dOSSIER Planétologie Les enjeux de la planétologie La planétologie est un champ de recherche interdisciplinaire en pleine expansion. Le développement des moyens spatiaux à la fin du XXe siècle a permis d’envoyer des sondes interplanétaires vers presque toutes les planètes du système solaire, de survoler comètes et astéroïdes et d’approcher les frontières qui séparent le système solaire du milieu interstellaire. Au tournant du siècle, le champ d’action de la planétologie s’est encore élargi, avec la découverte des premières planètes extra-solaires : on en connaît plus de cent vingt aujourd’hui, réparties dans un grand nombre de systèmes planétaires. La planétologie peut donc être définie aujourd’hui, comme l’étude des systèmes planétaires, des objets qui les composent, >>> Michel BLANC, astronome de l’OMP/UPS, planétologue au CESR. de leur origine, de leur formation, de leur évolution. On peut distinguer plusieurs grands axes de recherche : Les systèmes planétaires : Les planètes telluriques : origine, formation, évolution formation et évolution Comment ont-ils émergé à partir des nuages moléculaires géants du milieu interstellaire ? Comment se sont-ils structurés en objets de types différents (planètes géantes, planètes telluriques, petits corps, anneaux de gaz et de poussières, etc.) ? L’objet de référence de cette réflexion est bien sûr notre système solaire, dont le scénario de formation est progressivement mieux cerné. Est-il un « cas moyen » de système planétaire, ou au contraire une singularité ? Les petits corps du système solaire, comètes et astéroïdes, sont des témoins précieux des conditions qui régnaient à l’époque de la formation des planètes, tout comme les systèmes des planètes géantes. page 4 Les planètes du système solaire interne (Mercure, Vénus et Mars) sont des objets « rocheux » comme la Terre, formés à partir des matériaux les plus réfractaires de la nébuleuse pré-solaire et de compositions chimiques initiales relativement proches. Comment ont-elles suivi des évolutions divergentes pour aboutir aux planètes si différentes que nous observons aujourd’hui ? C’est le questionnement central de la « planétologie comparée », qui fait appel à l’ensemble des sciences de la Terre et de l’environnement. L’objet de référence de cette réflexion, parce que le plus proche de la Terre et sans nul doute le plus fascinant, est Mars, cible d’un vaste programme d’exploration impliquant les principales agences spatiales. Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 La vie dans le système solaire et au delà : C’est le thème d’une nouvelle discipline, l’exobiologie (ou astrobiologie), qui s’interroge sur l’origine de la Vie sur Terre mais aussi sur la possibilité de son émergence en d’autres lieux. Dans le système solaire, ce questionnement amène sur la piste des noyaux cométaires, composés en partie sans doute de matière organique complexe synthétisée dans le milieu interstellaire, qui ont pu « ensemencer » les environnements planétaires primitifs au début de l’histoire du système solaire. Il nous dirige à nouveau vers Mars, qui a peut-être offert au début de son histoire des conditions propices à l’émergence de la Vie et, plus loin, vers Europe et Titan, satellites des planètes géantes. >>> Le système solaire (Illustration NASA) Contact : [email protected] Planétologie dOSSIER Les recherches en planétologie à l’UPS >>> Sylvestre MAURICE, Astronome-adjoint à l’OMP/UPS, planétologue au CESR L’étude des corps du Système Solaire repose sur les moyens d’observation à distance des astronomes, mais aussi sur les techniques d’observation in situ de la physique des plasmas et des sciences de la Terre. Ainsi pour le succès d’un projet de planétologie, il faut rassembler un ensemble d’expertises scientifiques, les « savoirs », et une variété de compétences techniques, les « savoir-faire », qui peuvent avoir des origines bien différentes. Les articles qui suivent présentent les « savoirs » propres à l’UPS, qu’ils viennent de l’astronomie ou des sciences de la Terre. Le but n’est pas de vouloir tout faire mais de se concentrer sur certaines thématiques qui sont nées d’opportunités et d’une politique de formation et de recrutement. Quant aux « savoir-faire », à Toulouse comme ailleurs, il est souhaitable de développer l’ensemble des compétences techniques qui permettent d’être des acteurs de premier plan d’un grand projet de planétologie. Contact : [email protected] >>> Le Pôle de planétologie de l’UPS Ces différentes contributions sont menées soit simultanément, soit séquentiellement. L’interprétation scientifique est la finalité naturelle de tous les efforts. L’ensemble des activités s’articule le plus souvent autour d’un projet spatial des agences nationales et internationales (CNES, ESA, NASA, etc.). Le potentiel de l’UPS A Toulouse, les projets de planétologie résultent de nombreuses thématiques : Géophysique planétaire interne (géodésie, convection, oscillations des géantes) ; Surfaces planétaires (composition chimique et minéralogique, géomorphologie et photométrie, pétrographie, champs magnétiques, analyses en laboratoire) ; Géophysique planétaire externe (atmosphères denses, ionosphères, magnétosphères, physique des plasmas, expériences de laboratoire) ; Origines (enveloppes cométaires, glaces, gravité des astéroïdes, exo-planètes). Ces activités sont portées par une trentaine de chercheurs (pour un équivalent-plein-temps ~15) et une vingtaine d’ingénieurs et techniciens (pour un équivalent-plein-temps ~10). Pour favoriser les échanges et faciliter l’émergence de projets communs et l’animation transverse, quatre laboratoires : LA2T (UMR UPS/CNRS), CESR (UMR UPS/CNRS), LMTG (UMR UPS/CNRS/IRD) et LDTP (UMR UPS/CNRS), ont créé le Pôle de Planétologie de l’OMP (Observatoire Midi-Pyrénées). Il est doté de moyens particuliers (PPF, actions spécifiques des conseils scientifiques de l’OMP et de l’Université) qui lui permettent de cibler des actions scientifiques et de financer certains équipements. Cette année l’accent est mis sur Mars pour l’étude multi-satellite/multi-instrument de sa surface et de son atmosphère, mais aussi sur la Lune. page 5 dOSSIER Planétologie Environnements Planétaires >>> Instrument plasma réalisé au CESR La couronne du Soleil s’étend dans tout le Système Solaire sous pour les quatre satellites CLUSTER. forme d’un flux de particules appelé vent solaire. L’interaction du vent solaire avec les planètes et les petits corps est un extraordinaire laboratoire de physique des plasmas. Son étude représente une thématique prioritaire de la planétologie toulousaine. >>> Henri REME, Professeur à l’UPS, planétologue au CESR Contact : [email protected] Dans le cas où le champ magnétique de la planète dévie le vent solaire, une magnétosphère se crée. Dans cette immense cavité (10 à 100 fois le rayon de la planète) se développent des processus complexes de création, de transport et de perte de plasma. Ainsi autour des planètes magnétisées (Mercure, Terre, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune), plusieurs générations de satellites étudient les environnements de particules chargées et de champ magnétique. Les chercheurs du CESR ont réalisé récemment un instrument pour CLUSTER, une mission de l’ESA à quatre satellites identiques séparés par des distances ajustables, qui permet pour la première fois de séparer les variations spatiales et temporelles. Les magnétosphères des planètes géantes sont encore plus riches à étudier. Voyager 1 et 2 nous ont donné une première impression de ces environnements. Le satellite Galileo de la NASA est resté presque 10 ans autour de Jupiter pour en savoir plus. Les chercheurs toulousains ont longuement étudié les données de ces trois sondes. Forts de cette expérience, ils participent à la science de 5 sur 12 instruments de la mission Cassini (voir encadré) qui explorera pendant 4 ans le système de Saturne. Une atmosphère est un obstacle moins solide au vent solaire. La frontière qui dévie le vent solaire est dans l’atmosphère ellemême, au niveau de la partie ionisée appelée ionosphère. Ce cas donne lieu à une structure resserrée autour de l’obstacle, mais qui s’étend très loin dans la direction antisolaire. On parle dans le cas bien connu des comètes de queue de plasma et de champ magnétique. Le passage de Halley en 1986 fut l’occasion de détailler cette interaction et de mettre en évidence ses différentes frontières : choc, frontière d’empilement magnétique, ionopause grâce à l’expérience du CESR à bord de la sonde. Cette expérience a aussi permis de découvrir que des molécules organiques complexes existaient déjà dans le milieu interstellaire lorsque les comètes se sont formées il y a 4,5 milliards d’années. La mission Rosetta de l’ESA vient d’être lancée vers une comète. Il lui faudra une dizaine d’années pour arriver à bon port et produire de nouveaux résultats. Par ailleurs l’expérience MAG/ER embarquée sur le satellite Mars Global Surveyor a permis de montrer que la planète rouge, non globalement magnétisée, avait une interaction avec le vent solaire comparable à une comète. Mission Cassini/Huygens >>> La satellite Cassini/Huygens à l’approche de Saturne (vue d’artiste, NASA) CASSINI est la mission la plus ambitieuse jamais entreprise pour l’exploration du système de Saturne, sous la direction de deux agences spatiales, l’ESA et la NASA. Les objectifs scientifiques du projet sont nombreux : l’étude in situ de la magnétosphère de Saturne, le sondage à distance de son atmosphère et l’exploration de ses anneaux et de ses satellites de glace. Le plus gros de ses satellites, Titan, est un objet fascinant car il possède une atmosphère dense qui nous cache sa surface. L’orbiteur Cassini le survolera plus de 40 fois. Grâce à son radar, nous saurons ce qu’il y a sous les nuages ; on imagine que la surface est en partie couverte d’un océan d’hydrocarbures... De son côté, la sonde de descente Huygens aura à peine 3 heures de mesure pour tout nous apprendre de cette atmosphère qui ressemble à celle de la Terre à ses débuts. Parti en 1997, le couple Cassini-Huygens est en vue de Saturne. La mise en orbite aura lieu en juin 2004 et la descente de Huygens à la surface de Titan en janvier 2005. Puis l’orbiteur Cassini restera au moins 4 ans autour de Saturne. page 6 Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 Planétologie dOSSIER Surfaces planétaires L’étude des surfaces est une clef en planétologie pour placer des contraintes sur les théories de formation et d’évolution des planètes et de leurs >>> Carte du champ magnétique à la surface de Mars obtenue par la mission Global Surveyor avec la participation du CESR. satellites. En effet, les surfaces intègrent au cours du temps l’histoire planétaire et les interactions avec l’environnement. La connaissance récente des surfaces de la Lune, Mars, Vénus, Mercure, et de quelques satellites des planètes géantes, quoique fragmentaire, progresse très rapidement et >>> Lionel DUSTON, Directeur de recherche CNRS, planétologie au CESR devrait s’accroître nettement dans la décennie à venir, comme le montrent les observations orbitales actuelles de Mars. L’image acquise à la fin du XXème siècle est que si la majorité des processus connus sur Terre (volcanisme, tectonique, cratérisation, érosion, écoulements…) sont partagés par les planètes telluriques, ils le sont à des degrés divers et conduisent à des résultats très différents car les environnements (atmosphère, hydrosphère, champ magnétique…) et les caractéristiques de ces planètes (taille, source d’énergie interne, distance au soleil, obliquité…) diffèrent. La confrontation des situations observées conduit à une démarche comparée >>> Patrick PINET, directeur de recherche CNRS, planétologue au LDTP >>> Régions géochimiquement et minéralogiquement homogènes de la Lune, obtenues à partir des données de Lunar Prospector et Clementine (résultats du LA2T et du LDTP) extrêmement riche qui permet de généraliser la compréhension des processus et in fine de relativiser le cas terrestre. Ces dernières années, le Pôle de Planétologie de l’OMP/UPS a été étroitement associé à l’étude détaillée de la lune par les missions américaines Clémentine et Lunar Prospector, en utilisant l’imagerie spectrale et la géochimie orbitale pour documenter la période la plus ancienne de l’histoire géologique des corps planétaires, comprendre les processus de fabrication d’une croûte planétaire et le rôle des gros impacts météoritiques. Les équipes du LDTP et du CESR sont maintenant engagées sur la mission européenne Smart-1, déjà en route vers la Lune. Dans le même temps, les équipes du Pôle de Planétologie participent à l’exploration de Mars. Elles sont présentes sur tous les fronts : à ce jour, 3 orbiteurs (Mars Global Surveyor et Mars Odyssey de la NASA, Mars Express de l’ESA) et 2 atterrisseurs mobiles américains (Spirit et Opportunity) collectent des données remarquables de physico-chimie, de minéralogie, de photogéologie et de photométrie. Des résultats spectaculaires ont été obtenus : découverte d’un champ magnétique rémanent, cartographie d’énormes concentrations d’hydrogène traceur de glace d’eau, etc. Les objectifs de ces missions sont de découvrir la paléoclimatologie martienne et d’aborder de façon comparée le rôle fondamental de l’hydrosphère et de la cryosphère d’une planète dans son évolution géologique et vis-à-vis de l’émergence d’une biosphère. L’exploration des surfaces planétaires est toujours spectaculaire. Les images à haute résolution de la glace d’Europe autour de Jupiter, des volcans de page 7 Vénus, ou de lits fluviaux asséchés sur Mars interpellent le scientifique et font rêver tous les publics. Contact : [email protected] et [email protected] >>> Découverte d’eau au pôle de la Lune, obtenue par la mission Lunar Prospector et la participation du LA2T. dOSSIER Planétologie Les météorites Petits corps et origine du Système Solaire Les systèmes planétaires se forment à partir de la contraction d’un disque de gaz et de poussières autour d’une étoile jeune. Au centre du disque, où la température est élevée, les grains s’agglomèrent et forment des « planètésimales ». Au bout de quelques millions d’années, ces objets ont atteint des centaines de kilomètres de diamètre. C’est à partir de leurs collisions que >>> Michel FESTOU, directeur de recherche CNRS, planétologue au LA2T les planètes telluriques (Mercure, Vénus, Terre, Mars) se sont formées. A l’extérieur du disque, comme il fait beaucoup plus froid, l’eau se condense et enrichie les planètésimales en glace. C’est à partir d’elles que se sont formées les planètes géantes (Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune). >>> Comète LINEAR observée par le télescope spatial Hubble. Le noyau de la comète s'est fragmenté en plusieurs morceaux. (Space Telescope Institute). Contact : [email protected] page 8 Dès que Jupiter s’est formée, la planète qui aurait dû se former entre les orbites de Mars et de Jupiter n’a pu s’agglomérer car les perturbations de Jupiter empêchaient ce processus d’aller à son terme. C’est ainsi que sont nés les astéroïdes. Enfin, au delà de l’orbite de Neptune, la densité de matière est insuffisante et les objets qui se forment sont faits de glaces et de roches. Ce sont principalement les comètes et des milliers d’objets « transneptuniens » qu’on commence à découvrir. L’étude des petits corps (astéroïdes, comètes, transneptuniens) permet donc de comprendre l’origine du Système Solaire il y a 4,56 milliards d’années. L’OMP/UPS participe au développement de cette thématique par divers moyens : spectroscopie des petits corps (LA2T), structure interne des astéroïdes (LDTP), observations télescopiques des comètes (LA2T) et analyses in situ des chevelures cométaires par notre participation aux sondes Giotto (CESR) et Rosetta (CESR, LA2T, LDTP). Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 Pendant longtemps considérés comme des objets exotiques, les trois dernières décennies ont vu un développement important de l’étude des météorites en laboratoire. Des analyses pétrologiques, minéralogiques et géochimiques très poussées ont fait avancer notre compréhension de la formation du Système Solaire et ont même permis de déterminer son âge de 4,56 milliards d’années. On a appris à les classer d’après leur appartenance à des corps parents hypothétiques, notamment grâce à la mesure de leur composition isotopique en oxygène : la confrontation des études en laboratoire avec les résultats des mission humaines sur la Lune et des mission robotiques sur Mars nous ont appris que parmi les météorites recueillies sur le sol terrestre, se trouvaient des pierres de Lune et très probablement des roches martiennes! Parmi les nombreuses analyses de météorites menées au LMTG, la composition isotopique du fer par spectrométrie de masse à source à plasma a montré que la Lune avait une composition isotopique de fer plus lourde que la Terre. Pour expliquer cette observation il faut imaginer que la Lune est passée par une étape partiellement fondue, voire gazeuse, au cours de son histoire. Seul un phénomène cataclysmique, comme la collision entre deux planètes, peut fournir l’énergie nécessaire à la vaporisation partielle d’une planète. Ces résultats isotopiques sur le fer étayent donc l’idée que la Lune s’est formée à la suite d’un extraordinaire impact d’une planète sur la Terre ! Contact : Franck POITRASSON, Chargé de recherche CNRS au LMTG [email protected] Planétologie >>> Vue d’artiste de l’instrument MALIS réalisant la mesure de la composition d’une roche martienne. Des projets pour le futur… Malis A l’heure où les robots américains mettent en évidence des traces d’eau salée, il est plus que jamais nécessaire de décrire rapidement et précisément les environnements chimiques des prochaines missions mobiles à la surface de Mars. Depuis de nombreuses années, la technique LIBS (Laser Induced Breakdown Spectroscopy) a été développée en laboratoire pour l’étude de roches, sols, minerais et plastiques. Cette spectroscopie est basée sur l’émission atomique d’un plasma foré par ablation laser et excitation. Le spectre d’émission (180 – 850 nm) est caractéristique de la composition élémentaire de la cible. Comment devenir planétologue L’UPS dispose de filières de formation bien adaptées à la vision pluridisciplinaire d’un planétologue. Après une Licence scientifique, il faut préparer un Master de Sciences de l’Univers (SDU), soit dans la spécialité « Astrophysique, Sciences de l’Espace et Planétologie », soit dans la spécialité « Sciences de le Terre et des Planètes Solides ». Ensuite, la préparation d’un doctorat dans un des quatre laboratoires du Pôle de Planétologie de l’UPS, permet d’acquérir le bagage nécessaire pour poursuivre une carrière d’enseignant chercheur ou de chercheur CNRS. Le projet MALIS (Mars Analysis via Laser Induced Spectroscopy) consiste en la spatialisation d’une expérience de laboratoire éprouvée pour un budget de ressource minimal (< 5kg, < 6 W). Les atouts du concept sont : mesure à distance (jusque 12 m) sans déplacement du rover, nettoyage de la poussière à la surface des cibles, pénétration en profondeur de la cible (jusque mm), analyse rapide (~2 mn/mesure), composition élémentaire détaillée, imagerie simultanée de la cible. La meilleure opportunité de voler pour cet instrument serait de l’embarquer sur un rover martien à l’horizon 2009. MALIS est un nouveau type d’instrument, original et ambitieux. Avec l’aide du CNES, ce projet est en cours de développement dans le Pôle de Planétologie de l’OMP/UPS. Plusieurs laboratoires français, dont le CIRIMAT à l’UPS, et étrangers participent à l’aventure. dOSSIER Contact : [email protected] Neige autour de Mars Le mot NEIGE est l’acronyme de « Network Ionosphere and Geodesy Experiment », et est le sigle d’une expérience de géodésie planétaire imaginée par l’équipe de Géodésie Spatiale de l’UMR5562 « Dynamique Terrestre et Planétaire » de l’Observatoire Midi-Pyrénées, en collaboration avec l’Observatoire Royal de Belgique, dans le cadre d’une mission de science dite « de réseau » sur Mars, c’est à dire impliquant plusieurs microstations à la surface de cette planète. L’expérience NEIGE, observera l’orientation de Mars, considéré comme une gigantesque toupie, par rapport aux étoiles. On peut en effet démontrer que l’évolution temporelle de l’orientation de la toupie Mars est gouvernée par la structure interne de la planète (taille du noyau et état, solide ou liquide de celui-ci) et par les variations climatologiques à sa surface (cycle saisonnier des calottes glaciaires). Ce sont les phénomènes de précession (de période 175 000 ans), de nutations (variations métriques de l’inclinaison de l’axe de rotation) et de variation de la longueur du jour (quelques millisecondes par an). Pour cela, l’expérience NEIGE mesurera les décalages Doppler affectant deux liens radio : l’un d’un orbiteurrelais vers les micro-stations, l’autre de cet orbiteur-relais vers la Terre. Ces décalages Doppler sont en effet causés par les variations relatives des vitesses de ces mobiles par rapport aux étoiles. La précision de ces mesures est quasi-incroyable: on est capable d’estimer ces vitesses relatives, de l’ordre de plusieurs kilomètres par seconde, avec une précision de 0.05 mm/s, soit une précision de l’ordre de 10-9 … Contact : Jean-Pierre BARRIOT, Ingénieur CNES au LDTP [email protected] page 9 >>> Microstation déployée sur la surface de Mars, dans le cadre de l’expérience NEIGE (Vue d’artiste).