LABORATOIRE D`ANALYSE ET DE RECHERCHE EN SCIENE

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LABORATOIRE D’ANALYSE ET DE RECHERCHE EN SCIENE HUMAINESOCIALE- ECONOMIQUE- POLITIQUE ET STRATEGIQUE
(LARSHSEPS)
Cabinet Afric- Consultancy and Management (A.C.M)
ONG- PRODAP
02 BP 1327 Porto-Novo (République du Bénin)
Tél : 00229 97 48 10 41 / 00229 95 40 96 49
Mail : [email protected]
A
Conférence Economique Africaine 2013
Sur l’Intégration Régionale en Afrique 28- 30 Octobre 2013 à Johannesbourg- Afrique du Sud
THEME
L’INTEGRATION SOCIALE- QUESTION DE GENRE ET MIGRATION DU
TRAVAIL EN AFRIQUE : CAS DES PAYS-MEMBRE DE LA CEDEAO
Professeur GBECHOEVI Alohoutadé Alexandre
Consultant en Formation- Coaching du Développement
Docteur en Droit International et Relations Internationales de l’Université Jean-Moulin
(Lyon 3) France.
Spécialiste des Sciences Politiques
Université d’Abomey-Calavi (ENSET-LOKOSSA)
Institut Universitaire Panafricain (Porto-Novo)
2
Résumé
L’intégration sociale, genre et migration du travail en Afrique de l’ouest est une
thématique tridimensionnelle qui nous a permis de faire une étude et analyse des atouts
et des contraintes du décollage de l’Afrique de l’Ouest. Les tendances de les
performances et les indicateurs de progrès existent, mais elles sont aussi rattrapées par les
dysfonctionnements liés aux caprices protectionnistes de chaque micro-Etat membre de la
communauté économique pour le développent des pays de l’Afrique de l’Ouest. Les
habitants des pays exportateurs du pétrole en Afrique de l’Ouest ne réservent pas un
avenir radieux pour leurs populations. Cette situation occasionne des frustrations qui
peuvent conduire aux mécontentements et basculer dans les crises sociales. Le rôle de la
CEDEAO est alors dans la prévention pré-conflits et dans la résolution des situations qui
créent de la discrimination entre les peuples et faire en sorte que les problèmes de
chômage ne conduisent pas à la fuite des cerveaux de l’Afrique vers les pays du Nord.
Mots-Clés
Intégration sociale, genre, migration du travail, épanouissement, décollage, performance
économique,
3
INTRODUCTION GENERALE
ILa motivation à la présente recherche
La dichotomie entre le bon fonctionnement des institutions internationales et l’état réel des
citoyens membres de la CEDEAO surtout pour ce qui concerne la gente féminine nous ont
inspiré à choisir dans le cadre de la Conférence Economique Africaine la thématique de
‘’l’Intégration Sociale, questions de genre et migration du travail’’ dans l’espace de la
Communauté Economique pour le Développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO).
II-
Les hypothèses de recherche
1- Les citoyens des pays membres de la CEDEAO ne seraient pas socialement intégrés
dans une grande majorité.
2- Les questions de la pauvreté, du chômage et de la discrimination genre seraient
toujours posées dans la plupart des Etats-Membres de la CEDEAO.
3- La migration du travail serait un défi de l’Intégration Economique Régionale dans
l’espace CEDEAO.
III- Objectifs généraux
1- Discriminer les facteurs de l’intégration sociale dans l’espace CEDEAO
2- Identifier les questions genre qui inhibent l’intégration sociale de la femme en Afrique
de l’Ouest.
3- Prouver qu’il existe une relation intrinsèque entre Intégration Sociale, question du
genre et migration du travail dans l’espace CEDEAO.
IVCadre théorique de la recherche
Sachant que depuis l’accession des pays africains à l’indépendance vers les années 60
et la création de la CEDEAO en 1975 un effort vers l’intégration africaine se fait de manière
progressive sans oublier la coordination générale qu’assume l’Union Africaine, il reste encore
présent des défis d’intégration économique, politique et sécuritaire pour l’ensemble du
Continent en général et particulièrement de l’espace de l’Afrique de l’Ouest et du Cap-vert.
La Conférence Economique Africaine prévue pour les 28, 30 octobre 2013 organisée par la
Banque Africaine du Développement conjointement avec la Communauté Economique pour
l’Afrique et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) aura ‘’pour
objectif de répondre à ces défis et d’esquisser les solutions (argumentaire de la CEA, 2013).
V-
Les contextes de l’étude et spécification
L’Afrique présente cinquante quatre (54) pays au nombre desquels il existe une part
importante de pays effectivement sous développés et certains enclavés qui doivent pourtant se
battre chacun pour son développement interne et compétir su les mêmes marchés extérieurs
que les autres (Argumentaire CEA, 2013). La fragmentation du Continent africain par le
partage du Congrès de Berlin, l’immensité de son désert au plan mondial (Paul Harisson, CIA,
1991), les dissidences politiques au sein du continent occasionnant les conflits armés et les
guerres civiles (Dr. GBECHOEVI A. Alexandre conférence IAO, 2013 à Lomé au Togo), le
manque d’infrastructures de même que les contraintes les contraintes institutionnelles et
4
règlementaires au plan continental et mondial… sont tous les obstacles au développement et à
l’intégration de l’Afrique. Il faudra alors à l’Afrique s’activer dans la production de qualité et
prendre le chemin de son industrialisation, choisir la voie du commerce régional et mondial,
entretenir sa ressource humane durablement, réglementer les rapports genre et travail, genre et
stabilité socio-économique… pour amorcer les grands axes de son intégration.
Mis à la disposition de la Faculté de Droit et des Sciences Politiques de l’Université
d’Abomey Calavi en tant que Docteur en Droit International et Relations Internationales et à
titre d’enseignant-chercheur, nous nous sommes donné la préoccupation de travailler sur un
nombre varié de thématiques (démocratie, Gouvernance, Intégration Mondiale, Intégration
Régionale Economique et Politique, Transistologie, Genre-culture- Mondialisation). La
présente Conférence Economique de l’Afrique vient alors à point nommée dans notre champ
d’expérimentation scientifique. Ainsi nous voudrions bien présenter une série de
communication au nombre desquelles se trouve l’Intégration Sociale, questions de genre et
migration du travail en Afrique : le cas des pays de la CEDEAO’’.
VIMéthodologie- stratégie et modèle d’analyse
A- Stratégie
La méthodologie dont nous ferons usage ici est mixte. Elle fait usage d’une variété de
stratégie à savoir :
- la stratégie de compilation ou de l’exploration documentaire.
Elle consiste à lire un nombre varié de documentation et s’en inspirer pour traiter la
question abordée.
- la stratégie d’analyse sociologique des questions d’intégration sociale, de genre et de
migration de travail.
Elle consiste à faire rentrer la thématique dans le sens de l’analyse de la portée de la
question en sociologie
- La stratégie de la segmentation.
Elle consiste à faire usage de la citation des textes d’auteurs des ouvrages scientifiques
et des articles scientifiques pour appuyer la cohérence de nos explications, nos analyses et nos
critiques.
Elle consiste à construire des Tableaux d’Analyse de qualité en croissant les données
qualitatives en ordonnées et en abscisse.
- La stratégie d’extrapolation
Elle consiste à se fonder sur une petite base des données quantitatives qu’on évalue au
cours d’une année et sur laquelle on établit le reste de l’évaluation sur un certain nombre
d’années ou de pays. Nous aurons dans cette stratégie deux groupes à savoir l’extrapolation
simple et l’extrapolation abusive qui se fonde sur les indices de hasard.
B- Le modèle d’analyse
Nos recherches se feront sur le modèle du Groupe sur l’égalité des sexes de la
Commission des Sciences et de la Technologie au service du développement (GES/C STSD)
dans l’ouvrage intitulé : l’Autre Développement. Il s’agit de se fonder sur la science et les
technologies pour réduire les défis de la discrimination du genre en matière du travail et de
l’intégration sociale.
5
VII- Groupe cible concerné par la présentation de la communication
La présente étude est faite pour être présentée en face des chercheurs, des décideurs,
des experts et des praticiens du développement et de l’intégration régionale de même qu’en
face des acteurs directs du domaine de l’intégration régionale.
VIII- Problématique
L’expérience des violences faites sur le genre dans le monde en général, en Afrique en
particulier et dans l’espace CEDEAO en particulier ne cesse de mobiliser l’attention des
acteurs de l’intégration régionale et des chercheurs dans le présent domaine. Cette situation
est en rapport avec la migration du travail.
En effet, lorsqu’on est en présence de la thématique de l’intégration sociale du genre et
de la migration du travail dans les sociétés africaines, une multitude de questions se présente à
nous. Les sociétés africaine continuent-elles de pratiquer l’exclusion sociale de manière
générale et de manière spécifique l’exclusion de la gente féminine ? Qu’est-ce-que ce
phénomène de discrimination négative a-t-il produit sur l’armature générale des rapports
sociaux en matière de la production des biens et services, en matière de la transformation des
produits à base et en matière des échanges ou de la commercialisation ? Quels effets les
obstacles à l’intégration sociale du genre ont-ils produit sur l’évolution globale de nos
sociétés ? A-t-on déjà des issues pour la résolution de l’épineuse question : genre et
développement dans l’espace CEDEAO ? … Ce sont les préoccupations pour lesquelles nous
allons essayer d’ébaucher les solutions dans le présent Atelier d’Echange et d’Information de
la CEA.
IXRésultats
1- A l’issu de nos recherches, le continent africain en général et l’espace CEDEAO a déjà
réduit complètement la discrimination genre.
2- L’intégration sociale du est devenue une préoccupation qui est passée dans la réalité
sociale sur tous les plans.
3- La notion de la migration du travail est passée dans celle de l’intégration sociale du
genre dans la communauté africaine en général et dans l’espace CEDEAO en
particulier.
X-
Thématisation ou axialisation
Il s’agit ici du thème 9 de la CEA qui est illisible comme suit : ‘’Intégration sociale,
questions de genre et migration du travail’’.
1- La première reformulation ou thématisation et axialisation.
Celle-ci consiste à percevoir le thème ci-dessus comme un tout uni ayant une
morphologie tridimensionnelle à savoir : la notion de l’intégration sociale de manière
générale, dans le contexte africain en particulier ou dans le cas spécifique des pays membres
de la CEDEAO.
- Les questions de genre en Afrique ou dans l’espace CEDEAO
- La notion de la migration du travail
6
Cette reformulation permet d’obtenir une approche synthétique visant à dire qu’il se
pose en Afrique le problème de l’intégration sociale à tous les niveaux et surtout pour la gente
féminine. Ceci a permis dans la dialectique du renversement des perspectives d’amener les
femmes à réclamer leur positionnement social et à commencer par faire les travaux autrefois
faits par les hommes.
2- La deuxième reformulation possible consiste à chercher à savoir si tel que les
institutions de l’Intégration Régionale ont présenté leurs projets et programmes de
Développement Economique, Social et Politique ont pris en compte la question du
genre et l’apport de cette frange sociale sur l’intégration régionale ?
La troisième reformulation consiste de manière plate à établir un lien simpliste entre la
question de l’intégration sociale, celle du genre et celle de la mutation ou de la migration du
travail.
7
Introduction
Dans la défense de sa théorie utilitariste selon laquelle « le bonheur est la fin de la
1
vie » John Stuart MILL a démontré que « la pauvreté, qui engendre la souffrance, en quelque
sorte qu’on l’entende, pourrait être entièrement supprimée par la sagesse de la société, unie au
bon sens et à la prévoyance des individus »2. Il y avait déjà là dans la pensée millienne une
analyse philosophique de la sociologie communautaire du bien-être. C’était aussi des
préambules à l’intégration sociale de manière spécifique et à l’intégration régionale de
manière générale. Mais pour ce qui nous concerne dans la présente conférence Economique
Africaine, nous portons nos analyses sur la thématique de l’Intégration Sociale, les questions
de genre et la migration du travail en Afrique : cas des Pays membres de la CEDEAO. Sur cet
axe de la 13ème conférence, il est posé une variété de problèmes relatifs aux principes vitaux
de résilience à savoir : la souveraineté, la subsidiarité et la variabilité (Corsino Tolentino,
2011, IAO, P.94). Les pays membres de l’Intégration Régionale conjuguent ainsi leurs efforts
pour parvenir à une union d’autorité supranationale sachant bien que chaque pays garde son
autonomie, son indépendance, sa souveraineté. Les citoyens de chaque pays doivent
bénéficier des apports positifs de l’intégration et contribuer à l’émergence de leur nation par
1
2
John Stuart MILL, l’Utilitarisme, édition Garnier Flammarion, Paris 1968, P. 60
op-cit p. 63
8
la réduction des risques de vulnérabilité, par la production de la richesse, la maximisation de
l’économie nationale et de l’économie régionale. Ils sont ainsi tenus de s’adapter aux caprices
du marché régional d’une part en faisant face à la concurrence intra-frontalière et à la
concurrence mondiale en s’appropriant et en se familiarisant avec les fluctuations monétaires
et les règles du marché mondial. La nécessité de faire participer toutes les couches sociales de
la communauté et surtout de la gente féminine s’impose. Celle de la valorisation des modes de
production transformation commercialisation par la migration du travail s’impose.
Pour résoudre ces questions, nous allons d’abord aborder la problématique de
l’intégration sociale en Afrique de l’Ouest. Nous traiterons ensuite de la question du genre
dans la contribution à la production de la richesse communautaire et de la résilience. Nous
finirons nos analyses par la détermination de l’importance de la migration du travail et la
contribution du genre sur l’intégration sociale dans l’espace CEDEAO.
SECTION I : La problématique de l’intégration sociale en Afrique : cas des pays
membres de la CEDEAO
Si l’on se réfère à l’optique sociologique de Emile Durkheim : « le caractère social de
l’action humaine provient de ce que celle-ci obéit à des manières collectives d’agir et de
penser qui sont extérieures aux personnes et qui ont sur leur conduite un pouvoir de
contrainte. »3, l’on est en mesure de dire que la notion d’intégration sociale qui est déjà un
deuxième degré niveau de l’intégration est la conformisation à des règles, des principes des
clauses, des prescriptions, des rites, des coutumes et des traditions dans une société et plus
encore dans une communauté. Nous savons bien et c’est le sociologue et psycho-pédagogue
Pierre Erny qui nous en informe dans son ouvrage portant pour tire, l’Enfant et son milieu en
Afrique Noire qu’il existe l’intégration verticale (lien générationnel de la paternité) et
l’intégration horizontale. Cette dernière est l’évolution de la personne humaine dans les
différents accès aux acquis sociaux de coutumes, traditions, mœurs, totem et tabou et des
règles de la morale de même que les religions et la langue de la société ou de la communauté.
Les habitudes alimentaires, les modes de production, d’échange, de transport et de
gouvernance locale sont comprises dans le fonctionnement normal de l’intégration
horizontale. L’un des aspects fondamentaux de cette forme d’intégration sociale dont parle
aussi le psycho-ethnologue et psychanalyste Sigmund FREUD est l’inter-structuration (dans
Totem et Tabou, introduction à la psychanalyse). Le même sujet avait déjà été abordé par
FRAZER et surtout par CLAUDE Levi-Strauss dans la pensée sauvage. Une personne est
alors dite socialement intégrée, si elle maîtrise et s’insère dans la société en respectant les
règles de cohabitation, de vie commune ou communautaire de même que les clauses qui
déterminent les pacts de convergence communautaire. L’intégration sociale a ainsi une large
dimension culturelle qui concerne aussi le mariage et la culture du mariage de même que celle
de la valorisation du genre dans les milieux autochtones. Un autre point très important à ne
pas occulter ne matière d’intégration sociale est la sécurité de la personne humaine. Mais
comment se vie l’intégration sociale en Afrique de l’Ouest ?
I- L’intégration sociale en Afrique de l’Ouest
3
Cité par Guy Rocher, l’action sociale édition HMH, Ltée, Herrisey à Evreux, 1970 P.40
9
En effet, chaque Etat-nation issu de la balkanisation du Congrès de Berlin détient sa
souveraineté nationale qu’il aliène pour appartenir à la souveraineté supranationale ou
communautaire qui est celle de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
dans le cas spécifique de l’intégration régionale. Il s’agit ici de la mise en marche du principe
d’harmonisation qui découle de l’adhésion consciente de chaque micro-Etat à la cause
communautaire régionale au-delà des barrières frontalières et des principes d’autonomie
nationale. Nous sommes ici dans un principe très cher au philosophe et socio-politologue
Jean-Jacques Rousseau dans du Contrat Social. Le philosophe avait élaboré une théorie de
volonté générale à propos de cet objectif social pour la construction de la société civile qui
supprime par les lois positives et par son degré de constitutionnalité, de législation, de norme
sociale et des tribunaux de même qui par les autres institutions de la République (res - publica
= la chose commune) les pratiques du droit naturel ou les habitudes issues de la primitivité.
Poussant cette réflexion à son niveau plus élevé après le constat des difficultés que l’on
rencontrerait dans une société ou dans un Etat-nation à réaliser les objectifs e la volonté
générale, le socio-politologue Jean-Jacques ROUSSEAU parvient à la notion de la religion
civile (Julio de Santa Ana, élément théorique pour comprendre la société civile) 4. C’est
seulement au moyen de cette mystique communautaire de la pensée commune malgré les
divergences socio-ethniques et socio-culturelles que se réalise : « Une entité globale,
indifférenciée et majestueusement unitaire »5. Le citoyen de cette entité globale qui est dans le
présent cas la supra-nation est le ou la ressortissant (e) de la CEDEAO. Chaque Etat-nation
conserve ses citoyens qui sont en même temps citoyens de la communauté supra-nationale.
L’égalité en droits et en devoirs des Etas dans la communauté confère de facto aux citoyens
de chaque pays membres les mêmes prérogatives et les mêmes prescriptions. Mais comme on
le souligne en sociologie, l’individu ne s’accomplit que dans la société, et, la société ne
s’accomplit que dans la communauté ne s’accomplit ou ne s’épanouit que dans l’humanité qui
est dans le cas présent le marché mondial. Les processus de la mondialisation ou celui de la
globalisation des termes de l’échange ne peuvent prendre leurs appuis que sur les dispositifs
et les outils de fiabilisation ou de fidélisation qui leurs sont fournis par les regroupements
régionaux du genre de la CEDEAO en Afrique de l’Ouest, la CEMAC en Afrique Centrale et
la SADEC en Afrique Sahélienne. La recherche de la meilleure forme d’union, l’idéal de
l’harmonisation politique et économique, l’obéissance à des modes d’organisation, de
structuration, de cohérence et de convergence… ne sont pas les fruits du hasard, mais
répondent utilitairement et pragmatique à des critères de supranationalisme qui est une
hégémonisation consentie des nations ou plus des peuples. De là, naît le vœu secret d’une
CEDEAO des peuples qui est plus viable qu’une CEDEAO des nations quoi reste un
consortium des Chefs d’Etat prenant en commun dans les Fora des décisions communes de
souveraineté régionale et revenant chacun faire sa volonté dans son pays et/ ou sur son
territoire. Eviter cette mal donne, c’est aller à la sauvegarde non seulement de l’unité
nationale (intégration sociale), mais converger effectivement et réellement vers l’unité
régionale (intégration régionale). Loin de la mise en œuvre de cette tendance commune, les
4
Julio de Santa Ana, publié par François HOUTART, Alternative Sud, Société civile, lieu de lutte sociale,
éditions Centre Tri-continental, l’Harmattan, l’Harmattan Inc, Paris 1998, P.68
5
Georges BURDEAU, la Démocratie, édition du seuil Bruxelle, 1956, P.37
10
dirigeants africains dérogent chacun à sa manière du principe épictétéen de la faillite ou de la
défection.
En effet, selon Epictète : « Si tu prends un rôle au dessus de tes forces, non seulement
tu y fais pauvre figure, mais celui que tu aurais pu remplir, tu le laisses de côté »6. C’est cette
déviance psycho-politique qui fait que la mauvaise gouvernance source de la désintégration
sociale se présente sur nombre de territoire en Afrique en général et dans l’Afrique de l’Ouest
en particulier. Mais les efforts et la diplomatie de la CEDEAO permettent de régulariser
progressivement ces situations et d’opérer le retour à la normale ou la réinstauration de la paix
et de la sécurité humaine comme base de l’intégration sociale et régionale. De la même
manière ou l’universalisme organise et structure le marché mondial, le communautarisme doit
organiser et structurer le marché régional.
Or en Afrique de l’Ouest, outre la pauvreté et l’explosion démographique de même
que l’insuffisance d’infrastructures socio-communication et de transport qui constituent les
véritables défis de l’intégration, nous avons des conflits internes qui désarticulent et
démembrent les micro-états. Ces conflits contribuent à augmenter les risques de vulnérabilité
et d’insécurité alimentaire de même que l’insécurité sociale et ont pour corolaire le
vandalisme et le trafic des armes de tous les acabits (armes légères, armes lourdes, armes
chimiques et armes à coups multiples) qui enrichissent les lobbies des multinationales et leurs
valets locaux. La question de l’intégration sociale pour la CEDEAO doit revêtir les principes
de redoublement d’effort pour le maintien de la paix, de désarmement, de démobilisation des
forces belligérantes et de réhabilitation post-conflit. Elle doit d’abord se focaliser sur la
sauvegarde des principes de la bonne gouvernance et de l’alternance rotative en démocratie
(Docteur GBECHOEVI A. Alexandre IAO, Lomé, Togo, le 26 juin 2013). La question qui se
pose en ce sens est de savoir si la CEDEAO déploie des capacités et des compétences en cette
manière ?
A vrai dire, et sans nous tromper de cible, disons que de manière objective la
CEDEAO œuvre activement en la matière. L’intégration sociale comme élément basique de
l’intégration régionale préoccupe la CEDEAO. Ainsi dans document de discussion, KARIM
HUESSEIN, DONATA GNISCI et Julia WANJIRU7 mettent l’accent sur le contenu de
l’Agenda de la Réforme des systèmes de sécurité (SSR) qui fait une liaison cohérente des
questions de la sécurité du développement et de la gouvernance. Ce vaste programme de
l’OCDE qui vient faire de la reclarification sur la différence notoire entre la sécurité d’Etat et
la sécurité humaine permet de faire comprendre aux chefs d’Etats africains sauf le cas de
l’Afrique du Sud que la perception de la sécurité qui leur permet de faire les dépenses
stratégiques en dotation d’équipements militaires (armes balistiques, chars motorisés,
grenades, mitr bombes et autres…) pour la sécurité d’Etat et la sauvegarde de la stabilité
politique du régime qu’ils ont installés par les manières non consensuelles et non
démocratiques pour la plupart… ne contribuent ni à faire de l’intégration sociale des peuples
ni à faire asseoir les bases d’une économie compétitive pour la concurrence régionale et
mondiale. Le renforcement de la paix durable qui est une initiative de sécurité Humaine (016
7
Epictète, cité par Marc-Aurelle, Pensée pour moi-même, Livre V, XXXVII
Karim Husséin, DONATA Gnisci et Julia WANJIRU, Sécurité et Sécurité humaine : Présentation des
concepts et des initiatives, quelles conséquences pour l’Afrique de l’Ouest, édition OECD, OCDE,
Club du Sahel, Paris 2004, P
11
2001) pourrait contribuer à promouvoir la connaissance, à œuvre pour l’engagement et le
soutien du public en faveur de la sécurité humaine et de ses impératifs développer le concept
de sécurité humaine en tant qu’outil opérationnel pour l’élaboration et la mise en œuvre des
politiques, proposer un programme d’actions concrètes pour répondre aux menaces les plus
critiques et les plus répandues qui pèsent sur la sécurité humaine (op-cit P.46).
Les citoyens de la Communauté Economique du Développement des Etats de
l’Afrique de l’Ouest ont donc le devoir d’exiger d’eux-mêmes et de leurs dirigeants politiques
la sauvegarde des principes de l’intégration sociale et de l’intégration régionale. Ceci, car vue
le rythme de croissance rapide de leur population après la stagnation démographique jusqu’à
la fin du XIXème siècle, cette population est passée selon les expertises du Club du Sahel et
de l’Afrique de l’Ouest/ OCDE8 de l’ordre de 40 millions d’habitants en 1930 à 85 millions
en 1960.
En 2006, dit toujours ce rapport, elle est environ de 300 millions d’habitants, soit près
de 4,6% de la population mondiale, 43% de celle de l’Afrique subsaharienne près de 60% de
celle de l’Union Européenne environ de celle des Etats-Unis, 2,2 fois celle du Japon et 9 fois
celle du CANADA.
Cette bombe démographique a fait des pressions sur les villes de l’Afrique de l’Ouest
en les peuplant et en augmentant le coût des articles et des denrées alimentaires au moment où
les fortes urbanisations sauvages ont fait de la raréfaction des espaces cultivables dans nombre
de pays tels que le Togo et la République du Bénin principalement. Cette dynamique de
l’urbanisation a fait passer entre 15% et plus de 45% de la population totale, la population
urbaine. Si rien n’était fait pour arrêter ou pour canaliser cet élan démographique, les 18 pays
de la région Ouest africaine, on arriverait d’ici l’horizon 2025 à nous retrouver à plus de 130
millions d’habitants pour nous retrouver ainsi environ à 430 millions d’habitants. Or environ
65% de cette population, soulignent les experts du club du Sahel à moins de 25 ans
comparativement aux 30% des pays sous-développés. Ce constat pose d’épineuses difficultés
de l’habitat, de la gestion durable de l’environnement, de la sécurité ou de la souveraineté
alimentaire, de l’emploi des jeunes, de l’éducation de qualité pour la qualification, de la
maîtrise des tensions sociales, de l’investissement, de la maîtrise du flux migratoire et autres
…
La question se pose alors à savoir : quelle performance socio-économique la CEDEAO
pourrait-elle développer pour réussir les objectifs du Millénaire pour le Développement ?
II- Les performances socio-économiques dans l’espace CEDEAO et Intégration Sociale
Présente da ns la fragmentation socio-politique héritée de la colonisation et qui a
donné un schéma trilogique d’un espace de l’Afrique de l’Ouest jusqu’au Cap-Vert où
dominent le français, l’anglais et le portugais comme langue d’administration d’instruction
institutionnelle et de communication en relations inter-étatique…, l’Afrique de l’Ouest
s’implante aussi rigoureusement dans des traditions et pratiques culturelles qui pour la plupart
du temps sont en contradiction avec le progrès et le développement économique. La pratique
de l’incision par exemple au Mali, ou Sénégal, au Nord du Bénin et autres… relève non
8
Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest/ OCDE, l’Afrique de l’Ouest : une région en mouvement, une
région en mutation, une région en voie d’intégration, Paris, Février 2007, P.
12
seulement de la Violence Basée sur le Genre (VBG), mais aussi et surtout des mécanismes de
retard culturel. Les sacrifices humains que la République du Bénin a enregistrés à partir du
2011-2013 dans les milieux (Cotonou, Ifangni, Tanzoun dans Avrankou…) de la part des
adeptes du culte Vodoun Thron et Mami Water ne sont ni de nature à donner à ce pays de la
CEDEAO une bonne image d’Etat de droit ni de nature à la valoriser pour des performances
économiques.
Mais au-delà de ces déviances culturelles isolées, reconnaissons qu’en Afrique de
l’Ouest : « les groupes sociaux urbains s’y reconnaissent encore majoritairement les
solidarités familiales perdurent, de même que la référence au village, au terroir, à ses
traditions et célébrations9 les aspects positifs de nos cultures qui convergent vers une
civilisation de l’Afrique de l’Ouest (l’art, la musique, la danse, les habitudes vestimentaires,
les langues autochtones, les pratiques culturales, les pratiques culturelles et cultuelles…)
contribuent au plan trans-frontier à identifier les grandes ethnies ou des communautés au sein
de la CEDEAO. Nous avons de même les cités-marchés que les réseaux de commerçants
animent, l’intensification des réseaux de communication téléphoniques surtout mobiles et la
circulation des marchandises (Normand LAUZON 2007) qui représentent le socle de
l’intégration régionale.
Le secteur primaire en Afrique de l’Ouest se fonde sur l’agriculture que pratiquent les
sociétés rurales souvent sans mécanisation. Il a pour mode de fonctionnement la solidarité
familiale et l’autorité du chef de famille ou du chef du clan. Mais la chefferie s’est retrouvée
supprimer par l’implantation des taxes civiques par l’administration coloniale ce qui a joué
sur la configuration du mode de production qui s’est individualisé et s’est fait accompagné par
le morcellement des terres cultivables. Il s’en est suivi la division du travail, la spécialisation
dans les activités et dans la production des revenus par habitants. Ce facteur de la
transformation du travail passant de la transformation du travail passant du collectivisme à
l’individualisme est un pan de la légitimité acquise par les sociétés africaines de l’Ouest en
remplacement du droit commun transmis par le mode de légifération traditionnelle
représentée par la chefferie avant la colonisation. Mais quoiqu’on dise, cette : « carence la
plus grave subie par le colonisé est d’être placé hors de l’histoire et hors de la société ». (A.
Memmi, 1966, 129). Les atouts favorables de l’intégration régionale de l’Afrique de l’Ouest
que constituent le développement des villes ont permis d’absorber les 2/3 de la population de
cet espace régional depuis 1960 jusqu’en 2013 à peu près. Les villes en Afrique de l’Ouest
comportent souvent des marchés régionaux (Dantokpa en République du Bénin ; Adjamé,
Cocodi, Por-Boué en RCI, Lagos, Abuja au Nigeria…) qui mobilisent de forts capitaux dans
le commerce informel sur lequel les Etats-membres prélèvent les impôts et les taxes pour
renflouer le budget national de chaque micro-Etat. Il nous faudra ici observer les tendances
macro-économiques des pays de la CEDEAO.
1- Les tendances macro-économiques des pays de la CEDEAO sur l’intégration
sociale
9
Normand LAUZON, l’Afrique de l’Ouest : une région en mouvement, une région en mutation une région
en voie d’intégration, édition Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, le Seine Saint-Germain,
Février 2007, P. 4
13
Selon une étude menée par la Commission Economique pour l’Afrique en 2004 (in Etat de
l’intégration économique en Afrique), on note : « la plupart des pays africains ont des revenus
modestes et une population peu nombreuse (…). Les faibles revenus et la pauvreté généralisée
sont les reflets de structures de production peu développées et de la faible productivité de
beaucoup d’économies africaines »10. Les pays de l’Afrique de l’Ouest ne sont pas loin de
cette tendance générale. Ils sont comptés au nombre des pays les plus pauvres au plan
mondial et continuent de creuser le fossé avec les pays les plus riches. Ils ont une économie
informelle estimé à l’ordre 30% (Normand LAUZON, 2007, P 20). Ils sont caractérisés par :
- « des économies de rente peu diversifiées ;
- vulnérabilité aux chocs extérieurs ;
- secteurs manufacturés morcelés, parfois protégés et fragiles ;
- industrialisation par import-substitution mise à mal à partir des années 80 par crise
et baisse du niveau de vie causées par baisse du cours des matières premières »11.
Il est ainsi démontré que la macro-économie des pays de l’Afrique de l’Ouest
rencontre depuis lors des difficultés qui s’érigent en défis. Mais les bouffées de
croissance rapide ont été enregistrées dans chaque pays surtout après les années 90
au cours de la vague des démocratisations. De là, le Produit Intérieur Brut Total
régional en $ US constant en 2000 a été multiplié par 4, 6 entre 2000 et 2005
passant ainsi de 21 à 97 milliards12.
Le rapporteur de cette information met l’accent sur le fait que « la richesse produite en
Afrique de l’Ouest augmente nettement plus vite que la population totale qui selon lui est
multipliée par 3,3 »13.
De plus, reconnaissons que l’intégration économique de la région de l’Afrique de
l’Ouest fait son cours de manière lente et progressive car, le PIB de la région a subit une
croissance de plus de 3,5% par an entre 1960 et 197014. Or entre 1980 et 1989, les vagues de
récessions économiques qui ont contraint une majorité des pays de la région à aller aux
Programmes d’Ajustements Structurels, ont fait baisser le taux de Revenu Brut par Tête au
moment où la croissance du PIB selon Normand LAUZON avoisinait 1,2% au cours de cette
période.
Si la situation se présente comme telle, il importe de se pencher sur ce que donnent les
résultats du commerce et ceux du service de la dette publique.
2- Le commerce intra-régional et croissance économique en Afrique de l’Ouest dans
l’intégration sociale régionale
L’un des obstacles majeurs de l’intégration régionale en Afrique en général et en
Afrique de l’Ouest en particulier, c’est le faible niveau des échanges intra-régionaux. Ce
constat vient du Commissaires aux Affaires Economiques de l’Union Africaine (U), Monsieur
10
CEA, Etat de l’intégration Economique en Afrique, Abuja, 2004 P. 19
Tiphaine LEURENT, Intégration Economique de Pays d’Afrique de l’Ouest, Contrat 2007/ 14709, pays
bénéficiaire : Afrique de l’Ouest, DFC, Belgique, 2007, P.11
12
WDI, 2006 Banque Mondiale, cité par Normand LAUZON, l’Afrique de l’Ouest : une région en
mouvement… (P. 21)
13
Normand LAUZON, P.21
14
op-cit P.22
11
14
Maxwell MKWEZALAMBA15 qui compose en indice le commerce intra-régional de
l’Afrique au reste du monde et démontre que les pays d’Afrique de l’Ouest n’entretiennent
que 8 à 12% du commerce entre eux. Mais à l’opposé de cette tendance qui dévalorise notre
position économique en matière de commerce Intra-régional en Afrique de l’Ouest,
LAPADRE Lelio pense que : « l’échange commercial intra-régional peut être trompeur, entre
autre parce qu’il est biaisé en ce qui concerne le nombre de pays appartenant à une région »16.
Et la justification de LAPADRE Lélio est ainsi cohérente car la comparaison est faite avec les
pays de l’Union Européenne à concurrence de 70% contre 8 à 12% en Afrique de l’Ouest. Les
questions de taille de capacité, de ponctualité et moyens des pays du Nord prédominent donc
sur celles des pays du Sud dont les pays de l’Afrique de l’Ouest. La véracité de l’argumentaire
de l’auteur se démontre en ce sens qu’il a choisi l’Union Européenne (UE) le principal
partenaire économique des pays de la CEDEAO et découvre que mis à part, le Nigeria et la
Côte d’Ivoire au sein de la CEDEAO, tous les autres pays ont enregistré un déficit en 2009.
Ceci montre nettement que nos pays dans la CEDEAO importent beaucoup plus en terme de
valeur commerciale de l’UE qu’ils n’en exportent vers l’UE17. Mais comment comprendre
cette position ?
En effet, en 2005, il a été constaté un boom des importations en Afrique en général et
dans les pays de la CEDEAO en particulier. Les pays comme la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la
Guinée qui pourtant avaient joué la carte de l’intensification rizicole en Afrique ont vue, pour
cause de l’augmentation de la demande, leurs importations s’envoler18. Ceci revient
logiquement à dire que comme la CEDEAO se trouve au sein des pays ACP et que le
changement d’habitudes alimentaires a conduit les populations au Sud à consommer plus le
riz et le sucre, la demande a excédé l’offre et ces petits pays du Sud ne peuvent plus exporter
ces produits sur le marché mondial, mais ne peuvent en revanche que les importer pour
satisfaire les besoins en consommation de leurs populations. Il y donc ici un effet de revers
qui transforme les rapports commerciaux à l’ultra-fin et primordialement les rapports de
production et de consommation. Dans d’autres contextes (Chine, Japon, Taiwan, USA…) il
aurait été question de redoublement d’effort pour moderniser, mécaniser la production et la
rendre plus compétitive et plus porteuse d’avenir pour la consommation régionale et sousrégionale d’une part et pour la commercialisation sur le marché régional et sur le marché
mondial. Mais, c’est l’exact contraire qu’on a toujours observé. La Côte d’Ivoire a produit
environ 545 000 tonnes de riz équivalent blanchi en 2002, or il en a importé 796 000 tonnes.
Ne parlons pas de la République du Bénin où le président Nicéphore Dieudonné Soglo avait
lancé la campagne de « consommons local » après la dévaluation du Franc CFA en janvier
1994. Les sénégalais pour ce qui les concerne auraient relayé comme par refrain, ce slogan
pour faire changer les habitudes alimentaires et infléchir la tendance de consommation du riz
donc baisser les importations en la matière, mais c’est l’effet retro qui avait été observé. La
production nationale n’a couvert que 20% des besoins en consommation… d’où la nécessité
15
CLAUDIA Rommel, les barrières du commerce intra-régional en Afrique de l’Ouest, Discussion paper,
Revue). ZEI/ WAI C 208, 2011, P. 126
16
CLAUDIA Rommel, les barrières Commerce Intra-Régional en Afrique de l’Ouest Revue discussion paper,
éd. ZEI/WAI C208/2011 P. 126, note infra-marginale
17
CLAUDIA Rommel, op-cit
18
Revue d’information pour le développement agricole des pays ACP, Spore, février 2005, N° 115 P.5
15
de l’importation19. Le Ghana, pour ce qui le concerne avait produit 1 867 tonnes contre
382 431 tonnes importés. La déduction directe est que les pays de l’Union Européenne ont
une politique commerciale qui s’inspire de leur politique coloniale : « donner d’abord pour
inciter à prendre le goût, exciter ensuite pour plus vendre, baissez les coûts pour mieux
liquider et taxer enfin pour mieux réaliser les bénéfices20.
En outre, l’intégration économique régionale des pays de la CEDEAO a selon nous,
les talons légers comme Achille de philosophie grecque parce qu’elle va plus vite que la
tortue, mais n’atteint jamais son but ; ceci, car les matières premières (mines, pétrole, cacao,
coton) sont exportés et n’arrivent pas à contrebalancer le coût des importations des produits
manufacturés21. La politique commerciale de l’Union Européenne ne peut plus être exemptée
de se faire désigner par un politique hautement mercantiliste, car elle produit sur les
producteurs et consommateurs du Sud en général et sur ceux des pays membres de la
CEDEAO des effets dissuasifs. Ces effets s’expliquent ici par le fait que si nos pays veulent
faire de la résilience en installant sur place des industries ou unités de transformation, ces
machines et équipements vont relever de l’importation ou du transfert de technologie et non
de l’innovation industrielle nationale ou régionale. Les coûts et les surcoûts engendrés par les
capacitations et réadaptation du développement industriels avec les charges d’entretien et les
charges salariales augmenteraient à coût sûr le prix des articles et produits locaux ou
régionaux par rapport aux produits issus de l’importation ; la faillite serait alors au rendezvous, car les consommateurs voudraient toujours courir vers là où ils ont la satisfaction de
leurs besoins en qualité. Bon marché- quantité couvrant les besoins. Une véritable politique
commerciale devra alors être mise sur pied dans les pays de la CEDEAO recapaciter la
production d’ici 2020 et choisir d’abord la voie de l’indépendance alimentaire. Ensuite, les
pays membres devraient d’ici 2025 financer la Recherche Technologique d’invention et
d’innovation technologique pour que les industries de l’Afrique de l’Ouest relèvent d’un type
régional d’industrialisation.
Et comme, ce qui advient de l’importation peut aussi advenir de l’industrialisation, la
solution serait, dit CLAUDIA Rommel : « la réduction des coûts de transport » (op-cit) pour
renforcer les capacités des industries régionales. Le régionalisme en matière des échanges
reste alors encore tributaire de lourds défis. Il importe maintenant d’analyser l’impact de la
dette extérieure sur la réalité communautaire que représente l’Intégration Economique
Régionale des pays de la CEDEAO et qui a des conséquences directes sur l’intégration
sociale, l’approche genre et la migration du travail.
3- L’impact de la dette extérieure sur l’intégration sociale en Afrique de l’Ouest
Le service de la dette dans les profils économiques régionaux affiche pour l’Afrique
de l’Ouest entre 2000 et 2001 le chiffre de 67,52 milliards de dollars donc 3,75 milliards de
dollars en un an selon les résultats que donne le rapport sur le développement en Afrique par
la Banque Africaine du Développement (P. 109). Si cette tendance évoluait de la sorte, on se
retrouverait à 47,75 milliards de dollars par extrapolation en 2013. Mais selon les spécialistes
19
spore, les revers d’un succès n° 115, P.5
NB : Nous-mêmes en observation (A. Alexandre)
21
WDI 2006 Banque Mondiale, les exportations et importations augmentent de respectivement de 1,2
milliards et 1,6 milliards de … entre
20
16
de la Banque africaine du développement : « le fardeau de la dette s’est toutefois légèrement
réduit, car le ratio dette/PIB ne cesse de diminuer depuis le début des années 90 »22.
Le présent rapport indique que de 1997 à 2001, on a régulièrement les pourcentages
suivants de dettes extérieures en pourcentage du PIB
94% →
1997
92% →
1998
90% →
1999
88% →
2000
86% →
2001
84% →
2002
82% →
2003
Il est constaté une réduction de 2% chaque année. De cette manière, on aurait
l’avantage de presque 0% de dette dans les années à venir. Or le constat de la Banque
africaine du Développement lui-même contrarie cette hypothèse en montrant que : « toute
l’Afrique est lourdement endettée, à l’exception de trois (03) pays dont l’endettement est jugé
modéré : le Bénin, le Sénégal et le Togo »23.
Cette résilience à la dette est peut être due pour ces pays à une période donnée de leur
histoire politique à un léger assainissement du climat économique par la mise en pratique des
mécanismes de la réduction du degré de corruption. Dans cette période, les pays comme le
Nigeria, la côte d’Ivoire et le Ghana avaient été comptés au nombre des principaux débiteurs
en terme de montant de la dette. Mais il faut le dire, sauf le cas de la côte d’Ivoire où les
guerres de successions politiques ont envenimé la situation économique, le Nigeria et le
Ghana ont pu exploiter positivement leur situation pour opérer un élan économique chacun de
son côté. La dette dans ce cas, peut servir d’élément stimulateur à la production de la richesse
qu’on investit et qu’on réinvestit pour produit de la plus-value et accroître par conséquent
l’économie nationale. Des interrogations se présentent ainsi à nous analystes philosophes et
socio-politologues donc novices des arcanes et subtilités économiques.
Pour le FMI et la Banque Mondiale peuvent-ils accepter de financer l’allégement de la
dette des pays tels que la République du Bénin, le Burkina-Faso, la Gambie, la Guinée, la
Guinée Bissau, le Mali, le Niger et le Sénégal ?
Pourquoi la plupart de ses pays se trouvent encore à signer les accords de l’initiative
Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) de la Banque Mondiale ?
Le Ghana, la Côte d’Ivoire, la Sierra Léone et le Libéria dérogent d’abord à cette règle
de signature des clauses de l’initiative (PPTE) pourtant « l’encours total de la dette extérieure
du Ghana (seul) ressortait 6,17 milliards de dollars en fin 2001 donc 62% était dus à des
organismes multilatérales »24. en 2001 « la dette totale a représenté quelque 90% de Revenu
National Brut de ce pays »25. Le Ghana remplit alors les conditions pour bénéficier du PPTE
renforcée. On a l’impression que la dette des pays de la CEDEAO en particulier a un profit
pour les multinationales et pour les bailleurs de fonds. Tout se passe comme si les pays du
Sud étaient encouragés et renforcés par ceux du Nord à s’endetter éperdument et à tourner
22
Omar Kabbaj, rapport sur le développement en Afrique : développement rural et réduction de la
pauvreté en Afrique, éd. Economica, BAD, Paris, Mai 2012, P 109
23
op-ci P.109
24
op-cit, BAD, 2001 P.119-101
25
op-cit
17
dans le cercle vicieux de la dette comme dans le cas du mythe grec du sysiphe qui devrait
rouler une lourde et gosse prière au sommet de la montagne peinture. Il fait des efforts de
rouler la pierre, celle-ci tombe ; il recommence éternellement celle-ci retombe aussi
éventuellement ; il n’arrivera jamais au bout de sa peine… il est donc aliéné. Les pays du Sud
en général et ceux de la CEDEAO en particulier vivent cette aliénation source dépendance
comme un plaisir. La preuve en la matière est que la Valeur Nette Actuelle (VAN) de la dette
ghanéenne et sa dette extérieur par rapport aux critères relatifs à l’exportation aurait atteint
respectueusement 557 et 152% e, 2000 (BAD, 2001). Les projections pour baisser la dette
ghanéenne de 170 millions de dollars en moyenne vont alors de 2002 à 2020. La perspective
d’un Ghana 0 dette pour 2020 est ainsi exclue.
Il en n’a de même pour le Nigeria dont la dette extérieure évaluée en 2001 était
estimée à 31,34% milliards de dollars soit environ 93% du Revenu National Brut (BAD,
2002, P. 110). Mais là où son cas à lui est amélioré et se comprend est que ce sont « les
créanciers bilatéraux » qui « détiennent la plus large part 57% »26. Ne remplissant donc pas
les conditions pour bénéficier de l’initiative PPTE, il a obtenu le bénéfice de rééchelonnement
de sa dette aux conditions du marché dans le cadre des Accords avec le Club de Paris en
Décembre 2000 (BAD, 2002 P.110).
Pour le cas ivoirien, l’accumulation des arriérés l’a fait passer de 11,43 mille de
dollars en 2000 à 13,01 milliards de dollars en fin 2001. Le Sénégal est le seul pays en
Afrique de l’Ouest à ne pas être classé parmi les PPTE dans les années 2001.
La République du Bénin pour ce qui la concerne a atteint en juillet 2001 le point de
décision au titre de l’initiative PPTE renforcé. La dette extérieure a nommément diminué
depuis 1992 (BAD, 2002). Ceci est du à l’injection dans son économie de fortes sommes à
concurrence de 5,6 et 18,7 milliards de francs CFA par les donateurs internationaux et les
créanciers multinationaux. On peut dire que c’est pour appui à sa démocratie. Les cas de la
Guinée Bissau, du Niger et du Mali ont légion en matière de dette. Nous sommes alors tentés
de dire comme ELSA Assidon que : « l’importance de la contrainte extérieure pèse au départ
sur le financement. »27
La question de la dette extérieure se présente ainsi et surtout comme un défi majeur de
l’intégration régionale sociale et économique de l’Afrique de l’Ouest. Le volontarisme à
l’endettement a fiat perdre de vue aux pays membres de la CEDEAO le pragmatisme de la
vision prospective de réduction de la dette. Et si l’on suit bien l’actualité politique de nos
pays, ce cycle d’endettement est nourri et maintenu par les lobbies politiques et les acolytes
commerçants qui trafiquent l’argent ou la transposent dans les pays riches comme placement à
la bourse ou achat d’appartements ou actions dans les usines extérieures au Nord ou dans les
Banques du Nord. Nous aidons ainsi notre région à s’endetter pour rien, à s’appauvrir
inutilement et à accumuler des indices de misérabilité pour les générations à venir. Et comme
le disait François Houtart, nous construisons de la pauvreté.
Nous n’avons donc pas des économies performantes, mais des systèmes économiques
agonisants qui tentent de s’éveiller sur la fiscalité et tombent sur le lit de la corruption
endémique, les charges salariales, la manie des projets non viables et les festivités comme
26
27
op-cit P.110
ELSA Assidon, les théories économiques du développement, éd. la découverte, Paris 2002 P. 26
18
dans le cas de la République du Bénin à l’intérieur au sein de la CEDEAO et pourtant nous
poussons le slogan de l’émergence.
Dans ces conditions, nous devons nous efforcer de choisir la voile de la transformation
structurelle de nos économies afin d’activer les élans positifs de l’intégration sociale régionale
surtout dans le contexte de l’espace CEDEAO.
III- La transformation structurelle des économies africaines
Selon les membres du Comité Inter-gouvernemental des experts (16ème CIE) de
l’Afrique de l’Ouest, lors de la rédaction verte inclusive, pour accélérer le développement
socio-économique en Afrique de l’Ouest, dans ‘’Situation économique et sociale en Afrique
de l’Ouest en 2011-2012 et perspectives pour 2013’’) Mars 2013, Abidjan, Côte d’Ivoire :
« les économies de l’Afrique de l’Ouest se sont inscrites, ces dernières années dans une bonne
dynamique de croissance depuis 2005 avec une moyenne de plus 5% par an »28. A partir de ce
constat, nous nous retrouvons dans une perspective de l’amélioration qualitative des
économies africaines. Mais cette dynamique n’a été possible qu’à partir de certaines prises de
disposition en matière de la transformation des formes d’aptitudes naturelles en capacité
d’adaptation des économies de l’Afrique aux contextes régionaux. ALFREDO Cuevas,
MONTFORD Mlachila et SEAN Nolan29 dans l’analyse des perspectives régionales de
l’Afrique subsaharienne avaient prévue qu’il fallait préserver la croissance dans un monde
incertain. Et pour en arriver là, ils ont démontré que :
- les conditions économiques de l’Afrique Sub-saharienne sont restées généralement
robustes sur fond d’atonie de l’économie mondiale ;
- dans l’ensemble, les perspectives à court terme de l’Afrique Sub-saharienne
demeurent positives et les projections laissent entrevoir un taux de croissance de
5,25% par an sur la période de 2012-2013 ;
- les risques de dégradation se sont accrus, en raison surtout des incertitudes qui
caractérisent la conjoncture économique mondiale ;
- les choix de politique économique devraient tenir compte de la situation particulière de
chaque pays.
Les constats précédents nous laissent percevoir que les (PER) ont en *1 et *2 de la
compréhension des experts du Fonds Monétaire International des élans positifs tandis que les
*3 et *4 font respectivement état des risques et de l’option ou direction particulière que
chaque pays décide de prendre pour transformer son économie et se rendre compétitif sur le
marché régional d’une part et sur le marché mondial d’autre part.
A partir de là, il faudrait mettre sur des facteurs de transformations structurelles qui
sont peut être étagés et gradués.
A la fondation des transformations structurelles, on retient « la migration des
travailleurs des secteurs et activités à faible productivité moyenne vers les secteurs et activités
à forte productivité moyenne, dans la plupart des pays de l’Afrique sub-saharienne »30. Le cas
28
CIE, situation économique et sociale en Afrique de l’Ouest.
ALFREDO Cuevas, MONTFORD Mlachia, SEAN Nolan, Perspectives Economiques Régionales, Afrique
Sub-saharienne, préserver la croissance dans un monde incertain, FMI, Washington (Octobre
2012), P VII
30
op-cit
29
19
de l’Afrique de l’Ouest s’est rendu évident par le fait que les pays producteurs du pétrole
(Nigeria, Guinée-Bissau, la République de la Côte d’Ivoire, la République du Togo) de la
région ayant connu une hausse soutenue de la productivité moyenne de travail par les
retombées dans les secteurs non pétrolier comme l’importation et la réexportation. La
République du Bénin dans ce schéma a excellé dans le commerce de transi des véhicules
d’occasion qui a généré une masse de flux financier important qui si c’était budgétisée
accroîtrait l’économie nationale. La production cotonnière dans ce pays a contribué à
augmenter le PIB, mais les mal donnés des conflits d’intérêt entre Patrice Talon le grand
richicisme et le Président de la République ont fait retomber l’économie nationale dans les
pénombres de la décroissance (le rechute). Dans le cadre spécifique de la transformation
structurelle des économies des pays de la CEDEAO, le chemin de la transformation
structurelle semble varier d’un pays à un autre car chaque pays a des potentialités en dotation
des ressources naturelles et des qualifications en main d’œuvre que d’autres pays de la sousrégion n’ont pas. Pour transformer structurellement leurs économies, chaque pays peut
s’inspirer du modèle asiatique en développant des industries manufacturières à bas salaires
respectant les conditions du développement humain durable. Ces industries veilleraient à ne
pas employer les enfants en âges de scolarisation. Ces pays veilleraient aussi à investir dans le
secteur agricole et à réduire très considérablement l’inadéquation des qualifications au marché
du travail. Des défis politiques tels que l’instabilité politique du Mali, en Côte d’Ivoire, en
Guinée Bissau sont pourtant greffées à la sécheresse au Sahel pourtant l’Afrique de l’Ouest se
situe dans la marge de la bonne voie de croissance (5,25% entre 2012-2013 comme entre
2010-2011). Et heureusement, l’inflation a ralenti en 2012 sous l’effet de la baisse de
l’inflation des prix sur les produits alimentaires et des carburants après la flambée de 20082011.
Sachant que les cours mondiaux des céréales (riz, maïs, haricot) vont à la hausse de
manière régulière et que les formes d’économie extraverties (mines, pétrole) tendent à
accroître le PIB des pays producteurs l’Afrique de l’Ouest doit rentrer dans la logique de
l’économie productive au lieu de rester dans l’économie de rente. Sachant aussi le déficit
d’infrastructure nous freine pour aller vers 6 à 7% du taux de croissance, on peut dire que la
transformation structurelle doit aussi aller dans le sens des efforts pour baisser le taux de
chômage et pouvoir créer des Petites et Moyennes Entreprises aux lieu de rester dans les
grands agrégats de l’économie qui nous localisent dans la macro-économie. Les révisions de
mentalité pour que les modèles africains de développement soient mis sur pied. Mais ceci doit
se fonder sur le leadership qui permet de créer des mécanismes directs pour accélérer la
croissance. Nous devons pouvoir faire des transferts des revenus pour transmettre les produits
de la croissance. La notion de répartition équitable ou de la pondération redistributive doit
entrer dans les mœurs des pays de l’Afrique de l’Ouest. Le financement, l’accompagnement et
le suivi des entreprises doivent être mis sur pied pour permettre aux populations des pays de
la CEDEAO de bien vivre la croissance. Mais pour rendre des économies pérennes, il faudrait
diversifier l’économie en interdisant par exemple l’exportation du bois et aller sur le champ
de la transformation sur place du bois. Il faudrait aussi passer à l’allocation des ressources et
entretenir le capital humain par la formation des ressources humaines. Nous ne doutons pas
que l’afro-positivisme du cercle vertueux d’une croissance de 5% est une valeur, mais il
faudrait réinventer une autre Afrique de l’Ouest qui innove, repense et maîtrise
20
l’environnement et le social. La bonne gouvernance doit beaucoup contribuer à sauvegarder
les acquis de la croissance. La création d’emploi par l’investissement dans le financement de
l’agriculture, des innovations technologiques à la base sur des produits utiles. Faire du
développement agricole à grande échelle et favoriser les industries de transformation et de la
concurrence sur le marché régional et sur le marché mondial. L’intégration par le transport au
niveau de la région serait mieux par rapport à la création des compagnes de transport dans
chaque pays.
Par ailleurs, un autre poids lourd pèse sur les économies africaines. Il s’agit de la
contrebande. En République du Bénin par exemple 80% de l’essence consommée arrive du
Nigeria et a bloqué la vente de l’essence officielle de la Station. La société comme la
SONACOP qui avait remplacé SHELL, TOTAL a lourdement échoué malgré toutes les
tentatives du gouvernement. L’informel contrebandier a créé 14% d’emploi contre 2,4% du
PIB31 vue à l’officiel. Mais contrairement à cette approche Geourjon, Chambas et Laporte
(2008) pensent qu’ « environ la moitié des importations destinées au marché intérieur qui
entrent au Bénin par le port de Cotonou aboutissent en fin de compte au Nigeria »32. La
République du Bénin est passée à une forme transformationnelle structurelle presque
paresseuse de son économie en adoptant l’importation-réexportation des produits comme le
sucre, la volaille, le riz, la farine du blé, les textiles, les voitures d’occasion… globalement les
produits frappés interdit d’importation par le Nigeria. Or à en croire les recherches et
estimations de GOLUB (2012) : « le commerce informel béninois essentiellement avec le
Nigeria ; représente environ 52% du PIB (Moyenne établie sur la période 2006-2008), même
si on fait abstraction du coton et des produits pétroliers qui ne sont pas enregistrés par les
douanes béninoises dans ces stratégies. »33
Tout se passe ici comme si c’était stratégique pour le Nigeria de taxer des produits afin
de rentabiliser sa douane.
Si l’on sait bien que les pays de la CEDEAO se composent de quatre (04) types à
savoir : les pays exportateurs du pétrole, les pays à revenu intermédiaire, les pays à revenu
faibles et les Etats fragiles, on peut faire le classement sectorisé suivant :
1er groupe : Nigeria
2ème groupe : Cap-vert, Ghana, Sénégal
3ème groupe : Burkina-Faso, Mali, Sierra Léone, la Gambie, la République du Bénin, le Niger
4ème groupe : la Guinée, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau.
Cette multi-territorialité lorsqu’elle est passée à la régionalisation pour dénationaliser
les cultures et les identités territoriales ont mobilisé pathétiquement l’élan des peuples de la
CEDEAO des nations à une mobilité fonctionnelle. Il faudrait alors des actions communes
pour :
- la fixation des prix des produits au sein de l’espace de la CEDEAO ;
- la création des Fonds d’intrants pour pouvoir mobiliser les financements bancaires lors
des saisons productives afin de pouvoir subventionner les engrais pour la stimulation de
la production ;
- briser réellement l’obsession des frontières ;
31
Cheikh GUEVE, Carla MACARIO et Kévin WISSERMAN, in (PER) op-cit
ALFRED Cuevas, Montford… PER, FMI, Washington, 2012, P. 43
33
ALFREDO Cuevas, op-cit P. 43
32
21
-
-
la mise sur place de la responsabilité collective des producteurs régionaux ;
promouvoir l’énergie durable ;
favoriser l’émergence de nouveaux producteur ;
améliorer la résistance des produits agricoles aux acridiens et à la sécheresse ;
gérer les fertilités des sols en améliorant la qualité des jachères ;
l’augmentation de l’irrigation et la maîtrise des terrains versants de même que des
bassins ;
promouvoir les diversités culturales ;
mobiliser les politiques publiques à soutenir la diversification de l’exportation ;
améliorer qualitativement le secteur des services ;
dynamiser le secteur de la communication par la concurrence loyale au sein des réseaux
de communication de la téléphone mobile ;
désentialiser les frontières ;
promouvoir la paix, la sécurité et le développement du secteur privé ;
promouvoir l’égalité socio-économique ;
accroître les capacités de connectivité de la région pour dynamiser les innovations, les
services, les administrations et les économies ;
promouvoir les technologies modernes ;
créer les nouvelles conditions cosmopolites ;
aller dans la stratégie décennale de la Banque en faisant de la croissance inclusive et la
transition vers l’économie verte (2013-2022) ;
réaliser les OMD (Santé maternelle, mortalité infantile, élimination de la pauvreté
extrême et de la faim, lutter contre la charge de mobilité du VIH/SIDA et le
paludisme) ;
promouvoir l’éducation, la formation ;
intégrer le genre au développement et à la transformation du travail.
3ème partie : La question du genre dans l’intégration sociale en Afrique de l’Ouest.
La femme africaine se présente depuis fort longtemps comme un pilier de la transmission
générationnelle des valeurs culturelles à la descendance à travers l’éducation, le chant, la
danse, les contes et l’inculcation de la parole. La diversité culturelle qui souvent en Afrique
crée : oppositions et contradictions entre les ethnies et les différents groupes sociaux se résout
dans la considération de la femme élément moteur de production et de reproduction. Mais audelà de ces rôles, Fatouma Kane pense : « Malgré une éducation sexiste, les femmes grâce à
leur insertion dominante dans l’entité vie associative » (le statut social de la femme en
Afrique de l’Ouest, P.2). Il est ici question d’une première étape de leur insertion sociale où
elles développent quelques capacités d’adaptation sociale à l’autonomie, à la prise de parole
en groupe, aux initiatives de leadership et la transformation de leurs handicaps de croisement
social en atouts de valorisation sociale.
I-
Valorisation du genre, sa contribution au développement et sa part dans
l’intégration sociale en Afrique de l’Ouest
1- La valorisation du genre en Afrique de l’Ouest
22
La population féminine va de plus en plus croissant dans le monde en général, en
Afrique en particulier et dans l’espace CEDEAO dans le cas spécifique, les femmes
représentent proche de 57% de la population en République du Bénin par exemple. Dans
l’espace régional, le genre contribue à 30% du PIB régional (Fatouma Kane). Elles produisent
souvent les cultures vivrières 70% et s’occupent de la transformation, de la conservation et de
la commercialisation. Elles s’activent dans l’hygiène du milieu, de l’assainissement, de
l’approvisionnement en eau, de l’alimentation de la famille ainsi que du soin des enfants et de
l’éducation de ceux-ci. La décennie de la Femme (ONU, 1975-1985), la Conférence des
Nations de Béging (1995) l’éducation de la femme, de même que l’étude mondiale du rôle de
la femme sur le développement (ONU, 1989) ont essayé d’aborder la question de l’intégration
sociale de la femme. Les transformations sociales surtout sur le plan juridique ont favorisé le
changement du statut social des femmes (le Code des Personnes et de la Famille en
République du Bénin). De là dans les théories, l’on a tendance à valoriser l’équité genre et
développement.
Or dans les faits, la tendance à l’éclosion et à la valorisation du genre est très lente.
Pour M. Massaër Dialla, Madame Gwénola Possémé- Rageau et Madame Jamila Yahi :
« l’ouverture démocratique des pays de la région engagée dans les années 90 n’a laissé qu’une
place marginale aux femmes dans la représentation politique alors que traditionnellement, un
certain pouvoir leur dévolu, notamment en matière de prévention et de médiation des
conflits. »34. Elles jouent un rôle primordial et pourtant elles sont moins représentées dans les
parlements et dans les gouvernements (1/4) en termes d’effectif35. Et même si elles sont
invitées au gouvernement pour la plupart du temps, c’est pour se voir retranchées dans les
rôles secondaires des secteurs liés au développement social. La participation du genre aux
structures du pouvoir ou de l’appareil de l’Etat demeure très limitée, même si la bouffée de
positivité paraît sensible. Les parlements africains valorisent très rarement le genre par son
élection à la présidence des parlements. Quoique la grande majorité des constitutions
africaines post-démocratiques prône l’équité genre et la promotion de la Femme de même que
l’égalité et la parié avec l’Homme… les pratiques sont loin des théories en présence. L’on
continue toujours de mettre en place d’une manière tactique les structures sexistes qui
qualifient et discriminent le genre en lui réservant des travaux et spécification en matière du
travail et de l’emploi. Le secteur de la dactylographie mutée en informatique de saisie
consomme beaucoup plus en Afrique les Filles que les Garçons. Le genre en Afrique de
l’Ouest a alors besoin d’être revalorisé dans les domaines suivants :
- le développement du leadership ;
- échange des connaissances, théories et pratiques de gestion et de management ;
- établir un consortium de Femmes africaines pour la défense des droits du genre ;
- établir une base de données servant de répertoire pour les actions prioritaires à
mener en direction du genre en Afrique de l’Ouest.
Nous savons que déjà en Afrique, il existe deux mécanismes principaux à savoir :
34
M. MASSER Diallo, Mme GWENOLA Possémé- Rageau, JAMILA Yahi, Femmes, Gouvernance endogène
et Prévention des conflits en Afrique de l’Ouest. », Atelier de travail, le Club du Sahel et l’Afrique
de l’Ouest/ OCDE, Niamey (Niger) 26-28, ou 2006, t1 P.7
35
op-cit
23
-
l’article 18 de la charte africaine des Droits de l’Homme et des peuples de l’Union
africaine (daté de 1986) qui établit le principe d’égalité entre hommes et femmes
en Afrique. Le protocole additionnel de Maputo (2003) a permis de confirmer cet
article et de la faire appliquer par les Etats ;
- en 2001, les Etats de la CEDEAO ont adopté le protocole additionnel sur la
Démocratie et la Bonne gouvernance consacrant une large partie aux droits de la
femme en Afrique de l’Ouest.
Mais la mise en œuvre de ces dispositions juridiques de la norme sous-régionale n’est
possible que dans la mesure où les Etats de l’Afrique de l’Ouest décident de mettre l’accent
sur :
- l’éducation- la scolarisation massive- la formation qualitative de la femme ;
- la responsabilisation des hommes dans le déboulonnement des verrous de sécurité
qui cloisonnent le genre dans les rôles secondaires ;
- l’utilisation des langues africaines dans la sensibilisation contre le sexisme et
contre la discrimination genre ;
- la sensibilisation contre la violence basée sur le genre ;
- la mobilisation des acteurs sociaux, des acteurs de la société civile pour un
dialogue social accordant aux femmes les mêmes droits et prérogatives en tout
comme les hommes notamment dans le domaine de la succession et des emplois ;
- l’engagement d’un débat intergénérationnel et interrégional sur équité/ genre,
qualité/ genre et responsabilité/ genre ;
- favoriser un travail de plaidoyer en faveur d’une meilleure représentativité de la
femme d’une meilleure représentativité de la femme dans les institutions
nationales et internationales en Afrique de l’Ouest.
C’est seulement en fonction de ces bases de promotion de la femme que l’on aborde la
question de la contribution du genre au développement et à l’intégration sociale.
2- La contribution du genre au développement et à l’intégration sociale
La stratégie de réduction des écarts en matières de la discrimination genre et scolarisation est
un facteur principal de l’intégration sociale. Il est alors important de lever les défis liés à la
non participation active du genre au développement social, politique et économique en
assurant aux femmes de l’espace CEDEAO une éducation et une formation de qualité. Cette
demande est liée à la déclaration mondiale sur l’éducation pour tous adoptée en 1990 par 155
pays36 et conduit plus tard à réduire les fortes contraintes de temps auxquelles font face les
femmes en invertissant dans le secteur de l’infrastructure et dans les avancés technologiques
qui permettent de réduire leur temps de travail. En manipulant par exemple les lessiveuses, les
petites broyeuses de condiments, de repasseur électronique et autres… la femme africaine
s’insère progressivement dans le processus du développement et de l’intégration sociale. En
manipulant le téléphone mobile et en se connectant au site Web de même que réseaux sociaux
(Facebook, tweeter et autres…) elle s’implique dans la logique de la mondialisation. Mais
retenons que sauf le téléphone mobile et les appareils électro-ménagers la connectivité est
36
Carol BELLAMY, la situation des Enfants dans le monde 1998, UNICEF, P.57
24
toujours réservée à une marge de femmes instruites. Il va falloir impliquer l’alphabétisation
fonctionnelle dans le numérique.
Par ailleurs, les Etats de l’Afrique de l’Ouest ont l’obligation de reconnaître le rôle
fondamental joué par les femmes dans l’exploitation agricole, la transformation des produits
de base, l’agro-alimentaire. Mais plus de valorisation du genre, l’on doit passer à la
transformation des rapports : travail/ genre en Afrique de l’Ouest. Tant il est vrai que les
femmes africaines doivent aller à la parité en travaillant à proportion égale et équilibrée dans
les domaines de hautes technologies comme l’homme, tant il est aussi vrai que l’on doit
encourager leur accès aux crédits pour le développement des Activités Génératrices de
Revenus (AGR) pour celles qui décident d’œuvrer dans le domaine des activités socioéconomiques formelles ou informelles. Au lieu de confiner le genre dans la stratégie
réductionniste de moyen d’épanouissement tel que les Plus Petits Crédits aux Femmes
Défavorisées (PPCFD) entre (2006-2016) l’on doit éveiller chez la femme africaine la notion
du Commerce au lieu des simples AGR qui ne sont que des économies de proximité. La
détention du capital financier s’avère nécessaire et déterminante.
IIla capacitation du genre
1- Le renforcement du genre à l’accès aux crédits pour le développement du commerce
Depuis 1988, les sociaux économistes Reinhard H. SCHMIDT et Erhard KROPP avait déjà
démontré que : « l’octroi de crédits doit du moins dans la mesure où il bénéficie d’un soutien
direct ou indirect, déboucher sur les effets de développement désirés pour les groupes-cibles
pour les régions rurales et pour l’ensemble de l’économie d’un pays »37.
Dans cette affirmation, on est sûr, l’accent n’est pas particulièrement mis sur le genre,
cependant, elle sous-entend la notion d’une globalité nationale que l’on pourrait étendre à la
sous région de l’Afrique de l’Ouest si nous ramenons ce problème à l’intégration régionale.
Elle comprend de même en sourdine le renforcement des capacités de financement des projets
économique du genre pour la dynamisation des économies de nos micro-états d’une manière
spécifique, mais de l’économie de l’intégration régionale de manière générale.
2- Les échanges en Afrique de l’Ouest
En effet, selon Dr Cheikh Tidiane DIEYE : « l’Afrique de l’Ouest constitue une région par
excellence de commerce. Au-delà des transactions intra-régionale, cette région s’est trop tôt
ouverte au reste du monde dans le cadre de son insertion dans l’économie mondiale »38. Mais
retenons que le fondement de ce commerce est primordialement l’agriculture qui utilise une
forte proportion de la femme. C’est après l’agriculture que viennent les services, les industries
où la proportion du genre est en baisse pour preuve de la tradition sexiste des économies
africaines. Les femmes doivent alors accéder aux crédits bancaires et primordialement aux
micros-crédits pour financer leurs activités et/ ou leur commerce. Mais elles sont limitées par
les normes strictes d’accord de crédit qui réclament trop de tracasseries administratives et des
37
38
Reinhard H. SCHMIDT et Erhard KROPP, Manuels Développement Rural, Financement Rural un cadre
d’orientation, éd. ESCHBORN, République Fédéral d’Allemagne
Dr Cheikh TIDANE DIEYE, Directeur Exécutif du Centre Africain pour le commerce, l’intégration et le
Développement. L’état du commerce en Afrique de l’Ouest, Rapport annuel, 2012 Cacid/ ENOA,
Sénégal, 2012 P. 9
25
garanties. Les micro-crédits ou les Institutions de microfinance leur viennent beaucoup plus
en appui que les banques. La communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
devra alors beaucoup plus se fonder sur la stratégie des I.M.F et créer les structures sousrégionales de microfinance pour résorber les crises de déficits de financement du genre de
manière spécifique et des peuples de l’espace CEDEAO en général. Il restera alors à observer
un aspect crucial des défis de l’intégration sociale régionale, la migration du travail.
SECTION III : L’IMPORTANCE DE LA MIGRATION DU TRAVAIL EN MATIERE
L’INTEGRATION SOCIALE EN AFRIQUE DE L’OUEST
1- Intégration sociale et migration du travail
Pour ADERANTI Adépoju (BIT, 2006) : « l’Afrique de l’Ouest est une région de forte
migration. Historiquement, les migrants ont considéré cet espace comme une unité
économique de libre circulation des personnes, des biens et des services, et les mouvements à
l’intérieur des pays et au sein de ceux-ci constituent… une caractéristique de la vie des
populations »39. Il s’agit d’une part de la migration intrarégionale et d’autre part de la
migration en dehors de l’espace de l’Afrique de l’Ouest. La mobilité de la population au sein
de l’Afrique de l’Ouest laisse présager de l’instabilité de la population des travailleurs. Les
pays à forte production du pétrole et des mines accueillent les migrants qui œuvrent dans ces
secteurs et abandonnent leurs territoires où ils pourraient quand même s’investir si les
conditions favorables leur avaient été offertes. Ce groupe de migrants se compose des
migrants en provenance de la sous-région, les travailleurs transfrontaliers temporaires, les
travailleurs clandestins, les professionnels et les réfugiés. De ce de paliers de migrants
identifiés par ADERANTI Adépoju, il apparaît clairement que la circularité des travailleurs au
sein de la sous-région est non seulement un indicateur de l’intégration sociale régionale, mais
une fluidité dans l’analyse des mouvements démographiques des états-nations qui composent
la communauté Economique pour le Développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Ce
phénomène est à la fois un atout et un défi au sens où il permet de briser les barrières des
frontières et de fonctionner sur le sens de l’accueil et de l’hospitalité des micro-états entre
eux, mais il donne accès à l’émigration sans papiers, ce qui accroît les risques d’insécurité
humaine entre les peuples. L’autre variété des migrants est celle qui choisit le chemin de
l’Europe du Sud, des Etats-Unis, du Moyen Orient, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne
et surtout de la Colombie pour des activités de précarité. Or outre ces paliers, nous avons la
fuite des cerveaux où l’émigration des cadres qualifiés qui s’expatrient pour aller manifester
leurs compétences sur les territoires de l’Outre-mer. Mais, les crises européennes de ces
dernières années ont donné lie à des revers de la situation de la migration du travail.
2- Les revers de la migration du travail dans l’espace CEDEAO et la question de
l’intégration sociale régionale
La montée de la crise économique mondiale a transformé la sécurité sociale en compétence
nationale. Cette situation a partout ailleurs dans le monde conduit à l’exclusion des
travailleurs migrants. Même si dans l’espace CEDEAO, le phénomène ne se fait pas encore
39
ADERANTI Adépoju, les défis liés aux flux migratoires pour le travail entre l’Afrique de l’Ouest et du
Maghreb, Cahier des Migrations Internationales, BIT/UE, Genève, 2006, P.2
26
sentir avec accuité, il se dessine déjà car les valeurs nationales et les cadres nationaux de
chaque pays surtout en République du Bénin, en République du Togo n’arrivent pas encore à
s’insérer dans le circuit de l’emploi. Si le cas se présente pour les hommes, il s’aggrave pour
le genre. Il est certain que : « la commission des affaires sociales et culturelles de la CEDEAO
a adopté la convention générale sur la sécurité sociale en 1993 afin d’assurer l’égalité de
traitement des travailleurs transfrontaliers et la préservation de leurs droits quand ils vivent à
l’étranger »40. Mais il est aussi vrai que le protectionnisme des emplois a fait inventer aux
ivoiriens le concept de l’ivoirité et a contraint beaucoup de migrants de la sous-région à la
compression au profit des citoyens de la République de la Côte d’Ivoire. Nous sommes ici en
présence d’une Xénophobie prononcé dans la migration du travail.
Cependant, le modèle Adépoju de migration de remplacement41 favorise encore le flux
migratoire vers les pays de la CEDEAO comme la Guinée Equatoriale, la Côte d’Ivoire et
autres. Par contre, le Ghana pour ce qui le concerne a enregistré à partir de 2006 le retour de
ses citoyens émigrés pour cause de la reprise économique de cet état-nation. Les crises
économiques que le Nigeria par exemple a traversé entre 1975-1990 (la chute du prix du
pétrole, la baisse du PIB, la dépréciation de la monnaie nationale, c'est-à-dire le Naïra, la
dégradation des conditions de travail, le gel des salaires, l’inflation et la prolongation du
régime militaire autoritaire…)42 ont contraint la population de la République Fédérale du
Nigeria à émigrer vers le Maghreb. La situation du conflit prolongé en République de Côte
d’Ivoire laisse présager de deux phénomènes migratoires :
- l’émigration des citoyens ivoiriens vers d’autres pays de la sous-région ou
évidemment vers d’autres continents ;
- l’émigration des non-nationaux vers d’autres horizons ou leur immigration vers
leur pays d’origine.
La même situation s’était déjà produite au Togo au temps de la dictature de GNASSINGBE
Eyadéma, le père et n’a connu qu’une légère amélioration avec FORE GNASSINGBE
Eyadéma. On retrouve rependu sur les territoires du Bénin en particulier du Ghana et de la
Côte d’ivoire les togolaises servant dans les barres et buvettes et exerçant d’autres emplois
précaires allant même à la débauche pour cause de survie. La CEDEAO a ainsi un palier large
de défis à relever en matière de l’intégration sociale des citoyens de la communauté. Dans
cette perspective, il y a d’abord un défi sécuritaire à relever. En exemple, notons que la
République Fédérale du Nigeria reçoit tous les jours les trafiquants de l’essence frelatée en
destination vers la République du Bénin. Ce commerce frauduleux crée d’énormes manques à
gagner pour les deux (02) Etats voisins. Il ne s’agit pas ici de la migration, mais des entrées et
sorties frauduleuses ininterrompues et habituelles qui sont entretenues par la haute corruption
des agents sécuritaires en charge de la question de l’émigration/ immigration sur les axes
Bénin- Nigeria/ Nigeria-Bénin. Et selon notre analyse, le commerce informel comme une
transformation du travail et qui peut exploiter la capacité d’enrichissement des autochtones
40
Adépoju ADERANTI, op-cit P.4
La migration de remplacement : les migrants d’origine rurale se déplacent vers les villes pour occuper
les postes laissés vacants par des nationaux qui émigrent vers l’étranger.
42
Op-cit P.5
41
27
comme des migrants permet d’éviter que la jeunesse soit une menace43 pour la sécurité des
nations, mais ne profite pas aux Etats.
Conclusion
La question trilogique de l’intégration sociale, du genre et de la migration du travail dans
l’espace Ouest-africain est une préoccupation majeure de la CEDEAO, En effet, les habitants
de cet espace manifestent eux-mêmes au-delà des limites territoriales et des barrières
frontalières, la volonté d’intégration sociale à travers les mouvements migratoires pour cause
du travail. Les brassages ethniques par le mariage et les échanges favorisent d’ailleurs cette
intégration. L’intégration sociale est alors conditionnée par l’influence des actions et des
interactions sociales comme les soulignent les sociologues TALCOTT Parsons44 et EDWART
Schils de même que Georges HOMANS45 dans sa théorie de l’échange. Elle donne lieu pour
les états-nations de l’espace CEDEAO de concrétiser leur volonté d’actions harmonique en
matière du fédéralisme sous régional de même que de leur aspiration à l’intergouvernementalisme et de la possibilité de confier à la CEDEAO un pouvoir afférent au
supranationalisme.
Mais notons que la fonctionnalité de cette intégration sociale n’est possible que par le
renforcement des négociations entre les Etats-membres et la suppression des écarts marginaux
qui se creusent entre genre et société en pleine mobilité. La question des transformations
structurelles des sociétés ou des Etat-nations qui composent la Communauté Economique du
Développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest est de ce fait une des conditions qui
donneront une visibilité plus claire à la sous-région. La résolution des problèmes liés à la
discrimination du genre et la valorisation effective de cette catégorie de personne humaine
dans les Etats-nations de la CEDEAO pourront contribuer à éliminer davantage la pauvreté du
genre et aideront nos Etats à promouvoir réellement l’équité genre et développement qui est le
gage de l’égalité Homme/Femme et le point central de la question de la parité. Des critiques
de la formulation des principes qui progresse plus vite au sein de la CEDEAO que de la
résolution concrète des problèmes46 ne sont pas dénuées de fondements. Mais il faudrait
souligner que la résistance sourdine que chaque Etat affiche indirectement à travers le concept
de politique nationale est un blocage à la question de l’harmonisation intégrale. La mise
effective en marché des mécanismes de suppression des barrières non-tarifaire au commerce
dans l’application des normes et des efforts vers la création d’un Tarif Extérieur Commun
(TEC) et la réalisation de l’union douanière… pourront contribuer à réduire les risques de
l’intégration sociale des acteurs des échanges et du commerce sous-régionale. La
fonctionnalité de la CEDEAO se rendrait efficace et efficiente dans l’incitation des peuples ou
citoyen de la communauté sous-régionale aux innovations technologiques pouvant contribuer
à installer les industries made in CEDEAO pou la transformation des produits de base, ce qui
pourrait limiter ou réduire la fuite des cerveaux ou la migration de nos compétences vers
43
Nations Unies, Un monde plus sûr. Notre responsabilité partagée
TALCOTT Parsons, Toward a général theory of action, Cambridge, Mass, Harvard university, Press 1951
45
HOMANS C. Georges, The Human group, New York, Harcourt, Brace and Work, inc, 1950
46
IGUE John, l’intégration Economique en Afrique de l’Ouest, ZEI-WAI-Fédéral Ministry of Education and
Research, Germany, Born, Discussion, Paper, P. 115, C 208
44
28
l’Europe, la Chine, le Japon ou vers l’Amérique ou le Canada. Nous devons dans le cadre de
l’intégration sociale et de la remédiation à la migration des travailleurs inciter les Etatmembres à la haute productivité agricole afin de pouvoir lutter contre le rouleau compresseur
de la mondialisation. Nous devons tout faire pour rentrer dans la logique du commerce
équitable en valorisant nos produits à des fins de marketing international. La conformisation
aux normes AFNOR et aux normes ISO est un fait accommodant pour rendre nos économies
compétitives .Nous devons tout faire en pensant à ses normes et savoir qu’elle pourrait
imposer au Marché Mondial à travers la rigueur et la détermination de nos institutions
d’intégration notamment ( la CEDEAO et la CEMAC) à œuvrer pour le décollage effectif de
nos micro-Etats en particulier et de la région en général. La CEDEAO doit développer des
Systèmes d’Informations Opérationnelles sur le Marché (SIOM) afin d’accroître les capacités
de résilience des travailleurs en général et des producteurs (Hommes/ Femmes) en particulier
à la concurrence internationale. De là, la mondialisation ne serait plus excluante pour les Etats
membres de la CEDEAO, mais un atout pour leur décollage, leur développement et leur
émergence.
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