Il est de bon ton de voir, à l'instar de Cicéron (qui le constate amèrement), le prestige glorieux du
centurion primer sur tout le reste dans le guerrier. Pourtant, la lecture des stratèges et des hommes
de guerre n'est pas sans faire relativiser ce rapport au conflit et à la magnificence de ce
dépassement de soi dans la mêlée, (nommée "furor" en latin) qui caractérise des héros comme
Achille, par exemple, mais qui, à l'époque classique, va se transférer sur une valeur d'ordre, la
taxis, plus adaptée au combat en phalange où la cohésion devient le mot d'ordre précisément.
Ainsi, partout voit-on les penseurs réfréner la pulsion guerrière et vanter la sagesse de la mesure
comme source d'excellence dans les conflits.
Cicéron donc, en son temps, subordonnera la guerre au droit et démontrera, dans le de offici
(traité des devoirs), qu’une guerre juste est une guerre qui se conforme à la loi (Cicéron, 1962,p
520).
1.3. l’homme de guerre aristocrate vertueux
Mais cette limitation morale et légale, très conforme à ce qu’il se fait de nos jours (avec les
conventions de Genève et La Hayes notamment) sont loin d’être le seul mode de pensée de
moralisation et de modération des conflits. En effet, la morale du guerrier est omniprésente et
rompt avec l’idée de la brute.
C'est ce qu'il se passe avec Xénophon lorsque, dans la Cyropédie, « l'éducation de Cyrus », jeune
roi perse, Il décrit la richesse de l'éducation du chef de guerre. Xénophon en fait un homme plein
de finesse chez qui la connaissance de la tactique passe loin après la possession de vertus
aristocratiques et de savoirs pratiques (économie, connaissance en santé et en hygiène, vertu,
capacité à entretenir la vigueur et le moral des troupes, capacité à résister à la tentation de
l'arrogance qui fait jusqu'à préférer le repli, la ruse, à la mêlée glorieuse…).
« Et toi tu te mis à rire et, reprenant les choses point par point, tu me demandas de quoi servirait
à une armée d’avoir des tacticiens sans ce qu’il faut pour vivre, sans la santé, sans la
connaissance des stratagèmes inventés pour la guerre, sans l’obéissance. » (Xénophon, 1971,
p.42 – L. I, 6, 12-13)
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