanche
23 juillet à Yemkout, un peu plus loin sur le
même itinéraire : 11 morts. La fin de semaine du 15 août a été plus meurtrière encore,
provoquant plus de 60 morts sur ce même
axe autant que sur d’autres axes reliant la
capitale aux villes de l’intérieur. Depuis le
début de cette année 2006, le rythme des
accidents de circulation, avec son cortège
de morts, s’est accéléré. Avec des chiffres
qui préoccupent désormais les pouvoirs publics et qui mettent particulièrement sur la
sellette les conducteurs de camions,
responsables de
plus de la moitié des
accidents. Le ministre des Transports,
Dakolé Daissala, a
dû convoquer une
ré u n i o n a ve c c e s
chauffeurs, pour
s’entendre dire par
l e u r re p ré s e nt a nt
qu’il leur arrivait souvent de se droguer
pour atteindre les objectifs de rentabilité
imposés par leurs patrons.
Et, de fait, les dernières statistiques
rendues publiques par le bureau des enquêtes et constats d’accidents révèlent que
plus de 3 000 personnes trouvent la mort
annuellement sur les routes camerounaises.
Qui plus est, on soupçonne les statistiques
officielles de ne pas enregistrer tous les
accidents mortels. Les mêmes sources indiquent que les accidents de la circulation
occasionnent des per tes estimées à 50
milliards FCFA chaque année. Et, au rayon
des causes, les données fournies par le ministère des Transports établissent que 70 %
des accidents résultent des défaillances des
automobilistes, contre 20% pour cause de
dysfonctionnements mécaniques, et 10 %
imputables au mauvais état des routes.
Autre problème d’insécurité et source
de mort, les braquages qui se sont accentués
au cours de l’année 2006, notamment dans
la capitale économique. Principales cibles :
les stations-services et les sociétés de coopérative et d’épargne, souvent dépouillées
avec la complicité des gardiens. Les enquêtes de police ne produisent pas toujours les
résultats escomptés et certaines victimes
AFI 2007
ont parfois accusé la police de complicité
avec les braqueurs. Une hypothèse qui
n’est pas à exclure, tellement les hommes
en tenue sont quotidiennement traînés
devant les divers tribunaux du pays : pour
escroquerie, abus de pouvoirs, etc.
L’a n n é e s c o l a i r e 2 0 0 5 - 2 0 0 6 a u r a
été marquée par la décision prise par le
ministère en charge des Enseignements
secondaires de fermer des classes terminales
spéciales qui permettaient jusque-là à des
candidats camerounais non titulaires du
probatoire ( diplôme encore en vigueur au
Cameroun ) d’aller présenter le baccalauréat
au Tchad ( où le probatoire n’est pas exigé ).
Cette mesure a créé un véritable désordre
dans la participation des Camerounais au
bac tchadien, généralement organisé par
des promoteurs parfois sans scrupules.
Le Cameroun présente heureusement
un visage plus reluisant dans le domaine
culturel. L’année 2006 a confirmé cette
vitalité culturelle. Trois festivals ont animé
la capitale : la 10 e édition du Festival du
cinéma Les Écrans noirs, le Festival des
arts et du théâtre pour l’enfant africain
( FATEA ) et le Festival de musique A Bôk
i Ngoma. Le cinéaste Basseck Ba Kobhio
et sa compagnie ont choisi de retracer en
deux documentaires la saga du festival,
sorte de parcours de production s’étendant sur les années pendant lesquelles les
images ont parlé d’elles-mêmes. Le public
a redécouvert des figures comme Sembène
Ousmane, Gaston Kaboré ou Idrissa Ouédraogo. Soulignons enfin l’émergence de
jeunes musiciens qui font une explosion
du rap en l’adaptant aux rythmes de la
culture africaine. Parmi les principaux
novateurs de ce style figurent des noms
comme le groupe X-Maléya, Accent grave,
Krotal et bien d’autres.
181
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
CAP-VERT
Mbaye DIOUF 
Université Laval 
[email protected]
E
POLITIQUE
n 2006, le Cap-Vert a poursuivi ses
efforts en matière de développement
économique et culturel et de coopération internationale.
Le Cap-Vert s’est, par ailleurs, distingué par sa participation active à la XXI e
Conférence des directeurs des douanes
de la Communauté des pays de langue
portugaise ( CPLP ) qui s’est tenue au mois
d’octobre 2006 à Lobito, en Angola. Cette
conférence faisait le point sur l’exécution
des conventions sur la coopération signées
par les États membres.
L’année 2006 a vu la redynamisation
de la coopération avec la République
populaire de Chine, avec laquelle les
perspectives économiques sont immenses. Une délégation de l’Association du
peuple chinois pour l’amitié
avec les pays étrangers ( APCAPE ) a d’ailleurs effectué
une visite au Cap-Ver t en
septembre dans le cadre du
renforcement des relations
institutionnelles et d’amitié entre les deux pays.
Le président cap -verdien
Pedro Pirès a participé, au
m o i s d ’o c to b re, a u S o m m e t e x t ra o rd i n a i re d e l a
Communauté économique
des États de l ’Afrique de
l’Ouest ( CEDEAO ) à Abuja,
au N igéria, consacré à la
situation en Côte d’Ivoire.
La rencontre a décidé de la
prolongation, pour un an
encore, du mandat du président ivoirien
Laurent Gbagbo.
Au plan social, l’actualité reste marquée
par ces réfugiés africains sur des embarcations de for tune
qui débarquent sur
les côtes espagno les des Canar ies à
l ’a i d e d e p i ro g u e s
et au péril de leur
vie. Le Cap-Vert n’est
pas épargné par ce
dramatique phénomène. Parmi les
quelque 26 000 candidats à l’émigration
clandestine arrivés
en Espagne depuis le début de l’année, on
compte environ 900 enfants
mineurs non accompagnés,
ve n u s p r i n c i p a l e m e nt d u
Sénégal, de la Mauritanie,
de la G ambie et du Cap Ve r t. L a c a u s e p r i n c i p a l e
de cette ruée vers l’Europe
est la pauvreté, le chômage
e t l e d é n u e m e nt q u e v i t
la jeunesse africaine. Mais
l’Europe n’est pas l’Eldorado,
comme la plupart le pensent.
L’immigration clandestine a
aussi ses revers, comme le
cas de cette jeune lycéenne
cap -verdienne en France,
expulsée en octobre 2006
vers son pays parce qu’elle
n’avait pas de papiers.
ÉCONOMIE
Le gouvernement continue de déployer
de grands efforts à l’endroit de l’une des
principales activités économiques du pays,
la pêche. Le pays joue un rôle actif au sein
du Comité des pêches pour l’Atlantique
Centre-Est ( COPACE ) qui regroupe les États
riverains de l’océan Atlantique. La XVIII e
commission de ce comité s’est déroulée
en octobre à Douala, au Cameroun, et a
182
planché sur l’adoption d’un plan d’action
commun visant une exploitation et une
gestion durables des ressources halieutiques
dans un contexte mondial marqué par la
surexploitation de ces ressources.
L’autre sec teur d’ac tivité d’importance, l ’agr iculture, a aussi concentré
les effor ts de l’État compte tenu de sa
fragilité due au manque des pluies, à la
AFI 2007
CAP-VERT
sécheresse et à la menace acridienne.
Mindelo, sur l’île de Sao Vicente, a ainsi
a b r i té e n s e p te m b re l a ré u n i o n s o u s régionale sur les perspectives agricoles
et alimentaires au Sahel et en Afrique
occidentale, sous la houlette du Comité
per manent inter-États de lutte contre
la sécheresse ( CILSS ) et du ministère
cap -verdien de l ’Environnement et de
l’Agriculture ( MAA ).
CULTURE
Sur le plan culturel, le pays, comme avant,
a été fidèle à sa réputation de raffinement
culturel. Les têtes d’affiche de la chanson
cap-verdienne se sont produites dans les
différents festivals du monde, à commencer
par la diva nationale, Cesaria Evora.
M ais l ’événement culturel majeur
en 2006 est sans doute la célébration en
octobre 2006 à travers tout le pays du 100e
anniversaire de la naissance de l’ex-président et poète sénégalais Léopold Sédar
Senghor. L’Association pour la défense
de l ’environnement et du développ e ment ( ADAD ) et l’Institut international
d e d ro i t d ’ex p re s s i o n e t d ’i n s p i rat i o n
f r a n ç a i s e ( I I D E I F ) a u C a p - Ve r t , o n t
élaboré un ambitieux programme pro posant expositions, colloques sur la vie
et l’œuvre de Senghor, activités culturelles en collaboration avec des écoles de
la capitale cap-verdienne et du Centre
culturel français, tournoi de football, etc.
Pour les organisateurs, la célébration du
centenaire de la naissance de Senghor par
des activités culturelles et sportives révèle
l’importance du rôle de la culture et du
sport dans l’édification de la Francophonie, surtout en cette année où l’on célèbre
le 10 e anniversaire de l’adhésion du CapVert à l’Organisation internationale de la
Francophonie ( OIF ).
Sur le plan sportif, le Cap-Vert a participé à différentes compétitions continentales
0
AFI 2007
500 km
et internationales. Le pays a été représenté
par une forte délégation d’une soixantaine
d’athlètes à la première édition des Jeux
de la lusophonie, tenue en octobre sur le
territoire chinois de Macao. Le nouveau
président du Comité olympique cap-verdien
( COC ), le journaliste de l’Agence cap-verdienne de presse Infopress, Franklin Palma,
a déployé de gros efforts pour permettre
une prestation plus qu’honorable du pays
dans des disciplines comme le basketball, le volley-ball de plage, l’athlétisme,
le taekwondo et le football. À propos du
football, l’équipe nationale cap-verdienne
revient dans la course des éliminatoires de la
Coupe d’Afrique des nations ( CAN ) dont la
phase finale se déroulera en 2008 au Ghana,
après une défaite devant la Gambie ( 0-2 ) et
une victoire sur la Guinée ( 1-0 ). Le Cap-Vert
occupe la 113e place au classement mondial
de la Fédération internationale de football
association ( FIFA ).
De bonnes perspectives se dessinent à
propos des infrastructures sportives grâce
à la coopération chinoise et à la FIFA. La
Chine, en effet, financera la construction
d’un stade de football dans la localité de
Achada de Sao Filipe, à Praia. Les travaux
débuteront en 2007 et comprendront un
terrain de football avec une pelouse naturelle et une piste d’athlétisme à couvert
synthétique ( tartan ). Le nouveau stade
permettra au pays de nourrir l’ambition
d’organiser de grands événements
internationaux comme la CAN.
La coopération avec la FIFA
permettra au pays de bénéficier
du projet « Gagner Afrique », qui
vise à l’aider à restructurer son
football dans plusieurs domaines.
« Gagner Afrique » entre dans
le cadre de l’organisation de la
première Coupe du monde sur le
continent africain, prévue pour
2010 en Afrique du Sud. En 2004,
la FIFA avait attribué au Cap-Vert
les projets « Goal 1 » et « Goal 2 »
qui ont permis la construc tion,
à Praia, du siège de la Fédération
camerounaise de football ( FCF ) et
d’un Centre de stage.
183
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
CENTRAFRIQUE
Samba KHONTÉ COULIBALY 
Université Laval
[email protected]
Le 15 mars 2003, le général Bozizé devient l’homme fort du Centrafrique à la suite
d’un énième coup d’État. Il met ainsi fin à 10 ans de règne sans partage de Ange-Félix
Patassé. Aujourd’hui, il suffit de consulter les pages d’accueil des vitrines Internet
reflétant l’actualité africaine pour se rendre compte que le Centrafrique a dépassé la
zone de turbulences. En 2005 déjà, les élections présidentielles avaient confirmé le
président Bozizé à son poste. Cette onction démocratique lui a valu une révision à
la hausse de sa marge de crédit. C’est donc dire qu’il possède toutes les cartes pour
déployer les réformes essentielles, et il s’y emploie.
A
POLITIQUE
lors que le Centrafrique tourne le dos
aux conflits internes qui ont ruiné
son économie, il semble faire les
frais du conflit entre le Soudan au nord et
le Tchad à l’est. Ces pays voisins se livrent
une guerre par milices interposées. Cette
guerre affectant les populations aux frontières exaspère les Centrafricains. Le général
François B ozizé a
repris le commandement de la tourelle
et a tranché net :
plusieurs officiers
généraux et supé rieurs ont été démis pour « manque de
courage ». Il leur est reproché de mener
des actions inefficaces contre les incursions
étrangères et de n’opposer qu’une faible résistance aux assauts des belligérants voisins
qui menacent l’intégrité de son territoire et
la sécurité de ses habitants.
Parallèlement à ces mesures affectant
la hiérarchie militaire, Bangui mène une offensive diplomatique discrète mais efficace
auprès du Tchad et du Soudan. Au même
moment, des voix s’élèvent pour lier ces
troubles à l’enjeu pétrolier du Darfour, une
région en proie à une guerre civile à la fois
silencieuse et ravageuse.
Au plan intérieur, l’Assemblée a accordé au président, dès le 30 décembre
2005, le droit de légiférer par ordonnance, en vue de prendre des mesures
d’urgence qui s’imposent. Cette mesure
provisoire inter vient au moment où
u n p a r t i m a j e u r d e l ’o p p o s i t i o n , l e
Mouvement de libération du peuple
ce n t r a f r i c a i n ( M L P C ) , p ré c é d e m m e n t
184
CENTRAFRIQUE
Géographie
Pays de savanes, cultures vivrières,
plantations de café et de coton.
Histoire
➤ XIX e s. Le pays, peuplé de Pygmées
et de Bantous, est ravagé par la traite
des Noirs.
➤ 1896-1898 Après l’Anglais Stanley, le
Français Marchand explore le pays qui
devient colonie française en 1905, sous
le nom d’Oubangui-Chari.
➤ 1958 Proclamation de la République
centrafricaine, dans le cadre de l’Union
française.
➤ 1960 ( 13 août ) Indépendance. David
Dacko, président à la mort de Boganda.
➤ 1966 ( 1er janv. ) Coup d’État du ­général
Jean-Bedel Bokassa qui devient président
à vie ( 1972 ), puis empereur ( 1976 ).
➤ 1979 Avec l’aide de la France, la République est rétablie par David Dacko.
➤ 1981 Coup d’État militaire d’André
Kolingba qui permet, en 1991, le multipartisme.
➤ 1993 Ange-Félix Patassé élu président.
➤ 1994 Nouvelle Constitution.
➤ 1996 Mort de Bokassa ; mutinerie et
troubles à Bangui ( 1997 ).
➤ 1999 ( oct. ) Réélection de Patassé.
➤ 2001 ( mai ) Tentative de coup d’État
revendiqué par Kolingba.
➤ 2003 Coup d’État. Patassé est remplacé par François Bozizé.
AFI 2007
CENTRAFRIQUE
affilié à l’ancien président Patassé, s’est
scindé en deux branches : l’une radicale,
voire armée, et l’autre au discours plus
républicain.
Quant au président Patassé en exil, la
justice l’a condamné par contumace à 20
ans de travaux forcés et quelque 10 000 e
d’amende.
ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ
Le président centrafricain s’était dit sensible aux recommandations extérieures
portant sur la corruption dans son pays.
Le secteur douanier étant régulièrement
dénoncé, c’est donc lui qui a été dissous
cette année. Annoncée le 11 juin par
le président en personne, cette réforme
avance à grands pas. Des mutations
d’agents sont déjà intervenues au cours de
l’année, un comité d’exception a été érigé
pour donner une nouvelle orientation à
ce corps d’élite gangrené par la corruption. Or, cette corruption était devenue
insupportable. En plus de soustraire des
recettes fiscales importantes aux caisses
de l’État, elle favorisait la contrebande des
ressources naturelles centrafricaines telles
que le bois – dont les essences sont réputées – et les diamants qui sont à ce jour
les principaux arguments de la balance
commerciale du pays.
C’est aussi un signal fort envoyé aux
bailleurs de fonds pour les inciter à investir
en rétablissant une relation de confiance.
Au début de l’année, les délégations des
organisations de Bretton Woods se sont
rendues à Bangui pour relancer l’aide
multilatérale. Dès février 2006, le Fonds
monétaire international ( FMI ) promettait 10,2 millions US $ sous forme d’aide
« postconflit ». Le bilan de cette aide étant
satisfaisant, les experts internationaux en
visite de terrain ont estimé pouvoir conduire un vaste programme de reconstruction
échelonné sur trois ans.
D’ores et déjà, les fonds alloués permettent de renflouer les caisses de l’État
pour payer les fonctionnaires, améliorer
l’état sanitaire des hôpitaux et réhabiliter
les infrastructures en déliquescence.
D’un autre côté, des solutions sont à
l’épreuve pour faciliter l’accès des femmes
au microcrédit, prémices d’une reprise en
main du pays par ses populations.
Bulle technologique
L’engouement des Centrafricains pour le mobile ne se dément pas. Pas moins de
quatre opérateurs de téléphonie cellulaire se disputent les faveurs du marché. En
effet, l’opérateur public Socatel doit faire face désormais à Télecel, Nation Link et
à A-Cell RCA. Ces quatre acteurs se partagent quelque 120 000 abonnés pour un
marché estimé à 1 200 000 abonnés à l’horizon 2010.
D’ores et déjà, cette frénésie gonfle les recettes budgétaires de l’État, permet de
désenclaver des zones rurales et autorise des investissements étrangers en provenance
de la France, de la Chine et tout récemment des Émirats arabes unis.
CÔTE D’IVOIRE
Kanaté DAHOUDA 
Professeur d’études francophones aux Collèges universitaires Hobart et
William-Smith, Geneva, New York ( É.-U. ) 
[email protected]
Depuis le 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire est confrontée à une crise militaropolitique qui a des répercussions majeures sur les plans social, économique et
culturel. Pour débloquer la situation, plusieurs négociations de paix et différentes
médiations diplomatiques ont marqué le cours de l’année 2006, mais ces efforts ne
semblent pas mener à la réconciliation nationale tant recherchée par les Ivoiriens
et la communauté internationale.
AFI 2007
185
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
L
POLITIQUE
e 31 oc tobre
2005, date
d ’e x p i r a t i o n
de son mandat,
Laurent Gbagbo a
été maintenu comme chef de l’État de
la Côte d’Ivoire. La
résolution 1633 du
21 octobre 2005 du
Conseil de sécurité
de l’Organisation des Nations Unies ( ONU )
a entériné cette situation provisoire, tout en
transférant presque
tous les pouvoirs
à un premier mi nistre, Charles
K o n a n B a n n y, e t
à un Groupe de trava i l i nte r n at i o n a l
( GTI ), qui a élaboré
une feuille de route.
Celle-ci prévoit, entre autres, la mise
en œuvre simultanée des opérations
de désarmement, de redéploiement de
l’administration et les audiences foraines
en vue de l’identification des électeurs.
La matérialisation de ces opérations était
censée déboucher sur la réunification
du pays et la tenue d’élections générales
libres, justes et transparentes, au plus tard
le 31 octobre 2006. Les audiences foraines,
jugées essentielles à la sortie de la crise, ont
malheureusement été entachées par la violence et boycottées par le Front populaire
ivoirien, sous prétexte qu’elles préparaient
la fraude et le bradage de la nationalité
ivoirienne.
Et pourtant, la communauté internationale croyait que la rencontre de haut
sommet tenue le 5 juillet 2006 à Yamoussoukro par le secrétaire général de l’ONU,
Koffi Annan, avec les acteurs de la crise ivoirienne, avait réussi à aplanir les divergences
idéologiques en faveur de la réconciliation
nationale. Mais il lui a fallu se rendre à
l’évidence : le syndrome de l’ivoirité a la
vie dure. Pour sortir le pays de l’impasse,
les principaux acteurs de la crise ivoirienne
ont encore été invités à New York, le 20
septembre, à un mini-sommet d’évaluation
sur le processus de paix et sur la feuille de
route. Le chef de l’État ivoirien n’a pas jugé
bon de faire le déplacement à New York.
186
CÔTE D’IVOIRE
Géographie
Trois zones climatiques définies par les
précipitations ( de 1,2 m à 2 m ).
Histoire
➤ XVIe-XIXe s. Nombreux royaumes.
➤ 1893 Création de la colonie française
de Côte d’Ivoire.
➤ 1960 ( 7 août ) Indépendance. Félix
Houphouët-Boigny président ( réélu
jusqu’à sa mort ).
➤  1983 Érection de Yamoussouk ro,
village natal d’Houphouët-B., en capitale.
➤ 1989 Constitution d’une ligue ivoirienne des droits de l’homme.
➤ 1990 ( 5 mai ) Multipartisme. ➤ 1993 ( 7 déc. ) Décès d’HouphouëtBoigny ; Henri Konan Bédié, président
du parlement, lui succède.
➤ 1995 ( 22 oct. ) Première élection
présidentielle depuis la mor t de
Houphouët-Boigny. Élection de Konan Bédié.
➤ 1997 Amendement de la Constitution et du code électoral.
➤ 1999 ( 24 déc. ) Coup d’État du général Robert Guéï.
➤ 2000 II e République. Oct. : élections
présidentielles : victoire de L. Gbagbo.
« Révolution d’Octobre » : chute de
Guéï et émeutes. Législatives sous haute
surveillance. Boycott du RDR, après le
rejet de la candidature de son chef.
➤ 2002 Rébellion, puis gouvernement
de réconciliation. Seydou Diarra premier ministre.
➤ 2003 Accords de Linas-Marcoussis
pour la reprise du dialogue politique
et la réconciliation.
➤ 2004 Accords d’Accra III pour appliquer les accords de Marcoussis et
procéder au désarmement des belligérants.
➤ 2005 ( 4-6 avril ) Sous l’égide de Thabo
Mbeki, les principaux acteurs de la crise
ivoirienne se retrouvent à Pretoria où ils
signent un accord visant à mettre un
terme au conflit en Côte d’Ivoire.
➤ 2006 ( 20 sept. )Mini-sommet de New
York pour l’évaluation de la feuille de
route et le processus de paix.
AFI 2007
CÔTE D’IVOIRE
Si la rencontre à New York n’a pas été une
réunion de décision, elle a toutefois permis
de constater officiellement que les élections
présidentielles ne pouvaient pas se tenir à la
date du 30 octobre 2006, en raison des obstacles politiques. Lors de cette rencontre,
on a aussi souligné l’urgence de prendre des
mesures dérogatoires pouvant conduire à la
tenue d’élections crédibles susceptibles de
pacifier la nation ivoirienne. L’Union africaine ( UA ) et la Communauté économique
des États de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO )
ont été invitées à faire des propositions
allant dans ce sens.
Un autre fait majeur qui a honteusement marqué la situation sociopolitique
en Côte d’Ivoire est le scandale des déchets
toxiques. Déversés à plusieurs endroits à
Abidjan, ces déchets, qui seraient venus
d’Amsterdam, auraient occasionné la mort
d’une dizaine de personnes, au moment
où les hôpitaux débordaient de milliers de
malades intoxiqués. Le scandale n’a pas
manqué d’éclabousser la classe politique
ivoirienne en entraînant la démission
du gouvernement de 2005. Une nouvelle
équipe gouvernementale a été formée le 16
septembre 2006, toujours sous la houlette
du premier ministre Banny. Cette affaire
scabreuse et pestilentielle a assombri un
paysage social défiguré par un conflit militaro-politique qui s’éternise dans le temps,
avec son lot inquiétant d’injustices et de
violences absurdes. Pour permettre aux
Ivoiriens de renouer avec la paix, une nouvelle résolution de l’ONU a été adoptée le
1 er novembre à New York. Cette résolution
a encore prolongé d’un an les mandats de
Gbagbo et Banny, mais en donnat au premier ministre des « pouvoirs élargis » pour
réunifier le pays et organiser des élections,
sans cesse reportées depuis 2005.
ÉCONOMIE
Comme les années précédentes, l’année
2006 a été gravement marquée par les effets
persistants de la crise militaro-politique.
Face à la situation de morosité économique,
Adé Mensah, secrétaire général de l’Union
générale des travailleurs de Côte d’Ivoire,
a exprimé, le 1 er mai 2006, son ras-le-bol
à l’occasion de la fête du travail : « Nous
avons enregistré, çà et là et presque au
quotidien, des licenciements massifs, des
délocalisations, des fermetures d’entreprises ». Au cours de la même cérémonie, les
travailleurs ont déploré le contraste grossier
entre le train de vie de l’État et la grave récession économique qui sévit dans le pays.
Cette récession a non seulement transformé
le panier de la ménagère en sachet, mais elle
a également provoqué la désorganisation
des circuits de stockage, d’évacuation et
de distribution des produits commerciaux,
ainsi que la baisse des activités et des recettes portuaires. Certes, sur les deux premiers
mois de l’année 2006, on a remarqué que
le trafic du port autonome d’Abidjan a enregistré une hausse de 21,9 % par rapport à
la même période en 2005, soit 2,87 millions
de tonnes. Mais ces bons résultats n’ont pas
réussi à tromper la vigilance de la Mission
économique de l’ambassade de France à
Abidjan qui constate que « le trafic reste
bien en deçà de celui de l’année 2004, à 3,1
millions de tonnes ». En ce qui concerne les matières premières agricoles, des experts
estiment, par exemple, que les exportations
AFI 2007
ivoiriennes de cacao, sur la campagne d’octobre 2005 à mars 2006, ont atteint 837 000
tonnes, soit 10 000 tonnes de moins que
l’année précédente. Quant à la production
bananière, elle aurait enregistré une forte
baisse : de 10 000 hectares par le passé, la
filière banane occupait en mai 2006 une
superficie de 6 000 hectares. Tout comme
la banane, l’ananas connaîtrait depuis 2004
des tendances à la baisse.
Les observateurs nationaux et internationaux s’accordent pour reconnaître que
la relance des activités économiques passe
non seulement par le rétablissement du
contrat de confiance entre les opérateurs
économiques, mais aussi par le raffermissement des liens sociaux affaiblis par les
errements de la guerre. Le chef de l’État
ivoirien l’a admis en maintes occasions,
en affirmant publiquement que « dès que
la guerre prendra fin, la croissance économique va bondir ». Son premier ministre
ne pense pas autrement, puisque, lors du
Forum économique du 31 mars 2006, il a
fait de la « refondation des esprits et des
cœurs » l’une des conditions de reprise du
dialogue économique entre le secteur privé
et l’État. La démarche du Mouvement des
entreprises de France ( MEDEF ) s’inscrit
dans la même logique. Reçue en audience
par le chef de l’État, en juillet 2006, cette
délégation du patronat français n’a pas en
effet manqué de faire savoir sa volonté de
poursuivre ses investissements en Côte
187
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
d’Ivoire, mais seulement quand le pays aura
renoué avec la normalisation de sa situation
sociopolitique. Rappelons que l’absence
d’un climat social propice à la croissance
économique et à la paix avait occasionné
la mise à l’écart de la Côte d’Ivoire par le
Groupe des 8 puissants du monde dans
leur décision du mois de juin 2005 de faire
bénéficier immédiatement 18 pays ( parmi
les pays les plus pauvres au monde ) d’une
annulation de leurs dettes envers le Fonds
monétaire international ( FMI ), la Banque
mondiale ( BM ) et la Banque africaine de
développement ( BAD ). En juillet 2006,
le même scénario s’est répété puisque les
bailleurs de fonds de la BM n’ont pas jugé la
Côte d’Ivoire éligible pour une annulation
de ses dettes dans le cadre de l’Initiative
en faveur des pays pauvres très endettés
( PPTE ). Certains optimistes auraient perçu
des éclaircies dans ce tableau sombre de
l’économie ivoirienne. Mais, pour les plus
réalistes, seule la stabilisation de la situation politique et la réconciliation nationale
constituent les véritables gages d’un retour
vers la prospérité économique que l’année
2006 n’a pas su apporter. Au grand désespoir des maillons faibles de la République,
qui savent aussi bien que la communauté
internationale que la Côte d’Ivoire est un
« gisement formidable » qui se gaspille dans
sa guerre intestine.
CULTURE ET SOCIÉTÉ
Des événements majeurs ont rythmé la vie
culturelle en 2006. On songe notamment
à la Journée internationale de la Francophonie tenue en mars 2006 au palais de
la Culture. Cette journée a été marquée
par des conférences, des concours de
poésie et autres manifestations culturelles
qui ont rendu un vibrant hommage à la
contribution historique de Léopold Sédar
Senghor au projet francophone. Dans le
cadre du lancement de l’Année Senghor en
Côte d’Ivoire, l’École normale supérieure
s’est, par ailleurs, révélée à toute la nation
ivoirienne avec le succès magistral de son
chœur poétique, qui est un ensemble vocal
et artistique. L’art était également à l’honneur au mois de mai 2006 à l’Ivoire Golf
Club où le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, avec le soutien de l’Opération des
Nations Unies en Côte d’Ivoire, a organisé
une exposition des produits originaux de
l’intérieur du pays. Cette exposition allait
dans le sens de la contribution au brassage
et à la réconciliation nationale. Un autre
fait mémorable qui a contribué, ne seraitce que provisoirement, au climat de paix
et d’unité en Côte d’Ivoire fut, sans aucun
doute, la qualification historique de l’équipe les Éléphants pour la Coupe du monde
du football lors du Mondial 2006 tenu en
Allemagne. Mais cette qualification n’a pas
réussi à exorciser, de façon permanente, les
démons de la crise que le pays traverse.
La crise en question a inspiré de nombreuses publications qu’on peut diviser en
deux grandes catégories. D’une part, nous
avons les ouvrages à tendance idéologique
qui s’inscrivent dans la veine du militantisme ou de la résistance politique. C’est
188
le cas de l’essai de Charles Blé Goudé,
dirigeant des Jeunes
patriotes et fervent
partisan de Gbagbo.
Publié sous le titre
de Crise ivoirienne.
Ma part de vérité, ce
livre évoque, entre
autres, les relations de son auteur avec la
France, le chef de l’État ivoirien et les autres
protagonistes de la crise ivoirienne. D’autre
part, nous avons les œuvres d’imagination
qui jettent un regard lucide sur la situation
ivoirienne, sans par ti pris idéologique.
C’est le cas du roman de Véronique
Tadjo intitulé Reine
Pokou. Cette œuvre
s’inspire de l’histoire d’un des mythes
fondateurs de la
Cô te d ’ I vo i re, ce lui d’Abraha Pokou
du royaume d ’Ashanti. « Relire ce
mythe à la lumière
du concept d’ivoirité permet de remettre
les chose à leur place », explique Tadjo.
L’auteure ivoirienne s’est vu remettre, lors
du Salon du livre de Paris ( 17-22 mars
2006 ), le grand prix littéraire d’Afrique
noire que lui avait attribué en novembre
2005 l’Association des écrivains de langue
française pour l’ensemble de son œuvre.
Un honneur que beaucoup d’Ivoiriens ont
salué dans un élan de fierté collective. Et
cela, au-delà des mesquineries politiques
et des divisions ethniques engendrées par
l’idéologie sous-tendant l’ivoirité.
AFI 2007
DJIBOUTI
Ismael MAHAMOUD HOUSSEIN 
Université de Djibouti 
[email protected]
POLITIQUE
L
’é v é n e m e n t p o l i t i q u e m a r q u a n t
de l’année est sans doute la tenue,
pour la première fois, d’élec tions
communales dans l’histoire du pays. Ces
élections s’inscrivent dans le cadre de la
mise en place de la décentralisation qui
était un des points importants de l’accord
de paix de mai 2001 qui a permis la fin de
la guerre civile.
Dans la région de Djibouti, la plus
grande commune, Boulaos, a été gagnée
par la liste du R a s s e m b l e m e nt p o p u laire pour le progrès ( RPP ), membre de
la coalition au pouvoir avec l’Union pour
la majorité présidentielle ( UMP ), avec
49,05 % des suffrages exprimés, soit 54
sièges, suivi par la liste indépendante Citoyen qui recueille 32,54 % des suffrages,
soit 11 sièges. En dernier lieu, le Front
pour la restauration de l’unité et de la
démocratie ( FRUD ), membre également
de la coalition au pouvoir, se contente de
18,41 % des voix, soit six sièges.
Pour la commune de Balbala, le RPP
arrive en tête avec 48,64 % des voix en gagnant 22 sièges sur un total de 29, suivi par
la liste indépendante Droit et justice avec
20,55 % ( trois sièges ), le Parti populaire
social démocrate ( PSD ) avec 15,44 % ( deux
sièges ), et enfin le FRUD avec 15,37 %
( deux sièges ).
Pour la région d’Ali-Sabieh, les deux
listes en compétition, à savoir le RPP et
Ensemble pour l’avenir, se sont répartis
les sièges comme suit : sur les 20 sièges,
18 reviennent au RPP et deux, à Ensemble
pour l’avenir.
DJIBOUTI
Rép. de Djibouti : un petit État de
23 000 km 2 , et de quelque 700 000
habitants, situé en Afrique de l’Est.
Géographie
Sol désertique en basse altitude et végétation méditerranéenne en montagne
( forêt du Day ).
Point culminant à 2 200 m. Le port de
Djibouti est le débouché du commerce
éthiopien.
Histoire
➤ 1888 Le Français Lagarde s’installe à
Djibouti et construit un port moderne.
➤ 1896 Colonie sous l’appellation de
Côte française de Somalie.
➤ 1946 Territoire d’outre-mer.
➤ 1958 et 1967 Référendums sur le
maintien des liens avec la France.
➤ 1977 Indépendance du pays : il devient
une République. La France y maintient
une importante base militaire.
➤ 1991-93 Accroissement des tensions
entre Afars et Issas ; reflet des événements
politiques affectant les pays voisins.
➤ 1994 Signature d’un accord de paix;
l’instabilité politique persiste.
➤ 1999 La France prévoit de réduire ses
effectifs militaires sur trois ans.
➤ 2000 ( fév. ) Nouvel accord de paix
( libération de prisonniers et retours
d’exil ).
➤ 2003 Premières élections législatives
pluralistes : l’UMP l’emporte.
ÉCONOMIE
Pour l’année 2005, le PIB a affiché une
croissance réelle de 3 %, soit le même taux
que l’année 2004, avec un accroissement
annuel de 2,8 %. Cette faiblesse de la
croissance n’a pas permis une amélioration
significative du revenu par habitant. Cette
conjoncture difficile est à rapprocher avec
les chocs exogènes, en particulier l’appréAFI 2007
ciation de l’euro envers le dollar américain
auquel le franc djiboutien est rattaché, la
hausse du prix des produits pétroliers et le
repli de l’activité portuaire. Au niveau des
comptes publics, le dérapage des dépenses
courantes de l’État a eu pour conséquence
une accumulation d’arriérés de paiement
envers les fournisseurs de l’État ainsi que
189
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
sur le remboursement des prêts. L’apport
de ressources extérieures dans le cadre
de la coopération militaire a cependant
contribué à maintenir le défit budgétaire
à 2,1 % du PIB au cours de la période
2004-2005.
La conjoncture morose de l’année
2005 n’a pas découragé pour autant les investisseurs étrangers qui ont su détecter les
opportunités que pourrait offrir une petite
économie portuaire, certes sans ressources
naturelles, mais néanmoins privilégiée par
sa position géostratégique dans la région.
C’est tout naturellement que des secteurs
comme le tourisme, le domaine bancaire ou
celui du transport ont bénéficié de l’apport
des capitaux extérieurs.
Banque, la fin du duopole
Jusque-là, le secteur bancaire était
dominé par deux
filiales de grandes
banques françaises :
la Banque pour le
commerce et l’industrie mer Rouge
( B N P Pa r i b a s ) e t
B a n q u e I n d o s u e z M. Ismail Omar Guelleh inaugurant
la Banque Saba Islamic Bank
m e r R o u g e ( C ré dit agricole ). Le système financier était
beaucoup moins per formant, comparativement à celui d’autres petits États ou
pays voisins. En effet, il fournit surtout
des services financiers à court terme et
l’intermédiation bancaire est, d’une part,
assez faible et, d’autre part, onéreuse pour
ceux qui sollicitent des prêts, compte tenu
du comportement de minimisation des
risques des banques. Le différentiel élevé
de 13 % entre les taux des prêts et des dé-
pôts témoigne de l’inefficacité du système
bancaire djiboutien. Les deux grandes banques commerciales se comportent surtout
comme des caisses d’épargne, la préoccupation centrale étant plus en relation avec
la collecte des fonds qu’avec la distribution
des crédits au système productif.
Depuis le 25 juin 2006, une nouvelle
banque à capitaux yéménites, la Saba
Islamic Bank, a ouvert ses portes. Cette
filiale de la première banque yéménite
dotée d’un capital de 400 millions US $
travaillera pour commencer avec une société saoudienne d’exportation de bétail
à par tir de Djibouti, ainsi que dans le
domaine des promotions immobilières.
Une autre banque ayant obtenu l’agré ment de la banque centrale de Djibouti
a ouvert ses portes le 3 septembre 2006.
I nter national Commercial Bank ( ICB ),
filiale du groupe ICB Ltd, est une banque malaisienne installée dans d’autres
pays d’Afrique, entre autres la Tanzanie
et le Ghana. Déjà, ICB a fait une entrée
offensive en affichant des taux d’intérêt
légèrement inférieurs par rapport à ses
concurrents ( 8 à 12 % ).
Le d é c l o i s o n n e m e n t d u p a y s a g e
bancaire fait naître beaucoup d’espoirs
chez les petits entrepreneurs djiboutiens
qui ne savaient plus où aller pour trouver
un financement à leurs projets. L’attitude
de prudence exagérée des banques qui se
traduit par la recherche maximale de garantie et une absence quasi totale de prise
de risques conjuguée avec la faiblesse des
garanties des micro-entreprises fait qu’à
Djibouti, crédit bancaire et micro-entreprises forment un couple difficile à réunir.
Toutefois, ce regain d ’intérêt des
En février 2006, un terminal pétrolier appelé Horizon Djibouti Terminal a vu le
jour. Il a été financé par l’Emirates National Oil Corporation ( ENOC ) à hauteur de
30 millions US $ et par le port de Dubaï à hauteur de 20 millions US $. Ayant une
surface conçue pour les futures activités liées aux hydrocarbures, ce terminal pétrolier
a été équipé selon les normes de sécurité modernes. Il a également des capacités de
pompage qui permettront aux navires de pouvoir être déchargés rapidement dans
les meilleures conditions possibles. Les quais du terminal pétrolier pourront en
effet recevoir des bateaux d’un tirant d’eau variant de 17 à 20 m, ce qui permettra à
Djibouti d’avoir l’une des infrastructures portuaires les plus modernes de la région.
Actuellement, avec une capacité de stockage de 240 000 m 3, le terminal pétrolier va
évoluer dans une seconde phase pour se situer à environ 340 000 m 3. Ce projet ne
constitue que la première étape d’un vaste ensemble économique qui comprend un
terminal à conteneurs et une zone franche avec un coût de 300 millions US $.
190
AFI 2007
DJIBOUTI
investisseurs étrangers dans le secteur bancaire ne pourrait être pérenne sans réforme
profonde et crédible du cadre juridique et
judiciaire des affaires.
L’ouverture en novembre 2006 d’un
hôtel de luxe cinq étoiles constituera certainement une bouffée d’oxygène pour le secteur
du tourisme. La capacité d’hébergement est
aujourd’hui limitée à une offre hôtelière
globale de seulement 685 chambres.
Kempinski Hotel aura une capacité de
700 chambres. Ce premier hôtel cinq étoiles
de Djibouti verra l’inauguration dans un premier temps de 400 chambres, un beach club,
une marina ainsi que des complexes résidentiels destinés à la tenue à Djibouti du Sommet
du Marché commun d’Afrique orientale et
australe ( COMESA ) le 15 nov. 2006.
CULTURE ET SOCIÉTÉ
Naissance de l’Université de Djibouti
Depuis le 7 janvier 2006, la République
de Djibouti s’est dotée d’une université
d e p l e i n exe rc i ce
conforme aux normes internationales
en matière d’enseignement supérieur
LMD ( licence, mastère et doctorat ), en
remplacement du
Abdou Diouf à l’Université de
Djibouti, entouré de gauche à
Pôle universitaire droite
par Abdi Absieh, ministre de
de Djibouti qui dé- l’Éducation nationale, et Aïdid Aden,
livrait jusqu’ici des recteur de l’Université de Djibouti
formations délocalisées des universités
françaises.
Elle est composée de trois facultés :
la Faculté des sciences et des technologies
industrielles, la Faculté de droit, économie,
gestion et filières technologiques tertiaires
et la Faculté des lettres, langues et sciences humaines. La recherche est confiée
à la benjamine de l’équipe dirigeante de
l’université, Souraya Hassan Houssein.
L’ensemble est dirigé par le recteur Aïdid
Aden Guedi.
La tenue de deux colloques internationaux en économie et en géographie ( janvier
et mars 2006 ), réunissant des universitaires
de la région ( Éthiopie, Somalie et Yémen ) et
de France, a sans doute permis à la jeune université de montrer à la société djiboutienne,
au-delà de sa mission première qui est de
dispenser un savoir en formant les ressources
humaines nécessaires au développement
du pays, qu’elle peut et doit impulser des
réflexions, discussions sur des questions
d’actualité dans un esprit d’échange et de
construction. Elle constitue également la
vitrine de la francophonie dans le pays.
C’est à ce titre qu’Abdou Diouf, secrétaire
général de l’Organisation internationale
de la Francophonie ( OIF ), s’est prêté à un
exercice d’échange avec les universitaires
lors de sa visite en mai 2006.
AFI 2007
Djibouti veut devenir le poste avancé
de la culture francophone dans une région
où la langue de Shakespeare est dominante.
Djibouti compte contribuer fortement au
rayonnement de la Francophonie dans
toute la Corne de l’Afrique et sur la mer
Rouge en accueillant dans ses établissements scolaires et dans sa jeune université
des étudiants et élèves de la sous-région.
L’Université de Djibouti accueille déjà
des universitaires tunisiens, sénégalais et
togolais en privilégiant une coopération
Sud-Sud.
Connue par son instabilité, ses guerres
et ses famines interminables, la Corne de
l’Afrique est demeurée au fil du temps une
terre qui a accusé un retard économique
considérable par rapport aux autres régions
du monde. Des analystes ont indiqué à
ce titre que les intellectuels régionaux ne
prenaient pas suffisamment de distance
avec les mythologies de leur culture. Selon
eux, ces mythologies ne sont pas seulement
devenues des carcans qui découragent
toute réflexion libre et indépendante sur
l’histoire et la culture des peuples, elles sont
souvent brandies comme des arguments
pour justifier des injustices économiques
et des dominations politiques, provoquant
des affrontements sanglants.
Conscients de cet état de fait, les
intellectuels de la
région ont décidé
de s’impliquer dans
le développement
économique de la
région en se réunissant dans un
Ali Abdi Farah, ministre de la
forum permanent. Culture et de la Communication, 
et Pierre Sané
Ce forum aura un
secrétariat permanent basé à Djibouti. C’est
dans ce cadre que le sous-directeur régional
de l’UNESCO pour les sciences humaines et
sociales, Pierre Sané, s’est rendu pour une
mission de travail à Djibouti en juin 2006.
191
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
GABON
Hémery-Hervais SIMA EYI 
[email protected]
POLITIQUE
C
andidat à sa propre succession,
Omar Bongo - Ondimba, qui était
opposé à quatre autres candidats,
à l’élec tion présidentielle des 25 et
27 novembre 2005,
est sorti largement
vainqueur avec un
score de 79,18 %.
Ses deux principaux
opposants, Pierre Mamboundou ( chef
de l’Union du peule gabonais, UPG, opposition gabonaise ) et Zacharie Myboto
( candidat indépendant ), ont obtenu respectivement 13,57 % et 6,58 %. Le taux
de par ticipation, selon le bureau de la
Commission nationale électorale ( CNE ),
s’est situé à 60 %, chiffre supérieur à la
précédente consultation présidentielle de
1998, qui avait été de 54,98 %.
GABON
Géographie
Pays équatorial riche et peu peuplé.
Forêts, pétrole, manganèse, uranium.
Histoire
➤ 1849 Libreville fondée par des esclaves libérés.
➤ 1886 Colonie française après Savorgnan
de Brazza, intégrée à l’AÉF en 1910.
➤ 1958 Proclamation de la République
gabonaise.
➤ 1960 ( 17 août ) Indépendance.
➤ 1961 Adoption de la Constitution.
➤ 1967 Décès du président Léon Mba.
Conformément à la Constitution, Omar
Bongo, vice-président, lui succède.
➤ 1986 Inauguration du chemin de fer
transgabonais.
➤ 1990 Multipartisme. Bongo, au pouvoir depuis 1967, est réélu.
➤ 1994 Le Gabon quitte l’OPEP.
➤ 1994 Création du Sénat.
➤ 2002 ( 25 jan. ) Le gouvernement présente sa démission au président Bongo.
➤ 2002 ( 17 mai ) Stratégie de coopération avec l’UE.
192
Après la proclamation officielle des résultats par le ministre chargé de l’Intérieur,
les candidats Mamboundou et Myboto
ont demandé leur annulation auprès de
la Cour constitutionnelle. Les saisines ont
été jugées irrecevables après l’examen des
dossiers des requérants.
Autre fait politique marquant de
l’année : deux mois après la mort de PierreLouis Agondjo-Okawé, le 28 août 2005, le
Parti gabonais du progrès ( PGP ) enregistre
aujourd’hui l’existence de deux tendances
dirigées respectivement par Joseph-Benoît
Mouity-Nzamba et Séraphin Ndaot Rembogo, ce qui plonge plus que jamais ce parti
de l’opposition dans la confusion.
En vue des législatives de la fin de
l’année et dans le cadre d’un dialogue
politique avec l’opposition, le chef de
l’État a accordé le retour au « collège électoral unique », c’est-à-dire le vote en une
seule journée des militaires et du reste de
l’électorat, et la mise en place d’un groupe
paritaire chargé de créer une commission
électorale « autonome, indépendante et
permanente ». Il a également annoncé
l’expérimentation, aux scrutins locaux de
2007, du bulletin de vote unique, censé
rendre plus difficile la fraude, et celle de
la numérisation des empreintes digitales
sur les cartes d’électeurs, limitée dans un
premier temps à la commune de Libreville.
Les principes d’un accès plus équitable de
l’opposition aux médias publics ainsi que
du financement des campagnes électorales
et du plafonnement des dépenses ont été
adoptés. En revanche, l’opposition a essuyé
une fin de non-recevoir sur l’une de ses
principales revendications, soit le retour à
un mode de scrutin à deux tours, supprimé
en 2003 et qui aurait nécessité une révision
constitutionnelle.
Au lendemain
de son investiture,
le président Ondimba a nommé
au poste de pre mier ministre Jean
Eyeghé Ndong,
AFI 2007
GABON
qui occupait le portefeuille de ministre
délégué aux Finances chargé de la Privatisation dans le précédent gouvernement.
Conformément à une règle non écrite,
le nouveau premier ministre est d’ethnie fang et originaire de la province de
l’Estuaire ( où est située Libreville ). Le
nouveau cabinet gouvernemental compte
49 membres, dont 12 femmes, contre
cinq dans l’équipe sortante qui comptait
46 membres. Le nouveau gouvernement
accueille 17 entrants, parmis lesquels
plusieurs membres de la société civile.
Ce g o u ve r n e m e nt co n s e r ve l ’o s s at u re
de l’ancienne équipe de Jean-François
Ntoutoume Emane, la majorité des
por tefeuilles les plus impor tants étant
conservés par leurs titulaires.
À l’issue d’une rencontre à Genève le 27 février 2007 entre les présidents gabonais
Bongo-Ondimba et équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema organisée sous l’égide
et en présence du secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, le Gabon et la
Guinée-Équatoriale vont entamer des négociations pour délimiter leurs frontières
et résoudre leur différend sur trois îles potentiellement riches en pétrole. Les deux
pays ont décidé de procéder immédiatement à la négociation de la délimitation
définitive de leurs frontières maritimes et terrestres et de résoudre la question de la
souveraineté sur les îles de Mbanié, Cocotier et Conga.
Un accord-cadre a été signé à Libreville entre le Gabon et la France. Celui-ci
fixe les axes prioritaires de coopération entre les deux pays. Outre les infrastructures, l’environnement, la santé et l’éducation, ce nouveau cadre fait aussi une place
importante à la formation professionnelle et au développement d’une coopération
directe entre PME françaises et gabonaises.
La Chine et le Gabon entretiennent des relations de coopération et d’amitié
qui n’ont cessé de se renforcer depuis 30 ans.
Le gouvernement gabonais a confié à un groupe d’entreprises chinoises l’exploitation de son important gisement de fer de Bélinga, au nord-est du pays, écartant
du projet le numéro 1 mondial du fer, le Brésilien Vale do Rio Doce. L’exploitation
du site de Bélinga, considéré comme l’un des derniers grands gisements mondiaux
encore inexploités avec des réserves estimées à 1 milliard de tonnes, nécessite la
construction de plus de 200 km de voies ferrées, d’un port en eau profonde et d’un
barrage hydroélectrique.
ÉCONOMIE
Le salaire minimum interprofessionnel
garanti ( SMIG ) est passé de 44 000 francs
CFA à 80 000 FCFA dès le 1er octobre, après
plusieurs années de sevrage. Dans le même
temps, le gouvernement a décidé d’augmenter le point d’indice de 400 à 425. Les
syndicats sollicitaient une augmentation à
132 000 FCFA du SMIG ainsi que le relèvement du point d’indice de 400 à 800.
Depuis le 1 er janvier 2006, la filière
forestière au Gabon est en effervescence.
En toile de fond, la levée du monopole de
l’État sur la commercialisation des grumes
d’okoumés. Cette essence, dont les qualités
sont inégalées pour l’industrie du déroulage
( contreplaqué ), représente plus des deux
tiers de la production annuelle qui oscille
autour de 3 millions de m 3. L’enjeu est de
taille. Si la contribution du bois au PIB reste
faible ( entre 3 % et 4 % ), ce secteur, qui est
AFI 2007
le deuxième employeur du pays après la
fonction publique, fournit 12 % des revenus d’exportation et offre une possibilité de
diversification économique avant le déclin
annoncé de la rente pétrolière.
Le parlement gabonais a adopté la loi
de finances pour 2006, avec un budget de
1 322,2 milliards FCFA ( 2,01 milliards € ),
en baisse de 31,9 milliards FCFA ( 48,6 millions € ) par rapport à 2005, notamment
en raison du tassement des recettes pétrolières.
L’économie gabonaise a connu une
désinflation au cours de l’année 2005. L’Indice des prix à la consommation ( IPC ) qui
sert, entre autres, de base au relèvement du
SMIG – fixe depuis 20 ans – et à l’indexation d’un certain nombre de grandeurs
économiques, a observé en moyenne annuelle un léger repli par rapport à l’année
193
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
La Bourse des valeurs de l’Afrique centrale ( BVMAC ), dirigée par Marlyn MouliomRoosalem, a officiellement débuté ses activités pour réduire le retard par rapport à
l’Afrique de l’Ouest où la culture boursière et l’intégration régionale sont déjà ancrées.
Hébergée dans l’immeuble du ministère des Affaires étrangères du Gabon, la BVMAC
est assimilée à une mission diplomatique. Ce nouvel organisme, fort attendu par
les opérateurs économiques, a pour principales missions d’animer, d’organiser et
de promouvoir le marché boursier sous-régional, d’admettre des valeurs à la cote
officielle et de diffuser l’information boursière. La surveillance et le contrôle des
séances de cotation font également partie de ses attributions.
2004. Une détente sur la pression des prix à
mettre selon la Banque des États d’Afrique
centrale, au profit d’un ensemble de mesures d’assainissement des finances publiques
et de réformes structurelles entreprises dans
le cadre de l’Accord de confirmation du
Gabon avec le Fonds monétaire international ( FMI ). Ces mesures ont débouché
notamment sur la réduction de 1 % par an
des effectifs de la fonction publique et sur
la baisse du taux d’imposition en raison de
l’élargissement de l’assiette fiscale.
La mise en œuvre d’un cadre juridique attractif par le ministère des Mines,
de l’Énergie, du Pétrole et des Ressources
hydrauliques, fait que le domaine pétrolier
gabonais se trouve de plus en plus occupé.
La Société française Perenco vient de signer
avec l’État gabonais un contrat d’exploration et de partage de production ( CEPP )
sur le permis Arouwé. Qui a une superficie
de 4 414 km2. Il est situé au large à des niveaux moyen et profond, dans la province
de l’Ogooué-Maritime. Les Indiens font eux
aussi leur entrée officielle dans le pétrole gabonais. Les Sociétés Marvis Pte Ltd, Indian
Oil Ltd, Indian Oil natural corporation Ltd
et Oil natural gas corporation Ltd et le gouvernement gabonais ont signé un contrat
d’exploration et de partage de production
( CEPPJ ) sur le permis Shakthi.
Un protocole d’accord de pêche entre
l’État gabonais et l’UE a été signé pour une durée de six ans à compter du 3 décembre 2005.
Le contrat liant les deux parties régularise la
situation des armateurs européens au large
des côtes gabonaises pour une contrepartie
financière globale estimée à 1 001 680 € par
an. Les deux tiers de la contribution européenne, seront affectés à des actions ciblées
de développement de la pêche gabonaise par
la promotion de la recherche halieutique, la
surveillance des pêches, la formation et la
participation du Gabon aux organisations
internationales de pêche.
L’Organisation de l’aviation civile
inter nationale ( OACI ) recommandant
la construc tion d ’aéropor ts de classe
internationale en dehors des zones de
grande habitation, par mesure de sécurité,
le gouvernement gabonais a décidé de
construire un nouvel aéroport dénommé
Malibé II. L’actuel aéroport, rattrapé par
le développement de la capitale ( Alibeng,
Okala et Agondjé sont situés à proximité
immédiate ), présente depuis longtemps
des risques certains.
Une nouvelle compagnie aérienne
baptisée Gabon Airlines est née suite à
l’échec d’Air Gabin International issu d’un
partenariat entre la Royal Air Maroc ( RAM )
et l’État gabonnais. La RAM a été retenue
par le Gabon comme « adjudicataire définitif » à la suite de l’appel d’offres, lancé en
juillet 2004, pour la privatisation partielle
de la compagnie nationale Air Gabon, secouée par de graves difficultés financières.
La compagnie marocaine devait détenir 51 % du capital de la nouvelle société de
droit gabonaise et l’État gabonais, 49 %.
SOCIÉTÉ
Plusieurs dizaines d’experts d’Afrique de
l’Ouest et centrale se sont réunis au mois
de mai 2006 à Libreville pour tenter de
donner un coup d’envoi à la lutte contre
la traite des femmes et des enfants, un
fléau toujours aussi aigu sur le continent
noir.
Le Centre national de nutrition de la
194
Peyrie ( 3 e arrondissement de Libreville )
a abrité un atelier d’élaboration de la
stratégie nationale pour l’alimentation du
nourrisson et du jeune enfant. L’objectif
à atteindre au terme de cette réflexion
commune est la réduction de la mortalité
juvénile, au moyen de la promotion d’une
alimentation optimale.
AFI 2007
GABON
La situation des Pygmées du Gabon
Les 15 000 à 20 000 Pygmées du Gabon font l’objet de discriminations et vivent dans
un état de marginalisation et de pauvreté alarmant. Il en ressort que 99 % des Pygmées
du Gabon sont analphabètes, 4 000 enfants scolarisables ne vont pas à l’école et des
familles de dix membres vivent en moyenne avec 500 FCFA ( 0,76 € ) par jour.
CULTURE
Le Gabon, à l’instar des autres pays francophones, a célébré tout au long de cette
année 2006 le 100 e anniversaire de naissance de Léopold Sédar Senghor, ancien
président de la République du Sénégal.
Le dernier opus de Pierre-Claver Akendengué est baptisé Gorée. L’artiste dit avoir
choisi comme titre le nom de l’île sénégalaise où l’on embarquait les esclaves pour
les Amériques parce que la traite négrière
est « un contentieux avec l’Histoire à vider
et qui devrait être de plus en plus d’actualité ». À noter que, lors de la présentation
de son album au Centre culturel français,
le chanteur a fait observer une minute de
silence en mémoire de l’universitaire Pierre
Monsard, qui a formé des générations de comédiens et d’étudiants. Il conseillait de « ne
pas se fonctionnariser, de garder l’humeur
vagabonde, l’œil avisé et fou, les sensations
ouvertes au monde et à la vie ».
Naneth, jeune G abonaise nouvellement arrivée dans la chanson, a été
finaliste du prix RFI Musiques du monde
2005 et du prix Kora de la meilleure artiste
féminine d’Afrique centrale. Grâce à une
forte présence sur scène et une voix au service de textes engagés, Naneth est un espoir
de la chanson gabonaise et africaine.
Le Gabon a accueilli la 7 e Biennale de
l’Association pour le développement de
l’éducation en Afrique. Les ministres de
l’Éducation de l’ensemble du continent
africain se sont retrouvés, pour élaborer une
stratégie destinée à renforcer l’efficacité de
l’apprentissage dans les écoles.
L’Association Reporters sans frontières
( RSF ) a publié son 4 e classement annuel
du degré de liberté dont bénéficient les
journalistes et les médias de chaque pays
et des moyens mis en œuvre par les États
pour respecter et faire respecter cette liberté.
Au terme des résultats d’enquêtes menées
à travers 167 pays au courant de l’année
2005, il ressort que le Gabon se situe au 103e
rang mondial et au 29 e africain : il a perdu
45 places en trois ans. RSF a mentionné
les mesures arbitraires d’interdiction de
parution de certains journaux, la censure
et les agressions dont sont victimes les
professionnels de la presse.
Le Conseil national de la communication ( CNC ) du Gabon a décidé d’interdire
l’accès « aux sites Internet pornographiques
ou subversifs », citant notamment un site
d’opposants en exil accusé de lancer un
appel au terrorisme. L’organe de régulation
des médias a ordonné aux opérateurs Internet gabonais d’user de tous les moyens
dont ils disposent pour empêcher les
usagers d’accéder à partir du Gabon à de
sites pornographiques ou subversifs situés
à l’étranger. Le contrôle de l’application de
cette mesure est confié aux services chargés
de la sécurité de l’État.
Depuis 1998 et sans discontinuer, les
finances publiques ont décaissé 5 milliards
800 millions FCFA en faveur des clubs de
football évoluant en première division, le
revenu annuel par équipe étant de 50 millions FCFA. Huit ans après la signature
du contrat-programme entre le ministère
des Sports et la Fédération gabonaise de
football, l’heure est au bilan. Le contratprogramme visait à développer la pratique
du sport de masse et d’élite, procéder au
lancement d’un championnat national,
mettre en place des équipes nationales dans
toutes les catégories, assurer le développement du football féminin, etc.
Le Gabon ne s’est pas qualifié pour la
Coupe d’Afrique des nations ( CAN ) 2006,
devancé dans son groupe de qualification
par l’Angola, le Nigeria et le Zimbabwe.
25 nominés et seulement trois primés : le verdict de la première édition du trophée
de la chanson gabonaise est tombé, après deux mois de compétition. Le titre « Ton
public » d’Alexis Abessolo a été sacré chanson gabonaise de l’année 2005. Les
deuxième et troisième prix sont revenus à Nicole Amogho et Annie-Flore Batchellylis
pour les titres « Bayil wa » et « Je t’invite ».
AFI 2007
195
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
GHANA
Mbaye DIOUF 
Université Laval 
[email protected]
P
POLITIQUE
lusieurs événements ont marqué la
vie du pays cette année, à l’intérieur
comme à l’extérieur. L’un des plus
importants est sans doute son adhésion à la
famille francophone. Le Ghana, en effet, a
été reçu comme membre associé de l’Organisation internationale de la Francophonie
( OIF ), lors de son XI e Sommet tenu en
septembre à Bucarest ( Roumanie ). Membre
déjà important du Commonwealth, l’acceptation du Ghana au sein de la Francophonie
va lui offrir de nouvelles perspectives de
coopération et de soutien tant politique
que culturel et économique. Elle constitue
aussi une forme de reconnaissance des efforts de bonne gouvernance et du modèle
démocratique et de stabilité qu’il constitue
dans un continent encore dominé par les
dictatures, la pauvreté et les guerres.
Un des deux pays africains membres
non permanents du Conseil de sécurité de
l’ONU, le Ghana a longtemps bénéficié
de la bonne réputation de son secrétaire
général, Kofi Annan, dont le successeur à
la tête de l’ONU sera le Sud-Coréen Ban
Ki-Moon, ministre des Affaires étrangères
de son pays. Annan pourrait briguer la
présidence de la République de son pays
d’origine, d’autant plus qu’un sondage
fait à Accra montre qu’une majorité de
Ghanéens souhaiterait sa candidature.
L’arène politique ghanéenne pourra ainsi
s’enrichir en perspective, en plus du retour
annoncé de l’ancien président Rawlings,
devenu aujourd’hui un adversaire déclaré
de l’actuel président John Kufuor. Les élections locales qui se sont déroulées dans le
calme sur l’ensemble du pays, en septembre
2006, sont un avant-goût des futures joutes
présidentielles et législatives.
Les tâches seront toutefois immenses
pour faire reculer la corruption. Le Ghana
est accusé par des enquêteurs de l’ONU de
servir de lieu d’écoulement des diamants
transitant par la zone rebelle ivoirienne. Il
faudra ensuite mieux gérer les ressources
naturelles du pays et diminuer la pauvreté
qui affecte une bonne partie de la population. Cette couche est la plus touchée par
le sida et le paludisme qui, par exemple, tue
plus de 100 personnes par jour au Ghana.
Le pays a, dans ce sens, abrité ou pris part
à plusieurs rencontres internationales majeures. Kumasi, la ville du centre, a abrité
en octobre un séminaire international sur la
gestion adaptable des ressources naturelles.
La gestion de ces ressources pourrait tirer
profit de la mise en place, depuis septembre,
du réseau WiMax d’extension de l’accès à
Internet et qui permet de couvrir un espace
de 300 km dans la région d’Accra-Tema.
GHANA
Géographie
Pays d’Afrique occidentale, recouvert
au sud d’une dense forêt trouée par des
plantations de cacaoyers. Le nord est
couvert de savanes.
Histoire
➤ 1957 Indépendance sous la houlette
de Kwame Nkrumah.
➤   1981 Coup d’État de Jerr y R awlings.
➤ 1992 Instauration du multipartisme,
élection de Rawlings, réélu en 1996.
➤ 2000 Élection de John Kufuor, réélu
en 2004.
➤ 2006 Membre associé de l’Organisation internationale de la Francophonie
( OIF ).
CULTURE
Au plan culturel, le prix Miss mission a été
attribué à la représentante du Ghana, Lamisi
Mbillah, finaliste, en septembre à Varsovie
( Pologne ), de l’élection Miss Monde 2006.
196
Le Ghana a aussi bien été représenté
au premier Festival des divinités du culte
vaudou qui a eu lieu en octobre, au Togo.
Autour des rites initiatiques, de conférenAFI 2007
GHANA
ces et de débats, de danses traditionnelles,
dont la fameuse danse du feu, le Festival a
réuni un millier d’adeptes d’une trentaine
de divinités vaudou provenant aussi du
Bénin et de la Côte d’Ivoire. Apparu au
XVIe siècle sur les rives du fleuve Mono, qui
sépare le Togo du Bénin, le culte vaudou
allie des pratiques issues de religions et de
rites africains et chrétiens.
Sport
Le pays a, par ailleurs, bien brillé sur
le plan sportif. La sélection nationale féminine de football a participé, en octobre, à
la phase finale de la 5e édition de la Coupe
d’Afrique des nations ( CAN ) Nigeria 2006.
Les Black Queens du Ghana sont la deuxième meilleure équipe féminine africaine
dans le dernier classement de la Fédération internationale de football association
( FIFA ). Chez les hommes, après une participation honorable à la Coupe du monde
de football, en juin en Allemagne, le Ghana
a été désigné, pour la troisième fois, pour
abriter la 26e édition de la Coupe d’Afrique
des nations de football en 2008. Avec leur
nouvel entraîneur français, Claude Le Roy,
les Black Star comptent remporter la compétition, surtout que leur programme de
préparation tant en Afrique qu’en Asie et
en Europe donne de bons résultats sportifs.
Au classement de la FIFA, ils occupent le 4e
rang en Afrique et le 24e rang mondial. Une
des pièces maîtresses de l’équipe, Michael
Essien, qui évolue à Chelsea, en Angleterre,
a été nominée pour le ballon d’or 2006.
Co n c e r n a n t l a p ré p a r a t i o n d e l a
CAN 2008, une équipe d’inspection de la
Confédération africaine de football ( CAF )
a effectué, en novembre, une visite dans le
pays pour évaluer l’état des infrastructures.
Le nouveau stade Tamale est achevé à 80 %,
tandis que le stade d’Essikado, construit
dans la banlieue de Sekondi, dans la région
ouest, est finalisé à 70 %. Les travaux de
rénovation progressent également dans les
stades d’Ohene Djan et de Baba Yara Sports,
respectivement à Accra et à Kumasi. D’après
certaines indications, les infrastructures
seront prêtes bien avant l’échéance.
GUINÉE
Mbaye DIOUF 
Université Laval 
[email protected]
À l’instar de l’année dernière, l’année 2006 a été marquée en Guinée par la
persistance du blocage du dialogue politique et par l’acuité de la crise économique.
Le pays continue, toutefois, de rayonner sur le plan culturel.
L
POLITIQUE
a situation politique en
Guinée reste dominée par
l’incertitude causée par la
maladie du président Lansana
Conté. Envoyé à plusieurs reprises en Suisse pour « urgence
médicale », le cas du président
inquiète de plus en plus les
Guinéens et la communauté
internationale pour le vide juridique et les crises de succession
qu’il risque de créer en cas de décès. Cette
incertitude au sommet de l’État alimente, évidemment, les luttes de positionnement entre
les collaborateurs directs du président et des
membres du Parti démocratique de Guinée
AFI 2007
( PDG ) qui visent sa succession.
Le conflit le plus sérieux est celui
qui oppose le PDG de Futurelec,
Mamadou Sylla, au tout-puissant
ministre d’État chargé des Affaires
présidentielles, Fodé Bangoura.
Quant au dialogue politique
avec l’opposition, il avance difficilement, alors que les élections
législatives sont prévues pour
juin 2007. Un contentieux électoral semble se dessiner d’emblée malgré la
reprise des négociations. Au mois d’août,
une Commission paritaire de 24 membres
– 12 de l’opposition et 12 de la mouvance
présidentielle – a été mise en place pour
197
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
trouver un accord sur quatre points : le
statut de l’opposition, le financement
des partis politiques, les prérogatives de
l’organe de gestion des élections et enfin
la révision du code électoral. Mais les
négociations buttent sur des divergences
portant sur l’organe de gestion des élections, duquel dépend la question relative
à la révision du code électoral. Ce blocage
du dialogue électoral risque, cependant, de
faire perdre à la Guinée une importante assistance financière de l’Union européenne
( UE ) dans le cadre des accords de Cotonou,
l’UE ayant conditionné le déblocage du 9 e
Fonds européen de développement ( FED ) à
l’avancement du dialogue politique.
ÉCONOMIE
Le secteur économique ne va pas mieux,
avec l’énorme fragilité de la monnaie
guinéenne.
L’État étant « budgétivore », le secteur privé ne peut presque pas profiter des
prêts de la Banque centrale. À cause de
la mauvaise gestion, la corruption et les
détournements, la dette de l’État envers
la Banque centrale dépasse aujourd’hui
les 2 000 milliards de francs guinéens. La
monnaie se dévaluant elle-même ( un US $
vaut 6 500 FG et un €, 8 000 FG ), les prix
des produits de consommation sont multipliés par deux ou plus un peu partout à
travers le pays, accentuant ainsi la misère
d’une population déjà assez éprouvée par
le chômage, la précarité et la maladie. Le
pays n’a d’ailleurs pas été épargné par les
nouveaux réfugiés africains à bord d’embarcations de fortune et voit des milliers de
jeunes Ouest-Africains tenter de rejoindre
les côtes espagnoles des Canaries à l’aide
de pirogues et au péril de leur vie. Près de
1 000 jeunes Guinéens y ont été répertoriés.
Madrid a remis 5 millions US $ au gouvernement guinéen destinés au financement
de projets pour les jeunes. En retour, la
Guinée, comme le Sénégal et la Mauritanie, également touchés par cet exode
massif, s’engage à surveiller ses frontières
maritimes et à empêcher l’immigration
clandestine vers l’Espagne.
Il est donc urgent que les pouvoirs
publics modifient leur mode de gestion
de l’économie et des affaires de l’État en
général pour garder leurs ressortissants sur
place. Il faut discipliner la gestion de l’économie nationale, mieux gérer les ressources
naturelles et faire adhérer la Guinée à la
zone franc CFA.
Il faut aussi améliorer l’infrastructure des routes du pays pour permettre
un transport correct de ses riches potentialités naturelles. L’UE bloque toujours
60 millions US $ destinés à la réfection du
tronçon vital Guéckédou-Macenta-Sérédou,
depuis la rébellion armée de 2000 au sud
198
et au sud-ouest du pays. Un autre tronçon
vital qui dessert la région forestière, la
nationale Conakry-N’Zérékoré via Gueckédou-Macenta, est aujourd’hui presque
impraticable à cause des ponts effondrés,
des routes totalement dévêtues à cause des
pluies. L’enclavement de la région Sud,
considérée comme le grenier du pays, empêche l’exploitation de produits comme
la banane aloko, l’igname, l’huile rouge et
met en péril l’activité et la survivance de
millions de producteurs.
Petit espoir toutefois pour de futurs
efforts vers la transparence : le Comité de
pilotage de l’Initiative de transparence des
industries extractives ( ITIE )-Guinée, composé de 24 membres dont des représentants
de la société civile, de l’administration
GUINÉE
Géographie
Plaine côtière humide, peuplée et riche;
au centre, massif du Fouta-Djalon, domaine de l’élevage et source des grands
fleuves Sénégal, Gambie et Niger. À
l’est, pays plat, plus sec.
Histoire
➤ XVIIe s. Le pays des Malinkés devient le
centre de la traite des Noirs, à l’initiative
des Portugais présents depuis le XVe s.
➤ XIXe s. Islamisation.
➤ 1889 La Guinée devient colonie française, intégrée à l’AOF en 1895.
➤ 1952 Naissance du mouvement nationaliste de Sékou Touré.
➤ 1958 Indépendance et rupture totale
avec la France. Régime dictatorial de
Sékou Touré ( République socialiste ).
➤ 1984 Mort de Sékou Touré. Le colonel
Lansana Conté devient chef de l’État.
➤ 1991 Nouvelle Constitution.
➤ 1993 Élection présidentielle. Victoire
de Conté qui est réélu en 1995 dans les
premières élections pluralistes ( puis
réélu en 1998 ).
AFI 2007
GUINÉE
publique et des sociétés minières, a procédé
à la publication des revenus miniers non
audités de l’année 2005 et estimés à 123 millions US $. Cette révolution est due à l’ITIE
lancée par la Grande-Bretagne et à laquelle
la Guinée a adhéré en avril 2005. Un des objectifs que se fixe le Comité est la publication
régulière de tous les paiements faits par les
compagnies minières et de tous les revenus
perçus par les administrations. En octobre,
s’est tenu à Dusseldorf, en Allemagne, un
symposium sur les ressources minières de
la Guinée, ainsi que sur la mise au point
des projets en cours et des programmes de
réalisation d’infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et hydroélectriques.
CULTURE
Le tableau de la Guinée en 2006 est plus
rose au plan culturel. Le pays est bien réputé depuis longtemps dans ce domaine.
Différents grands groupes guinéens se sont
produits avec succès à travers le monde,
que ce soit les Tambourinis, le Bembeya
Jazz National, le Horoya Band National ou
encore le Super Boiro. Le chanteur Momo
Wandel, aujourd’hui âgé de plus de 70 ans,
et l’ensemble traditionnel qui l’accompagne ont été invités au Festival de jazz de
Ouagadougou ( Burkina Faso ). Le chanteur
et musicien Fodé Baro Junior a été primé
au Festival Afrique-Caraïbe, tenu à Almere,
aux Pays-Bas.
Sport
Sur le plan sportif, la Guinée reste peu
représentée dans les différentes disciplines
sportives, souvent faute de moyens, en
dehors des compétitions de football. À
ce propos, le Silly national commence les
éliminatoires pour la future Coupe d’Afrique des nations ( CAN ) en 2008 avec des
contre-performances. Un match nul face à
l’Algérie et une défaite devant le Cap-Vert
ont plongé la Fédération guinéenne de
football dans la crise. L’entraîneur français
Patrice Neveu a été limogé.
Le pays pourra, toutefois, compter
plus tard sur un jeune prodige guinéen du
nom de Abdoulaye Sylla. Âgé de 14 ans et
considéré comme « l’un des plus talentueux
et prometteurs joueurs du soccer canadien », il doit prochainement rejoindre le
centre de formation du Football Club ( FC )
de Metz, en France, où il va probablement
poursuivre une carrière professionnelle.
GUINÉE-BISSAU
Mbaye DIOUF 
Université Laval 
[email protected]
La stabilisation de la vie politico-militaire et la relance économique sont les deux
sujets qui ont dominé l’actualité en Guinée-Bissau en 2006.
L
POLITIQUE
e pays continue sa réinsertion dans
la communauté internationale par
une représentation plus active. Il a
ainsi été bien représenté au XI e Sommet
de la Francophonie en septembre 2006 à
Bucarest ( Roumanie ) et aux différentes
rencontres de la Communauté économique
des États de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO )
et de l’Union africaine ( UA ), et prend une
part active dans les tentatives de solution
de la crise en Côte d’Ivoire.
L’armée bissau-guinéenne, traditionnellement agitée, reste au cœur des enjeux
AFI 2007
politiques et de paix
du pays. Les divisions
ethniques et religieuses continuent à
la miner, malgré le
processus de démocratisation qui a vu
l’ex-président Coumba Yala accepter sa
défaite devant le revenant João Bernardo
Vieira. Ce dernier a
nommé en septembre
199
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
de nouveaux chefs à la tête des différents
corps d’armée, avec le souci de rétablir
l’équilibre ethnique entre Mandingues et
Ballantes. Le programme de déminage du
pays s’est poursuivi sous la direction du
Centre de désactivation des mines ( CAAMI )
et a permis la neutralisation de près de 3 000
mines antipersonnel, 7 000 engins explosifs
de différents calibres, 70 mines antitanks et
cinq mines antinavires.
L’actualité sociale est marquée cette
année par les réfugiés sur embarcations de
fortune ouest- africains, dont de nombreux
jeunes Bissau-Guinéens, qui tentent de
rejoindre avec des pirogues les côtes espagnoles des Canaries. L’Union européenne
( UE ) tente d’arrêter ces arrivées massives
grâce à une coopération mieux coordonnée
avec les pays concernés et la mise sur pied
de l’agence Frontex, un corps de gardesfrontières européens. La Guinée -Bissau
peut aussi compter sur l’aide du Maroc
pour lutter contre l’émigration clandestine.
Signe que l’administration commence à
fonctionner normalement, la police a réussi
en septembre la plus grande saisie de drogue jamais enregistrée : 674 kg de cocaïne
estimée à 13,2 milliards de francs CFA.
ÉCONOMIE
Au plan économique, plusieurs initiatives ont été annoncées cette année. Des
hommes d’affaires venant du S énégal
s’intéressent à nouveau aux opportunités
d’affaires dans l’industrie, le bâtiment,
la banque et la pêche. Ils avaient quitté
GUINÉE-BISSAU
Géographie
Pays constitué d’une partie continentale et d’un archipel de 40 îles au sud
du Sénégal.
Histoire
➤ 1446 Arrivée des Portugais dans ce
pays peuplé de Mandingues musulmans et d’animistes.
➤ 1879 Colonie sous le nom de Guinée
portugaise ( détachée administrativement du Cap-Vert ).
➤ 1962 Guérilla antiportugaise d’Amilcar Cabral.
➤ 1973 Assassinat d’Amilcar Cabral.
Son frère Luis proclame la République
de Guinée-Bissau ( marxiste ).
➤ 1980 Coup d’État du commandant
João Bernardo Vieira. Rapprochement
avec l’Occident; intégration progressive
dans l’espace francophone.
➤ 1994 João Bernardo Vieira élu président.
➤ 1997 Adhésion à la zone CFA.
➤ 1999 ( 7 mai ) Vieira destitué par l’armée. Malam Bacaï Sanha, chef d’État.
➤ 2000 ( 16 janv. ) Élections présidentielles : Kumba Yala, nouveau chef d’État.
➤ 2003 ( 14 sept. ) Coup d’État. Renversement de Kumba Yala.
➤ 2005 Vieira à nouveau président à
l’issue des présidentielles.
200
le pays à la suite des troubles militaires
et politiques. Le Programme des Nations
Unies pour le développement ( PNUD ) a
lancé plusieurs projets en Guinée-Bissau
afin d’aider les autorités à améliorer la
gestion macroéconomique de l’État, le
développement d’un cadre de dépenses
rationalisées et les capacités en statistiques
pour le suivi des indicateurs de pauvreté.
Le Brésil, de son côté, a signé un accord
de coopération avec la Guinée -Bissau
pour l’exploration pétrolière et le développement des ressources renouvelables
comme l’éthanol.
Le ministère du Tourisme et de l’Amén a g e m e n t d u t e r r i t o i re v a l a n c e r u n
vaste programme de construction et de
réhabilitation d’hôtels et autres réceptifs
touristiques à travers tout le pays dans le
cadre de l’exécution du Plan de relance
du secteur touristique. La Guinée-Bissau
dispose d’énormes potentialités dans ce
secteur grâce à la beauté exotique de ses plages ensoleillées sur l’océan Atlantique, au
climat doux de centaines d’îles du Bidjagos
en plein océan, à la diversité de sa faune et
de sa flore et la richesse de sa culture.
CULTURE
Le pays a, par contre, été moins vu sur le
plan culturel. L’on connaît les difficultés
économiques rencontrées par les artistes
bissau-guinéens, peu aidés par leur pays.
Certains d’entre eux se produisent cependant avec succès à Dakar et au Portugal.
Le sport aussi, faute de moyens, reste un
parent pauvre. Le pays, par exemple, ne
participe pas aux éliminatoires de la Coupe
d’Afrique des nations ( CAN ) de football
prévue au Ghana en 2008, ce qui constitue
une grande déception pour les milliers de
passionnés de ce sport dans le pays.
AFI 2007
GUINÉE-ÉQUATORIALE
Luis BELTRÁ NAVARRO 
Spécialiste en langue et littérature françaises 
Doctorant de l’Université de Murcie 
[email protected]
Les rumeurs de l’aggravation de l’état de santé du président Obiang Nguema ont été
une préoccupation constante tout au long de l’année. L’opposition en exil a continué
à accuser le gouvernement espagnol de ne pas s’intéresser à la réalité de l’ancienne
colonie et d’appuyer le régime dictatorial.
POLITIQUE
L
’actualité en Guinée-Équatoriale a été
dominée par l’état de santé du président Téodoro Mbasogo. L’opposition
politique au régime équato-guinéen en exil
en Espagne a signalé que la Guinée-Équatoriale est en train de vivre des moments
d’incertitude, étant donné que le régime a
reconnu le grave état de santé du président
et les rumeurs d’une possible succession à
courte échéance. Selon le gouvernement
autoproclamé de la Guinée-Équatoriale en
exil, des sources dignes de foi et proches du
GUINÉE-ÉQUATORIALE
Géographie
État du golfe de Guinée, constitué
d’une partie continentale ( forêts ) et
d’une partie insulaire ( îles volcaniques
et autres îlots ).
Histoire
➤ 1777 Le Portugal cède le territoire
à l’Espagne.
➤ 1858 La Guinée espagnole : colonie
d’exploitation.
➤ 1964 Indépendance.
➤ 1968 Proclamation de la République
de Guinée-Équatoriale sous la présidence de Marcia Nguema.
➤ 1979 Coup d’État mené par Teodoro
Obiang Nguema Mbasogo.
➤ 1991 Nouvelle Constitution. Le multipartisme théoriquement instauré est
peu mis en pratique.
➤ 1996 Obiang réélu lors d’un scrutin
contesté par l’opposition et les observateurs.
➤ 2002 ( mai ) Procès de 144 personnes accusées « d’attentat contre le chef d’État ».
AFI 2007
président confirment son agonie. L’année
2006 s’est caractérisée par l’instabilité politique et sociale du pays et les problèmes
qui persistent concernent avant tout les
opposants au régime totalitaire.
Durant le mois de mars, le gouvernement espagnol a refusé l’extradition du
dirigeant de l’opposition, Severo Moto, qui
avait été sollicitée par les autorités équatoguinéennes, car Moto continuait à jouir
du statut de réfugié politique, statut qu’il
a finalement perdu.
La communauté internationale fé licita le président
Téodoro Mbasogo,
le jour de son anniversaire, pour sa
décision d’accorder
la grâce à plus de
40 personnes qui
se trouvaient détenues ou qui étaient
en train de purger
leur peine dans les
prisons nationales pour des raisons idéologiques. D’ailleurs, Amnistie internationale
a accusé le régime de poursuivre une politique qui ne respecte pas les droits de
l’homme et qui se caractérise par la brutalité. En même temps, cette association
rendait public que les autorités du pays
avaient délogé de chez elles à peu près 300
familles qui se trouvaient sans logement
alternatif.
Durant le dernier Sommet du Mouvement des pays non alignés, célébré au
mois de septembre à Cuba, la collaboration
politique entre l’ancienne et petite colonie
espagnole et le pays hôte a été qualifiée
d’exemplaire. Le pays caribéen a mené
à bien plusieurs programmes pour lutter
201
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
contre l’analphabétisme et l’extirper de
la Guinée-Équatoriale et a assuré l’envoi
d’un groupe de médecins pour former les
médecins nationaux.
ÉCONOMIE
L’économie a continué à s’améliorer pour
la deuxième année consécutive, bien que
cet essor ne profite guère à la population,
et le pays se modernise sans qu’elle puisse
en bénéficier.
Selon le Comité monétaire et financier du pays, les estimations officielles
de croissance du PIB pour cette année en
Guinée-Équatoriale sont de 8,3 %, ce qui
représente une croissance inférieure aux
années précédentes ( environ 30 % ). À la fin
du mois de mars 2006, la Guinée-Equatoriale a enregistré une croissance économique
réelle en accord avec l’évolution des activités du secteur pétrolier. 93,7 % du PIB
vient du secteur pétrolier, le reste vient du
secteur agricole et tertiaire.
Il faut remarquer que la Guinée-Équatoriale a mené à bien les accords signés il y
a deux ans avec les États-Unis. Le premier
ministre a reçu à Malabo la délégation de
l’Agence internationale de développement
des États-Unis ( USAID, en anglais ). L’accord signé par les deux pays a pour but
d’établir des projets pour le développement
social du pays et la création d’un Fonds
pour les besoins sociaux.
Cependant, cet accord a été très
critiqué par plusieurs organisations internationales, y compris quelques représentants
du gouvernement américain, qui ont mis
en évidence des abus concernant les droits
de l’homme du régime dictatorial. Malgré
ces critiques, la secrétaire d’État des ÉtatsUnis n’hésitait pas à dire que le président
équato-guinéen était « un bon ami » et à
préparer un programme d’entraînement
militaire dans le pays africain.
SOCIÉTÉ
La presse internationale s’est faite l’écho
du naufrage en pleine mer du paquebot
qui fait le trajet du port de Bata à Malabo,
chargé de 718 personnes. Heureusement,
le ministre porte-parole du gouvernement
a démenti cette nouvelle et a affirmé que
celle-ci a provoqué une alarme sociale non
indispensable parmi la population.
D’ailleurs, la ville de Malabo compte,
grâce à l’aide de la mairie de Valence ( Espagne ), cinq nouveaux autobus pour pouvoir
déplacer la population du centre-ville et
améliorer la communication, car l’ancienne
Sainte-Isabelle était dépourvue de transport
en commun et de plusieurs camions pour
ramasser les ordures ménagères.
CULTURE
Depuis 2005, la création littéraire équatog u i n é e n n e a p r i s d e l ’a m p l e u r e t l e s
publications commencent à être significatives, notamment en Espagne et dans
quelques pays hispano-américains. 2006
a vu apparaître la publication d’œuvres
telles que Viaje en patera : ida y vuelta de
l’écrivain Antolín Elá Elá Asama, qui analyse la problématique de l’immigration
subsaharienne en Europe, ou la réédition
du roman Macias, verdugo o víctima d’Agustin Nze Nfumu. La plupart des romans ou
pièces de théâtre continuent d’être écrits
en espagnol, tandis que les langues vernaculaires dominent dans le domaine de
la poésie. La littérature équato-guinéenne
d’expression française dans les différents
genres est quasi inexistante, étant donné
que, malgré les efforts du système éducatif,
202
le français continue à être considéré comme
une langue étrangère.
La musique équato-guinéenne a
connu un essor et
une reconnaissance internationale
grâce au succès du
groupe H ijas del
Sol partout dans le
monde.
La création
artistique du pays,
basée sur la culture
fang qui atteignit sa splendeur lors de la
colonisation espagnole, a fait l’objet de
nombreuses expositions par toute la géographie espagnole, celle de l’artiste Ghuty
Mamae avec son exposé à Barcelone étant
la plus représentative.
AFI 2007
MALI
Alexis KALAMBRY
Journaliste, directeur de publication Les Échos,
premier organe de presse privé du Mali 
[email protected]
Le Mali, vieille terre de rencontres et de civilisations, fait face aujourd’hui à de
grands défis comme la gestion de sa jeune population et les aléas d’une situation
économique difficile.
A
POLITIQUE
u M a l i , l e m o t e n vo g u e e s t l e
« consensus », une notion qui a fait
gagner en 2002 l’actuel président
Amadou Toumani Touré.
En 1992, le Mali organisait les premières élections libres de son histoire. Alpha
Oumar Konaré a été élu et a fait, selon
les dispositions constitutionnelles, deux
mandats ( 1992-1997, puis 1997-2002 ). Le
président Amadou Toumani Touré, général,
qui avait dirigé avec succès la transition
malienne, a bénéficié du suffrage de la
majorité des Maliens.
Mais l’homme était sans parti politique. Son thème de campagne était : « le
consensus ». Et ainsi, il a pu fédérer autour
de sa personne une vingtaine de partis
politiques qui ont soutenu sa candidature,
au point qu’il a battu au second tour le candidat du parti sortant, celui d’Alpha Oumar
Konaré. « La formule est assez originale,
mais dénote une volonté de sanction que
les électeurs ont voulu infliger à la classe politique dans son ensemble », analyse Oumar
Berthé, politologue. Pour lui, le fait que le
président se situe à équidistance des partis
politiques fait son succès. Depuis quatre
ans maintenant, Amadou Toumani Touré
a su constituer un gouvernement « de large
ouverture », dans laquelle les formations
politiques habituellement antagonistes se
retrouvent et travaillent ensemble. « Je suis
fier de cette entente que j’ai pu créer entre
les partis », affirme Touré lui-même, en
ajoutant que le pays a besoin de ce climat
apaisé pour sa construction.
Si la formule a permis effectivement
d’éviter les déchirements que le pays a
connus sous les deux mandatures de son
prédécesseur, il n’en demeure pas moins
que le politologue voit déjà sa fin. « Nous
sommes à la veille des élections présidentielles au Mali [ avril 2007 ], forcément, il
AFI 2007
MALI
Géographie
Pays pour une bonne part désertique
(au nord et au centre: le Sahara).
Enclavé, il souffre de l’absence de débouché maritime.
Autour de Mopti, le pays Dogon suscite
nombre de travaux ethnologiques.
Histoire
➤ Berceau des grands empires du Niger,
du Ghana, du Mali.
➤ 1857 Occupation française.
➤ 1904 Inclus dans le Haut-SénégalNiger qui, amputé de la Haute-Volta en
1920, devient le Soudan français.
➤ 1958 La République soudanaise est
proclamée.
➤ 1959 Elle forme, avec le Sénégal, la
fédération du Mali.
➤ 1960 Fédération dissoute; le Soudan
devient la République du Mali ( prés.
Modibo Keita ).
➤  1968 Coup d’État; Moussa Traoré
au pouvoir.
➤ 1991 Traoré renversé par l’armée.
➤ 1992 Multipartisme; élection à la
présidence d’Alpha Oumar Konaré,
réélu en 1997.
➤ 1993 Traoré condamné à mort.
➤ 1996 Retour à la paix dans le Nord
après quatre ans de rébellion touarègue.
Relance du développement économique dans cette région.
➤ 1997 La peine de mort de Traoré est
commuée en prison à vie.
➤ 2002 ( 28 avril ) Amadou Toumani
Touré est élu président.
➤ 2002 Démission du premier ministre
Sidibé, remplacé par Modibo Keita.
203
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
y aura un repositionnement et les partis
politiques, au risque de disparaître à jamais
ou de se sublimer, vont devoir aller au
charbon, sans le général ou même contre
lui ». En attendant, cette formule a fait ses
preuves et les Maliens s’en félicitent!
ÉCONOMIE
Au plan économique, le pays a des retards
à combler. Pour l’année 2006, dans le domaine des finances publiques, les recettes
totales ont augmenté de 7,1 % pour représenter 18,2 % du PIB. Cette performance
se justifie par l’accroissement des recettes
fiscales de 9,4 %, en rapport avec les efforts
des régies financières, notamment le renforcement des contrôles fiscaux et la poursuite
de l’informatisation.
L’économie malienne est fortement
tributaire de deux produits de spéculation :
l’or et le coton. « Le coton est dans une
zone de turbulence et se vend mal depuis
deux ans. Chaque année, le déficit à ce
niveau se creuse », analyse Mohamed Traoré, économiste, professeur à l’Université
de Bamako. La situation de l’or n’est guère
meilleure. Certes, il n’y a pas de déficit
à ce niveau, mais, avec ses 52 tonnes de
production, il ne parvient pas à combler
les attentes.
Les recettes totales 2006 augmenteraient de 10 % pour représenter 18,1 % du
PIB en liaison avec la poursuite de la mise
en œuvre des mesures visant à assurer une
meilleure maîtrise de l’assiette fiscale et à
renforcer les capacités de vérification et
d’enquêtes des services fiscaux. Les dépenses totales et prêts nets progresseraient de
9,8 % pour représenter 26,9 % du PIB. Cette
évolution se justifierait principalement
par le renforcement des dépenses d’inves-
tissement au profit des secteurs sociaux.
Le service de la dette publique totale est
ressorti à 62,6 milliards francs CFA et a
représenté 14 % des recettes budgétaires.
Le Mali a atteint le point d’achèvement
au titre de l’Initiative en faveur des pays
pauvres très endettés ( PPTE ), renforcée
en février 2003, et bénéficie de l’initiative
d’allégement de la dette multilatérale. Cette
situation contribuerait à accentuer la baisse
du taux d’endettement.
La position nette créditrice du gouvernement s’est détériorée de 33,3 milliards
F C FA , p o u r s e s i t u e r à - 2 6 , 4   m i l l i a rd s
FCFA à la fin décembre 2005, en liaison
avec la baisse de 20,6 milliards des dé pôts publics, renforcée par la hausse de
12,7 milliards des engagements de l’État
envers le système bancaire. L’encours
des crédits à l’économie s’est accru de
0,5 milliards FCFA ou 0,1 % pour atteindre 516 milliards, à la suite de la hausse
de 3,1 milliards des crédits ordinaires et
de la baisse de 2,6 milliards des crédits de
campagne. La hausse des crédits ordinaires s’explique en partie par des concours
accordés à des sociétés opérant dans les
s e c te u r s d e s té l é co m m u n i c a t i o n s, d e
l’énergie, de distribution de produits pétroliers, des mines, du commerce général
ainsi qu’à des sociétés cotonnières et des
associations villageoises dans le cadre du
financement d’équipements agricoles.
CULTURE ET SOCIÉTÉ
La célèbre jazzwoman américaine Dee
Dee Bridgewater
enregistre au Mali
son prochain album
« contre la faim ».
Cette native du Tennessee ( États-Unis ),
q u i s’e s t m i s e a u
jazz dès l’âge de 15
ans avec des ténors
de ce genre musical comme Dizzy
G i l l e s p i e o u e n c o re S o n ny R o l l i n s, a
annoncé son intention de fusionner sa
musique au rythme du Mali en vue de sortir
204
un album qui sera conçu sur la base des
rythmes traditionnels de Ségou.
Dee Dee Bridgewater a reçu de nombreux prix, dont le Jazz Academy Awards en
1995 et en 1998. Elle a été nommée chevalier
de l’Ordre national du mérite par le président français François Mitterrand et officier
des arts et des lettres par le ministre français
de la Culture et de la Communication. Elle
est aussi ambassadrice de bonne volonté
de l’Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture ( FAO ).
Elle n’est pas la seule à venir chercher
des sonorités nouvelles au Mali : Ali Farka
Touré, Salif Kéita, Oumou Sangaré et bien
d’autres noms de la musique malienne ont
AFI 2007
MALI
« Mourir en tentant de survivre »
Le grand problème de la jeunesse malienne, actuellement, est l’immigration clandestine. Du fait du manque de travail, « mais surtout du manque de perspective »,
comme le dit Félix Koné, sociologue, les jeunes ne rêvent que d’une chose : partir.
Moussa Sow est l’un de ceux-ci. Il en est à sa troisième tentative et ne désespère
pas d’y parvenir un jour. Les déserts du Mali et ceux de l’Algérie, les cachettes et les
circuits, les souffrances causées par le froid, la faim et la soif sur les mers et dans des
embarcations de fortune n’ont aucun secret pour lui. « Je réussirai un jour. Quel
avenir pour moi ici? Je pense qu’il faut mourir en tentant quelque chose plutôt que
de mourir assis à ne rien faire, sans perspective. Si ça marche, tout devient rose. Il
n’y a aucune alternative à l’immigration », ajoute-t-il.
Pour le sociologue, si, pendant longtemps, pour beaucoup de région du Mali,
l’émigration était culturelle et participait même à l’initiation du jeune, maintenant,
elle est « plus dictée par des raisons économiques ». Au Mali, on considère que plus
de 500 jeunes tentent régulièrement « l’aventure » de façon illégale.
composé avec des Français, des Anglais, des
Américains ou des Asiatiques.
Au Mali, la musique est une économie. Personne ne peut dire exactement le
nombre de personnes qui vivent du secteur
de la musique, mais, selon le catalogue de
Seydoni-Mali, un des producteurs maliens,
et le Programme de soutien aux initiatives
culturelles ( PSIC ), rien qu’à Bamako, la
capitale, il y a 361 ar tistes, musiciens,
interprètes, compositeurs, auteurs; 121
musiciens instrumentistes; 34 groupes de
rap; 14 orchestres; 15 promoteurs; et 30
groupes traditionnels.
Une enquête menée par la Conférence
des Nations Unies pour le commerce et le
développement ( CNUCED ) confirme 3 000
emplois permanents dans le secteur pour
l’année 2000. Selon cette étude intitulée
Évaluation du commerce de l’audiovisuel à travers la musique au Mali, le secteur enregistre
un chiffre d’affaires de 66 milliards FCFA.
Selon les informations fournies par
la Direction nationale du commerce et
de la concurrence, la musique enregistre
la plus grande performance au niveau du
rendement en termes de valeur ajoutée :
au niveau des concerts et récitals, 60 %;
des musiques enregistrées sur cassettes,
66,48 %; des instruments vendus, 78,33 %;
Le professeur Diola Bagayogo : une fierté nationale
Diola Bagayogo est l’un des plus grands sinon le plus grand professeur distingué
de physique à l’Université du Sud dans l’État de la Louisiane aux États-Unis. Sa
dernière découverte sur les propriétés électroniques lui a valu une renommée internationale.
Bagayogo a fréquenté l’École normale supérieure de Bamako, section physique
et chimie. Avec sa maîtrise en main, le jeune professeur enseigne pendant deux ans
au lycée de Sikasso. C’est là qu’il décroche en 1975 une bourse Atlas pour poursuivre
ses études doctorales aux États-Unis. Le doctorat décroché en 1983, débute alors
pour le jeune Malien une carrière professionnelle mouvementée : « Le quart de mon
temps, je délivre des cours, les deux quarts sont consacrés à l’encadrement de mes
nombreux étudiants puisque j’ai créé l’académie de Tombouctou pour former des
étudiants de façon exceptionnelle. Le dernier quart de mon temps est consacré à la
recherche », explique-t-il.
Les performances enregistrées par cette académie lui ont valu deux prix présidentiels américains d’excellence en sciences et technologie. Depuis sa mémorable
découverte sur les propriétés électroniques des semi-conducteurs en 1998, l’homme
est convoité par tous les pays développés du monde. C’est pourquoi il ne cache pas
sa satisfaction pour son métier. Chercheur pas comme les autres, Diola dit vouloir
détruire le mythe qui présente le chercheur comme cet individu « qui est dans un
coin, qui ne parle avec personne et qui ne reconnaît pas le reste du monde. Cette
image est fausse ».
AFI 2007
205
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
des industries musicales, 68,27 %. « La
musique participe fortement au secteur tertiaire qui fait plus de 40 % de participation
à la constitution du PIB contre 20 % au secteur secondaire », ajoute Issiaka Coulibaly,
administrateur des arts.
En dépit de la précarité de ses moyens
financiers et techniques, le cinéma malien
a permis à des cinéastes de s’exprimer et
d’acquérir une renommée internationale.
II s’agit de Cheick Oumar Sissoko, Souleymane Cissé et Adama Drabo. Le cinéma
malien détient le record du trophée de l’étalon du Yenenga, le grand prix du Festival
panafricain du cinéma de Ouagadougou
( FESPACO ).
Magies en terre et l’empire du Mali
Pour la dynamisation des architectures de terre, la Fondation internationale de synthèse architecturale ( FISA ) au Mali a procédé tout le mois d’août à une exposition
sur les Magies en terre et l’empire du Mali, comprenant 33 toiles grand format et
un catalogue.
Ce vaste projet a pour objectifs de dégager l’architecture de terre de sa dépréciation actuelle, faire connaître les forces et la recherche de l’architecture africaine,
appuyer les recherches appliquées sur les matériaux locaux et sensibiliser les politiques et les financiers à la promotion d’un habitat issu des forces sociales et
culturelles régionales.
À travers cette exposition, la FISA veut revaloriser non seulement la terre mais
également les styles et les techniques ancestrales de construction. Le projet de dynamisation des architectures, relève Bâ Diakité, conseiller technique au ministère de la
Culture, comporte deux phases. La première porte sur la création d’une exposition
internationale itinérante et la publication d’un ouvrage didactique à destination des
bibliothèques scolaires et municipales. La deuxième a pour objectif la création d’une
école de maîtres maçons à Pèlerinage dans le cercle de Ségou pour la transmission des
savoirs et savoir-faire traditionnels ainsi que des acquis des techniques nouvelles.
Créée en 1992, FISA Mali est une création de FISA internationale basée à Séville
en Espagne. Au Mali, elle a déjà réalisé des projets comme la réhabilitation du marché central de Mopti, la production de la chaux à partir des coquillages, l’appui des
artisanes pour l’amélioration des fours et techniques de cuisson, etc.
MOZAMBIQUE
Mbaye DIOUF 
Université Laval 
[email protected]
L’année 2006, au Mozambique, a surtout été marquée par l’admission du pays
comme observateur auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie
( OIF ), après y avoir été invité pendant plusieurs années.
POLITIQUE
L
’admission du Mozambique a eu lieu
lors du XI e Sommet de l’OIF tenu en
septembre à Bucarest. En plus du soutien du président français Jacques Chirac,
cette acceptation du Mozambique est largement attribuée au prestige international
dont jouit ce pays en tant qu’exemple de
paix et de stabilité après de longues années
206
de conflit. L’OIF, il est vrai, s’ouvre de plus
en plus aux pays qui n’ont pas le français
comme langue officielle, particulièrement
en Afrique et en Europe de l’Est, mais qui
partagent les principes fondamentaux de
cette organisation, à savoir la paix, la démocratie, la bonne gouvernance, le respect
des droits humains et le développement
AFI 2007
MOZAMBIQUE
durable. Dans son adresse à l’assistance,
le président mozambicain Armando Guebuza a souligné que l’OIF est une grande
opportunité pour son pays d’accéder à de
nouvelles expériences et connaissances
importantes pour la mise en œuvre du
programme national de lutte contre la
pauvreté.
Sur les plans social et politique, le pays
a commémoré le 20e anniversaire de l’assassinat du premier président du Mozambique,
Samora Machel, assassinat dans lequel
serait impliqué le régime sud-africain de
l’apartheid de l’époque. L’actuel président
mozambicain a d’ailleurs déclaré, en Afrique du Sud même, que son gouvernement
continuera « à chercher la vérité » sur l’accident d’avion qui a coûté la vie à Machel
le 19 octobre 1986. Le Front de libération
du Mozambique ( FRELIMO, au pouvoir )
voudrait, pour sa part, ériger un monument
à la mémoire de son fondateur.
ÉCONOMIE
Le pays a été très dynamique sur le plan économique. En octobre, l’Agence américaine
pour le développement et le commerce
( USTDA ) a accordé à la Compagnie nationale des aéroports du Mozambique ( ADM )
une subvention de 445 000 US $ destinés
aux études relatives à l’expansion des trois
aéroports de Pemba, de Nacala et de Vilankulo. Le Mozambique a aussi participé à la
II e Conférence ministérielle du Forum sur
la coopération économique et commerciale
entre la Chine et les pays lusophones tenue
à Macao. Par ailleurs, le pays a été bien
représenté à la Conférence internationale
sur la participation de la femme à la vie
politique tenue en octobre en Angola, et
qui étudiait les différents moyens d’implication plus soutenue des femmes dans les
processus électoraux et de préservation des
droits de l’homme en Afrique.
Les efforts du pays risquent toutefois
d’être anéantis par les ravages du sida : plus
de 16 % des personnes âgées de 16 à 49 ans
sont séropositives au Mozambique. Ces indicateurs seront déterminants dans les résultats
de la phase pilote du troisième recensement
national de la population et de l’habitat
lancée en octobre par l’Institut national de
la statistique ( INE ), avant l’organisation d’un
recensement général prévu en 2007.
CULTURE ET SPORT
MOZAMBIQUE
Géographie
État africain situé sur la côte orientale
de l’Afrique. Dispose d’un littoral de
plus de 2 000 km sur l’océan Indien.
Histoire
➤ 1960 Guérilla contre la colonisation
portugaise.
➤ 1969 Assassinat de Eduardo Mondlane, dirigeant de la guérilla.
➤ 1975 Indépendance du Mozambique
sous la houlette du FRELIMO muté en
parti unique communiste.
➤ 1976-1992 Guerre civile qui a fait
près d’un million de morts.
➤ 1986 Assassinat du président Samora
Machel, remplacé par Joaquim Chissano.
➤ 1995 Entrée dans le Commonwealth.
➤ 2004 Élections générales remportées
par le FRELIMO, Armando Guebuza élu
président.
➤ 2006 Entrée dans la Francophonie à
titre de membre observateur.
AFI 2007
Au plan culturel, les grands chanteurs mozambicains ont participé cette année aux
différents festivals en Afrique australe et en
Europe. Des stylistes du pays ont participé
à la 3 e édition du Ethical Fashion Show,
tenue à Paris en octobre.
Sur le plan sportif, le pays a pris part
aux premiers Jeux de la lusophonie, tenus
en octobre à Macau. Kurt Couto y a remporté la médaille d’or du 400 mètres haies
devenant ainsi le premier athlète africain
à remporter une médaille d’or à ces Jeux.
En football, le Mozambique participe aux
éliminatoires de la Coupe d’Afrique des
nations ( CAN ) de football, prévue au
Ghana en 2008, mais il n’est pas bien placé
après une défaite devant le Sénégal ( 0-2 )
et un match nul face à la Tanzanie ( 0-0 ).
La bonne surprise pourrait venir d’une
probable implication du pays dans l’organisation de la prochaine Coupe du monde
en Afrique du Sud en 2010. La criminalité
et des retards dans l’avancement des travaux pourraient amener les responsables
sud-africains à faire héberger certaines
délégations de pays lusophones comme le
Brésil ou le Portugal par des pays comme
le Mozambique ou l’Angola.
207
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
NIGER
Auguste KABORÉ 
Université de Ouagadougou 
[email protected]
POLITIQUE
L
’année 2006 a vu l’installation de deux
conseils au Niger : le Conseil économique, social et culturel ( CESC ) et le Haut
Conseil des collectivités territoriales.
Le C E S C e s t l e p re m i e r d u N i g e r
depuis le retour à la démocratie en 1993.
Cette mise en place tardive s’explique par
l’instabilité sociopolitique qui a marqué le
pays. Ce conseil est un organe consultatif
dont le rôle est d’éclairer le président de
la République et l’Assemblée nationale
dans les prises de décisions, notamment
sur les projets de loi dans les domaines
économique, social et culturel. Il peut
NIGER
Géographie
Vaste territoire traversé au sud-ouest
par le fleuve Niger qui concentre sur
ses rives activités et populations ( près
de la frontière avec le Nigeria ).
Histoire
➤ Occupation humaine très ancienne ;
peuplements multiples ( Berbères, Touaregs, Peuls et autres ).
➤ VIIe s. Islamisation.
➤ 1897 Pénétration française ( amorcée
en 1830 ).
➤ 1922 Le Niger, une colonie de l’AOF.
➤ 1960 Indépendance du Niger. Hamani Diori, président.
➤ 1974 Coup d’État militaire; Seyni
Kountché au pouvoir.
➤ 1987 Mort de Kountché; Ali Seibou
lui succède.
➤ 1993 Premières élections démocratiques : Mahamane Ousmane président.
➤ 1996 ( 27 janv. ) Coup d’État du général Ibrahim Maïnassara Baré. Révision
de la Constitution.
➤ 1999 ( 9 avril ) Assassinat d’I. Baré.
Daouda Mallam Wanké lui succède.
➤ 1999 ( 24 nov. ) Victoire de Mamadou
Tandja aux élections présidentielles.
➤ 2000 ( 1 er nov. ) Création de la Haute
Cour de justice.
208
également mener des enquêtes et des
études sur les questions concernant ces
domaines. Le Haut Conseil des collectivités territoriales, lui, a pour mission de
donner des avis éclairés sur les questions
de décentralisation en vue de permettre
au gouvernement d’avoir une gestion
efficiente de ces collectivités.
Parce que la
fin de l’année scolaire nigérienne a
été marquée par des
cas de fraude et de
falsification de diplômes, le président
Mamadou Tandja
a promis de sévir. Il
a également promis
la tenue d’un forum
national sur l’éducation.
Les démêlés entre la presse et les autorités nigériennes se sont poursuivis. Dans
ce sens, Salifou Soumaïla Abdoulkarim, le
directeur de l’hebdo Le Visionnaire, a écopé
d’une peine ferme de deux mois d’emprisonnement et d’une amende d’un franc CFA
symbolique de dommages et intérêts à cause
d’un article de son journal qui accusait Sido
Elhaj, le trésorier général du Niger, d’avoir
d é t o u r n é 1 7   m i l l i a r d s F C FA ( e nv i r o n
2,6 millions € ). Un autre directeur de publication, Maman Abou, et son directeur de
la rédaction, Oumarou Keita, ont été arrêtés
le 4 août 2006 et accusés de propagation
de fausses nouvelles et diffamation contre
l’État. Ces deux journalistes du Républicain
( hebdomadaire indépendant nigérien )
sont poursuivis par le premier ministre nigérien Hama
Amadou pour la
publication d’un
article du 28 juillet
2006 accusant le
gouvernement de
détournements, de
malversations, de mauvaise gestion et de
mauvaise gouvernance.
AFI 2007
NIGER
ÉCONOMIE
Un audit indépendant instruit par les partenaires techniques et financiers du Niger
et portant sur la gestion des fonds octroyés
à ce pays, a révélé des cas de malversations
et de mauvaise gouvernance au sein du
ministère de l’Éducation de Base ( MEBA ).
Les commanditaires ont immédiatement
suspendu leur coopération, bloqué les autres
appuis, réclamé le remboursement des fonds
et exigé des sanctions pour les coupables.
Ces révélations ont entraîné la mise à l’écart
du gouvernement des ministres chargés de
l’Éducation. Plusieurs autres personnes,
dont des cadres du MEBA et des opérateurs
économiques, ont été entendues par la justice. Et certaines d’entre elles ont été déférées
à la maison d’arrêt de Niamey.
Le Programme des Nations Unies
pour le développement ( PNUD ) a organisé
en collaboration avec le gouvernement
nigérien un atelier national sur la prévention des crises dans les programmes de
développement au Niger. Les participants
( ministères techniques, élus locaux, représentants du système des Nations Unies,
ONG et organisations internationales )
ont réfléchi sur les voies et moyens à
mettre en œuvre dans l’élaboration des
stratégies multisectorielles intégrées, pour
prévenir les causes des crises dans ce pays.
Cette rencontre a donné l’occasion aux
différents partenaires de diagnostiquer les
facteurs potentiels des crises qui minent
les programmes de développement, dans
le but de réduire les aides extérieures lors
des crises en impliquant davantage les
structures nationales.
Le rapport de fin de mandat du Comité d’appui aux services d’assiettes et de
recouvrement des impôts et taxes fonciers
( CASARIF ) a fait ressortir l’incivisme fiscal de certaines autorités nigériennes. En
effet, plusieurs députés doivent au fisc,
alors qu’une des conditions pour exercer
un mandat électif au Niger est d’être en
règle concernant ses obligations fiscales. Le
CASARIF a, au cours de son mandat, permis
le recouvrement de 800 millions FCFA ( soit
plus d’1 million € ) d’arriérés et de taxes
foncières, soit un taux de recouvrement de
10 %. La stratégie de cette institution est
axée sur la sensibilisation des Nigériens au
paiement de l’impôt. Elle vise à manifester
aussi l’équité de tous devant l’impôt.
Industrie
La reprise de l’activité nucléaire à travers le monde a provoqué une hausse du
cours de l’uranium. La livre d’uranium qui
se négociait à environ 10 US $ est montée
à 45 US $ en 2006 et risque d’atteindre
100 US $ en 2007. Profitant de cette opportunité, les compagnies d’exploitation
d’uranium du Niger ont mis l’accent sur
l’exploration de nouveaux sites. D’ores
et déjà, les populations des localités qui
hébergent les sites uranifères expriment
leurs préoccupations économiques et sociales à ces compagnies. Elles réclament
la construction de plus d’infrastructures
sociales ( écoles, postes de santé, eau
potable, protection de l’environnement
et du cadre de vie ), plus de transparence
dans le recrutement des employés, plus
d’équité dans la passation des contrats
de sous-traitance. Le Niger compte ainsi
conforter sa place de premier producteur
mondial d’uranium.
SOCIÉTÉ
Après la dure période de sécheresse et de
famine de 2005, certaines villes nigériennes
( Orodoua, Zinder, Doutchi ) ont connu
des inondations en
2006. La ville de
B i l m a ( 1   5 0 0 k m
au nord de Niamey
dans le déser t du
Ténéré ) a été la plus
Zébu touché par la sécheresse
touchée. Le gouvernement a réagi en organisant des secours
d’urgence par des dons de tentes, de couvertures, de moustiquaires imprégnées et
de rations alimentaires.
AFI 2007
Pour mieux faire connaître et comprendre sa politique de l’emploi, le gouvernement
nigérien a organisé du 14 au 16 mars 2006
un Salon de l’emploi. Les activités ont porté
sur la présentation des stratégies de lutte
contre le chômage et le sous-emploi, de
même que sur les mécanismes à élaborer
pour un financement efficace et durable de
l’emploi afin d’en faire davantage un facteur
essentiel de développement économique et
social. Le taux de chômage du Niger est l’un
des plus élevés au monde. Il concerne 30 %
de la population active dont 39 % des jeunes
de moins de 30 ans.
209
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
La coalition Équité et qualité contre
la vie chère au Niger et la coordination
de la société civile nigérienne ont organisé encore en 2006 des opérations « pays
mort », malgré les avertissements lancés
par le gouvernement. En effet, le ministre
de la Fonction publique avait menacé
les éventuels grévistes de les considérer
comme étant en abandon de poste s’ils
participaient à ces manifestations. Selon
Siptèye Kanda, ministre de la Fonction
publique, cette organisation est illégale.
C’est pourquoi les différentes marches et
les arrêts de travail se sont chaque fois
soldés par des répressions policières et des
arrestations des dirigeants.
Les négociations entre le gouvernement et la Confédération démocratique des
travailleurs du Niger ( CDTN ) ont abouti
cette année à des compromis notables.
Sur quatre points examinés, deux ont fait
l’objet d’accords. Il s’agit de l’abrogation
de l’ordonnance sur la retraite anticipée
et la finalisation des travaux du comité de
pilotage pour la transformation du Fonds
national de retraite ( FNR ) en Caisse autonome de retraite du Niger ( CARENI ). À cela
s’ajoute le paiement des arriérés des incidences financières à la suite des avancements
et classements. Quant au point relatif au
plaidoyer de la CDTN pour la restitution des
coupures et suspensions de salaires pour fait
de grève, le gouvernement a promis de le
transmettre aux services publics compétents
en la matière pour un règlement. Le dernier
point important sur la détermination de la
représentativité des organisations syndicales a fait l’objet de création d’un comité ad
hoc qui devrait élaborer un cadre juridique
des élections professionnelles. Un comité
de suivi sera également mis en place pour
l’application de cet accord. Outre les négociations avec le gouvernement, la CDTN
s’est intéressée à la formation de ses militants. Elle a en effet organisé des sessions à
l’attention de ses responsables régionaux sur
des thèmes tels que les principales normes
de travail, la liberté syndicale et l’exercice du
droit syndical, les négociations collectives et
les techniques pour les réussir. L’objectif était
d’amener les participants à mieux prendre
conscience de l’utilité et de la nécessité de la
lutte syndicale afin de contrôler davantage
leurs bases.
Sport
N iamey a abr ité les 5 e Jeux de la
Fr a n c o p h o n i e f i n 2 0 0 5 . C e s J e u x
ont, aux yeux des observateurs, été
un véritable succès pour le N iger.
À travers compétitions spor tives et
concours artistiques, ces Jeux ont une
fois encore permis à la jeunesse francophone mondiale de vivre les valeurs de
partage et de solidarité dans un esprit
de diversité. En effet, la francophonie
demeure toujours un outil précieux
de rencontres, de dialogue culturel
et de coopération internationale, audelà de la communauté de langue et
des discours politiques. Plusieurs prix
ont été attribués parmi lesquels celui
de l’Assemblée parlementaire de la
Francophonie ( APF ). Ce prix permet
aux lauréats de bénéficier de stages de
perfectionnement. Le Comité international de la Francophonie a décerné au
Niger la médaille d’or de l’organisation
malgré les difficultés rencontrées dans
la réalisation de ces Jeux.
210
Préparatifs pour les 5e Jeux de la Francophonie à Niamey
AFI 2007
RÉPUBLIQUE DU CONGO
André-Patient BOKIBA 
Maître de conférences HDR Conseil africain et malgache pour 
l’enseignement supérieur ( CAMES ), Université Marien Ngouabi 
[email protected]
E
POLITIQUE
n R é p u b l i q u e d u Co n g o, l ’a n n é e
2007 sera marquée par l’organisation
des élections législatives. Ce scrutin
qui intéresse la majorité de la classe politique congolaise constituera un test de la
réussite de la politique de Denis SassouNguesso, étant donné l’écrasante majorité
du groupe parlementaire de ses partisans
à l’Assemblée nationale. Cela explique,
sans doute, l’effervescence de l’agitation
politicienne autour du devoir d’inventaire,
à mi-parcours, de « la nouvelle espérance »
– programme politique de Sassou-Nguesso.
D’autant plus qu’au terme d’un mandat
de cinq ans ( en excluant la période transitoire flexible de quatre ans ), le pouvoir
du président Sassou-Nguesso aura engendré, à la faveur de l’embellie des recettes
pétrolières, l’explosion spectaculaire de
fortunes personnelles, mais laissé dans le
marasme de la misère l’immense majorité
des Congolais. L’échéance des législatives
installe dans la conscience des candidats,
appelés à reconquérir la confiance d’une
population désabusée, une querelle des
responsabilités et un procès insidieux de
la gestion politique du pays. La somme
des frénésies des destins individuels n’est
pas étrangère à l’ambiance de crise qui a
conduit des grandes formations politiques
au bord de l’implosion.
Le M ouvement congolais pour la
démocratie et le développement intégral
( MCDDI ) de Bernard Kolelas a souffert du
retour d’exil de son
président. À l’occasion de la mort de
son épouse en 2005,
Kolelas, condamné à la réclusion à
perpétuité à l’issue
d’un procès en 1999, a bénéficié de mesures
humanitaires d’amnistie. Généreusement
circonvenu par le pouvoir, Kolelas a quitté
le camp de l’opposition pour s’allier au
pouvoir, sans avoir réussi à entraîner dans
cette démarche Frédéric Bitsangou, alias
AFI 2007
RÉPUBLIQUE 
DU CONGO
Géographie
Pays équatorial couvert de forêts.
Sous-sol pétrolifère.
Histoire
➤ 1875 Voyage de l’explorateur français Savorgnan de Brazza.
➤ 1891 Colonie française intégrée à
l’AÉF en 1910 ( capitale Brazzaville ).
➤ 1940-1944 Brazzaville, capitale de la
France libre. Félix Éboué, gouverneur.
➤ 1944 Le célèbre discours du général de
Gaulle jette les bases de l’Union française.
➤ 1958 République sous le nom de
Congo-Brazzaville.
➤   1 9 6 0 ( 1 5 a o û t ) I n d é p e n d a n c e.
L’abbé Fulbert Youlou, président.
➤ 1963 ( 15 août ) Révolution populaire;
Alphonse Massamba-Débat élu président.
➤ 1969 Proclamation de la République
populaire du Congo par Marien N’Gouabi ( assassiné le 18 mars 1977 ).
➤  1979 Le colonel Sassou-Nguesso
écarte Joachim Yhombi-Opango.
➤ 1981 Rapprochement avec l’Occident par le colonel Sassou-Nguesso.
➤ 1990 Abolition du marxisme.
➤ 1991 Démocratisation. Multipartisme.
➤ 1992 Nouvelle Constitution ( référendum ). Pascal Lissouba, président.
➤ 1994 ( mai ) Le Congo renoue avec le
FMI malgré la guerre civile ( juil. 1993juil. 1994 ) : 2 000 morts à Brazzaville.
➤ 1996 ( nov. ) Signature à Pointe-Noire
d’un accord de cessation des hostilités.
➤ 1997 Les troubles reprennent. Retour
au pouvoir de Sassou-Nguesso.
➤ 2001 ( 17 mars ) Ouverture du Dialogue national en vue de la future
« Constitution et Convention pour la
paix et la reconstruction du Congo ».
➤ 2002 ( mars ) Sassou-Nguesso est réélu.
211
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
le pasteur Ntumi, président du Conseil
national de la résistance. En revanche, la
nomination d’un nouveau conseil national, sorte de comité central, a engendré une
scission du MCCDI et la création par Michel
Mampouya, secrétaire exécutif, ancien
président intérimaire exclu de nouvelles
instances, du Parti de la sauvegarde des
valeurs républicaines ( PSVR ).
Plus spectaculaire est la crise du Parti
congolais du travail ( PCT ), parti du président, et qui jouit d’une majorité écrasante
au Parlement. Il est le lieu d’un conflit entre
deux tendances, l’une conservatrice dirigée
par Justin Itihi-Lekoundzou Ossétoumba,
président du groupe PC T à l’Assemblée
nationale, irréductiblement attachée aux
frontières traditionnelles du parti, l’autre
refondatrice à la tête de laquelle se trouve
Édouard-Ambroise Noumazalayi, secrétaire
général du PCT et président du Sénat, soucieuse d’un élargissement de la base du
parti à des personnalités ou à des partis
politiques de l’opposition. La crise du parti
majoritaire, qui s’est alimentée d’escarmouches judiciaires ou de restriction de l’accès
aux médias d’État pour l’aile conservatrice,
a atteint son acmé avec l’organisation par
l’aile conservatrice du 5e congrès extraordinaire, dit congrès de rupture, ouvert le 12
octobre 2006 et interrompu avant l’installation des instances dirigeantes. Le président
Sassou-Nguesso a été obligé d’intervenir
par le biais d’une médiation conduite par
le ministre d’État, son directeur de cabinet
Aimé -Emmanuel Yok a, secondé par le
général Pierre Oba, ministre des Mines,
pour imposer la suspension des travaux
et la négociation des deux tendances, en
vue d’un congrès unitaire ultérieur. Cette
intervention du président – qui n’a pas
démissionné de ses fonctions du comité
central du PCT –, ponctuée d’une injonction aux congressistes du chef d’état-major
général des Forces armées congolaises sur
instructions du chef d’État, a été dénoncée
par l’opposition comme une violation de
la Constitution du 20 mars 2002, notamment en son article 72 : « Le mandat du
président de la République est incompatible
avec toute responsabilité au sein d’un parti
politique »; par ailleurs, l’article 171 stipule
Une politique extérieure active
Si le Congo a été élu au Conseil de sécurité des nations, en qualité de membre non
permanent, le président, titulaire d’un mandat national de sept ans jusqu’en 2009
qu’il cumule, cette année, avec la présidence de la Communauté économique des
États d’Afrique centrale ( CEEAC ) et la présidence de l’Union africaine ( UA ), aura
consacré le plus clair de son programme de travail à une intense activité diplomatique.
À cet égard, le chef d’État congolais a, dans le cadre du renforcement de la paix sur le
continent, affirmé la nécessité d’une collaboration entre le Conseil de sécurité et l’UA
pour mettre fin aux conflits persistant encore en Afrique et condamné les tentatives de
déstabilisation du régime tchadien. Il a rencontré le président des États-Unis George
W. Bush avec lequel il s’est entretenu de l’application de l’accord de paix du 5 mai
sur le Darfour, de l’aide de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord ( OTAN )
pour renforcer la mission de l’UA au Soudan puis celle des Nations Unies qui doit
prendre la relève, et d’une transition rapide entre les deux missions. Brazzaville a
accueilli, dans le cadre du Renforcement des capacités africaines de maintien de la
paix 5 ( RECAMP 5 ), une réunion sur le maintien de la paix en Afrique copilotée
par l’Union européenne ( UE ) et l’UA regroupant plus de 250 responsables civils et
militaires. Le président en exercice de l’UA a appelé, le 25 mai, Journée de l’Afrique,
les Africains à se mobiliser pour que la paix devienne une réalité tangible pour tous
les Africains. C’est encore en cette qualité qu’il a participé du 3 au 5 novembre 2006
au Sommet Chine-Afrique et à la rencontre de Séoul. Dans le cadre de la lutte contre
la pauvreté, Sassou-Nguesso a demandé aux pays africains d’adhérer à l’initiative
de taxation des billets d’avion pour le financement des pays pauvres. La diplomatie
congolaise s’est ainsi trouvée impliquée dans la recherche des solutions aux crises
de la Côte d’Ivoire – où le président a nommé le général Jean-Marie Michel Mokoko
représentant spécial – , à la question du Darfour, à la transition de la République
démocratique du Congo ( RDC ), aux relations entre le Tchad et le Soudan.
212
AFI 2007
RÉPUBLIQUE DU CONGO
que « la force publique ( armée, gendarmerie, police ) est apolitique. Elle est soumise
aux lois et règlements de la République ».
La tenue du congrès unitaire prévue pour
le 31 octobre 2006 n’a pas eu lieu non
plus à la seconde quinzaine de novembre,
malgré l’abandon réel ou putatif du concept
controversé de refondation concédée à
l’aile conservatrice.
En somme, avec la promulgation de la
loi n° 21-2006 sur les partis politiques par
le président de la République, on retiendra
qu’en dehors de la crise interne des partis,
l’échéance des législatives exacerbe une
autre querelle, celle de l’instance organisatrice du scrutin, c’est-à-dire la Commission
électorale indépendante ( CEI ), qui est une
revendication traditionnelle de l’opposition, le candidat Sassou-Nguesso l’ayant
réclamée et obtenue à la veille de l’élection
présidentielle de 1997.
En ce qui concerne le processus de
pacification, l’on observe une certaine accalmie de la crise du Pool entretenue depuis
1998 par la rébellion de Frédéric Bitsangou
alias le pasteur Ntumi. Peut-on parler, à cet
égard, de l’usure de la capacité de nuisance
du président du Conseil national de la résistance ( CNR ) dont la valse-hésitation à
l’égard des propositions des médiateurs du
pouvoir et la revendication d’un statut particulier comme préalable au désarmement
et à la réinsertion de sa milice de Nsilulu et
Ninjas auront fait long feu, avec la récupération de la direction du département du
Pool par Bernard Kolelas, ancien opposant
exilé passé au camp du président?
L’o m n i p r é s e n c e d u Co n g o s u r l a
scène politique internationale n’a pas accéléré la résolution des problèmes de la vie
quotidienne des Congolais. Cela explique
l’adhésion d’une partie de l’opinion au discours de certains hommes politiques, tel le
général Emmanuel Ngouelondele-Mongo,
président du Cercle des républicains pour
u n n o u ve l o rd re n at i o n a l ( C E R N O N ) ,
qui, lors du conclave du 18 juin 2006 à
Versailles, a réclamé la démission de Sassou-Nguesso.
En ce qui concer ne les droits de
l ’homme, Brice M ackosso et Christian
Mounzeo, respectivement secrétaire exécutif de la Commission justice et paix de
l’Église catholique et président de la Rencontre pour la paix et les droits de l’homme
( RPDH ), membres de la coalition « Publiez
ce que vous payez » ( PCQVP ) qui milite en
faveur de la transparence dans la gestion
des revenus pétroliers, incarcérés le 7 avril
à la maison d’arrêt de Pointe-Noire pour
Une célébration contestée
Le 3 octobre 2006, les restes de Pierre Savorgnan de
Brazza, mort en 1905 à Dakar, ont été transférés d’Alger
à Brazzaville où l’explorateur et sa famille reposent dans
un prestigieux mausolée construit à côté de l’hôtel de
ville. Cette opération organisée sous le double patronage
de Denis Sassou-Nguesso et d’El Hadj Omar Bongo-Ondimba, président de la République gabonaise, a suscité
dans l’opinion congolaise un débat non seulement autour
de l’opportunité, dans un contexte de misère généralisée,
de la construction d’un monument aussi coûteux – dix
milliards francs CFA selon des évaluations officieuses – ,
mais aussi autour de la qualification d’humaniste appliquée au colonisateur, au moment même où l’opinion des
anciennes puissances est agitée par la controverse sur les bienfaits de la colonisation.
À cet effet, le rapport final du colloque international organisé à Franceville par la
Fondation Pierre Savorgnan de Brazza, en collaboration avec l’Université Marien
Ngouabi de Brazzaville et l’Université Omar Bongo de Libreville, a retenu que l’acte
de coloniser, en tant que projet et entreprise hégémoniques, est sinon impropre,
du moins parfaitement insuffisant pour gratifier son auteur du label d’humaniste.
En tout état de cause, les participants ont pris une recommandation demandant
aux deux chefs d’État l’érection de monuments en hommage au Makoko Iloo qui a
signé un traité de concession avec Pierre Savorgnan de Brazza.
AFI 2007
213
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
« abus de confiance, faux en écriture et
complicité », ont été libérés grâce à la mobilisation de nombreuses ONG nationales et
internationales et ont pu prendre part à la
conférence annuelle de l’Initiative de transparence des industries extractives ( ITIE )
que le gouvernement norvégien a organisée
à Oslo, les 16 et 17 octobre 2006.
ÉCONOMIE
Le 8 mars 2006, le Fonds monétaire international ( FMI ) et la Banque mondiale ( BM )
ont annoncé que le Congo était éligible
à l’initiative de réduction de la dette des
pays pauvres très endettés ( PPTE ). Six mois
plus tard, la revue de la délégation du FMI
conduite par Joannes Mongardini, chef
de mission pour le Congo, axée autour
des mesures structurelles, de l’exécution
budgétaire et des perspectives pour le reste
de l’année, a salué une croissance du PIB
estimée à 6,5 % cette année ainsi que les
efforts en faveur de la transparence de la
gestion des ressources naturelles. La mission a cependant enregistré des dérapages
budgétaires qui ont entravé la conclusion
de la troisième revue dans le cadre de l’exécution du programme appuyé par la Facilité
pour la réduction de la pauvreté et pour
la croissance ( FRPC ). Elle a, par ailleurs,
demandé la création d’une commission
nationale anticorruption.
En ce qui concerne la gestion des ressources pétrolières, il convient de rappeler
les enquêtes menées par Global Witness
et les actions en justice engagées par des
créanciers privés tels que Kensington
I nter national, FG H e m i s p h e re, Wa l k e r
International Holdings et la Connecticut
Bank of Commerce cherchant à saisir les
avoirs du Congo au Royaume -Uni, aux
États-Unis et en France. À la faveur d’un
jugement rendu le 28 novembre 2005 par
le tribunal de grande instance britannique,
dans une affaire engagée par un créancier
du Congo en vue de saisir les bénéfices de
cargaisons de pétrole vendues à la compagnie de commerce internationale Glencore
en mars 2005, les plus hautes autorités
de l’État congolais ont justifié la vente
du pétrole congolais à travers un réseau
élaboré de sociétés installées au large par
la volonté légitime de tenir les revenus
pétroliers hors de portée des créanciers
vautours qui essaient de saisir les actifs de
la Société nationale des pétroles du Congo
( SNPC ).
Mais l’augmentation de 8,5 % de la
production pétrolière, soit 100 milions
de barils attendus en 2006, a conduit le
gouvernement à proposer à l’Assemblée
nationale le vote au mois d’octobre 2006
d’une loi de finances rectificative qui a
porté le budget de l’État congolais exercice
2006 de 1 629 à 1 921 milliard FCFA. Le
chef d’État congolais a annoncé la création
à la Banque des États d’Afrique centrale
( BEAC ) d’un « compte de stabilisation »
des recettes pétrolières supplémentaires
destiné à des projets de développement. Un
Une situation sociale tendue
La décision du gouvernement de restaurer de 15 % sur trois ans la valeur du point
d’indice des salaires des fonctionnaires et d’apurer les arriérés de salaires, à raison
de trois mois par année, à compter de l’exercice budgétaire 2006, laisse 50 % des
Congolais sous le seuil de pauvreté. Cette situation explique la grève des enseignants,
en rupture avec les dispositions de la trêve sociale reconduite depuis quelques années
par le gouvernement et les « centrales syndicales les plus représentatives ». La grève
des transporteurs urbains, en juillet 2006, après la décision du gouvernement de
réajuster à la hausse les prix des carburants a paralysé Brazzaville et Pointe-Noire.
Cette augmentation n’a pas peu contribué au renchérissement des prix à la consommation et à l’érosion d’un pouvoir d’achat déjà précaire. À cet égard, si le message à
la nation du 14 août a recensé, dans l’inaltérable autosatisfaction propre au genre,
les progrès des réalisations de « la nouvelle espérance » en matière d’infrastructures
de diverses natures, la misère des Congolais perdure, en dépit de l’augmentation
constante des ressources pétrolières.
214
AFI 2007
RÉPUBLIQUE DU CONGO
audit annuel de ce compte serait effectué
par la Cour des comptes et de discipline
budgétaire.
Pour ce qui est du programme des
réalisations des infrastructures, la politique de la municipalisation accélérée a
consacré l’essentiel des efforts au département du Niari dont le chef-lieu, Dolisie, a
abrité la célébration des festivités du 46 e
anniversaire de l’indépendance du pays.
La création de la Banque commerciale internationale ( BCI ) à la suite du rachat par
le Groupe de banque populaire de Paris de
la Compagnie financière de participations
( COFIPA ) est sans doute un signe d’intérêt
de la place de Brazzaville, comme l’est
le programme de réhabilitation du port
autonome de Pointe-Noire que l’Agence
française de développement ( AFD ), la
B a n q u e e u ro p é e n n e d ’i nve s t i s s e m e n t
( BEI ) et la Banque de développement des
États d’Afrique centrale ( BDEAC ) ont l’intention de financer entre 29 et 35 milliards
FCFA sur les 60 milliards FCFA sous forme
de prêt. Mais, d’une manière générale, l’on
observe un certain essoufflement dans le
dossier des privatisations où les perspectives concernant le secteur de l’énergie et
de l’hydraulique ne paraissent guère avoir
tenté les repreneurs extérieurs, laissant
ainsi perdurer la désespérante précarité
de la fourniture de l’eau et de l’électricité,
d’autant que la centrale thermique en
construction à Brazzaville n’a pu entrer en
fonctionnement, comme prévu, au mois
d’août 2006.
CULTURE
Le Congo aura pris part à la célébration,
dans le cadre de la Francophonie, de
l’Année Senghor. Dans le domaine de la
musique, l’on peut se féliciter de l’intense
activité et du regain de vitalité des jeunes
orchestres dont une des manifestations
est l’organisation de la Nuit congolaise à
Paris par Beethoven Pella Yombo. La nomination comme artiste
de l’UNESCO par la 165 e
session du Conseil exécutif de cette institution
de Jean-Serge Essous, un
des fondateurs dans les
années 1950 de l’OK Jazz
avec Luambo Makiadi et
de l’Orchestre Les Bantous de la Capitale, est un hommage à la
création musicale congolaise.
Les ministères en charge du système
éducatif et de la recherche, à la suite du
discours à l’UNESCO du président Denis
Sassou-Nguesso, ont organisé du 6 au 10
novembre 2006, sous la coordination de
Henri Ossebi, ministre de l’Enseignement
supérieur, et avec la collaboration du Fonds
japonais représenté par l’UNESCO, un
atelier national de concertation sectorielle
sur la refondation du système, en lieu et
place des États généraux de l’éducation
préconisés depuis 1991 par la Conférence
nationale souveraine.
Dans le domaine du football, le Congo
s’apprête à organiser en janvier 2007 la
Coupe d’Afrique des nations ( CAN ) junior.
À propos de sa participation à la CAN 2008,
le bilan à mi-parcours des rencontres éliminatoires – un match nul contre l’Afrique
du Sud et une victoire contre le Tchad
( 3-1 ) – est positif, mais les turbulences qui
agitent la Fédération congolaise de football
( FECOFOOT ) n’entretiennent pas une
ambiance favorable à des performances
ultérieures.
Décès
Il convient de signaler la disparition d’un certain nombre de personnalités du
monde culturel, politique et religieux : Albert Leyono, maire de l’arrondissement 6
de Brazzaville; l’abbé François Dominique Wambat, figure emblématique du clergé
catholique congolais; l’écrivain Philippe Makita; Michel Oba, ancien directeur
général des sports; le journaliste Claude Bivoua; et le musicien Loubelo alias De la
Lune, ancien sociétaire de l’Orchestre Bantous, ancien bassiste de l’Orchestre OK
Jazz de Luambo Makiadi et fondateur en 1965 de l’Orchestre Tembo.
AFI 2007
215
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Nyunda ya RUBANGO 
Creighton University &University of Nebraska at Omaha 
[email protected]
Les années 2005 et 2006 sont dominées, en Rép. démocratique du Congo ( RDC ), par
la perspective de la fin de l’ultra-longue transition de 16 années, la préparation et la
tenue effective des élections qui marquent l’avènement de la troisième République.
POLITIQUE
A
près plusieurs tensions, impasses et
ajournements et le caractère inopérant des deux « feuilles de route de la
transition » ( proclamées respectivement le
19 avril et le 8 octobre 2004 ), la vie politique
congolaise connaît des avancées démocratiques déterminantes. La transition n’en est pas
moins, d’après un de ses anciens dirigeants,
Mgr Monsengwo, un « casse-tête pour tout
le monde ». Le référendum constitutionnel
( 18 et 19 décembre 2005 ) s’est soldé par une
immense participation nationale ( à l’exception de Mbujimayi, fief de l’Union pour la
démocratie et le progrès social ). En date du
3 février 2006, la Cour suprême de justice
en confirme les résultats officiels : 84,31 %
des votants, contre 15,09, ont approuvé la
Constitution. La nouvelle « loi fondamentale » est promulguée par le chef d’État Joseph
Kabila le 18 février 2006.
Les élections législatives
et le premier tour des
élections présidentielles
se déroulent en septembre. Les premières sont
remportées, au niveau
national, par le Parti du
peuple pour la reconstruction et la démocratie
( PPRD, parti du chef d’État sortant Joseph
Kabila ). Pour les dernières, l’arène compte 33
candidats finalistes sur plus d’une cinquantaine de candidats enregistrés initialement par
la Commission électorale indépendante ( CEI ).
Aux termes de la Constitution, un deuxième
tour oppose, le 29 octobre 2006, les deux vainqueurs du premier tour, à savoir Joseph Kabila
( 44,81 % ) et Jean-Pierre Bemba ( 20,03 % ),
suivis de loin par Gizenga ( 13,06 %), Mobutu Nzanga ( 4,77 %). La plupart des autres
candidats récoltent des suffrages de moins de
1 %. Kabila sort vainqueur de la joute finale,
avec 58,05 % des suffrages ( contre 41,95 %
216
pour Jean-Pierre Bemba ).
Les élections provinciales,
destinées à mandater les
membres d’assemblées
provinciales, sont organisées à la même date du 29
octobre 2006.
Installées en décembre 2006, les assemblées provinciales élisent les sénateurs
( 108 sur 1 127 candidats ) le 19 janvier et
les gouverneurs et vice-gouverneurs de
province le 27 janvier 2007.
Les frictions perdurent au sein des
grandes formations politiques. Elles sont
dues à des tensions et des rivalités internes
et aux stratégies électorales et de repositionnement. Exclusions, défections et faits de
vagabondage politique se sont multipilés.
L’opposition elle-même est fragmentée.
Y fait cavalier seul l’UDPS qui boycotte le
référendum constitutionnel et les premières
phases électorales. L’opinion nationale et internationale n’a pas caché sa surprise quand
l’archétype d’opposant et chef charismatique
Tshisekedi ( alias Lider Maximo, « Sphinx de
Limete » ) se désiste en tant que candidat à
la magistrature suprême et mobilise tous ses
partisans pour le boycottage électoral. Plus
d’un partisan lointain et plus d’un observateur lui reprocheront cette politique irréaliste,
voire suicidaire, de la « chaise vide ».
En matière de sécurité, le Conseil de
sécurité avait adopté, le 18 avril 2005, une résolution interdisant « la vente d’armes à tout
destinataire dans le territoire de la RDC ». Le
21 décembre 2005, il étend l’échéance de la
décision au 31 juillet 2006 et les catégories
sujettes à l’embargo, aux « responsables
politiques et militaires des groupes étrangers opérant en RDC ». Dans le même sens,
le 2 novembre 2005, il publie la liste des
seigneurs de guerre et autres personnalités
recherchées par la justice internationale,
AFI 2007
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
incriminés pour les massacres perpétrés en
Ituri et au Sud-Kivu. Les accusés incluent
Thomas Lubanga, Laurent Nkundabatware
et Jules Mutebusi. Arrêté en 2005, le premier
est transféré à la Cour de La Haye le 18 mars
2006. Le second, lui, est déchu, poursuivi et
ses avoirs bancaires américains sont gelés par
RÉP. DÉM. DU CONGO
Géographie
Le plus grand pays de l’Afrique francophone ( près de cinq fois la France ).
Potentiellement riche en ressources hydroélectriques ( Inga, 1 er site mondial ),
minières, forestières et agricoles.
Histoire
➤ 1885 Le Congo, propriété personnelle du roi des Belges, devient un « État
indépendant ».
➤ 1908 Léopold II cède le Congo, qui
devient colonie belge.
➤ 1960 ( 30 juin ) Indépendance sous
le nom de Rép. du Congo. Joseph KasaVubu élu président de la République.
➤ 1961 Début d’une période de troubles. Sécession du Katanga ( Moïse
Tschombé ). Assassinat de Patrice Lumumba.
➤ 1963 Sécession du Katanga brisée par
les forces de l’ONU.
➤ 1965 Joseph-Désiré Mobutu prend
le pouvoir.
➤ 1971 Le pays change de nom et devient la République du Zaïre.
➤ 1997 Laurent-Désiré Kabila chasse
Mobutu et se proclame président de la
République démocratique du Congo.
➤ 1999 Signature des accords de Lusaka. Un an plus tard, les affrontements
militaires persistent toujours.
➤ 2001 Assassinat de Laurent-Désiré
Kabila. Son fils Joseph lui succède.
➤ 2002 ( 18 avril ) Accord politique pour
la gestion consensuelle de la transition
en RDC ( Accord de Sun City ).
➤ 2003 ( juin ) Institutions et gouvernement de la transition, présidé par
J. Kabila et quatre vice-présidents.
➤  2005 ( décembre )  : R éférendum
constitutionnel.
➤ 2006 ( sept.-nov. ) : Élections provinciales, législatives et présidentielles.
Kabila, candidat du PPRD, gagne les
élections présidentielles. Son investiture ( 6 décembre ) marque l’avènement
de la Troisième République.
AFI 2007
le président Bush en octobre 2006, mais il
demeure réellement impuni et se montre
obstinément menaçant, comme dans une
entrevue récente diffusée en octobre 2006
par la chaîne CNN. Deux réunions tripartites initiées par les États-Unis se tiennent
respectivement à Lubumbashi ( 21-22 avril
2005 ) et à Kampala ( 20-21 octobre 2005 ),
pour mettre fin aux menaces d’insécurité
qui pèsent indéfiniment sur les trois pays
concernés ( RDC, Rwanda et Ouganda ).
Par ailleurs, paradoxalement, la Cour de
La Haye, qui condamne l’Ouganda en date
du 19 décembre 2005, se déclare « incompétente » en date du 3 février 2006 pour statuer
sur l’ancienne plainte de la RDC, introduite
en mai 2001 contre le Rwanda; ce pays voisin
était alors accusé de « violations massives,
graves et flagrantes atteintes aux droits de
l’homme sur son [RDC] territoire ». De
même, au niveau de Kinshasa et du monde,
apparemment on ne tire pas toutes les leçons
sur les responsabilités de l’Alliance des forces
démocratiques pour la libération du Congo
( AFDL ) et de Kigali sur les génocides perpétrés
en 1996-1997 à l’Est du Congo sous le couvert
de « guerre de libération ». Les régions d’Ituri,
du Nord et du Sud-Kivu demeurent encore
des cibles privilégiées d’insécurité et les droits
de l’homme et du citoyen connaissent une
égale misère malgré le vernis démocratique
brandi pour la campagne électorale. À titre
d’illustration de crimes de banditisme et/ou
politiques, on relèvera l’assassinat du père
René de Haes sur la route de Kimwenza en
date du 7 mai 2005, l’assassinat de l’activiste
Pascal Kabungulu Kibumbi, secrétaire exécutif de l’ONG Héritiers de la Justice à Bukavu,
en date du 31 juillet 2005, l’assassinat du
journaliste Franck Kangundu ( alias Franck
Ngyke de La Référence Plus ) et de son épouse,
devant leur domicile à Kinshasa, dans la nuit
du 2 au 3 novembre 2005, l’assassinat du
journaliste Mwamba Bapuwa à son domicile
kinois, dans la nuit du 7 au 8 juillet 2006,
etc. Toutefois, en pleine agitation électorale,
le 36 e anniversaire de l’indépendance est
célébré dans le calme partout au pays.
Côté défense, les efforts déployés pour
l’unification et la réorganisation de l’armée
ne sont pas pleinement fructueux. Seules
six brigades sur les 18 envisagées sont effectivement « brassées et intégrées ». Au Sud
et au Nord-Kivu, on continue d’entendre le
bruit fatal de bottes rwandaises de troupes
régulières et d’autres troupes, notamment
les « forces négatives » Interahamwe et des
groupes Maï-Maï.
217
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
ÉCONOMIE
En fait de coopération et d’aide internationale, des millions d’euros et de dollars
américains affluent sans cesse dans la sébile
du gouvernement congolais. Aux sources
traditionnelles ( États-Unis, Banque mondiale, Fonds monétaire international ( FMI ),
Union européenne ( UE ), France, Belgique,
Allemagne, Royaume -Uni, Suisse, etc. )
s’ajoutent la signature de plusieurs accords
de coopération avec le Maroc, la promesse
de l’Inde, l’apport du Japon, de la Suède,
de la Nor vège, etc. Cependant, la Banque mondiale menace de suspendre tout
financement d’un nouveau programme
congolais avant l’investiture d’institutions
issues d’élections démocratiques. La majeure partie des dons, des prêts et des aides
diverses est destinée à soutenir la lente
action de redressement national et la mise
sur pied d’institutions démocratiques ( du
montant global de 46 millions US $ déjà
déboursé ou promis, la cagnotte de la CEI
n’attend plus, à la fin d’octobre 2006, que
7 200 000 US $ ).
Malgré la crise économique persistante
( le « poumon » traditionnel de l’économie congolaise, la compagnie cuprifère
Gécamines, est encore loin de recouvrer
sa pleine puissance de production et la
société diamantifère Minière de Bakwanga
( MIBA ) demeure la principale vache laitière d’une économie ruinée ), les recettes
fiscales ( de l’ordre de 16 690 230 200 FC,
soit 38 120 358 US $ ) s’avèrent supérieures
aux prévisions établies de 13 500 000 000
FC. Ce phénomène inattendu et rare ne
met pas le gouvernement à l’abri d’accusations locales et extérieures de mauvaise
gestion. D’après le journal populaire kinois
Le Potentiel ( 21 juillet 2006 ), citant comme
sources l’Agence France-Presse ( AFP ) et une
ONG basée à Bruxelles, International Crisis
Group, 60 à 80 % des recettes douanières
auraient été détournées pour la campagne
électorale du candidat Kabila.
Sur le plan international, on remarque
l’absence à Washington, en juin 2006, des
milieux d’affaires congolais du 5e Forum de
l’African Growth and Opportunity Act ou
AGOA ( Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique ). Sur le plan
régional, par contre, dans le cadre antifraude du processus de Kimberley, Kinshasa
abrite, les 22 et 23 février 2006, une réunion
des pays d’Afrique centrale et australe producteurs de diamants alluvionnaires.
Le budget 2006, débattu au Parlement à partir du 12 décembre 2005 et principalement tributaire des dépenses électorales, est estimé à 1 081 573 000 000 francs
congolais ( FC ). Le gouvernement prévoit qu’il soit financé majoritairement par des
aides étrangères ( 57 % ). Qualifié, pourtant, d’« antisocial » et de « suicidaire » par
la Confédération syndicale du Congo ( CSC ), il est promulgué en date du 16 février.
Ce budget présente les traits macroéconomiques suivants : accroissement de 35,1 %
par rapport au budget 2005, taux de croissance de 7 %, taux d’inflation moyen de
8 %, taux d’inflation de fin de période de 10 %, taux de change moyen de 507 FC
pour 1 US $, taux de change de fin de période de 513 FC.
Santé
On note qu’en dépit d’efforts considérables déployés pour la prévention et le traitement de la « maladie du siècle », le sida demeure un fléau majeur en RDC ( le taux
moyen de prévalence y est de 4,5-5 % ). De manière générale, les statistiques sont
alarmantes concernant la santé et la scolarisation de l’enfant congolais. D’après
un rapport du représentant de l’UNICEF ( 26 janvier 2006 ), cité par Noël Obotela
Rashidi, l’historien et chroniqueur de Congo-Afrique, « un enfant congolais sur huit
meurt avant d’atteindre l’âge d’un an. Plus de la moitié des enfants ne sont pas inscrits à l’école ». Une autre source autorisée atteste la mortalité infantile accentuée
dans ce pays. D’après un rapport récent ( 31 mars 2006 ) du coordinateur national
de la Prise en charge intégrée des maladies de l’enfant ( PCIME ), « en RDC, environ
2,56 millions de décès d’enfants sont signalés chaque année, dont 80 % surviennent
à domicile ».
218
AFI 2007
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
SOCIÉTÉ
Sur le plan de l’enseignement supérieur et
universitaire, le gouvernement ajourne la
célébration solennelle du 50 e anniversaire
de l’université congolaise, qui était prévue à
Lubumbashi au premier semestre de l’année
2006. Aux niveaux primaire et secondaire,
la grève des enseignants suspendue en février est reprise avec vigueur à compter du
15 septembre 2005 pour deux griefs. Selon
eux, le gouvernement se montre incapable
d’honorer, malgré les dépenses excessives
de l’espace présidentiel, ses engagements
des accords de Mbudi, lesquels, conclus le
12 février 2004 fixent la distribution des
barèmes mensuels des agents et fonctionnaires de la fonction publique entre la base
de 208 US $ pour l’huissier et le sommet de
2 080 US $ pour le secrétaire général. La
seconde cause fut la frustration des damnés
« de la craie blanche » quand, un lot de
600 jeeps fut octroyé aux parlementaires,
catégorie de serviteurs publics considérée
comme déjà relativement privilégiée. Un
événement heureux, cependant : le 2
février 2006, la grève est levée sur toute
l’étendue de la République.
CULTURE
Parmi les événements culturels dignes de
mention, l’on notera la commémoration,
en juillet 2006, du troisième centenaire de la
mort de Kimpa Vita et la participation artistique internationale du Congo au Festival de
la bande dessinée tenu à Tahiti, en Polynésie
( 29 mai au 3 juin 2006 ). Dans le dernier cas,
la RDC marque sa présence notamment avec
trois albums de Serge Diantatu publiés sous
la direction de Robert Wazi aux Éditions
Mandala Africa BD ( Amfreville-la-Mivoie,
France ) : Simon Kimbangu ( tome 1, 2002;
tome 2, 2004 ) et L’Amour sous les palmiers
( 2006 ). La bande dessinée congolaise a le
vent en poupe à la faveur d’une nouvelle
publication de Pie Tshibanda Wa Muela
Bujitu ( désormais figure remarquable de
la diaspora littéraire congolaise ) et Joseph
Senga Kibwanga, RDCongo, le bout du tunnel
1+4=…? ( Durbuy, Coccinelle BD, 2006 ).
Participent de l’effervescence et du
refus de mort des lettres congolaises les
publications des Éditions du Calmec pilotées par T. Lukusa Menda ( cette jeune
maison d’édition réserve un égal intérêt aux
créations de fiction, dont un beau recueil
de nouvelles, et aux études littéraires ). Il
en est de même de la 6 e édition ( octobre
2006 ) du Festival de théâtre Le Temps de
Théâtre organisé par le Centre d’animation
théâtrale de Lubumbashi ( CATHEL ) sous
la direction artistique de Fabien Honoré
Kabeya. Ce forum, ayant attiré un public
de quelque 35 000 spectateurs, aura été
enrichi notamment de la participation des
artistes Dieudonné Kabongo ( de la diaspora
belge ), du collectif 12 de Mantes-la-Jolie
( avec Catherine Boskowitz ) et du groupe
CRASA de Kinshasa ( avec maître Alexandre
Mwambayi ).
Une réalisation cinématographique
est à signaler : L’Or caché de Kamituga
( 2006, 52 minutes ). Œuvre en chantier
depuis 1981, ce documentaire produit par
la journaliste belge Colette Braeckman
explique l’origine de la guerre sur le fond
de l’histoire de la Société minière et industrielle du Kivu ( SOMINKI ), anciennement
Mines des Grands Lacs ( MGL ), installée à
Kamituga, au Kivu.
La famille d’artistes congolais est honorée par la nomination, en date du 15 novembre 2005, de Pascal Tabu Ley ( alias Rochereau ) comme vice-gouverneur de la
ville de Kinshasa. Parmi les célébrités disparues figure, en septembre 2006, le père
Simon-Pierre Boka, auteur des deux hymnes nationaux ( « Debout Congolais » et
« La Zaïroise » ).
AFI 2007
219
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
RWANDA
Mbaye DIOUF 
Université Laval 
[email protected]
Le passé récent et traumatisant du Rwanda a continué à hanter le pays en 2006.
Les suites judiciaires du génocide ont quelque peu supplanté les autres actualités
du pays comme l’économie, le sport ou la culture.
POLITIQUE
D
urant toute l’année 2006, le Tribunal
pénal international pour le Rwanda
( TPIR ), installé à Arusha, en Tanzanie, a poursuivi ses audiences pour juger les
anciens commanditaires ou exécutants du
génocide de 1994, qui a fait près de 800 000
mor ts, essentiellement tutsi, selon les
Nations Unies. Les conséquences du génocide se font encore sentir chez les réfugiés
rwandais. Des milliers d’entre eux ont déjà
été expulsés de Tanzanie, le plus souvent
sans préavis, laissant derrière eux biens et
bétail et rapatriés dans un pays d’origine où
ils n’ont presque plus de racines.
La surprise est venue de l’acquittement
de certains dirigeants de l’époque soupçonnés jusqu’ici de faire partie des responsables
de cette effroyable tuerie. Ainsi, l’ancien
maire Jean Mpambara et l’ex-ministre de
l’Enseignement primaire et secondaire,
André Rwamakuba, ont été acquittés en
septembre. Le procureur en chef du TPIR, le
Gambien Hassan Bubacar Jallow, a décidé,
contrairement à ses habitudes, de ne pas
faire appel de ces acquittements. Le procès du célèbre chanteur rwandais Simon
Bikindi, un militant interahamwe dont les
œuvres appelaient les Hutu à « combattre
les Tutsi », est encore en cours. Le TPIR,
chargé de rechercher et de juger les principaux responsables présumés du génocide, a
par ailleurs prononcé à ce jour 26 condamnations et six acquittements.
Les responsables du TPIR sont en train
d’évaluer les voies et moyens de rendre les
procédures de jugement plus rapides. Le
juge américain Stephen Rapp a émis l’espoir
que des accusés passent eux-mêmes aux
aveux selon les termes d’une « négociation d’un plaidoyer de culpabilité ». Selon
cette entente avec les accusés, le procureur
sera prêt à « consentir des réductions de
peines en échange d’aveux sincères ». Ces
220
RWANDA
Histoire
➤ Fondé vers le XI e siècle, le Rwanda
est un royaume héréditaire dirigé par
la dynastie des Banyiginya où s’établissent les distinctions sociales des Hutu,
des Tutsi et des Twa.
➤ 1890-1918 Le pays fait partie de la colonie allemande de l’Afrique de l’Est.
➤ 1923 Occupé par les Belges pendant
la première guerre mondiale, il passe
officiellement sous mandat belge.
➤ 1959 Guerre civile qui se solde par le
massacre de milliers de Tutsi et la fuite
massive d’un demi-million d’entre eux
dans les pays limitrophes.
➤  1962 Indépendance avec le par ti
ethniciste, le Parmehutu.
➤ 1973 Coup d’État du général Habyarimana et emprisonnement de l’ancien
président.
➤ 1982 Refoulement illégal des réfugiés
tutsi rwandais de l’Uganda et refus de
leur accueil par le Rwanda.
➤  1994 Génocide des Tutsi et massacre des membres de l’opposition
entre avril et juillet. Mort du général
Habyarimana.
➤ 1994 Victoire militaire du Front patriotique rwandais. Pasteur Bizimungu
devient président et Paul K agame,
vice-président.
➤ 2000 Démission du président Bizimungu. Paul Kagame élu chef d’État.
➤ 2003 Premières élections législatives
et présidentielles pluralistes depuis
l’indépendance. Réélection de Paul
Kagame.
➤ 2004 10 e commémoration du génocide des Tutsi.
AFI 2007
RWANDA
réductions de peines pour les accusés ayant
avoué leurs crimes sont d’ailleurs prévues
par la législation rwandaise. Mais seuls six
accusés sont encore passés aux aveux devant le TPIR, parmi eux, l’ancien premier
ministre du gouvernement intérimaire en
place pendant le génocide, Jean Kambanda,
condamné à la prison à vie, et l’ancien
chef technique de la tristement célèbre
Radiotélévision libre des mille collines
( RTLM ), Joseph Serugendo, mort en août
dernier après avoir été condamné à six ans
de prison.
Toujours dans le cadre de cette réflexion pour diversifier et accélérer les
jugements, le présentateur du 11 e rapport
annuel du TPIR à l’Assemblée générale
de l’ONU, à New York, mentionnait en
septembre qu’il est « essentiel que les
États membres assistent et coopèrent dans
l’arrestation et le transfert d’accusés encore
libres ». Dans ce cadre, l’actuel ministre
rwandais de la Défense, le général Marcel
Gatsinzi, ainsi qu’une dizaine d’officiers
français présents au début du génocide en
1994, sont attendus pour témoigner en
faveur d’anciens chefs militaires devant
le TPIR. Par ailleurs, la France, la Belgique
et les Pays-Bas ont accepté de juger des
personnes soupçonnées par le TPIR de
participation au génocide et résidant sur
leur territoire. Cette annonce a provoqué
un certain scepticisme en Belgique, qui
n’a conclu aucun accord de ce genre avec
le tribunal onusien. Même si elle a déjà organisé deux procès d’assises en application
de sa Loi de compétence universelle, qui
dit la compétence des cours et tribunaux
belges pour des crimes de droit international même pour des faits commis en
dehors du territoire belge. Un troisième
procès s’annonce en avril 2007, celui du
major rwandais Bernard Ntuyahaga, pour
l’assassinat de dix casques bleus belges,
tués le 7 avril 1994 à Kigali, au lendemain
de l’attentat contre l’avion du président
rwandais Juvenal Habyarimana.
Mais à ces procès en série répond une
autre actualité liée au génocide, sur fond
de scandale et de crise. Ainsi, en novembre 2006, le Rwanda rompait ses relations
diplomatiques avec la France. Le motif est
lié à la décision du juge français Jean-Louis
Bruguière de recommander des poursuites
contre le président rwandais Paul Kagamé
devant le TPIR. Il a avancé la « participation présumée » du président rwandais à
l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion de
l’ancien président rwandais, Juvénal Habyarimana, dont la mort a marqué le début
du génocide. Kagamé a toujours nié toute
implication dans cet attentat. Le contenu
du rapport Bruguière et les mandats d’arrêt
émis ont provoqué la fureur du régime
rwandais, qui a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec la France.
L’autre affaire est liée à la publication d’un livre. Lancé en grande pompe,
l’ouvrage de Pierre Péan, Noires fureurs,
blancs menteurs ( Mille et Une Nuits, 2005 ),
soulève les polémiques. L’ouvrage réagit
à l’annonce de Kigali de créer une commission d’enquête sur les agissements des
militaires français de l’opération Turquoise,
en juin-juillet 1994. L’association SOS
Racisme, en liaison avec Ibuka ( « Souvienstoi » ) et sa branche française, a déposé
une plainte « pour diffamation raciale et
incitation à la discrimination raciale » à
l’encontre de cet ouvrage près du Tribunal
de grande instance de Paris. L’ouvrage est
qualifié de « raciste » pour avoir traité les
Tutsi comme « l’une des races des plus
menteuses qui soit sous le soleil » et repris à
son compte des concepts forts de l’idéologie
génocidaire du Hutu Power tels que le Kangura, qui définissait les femmes tutsi comme
des prostituées espionnes avec lesquelles le
général canadien des casques bleus, Roméo
Dallaire, se serait compromis.
ÉCONOMIE
Sur le plan économique, le pays continue ses efforts de redressement national.
Le Rwanda remplit désormais toutes les
conditions pour devenir membre à part
entière de la Communauté économique
est-africaine ( CEEA ) et a conclu un accord
en ce sens avec cette organisation sous-régionale. La CEEA, composée de l’Ouganda,
du Kenya et de la Tanzanie, intervient dans
divers domaines comme la coopération
AFI 2007
économique et civile, les partenariats stratégiques douaniers ou fiscaux, la gestion
des ressources naturelles. Lors d’un forum
tenu en octobre, le gouvernement rwandais
a accepté la réduction de ses tarifs douaniers de 10 à 25 % ainsi que le principe
de l’élimination progressive d’autres tarifs
internes d’ici 2010.
Pour soutenir les efforts du gouvernement, l’Union européenne ( UE ) a accordé
221
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
une aide de 6,5 millions US $ au Rwanda
pour appuyer les bases de l’état de droit,
comme le processus démocratique et
les capacités judiciaires du pays dont les
tribunaux traditionnels, les Gacaca. Le
projet comprend également la formation
de magistrats rwandais afin d’atteindre les
standards professionnels demandés par
le TPIR pour rendre possible le transfert
des dossiers d’Arusha vers le Rwanda. Par
ailleurs, le Fonds africain de développement
( FAD ), un organisme de financement du
groupe de la Banque africaine de développement ( BAD ), a approuvé une subvention
de près de 45 millions US $ destinée à la
construction de la route Kicukiro-Kirundu
reliant le Burundi au Rwanda.
L a Fé d é ra t i o n i n te r n a t i o n a l e d e s
sociétés de la Croix-Rouge et du CroissantRouge a lancé, de son côté, un appel de
fonds d’urgence de 1,5 million de francs
suisses ( 1,2 million US $ ou 978 000 € )
en vue d’aider la Croix-Rouge rwandaise
à pour voir aux besoins immédiats et à
moyen terme de quelque 30 000 personnes
rapatriées de Tanzanie au Rwanda. En mai
2006, le gouvernement tanzanien a décidé
de rapatrier des Rwandais établis en Tanzanie, certains depuis 1959, d’autres depuis
le génocide de 1994.
Le pays a appris avec tristesse le décès de l’Américaine Rosamund Carr à l’âge de 94 ans à Mugongo dans les montagnes du
nord-ouest du Rwanda où elle avait ouvert un orphelinat après
le génocide de 1994. Styliste renommée, madame Carr résidait
depuis plus d’un demi-siècle dans ce pays et amie proche de la
célèbre spécialiste de gorilles Dian Fossey, madame Carr avait
publié ses mémoires où elle narre son amour pour le pays ( Le
Pays des Mille Collines. Ma vie au Rwanda, 1999 ).
SÃO TOMÉ E PRÍNCIPE
Samba KHONTÉ COULIBALY 
Université Laval, Québec 
[email protected]
A
POLITIQUE
vec la tenue de trois élections, l’année 2006 aura été l’année politique
par excellence pour São Tomé : présidentielles, législatives et locales.
Le scrutin des mois de mars et avril
pour le renouvellement des locataires de
l’Assemblée a consacré la victoire de la coalition politique Mouvement démocratique
force de changement/Parti de convergence
démocratique ( MDFM-PCD ). Cette coalition, soutenue par le président Fradique
de Menezes, a remporté 23 des 55 sièges en
compétition. Cette élection met ainsi fin à
un régime de cohabitation où les chefs de
gouvernement successifs étaient en conflit
ouvert avec la présidence. Malgré tout, les
calculs politiques restent d’actualité au
Parlement car le gouvernement sortant se
voit distancé d’une courte tête – il dispose
222
de 20 sièges – tandis que 11 des 12 sièges
restants sont dévolus à l’Alliance démocratique indépendante ( ADI ), une formation
de l’opposition qui est désormais faiseuse
de rois.
Puis vinrent les présidentielles du
30 juillet 2006. Très attendues, elles ont
permis aux Santoméens de confirmer leur
option démocratique dans la sérénité.
Cette élection saluée par la communauté
internationale et dont les résultats ont été
acceptés par l’ensemble de la classe politique, ont confirmé le président de Menezes
à son poste.
Quant aux élections locales tenues
pendant le même mois que les présidentielles, elles semblaient présenter peu d’intérêt
pour des électeurs ayant déjà renouvelé
leur Parlement et voté aux présidentielles.
AFI 2007
SÃO TOMÉ E PRÍNCIPE
De plus, l’enjeu des élections locales a été
remis en cause par la participation très
faible des formations politiques elles-mêmes, lesquelles y ont concouru avec une
relative économie de moyens et de candidats. Essoufflement ou exigence de réalisme
politique? La coalition présidentielle a
remporté six des sept circonscriptions.
ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ
L’embellie politique a cependant été obscurcie par la corruption. En effet, le Cabinet
de gestion des aides ( CGA ), réceptacle de
l’aide extérieure santoméenne, a été le
théâtre de malversations à répétition. Le
dernier acte en date, révélé en septembre
2006, fait état d’un détournement de 2 millions US $, destinés à aider ce pays pauvre.
En 2004 déjà, ses gestionnaires avaient été
remplacés pour cause de gestion patrimoniale frauduleuse. Les conséquences de
cette affaire avaient conduit un chef de
gouvernement vers la sortie.
Pour l’heure, des poursuites pénales
sont en cours en vue de punir les fautifs
et sonner le glas de l’impunité des actes
de prévarication à São Tomé e Príncipe.
Car, en attendant l’exploitation pétrolière,
SÃO TOMÉ E PRÍNCIPE
Historique
➤ 1471 Découverte de l’archipel, le
jour de la Saint-Thomas, par João de
Santarém et Pêdro Escobar.
➤   1 4 9 3 Le Po r t u g a l i n t ro d u i t d e s
condamnés dans l’archipel ainsi que
des jeunes juifs bannis par l’Inquisition
et des esclaves amenés d’Angola.
➤ 1530 Première révolte d’esclaves.
➤  1585 Seconde révolte d’esclaves.
Création d’une principauté autonome.
➤ 1876 Abolition de l’esclavage.
➤ 1951 São Tomé devient une province
portugaise d’outre-mer.
➤  1953 Fondatio n d u M o u ve m e nt
de libération de São Tomé e Príncipe
par Manuel Pinta da Costa et Miguel
Trovoada.
➤ 1975 Indépendance de l’archipel.
Proclamation de la République.
➤ 1991 Élections remportées par Trovoada.
➤ 1996 Trovoada réélu. Des conflits au
sein de la classe dirigeante paralysent
le développement du pays.
➤ 2001 ( juil. ) Élection de Fradique de
Menezes à la tête du pays.
➤ 2003 Coup d’État. Fradique de Menezes part en exil, puis regagne son siège.
AFI 2007
sans doute effective à l’horizon 2010, l’archipel a besoin de l’aide extérieure et des
investissements directs étrangers pour
décoller économiquement. Les scandales
de corruption affectent lourdement ( son
risque pays ). Signalons, à cet égard, qu’en
2006, la Compagnie française pour l’aide
au commerce extérieur ( COFACE ) lui accorde la note C pour le risque pays, lettre
associée aux pays présentant un haut risque
d’impayés. Quant au risque dit « grands
contrats », donnée fort opportune pour les
multinationales quand viendra le moment
d’exploiter les ressources pétrolières, il est
réputé très élevé.
Autant dire donc que São Tomé doit
assainir son climat financier pour susciter
la confiance des investisseurs et bénéficier
du levier économique de leur engouement
pour l’archipel.
En attendant, São Tomé modernise
ses infrastructures. Le gouvernement, réuni
durant la première semaine du mois d’août
2006, a décidé d’augmenter la capacité de
l’aéroport international et d’initier un port
en eaux profondes. Le site devant abriter ce
port est déjà localisé : Fernão Dias. Le coût
global de ces projets est évalué à quelque
590 millions US $, dont 500 millions pour
le seul port, les 90 millions restants étant
alloués à la réfection et l’agrandissement
de l’aéroport.
Les fonds nécessaires font l’objet d’une
pression intense mais la disponibilité des
États-Unis à financer les études de faisabilité
augure une actualisation prochaine de ces
projets. Un rendez-vous est pris dès 2007
pour le démarrage effectif des travaux.
CULTURE ET LOISIRS
Du 25 juin au 25 juillet 2006, São Tomé a
été le théâtre de sa quatrième Biennale d’art
et de culture. Durant un mois, des artistes
d’horizons divers ont échangé lors d’ateliers
mêlant toutes les sensibilités artistiques : les
arts plastiques, le cinéma, l’expression corporelle et même la gastronomie. De plus,
deux films africains d’expression lusophone
étaient à l’affiche, de quoi revitaliser le
septième art africain en quête de vitrines
sur le continent comme ailleurs.
223
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
SÉNÉGAL
Moustapha TAMBA  
Maître-assistant de sociologie, Université de Dakar 
[email protected]
Le Sénégal a connu une année 2006 perturbée aux plans politique, économique, social
et culturel. Cette situation va sans doute jouer un rôle important aux prochaines
élections présidentielles et législatives prévues en février 2007.
POLITIQUE
L
e Parti démocratique sénégalais ( PDS )
a connu des remous en son sein.
Après le renvoi du gouvernement
du ministre des Infrastructures et de celui
des petites et moyennes Entreprises, de
l’Entrepreneuriat féminin et de la Microfinance, respectivement Mamadou Seck et
Maïmouna Sourang Ndir, c’est au tour de
la ministre des Collectivités locales et de
la Décentralisation, Aminata Tall, d’être
SÉNÉGAL
Géographie
Pays composé, au nord, d’une zone sahélienne assez aride et, au sud, d’une zone
tropicale plutôt fertile. L’agglomération
de Dakar constitue un troisième pôle.
Présence d’une enclave indépendante
membre du Commonwealth : la Gambie
( 1 100 000 habitants, 11 295 km2 ).
Histoire
➤ XI e s. Début de l’islamisation ( influence malienne ).
➤ XVIIe s. Les Hollandais fondent Gorée.
➤  1659 Les Français fondent SaintLouis et prennent Gorée en 1677.
➤ 1895 Le Sénégal est intégré à l’AOF,
dont le gouvernement général se situe
à Dakar.
➤ 1960 ( 20 août ) Rép. indépendante,
Léopold Sédar Senghor président.
➤ 1976 Régime tripartite.
➤ 1981 Senghor se retire; Abdou Diouf
lui succède.
➤ 2000 Victoire d’Abdoulaye Wade aux
élections présidentielles, mettant fin à
40 ans de régime socialiste.
➤  2001 ( 7 janv. ) Nouvelle Constitution. ( 21 janv. ) Mort de Senghor.
Hommage de A. Wade ( 29 déc. ).
224
limogée de son poste. Aminata Tall, véritable pièce maîtresse
dans le parti, était
e n c o n f l i t o u ve r t
avec le premier min i s t re M a c k y S a l l
pour une question
de positionnement
dans l’appareil étatique. Parallèlement
à cette situation, l’ancien premier ministre
Idrissa Seck, qui fut enfermé durant l’année
2005, a annoncé au mois d’avril sa candidature aux élections présidentielles dans un
message enregistré sur CD et diffusé sur les
ondes des radios locales.
Par ailleurs, le PDS est l’objet de vives
critiques de la part de la Coalition populaire pour l’alternative ( CPA ) qui l’accuse
de manipuler le fichier électoral. En effet,
les partis de l’opposition du CPA exigent
une transparence dans la gestion des cartes
d’électeur et d’identité numérisées pour
les élections présidentielles et législatives
de 2007. Et, justement à propos de 2007,
l’Assemblée nationale a promulgué une loi
permettant aux militaires et aux paramilitaires de participer pour la première fois
aux votes. Cette mesure politique a ainsi
soulevé un grand débat national, d’un côté,
les adversaires, de l’autre, les partisans.
ÉCONOMIE
L’économie sénégalaise continue d’être
tributaire du cours du pétrole. En effet,
les entreprises et les ménages subissent
la hausse exponentielle du baril de
pétrole. La Sénégalaise de l’élec tricité
( SENELEC ), grande consommatrice de
pétrole, a vu ses charges croître en 2005
de 33 milliards francs CFA. En effet, les
dépenses de combustibles sont passées
AFI 2007
SÉNÉGAL
de 64 milliards en 2004 à 97 milliards
en 2005, soit une augmentation de 33
milliards. Le gouvernement du Sénégal a
dû compenser les charges de combustible
à hauteur de 26 milliards et la SENELEC a
dû absorber la différence, soit 7 milliards.
Du fait de toutes ces difficultés, l’exercice
2005 s’est traduit par une perte de 4 milliards 31 millions contre un bénéfice de
1 milliard 588 millions en 2004. L’exercice 2006 se déroule d’ailleurs dans un
contex te économique difficile marqué
par un différend entre le Groupement
des producteurs pétroliers ( GPP ), amené
par Total/Shell, et l’État, actionnaire à
51 % dans la Société africaine de raffinage
( SAR ) qui approvisionne la SENELEC en
combustible. En effet, Total exige le paiement d’une dette de 36 milliards FCFA que
l’État a contractée auprès de la société de
raffinage. Du coup, les entreprises et les
ménages connaissent des délestages de la
SENELEC depuis plusieurs mois.
Par ailleurs, sur un autre plan macroéconomique, la Banque mondiale a effacé
plus de 1 040 milliards FCFA de dette de
l’État du Sénégal. En fait, elle a mis en
vigueur l’Initiative multilatérale pour l’allégement de la dette ( MDRI ) qui annule
la dette du Sénégal envers l’Association
internationale pour le développement
( IDA ). Mais elle a aussi accordé au mois
de juillet 2006 une enveloppe de 112 milliards FCFA destinés au monde rural, plus
spécifiquement au secteur agricole pour
le Projet de développement des marchés
agroalimentaires et agricoles ( PDMAS ),
ainsi que pour la deuxième phase du Projet
de services agricoles et organisations de
producteurs ( PSAOP2 ).
SOCIÉTÉ
La situation sociale est très préoccupante car
elle est marquée par les grèves des étudiants
des universités, la grève des enseignants du
niveau moyen et du secondaire et enfin par
l’émigration clandestine vers l’Espagne.
En effet, au premier semestre 2006, les
étudiants de l’Université de Cheikh Anta
Diop de Dakar ont déclenché une grève le
Date
Manifestation
Titre
Organisation
Février
Festival
Chants de chorale de quelques
paroisses de Dakar
Institut français de Dakar
Février
Colloque
« Lappropriation de la langue fraçaise dans les littératures d’Afrique
subsaharienne, d’Amérique et de
l’Océan Indien.
Université Cheikh Anta Diop
( UCAD ), Département de langues
anciennes
8 mars
Conférences
Senghor, le français et les langues
nationales au Sénégal
Institut français de Dakar
29 mars
Table ronde
« Dialogues avec Senghor »
Fondation Senghor
16 avril
Théâtre interscolaire ( lycées et
collèges )
Hommages à Senghor
Institut français de Dakar
22 avril
Séminaire
« Poésie et musique dans l’œuvre
de Senghor »
UCAD, Département de langues
anciennes
3 mai
Conférence
Léopold Sédar Senghor, l’art d’être
Institut français de Dakar
10 et 11 mai
Concours de dictée et de poésie
« Les textes de Senghor »
UCAD, Club de la Francophonie
11 mai
Conférence
Senghor : une lumière noire
Institut français de Dakar 
(Hervé Bourges)
20 mai
Séminaire
« L’Organisation et la méthode
dans la pensée et l’action de 
Senghor »
UCAD, Département de langues
anciennes
21 mai
Conférence
Culture et développement dans la
pensée de Senghor
Université Gaston Berger de
Saint-Louis
30 et 31 mai
Symposium
« Léopold Sédar Senghor et
l’Allemagne »
Gœthe-Institute de Dakar
22 juillet
Séminaire
« Le conte chez Senghor »
UCAD, Département de langues
anciennes
23, 24 et 25 octobre
Colloque international
« La pensée et le message de
Senghor face aux défis du XXIe
siècle »
UCAD, Fondation Senghor, Paris 8
AFI 2007
225
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
6 février 2006 qui a pris fin le 27 mars, ce
qui a représenté un mois et trois semaines
d’absence dans les amphithéâtres. Ainsi, ils
ont frôlé l’année invalide qui allait compromettre l’avenir de beaucoup d’étudiants.
Au second trimestre, les syndicats d’enseignants du niveau moyen et du secondaire
ont présenté une plateforme revendicative
à l’État pour améliorer leurs conditions de
vie. Le conflit a persisté et perturbé l’orga-
nisation du baccalauréat et du brevet de fin
d’études moyennes ( BFEM ).
Toujours au second trimestre de 2006,
des vagues de jeunes émigrants prenaient
place dans des embarcations de fortune
vers les îles Canaries ( Espagne ). Le nombre
de candidats à l’émigration est tellement
important que l’Espagne et 13 de ses partenaires européens ont décidé de leur barrer le
chemin à partir de leurs zones de départ.
CULTURE
L’a g e n d a c u l t u re l
est marqué par la
commémoration
du 100e anniversaire de la naissance
de Léopold Sédar
Senghor, poète et
premier président
du Sénégal de 1960
à 1 9 8 1 . Ce c h a n tre de la négritude comme du métissage
culturel occupe une place primordiale non
seulement dans la pensée et le cœur des
Sénégalais, mais également au niveau de la
Francophonie internationale. Il fut en effet
l’un des tout premiers à désirer l’avènement
de ce qu’on appelle aujourd’hui la Francophonie et à en concrétiser les actions.
Cet événement s’est traduit par l’organisation d’une multitude de manifestations
sur l’ensemble du territoire national durant
toute l’année 2006. On peut retenir quelques-unes de ces manifestations comme le
montre le tableau de la page précédente.
TCHAD
Youssef AMRANI
[email protected]
Yassine BELFKIH 
[email protected]
De l’expulsion des compagnies pétrolières Petronat et Chevron à la réélection
controversée du président Idriss Deby Itno, en passant par l’arrestation au Sénégal
de l’ancien président tchadien Habré, l’actualité tchadienne n’est pas vraiment ce
que l’on peut qualifier de plus paisible.
L
POLITIQUE
a vie politique tchadienne aura été
des plus mouvementées sur l’année
écoulée. Dans un climat délétère, le
président sortant Idriss Deby Itno, en poste
depuis 1990, a été réélu avec 64,67 % des
suffrages lors d’une élection que l’opposition a qualifiée de « mascarade ». Il est donc
reconduit à la tête d’un pays à l’introuvable
unité nationale. Sa principale mission sera
de fédérer autour de lui les diverses forces
politiques du pays afin d’offrir au gouvernement un cadre propice à l’action dont
l’objectif avoué sera de sortir le pays du
226
gouffre économique
dans lequel il est.
Seulement quelques semaines après
son élec tion, Idr iss
Déby a envoyé un signe d’apaisement en
proposant le dialogue
à l’opposition, dialogue aussitôt refusé
par celle-ci, arguant que la proposition
n’était pas inclusive puisqu’elle écartait
les différents mouvements rebelles du
pays. Ces mouvements politico–militaires
AFI 2007
TCHAD
affrontent régulièrement les « loyalistes »
de l’armée tchadienne, mais ne sont cependant pas assez regroupés et solidaires
pour ébranler le régime en place. Entre le
Front uni pour le changement démocratique, qui est déjà une coalition de huit
mouvements politico-militaires, le Socle
pour le changement, l’unité nationale et
la démocratie ( SCUD ) et le Rassemblement des forces armées démocratiques
( RFAD ), l’opposition militaire pèche par
un manque de crédibilité apparent, ce qui
n’est pas pour déplaire à Idriss Déby qui
encourage les défections dans les rangs de
l’adversaire.
Le président est conforté par l’appui
des États-Unis et de la France, eux-mêmes
désireux de résoudre la crise au Darfour.
Ces derniers estiment qu’une solution au
TCHAD
Géographie
Composé du nord au sud de trois grandes
zones : le désert, la steppe et la savane.
Deux grands fleuves du sud alimentent
le lac Tchad : le Logone et le Chari, qui
rassemblent sur leurs rives plus de la
moitié de la population.
Histoire
➤ Fin IX e -XIX e s. Royaume de Kanem,
rapidement islamisé.
➤   Fi n X I X e - d é b u t XX e s. Le Tc h a d
suscite la convoitise de plusieurs pays
européens.
➤ 1910 Incorporé à l’AÉF.
➤ 1920 Colonie française.
➤ 1940 Ralliement à la France libre
avec son gouverneur Félix Éboué.
➤ 1960 Indépendance.
➤ 1962-1975 François Tombalbaye,
président.
➤ 1980 Goukouni Oueddeïe prend le
pouvoir ( appui de la Libye ).
➤ 1982 Hissène Habré et ses forces
occupent N’Djamena.
➤ 1986 La France met en place un processus de protection militaire du Tchad,
au sud du 16e parallèle.
➤ 1990 Hissène Habré est renversé par
Idriss Déby.
➤ 1996 ( 31 mars ) Nouvelle Constitution par référendum; Idriss Déby élu
président.
➤  1997 ( avril ) Première Assemblée
nationale pluraliste.
AFI 2007
Soudan passe nécessairement par l’amélioration de la situation au Tchad. Idriss
Déby dispose donc encore d’une marge de
manœuvre assez significative, qui plus est
après le récent accord de ciel ouvert signé
avec le pays de l’oncle Sam.
La crise du Darfour, justement, trouve
de nombreux prolongements au Tchad. Le
conflit entre les deux pays est complexe
à souhait. N’Djamena accuse Khartoum
de soutenir les mouvements politico militaires hostiles au régime en place : le
Soudan accorde en effet au Front uni pour
le changement ( FUC ) un soutien militaire
de 3 000 hommes, issus de l’ethnie tama.
De l’autre côté, Khartoum pointe du doigt
N’Djamena, qui soutient selon elle la rébellion au Darfour. Dans ce contexte de
tensions extrêmes, le Haut Commissariat
aux Nations Unies pour les réfugiés ( HCR )
s’est dit grandement préoccupé face à la
poursuite des attaques des milices janjawid
dans l’est du Tchad et au risque élevé d’accroissement de la population tchadienne
déplacée à l’intérieur du pays. Par ailleurs,
le HCR a relevé que les attaques janjawid
contre les Tchadiens se sont intensifiées ces
derniers mois. Au total, 213 000 réfugiés
soudanais et 50 000 personnes déplacées se
trouvent actuellement
dans l’est du
Tchad. Sont
également
abrités dans
Population tchadienne déplacée
le sud du
pays quelque 47 000 réfugiés originaires de
la République de Centrafrique. Des chiffres
qui effraient et donnent sa pleine mesure à
la gravité du conflit.
Dans un tout autre registre, l’arrestation au Sénégal de l’ancien président du
Tchad a fait beaucoup de bruit, et pas seulement au Tchad puisque c’est la justice belge,
à la lumière de la désormais défunte Loi
de compétence universelle, qui s’est saisie
de l’affaire. En septembre 2005, Bruxelles
réclame l’extradition d’Habré en Belgique
mais le Sénégal re fuse et sollicite l’aide
de l’Union africain e ( UA ) d a n s c e t
épineux dossier. Finalement, Dakar est
sommé de faire face à
ses engagements et le
président Abdoulaye
Wa d e s e d é vo u e r a
227
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
en personne pour juger Habré au Sénégal.
Il choisira le sommet de l’UA à Banjul en
Gambie pour le déclarer solennellement.
Au-delà du Tchad, cet épisode marque un
tournant dans la démocratie en Afrique :
ce sera la première fois qu’un ancien chef
d’État africain se fera juger dans un autre
pays du continent, qui plus est par des
tribunaux ordinaires.
Parmi toutes ces actualités brûlantes,
l’expulsion du sol tchadien des compagnies pétrolières Chevron et Petronat
est incontestablement celle qui aura eu
le plus d’échos à l’international, dans ce
feuilleton plus que mouvementé que l’on
pourrait intituler « Main basse sur l’or
noir ». À l’origine, le contrat passé entre
le consor tium pétrolier, composé des
deux compagnies expulsées et d’Exxon
Mobil, sous l’égide de la Banque mondiale, était censé donner l’exemple sur le
continent noir en matière de gestion de la
manne pétrolière. En effet, les recettes du
précieux hydrocarbure devaient être reversées à l’État de manière transparente et
profiter à des secteurs prioritaires comme
la santé et l’éducation. La faiblesse des
recettes pétrolières en aura décidé autrement : furieux d’avoir récolté seulement
quelque 600 millions US $ depuis 2003,
Idriss Déby ordonne à Petronat et Che vron de quitter le territoire, invoquant le
non-acquittement de leurs impôts pour
motiver sa décision. Déjà, en janvier de
cette année, le président avait donné des
signes de cette frustration en affectant
les fonds de la manne pétrolière à des
dépenses militaires.
ÉCONOMIE
Ce pays d’Afrique centrale d’une superficie plus de deux fois supérieure à celle de
la France occupe durablement une place
bien peu enviable dans le classement des
dix pays les plus pauvres au monde, établi
par le Programme des Nations Unies pour
le développement ( PNUD ) sur la base de
l’indice de développement humain ( IDH ).
L’électricité n’y est accessible qu’à 1 % de
la population. Les 9,7 millions d’habitants,
dont le taux d’alphabétisme est en deçà
de 50 % ont un revenu annuel moyen de
seulement 1 661 US $ et leur espérance de
vie ne dépasse pas 43,6 années.
La répartition sectorielle du PIB se
décline selon les proportions suivantes :
24 % pour le secteur tertiaire, 43 % pour le
secteur secondaire et 24 % seulement pour
le secteur primaire. Concernant ce dernier,
il voit l’augmentation de sa valeur ajoutée
catalysée par les nouvelles perspectives
de l’exploitation pétrolière de Doba, ville
située dans la partie la plus méridionale
du pays.
Nonobstant une produc tion journalière avoisinant les 170 000 barils, soit
8,7 millions de tonnes uniquement à Doba,
le Tchad n’arrive pas à retirer de cette manne
des bénéfices à la hauteur ni de ses attentes ni de ses besoins : la qualité du brut y
contribue ( viscosité et acidité élevées ), mais
c’est surtout la gestion et la répartition de la
valeur ajoutée du précieux hydrocarbure qui
sont en cause. Selon Idriss Déby, le président
tchadien, le Tchad n’a touché depuis 2003
« qu’une broutille de 588 millions US $».
228
Dans le même temps, le consortium étranger gérant l’exploitation aurait généré un
chiffre d’affaires de 5 milliards US $ pour
2 milliards d’investissement.
Quant au secteur de l’agriculture, il
se heurte à des difficultés d’ordre exogène
comme endogène ( déficit pluviométrique,
mauvais état ou absence d’infrastructures
d’acheminement entraînant l’enclavement
de nombreuses régions productrices, etc. ).
L’agriculture n’en demeure pas moins
u n é l é m e n t i m p o r t a n t d e l ’é co n o m i e
nationale. La production céréalière : mil,
sorgho, riz, maïs ( moins 20 % ) ainsi que
celle du manioc ( moins 60 % ) et de l’arachide ( moins 7 % ), a accusé des baisses à
l’heure du bilan de la campagne 2004-2005,
notamment au profit de la production sucrière, qui a bénéficié des investissements
de la Compagnie sucrière du Tchad ( CST ).
L’augmentation des revenus issus de la
culture du coton graine ( 200 000 tonnes
pour la campagne 2004-2005, au lieu de
102 100 pour la campagne précédente ),
qui peut paraître paradoxale au vu de la
tendance à la baisse des cours mondiaux de
ce produit, est en fait due à une hausse des
prix d’achat aux producteurs, décidée par
les pouvoirs publics. Cette dernière donnée
fait de l’amélioration relative du pouvoir
d’achat un progrès dont on peut craindre
le caractère éphémère.
L’élevage continue d’occuper une
place prépondérante dans l’architecture de
l’économie tchadienne : un cheptel composé d’environ 16,5 millions de têtes occupe
AFI 2007
TCHAD
40 % de la population active. L’élevage
génère chaque année 117 milliards francs
CFA, dont 65 proviennent de l’exportation
( principalement vers le Nigeria ).
Le secteur secondaire, autrefois stimulé par les travaux pétroliers, marque
aujourd’hui un fléchissement. Les principales activités sont hiérarchiquement
l’artisanat ( près de la moitié de la valeur
ajoutée de ce secteur ), suivi de l’industrie
manufacturière, des bâtiment et travaux
publics ( BTP ) puis des travaux liés aux infrastructures pétrolières. La baisse de la part
des industries manufacturières dans leur
contribution au PIB est largement imputable à la qualité médiocre des prestations de
la Société tchadienne d’eau et d’électricité
( STEE ) ainsi qu’aux importations frauduleuses de produits concurrentiels.
L’économie du Tchad est sous la tutelle
rapprochée des institutions financières internationales que sont la Banque mondiale
et le Fonds monétaire international ( FMI ).
Ainsi ont été adoptés des accords bilatéraux
liant le gouvernement aux organismes en
question portant notamment sur la gestion
des revenus ( principalement pétroliers )
et sur les postes budgétaires auxquels ils
seront alloués.
La Banque mondiale a attribué en août
2005 un budget de 296,9 millions US $,
dont une part non négligeable ( 37 % ) a
été octroyée au secteur social, démontrant
de la sorte une forte volonté de soutenir
cette cause.
Par ailleurs, la Countr y Assistance
Strategy ( CAS ), qui a été mise en œuvre
par la Banque mondiale pour la période
2004-2006, affiche comme objectifs d’implémenter une gouvernance transparente
et l’application des lois concernant entre
autres éléments l’utilisation des revenus
pétroliers. Il est également escompté dans
le cadre de ce programme de faire émerger
une économie non pétrolière dans le dessein de diversifier les sources de revenus
et d’échapper de la sorte à la vulnérabilité
caractéristique des pays dont les domaines
de production sont peu ou pas variés.
Mais la Banque mondiale est surtout
impliquée au Tchad dans le cadre du programme Petroleum Revenue Management
Program ( PRMP ), signé le 13 juillet 2006.
Ce projet impose au Tchad une gestion
par ticulière de ses revenus pétroliers,
contrôlée par le Collège de surveillance
et de contrôle des ressources pétrolières.
Le nouveau protocole d’accord diffère de
la version précédente en cela qu’il précise
l’usage du budget, laissant aux bons offices
de la Banque mondiale le soin de contrôler l’économie tchadienne, l’institution
brandissant la menace de mettre fin à ses
subventions sec torielles. L’argument a
d’autant plus de poids qu’elle mène actuellement neuf projets au Tchad, cumulant un
budget total de 306 millions US $.
U n e d e s e n t r ave s a u xq u e l l e s e s t
confronté le projet de développement
économique est que l’attribution des allocations destinées aux secteurs prioritaires
ainsi que l’exécution des dépenses souffrent
d’un manque de suivi et de faibles capacités
d’absorption.
Cependant, la hausse de la contribution du secteur non pétrolier en 2005
( 5,8 % contre 1,9 % en 2004 ) nous donne
à penser que le Tchad est conscient de
l’importance que revêt la diversification
des sources de revenus, qui ne sera possible qu’en s’appuyant sur les fonds issus de
l’exploitation pétrolière.
CULTURE
Le roman Mon amour l’autre, écrit par le Tchadien Ouaga-Ballé
Danaï et publié par L’Harmattan ( Paris ), est un roman fort qui
a pour ambition de sensibiliser les Africains sur leur sort et de
réveiller leur conscience collective. Le roman superpose habilement les mythes aux réalités de la guerre, faisant un va-et-vient
continu entre les sociétés ancestrales et modernes. Plus qu’une
simple dénonciation des maux qui rongent l’Afrique, Mon
amour l’autre est avant tout une ode à la paix et la fraternité. Un
roman qui nous donne des leçons, mais surtout qui nous rend
meilleurs, assurément.
AFI 2007
229
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
TOGO
Yoma EDJEOU 
Rédacteur en chef de la radio jeunesse, secrétaire général de l’Association
culturelle des jeunes volontaires pour le développement/Programme,
promotion, musique gospel ( ACJVD/PPMG ) 
[email protected]
POLITIQUE
L
’année 2005 aura été marquée par la
mort du président Eyadéma Gnassingbe suivie du coup de force militaire
et des événements sanglants ayant entaché le processus électoral d’avril 2005.
Maintenant au pouvoir, le fils d’Eyadéma,
Faure Gnassingbe,
a compris que, pour
gérer à bien la crise,
il fallait entreprend re u n p ro ce s s u s
de reconciliation.
Ainsi sous la surveillance de l’Union
européenne ( UE ) et
du président Blaise Compaoré comme facilitateur, le Togo parvient à un apaisement
de la crise.
Les acteurs du dialogue national au
Togo ont paraphé le 19 août à Ouagadougou ( Burkina Faso ) un accord politique
global devant mettre fin à la crise togolaise
qui secoue le pays depuis près de 15 ans.
L’accord a été signé le dimanche suivant à
Lomé en présence des présidents togolais
et burkinabé ainsi que de plusieurs délégations de la sous-région ouest-africaine.
Le facilitateur Blaise Compaoré a dit
croire à un nouveau Togo. « Il n’y a pas
de doute qu’il y a un intérêt politique et
historique pour que les Togolais se mobilisent pour assumer leur responsabilité
dans la mise en œuvre des engagements
pris à Ouagadougou », assure -t-il. Ces
engagements concernent en premier la
formation d’un nouveau gouvernement
d’union nationale ouvert aux partis politiques et à la société civile. L’Union des
forces de changement ( UFC ), la principale
force de l’opposition, a marqué son accord
pour faire partie de ce gouvernement dont
la feuille de route sera la mise en œuvre
des accords de Ouagadougou. Ces engagements portent ensuite sur l’institution
d’une nouvelle Commission élec torale
230
nationale indépendante ( CENI ) qui va
contrôler tout le processus électoral. La
question de la composition ainsi que le
mode de décision en son sein a été l’un
des points d’achoppement entre le pouvoir
et l’opposition. L’UFC, qui avait dans le
projet d’accord deux places comme chacun des partis de l’opposition contre cinq
pour le Rassemblement du peuple togolais
( RPT ), dénonçait un déséquilibre au profit
du pouvoir. Finalement, la répartition de
départ est maintenue dans le texte final à
TOGO
Géographie
Longue bande de terre s’ouvrant sur
le golfe de Guinée. Du sud au nord, le
climat chaud et humide et les forêts
denses passent à un climat plus sec et
à la savane.
Histoire
➤ 1884 Protectorat allemand.
➤ 1922 La Société des Nations confie le
territoire à la France et à l’Angleterre.
➤   1 9 6 0 ( 2 7 a v r i l ) I n d é p e n d a n c e.
La par tie britannique ( occidentale )
s’unit au Ghana. Sylvanus Olympio
président, assassiné en 1963.
➤ 1967 Coup d’État militaire qui porte
au pouvoir Gnassingbé Eyadéma.
➤ 1991 Multipartisme.
➤ 1996 En cinq ans, le président a rétabli son pouvoir absolu à l’aide d’une
armée qui lui est fidèle.
➤ 1997 Installation de la Cour constitutionnelle.
➤ 1998 Eyadéma est réélu.
➤  2002 Lansana Kouyaté : nouveau
facilitateur du dialogue inter togo lais pour l’OIF, après le décès de Idé
Oumarou.
➤ 2003 Eyadéma réélu.
AFI 2007
TOGO
la différence que les deux représentants du
gouvernement au sein de la CENI siègent
sans voix délibérative. Aussi, l ’accord
prévoit de privilégier le consensus au
lieu du vote dans les prises de décisions
de la nouvelle CENI, comme l’exigeait
l’opposition. Autre point qui a fait l’objet
de débats houleux : les conditions d’éligibilité. Outre la suppression des délais de
résidence pour les candidats aux élections,
l’accord prévoit que
« l’exigence de présenter une copie
légalisée de l’acte
de renonciation à
toute nationalité
étrangère, dont le
candidat pourrait
être titulaire, soit
supprimée pour les
prochaines législatives ». Cette disposition était d’autant
plus chère au parti de Gilchrist Olympio
que bon nombre de ses cadres, exilés ou
réfugiés à l’étranger pour des raisons politiques, ont acquis d’autres nationalités
et se retrouvaient de fait hors jeu à cause
de ces deux critères contenus dans le code
électoral togolais.
Toujours dans le cadre électoral, on
notera le changement du mode de scrutin.
Le scrutin uninominal à un tour est supprimé. On propose soit le mode uninominal à
deux tours, soit la proportionnelle de liste.
Le document propose également la mise en
place d’un programme de délivrance des
cartes d’identité, l’institution d’une carte
d’électeur infalsifiable, la présence d’observateurs à toutes les étapes du processus
électoral, la mise en place d’une structure
d’alerte pour sécuriser le processus, un
accès équitable des partis politiques aux
médias d’État. Sur la question de la sécurité, il est écrit que l’armée et les forces de
sécurité s’abstiennent désormais de toute
interférence dans le débat politique. Quant
à la question des droits de l’homme, une
commission devrait faire la lumière sur
« les actes de violence à caractère politique
commis par le passé et étudier les modalités
d’apaisement des victimes ». Il est prévu la
création d’un comité ad hoc pour appuyer
le Haut Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés ( HCR ) afin d’accélérer le
retour des réfugiés. Le texte contient un
passage qu’attendait depuis longtemps le
pouvoir togolais : l’appel des parties prenantes au dialogue pour la reprise rapide
de la coopération en particulier avec l’UE
qui a suspendu son aide depuis 1993 pour
« déficit démocratique ».
Pour veiller à l’application de l’accord,
on a prévu la mise en place d’un comité
de suivi présidé par le facilitateur Blaise
Compaoré. Ce comité sera composé de
représentants de l’UE et de la Communauté économique des États de l’Afrique de
l’Ouest ( CEDEAO ).
Il sera chargé, en cas
de nécessité, d’appeler les uns et les
autres au respect des
engagements pris.
Le 16 sept. 2006,
Fa u re G n a s s i n g b e
nomme le dirigeant
du Comité d’action
pour le renouveau
( CAR ), par ti d’opposition, M e Yawovi Agboyibo, nouveau
premier ministre du Togo. La nomination
d’Agboyibo marque le début d’une nouvelle
ère au Togo. C’est en effet un opposant
résolu qui entre à la primature.
ÉCONOMIE
Privée d’aide substantielle des principaux bailleurs de
fonds, notamment
l’UE, depuis 1993,
l’économie togo laise traverse une
pér iode difficile,
avec une croiss a n c e e n b e r n e.
S elon les pr incipaux indicateurs
macroéconomiPlace Togo
ques publiés en
AFI 2007
avril 2006 par l’Union économique et
monétaire ouest-africaine ( UEMOA ), le
taux de croissance du PIB est tombé à 1 %
en 2005 contre 4,2 % en 2004. L’inflation
moyenne a quant à elle atteint 6,8 % en
2005 contre 0,4 % en 2004.
L’e n c o u r s d e l a d e t t e e x t é r i e u r e
est passé de 781 milliards francs CFA
( 1,19 milliard € ) en 2004 à 812 milliards
( 1 237 milliard € ) en 2005, selon les mêmes
estimations de l’UEMOA. Le phosphate, le
coton, le café et le cacao, qui constituent
traditionnellement la majorité des res231
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
sources du Togo, n’ont pas réussi à doper
les performances macroéconomiques. La
production cotonnière s’est stabilisée ces
trois dernières années à 176 000 tonnes,
tandis que celles de café et de cacao ont
considérablement chuté.
Le Togo est tenu à l’écart des 8 e et 9 e
Fonds européens de développement ( FED )
et les différentes actions en direction de la
société – en vertu du principe de non-pénalisation de la population – sont financées
notamment par les reliquats disponibles au
titre des 6e et 7e FED, ainsi que sur des fonds
Stabex, créés par les conventions de Lomé
pour aider les pays touchés par certaines
baisses de recettes.
Plusieurs autres bailleurs de fonds bilatéraux dont la Banque mondiale, le Fonds
monétaire international ( FMI ), l’Allemagne,
les États-Unis, la Chine et le Japon n’ont plus
mené depuis plusieurs années d’opérations
de grande envergure. Selon des sources proches de la Commission européenne à Lomé,
le Togo a perdu « des centaines de millions
d’euros » de subventions de l’UE depuis la
rupture des relations entre les deux parties.
Mais un responsable de l’UE à Lomé voit
quelques signes encourageants : « il y a eu
ces derniers mois beaucoup d’évolution et
les relations avec l’UE sont en train de se
normaliser, ce qui permettra vraisemblable-
ment aux autorités togolaises de bénéficier
de la notification du 9e FED », la notification
se traduisant par un décaissement assuré. Le
montant maximal du reliquat de ce 9 e FED
est estimé à environ 40 millions €.
Les acteurs politiques ont signé le 20
août 2006, à Lomé, un accord politique
global visant à mettre fin aux violences
qui déchirent le pays depuis plus de dix
ans. La signature de cet accord a redonné
espoir aux bailleurs de fonds européens,
qui n’attendent désormais que l’annonce
de la date des prochaines législatives pour
nor maliser leurs relations avec Lomé.
Aucune date n’a été officiellement fixée
pour ce scrutin.
Une délégation du FMI fait un survol
des récentes évolutions au Togo en vue
d’une relance de la coopération de cette
institution avec ce pays. C’est une mission
de deux semaines dont les discussions avec
le chef de l’État togolais ont porté surtout
sur le budget 2007 et la situation de certains secteurs dont le secteur du coton et le
secteur bancaire. Les discussions ont également porté sur la mise en place éventuelle
d’un programme intérimaire du Togo avec
le FMI. La délégation a par ailleurs présenté
au chef de l’État togolais une analyse du
FMI de la situation actuelle togolaise.
SOCIÉTÉ ET CULTURE
Evala 2006 : plus qu’un rite, une tradition
Dans une région kabyè ( ethnie du nord
du Togo ), les evala, ou Fête annuelle des
muscles, constituent l’une des plus grandes
manifestations initiatiques. Chaque année,
au mois de juillet, les jeunes hommes de
plusieurs villages se réunissent sur des places
publiques pour éprouver leur force et compa-
232
rer leurs techniques. Ce n’est pas une guerre,
mais plutôt un combat psychologique. À
travers ces manifestations, les jeunes de la
région se découvrent, mesurent leur âge et
leur capacité physique. C’est leur civilisation.
Autrefois, ces parties de lutte permettaient au
peuple kabyè, en proie à des guerres claniques,
de détecter les jeunes capables de défendre
leur village. Mais plusieurs étapes doivent
être franchies par ces jeunes appelés à lutter.
D’abord, on ne devient un evalo ( lutteur en
langue kabyè ) qu’à l’âge de 18 ans, après
avoir respecté les prescriptions issues des
différentes cérémonies rituelles. Une semaine avant le début des combats, à l’instar
des footballeurs professionnels, les lutteurs
s’isolent dans des camps d’entraînement.
Ils consomment pendant cette période de la
viande de chien – animal rusé, endurant et
possédant certaines vertus selon la culture
kabyè – afin de retrouver l’énergie nécessaire
pour bien combattre.
AFI 2007
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
Politique
[S.A.], Côte d’Ivoire : la paix comme option, International crisis group, 2006.
[S.A.], La Mondialisation, une chance pour la francophonie, Paris, Éd. du Sénat, 2006.
AGOSTINI Nicolas, La Pensée politique des génocidaires hutus, Paris, L’Harmattan, 2006.
AIVO Frederick J., Le Juge constitutionnel et l’état de droit en Afrique, Paris, L’Harmattan,
2006.
BEBE BESHELEMU Emmanuel, Presse écrite et expérience démocratique au Congo-Zaïre, Paris,
L’Harmattan, 2006.
BOWEN Wyn, Libya and Nuclear Proliferation : stepping back from the brink, London,
Routledge, 2006.
CISSÉ Ali, Mali, une démocratie à refonder, Paris, L’Harmattan, 2006.
DEBRÉ Bernard, La Véritable Histoire des génocides rwandais, Paris, J. C. Gawsewitch,
2006.
DIOP Djibril, Décentralisation et gouvernance locale au Sénégal, Paris, L’Harmattan, 2006.
DJONDANG Enoch, Les Droits de l’homme : un pari difficile pour la renaissance du Tchad et
de l’Afrique, Paris, L’Harmattan, 2006.
DOH-DJANHOUNDY Théo, Autopsie de la crise ivoirienne, Paris, L’Harmattan, 2006.
GLASER Antoine, Comment la France a perdu l’Afrique, Paris, Hachette, 2006.
HUGON Philippe, Géopolitique de l’Afrique, Paris, A. Colin, 2006.
KABAMBA Mbebwe-K., La RDCongo malade de sa classe politique. Les coulisses du dialogue
intercongolais (DIC), Paris, L’Harmattan, 2006.
KOULA Yitzhak, Pétrole et violences au Congo-Brazzaville, Paris, L’Harmattan, 2006.
MENDY Marcel, La Violence politique au Sénégal : de 1960 à 2003, Paris/Conakry, Éditions
Tabala/Bookémissaire, 2006.
NIANG Mody, Qui est cet homme qui dirige le Sénégal?, Paris, L’Harmattan, 2006.
N’GAÏDE Abderrahmane, La Mauritanie à l’épreuve du millénaire, Paris, L’Harmattan,
2006.
SADJI Amadou Booker, Le Rôle de la génération charnière ouest-africaine, Paris, L’Harmattan,
2006.
THÉBAULT Vincent, Géopolitique de l’Afrique et du Moyen-Orient, Paris, Nathan, 2006.
TSHIMBALANGA Jean-Louis, L’Impératif d’une culture démocratique en République démocratique du Congo, Paris, L’Harmattan, 2006.
WA NYASA Munyaas, Les Civils dans les guerres locales en RDCongo. La cavale d’un déplacéréfugié du Sud-Kivu, Paris, L’Harmattan, 2006.
WERNER Jean-François, Médias visuels et femmes en Afrique de l’Ouest, Paris, L’Harmattan,
2006.
ZEGHAL Malika, Les Islamistes marocains : le défi à la monarchie, Paris, La Découverte,
2006.
Culture et société
ANDRIAMIRADO Virginie et Gérald ARNAUD, Afrique tout-monde : l’Afrique et la globalisation culturelle, Paris, L’Harmattan, 2006.
BAKUNDA I’CYICARO Pierre-Célestin, Rwanda, l’enfer des règles implicites, Paris, L’Harmattan, 2006.
BATTESTINI Simon (dir.), De l’écrit africain à l’oral, Paris, L’Harmattan, 2006.
BIYOGO Grégoire, Histoire de la philosophie africaine, t.1, t.2 et t.3, Paris, L’Harmattan,
2006.
BOYER Alain-Michel, Les Arts d’Afrique : les styles, les fonctions, les aires, Paris, Hazan,
2006.
CHEVALIER Evelyne, La Go+. Dix années de séropositivité d’une Africaine, Paris, L’Harmattan, 2006.
COLLINS Robert O. et James M. BURNS, A History of Sub-Saharan Africa, New York, C.U.P.,
2006.
COURADE Georges (dir.), L’Afrique des idées reçues, Paris, Belin, 2006.
D’ALMEIDA-TOPOR Hélène, L’Afrique, Paris, Cavalier Bleu, 2006.
ELA Jean-Marc et Anne-Sidonie ZOA, Fécondité et migrations africaines : les nouveaux enjeux,
Paris, L’Harmattan, 2006.
AFI 2007
233
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
GUIBERT Armand et NIMROD, Léopold Sédar Senghor, Paris, L’Harmattan, 2006.
HAMANI Djibo, L’Adar précolonial, Paris, L’Harmattan, 2006.
Au Carrefour du Soudan et de la berbérie : le sultanat touareg de l’Ayar, Paris, L’Harmattan,
2006.
HOAD Neville, African Intimacies : Race, Homosexuality and Globalization, Minneapolis,
UMP, 2006.
IBBA Antonio et Giusto TRAINA, L’Afrique romaine : de l’Atlantique à la Tripolitaine (69-439
ap. J.-C.), Bréal, 2006.
KAVWAHIREHI Kasereka, V.Y. Mudimbe et la réinvention de l’Afrique. Poétique et politique de
la décolonisation des sciences humaines, Paris, L’Harmattan, 2006.
LODGE Tom, Mandela : a critical life, New York, OUP, 2006.
LUTERBACHER-MAINERI Claudius et Stéphanie LEHR-ROSENBERG, Sagesse dans la pluralité : l’Afrique et l’Occident en dialogue. Hommage à Bénézet Bujo, Fribourg, Academic
Press Fribourg, 2006.
MABIKA Pie-Aubin, Regards sur l’art et la culture en Afrique noire, Paris, L’Harmattan,
2006.
MEYER Laure, Afrique noire, Paris, Terrail, 2006.
MPERENG DJERI Jerry, Presse et histoire du Congo-Kinshasa, Paris, L’Harmattan, 2006.
MUBESALA LANZA Baudouin, La Religion traditionnelle africaine, Paris, L’Harmattan,
2006.
MUDIMBE V. Y., Cheminements. Carnets de Berlin (avril-juin 1999), Montréal, Humanitas,
2006.
MUDIMBE-BOYI Élisabeth, Essais sur les cultures en contact : Afrique, Amériques, Europe,
Paris, Karthala, 2006.
NANTET Bernard, Dictionnaire de l’Afrique : histoire, civilisation, actualité, Paris, Larousse,
2006.
NAUDILLON Françoise, PRZYCHODZEN Janusz et Sathya RAO (dir.), L’Afrique fait son
cinéma : regards et perspectives sur le cinéma francophone africain, Montréal, Mémoire
d’encrier, 2006.
NDINGA MBO Abraham Constant, Introduction à l’histoire des migrations au Congo-Brazzaville, Paris, L’Harmattan, 2006.
NELLY Ghislaine et Huguette SATHOUD, Les Femmes d’Afrique centrale au Québec, Paris,
L’Harmattan, 2006.
NGUELE AMOUGOU Philémon, Afrique, lève-toi… et marche!, Paris, L’Harmattan, 2006.
NKUKU Konde César Rémon Marcel, Stratégies de survie à Lubumbashi (RDCongo). Enquête
sur 14 000 ménages urbains, Paris, L’Harmattan, 2006.
PAGÉ Lucie, Notre Afrique, Québec, Libre expression, 2006.
SATHOUD G. N. Huguette, Les Femmes d’Afrique centrale au Québec, Paris, L’Harmattan,
2006.
Économie
ACDI, Des résultats concrets : le Fonds canadien pour l’Afrique, Québec, ACDI, 2006.
ASSANVO Davidson W. T., KAMARA Nangnigui D., Christian E. B. POUT, Les Technologies
de l’information et de la communication (tic) et la diplomatie en Afrique : défis et enjeux,
Québec, PUL, 2006.
BERTRAND Alain, MONTAGNE Pierre et Alain KARSENTY, Forêts tropicales et mondialisation : les mutations des politiques forestières en Afrique francophone et à Madagascar,
Paris, L’Harmattan, 2006.
CALDERISI Robert, L’Afrique peut-elle s’en sortir? Pourquoi l’aide publique ne marche pas,
Québec, Fides, 2006.
EBEN-MOUSSI Emmanuel, L’Afrique doit se refaire une santé, Paris, L’Harmattan, 2006.
ELOUGA Martin, NGA NDONGO Valentin et Luc MEBENGA TAMBA (dir.), Dynamiques
urbaines en Afrique noire, Paris, L’Harmattan, 2006.
FOX Louise et Robert LIEBENTHAL, Attacking Africa’s poverty : experience from the ground,
Washington, The World Bank, 2006.
GAYE Adama, Chine-Afrique, le dragon et l’autruche, Paris, L’Harmattan, 2006.
GROS François (dir.), Sciences et pays en développement. Afrique subsaharienne francophone,
Paris, EDP Sciences, 2006.
HUGON Philippe, L’Économie de l’Afrique, 5e édition, Paris, La Découverte, 2006.
234
AFI 2007
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
MAKOSSO KIBAYA Jean-Félix, L’Information stratégique agricole en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2006.
MANGHARDT France, Les Enfants pêcheurs au Ghana, Paris, L’Harmattan, 2006.
NYAMBAL Eugène, Créer la prospérité en Afrique : dix clés pour sortir de la crise, Paris, L’Harmattan, 2006.
OUEDRAOGO François de Charles, La Vulnérabilité alimentaire au Burkina Faso, Paris,
L’Harmattan, 2006.
Perspectives économiques en Afrique 2006, Centre de développement de l’Organisation de
coopération et développement économiques (OCDE), Banque africaine de développement (BAD), Paris, OCDE, 2006.
South Africa, OECD review of agricultural policies, Paris, OECD publications, 2006.
VOLTON Dominique, Demain la francophonie, Paris, Flammarion, 2006.
YATTA François Paul, Villes et développement économique en Afrique : une approche par les
comptes économiques sociaux, Paris, Economica, 2006.
Sciences humaines et littérature
ADLER Alfred, Roi sorcier, mère sorcière. Parenté, politique et sorcellerie en Afrique noire, Paris,
Éd. du Félin, 2006.
ALBERT Christiane, L’Immigration dans le roman francophone contemporain, Paris, Karthala,
2006.
BASSONG Luc, Comment immigrer en France en 20 leçons?, Paris, Max Milo, 2006.
BOKIBA André-Patient, Le Paratexte dans la littérature africaine francophone. Léopold Sédar
Senghor et Henri Lopès, Paris, L’Harmattan, 2006.
CALAME-GRIAULE Geneviève (dir.), Contes dogon du Mali, Paris, Karthala, 2006.
CHAUDENSON Robert, Éducation et langues africaines, Paris, L’Harmattan, 2006.
Vers une autre idée et pour une autre politique de la langue française, Paris, L’Harmattan,
2006.
CHIZIANE Pauline, Le Parlement conjugal. Une histoire de polygamie, Paris, Actes Sud,
2006.
COLLECTIF, Récits et nouvelles du Cap-Vert, Paris, Chandeigne, 2006.
COLLECTIF, Dernières nouvelles du colonialisme, Paris, Éd. Vents d’ailleurs, 2006.
DELAS Daniel (dir.), Senghor et la musique, Paris, OIF/Le Français dans le monde/Clé
international, 2006.
DELANGE Jacqueline, Arts et peuples de l’Afrique noire. Introduction à une analyse des créations
plastiques, Paris, Gallimard, 2006.
GARNIER Xavier, Le Roman swahili, la notion de « littérature mineure » à l’épreuve, Paris,
Karthala, 2006.
GBANOU K. Sélom et Sénamin AMEDEGNATO (dir.), Écritures et mythes : l’Afrique en
question. Mélanges offerts à Jean Huénumédji Afan, Bayreuth, BAS, 2006.
GOURÉVITCH Jean-Paul, La France en Afrique. Cinq siècles de présence : vérités et mensonges,
Paris, Éd. Acropole, 2006.
HESS Deborah, La Poétique du renversement chez Maryse Condé, Massa Makan Diabaté et
Édouard Glissant, Paris, L’Harmattan, 2006.
KESTELOOT Lilyan, Césaire et Senghor, un pont sur l’Atlantique, Paris, L’Harmattan,
2006.
KONÉ Myriam, Landolo et le grand caïlcédrat : contes du Burkina Faso en pays San, Paris,
L’Harmattan, 2006.
LECLERC Michel, Le Promeneur d’Afrique, Montréal, Hurtubise HMH, 2006.
NJAMI Simon, C’était Léopold Sédar Senghor, Paris, Fayard, 2006.
RURANGWA Révérin, Génocidé, Paris, Presses de la Renaissance, 2006.
SENGHOR Léopold Sédar, Œuvre poétique, 5e édition, Paris, Seuil, 2006.
TOURÉ Amadou et Idriss I. NTJI, Amadou Hampaté Bâ : homme de science et de sagesse,
Paris, NEM/Karthala, 2006.
TSHISUNGU Wa Tshisungu José, La Littérature congolaise écrite en ciluba. Histoire politique
et recomposition culturelle, Sudbury (Canada), Éditions Glopro, 2006.
VAILLANT G. Janet, Vie de Léopold Sédar Senghor. Noir, Français et Africain, Paris, Karthala,
2006.
WAKERLEY Veronique et Tava GWANZURA (dir.), French Perspectives on Anglophone African
Writers and Writing, Paris/Harare, Notre Librairie/DML, 2006.
AFI 2007
235
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
AFRIQUE DU SUD
Gur MILANDOU-MOUANGA 
Journaliste et président de l’Association jeunes et médias 
[email protected]
P
rès d’une centaine d’officiers de la
police des frontières sud-africaine ont
reçu une formation en langue française, dans le cadre d’un partenariat passé
entre l’ONG Africa Unite et les autorités de
la police frontalière sud-africaine.
Africa Unite est une ONG sud-africaine
basée dans la ville du Cap qui regroupe les
jeunes sud-africains et les expatriés autour
de projets de lutte contre la xénophobie,
avec un accent mis sur la diversité culturelle
et l’intégration sociale.
Depuis l’année 2000, cette organisation s’emploie à promouvoir l’amitié et les
droits de l’homme en milieu juvénile entre
les populations locales et les membres de
la communauté étrangère. De nombreuses
activités ont été menées et continuent à
se mener dans divers domaines de la vie
sociale et communautaire. On retiendra
par exemple le projet des cours de français
mené dans les banlieues de la ville du
Cap en 2004 et 2005, des championnats
sportifs, des excursions et bien d’autres
initiatives, ayant un impact positif sur les
relations entre autochtones et expatriés qui
ne sont toujours pas des meilleures.
Le projet de l’enseignement de la langue française en milieu policier répond à un
double besoin de formation de cette composante des forces de l’ordre sud-africaines.
D’abord, comme l’a souligné le président
d’Africa Unite, Zoe Nkongolo, « la police,
en particulier celle des frontières, constitue
la porte d’entrée et de sortie dans le pays ».
Ensuite, l’organisation de la Coupe du
monde de football que l’Afrique du Sud
accueillera en 2010 impose une préparation
multidimensionnelle au plan national.
Ainsi, former la police des frontières serait une façon de la préparer pour
l’accueil et la rendre efficace dans ses
prestations. Déjà, dans la vague migratoire
d’étrangers sur le territoire sud-africain, un
nombre de plus en plus élevé provient des
pays francophones, surtout d’Afrique.
Le principe d’accord s’est conclu au
cours de la réunion du 23 août 2006 entre
l’Africa Unite, représentée par son président, et la police sud-africaine, représentée
236
par M. Grobler, commissaire provincial de
la police des frontières au Western Cape.
« Beaucoup nous reste à faire, mais les
moyens nous manquent », a confié Zoe
Nkongolo, au sortir de la réunion, comme
pour lancer un appel à l’aide aux donateurs
et aux personnes de bonne volonté devant
le besoin immense d’appui qui s’impose
pour la continuité de ce projet.
Ce projet fait suite à celui commencé
en 2005 avec l’animation d’une émission
en langue française intitulée « Antenne
francophone » à Bush Radio, une radio
communautaire de la ville du Cap, laquelle
émission a obtenu un grand succès.
Dans le même sillage, la commémoration, le 26 juin 2006, du 46e anniversaire de
l’accession à la souveraineté nationale a fait
écho à l’actualité francophone en Afrique
du Sud, notamment au Cap où le consul
général de Madagascar, Rafatrolaza Bary
Emmanuel, a organisé une soirée culturelle dans le hall du Groot à Contantia.
Plusieurs invités de marque ont pris part à
la cérémonie, parmi lesquels les consuls du
Danemark, d’Espagne, de France.
Au cours de cette soirée, le groupe
musical Papa et Maman James a fait danser
l’assistance au rythme des chants traditionnels malgaches.
Dans un entretien avec la presse, Rafatrolaza Bary a fait l’historique de son pays
et s’est exprimé au sujet de la francophonie
et de la culture francophone à Madagascar,
soulignant que « Madagascar est un pays
fortement engagé dans la francophonie ». Il
a fait l’éloge de la Francophonie pour avoir
consacré l’année 2006 à la mémoire d’une
illustre figure de l’Afrique, Léopold Sédar
Senghor, et a encouragé les initiatives qui
se mènent pour la promotion de la culture
francophone à travers le monde.
Sur le plan sportif enfin, l’équipe sudafricaine Bafana Bafana a reçu les Diables
rouges de la République du Congo pour
un match de football qui comptait pour
les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des
nations de 2008. La rencontre s’est déroulée
à Pretoria et s’est soldée par un score nul de
zéro but partout.
AFI 2007
Téléchargement