Isabelle Jacob Des OGM dans mon assiette epuis la fin des années 1990, les OGM font beaucoup parler d’eux. Bien que leur utilisation remonte à plus de trente ans, notamment pour des utilisations médicales, c’est leur utilisation dans le secteur de l’agroalimentaire qui dérange. Pourquoi? Parce que les OGM agroalimentaires comportent des risques pour la santé des humains et des animaux et représentent de surcroît une menace pour la biodiversité. OGM signifie « organisme génétiquement modifié ». Il faut le dire, tous les OGM ne sont pas remis en cause. Ceux qui nous intéressent ici sont les OGM agroalimentaires, définis comme étant « tout organisme dont au moins un gène ne lui appartient pas ». Il s’agit de bactéries, de plantes ou d’animaux à qui l’on a ajouté un caractère désiré, pouvant provenir d’une autre espèce (exemple : introduction d’un gène animal dans un végétal), par la modification en laboratoire de leur code génétique. Ni hybrides ni sélections artificielles Les techniques d’amélioration génétique que sont l’hybridation et la sélection artificielle n’ont rien à voir avec les OGM. La sélection artificielle agit sur la reproduction des plantes et des animaux en sélectionnant les meilleurs reproducteurs selon des qualités recherchées (résistance aux maladies et aux insectes, fruits plus gros et plus savoureux, etc.). Cette pratique n’a rien de nouveau puisqu’elle remonte à plusieurs siècles av. J.-C.! Quant à l’hybridation, c’est un processus naturel qui consiste à effectuer des croisements entre des variétés ou des races d’une même espèce. Ces techniques sont utilisées depuis plus de 700 ans et ont grandement contribué à créer la plupart des végétaux que nous consommons aujourd’hui. Que reproche-t-on aux OGM? Le p r i n c i p a l p r o b l è m e a v e c l e s O G M agroalimentaires, c’est qu’il faudrait encore des années d’études pour en connaître l’innocuité. Dans 99 % des cas, les OGM sont des plantes à pesticides contenant un insecticide leur permettant de combattre les insectes nuisibles (exemple : maïs Bt), alors que d’autres sont conçus pour survivre à l’utilisation d’herbicides (exemple : soja Roundup Ready). D’un point de vue pratique, cela constitue une avancée notoire pour les agriculteurs : moins de pertes maïs-grain et de soja, mais également de canola, lequel entre dans la fabrication des huiles et des aliments transformés. Même si ces cultures sont en grande proportion destinées à l’alimentation animale, tous les aliments renfermant ces ingrédients sont susceptibles de contenir des OGM. Pensons aux biscuits, aux gâteaux, aux aliments en conserve, aux sauces, aux pains, aux mélanges à crêpes, mais aussi… à la viande, aux œufs, au lait et au fromage! Il y a quelques années, Santé Canada estimait la présence d’OGM dans 70 % des aliments transformés . Selon deux études québécoises effectuées en 2009, des dérivés d’OGM constitueraient de 3 % à 6 % du contenu de notre panier d’épicerie. Cette proportion est toutefois appelée à augmenter en sachant que les méthodes scientifiques actuelles ne sont pas en mesure de détecter la présence de toute trace d’OGM. occasionnées par les ravageurs, utilisation moindre de pesticides (et encore…), productivité accrue, meilleur rendement! Rappelons toutefois que ces manipulations génétiques altèrent de façon irréversible des espèces destinées à la consommation et que nous ignorons les effets sur la biodiversité et la chaîne alimentaire. Ces plantes accumulent de grandes quantités de pesticides dans leurs tissus. Qu’advient-il de ces substances une fois introduites dans la chaîne alimentaire? En ce sens, certains s’interrogent sur la contribution des OGM en matière d’allergies alimentaires. Ensuite, ces mêmes plantes sont susceptibles d’affecter la biodiversité par ensemencement ou par hybridation naturelle avec d’autres plantes apparentées. Cette pollution génétique pourrait engendrer de nouvelles variétés de plantes plus résistantes et dominantes face aux plantes indigènes et aux variétés de culture sélectionnées. Bien que plus de 90 % des Québécois soient en faveur de l’étiquetage obligatoire des OGM, le gouvernement canadien refuse toujours d’instaurer un tel programme. D’ici là, rien ne nous assure leur absence dans notre alimentation, mis à part si l’on opte pour des aliments bios ou encore, en consultant le Guide des produits avec ou sans OGM proposé par Greenpeace : www.greenpeace.org/canada/fr/ photosvideos/guide-des-produits-ogm/ « Quand je vais au marché, je mets dans mon petit panier… » Au Canada et au Québec, on retrouve les OGM principalement dans les grandes cultures de | LE COUVERT BORÉAL | Été 2010 37