l`ecriture

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CRPE Français
Analyse de textes et faits de langue
L’ECRITURE
Corrigé de l’analyse de textes
La thématique de ce dossier concerne le travail de l’écriture d’un point de vue littéraire.
Le premier document comporte trois courts textes relatant les étapes ayant conduit Zola à
l’écriture du premier chapitre de Germinal, roman naturaliste écrit en 1885. Quant au
deuxième, un passage de l’Histoire de mes livres, « Fromont Jeune et Risler Aîné »,
Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade,T.1, 1986, p 1186-1190 et 1191, il émane d’Alphonse
Daudet. L’écrivain y retrace le cheminement aboutissant à la naissance de son œuvre. Le
troisième document s’avère le brouillon d’un texte poétique de Francis Ponge, extrait de Cinq
Sapates, « La Cruche » (transcription et fac similé), Bibliothèque Nationale de France qui
laisse apparaître la dimension de réécriture des textes. Quant au quatrième, incipit d’un conte
détourné, Le petit chaperon bleu marine de P. Dumas et de B. Moissard, extrait de Contes à
l’envers, paru en 2001 à Ecole des loisirs, parodie du petit Chaperon Rouge, il met en
évidence l’intertextualité avec le conte initial appréhendé comme source d’inspiration.
Le corpus permet alors de répondre à la problématique suivante : quelles sont les
démarches inhérentes au travail de l’écriture ? L’ensemble du dossier invite à réfléchir à la
nature même de l’écriture littéraire et à sa genèse au regard des pratiques littéraires ainsi
qu’aux processus mis en œuvre par les écrivains dans leur démarche de création.
Quels sont les traits majeurs de l’écriture littéraire ?
Les documents proposés permettent de la caractériser. L’écriture littéraire inscrit les textes
dans le monde la fiction et de l ‘imagination en accomplissant entre le sens et la forme un
accord essentiel. La qualité de l’écriture est alors première et le langage fait l’objet d’une
recherche, d’une invention en plaçant la fonction poétique au premier plan. Les figures et les
connotations s’y révèlent multiples et favorisent l’expression indirecte. Ainsi, Zola situe son
personnage dans un monde hostile décrit par le biais de métaphores telles que « d’une
épaisseur d’encre », ou « glacées d’avoir balayé des lieues de marais et de terres nues »
inscrivant le cheminement nocturne de l’homme vers son destin inéluctable dans l’âpreté du
paysage et du climat. Ponge, quant à lui, choisit de décrire un objet ordinaire, en l’occurrence,
une cruche et parvient par l’écriture à transformer notre regard sur cet élément qui devient
presque vivant « elle se remplit aussitôt en chantant ». Daudet, enfin, finalise son œuvre par
un travail d’écriture débutant par des relevés « d’après nature ! ».
La dimension littéraire s’inscrit également dans une relation indirecte avec d’autres textes.
Dumas et Moissard en témoignent par le détournement du petit chaperon rouge de Perrault.
En outre, inscrits dans des genres reconnus, roman, poésie, contes, ces textes attestent
de la relation de proximité entre auteur et lecteur. La parodie de Dumas et Moissard, par
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exemple, crée un rapport de complicité avec le lecteur. Le texte initial est détourné à des fins
comiques. Par là même, la compétence et les connaissances du lecteur entrent en jeu dans
l’implicite du texte qui comporte allusion et références multiples au Petit Chaperon Rouge.
L’intertextualité invite alors à repenser le rapport au texte dans une dimension relationnelle à
d’autres œuvres. Quant à Zola, cette proximité s’actualise dans sa volonté de dénoncer les
faits de société et notamment les inégalités sociales.
En quoi consistent les pratiques de l’écrivain qui lui permettent d’atteindre cette
spécificité propre au texte littéraire ?
Si l’image traditionnelle de la création littéraire est souvent celle d’une œuvre produite
sous l’effet d’une inspiration, les documents proposés s’inscrivent alors en contradiction. Le
texte se révèle alors comme l’aboutissement d’un travail long et complexe.
Pour Zola, la version définitive n’apparaît qu’après la rédaction de l’ébauche et du dossier
préparatoire. Pour Daudet, elle s’apparente à la démarche du peintre et trouve son origine
dans des prises de notes régulières sur les événements ou personnes rencontrées. La
description de ses procédés met en évidence ses prises de notes « sur le vif » qui se verront
plus tard reprises et transformées. Quant à Ponge, le travail effectué sur le brouillon, difficile à
déchiffrer du fait de la calligraphie, des ajouts entre les lignes ou dans la marge, des ratures,
met en exergue la démarche de l’auteur qui travaille son texte à plusieurs reprises. Dans
cette étape de révision, les interventions sont de nature diverses. Ponge élimine un fragment
de texte en le raturant, ajoute un passage, des mots qu’il encadre dans le souci de la
matérialisation de leur insertion.
En outre, le point de départ du travail d’écriture est constitué par différents éléments, tels
que pour Zola, le contexte historique et politique en lien avec une problématique sociale liée
aux revendications ouvrières. Daudet s’inscrit dans le témoignage de l’expérience
personnelle. Ponge s’attache à la description d’objets généralement considérés comme nonpoétiques, à l’instar de la cruche, et leur donne par les mots une possibilité d’expression.
Dumas et Moissard s’inspirent du conte le Petit chaperon Rouge pour en écrire une parodie.
Ils imitent de façon caricaturale le récit et introduisent des décalages comiques avec le
modèle. Ce récit s’inscrit dans un rapport de filiation avec l’œuvre qui l’a précédée par le biais
de la réécriture.
Quels sont enfin les processus de mise en œuvre de ces pratiques par les écrivains ?
Ces écritures à programme s’actualisent en différents moments qui s’enchaînent dans ce
processus complexe et personnel aboutissant à la réalisation définitive de l’œuvre. En effet, à
partir d’un projet clairement énoncé, les auteurs organisent leur travail en phases précises
telles que recherche, plan, premiers états du texte, relecture et texte définitif.
Zola, rédige une ébauche et un texte qui programment chronologiquement l’écriture finale
dans un resserrement des étapes de création. Le plan proposé s’apparente à une première
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rédaction avec des éléments que conservera le texte romanesque tels que « dans la plaine
rase » ou « petit paquet ». Néanmoins, la version finale ne se contentera pas de ces
éléments et se verra achevée dans l’amplification des phrases où les procédés stylistiques,
tels que les comparaisons ou métaphores attestant de l’élaboration de l’écriture comme « les
lanières du vent » ou encore « d’une épaisseur d’encre» ainsi que de périphrases. Quant à A.
Daudet, ses notes recueillies dans des carnets seront à la base d’une première écriture qui se
verra révisée par un collaborateur avant une relecture finale de l’auteur en vue de compléter
ou d’affiner. Le texte semble alors passer de l’approximation, « Je commence à écrire
vivement à la grosse » à la précision « retouchant encore certaines phrases, complétant,
affinant ». Le paratexte du brouillon de La Cruche, comprenant des dates, témoigne des
moments et du rythme de l’écriture mettant en parallèle le temps écoulé et le cheminement de
la pensée de l’auteur.
Les traces concrètes laissées sur papier, plus ou moins chaotiques, sont de statut
divers parfois graphiques ou linguistiques et attestent du parcours d’élaboration et de la
dynamique de production par les réécritures successives ou adjonctives. L’écriture de la
parodie de Dumas et Moissard fondée sur l’intertextualité, supposera une connaissance du
conte initial. Cette forme narrative se fonde dans des contraintes littéraires précises liées au
récit lui-même, le conte merveilleux supposant un schéma narratif précis, un schéma
actanciel ainsi qu’au détournement parodique . Ce travail s’inscrit alors dans l’analyse du
modèle dont il se démarque par une recherche sur l’écriture pour permettre un aboutissement
oscillant entre reproduction du modèle antérieur et innovation.
Le dossier met ainsi en évidence les différentes phases de la création d’une œuvre littéraire. Il
atteste, de fait, de l’intensité et la densité du travail sur le texte. Les étapes du processus
décrits par les auteurs oscillent entre écritures, réécritures, leur description peut alors offrir,
au scripteur ordinaire, un regard stimulant et déculpabilisant sur ses propres écrits.
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.
Corrigé des questions de grammaire, orthographe et lexique
Grammaire
« Il y a quelques mois, donc, la maman de Lorette lui a demandé d'aller porter un paquet de
pelotes de laine chez sa grand-mère (l'ex-Chaperon Rouge) à ce rez-de-chaussée du 13ème
arrondissement à l'autre bout de Paris. Elle lui a bien montré sur un plan le chemin à suivre, et
a pris la précaution de lui faire répéter plusieurs fois le numéro de l'autobus dans lequel
monter, ainsi que l'arrêt où descendre »
Dans ce court extrait du document N°4, relevez et classez les déterminants du nom. Justifiez
leur emploi.
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Relevé
la (maman)
Nature
Le, la, l’ sont des articles définis.
la (précaution)
l’ (ex-Chaperon
Rouge)
Ils ont une valeur spécifique car ils
renvoient à un objet ou un individu
particulier. Ils déterminent un nom dont le
référent est identifié.
Ils peuvent avoir :
l’ (autobus)
- une valeur déictique (le référent auquel
renvoie le nom est connu de celui auquel
on s’adresse) :
l’(arrêt)
l’ (autre bout)
le (chemin)
le (numéro)
du (13ème
arrondissement)
Justification de leur emploi
du est un article défini contracté (de
+ le : contraction de la préposition et
de l'article)
-­‐ la (précaution)
-­‐ l’ (autobus)
-­‐ l’(arrêt)
-­‐ l’ (autre)
-­‐ le (chemin)
-­‐ le (numéro)
-­‐ du (13ème arrondissement)
- une valeur anaphorique (le nom a déjà
été introduit dans le texte et le nom
constitue une reprise anaphorique :
-­‐ la (maman)
-­‐ l’ (ex-Chaperon Rouge)
Il établit une relation entre le
« possesseur » et le « possédé » et
marque ici un lien de famille
sa (grand-mère)
Déterminant possessif
ce (rez-de
chaussée)
Déterminant démonstratif
Il a ici une valeur anaphorique car il est
employé dans un groupe nominal
substitut.
un (paquet)
Un est un article indéfini.
Ils s’emploient ici pour déterminer un
nom qui n’a pas encore figuré dans
l’énoncé et qui est inconnu de
l’interlocuteur.
Ce sont des déterminants indéfinis.
Quelques et plusieurs déterminent une
quantité imprécise.
un (plan)
quelques (mois)
plusieurs (fois)
(l’) autre (bout)
Autre, associé ici à un article défini (l’)
est un identificateur.
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Orthographe
Vous justifierez l’orthographe grammaticale des mots soulignés dans les expressions
suivantes :
a.
b.
c.
d.
dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves
les personnages bien vivants
ces carnets se sont noircis
Lorette s'est mise en route
« Coupant » est un participe présent donc invariable.
« Vivants » est un adjectif verbal qui s ‘accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il
se rapporte, ici les personnages (masculin-pluriel), il prend donc un « s ».
« Noircis » est le participe passé du verbe pronominal de sens passif se noircir. Le participe
passé s’accorde alors en genre et en nombre avec le sujet, les carnets (masculin-pluriel),
noircis prendra donc un « s ».
« Mise » est le participe passé du verbe occasionnellement pronominal, de sens réfléchi, se
mettre. L’accord du participe passé s’effectue avec le COD « se » précédant le verbe, pronom
au féminin singulier, mise prend donc un « e ».
Lexique
Indiquez le sens des mots soulignés à partir du contexte :
-­‐ l’emphase des amphores ;
-­‐ le bec un peu camus ;
-­‐ les feux du terri ;
-­‐
l’emphase des amphores : l’emphase se définit comme une exagération pompeuse dans le
ton ou les termes employés. L’amphore est un vase antique de forme ovoïde à deux anses
symétriques et au col rétréci avec ou sans pied, souvent en terre cuite servant à conserver et
transporter les aliments. L’emphase des amphores est alors une métaphore qui, dans une
volonté de comparaison entre les deux objets, souligne la forme simple de la cruche, moins
boursouflée et moins volumineuse.
camus : camus signifie court et plat
terri : terri est utilisé pour désigner le terril, l’entassement des déblais issus de l’extraction
d’une mine.
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