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Pratique
La revue de l’infi rmière ● Octobre 2016 ● n° 224
neurorééducation aiguë, intègre
ces concepts dans chacune de ses
réfl exions, de ses gestes et de ses
transmissions.
Le concept Bobath
L’approche thérapeutique Bobath
vise des patients présentant des
symptômes neurologiques:
troubles du tonus, de l’organi-
sation, de la posture et du mou-
vement, associés ou non à des
troubles sensoriels, cognitifs, et
perceptifs.
Cette approche fonctionnelle
pluri-systémique permet au thé-
rapeute une grande variété d’ac-
tions personnalisées. Le thérapeute
favorise le mouvement dans toutes
ses activités, ce qui permet d’aug-
menter le répertoire d’expériences
sensorimotrices du patient.
La redondance d’expériences
motrices correctes permettra
d’améliorer sa fonctionnalité
dans toutes les activités de la vie
quotidienne.
La stimulation basale®
La stimulation basale® s’adresse
à des personnes dont l’accès à
l’environnement social et maté-
riel se limite à l’espace proximal
du corps. Elle est donc particu-
lièrement adaptée aux patients
cérébro-lésés présentant des
états de conscience altérés. Elle
leur rappelle les expériences et
compétences acquises précoce-
ment dans les domaines de la
communication, de la perception
et du mouvement.
Son concepteur, Andreas
Fröhlich, pense que tout patient
dispose de compétences basales
qu’il s’agit de stimuler dans l’or-
ganisation du développement
actuel de l’individu. Le patient
est amené à retrouver ou recons-
truire des repères dans la percep-
tion de sa propre personne, du
discernement de l’autre et de son
environnement.
On agit sur trois niveaux de
stimulation:
• la stimulation vestibulaire
(positionnement, équilibre);
• la stimulation somatique
(voies sensitives superfi cielles et
proprioceptives);
• la stimulation vibratoire (sensi-
bilité profonde : voix des proches,
musique familière).
Le Facial Oral Track
Therapy®
L’orthophoniste Kay Coombes
a mis au point le FOTT, une
approche des patients présen-
tant des déficits neurologiques
graves ayant toujours des réper-
cussions sur la sphère oro-faciale.
Le soignant vise l’amélioration
de quatre grandes fonctions: la
nutrition, l’hygiène buccale, la
communication non-verbale et
la voix. Le soignant donne des
repères qui influencent la pos-
ture, les mouvements et les
sensations.
Chez les patients présentant un
état de conscience altérée (ECA),
la thérapie s’efforce d’abord de
prévenir une désafférentation
sensorielle et de réduire les
réponses défensives propres aux
patients non-stimulés (into-
lérance au touché, retraits et
réfl exe de serrage etc.) tant que
la spirale en cascade de la désaf-
férentation n’est pas enrayée, les
troubles de la déglutition entraî-
nent des troubles respiratoires,
engendrant des difficultés à
manger et à parler.
La verticalisation
précoce
Que ce soit pour les AVC[1] ou
pour les TCC [2], la littérature
est en faveur d’une mobilisa-
tion précoce [3] des patients
cérébro-lésés. Elle diminue les
complications et augmente les
performances physiques et cogni-
tives des patients.
En neurorééducation aiguë, diff é-
rentes techniques (vélo au lit ou
Motomed® et verticalisation par
Erigo®) jouent sur trois aspects: la
mise en charge, les mouvements
cycliques et la verticalisation.
Les mécanismes neurophysio-
logiques impliqués dans la ver-
ticalisation et le stepping sont
nombreux.
La stimulation neurosensorielle
du système aff érentiel a un eff et
positif sur l’état d’éveil, le système
neurovégétatif tout en stimulant
le système vasculaire [4]. Elle
diminue la spasticité, régule le
tonus musculaire et favorise la
récupération motrice[5].
Enfin, elle favorise la plasticité
neuronale [6,7] dans la mesure où
des stimuli intensifs et répétitifs
activent la synthèse des protéines
et la repousse synaptique.
L’outdoor thérapie
et l’hortithérapie
Les thérapies assistées par la
nature désignentune interven-
tion ayant pour but de traiter,
rééduquer des patients présen-
tant un état de santé délétère [8].
Le principe thérapeutique fon-
damental de la thérapie consiste
à faire appel aux plantes, aux
matériaux naturels et/ou à l’en-
vironnement extérieur de plein
air. Elle s’adresse aux personnes
ayant des maladies mentales ou
physiques sévères[9]. Elle est par-
ticulièrement appropriée pour les
patients cérébro-lésés.
Cette approche inclut des tech-
niques actives (hortithérapie) ou
passives comme le simple fait de
sortir le patient dehors: outdoor
qui permet de ressentir des per-
ceptions basiques (vent, soleil,
odeurs, sons) en vue de le resituer
dans un environnement porteur
de repères, dans l’espace et dans
le temps.
Le contact passif avec la nature
est thérapeutique en lui-même
Références
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