ex aequ journal des Magasins du Monde n° 15 - septembre 2006 Au Sud comme au Nord, équitable, social et solidaire ! Journée mondiale de l’alimentation: les dessous du chocolat Au Sud comme au Nord, équitable, social et solidaire ! Repenser le commerce équitable en Afrique: Prescraft s’y attelle ! Mousse au chocolat à la menthe Voyage entre les carrés de choc Imposer les droits humains face à la course aux profits ex aequ Editorial Impressum Journal des Magasins du Monde n° 15 - Septembre 2006 Tirage 850 ex. 4 parutions par an Editeur Association romande des Magasins du Monde Rue de Genève 52 1004 Lausanne Tél. 021 661 27 03 Fax 021 661 22 20 e-mail : [email protected] www.mdm.ch CCP 10-13905-7 Association Romande des Magasins du Monde Animation 1004 Lausanne L’équipe de rédaction Lara Baranzini Julien Hutin Elisabeth Kopp-Demougeot Anne Monard Caroline Piffaretti Ont collaboré à ce journal E. Piras L. Jongejans TerrEspoir J. Vaucher Photo couverture claro fair trade/M.Vogel Photos claro fair trade/M.Vogel C. Reymond Zur Kalebasse IFAT Solifonds ASRO R. Kopp M.-A. Monard Maquette et graphisme Atelier Diaphane, La Chaux-de-Fonds Impression Papier recyclé Imprimerie Jurassienne, Delémont Envois postaux Abonnements Magasin du Monde Bénévole MdM CHF 30.- Groupe de Delémont Ami CHF 60.Soutien CHF 100.Parrainage CHF 350.- Le Commerce équitable, une pratique sociale solidaire universelle? 3 Journée mondiale de l’alimentation : les dessous du chocolat Au Sud comme au Nord, équitable, social et solidaire ! 4 Equité, proximité et solidarité dans les pratiques commerciales TerrEspoir, un exemple d’échange Sud – Sud L’Amérique latine prend en main sa participation au commerce équitable Le Portail de l’Economie sociale et solidaire 5 5 6 7 La voix des producteurs Repenser le commerce équitable en Afrique : Prescraft s’y attelle ! 8-9 Le produit Mousse au chocolat à la menthe Voyage entre les carrés de choc 10 11 La vie du mouvement Les comptes L’éthique, ça me concerne ? 12 13 Lecture Economie solidaire et commerce équitable 13 Actions citoyennes Imposer les droits humains face à la course aux profits 15 Agenda 16 Fondation pour un commerce équitable Chemin du Vallon 10 Case postale 472 1030 Bussigny (sous gare) Tél 021 703 00 42 Fax 021 703 00 45 www.terrespoir.com [email protected] Jeudi 14h-17h30 Vendredi 9h-12h, 14h-17h30 Samedi 9h-12h Ananas succulents, mangues parfumées, bananes délicieuses, et autres fruits frais ou séchés, autant de produits du terroir africain cultivés et cueillis avec soin par nos partenaires paysans du Cameroun. Nous nous réjouissons de vous accueillir au magasin de Bussigny. Vous y trouverez les succulentes confitures des Soeurs du Monastère bénédictin de Babete au Cameroun, ainsi que des vinaigres exotiques et un assortiment d’articles des Magasins du Monde, tels que café, thé, riz… A bientôt ! Vous cherchez une idée de cadeau pour un anniversaire, un jubilé, des remerciements, une fête ?... Nous confectionnons selon vos désirs de superbes corbeilles de fruits flattant l’œil et les papilles pour une attention réussie ! 2 ex aequ éditorial Le commerce équitable, une pratique sociale solidaire universelle? Depuis leur naissance, les Magasins du Monde dénoncent les règles injustes du commerce international. Fruit d’une collaboration entre la Déclaration de Berne et l’Association Romande des Magasins du Monde, le supplément spécial distribué avec ce journal met en évidence le déséquilibre Nord - Sud dans la chaîne commerciale du cacao. La principale valeur ajoutée se crée essentiellement au Nord, lors de la fabrication du chocolat, tandis que la réalité laisse un arrière goût de plus en plus amer pour les cultivateurs de cacao. Le commerce équitable constitue un premier pas en faveur d’une répartition plus juste des bénéfices. Le commerce équitable vise des changements globaux du commerce mondial. Son officialisation récente en Europe est une marque de reconnaissance pour toutes les organisations qui militent pour davantage de justice dans les rapports commerciaux. Certes, ce n’est qu’un premier pas pour réglementer les pratiques du commerce équitable Nord-Sud, mais ne dit-on pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières? Les pratiques commerciales sociales solidaires telles que le commerce équitable ont encore un long chemin à parcourir pour devenir universelles et contaminer le commerce. Elles ne peuvent pas se cantonner aux relations Nord-Sud. Elles apparaissent au Sud comme au Nord chaque fois que des producteurs défavorisés se regroupent pour prendre leur destin en main et acquérir une position commerciale plus forte dans le respect d’un mode de fonctionnement démocratique et écologique. Ce numéro présente plusieurs expériences de pratiques commerciales sociales solidaires au Nord et au Sud. A vous de les découvrir. Bonne lecture. L’équipe de la rédaction Photo: claro fair trade/M.Vogel ex aequ journée de l’alimentation Journée mondiale de l’alimentation : les dessous du chocolat oublie souvent que derrière les tablettes, il y a des fèves de cacao et leurs producteurs. Dans le courant du mois d’octobre, les Magasins du Monde de Suisse romande mettront les producteurs de cacao à l’honneur. Chaque année, la Journée mondiale de l’alimentation du 16 octobre est une nouvelle occasion pour les Magasins du Monde de sensibiliser le public pour plus de justice dans le commerce, en particulier dans celui des produits agricoles. • Découvrez le dossier «Sous l’emballage, les cultivateurs sont chocolat» distribué en supplément à ce numéro d’ex aequo. • Pour connaître les activités des magasins proches de chez vous, consultez le site : www.mdm.ch En octobre 2006, nous retrouverons une vieille connaissance : le chocolat. Ce produit aimé des gourmands a des multiples facettes. Pour étrange que cela puisse paraître, même en Suisse, où le chocolat est un produit phare, on aentation, les mag s im al l’ de e al di mon mobilisent: le Pour la Journée e la Suisse se ut o to de de on m an de , le s cl ar ro sins du m e ss ui S en on de e de l M ag as in s du M ss e al le m an de et le s B ot tegh honl’ ui wel tl äd en en S italienne mettent le chocolat à erce m e m ss ui co S le Mondo en à s’engager pour un ac ch nt te vi neur et in équitable. Photo: claro fair trade/M.Vogel ”Halte à l’exode rural !” Les patates ne poussent pas dans les supermarchés Selon la Politique agricole 2011 qui sera discutée au Parlement pendant l'automne, de moins en moins d'agriculteurs devraient produire l'alimentation pour les habitants de villes de plus en plus grandes. Un non-sens économique, social et culturel. La Coopérative Longo maï s'adresse au Conseil fédéral et au parlement et a lancé la pétition "Halte à l'exode rural!" Longo maï a également publié la brochure «Les patates ne poussent pas dans les supermarchés», une prise de position par rapport à la Politique agricole 2011 qui ouvre le débat sur le thème de l'agriculture et la société. Ces documents sont disponibles sur le site: www.halte-exode-rural.org Contact: Coopérative Longo maï, Ferme le Montois, 2863 Undervelier 4 ex aequ au Sud comme au Nord, équitable, social et solidaire Equité, proximité et solidarité dans les pratiques commerciales En Suisse romande, les Magasins du Monde arborent la devise «solidaires au quotidien» sur leur enseigne. Selon leur charte, les Magasins du Monde cherchent à promouvoir une économie solidaire, respectueuse de l’être humain, en vue d’un développement durable. Le commerce qu’ils encouragent est un moyen de créer une société plus équitable et un modèle de développement alternatif. Les Magasins du Monde se sont en premier lieu intéressés aux relations commerciales Nord-Sud pour les rendre plus justes. Ils ont favorisé la sensibilisation des consommatrices et consommateurs aux produits qu’ils achetaient. Désormais, le nouveau mode de consommation responsable intègre les dimensions d’équité, de proximité, de durabilité et de solidarité. Economie sociale solidaire et commerce équitable forment un tout. Pour les Magasins du Monde, spécialistes du commerce équitable en Suisse romande, la concrétisation de la devise: «solidaires au quotidien» est devenue d’une brûlante actualité. Elisabeth Kopp-Demougeot Au début du mois de juillet 2006, le Parlement européen a adopté une résolution qui constitue une reconnaissance officielle de plus de 30 ans de luttes pour un commerce équitable (CE) Nord-Sud. Ce texte régit le commerce équitable dans le cadre des relations Nord-Sud. Il constitue une avancée importante et aborde également, dans le contexte d’une plus grande équité des relations commerciales, la question de la reconnaissance de l’économie sociale solidaire et du commerce équitable local. Au printemps 2006 déjà, la Plate Forme du commerce équitable (PFCE) avait salué les textes législatifs mis en place par les autorités françaises pour réglementer le commerce équitable en France. Les textes français et européens définissent le commerce équitable comme une pratique Nord-Sud, mais reconnaissent également d’autres démarches s’inspirant de ces principes. En tant qu’organisation pionnière du commerce équitable en France, la Fédération Artisans du monde promeut désormais le commerce local équitable et solidaire et s’est alliée à des initiatives du commerce de proximité. TerrEspoir, un exemple d’échange Sud-Sud Le GIC (Groupe d’intérêt communautaire) Ter rEspoir du Cameroun est une Coopérative de producteurs de fruits qui est en relation avec la Fondation TerrEspoir de Suisse depuis 1992. Très rapidement, le souhait a été émis de pouvoir donner une valeur ajoutée sur place aux fruits des producteurs par le séchage des fruits. Collectrices d'avocats avec l'encadreur-collecteur... Photo: Christophe Reymond C’est le Centre Ecologique Albert Schweizer (CEAS) du Burkina Faso qui a été sollicité pour accompagner cette initiative. Des consultants sont venus du Burkina 5 pour enseigner aux producteurs camerounais les techniques de séchage et de fabrication des séchoirs. C’est encore eux qui assurent le suivi de ce projet pour veiller à ce que la qualité soit la meilleure possible. D’autre part, une vinaigrerie a été installée à Ouagadougou pour faire du vinaigre de mangues et ainsi mieux valoriser les mangues qui abondent en pleine saison. La commercialisation de ce vinaigre est également en train de se faire dans tous les pays de la région. Fondation TerrEspoir ex aequ au Sud comme au Nord, équitable, social et solidaire L’Amérique latine prend en main sa participation au commerce équitable Alors que chaque pays d’Amérique latine vit un développement particulier de son commerce équitable (CE) depuis les années soixante-dix et quatre-vingts, un élan spécifiquement latino-américain fait surface. Parallèlement à la constitution progressive de réseaux nationaux de commerce équitable, s’est initiée une dynamique latino américaine. Les rencontres nationales, régionales et latino américaines se sont multipliées et elles renforcent d’autant plus l’activité des réseaux nationaux… le début d’un cercle vertueux ? Latine veut élargir le concept du CE à d’autres formes de commerce communautaire, éthique et solidaire nombreuses sur ce continent. Cela suppose une évolution des critères du CE et plus spécifiquement la création de certifications latino américaines. D’autre part, le continent considère qu’une demande différente en produits éthiques peut se développer au sein même de l’Amérique latine: un CE Sud-Sud (et non pas seulement Nord-Sud) qui rendrait une certification latinoaméricaine indispensable ainsi que la coordination de multiples acteurs nationaux et continentaux. Enfin, ce réseau latino américain prend tout son sens en tant que mouvement, dans le but d’une évolution des règles du commerce international, en réalisant un travail politique de pression sur les gouvernements et sur les négociations des traités de libre échange et d’intégrations régionales en cours dans la région. Un vent nouveau venu d’Amérique latine De nombreuses expériences de commerce équitable (CE) existent dans différentes régions d’un même pays en Amérique Latine, sous des configurations diverses, en lien ou non avec des financements étrangers. Le plus souvent ces expériences ne sont pas en contact entre elles, et ne peuvent donc pas partager leur vécu, se développer ensemble, en unissant leurs moyens, leurs connaissances et leurs visions pour constituer un poids représentatif et revendicatif. C’est donc, entre autres aspects, dans ce but que se sont développés en particulier depuis 2004 différents réseaux nationaux comme FACES1 au Brésil, et le Réseau de commerce équitable et Consommation Ethique au Pérou. Mais ce qui semble dynamiser et encourager plus encore la création et l’activité de ces réseaux sont les rencontres latino américaines. En effet, ce qui se vit au niveau national se vit au niveau continental. Depuis environ cinq ans, de multiples initiatives de rencontres et réflexions se sont développées dans le but d’articuler les expériences de CE avec d’autres formes de commerce communautaire, éthique et solidaire. Ceci a permis un meilleur rapprochement entre les différents acteurs du CE. C’est en octobre 2004, lors d’un Forum National de commerce équitable au Pérou que s’est discuté un agenda de travail commun: naît alors la Table de Coordination Latino Américaine de commerce équitable2, instance qui coordonne et formule des propositions collectives orientées vers le développement du CE notamment Sud-Sud et local. De nombreuses rencontres se sont enchaînées depuis, mais quelles sont les principales innovations et revendications ? Ces éléments propulseurs de revendications d’actualité en Amérique latine reflètent un réveil ressenti comme indispensable par d’autres régions du monde, par exemple au sein du Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale et solidaire3, constitué en 2001. Cette prise en main démontre l’intérêt que porte l’Amérique Latine pour le commerce équitable; ce processus d’appropriation et cette conviction semblent indispensables pour la réussite de son développement sur ce continent et pourrait constituer un modèle adaptable à d’autres… Laure Jongejans Laure Jongejans, résidant au Pérou, est titulaire de Masters en Gestion d’entreprise et en Etudes du Développement. Elle a participé à deux recherches sur le commerce équitable en Amérique Latine, dans le cadre de son master (ex æquo no11) et d’une recherche pour le Ministère italien de l’éducation dans le cadre de la publication à paraître «The opportunity of fairtrade in Peru and Latin America - The case of handicraft» (2006). Un concept élargi En premier lieu, l’Amérique Latine manifeste sa volonté de prendre en main au niveau de son continent un CE dans lequel ce sont principalement les acteurs du Nord qui fixent les règles du jeu: produits fabriqués pour et certifiés par le Nord, parfois de façon sévère et restrictive et tenant peu compte des réalités locales. Ceci alors que l’Amérique 1 FACES DO BRASIL, http://www.facesdobrasil.org.br 2 MCLACJ, Mesa de Coordinación Latinoamericana de Comercio Justo 3 RIPESS, www.ripess.net 6 ex aequ au Sud comme au Nord, équitable, social et solidaire www.apres-ge.ch, un outil pour la consomm’action Mis au point par l’Association APRÈS, le Portail de l’Economie sociale et solidaire de la région genevoise permet à l’internaute de découvrir la liste des biens et des services de l’Economie sociale et solidaire (ESS) genevoise1. L’ESS est un secteur économique (à côté de l’économie publique et de l’économie de marché à but lucratif) basé sur le respect de l’environnement et de la personne. Elle est très répandue dans certains pays du Sud, notamment en Amérique latine, et dans certains pays européens. services insérés dans une logique économique, environnementale et sociale mettant l'accent sur la personne avant le profit. Il s’adresse aux acteurs et actrices de l’ESS pour leur visibilité et pour le développement de synergies entre eux. Un restaurant de l’ESS peut par exemple repeindre ses murs en recourant aux services d’une entreprise de réinsertion professionnelle laquelle utilie, pour son coin cafétéria, des produits issus du commerce équitable et de l’agriculture locale… Il s’adresse aussi au grand public qui pourra ainsi découvrir les organisations qui offrent des biens ou des services issus de l’ESS dans des domaines aussi variés que le commerce équitable, l’habitat associatif et coopératif, l’artisanat, l’agriculture, les services environnementaux ou sociaux, la finance solidaire ou les activités culturelles, artistiques et sportives. Des biens et des services solidaires Tout comme le mouvement du commerce équitable, l’ESS promeut une consommation responsable avec une offre qui comprend non seulement des biens, mais aussi des services socialement, économiquement et écologiquement responsables. L’ESS est une interface entre action locale et vision globale. Au niveau local il est plus facile et immédiat d’établir un lien de cause à effet entre un choix de consommation et son impact au niveau social et environnemental. Une fois le lien établi, le réflexe de se demander qui on soutient lors d’un achat devient plus automatique. La promotion du concept et de la pratique de l’ESS à nos latitudes est donc à même d’amener aussi à une sensibilisation et à une responsabilisation des citoyens et citoyennes par rapport aux enjeux globaux et aux problématiques dans les pays du Sud (humanitaires, sociales, environnementales). Les acteurs et actrices de l’ESS recouvrent tous les secteurs de l’économie (services aux personnes, habitat, artisanat, industrie, agriculture, services environnementaux, commerce équitable, finance solidaire, activités culturelles, artistiques, sportives, etc.) et partagent plusieurs principes et valeurs2. Des principes tels que le bien-être social, la citoyenneté et la démocratie participative, l’écologie, l’autonomie, la solidarité, la diversité et la cohérence sont au centre de l’activité économique des acteurs et actrices de l’ESS. Leur activité, à but non lucratif ou à lucrativité limitée, combine l’engagement social et environnemental à l’initiative économique. En rendant visible cette richesse de biens et de services, le Portail est un outil pour la consomm’action, qui permet de découvrir où sortir au restaurant, aller au théâtre, imprimer des documents, déménager, repeindre, jardiner, acheter des cadeaux, habiter, … tout en soutenant une économie mettant le respect de l’environnement et le lien social au centre de son fonctionnement. Lara Baranzini Membre bénévole de l’équipe de rédaction de ex æquo, Lara Baranzini est également membre du comité d’APRÈS. APRÈS, Cham bre de l’Econom Créée en 2003 ie et première asso sociale et solidaire vouée au renfor ciation au nive au ce re, APRÈS a po ment de l’Economie sociale et suisse ur objectifs de solidairents acteurs de mettre en lien le s l’ E difféS S de la régi faciliter les réfl exions commun on genevoise pour en es, les synergie développer des s et pour pr de ce secteur pa estations en vue de défendre le rticulier de l'éco s intérêts nom D’autres initiativ es pour la prom ie. tuent aussi ailleu otion de l’ESS se constirs www.enromandi , notamment dans le canton de Vaud : e.net/apres-vd www.apres-ge.ch Le Portail de l’ESS regroupe plus de 100 organisations de la région genevoise et permet d’accéder à des biens et 1 Le portail a été co-lauréat de la bourse du développement durable du canton de Genève en juin 2006 2 Voir la charte de l’Economie sociale et solidaire de la région genevoise, www.apres-ge.ch 7 ex aequ la voix des producteurs Repenser le commerce équitable en Afrique : Prescraft s’y attelle ! Sculpteurs sur bois, Prescraft, Bali Photos: Zur Kalebasse De l’action locale… «Zur Kalebasse» - qui propose entre autres de superbes plats en bois et des céramiques vert et bleu provenant du Cameroun - est une initiative de la «mission de Bâle» (aujourd’hui mission 21), et fait partie des pionniers du commerce équitable suisse. C’est à ce titre qu’elle a soutenu dès ses débuts, en 1974, un centre d’artisanat créé en 1960 à Bali par un missionnaire suisse et l’église presbytérienne du Cameroun, dans une région rurale particulièrement défavorisée au nord-ouest du Cameroun. Par la suite, et en étroite collaboration avec «Zur Kalebasse», Prescraft (Presbyterian Handicraft Center) a réalisé, sur la base des critères du commerce équitable, ses principaux objectifs : créer des sources de revenus pour la population locale, permettre aux artisan-e-s et à leur famille de prendre en main leur propre développement, promouvoir le statut de la femme ainsi que préserver et valoriser l’artisanat tradi- tionnel tout en développant - avec l’aide d’un «designer» suisse - de nouveaux produits. Prescraft est reconnu et soutenu par l’église presbytérienne camerounaise. Toutefois, les artisan-e-s ne sont pas tenus d’adhérer à cette église, et pratique, sans discrimination, la religion de leur choix. Prescraft occupe aujourd’hui une cinquantaine d’employé-e-s et plus de 750 artisan-e-s, regroupés dans cinq centres d’artisanat ou travaillant à domicile. Il s’agit en général de villageois-e pratiquant une agriculture de subsistance; la production, en grande partie manuelle, d’objets en bois, d’instruments de musique, de céramique, d’articles en cuivre et de textiles est, souvent, le seul moyen de gagner de l’argent. Les prix fixés par les artisan-e-s à chaque commande - couvrent les frais de production et leur permettent de dégager un bénéfice. Par ailleurs, ils sont représentés dans les instances 8 de décision de l’organisation. Au fil des ans, Prescraft a réussi à professionnaliser ses services: - à créer des points de vente dans quelques localités de la région et dans la ville côtière de Limbe; - à diversifier la production; - à mettre sur pied des programmes d’alphabétisation, de formation et de reforestation; - à construire des centres de santé et des écoles... Parallèlement, l’organisation appuie des initiatives locales telles que la construction de routes et de ponts ou d’adduction d’eau, et encourage les femmes à défendre leurs droits et à assumer des responsabilités. Bref, Prescraft est le levier d’un véritable changement économique et social ! Pas étonnant que l’exode rural, autrefois dramatique, ne soit plus de mise… Toutefois, ces dernières années, l’organisation n’a pas été épargnée par les baisses de commandes aux- ex aequ quelles les organisations européennes du commerce équitable se voient, à contrecœur, contraintes, étant confrontées à une «crise de l’artisanat» plus générale, et aux difficultés liées à l’artisanat africain, telles que frais de production et de transport plus élevés qu’en Asie ou encore la concurrence des produits originaux par des imitations asiatiques bon marché. Quelle est la réaction de Prescraft face à ce problème ? … à la réflexion globale Tout en espérant pouvoir redresser ses ventes - entre autres en misant Photos: Zur Kalebasse sur le développement des produits Prescraft a doublé ses efforts au niveau de la réflexion globale. Dans le but de défendre plus largement ses convictions, Prescraft a rejoint déjà en 1991 l’IFAT, le réseau international des organisations du commerce équitable, et y participe d’une façon active et engagée. Dans ce cadre, Prescraft a contribué récemment à la création de la plate-forme des organisations africaines du commerce équitable COFTA (voir encadré). L’organisation a également participé au premier Symposium Africain du Commerce Equitable qui s’est tenu en avril 2006 à Cotonou (Bénin), avec l’objectif de plaider à la fois «pour une voix africaine dans le commerce international» et «pour un commerce international plus équitable». A cette occasion, Peter Abong Ngheh, le directeur de Prescraft, a évoqué la nécessité de repenser le commerce équitable en Afrique et de sensibiliser les gouvernements africains à ses principes, aptes à réduire la pauvreté d’une façon significative. Faire entendre la voix africaine Soucieux de ne pas se limiter aux bonnes intentions, Prescraft s’est porté candidat pour participer active- la voix des producteurs ment au «comité de suivi» établi à l’issu du symposium. Ce comité a pour principale mission de créer des structures permettant d’œuvrer pour plus de justice dans les relations commerciales non seulement NordSud, mais aussi et surtout Sud-Sud, en renforçant les réflexions, les activités et le travail de «lobbying» entrepris par la COFTA. Il assurera la réalisation d’un plan d’action ainsi que la communication interafricaine, et s’associera aux organisations qui défendent les intérêts africains vis-àvis de l’OMC et dans d’autres négociations régionales et internationales. De toute évidence, Prescraft sera à l’avenir encore mieux placé pour plaider la cause des petits producteurs africains ! A nous de faire résonner leur voix, par l’intermédiaire des objets qui nous viennent du Cameroun et d’autres pays africains, dans nos réseaux ! Elisabeth Piras Pour en savoir plus : www.kalebasse.ch www.commerce-equitable-afrique.org Instruments de musique du Cameroun, Forum MdM n° 70, Juin 1998 COFTA - vers un modèle africain de développement endogène A l’initiative des membres africains de l’IFAT (réseau mondial de l’ensemble des acteurs du CE, au Nord comme au Sud, créé en 1989), une plate-forme régionale a vu le jour en 2004. La COFTA (Cooperation for Fair Trade in Africa) regroupe aujourd’hui 47 organisations de 22 pays, en majorité d’Afrique de l’Est. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale sont peu représentées, l’Afrique du Nord et du Sud pratiquement absentes. Pour pallier à ce déséquilibre, la COFTA s’est donnée l’objectif de renforcer et d’élargir sa coalition dans l’ensemble du continent. Par ailleurs, elle souhaite relever le défi de mieux promouvoir le concept - très peu connu - ainsi que la pratique du CE. Dans ce but, elle cherche à développer des stratégies participatives, adaptées aux réalités des populations rurales africaines. Ainsi, il est envisagé de valoriser des produits africains par la création d’un réseau de «boutiques du Sud pour l’Afrique». Prochain rendez-vous en octobre 2006 au Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (www.siao.bf), consacré cette fois-ci au thème «Artisanat africain et commerce équitable» ! Photo: IFAT 9 ex aequ dans votre assiette Mousse au chocolat à la menthe 100g 2 cc 2 cc 4 1 cc chocolat noir café fort feuilles ciselées de menthe fraîche oeufs très frais crème fraîche feuilles de menthe pour décorer Les produits notés en gras sont disponibles dans les Magasins du Monde 1. Cassez les oeufs, séparez les blancs des jaunes. 2. Cassez le chocolat en morceaux, mettez-les fondre au bain-marie. Ajouter le café. Remuez pour obtenir un mélange onctueux. 3. Retirez du feu et incorporez les jaunes d’oeufs un à un. 4. Ajoutez la crème et la menthe ciselée fraîche. 5. Mélangez bien. 6. Ajoutez une pincée de sel aux blancs d’oeufs et montez-les en neige. 7. Incorporez délicatement les blancs montés à la crème au chocolat. 8. Versez dans 4 coupelles et mettez au frais. 9. Au moment de servir décorez les mousses de feuilles de menthe. Photo: M.-A. Monard 10 ex aequ le produit Voyage entre les carrés de choc Noir Orange, Noir Eclats de cacao et Noir Lait, des nouvelles tablettes sont apparues il y a quelques temps dans la gamme des chocolats de claro fair trade vendus dans les Magasins du Monde. Elles font partie de la gamme Mascao, le premier chocolat équitable au monde, proposé par claro fair trade (anciennement OS3) depuis 1987. A base de cacao de Bolivie et de République Dominicaine et de sucre de canne des Philippines et du Paraguay, ces chocolats «grand cru» sont un régal pour les connaisseurs et une agréable découverte pour les curieux. Julien Hutin a examiné de près ces chocolats, en les comparant avec d’autres chocolats similaires de grandes marques suisses. Celui de claro fair trade est plus amer, il contient plus d'éclats de cacao et il a une bonne consistance. Mascao Noir Orange et Cailler Noir Orange Par rapport au Noir Orange de claro fair trade, celui de Cailler contient plus de calories, plus de protéines (donc plus de lait), moins de glucides (dû au sucre blanc). Les lipides sont présents en même quantité. Dans celui de Cailler, des graisses végétales sont ajoutées. Le goût d'orange est donné par des granules lyophilisés (1,5%) et des arômes tandis que celui de claro fair trade contient (10%) d’orangeat (préparation à l'orange). Chocolat de haute gamme La première surprise, c'est que l'on se retrouve dans le chocolat de haut de gamme. Les plaques examinées ont à peu près le même prix. Les plaques de Mascao pèsent 80g: la différence de prix qui en découle s'explique par le coût du label équitable et du label bio. Principaux composants Sucre: tous les chocolats Mascao contiennent du sucre de canne (plus cher, mais plus sain que le sucre de betterave utilisé dans les autres chocolats). Graisse: les Mascao n'ont que de la graisse de cacao (beurre). Une des autres plaques examinées contient d’autres graisses végétales. Additifs: les plaques «conventionnelles» contiennent de la lécithine de soja (émulsifiant : qui permet de lier une graisse et de l'eau pour en faire une émulsion (mousse)). Les Mascao ne contiennent pas d’émulsif iants ni d’arôme (dont on ne connaît pas l'origine). Au goût: celui de Cailler a une odeur et un goût d'orange très fort, mais qui ne dure pas. Il contient des éclats de fèves et des noisettes, mais nous ne les remarquons pas au goût. Le chocolat est bon, mais le fourrage est un peu écoeurant. Celui de claro fair trade a une faible odeur d'orange, mais des morceaux se trouvent dans le chocolat. Le goût est plus doux, mais plus persistant. Julien Hutin Pour d’éventuelles remarques et réactions des lecteurs à cet article: [email protected] Mascao Noir Lait et Suchard Sensations Noir & Lait Par rapport au Noir Lait de claro fair trade, celui de Suchard contient plus de calories, plus de protéines (donc plus de lait), moins de glucides (dû au sucre blanc). Les lipides sont présents en même quantité. Pas de graisses végétales ajoutées dans les deux. Au goût: le chocolat de Suchard est crémeux et agréablement acide, la finesse du carré est sympathique. Le Mascao de claro fair trade est crémant et on sent le goût du sucre brun. Mascao Noir aux éclats de cacao et Villars noir fourré aux pralines et aux éclats de cacao Pas de valeurs énergétiques indiquées sur les plaques du chocolat Villars… mais il y a plus de sucre, plus de fèves, plus de beurre dans la composition que dans celle de claro fair trade. Pas de graisses végétales ajoutées. Au goût: celui de Villars est plus crémant et doux et il est légèrement croustillant. Photo: M.-A. Monard 11 ex aequ la vie du mouvement Les comptes 2005 Comptes de résultat de l’exercice 01.01.2005 - 31.12.2005 2005 2004 Produits d'exploitation Ventes de marchandises 1’167’828.22 1’846’340.57 Ristournes et frais de port facturés 48’339.68 34’674.67 Chiffre d'affaires net 1’216’167.90 1’881’015.24 Dons 0.00 900.00 Produits exceptionnels 796.93 90.00 Produits divers 0.00 0.00 1’216’964.83 1’882’005.24 Charges d'exploitation Coût des marchandises vendues 822’094.82 Perte de marchandises, différences de change -3’382.32 Loyers 42’687.45 Frais d'entretien 2’952.45 Assurances 1’429.65 Frais du personnel 3’507.35 Frais comité, commissions, bénévoles 10’166.72 Frais de bureau et informatique 20’012.23 Frais bancaires et CCP 734.60 Salaires et honoraires 287’128.40 Site Internet 2’681.23 Frais ex aequo 10’307.39 Animation/information 21’756.24 Imprimés 104.00 Attribution aux provisions 0.00 Dissolution de provisions 0.00 1’222’180.21 Charges d'exploitation Résultat d'exploitation Produits financiers Dons exceptionnels Côtisations, parrainnage et soutien Intérêts débiteurs et escomptes Reprise TVA Charges exceptionnelles Résultat net 1’442’572.01 19’537.69 42’484.05 2’643.41 712.20 4’994.85 9’083.79 22’705.45 807.44 322’636.19 966.90 15’997.00 25’292.33 799.60 4’500.00 -24’592.00 1’891’140.91 -5’215.38 0.00 5’067.45 22’175.30 -5’927.24 -22’289.65 0.00 -9’135.67 303.59 0 20’615 -6’212.67 0 -5’422.39 -6’189.52 147.86 NB: L’année 2005 a été une année de transition pour l’ASRO puisque, progressivement, le ravitaillement des magasins s’est fait directement depuis claro fair trade (Orpund) pour les produits alimentaires. En 2005, nous avons, entre autres, relayé la campagne européenne contre l’exploitation des enfants «Agissons pour leurs droits, consommons équitable», profité de «l’Automne africain» pour attirer l’attention du public sur le fait que derrière chaque produit, il y a le travail et l’histoire d’hommes et de femmes. Le nouveau site Internet des Magasins du Monde a aussi été mis en ligne. Merci ! Nous tenons à adresser un très grand merci aux abonnés de ex æquo qui nous soutiennent en associant un don à leur cotisation. Ces précieuses contributions participent au financement des activités de sensibilisation et d’information des Magasins du Monde. 12 ex aequ la vie du mouvement L’Ethique, ça me concerne ? C’était dans une capitale d’Afrique où j’ai séjourné quelques temps. Au milieu d’un trottoir, une femme faisait la manche, portant un enfant dans ses bras. C’était manifeste que le bébé n’était là que pour attendrir les passants. Une foule de questions m’envahirent : N’a-t-elle pas d’autre revenu que la mendicité ? De quel milieu vient-elle ? Dois-je me laisser attendrir ? Si oui, combien vais-je lui donner ? Pourquoi ? Pour quoi ? Pour qui ?… A mille miles d’ici, mes questions reflétaient des préoccupations éthiques. Mais, au fond, qu’est-ce que l’éthique? C’est la science de la morale, c’est l’art de diriger la conduite, les comportements des personnes et des institutions. C’est un exercice rationnel, relationnel et affectif. Comme tous les arts, l’éthique est donc essentiellement subjectif. Mais il est fait pour être partagé, confronté aux valeurs auxquelles je me réfère, et auxquelles les autres se réfèrent également. L’éthique étudie les vertus: la générosité, la bonté, la pudeur; et les divers défauts qui leur font obstacles: l’égoïsme, la soif de pouvoir, l’avarice, etc. Elle concerne aussi les moyens et les finalités de l’action. Elle donne des pistes pour répondre aux ”pourquoi’’ que je me pose. Différente de la morale L’éthique est cependant différente de la morale, qui est la science du bien et du mal. La morale est une théorie de l’action humaine, soumise au devoir, et qui a pour but le bien. Dans notre exemple du début, la morale m’aurait fait raisonner ainsi: Dois-tu donner quelque chose à cette mendiante? Et j’aurais répondu par des «il faut que tu…», «tu dois, pour son bien, …». Puis, après lui avoir donné quelques sous, j’aurais eu la conscience tranquille: j’aurais obéi à la morale ! L’éthique est plus subtile, plus exigeante. Elle demande une connaissance, qui servira à apprécier l’ensemble des composants de la situation à laquelle je suis confronté. Comme disait je ne sais plus quel philosophe, ”l’éthique est toujours enracinée dans un contexte, dans un projet’’. Elle donne sens, crée des chemins, permet de choisir le meilleur, en fonction de toutes les données du problème.’’ Si je me pose la question: «Que dois-je penser de l’acheminement par avion des bananes que je vends dans mon Magasin du Monde (MdM)?», l’éthique me poussera à me renseigner, aussi bien sur les producteurs que sur les conditions 13 L’éthique, c’est l’école du respect, respect de soi, de l’autre, de la planète ! Et qui dit respect sous-entend ouverture, compréhension, empathie, justice, compassion, … ex aequ la vie du mouvement de transport, les compagnies d’aviation et leur souci de l’environnement, sur les intermédiaires, … En appliquant ce devoir d’information, je suis en accord avec la déontologie de ”la parfaite bénévolevendeuse’’ (ou du parfait ”bénévole-vendeur’’) des MdM. Parce que la déontologie est une ”sœur de l’éthique’’ et une ”cousine’’ de la morale. C’est la théorie des devoirs qu’impose à des professionnels l’exercice de leur métier, même s’ils sont bénévoles! L’éthique me pousse à assumer pleinement les responsabilités qui me sont confiées et que j’accepte, parce que je sais que mon engagement rend ce monde un petit peu plus humain, ex aequ plus solidaire sur le plan social, plus juste, plus honnête. Grâce à la réflexion éthique, je me libère des déterminismes sociaux, culturels, et je puis agir en pleine connaissance de cause, en toute liberté et conscient de ma responsabilité. Ne pas confondre éthique et droit Le droit pose des règles claires. L’éthique met en jeu des valeurs discutées et partagées par l’ensemble des membres de la société. Il serait intéressant de faire une liste de questions suscitant une réflexion éthique. Spontanément, je penserais à nos marges commerciales, aux loyers que certains magasins doivent payer, aux transports de nos marchandises, à notre devoir d’information des clients, à la suppression de certains intermédiaires, … A vous de continuer ! Un certain Hans Küng osait parler d’une nouvelle éthique planétaire. N’était-il pas exactement dans la ligne de ce que les MdM essaient de promouvoir ? La réponse, je la trouve dans «Notre Charte». A relire, de temps en temps, parce que l’éthique, … ça me concerne! Jacques Vaucher Membre du comité d’éthique de l’ASRO lecture Economie solidaire et commerce équitable Acteurs et actrices d'Europe et d'Amérique latine Fruit d'un travail collectif entre l'Institut des Etudes du développement de l'institut de Louvain en Belgique et de l'Institut universitaire des études du développement de Genève, cet ouvrage rassemble des contributions de 16 auteurs européen-ne-s et latino-américain-e-s. En se basant sur des expériences, enquêtes et réflexions plus théoriques ayant trait au devenir de l'économie solidaire et du commerce équitable, les auteurs posent souvent des questions qui montrent que ce type d'économie n'est pas à l'abri de choix essentiels quant à ses principes et ses formes d'actions à venir. Sous la direction de Claude Auroi et Isabel Yépez del Castillo, coédition Université catholique de Louvain - Institut universitaire des études du développement de Genève, 2006, 259 pages, CHF 28.– 14 ex aequ actions citoyennes Imposer les droits humains face à la course aux profits Créé en 1983, le SOLIFONDS - Fonds de solidarité pour les luttes de libération sociale dans le tiers monde - a pour but de soutenir les luttes pour la reconnaissance et pour le respect des droits humains, en particulier des droits politiques et syndicaux fondamentaux. Financées par des dons particuliers, ses actions soutiennent des mouvements de défense des droits humains, confrontés à des intérêts économiques sans scrupules ou à des régimes antidémocratiques. Ouvrier devant sa ”chabola” de plastique et carton Main-d’œuvre hors sol, corvéable à merci Dans la province d’Almería, au sud de l’Espagne, 320 km2 de serres (l’équivalent du canton de Schaffhouse) s’étalent à perte de vue: on y cultive 3 millions de tonnes de légumes par an. En hiver, des milliers de camions transportent chaque jour vers Zurich, Berlin, Londres, etc., environ 80% de tous les légumes frais consommés en Europe à cette période de l’année. Si la production hors sol coûte cher, les prix sont dictés par les revendeurs. Ce système profite avant tout aux gros distributeurs, dont Migros et Coop, à l’industrie alimentaire et à l’agrochimie. Les petits producteurs n’ont ici aucune chance, et même les grandes entreprises sont sous pression: au Maroc, la production est encore moins chère. Au bout de la chaîne, ce sont les ouvrières et les ouvriers agricoles qui font les frais de cette exploitation éhontée. En pleine saison, 90’000 ouvrières et ouvriers assurent la production maraîchère dans les serres. Venus d’Afrique, d’Amérique latine et, récemment, d’Europe de l’Est, ils ne gagnent en général pas plus de 30 euros pour 12 heures de travail. La chaleur qui règne dans les serres et les épandages d’engrais et d’insecticides mettent leur santé en danger. Lorsque le mauvais temps rend le travail impossible, il n’y a pas de salaire. Obligés de travailler et de se loger dans des conditions innommables (souvent dans des abris de plastique et de carton aménagés sur place et dépourvus d’eau, d’électricité et de sanitaires), ils sont de plus victimes de discriminations et d’agressions raciales. Le climat d’exclusion sociale et le harcèlement policier contribuent à maintenir à un niveau très bas le coût d’une main-d’œuvre soumise, car sans-papiers, et obligée de s’adapter aux caprices d’une agriculture industrielle en pleine expansion. Photo: Solifonds Un exemple : les ouvriers agricoles en Andalousie Ce printemps, le Solifonds a lancé une action de soutien en faveur des ouvrières et ouvriers agricoles employés dans la culture de légumes dans le Sud de l’Espagne. Le syndicat des ouvriers agricoles (Sindicato de Obreros del Campo, SOC) lutte depuis trente ans pour les droits des journaliers de l’agriculture en Andalousie, pour une réforme agraire et une exploitation agricole durable. Depuis les agressions racistes contre des immigrés marocains à El Ejido en 2000, le SOC a intensifié ses activités dans la province d’Almería. Grâce à la première campagne internationale d’appui, à laquelle le SOLIFONDS a participé, le SOC a pu acquérir et ouvrir un local syndical à El Ejido, au cœur de la région où l’on trouve la plus vaste concentration de serres en plastique de la province et où se manifestent le plus l’exclusion sociale et politique, le harcèlement policier et les agressions contre les immigrés. Le SOC demande que le droit du travail s’applique également aux migrants et dénonce le racisme ambiant, toujours plus violent. Les trois permanents du syndicat, un Argentin, un Marocain et un Sénégalais, rapportent régulièrement des cas d’abus et d’agressions, et sont, eux aussi, exposés à une menace permanente. Le SOC cherche en ce moment à créer un comité local dans la région de Nijar, où la situation est très similaire. Grâce à cette nouvelle campagne de soutien, le SOC espère ouvrir un local, lancer une campagne d’information, d’aide et de recrutement auprès des travailleurs. Source: Solifonds Bulletin d’information no 47, avril 06 Adaptation: Caroline Piffaretti www.solifonds.ch Postfach, 8031 Zürich, téléphone 044 272 60 37 Travail dans les serres d’El Ejido Photo: Solifonds 15 ex aequ agenda Les Magasins du Monde en action ! 6, 7 et 8 octobre Conférence européenne des Magasins du Monde Bolzano, Italie. 16 octobre Journée mondiale de l'alimentation. Autour de cette date, les Magasins du Monde mettront les producteurs de cacao à l'honneur. 20 octobre Le groupe de Delémont accueille le spectacle "Nom d'un p'tit prédateur", suivi d'un débat. Pour plus de précisions sur ces événements, veuillez consulter le site ant. rsmondopoly gé rre, Lausanne. Tie Festival de la Te www.mdm.ch Le groupe de Fribourg a accueilli l’Assemblée générale 2006 Photo: Asro Photo: R. Kopp r Kalebasse Line Boser de Zu Photo: R. Kopp Hettesheimer et trid As : 06 20 e ral Assemblée géné Abonnez-vous à ex aequo Je m’abonne à ex æquo au titre de Bénévole AMI des Magasins du Monde Membre soutien Parrain / Marraine 30 60 100 350 CHF CHF CHF CHF Je règle la somme au moyen d’un bulletin de versement à l’adresse suivante : Association romande des Magasins du Monde Rue de Genève 52, 1004 Lausanne, CCP 10-13 905-7 Animation et repas équitable dans une maison de retraite au Valais. Photo: C. Masserey Nom Prénom Adresse Code postal Localité Bulletin à retourner à l’adresse ci-dessus avec votre règlement. 15 nard Photo: M.-A. Mo le, uitab e du commerce éq Journée mondialaux-de-Fonds. Brunch à La Ch