| LE COUVERT BORÉAL | ÉTÉ 2010 37
epuis la fin des années 1990, les
OGM font beaucoup parler d’eux.
Bien que leur utilisation remonte à
plus de trente ans, notamment pour
des utilisations médicales, c’est leur
utilisation dans le secteur de l’agroalimentaire
qui dérange. Pourquoi? Parce que les OGM
agroalimentaires comportent des risques
pour la santé des humains et des animaux et
représentent de surcroît une menace pour la
biodiversité.
OGM signifie « organisme
génétiquement modifié ». Il
faut le dire, tous les OGM ne
sont pas remis en cause. Ceux
qui nous intéressent ici sont
les OGM agroalimentaires,
définis comme étant « tout
organisme dont au moins un
gène ne lui appartient pas ». Il
s’agit de bactéries, de plantes ou
d’animaux à qui l’on a ajouté un
caractère désiré, pouvant provenir
d’une autre espèce (exemple : introduction
d’un gène animal dans un végétal), par la
modification en laboratoire de leur code
génétique.
Ni hybrides
Ni sélectioNs artificielles
Les techniques d’amélioration génétique que
sont l’hybridation et la sélection articielle
nont rien à voir avec les OGM. La sélection
articielle agit sur la reproduction des plantes
et des animaux en sélectionnant les meilleurs
reproducteurs selon des qualités recherchées
(résistance aux maladies et aux insectes,
fruits plus gros et plus savoureux, etc.). Cette
pratique n’a rien de nouveau puisqu’elle
remonte à plusieurs siècles av. J.-C.! Quant
à lhybridation, c’est un processus naturel qui
consiste à eectuer des croisements entre
des variétés ou des races d’une même espèce.
Ces techniques sont utilisées depuis plus
de 700 ans et ont grandement contribué
à créer la plupart des végétaux que nous
consommons aujourd’hui.
Que reproche-t-oN aux oGM?
Le principal problème avec les OGM
agroalimentaires, c’est qu’il faudrait encore des
années d’études pour en connaître l’innocuité.
Dans 99 % des cas, les OGM sont des plantes
à pesticides contenant un insecticide leur
permettant de combattre les insectes nuisibles
(exemple : maïs Bt), alors que d’autres sont
conçus pour survivre à l’utilisation d’herbicides
(exemple : soja Roundup Ready). D’un point
de vue pratique, cela constitue une avancée
notoire pour les agriculteurs : moins de pertes
occasionnées par les ravageurs, utilisation
moindre de pesticides (et encore…), productivi
accrue, meilleur rendement! Rappelons toutefois
que ces manipulations génétiques altèrent de
façon irréversible des espèces destinées à la
consommation et que nous ignorons les eets
sur la biodiversité et la chaîne alimentaire.
Ces plantes accumulent de grandes quantités de
pesticides dans leurs tissus. Qu’advient-il de ces
substances une fois introduites dans la chaîne
alimentaire? En ce sens, certains s’interrogent sur
la contribution des OGM en matière d’allergies
alimentaires. Ensuite, ces mêmes plantes sont
susceptibles d’affecter la biodiversité par
ensemencement ou par hybridation naturelle
avec d’autres plantes apparentées. Cette
pollution génétique pourrait engendrer de
nouvelles variétés de plantes plus résistantes
et dominantes face aux plantes indigènes et
aux variétés de culture sélectionnées.
« QuaNd je vais au Marché,
je Mets daNs MoN petit paNier… »
Au Canada et au Québec, on retrouve les OGM
principalement dans les grandes cultures de
maïs-grain et de soja, mais également de canola,
lequel entre dans la fabrication des huiles et des
aliments transformés. Même si ces cultures sont
en grande proportion destinées à l’alimentation
animale, tous les aliments renfermant ces
ingrédients sont susceptibles de contenir des
OGM. Pensons aux biscuits, aux gâteaux, aux
aliments en conserve, aux sauces, aux pains, aux
mélanges à crêpes, mais aussi… à la viande, aux
œufs, au lait et au fromage!
Il y a quelques années, Santé Canada
estimait la présence d’OGM dans
70 % des aliments transformés .
Selon deux études québécoises
effectuées en 2009, des dérivés
d’OGM constitueraient de 3 % à
6 % du contenu de notre panier
d’épicerie. Cette proportion est
toutefois appelée à augmenter
en sachant que les méthodes
scientifiques actuelles ne sont pas
en mesure de détecter la présence de
toute trace d’OGM.
Bien que plus de 90 % des Québécois soient
en faveur de l’étiquetage obligatoire des
OGM, le gouvernement canadien refuse
toujours d’instaurer un tel programme. D’ici
là, rien ne nous assure leur absence dans notre
alimentation, mis à part si l’on opte pour des
aliments bios ou encore, en consultant le Guide
des produits avec ou sans OGM proposé par
Greenpeace : www.greenpeace.org/canada/fr/
photosvideos/guide-des-produits-ogm/
Isabelle Jacob
Des OGM dans mon assiette
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